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Aimant en lévitation magnétique au-dessus d'un supraconducteur à haute température critique. L'expulsion
du champ magnétique du matériau supraconducteur (effet Meissner) est responsable de cet effet de
lévitation.
Sommaire
1Historique
2Propriétés élémentaires
o 2.1Résistivité nulle
o 2.2Effet Meissner
3Théories
o 3.1Théorie de Ginzburg-Landau
o 3.2Supraconducteurs de type I
o 3.3Supraconducteur de type II
o 3.4Théorie BCS
4Classes de supraconducteurs
o 4.1Supraconducteurs conventionnels
o 4.2Supraconducteurs non conventionnels
5Supraconductivité calorifique
6Applications
o 6.1Canon magnétique
o 6.2Électroaimants
o 6.3Transport de l'énergie
o 6.4Stockage de l'énergie
o 6.5Confinement électromagnétique
o 6.6Cavités radiofréquences/accélérateurs de particules
o 6.7Métamatériaux supraconducteurs
7Existe-t-il un équivalent photonique de la supraconductivité ?
8Prix Nobel pour la supraconductivité
9Notes et références
10Voir aussi
o 10.1Articles connexes
o 10.2Liens externes
Historique[modifier | modifier le code]
Le liquéfacteur d'hélium utilisé par K. Onnes et son équipe lors de la découverte de la supraconductivité
dans le mercure - Museum Boerhaave, Leiden.
Des expériences avec de nombreux autres éléments montrent que certains possèdent des
facultés de supraconductivité et d'autres non : en 1922, notamment, le plomb à −266,15 °C3 ; et
en 1941, le nitrure de niobium à 16 K4.
En 1933, Meissner et Ochsenfeld découvrent la seconde caractéristique de l'état
supraconducteur, le fait qu'il repousse le champ magnétique, un phénomène connu sous le nom
d'effet Meissner5. En 1935, les frères Fritz et Heinz London montrent que l'effet Meissner est une
conséquence de la minimisation de l'énergie libre transportée par le courant supraconducteur6.
En 1950 on constate que la température critique dépend de la masse isotopique7,8.
En 1950 encore, une théorie phénoménologique dite de Ginzburg-Landau est élaborée par Lev
Landau et Vitali Ginzburg9. Cette théorie explique les propriétés macroscopiques des
supraconducteurs près de leur transition de phase en utilisant l'équation de Schrödinger. En
particulier, Alexei Abrikosov montre qu'avec cette théorie on peut prévoir l'existence de deux
catégories de supraconducteurs (types I et II)10. Abrikosov et Ginzburg recevront le prix Nobel
en 2003 pour ce travail (Landau est décédé en 1968).
En 1957, un chimiste Hollandais découvre le premier supraconducteur organique-synthétique, le
ditétraméthiltétrasélénofulvalinehexafluorophosphate [réf. nécessaire].
Une théorie complète de la supraconductivité est proposée en 1957 par John Bardeen, Leon
Cooper et John Schrieffer11. Connue sous le nom de théorie BCS (d'après leurs initiales), elle
explique la supraconductivité par la formation de paires d'électrons (paires de Cooper) formant
alors des bosons et permettant la condensation. Selon cette théorie, l'appariement des électrons
se fait grâce à une interaction attractive entre ceux-ci, causée par leur couplage avec les
vibrations du réseau qu'on appelle phonons. Pour leur travail, les auteurs recevront le prix Nobel
de physique en 1972.
En 1959, Gorkov montre que la théorie BCS se ramène à la théorie de Ginzburg-Landau au
voisinage de la température critique d'apparition de la supraconductivité12.
En 1962, les premiers fils supraconducteurs (en alliage de niobium-titane) sont commercialisés
par Westinghouse. La même année, Brian Josephson prévoit théoriquement qu'un courant peut
circuler à travers un isolant mince séparant deux supraconducteurs13. Ce phénomène, qui porte
son nom (l'effet Josephson), est utilisé dans les SQUIDs. Ces dispositifs servent à faire des
mesures très précises de h/e et, combiné avec l'effet Hall quantique, à la mesure de la constante
de Planck h. Josephson recevra le prix Nobel en 1973.
En 1979, Frank Steglich confirme la présence d'une phase supraconductrice dans CeCu2Si214, un
matériau constitué d'atomes magnétiques et dont les électrons sont tellement corrélés que leur
masse effective atteint parfois des centaines de fois celle de l'électron libre. Ces caractéristiques
étant si différentes de celles des supraconducteurs conventionnels, une nouvelle classe est
constituée : les fermions lourds. D'autres matériaux de cette famille avaient déjà été étudiés
par B. T. Matthias dans les années 196015, mais sans convaincre la communauté scientifique.
En 1986, Johannes Bednorz et Karl Müller découvrent une supraconductivité à −238,15 °C dans
des matériaux de structure perovskite de cuivre à base de lanthane16 (prix Nobel de
physique 1987). Cette découverte ravive la recherche de matériaux ayant des températures
critiques de plus en plus hautes.
Très rapidement, les scientifiques remarquent que la température critique de ce matériau
augmente avec la pression. En remplaçant le lanthane par de l'yttrium, c'est-à-dire en produisant
le composé YBa2Cu3O7, la température critique monte à −181,15 °C17, dépassant la température
de l'azote liquide (77 K). C'est très important car l'azote liquide est produit industriellement à bas
prix, et peut même être produit sur place. Beaucoup de cuprates supraconducteurs sont produits
par la suite, mais les mécanismes de cette supraconductivité restent à découvrir.
Malheureusement, ces matériaux sont des céramiques et ne peuvent pas être travaillés
aisément. De plus, ils perdent facilement leur supraconductivité à fort champ magnétique et donc
les applications se font attendre. Les recherches se poursuivent pour diminuer la sensibilité au
champ et pour augmenter la température critique. Après la température de l'azote liquide, le
second seuil économique (et psychologique) est celle de la glace carbonique, 195 K (−78,5 °C).
Le 31 mai 2007, une équipe de physiciens franco-canadienne publie dans la revue Nature une
étude18 qui, selon un communiqué du CNRS19, permettrait d'avancer sensiblement dans la
compréhension de ces matériaux.
En janvier 2008, l'équipe du professeur Hosono du Tokyo Institute of Technology rapporte
l'existence d'une nouvelle classe de supraconducteurs : les pnictures de type ROFeAs (où R est
une terre rare) dopés avec du fluor sur le site de l'oxygène20. La température critique maximale
est de −245,15 °C. Cette découverte surprend en raison de la présence de fer dans un
supraconducteur ayant une aussi haute température critique. En août 2008, il semble y avoir un
consensus indiquant que le fer joue un rôle majeur dans la supraconductivité de ces matériaux.
Des centaines de travaux sont publiés montrant l'enthousiasme de la communauté scientifique à
propos de cette découverte. Un certain nombre de groupes rapportent une température critique
maximale de l'ordre de −217,15 °C dans le cas où R est une terre rare non magnétique. Fin mai
2008, le groupe du professeur Johrendt, de l'université de Munich, fait état de la
supraconductivité dans le composé Ba0,6K0.4Fe2As2, avec une température critique Tc de l'ordre
de −235,15 °C21. Ce composé possède une structure cristallographique très proche de celle de
LaOFeAs. Cette découverte est importante car elle montre que l'oxygène ne joue aucun rôle
dans le mécanisme de supraconductivité de cette nouvelle classe de supraconducteurs. Les
propriétés magnétiques semblent en cause, comme pour les cuprates.
En 2014, un des supraconducteurs à base de fer qui avaient été découverts en 2009, FeSe,
revient dans l'actualité. Bien que sa faible température critique (environ 10 K) n'ait pas alors été
jugée très intéressante22, on se rend compte qu'en faisant croître une couche mince (d'une seule
épaisseur atomique) sur un substrat de SrTiO3, on arrive à une température critique supérieure à
100 K et donc supérieure à celles de tous les autres supraconducteurs à base de fer23. Cette
découverte ouvre la voie aux supraconducteurs en couches minces ainsi qu'à la synthèse de
matériaux complexes.
En 2016, une température critique supérieure à 200 K est observée dans de l'hydrure de soufre24.
Bien qu'apparemment due au hasard, cette découverte a en fait été prédite par le théoricien Neil
Ashcroft dès 196825, sur la base de la supraconductivité conventionnelle. L'expérience a
cependant nécessité l'imposition d'une très forte pression, supérieure à 50 GPa.
Câbles d'alimentation des expériences du CERN : en haut, les câbles du LEP ; en bas, les câbles du LHC,
supraconducteurs (même puissance).
L'absence totale de résistance électrique d'un supraconducteur parcouru par un courant limité est
évidemment leur propriété la plus connue, c'est d'ailleurs elle qui a donné son nom au
phénomène. Théoriquement, ces courants peuvent circuler indéfiniment26. En pratique, des
courants circulent déjà depuis plus de 23 ans (août 2018) dans des gravimètres à
supraconductivité, où une sphère de 4 g lévite dans le champ magnétique généré par une paire
de bobinages supraconducteurs27,28,29.
Effet Meissner[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Effet Meissner.
Théories[modifier | modifier le code]
Théorie de Ginzburg-Landau[modifier | modifier le code]
Article détaillé : théorie de Ginzburg-Landau.
L'état normal
L'état supraconducteur: effet Meissner
L'état mixte : il possède des zones supraconductrices et des zones non
supraconductrices appelées "vortex". Ce sont des tubes de champ magnétique
par lesquels le matériau se laisse pénétrer par le champ extérieur.
Cette théorie est fondée sur le couplage des électrons d'un métal en paires :
les paires de Cooper. Elles forment un état unique, cohérent, d'énergie plus basse
que celle du métal normal, avec des électrons non appariés.
Le problème est d'expliquer cet appariement compte tenu de la répulsion
coulombienne. Un modèle qualitatif simple consiste à considérer des électrons dans
un métal interagissant avec le réseau cristallin formé d'ions positifs. Ceux-ci attirent
les électrons et se déplacent légèrement (les ions positifs ont une grande inertie).
Les physiciens ont donné le nom de phonons à ces vibrations atomiques naturelles.
Cette interaction entre les électrons et les phonons est à l'origine de la résistivité et
de la supraconductivité : attirés par le passage très rapide d'un électron (106 m/s), les
ions se déplacent et créent une zone locale électriquement positive. Compte tenu de
l'inertie, cette zone persiste alors que l'électron est passé, et peut attirer un autre
électron qui se trouve ainsi, par l'intermédiaire d'un phonon, apparié au précédent,
ce malgré la répulsion coulombienne. L'agitation thermique finit par détruire ce fragile
équilibre d'où l'effet néfaste de la température pour la supraconductivité.
Une particularité des paires de Cooper est que leur moment magnétique intrinsèque
(aussi appelé spin) est nul. En effet, les deux électrons appariés ont le même spin
(1/2, spin caractéristique des fermions), mais de signe opposé. C'est la condition
pour que l'énergie de la paire soit inférieure à la somme des énergies des deux
électrons. Ils forment alors un ensemble qui se comporte comme un boson (particule
de spin entier obéissant à la statistique de Bose-Einstein) : les paires se déplacent
sans rencontrer la moindre résistance, d'où la supraconductivité.
La différence d'énergie entre l'état supraconducteur et l'état normal est
appelée gap d'énergie. C'est l'énergie nécessaire pour passer de l'état
supraconducteur à l'état normal en brisant les paires de Cooper. Cette énergie tend
vers zéro lorsque la température tend vers la température critique.
L'interaction électron-phonon joue un rôle essentiel pour l'appariement des électrons
donc pour la supraconductivité.
Cette théorie a été imaginée avant la découverte des matériaux supraconducteurs à
hautes températures critiques. Une question se pose alors : les supraconducteurs à
hautes Tccontredisent-ils la théorie BCS ? Les théoriciens ne s'entendent pas sur ce
sujet. Certains sont d'avis que le couplage entre les électrons n'est plus dû au
réseau (donc aux phonons), mais à d'autres interactions (électroniques,
magnétiques, les deux, …). D'autres proposent des modèles entièrement nouveaux.
Le sujet reste encore ouvert…
Applications[modifier | modifier le code]
Canon magnétique[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Canon magnétique.
Électroaimants[modifier | modifier le code]
La réalisation d'électroaimants supraconducteurs constitue certainement l’application
la plus courante de la supraconductivité. On les retrouve dans les domaines :
Article connexe : ITER.
Cavités radiofréquences/accélérateurs de
particules[modifier | modifier le code]
La supraconductivité est aussi utilisée pour la fabrication des cavités accélératrices
radiofréquence qui permettent de stocker et d’amplifier le champ électrique destiné à
accélérer le faisceau de particules chargées. Pour pouvoir obtenir des champs
accélérateurs de l’ordre de 45 MV/m (presque 100 MV/m près de la surface) il faut
injecter une onde radiofréquence dans la cavité. Des densités de courants de l’ordre
de 1010 à 1012 A/m2 circulent sur la surface interne de la cavité et provoquent un
échauffement des parois. On ne pourrait pas obtenir de champs aussi élevés en
continu avec un conducteur normal : les parois se mettraient à fondre. En
radiofréquence, la résistance d’un supraconducteur n’est pas rigoureusement nulle,
mais elle reste environ 100 000 fois plus faible que celle du cuivre, d’où l’intérêt
principal de cette technologie pour les cavités accélératrices. Mais ce n’est pas le
seul avantage : l’utilisation de cavités supraconductrices influence aussi le design de
l’accélérateur et la qualité des faisceaux obtenus. Par exemple, leurs formes plus
ouvertes facilitent l’alignement du faisceau ; quand celui-ci doit se faire sur plusieurs
dizaines de kilomètres, cela devient un argument conséquent.
Métamatériaux supraconducteurs[modifier | modifier le code]
Un matériau est un réseau d'atomes. Si, plutôt que d'atomes, on met en réseau de
petits circuits supraconducteurs, le résultat final est un Métamatériau, dont les
propriétés sont surprenantes39.
Existe-t-il un équivalent photonique de la
supraconductivité ?[modifier | modifier le code]
Suite à des travaux conduits par Ado Jorio sur la diffusion de la lumière dans divers
matériaux (à l'université fédérale du Minas Gerais à Belo Horizonte au Brésil), un
comportement évoquant la supraconductivité a été observé avec des photons,
évoquant un lien possible entre la diffusion de la lumière, la physique de la matière
condensée et l'optique quantique. Dans ce cas, au lieu de « paires de Cooper »
d'électrons, ce sont des paires de photons qui ont été observées (à température
ambiante quand de la lumière traverse une gamme de liquides transparents, dont
l'eau). Elles sont difficiles à observer mais selon André Saraiva40 il s'agirait d'un
phénomène fréquent. Un photon peut perdre de l'énergie au profit des atomes du
matériau qui vibrent41. Si un second photon absorbe immédiatement ce paquet
d'énergie vibratoire, les deux photons deviennent indirectement « liés », l'un gagnant
l'énergie perdue par l'autre. Le degré de parallélisme de ce phénomène avec la
supraconductivité et ses phonons virtuels est encore à établir41. Et comme les
photons interagissent bien moins avec leur environnement que les électrons, ce
phénomène devrait a priori avoir des effets plus discrets que dans le cas des
électrons ; il a néanmoins rapidement suscité des conjectures. En effet selon
un modèle mathématique établi par des chercheurs de l'UFRJ, quand des photons
interagissent ainsi leur comportement serait identique à celui des paires de Cooper
dans les supraconducteurs41. Des preuves d'existence de ces paires ont été
obtenues en analysant les effets d'impulsions laser à température ambiante dans de
l'eau et sept autres liquides transparents41. Ces paires sont dix fois plus nombreuses
que ce qui serait dû au seul hasard41.
Reste à confirmer le phénomène en reproduisant l'expérience et en la confrontant
aux connaissances disponibles en optique quantique et en physique de la matière
condensée.
S'il y a confirmation, il deviendrait envisageable de produire des photons
« intriqués » à température ambiante et par exemple à partir d'eau. Ces derniers
pourraient peut-être dans certaines circonstances former des surintensités
permettant à la lumière de mieux traverser certains matériaux (par exemple au profit
d'une communication quantique plus efficace dans les ordinateurs du futur)41. Ils
pourraient alors aussi peut-être servir à « révéler des propriétés actuellement
invisibles d'un matériau » et à divers usages (dont cryptographie quantique et
informatique)41.
Partie 2
Définition et catégories
La complexité des technologies de refroidissement à de très basses températures limite encore les
applications des supraconducteurs. Des progrès techniques sont toutefois attendus pour réduire
partiellement cette contrainte.
Explications physiques
La modification du magnétisme
Les champs magnétiques sont profondément affectés dans un supraconducteur :
ils peuvent s’annuler complètement dans le matériau (effet Meissner). Cet effet se
caractérise dans un supraconducteur par l’extériorisation des champs magnétiques(2) ;
ils peuvent être gelés dans la configuration où ils se trouvaient au passage à l’état
supraconducteur (piégeage des vortex).
On observe l’un ou l’autre de ces effets selon la nature du matériau supraconducteur. Il est possible
de faire léviter un aimant en combinant ces effets dans un système : l’effet Meissner repousse
l’aimant du supraconducteur alors que le piégeage des vortex va maintenir l’aimant à l’endroit où il
se trouvait quand le supraconducteur a été refroidi. L’aimant est alors piégé sans être attiré pour
autant.
Applications
Un câble supraconducteur conduit le courant électrique sans résistance, donc sans pertes (par effet
Joule). Il permet ainsi d’atteindre une capacité de transport nettement plus forte qu’un câble
traditionnel (facteur 3 à 5). Cela permet d’augmenter la capacité d’un réseau saturé sans travaux de
génie civil et sans augmentation des emprises au sol, exception faite des installations de
refroidissement.
Les gains liés à l’absence de dissipation d’énergie sont contrebalancés par les coûts de
refroidissement du câble.
Dans le contexte d’une augmentation de la puissance électrique dans certaines grandes métropoles,
les câbles supraconducteurs constituent une alternative économique très intéressante au
développement d’un nouveau câble résistif de plus forte capacité. Sa signature thermique nulle
apporte beaucoup de souplesse dans l’installation d’un câble.
D’un point de vue économique, les gains liés à l’absence de dissipation d’énergie sont toutefois
contrebalancés par les coûts de refroidissement du câble. La supraconductivité des câbles n’est pas
très favorable d’un point de vue cryogénique du fait du rapport élevé entre la surface et le volume
Par ailleurs, le bilan énergétique d’un câble supraconducteur est plus favorable que celui d’un câble
classique uniquement au-delà d’un certain courant, compte tenu des pertes du cryostat qui le
refroidit. Notons enfin qu’un câble supraconducteur peut parfois subir des faibles pertes lorsqu’il est
parcouru par un courant alternatif, à 50 ou 60 Hz par exemple.
La technologie des câbles supraconducteurs a acquis une certaine maturité grâce à de nombreuses
réalisations. Par exemple la société Nexans(3) exploite depuis mars 2008 les 600 m de câble
supraconducteur véhiculant le plus de puissance au monde (600 MW) aux États-Unis (projet LIPA).
Les câbles supraconducteurs peuvent également contribuer à améliorer la sécurité d’un réseau
électrique en intégrant un limiteur de courant.
Le FCL peut être comparé à un « super fusible » permanent puisqu’il se régénère automatiquement
après un défaut d’alimentation.
Un limiteur de courant est un appareil qui limite automatiquement et naturellement le courant dès
qu’il dépasse une valeur prédéterminée. Les courants ne sont actuellement pas limités mais
seulement coupés par des disjoncteurs, entraînant des ruptures de la transmission d’électricité.
Le FCL peut être comparé à un « super fusible » permanent puisqu’il se régénère automatiquement
après un défaut d’alimentation. Il est basé sur la transition intrinsèque et pratiquement instantanée
d’un état sans résistance d’un élément supraconducteur à un état fortement résistif lorsque le
courant franchit une certaine valeur.
Si la transition entre mode supraconducteur et dissipatif est extrêmement rapide (des millionièmes
de secondes), la récupération du courant « normal » prend beaucoup plus de temps et peut atteindre
quelques minutes(4).
Il existe actuellement 2 FCL fonctionnant de manière très satisfaisante dans le réseau européen au
Royaume-Uni et en Allemagne.
De l’énergie peut être stockée via un courant électrique envoyé dans une bobine de fil
supraconducteur. Une fois la bobine court-circuitée (refermée sur elle-même), le courant circule
quasi-indéfiniment sans pertes et produit un champ magnétique « éternel » L’énergie est donc
stockée dans la bobine sous forme magnétique et électrique et peut ensuite être récupérée en un
temps très court.
Les SMES ont une forte densité de puissance (mais une densité d’énergie modérée), un nombre de
cycle de charge-décharge extrêmement élevé et un excellent rendement de conversion d'énergie
(supérieur à 95%).
Plusieurs SMES ont démontré leurs performances et capacités opérationnelles pour des puissances
dans la gamme du mégawatt et des durées de l’ordre de la seconde. Ils ont été utilisés comme
sources interruptibles (« onduleurs ») pour des charges sensibles ou pour stabiliser des réseaux
électriques. Certains réseaux utilisent déjà ces dispositifs, les retours d’expérience étant notamment
importants aux États-Unis et au Japon. Néanmoins, le nombre de SMES vendus demeure faible à
cause du coût initial élevé et de la concurrence de technologies de stockage plus matures.
Un SMES sert également de source de courant « impulsionnelle » : c’est une excellente solution pour
des alimentations non interruptibles ou certains équipements statiques permettant d’améliorer le
fonctionnement des réseaux électriques.
Trains du futur
La supraconduction est aujourd’hui davantage appliquée aux courants faibles, c’est-à-dire aux
applications de traitement de l’information comme les téléphones portables ou les ordinateurs.
En médecine, les IRM utilisent de très forts champs magnétiques crées par une bobine de fil
supraconducteur.
Les filtres les plus performants disponibles pour les antennes relais des réseaux mobiles utilisent
d’ores et déjà des supraconducteurs : un petit « frigo » refroidit le circuit électronique en utilisant
l’énergie électrique.
En médecine, les IRM (Imageries par Résonnance Magnétique) utilisent de très forts champs
magnétiques crées par une bobine de fil supraconducteur plongé dans un liquide très froid comme
l’hélium.
Chiffres clés
Pour les IRM, la supraconductivité permet de produire des champs magnétiques qui vont
jusqu’à 500 000 fois le champ terrestre : aucun autre dispositif ne peut permettre une telle
performance dans un volume d’une dizaine de m3.
Passé
Il faut par la suite attendre plus de 40 ans pour que trois physiciens, Bardeen, Cooper et Schrieffer,
parviennent à expliquer clairement la supraconductivité dans les métaux en 1957 (modèle théorique
appelé depuis « BCS », de leurs initiales).
Depuis lors, les chimistes et les physiciens inventent de nouveaux matériaux supraconducteurs et
cherchent à en améliorer les performances : à moins basse température, résistant à des champs
magnétiques plus élevés ou à des courants électriques plus forts, etc. Ces matériaux sont la plupart
du temps artificiels et synthétisés en laboratoire.
Enjeux et futur
Concrètement
Parmi les supraconducteurs classiques, les plus utilisés à ce jour sont des alliages de la famille A15,
notamment le NbTi (alliage de niobium et titane) supraconducteur sous 9 kelvins (-264°C) et résistant
jusqu’à 15 teslas ou le plus performant et plus cher Nb3Sn (alliage de niobium et étain)
supraconducteur sous 18 kelvins (-255°C) et résistant à des champs jusqu’à 30 teslas. Ce sont ces
alliages qui sont par exemple utilisés lors des IRM.
Le saviez-vous ?
Lors de certaines expériences, il a été constaté que les pertes liées à l’énergie stockée sous forme
électromagnétique dans un dispositif supraconducteur étaient tellement infimes qu’elles seraient à
peine détectables après 13,8 milliards d’années, l’âge de l’univers.
Mais l'application la plus spectaculaire est sans doute le « MagLev », un train japonais utilisant la
lévitation magnétique. Lévitant au-dessus d'un rail utilisant des aimants supraconducteurs, ce train
prototype se déplace sans frottement et affiche un record de 552 km/h !