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GÉNÉRAL
François GOLIARD en poche
5e édition 2021
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Le droit scal est l’ensemble des règles juridiques relatives à l’impôt. Il reste à
délimiter la dénition même de l’impôt, et à appréhender ses fonctions géné-
rales.
LA DÉFINITION DE L’IMPÔT
Il n’existe pas de dénition légale de l’impôt, aucun texte n’ayant jamais expli-
cité précisément ce terme. Il faut donc se reporter aux dénitions doctrinales,
qui sont nombreuses. L’impôt est en général présenté comme un prélèvement
de nature pécuniaire, obligatoire, effectué en vertu de prérogatives de puis-
sance publique, à titre dénitif et sans contrepartie déterminée, an de couvrir
les charges publiques.
Au niveau de l’assiette
L’assiette (l’élément retenu pour le calcul de l’impôt) est le plus souvent basée
sur des éléments monétaires : montant du revenu annuel pour l’impôt sur le
revenu, montant des bénéces pour l’impôt sur les sociétés, etc. Parfois, l’impôt
peut être basé sur des éléments matériels. Par exemple, les droits indirects de
consommation des alcools dépassant un certain pourcentage de titre alcoomé-
trique sont calculés par hectolitre d’alcool.
Au niveau de la liquidation
La liquidation (opération consistant à évaluer l’assiette et à calculer le montant
de l’impôt à payer à partir de l’assiette) est en général effectuée en fonction d’un
pourcentage des revenus, des bénéces, du chiffre d’affaires, donc d’éléments
là encore monétaires.
Au niveau du recouvrement
Le recouvrement de l’impôt est, quant à lui, assuré en argent (espèces, chèque,
virement à un compte bancaire…). Il existe toutefois des cas particuliers. Par
exemple, les droits de mutation à titre gratuit, l’impôt sur la fortune immobilière
et le droit de partage peuvent, lorsqu’ils dépassent un certain montant (et sous
réserve d’un agrément préalable) être payés par la remise d’œuvres d’art, de
livres, de bois, forêts et espaces naturels, ou de certains immeubles…
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par la Caisse des dépôts, d’une fraction de son résultat net à l’État. La déter-
mination du versement ne pouvant être effectuée sans l’accord de la Caisse, le
versement « n’a pas le caractère d’une imposition »).
Le contribuable peut être contraint à payer sa dette scale. Mais, bien sûr, le
caractère unilatéral et contraignant de l’impôt ne justie pas que celui-ci ne res-
pecte pas certaines règles dans un État de droit. L’impôt ne peut être institué
que par le législateur. À ce propos, le principe de libre consentement à l’impôt,
souligné dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, ne concerne
réellement que le consentement de l’ensemble des citoyens, et non le consen-
tement de chacun des contribuables…
Quelques précisions sur le caractère obligatoire de l’impôt : certaines per-
sonnes, qui entrent normalement dans le champ d’application d’un impôt,
peuvent en être exonérées par une disposition législative. Des exonérations
s’appliquent de plein droit, d’autres sur demande des intéressés.
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2 les sources juriDiques
Du Droit fiscal
Pour ce qui concerne les sources du droit scal, on retrouve la hiérarchie des
normes classiques. Toutefois, il faut souligner, d’une part, que la doctrine admi-
nistrative en matière scale occupe une place très particulière, et d’autre part,
que le pouvoir scal procède directement de la souveraineté nationale. Le pou-
voir de lever l’impôt constituant un des pouvoirs majeurs d’un État, les sources
du droit scal sont essentiellement d’ordre interne. Toutefois, les sources inter-
nationales – et plus spéciquement le droit de l’Union européenne – occupent
une place substantielle.
Les règlements
Du fait de l’étendue du pouvoir législatif en matière scale, le pouvoir réglemen-
taire autonome n’intervient que de manière très limitée, principalement dans les
domaines de l’administration, de la juridiction, de la procédure scales.
Pour le reste, le Gouvernement utilise son pouvoir réglementaire d’applica-
tion traditionnel, an d’assurer la mise en œuvre des textes législatifs, sans
y apporter de modications. Le Gouvernement ne pourra ainsi pas édicter de
dispositions plus rigoureuses (par exemple, règlement scal étendant le champ
d’application d’un impôt ou réduisant le champ d’application d’une exonération
scale…) ou plus favorables que celles de la loi (par exemple, création d’une
exonération non prévue par le législateur).
La doctrine administrative
La matière scale étant complexe, l’administration scale produit une quantité
importante d’instructions, de circulaires, de notes de service… destinées à aider
les agents dans leur compréhension des textes et de la jurisprudence scaux.
Les textes rédigés par l’administration à destination de ses agents n’ont pas
de valeur juridique à l’égard des contribuables, car élaborés par des autori-
tés ne disposant pas de pouvoir réglementaire. Il existe toutefois le risque que
les agents du sc appliquent cette doctrine administrative en lieu et place des
textes scaux originaires. Mais il faut rappeler que les circulaires, instructions…
(peu importe leur dénomination) qui modient un texte – législatif, ou réglemen-
taire – sont illégales. En matière scale, l’illégalité d’une circulaire pourra par-
fois aboutir à un rehaussement d’imposition pour le contribuable (lorsqu’elle est
plus favorable que le texte réellement applicable, et que l’administration revient
rétroactivement sur sa position. Le juge conrmera alors l’application du texte
juridiquement applicable…).
Mais le droit scal permet, dans des cas précis prévus aux articles L. 80 A et
L. 80 B du LPF, de protéger le contribuable contre les changements de doctrine
administrative.
L’article L. 80 A permet aux contribuables de se prévaloir des interprétations
réalisées par l’administration de textes scaux, qu’il s’agisse d’interprétations
de caractère individuel (concernant directement un contribuable) ou général
(comme des circulaires publiées). L’interprétation doit être écrite (lettre adres-
sée à un contribuable, par exemple) ou publiée (dans le cas des interprétations
de caractère général). L’article L. 80 B étend la garantie accordée au contri-
buable aux appréciations par l’administration de situations de fait (et non plus,
comme dans l’alinéa précédent) de textes scaux.
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Ainsi, grâce à ce système et dans les hypothèses où elle modie son interpréta-
tion initiale, l’administration scale ne peut procéder ensuite à un rehaussement
d’impositions antérieures. Bien sûr, plusieurs conditions doivent être remplies,
en dehors de l’obligation de formalisme de l’interprétation : il doit s’agir d’une
véritable interprétation, le contribuable doit être de bonne foi, etc.
Cette protection du contribuable est très remarquable parmi l’ensemble des
matières juridiques, en tant qu’il permet de se prévaloir d’une doctrine admi-
nistrative illégale. Mais les conditions de mise en œuvre de cette protection,
draconiennes, et la position plutôt stricte, voire un peu complexe du juge en
limitent l’application réelle. Dans la pratique, très peu d’interprétations sont
effectivement opposables.
La jurisprudence
La jurisprudence du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État a permis de
dégager de grands principes de droit scal. Parfois, le juge peut être à l’origine
de véritables créations prétoriennes dans le domaine du droit scal, comme
le Conseil d’État avec la notion d’acte anormal de gestion, ou, plus souvent,
apporter des précisions sur des questions données. Le droit scal a pu être
ainsi explicité, voire complété, par le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État, la
Cour de cassation… et également par des juridictions européennes.
Le contentieux scal est réparti entre les deux ordres de juridiction, la juridiction
administrative et la juridiction judiciaire (LPF, art. L. 199) : le juge judiciaire
est compétent en matière de droits d’enregistrement, d’impôt sur la fortune
immobilière, de taxe de publicité foncière, de droits de timbre, de contributions
indirectes et de taxes assimilées à ces droits, taxes ou contributions. Le juge
administratif est quant à lui compétent en matière d’impôts directs, de taxes
sur le chiffre d’affaires ou de taxes similaires. C’est donc le juge administratif qui
a le domaine de compétence le plus étendu en matière scale, puisqu’il connaît
des litiges relatifs à l’impôt sur le revenu, à l’impôt sur les sociétés, à la TVA…
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3 les granDs principes
Du Droit fiscal
Les principes du droit scal sont nombreux et variés. Certains ont une valeur
constitutionnelle, d’autres constituent des principes généraux du droit.
La nécessité de l’impôt
Le principe de nécessité de l’impôt découle de la Déclaration de 1789 (art. 13 :
« Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administra-
tion, une contribution commune est indispensable… » ; art. 14 : les citoyens
constatent « la nécessité de la contribution publique »). L’impôt, ressource prin-
cipale des personnes publiques, est évidemment indispensable pour assurer
le nancement de leur fonctionnement et la continuité des services publics.
L’impôt, certes, touche aux droits et libertés individuelles – notamment le droit
de propriété –, mais son caractère nécessaire est mis en avant par le Conseil
constitutionnel. N’oublions pas, par ailleurs, que l’impôt est consenti et mis en
place par le législateur.
Le caractère indispensable et nécessaire de l’impôt justie des atteintes aux
droits et libertés, et fonde, par exemple, la légitimité du contrôle scal et de la
fraude scale (Cons. const., 29 déc. 1983) ou la lutte contre l’évasion scale
(Cons. const., 29 déc. 1989). Mais le Conseil constitutionnel rappelle que la
conciliation du principe de liberté individuelle et des nécessités de la lutte contre
la fraude scale doit être assurée (Cons. const., 29 déc. 1989, préc.). L’équilibre
est parfois fragile et ténu, et s’examine au cas par cas.
L’annualité de l’impôt
La perception des impôts doit être autorisée pour une année – l’année civile
en France – par la loi de nances. Ce principe de l’annualité – les citoyens ne
peuvent pas se dessaisir indéniment de leur libre consentement à l’impôt –
est souligné dans différentes constitutions, jusqu’à celle du 4 novembre 1848
(en ce qui concerne les impôts directs pour cette dernière). Si les constitutions
récentes ne conservent pas une telle disposition, le principe de l’annualité de
l’impôt garde une valeur constitutionnelle ; on le retrouve d’ailleurs dans la LOLF
(art. 1er : « L’exercice s’étend sur une année civile » ; art. 6 : « Le budget décrit
pour une année, l’ensemble des recettes (…) de l’État »).
Ce principe de l’annualité ne vise que l’acte parlementaire d’autorisation de per-
ception des impôts. Une fois votées, les dispositions scales restent en effet en
vigueur, comme n’importe quelle autre disposition législative, tant qu’elles n’ont
pas été modiées ou abrogées. De plus, le principe de l’annualité n’empêche
pas les rectications scales en cas d’insufsances, d’erreurs ... commises par
les contribuables ou par l’administration scale elle-même. Ce droit de « re-
prise » – c’est-à-dire de rectication scale – est toutefois enfermé dans un
délai, au-delà duquel la prescription s’applique.
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L’étendue géographique du pouvoir scal est limitée très souvent par l’existence
de conventions internationales ; il en va de même pour l’imposition frappant
les personnes physiques ou morales étrangères installées et/ou travaillant en
France.
L’impôt et le prix
La distinction du prix et de l’impôt est aisée : le prix représente la contrepartie
directe d’un bien ou d’un service, et il n’est pas obligatoire. Il correspond à la
valeur monétaire d’un bien ou d’un service, dans le cadre d’une relation mar-
chande.
Certes, le prix comprend une part d’imposition, avec la TVA, et intègre notam-
ment le poids de la scalité pesant sur l’entreprise qui effectue l’opération de
vente ou de prestation de services. Parfois, le prix peut intégrer un prélèvement
scal très important (tel est le cas pour les carburants).
L’impôt et l’emprunt
Comme l’impôt, l’emprunt permet à l’État de se procurer des ressources ; le
recours à l’emprunt est, on le sait, une pratique généralisée depuis de nom-
breuses années. Contrairement à l’impôt, l’emprunt est souscrit volontairement.
L’emprunt se distingue également de l’impôt par l’absence des procédures d’as-
siette, de liquidation et de recouvrement (propres aux impôts). Les souscrip-
teurs ne sont pas désignés par l’État, ils déterminent eux-mêmes le montant de
leur souscription et paient spontanément. Enn, et ce sont là des considérations
complètement étrangères au domaine de l’impôt, l’emprunt doit être sufsam-
ment attrayant (niveau des taux d’intérêt, garanties offertes…) pour rencontrer
des souscripteurs. Nous noterons enn que l’emprunt est, au contraire de l’im-
pôt, une ressource provisoire de l’État.
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d’établissement ou d’entretien d’un ouvrage public qui trouvent leur contrepar-
tie directe dans des prestations fournies par le service ou dans l’utilisation de
l’ouvrage » (Cons. const., 6 oct. 1976).
La redevance touche les usagers utilisant effectivement le service ou
l’ouvrage public : une redevance ne peut être créée pour mettre en place
un service ou un ouvrage publics. Elle ne concernera ainsi que les usagers
réels d’un service ou d’un ouvrage publics déjà existants. La redevance a donc
un caractère facultatif. Dans la pratique, il est parfois difcile d’échapper au
paiement d’une redevance, car certains services ou ouvrages nous sont indis-
pensables (par ex., redevance d’enlèvement des ordures ménagères, péages
d’autoroutes).
Le tarif de la redevance est xé de manière unilatérale par l’administra-
tion : cette unilatéralité préserve l’égalité des usagers devant le service public
ou l’ouvrage public. Selon le Conseil d’État – la jurisprudence en la matière
étant fournie et constante –, il est possible de xer des tarifs différents à des
usagers d’un service public ou d’un ouvrage public, pour un service identique,
dans trois hypothèses :
– lorsque cette tarication est la conséquence nécessaire d’une loi ;
– lorsqu’il existe entre les usagers des différences de situations appré-
ciables ;
– lorsqu’une nécessité d’intérêt général en rapport avec les conditions d’ex-
ploitation du service ou de l’ouvrage commande cette mesure (CE, sect.,
10 mai 1974, Denoyez et Chorques).
Il doit exister une certaine proportionnalité entre le montant de la rede-
vance et le coût réel du service rendu aux usagers. Si la redevance est
établie unilatéralement, elle n’est pas établie discrétionnairement : c’est le cri-
tère de l’équivalence nancière, dégagé par le Conseil d’État dans son arrêt du
21 novembre 1958, Syndicat national des transports aériens. Le produit de la
redevance ne doit pas excéder le montant des dépenses engagées pour faire
fonctionner le service ; le tarif le plus élevé doit être inférieur au coût de fonction-
nement du service (CE, 20 janv. 1989, CCAS de La Rochelle). Un prélèvement
gardera le caractère de redevance, quand bien même le tarif ne couvre qu’une
faible partie du service rendu aux usagers (CE, 3 déc. 1986, Ofce public d’HLM
de Paris).
La recette de la redevance doit être intégralement affectée au service.
Impôts et taxes
La notion de taxe
La taxe est un prélèvement exigé en contrepartie de l’existence d’un service
public ou d’un ouvrage public.
Si, comme la redevance, et contrairement à l’impôt, la taxe est la contrepartie
d’un service ou d’un ouvrage public, elle touche les personnes susceptibles
de bénécier de ce service ou de cet ouvrage (alors que la redevance ne
concerne que les usagers effectifs d’un service ou d’un ouvrage). Le débiteur
légal d’une taxe peut en récupérer le montant sur le véritable bénéciaire du
service : c’est le cas de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, à laquelle
est assujetti le propriétaire. Mais celui-ci peut en récupérer le montant sur son
locataire – ce dernier bénéciant du service –, si le bien est loué.
La taxe se caractérise également par l’absence d’équivalence nancière
entre le montant de la taxe et la valeur du service rendu, ce qui différencie
la taxe de la redevance. Le tarif de la taxe peut être xé sans rapport avec
le coût réel du service (CE, 8 avr. 1949, Sté des Salaisons de Gascogne) ;
il peut même excéder largement les dépenses du service (CE, 16 mai 1941,
Toublanc). Attention toutefois : le dépassement de l’équivalence nancière n’est
pas systématique, il s’agit d’une possibilité. Le dépassement de l’équivalence
nancière ne constituant pas un élément nécessaire de la taxe, le critère de
l’absence d’équivalence nancière n’est donc pas sufsant pour distinguer la
taxe de la redevance.
Contrairement à la redevance, la taxe est obligatoire. L’usager potentiel d’un
service peut être tenu de payer une taxe, même s’il n’utilise pas effectivement le
service (cas de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, due même si l’on
n’utilise pas le service. La redevance d’enlèvement des ordures ménagères,
elle, n’est pas juridiquement due si l’on n’utilise pas le service. Dans la pratique,
il est difcile de prouver que l’on n’utilise pas le service en question…).
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Impôts et cotisations sociales
Les cotisations sociales correspondent historiquement aux cotisations de sé-
curité sociale obligatoires, affectées au nancement des régimes de sécurité
sociale établis par la fameuse ordonnance du 4 octobre 1945.
En application de l’article 34 de la Constitution, la loi détermine les principes
fondamentaux de la sécurité sociale, alors que, toujours selon le même article,
la loi xe les règles concernant l’assiette, le taux et les modalités de recouvre-
ment des impositions de toute nature. L’attribution de compétence au législateur
en matière de sécurité sociale paraît donc moins développée qu’en matière
d’impositions. En réalité, la compétence du législateur s’étend à la création, à
l’assiette, au recouvrement, à la détermination des personnes assujetties aux
cotisations et des personnes bénéciaires… Seule la xation du taux des coti-
sations sociales relève de l’autorité réglementaire, après négociation avec les
partenaires sociaux (Cons. const., 11 déc. 2008).
Depuis 1991, la scalisation du nancement de la sécurité sociale s’est déve-
loppée. En effet, sont apparus plusieurs prélèvements sociaux complétant les
cotisations sociales originaires : la contribution sociale généralisée (CSG), la
contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS), le prélèvement
social, le prélèvement de solidarité… qui constituent des impositions de toutes
natures.
Au total, il faut se méer des dénominations légales des différents pré-
lèvements. En effet, le législateur emploie des appellations diverses (impôt,
contribution, droit, taxe, redevance, cotisation, prélèvement, etc.) pour désigner
des prélèvements ayant ou non la nature d’impôts. Si le terme « impôt » corres-
pond toujours à la véritable nature d’un prélèvement, il n’en va pas de même
pour les autres dénominations. Une cotisation, une contribution, une redevance,
une taxe… peuvent en fait être juridiquement des impôts. Les taxes foncières, la
taxe d’habitation, la taxe sur la valeur ajoutée… la CSG, la CRDS, la contribu-
tion économique territoriale, pour ne citer qu’elles, sont en effet des impositions
de toutes natures.
Bien que les impôts, ainsi que leurs mécanismes, soient très divers, on peut
toutefois les classer par grandes catégories.
Il existe plusieurs façons d’appréhender ces catégories. Les auteurs établissent
une différence entre les classications doctrinales, légales et jurisprudentielles ;
entre les classications traditionnelles (impôt direct et impôt indirect, impôt réel
et impôt personnel) et les autres classications (impôt analytique et impôt syn-
thétique, impôt sur le revenu, sur la dépense, sur le capital) ; entre les classi-
cations administratives, économiques et techniques…
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du Livre des procédures scales (voir supra). Cette répartition n’est toutefois
pas parfaitement étanche, certains impôts indirects (comme la TVA) relevant
des juridictions administratives, au même titre que les impôts directs.
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6 la procéDure D’imposition
L’ASSIETTE
L’assiette représente l’ensemble des opérations administratives de recherche et
d’évaluation de la matière imposable.
La première étape consiste à déterminer quel type de richesse sera concerné
par l’impôt : le revenu, le capital ou la dépense. Finalement, dans tout système
scal, chaque individu paiera, à un moment ou à un autre, des impôts, quel
que soit son type de richesse. L’impôt frappera ainsi la personne disposant de
revenus et non d’un capital, ou possédant un capital sans avoir de revenus.
L’imposition de la dépense, elle, s’appliquera à tous, car chaque individu est
obligé de consommer, donc de dépenser.
La recherche de la matière imposable – une fois que celle-ci a été déterminée
– passe par la technique de la déclaration d’existence : le contribuable déclare
lui-même l’existence de son activité à l’administration scale.
La seconde étape passe par l’évaluation de la base d’imposition. Il existe trois
types d’évaluation :
– l’évaluation indiciaire : celle-ci est basée sur des indices, concrètement
des signes extérieurs. L’ancien impôt sur les portes et fenêtres, créé en
1798, représentait l’exemple agrant d’un impôt basé sur une évaluation
indiciaire. Aujourd’hui, la méthode indiciaire peut être employée, de ma-
nière subsidiaire, dans le cadre d’un contrôle des services scaux ;
– l’évaluation forfaitaire : il s’agit ici d’une taxation minimale et forfaitaire
de la matière imposable. On retrouve ce type d’évaluation notamment en
matière de régimes « micro » pour les entreprises commerciales, ou en
matière de revenus fonciers. Par exemple, et sous réserve de respecter
certaines conditions, l’administration scale applique un abattement for-
faitaire de 30 % sur les revenus fonciers bruts ; seuls 70 % des revenus
fonciers feront alors l’objet de l’imposition (voir infra) ;
– l’évaluation réelle ou la déclaration contrôlée : le contribuable déclare
alors sa situation scale. Cela implique un contrôle plus important de l’ad-
ministration, et induit une inégalité de fait entre les contribuables, pour
lesquels le contrôle est facile à appliquer (tels que les salariés, l’adminis-
tration scale disposant des déclarations de salaires des employeurs), et
les autres.
LA LIQUIDATION
Une fois l’assiette déterminée et évaluée, il faut passer à la phase du calcul
de l’impôt : la liquidation. Cette dernière va permettre d’établir le montant de la
dette d’impôt. En principe, la liquidation est effectuée par l’administration. Pour
certains impôts, comme la TVA ou l’impôt sur les sociétés, c’est le contribuable
lui-même qui réalise la liquidation, le travail de l’administration se limitant alors
au contrôle des calculs. Lorsque l’impôt est prélevé à la source, la liquidation est
effectuée par un tiers (en principe, l’employeur, qui verse le revenu imposable).
La procédure d’imposition
La liquidation consiste à appliquer un taux à la base d’imposition. Ce taux est
particulièrement important pour les impôts actuels, qui sont des impôts de quo-
tité, on le sait.
LE RECOUVREMENT
Le recouvrement, dernière étape de la procédure d’imposition, est l’acte par
lequel le contribuable effectue le paiement de sa dette d’impôt. Le paiement
peut se faire de manière spontanée de la part du contribuable, comme pour
la TVA et l’impôt sur les sociétés, ou être ordonné par l’administration (impôt
sur le revenu, impôts directs locaux…). Dans certains pays, comme la France,
l’impôt sur le revenu est recouvré directement par des tiers par rapport aux
contribuables.
Le paiement se fait sous forme monétaire, par divers moyens : chèque, vire-
ment, numéraires (sous certaines conditions). Exceptionnellement, le paiement
peut se réaliser en nature. Tel est le cas, on l’a vu, pour les droits de mutation
à titre gratuit, le droit de partage, l’IFI, qui peuvent être acquittés par la remise
d’œuvres d’art, de livres, d’objets de collection, de documents, de haute valeur
artistique ou historique, ou d’immeubles situés dans les zones d’intervention du
Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres ou de bois, forêts ou
espaces naturels pouvant être incorporés au domaine forestier de l’État (CGI,
art. 1716 bis).
Il existe une solidarité en matière de paiement de l’impôt : les époux, partenaires
d’un pacs sont solidairement responsables du paiement de l’impôt sur le revenu
et de la taxe d’habitation – s’ils vivent sous le même toit pour ce dernier impôt
(CGI, art. 1691 bis).
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l’imposition Des revenus
7 et Des bénéfices : l’impôt
sur le revenu
L’impôt sur le revenu a été mis en place assez tardivement dans notre pays,
avec les lois des 15 juillet 1914 et du 31 juillet 1917.
LE REVENU IMPOSABLE
Le revenu imposable à l’impôt sur le revenu présente les grandes caractéris-
tiques suivantes :
– le revenu pris en compte est un revenu global. Ce revenu global est un
ensemble de catégories de revenus, dont certaines relèvent de la sca-
lité des entreprises et d’autres de la scalité des ménages, chacune de
ces catégories disposant de ses règles propres. Relèvent de la scalité
des entreprises : les bénéces industriels et commerciaux, les bénéces
agricoles et les bénéces non commerciaux. Relèvent de la scalité des
ménages : les traitements, pensions, rentes viagères, les revenus des
valeurs et capitaux mobiliers, les revenus fonciers, les plus-values immo-
bilières et mobilières.
Ce sont tous ces revenus, bénéces et plus-values qui déterminent le
revenu global imposable. Le sc prend en compte tous les revenus des
membres du foyer. Un décit peut apparaître dans une de ces catégories ;
il est alors parfois imputable sur le revenu global ;
– le revenu imposable est également un revenu net, c’est-à-dire qu’il faut
déduire de chaque catégorie de revenu les dépenses engagées en vue
de son acquisition et de sa conservation (CGI, art. 13). Le régime des
charges déductibles n’est pas le même selon les catégories ;
– le revenu imposable est un revenu disponible : c’est le revenu « dont dis-
pose chaque foyer scal » (CGI, art. 156). Dans la scalité des entreprises
(nous parlons là bien sûr des entreprises dont les exploitants relèvent de
l’impôt sur le revenu), on applique en principe la comptabilité d’engage-
ment, c’est-à-dire que l’on prend en compte les créances et les dettes d’un
exercice pour déterminer le bénéce imposable. La scalité des ménages,
elle, suit en principe une comptabilité de caisse : le revenu imposable
est calculé par rapport aux recettes effectivement reçues et les dépenses
payées au cours de l’année civile ;
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Les produits de placements à revenu variable correspondent aux dividendes
des actions ou parts sociales. Les bénéces réalisés par les entreprises rele-
vant de l’impôt sur les sociétés sont imposés dans le cadre de l’impôt sur les
sociétés. Les bénéces ensuite distribués aux associés ou actionnaires vont
supporter l’impôt sur le revenu, lorsque les associés et actionnaires sont des
personnes physiques.
Le régime scal des revenus mobiliers a fortement évolué avec la loi de nances
pour 2018. Ce texte a en effet mis en place un prélèvement forfaitaire unique
(PFU), qui simplie et allège la scalité des revenus mobiliers. LE PFU, dont le
taux global est de 30 % (taux forfaitaire d’IR de 12,8 % et taux de prélèvements
sociaux de 17,2 % au total) s’applique aux revenus de capitaux mobiliers mais
aussi aux plus-values mobilières (CGI, art. 200 A ; sur les PV, voir infra).
Le PFU permet aux contribuables concernés de bénécier d’un taux d’impo-
sition forfaitaire, les faisant échapper ainsi au taux progressif de l’IR. Mais les
contribuables peuvent opter, de façon expresse et irrévocable, à l’imposition
dans le cadre du barème de l’IR. Cette option sera alors générale ; elle englo-
bera l’ensemble des revenus de capitaux mobiliers, et, s’il y a lieu, des PV mobi-
lières. Il ne sera pas possible de choisir le PFU pour certains de ces revenus, et
l’imposition au barème de l’IR pour d’autres.
L’imposition au barème de l’IR fera relever les revenus de capitaux mobiliers du
régime scal existant avant la création du PFU. Les règles varient alors selon
qu’il s’agit de produits de placements à revenus xes ou de produits de place-
ments à revenus variables.
Notons que certains revenus de capitaux mobiliers (livrets réglementés…)
étaient exonérés d’IR. Ils le demeurent bien évidemment en ce qui concerne
le PFU.
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Les revenus fonciers taxables (70 % des revenus dans le cadre du micro-fon-
cier, revenus diminués des frais et charges pour le régime réel) sont ajoutés
aux autres revenus imposables et imposés au taux progressif de l’impôt sur le
revenu.
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– le régime du bénéce réel, simplié (lorsque la moyenne des recettes
hors taxes des 3 années précédentes est supérieure à 85 800 € et
n’excède pas 365 000 €) ou normal (au-delà de 365 000 € de recettes
moyennes). Le bénéce imposable se détermine selon des règles propres
aux bénéces agricoles, en application de la comptabilité d’engagement,
sauf exceptions.
Le quotient familial
Le quotient familial permet d’adapter le poids de l’impôt sur le revenu en fonc-
tion de la situation du contribuable et de ses charges de famille.
Le revenu imposable est divisé par un nombre de parts, selon le schéma suivant :
– personne seule : 1 part ;
– personnes mariées sans enfant : 2 parts ;
– chaque enfant à charge, pour les deux premiers : 1/2 part ; à partir du
troisième : 1 part.
Donc pour un couple marié avec trois enfants à charge, ce dernier dispose donc
de 4 parts : 2 + 1 (1/2 x 2) + 1.
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Les réductions et crédits d’impôt
Le contribuable peut bénécier de réductions sur l’impôt qui est normalement
dû. Celles-ci sont variées (par ex., dons, frais de scolarisation des enfants à
charge, certains investissements, etc.). Si ces réductions d’impôt sont plus im-
portantes que l’impôt exigible, la fraction non imputée de ces réductions ne peut
être ni remboursée, ni reportée sur l’impôt dû les années suivantes.
Des crédits d’impôt complètent ce dispositif d’allégement de l’impôt sur le reve-
nu. Ce sont, par ex., les frais de garde des jeunes enfants, les dépenses pour
la transition énergétique effectuées dans l’habitation principale, etc. Contraire-
ment aux réductions d’impôt, le sc rembourse l’excédent des crédits d’impôt,
lorsque leur montant dépasse celui de l’impôt dû.
LA CSG
La CSG a une assiette plus étendue que celle de l’impôt sur le revenu, et son
produit est plus important que ce dernier. Elle touche les personnes physiques
ayant leur domicile scal en France et qui ont des revenus d’activité ou de rem-
placement, ou des revenus du capital.
32
LA CRDS
La CRDS dispose d’un champ d’application aussi large que la CSG : revenus
d’activité et de remplacement, revenus du capital (voire plus large, car elle
touche aussi les ventes de métaux précieux, objets d’art, etc.).
Le taux de la CDRS est de 0,5 %, non déductible.
Certains revenus, dans des cas très ciblés, sont toutefois exonérés de la CSG
et de la CRDS (par ex., les pensions alimentaires), d’autres ne sont exonérés
que de la CSG (par ex. l’aide personnalisée au logement).
LE PRÉLÈVEMENT DE SOLIDARITÉ
Ce prélèvement, lui aussi, ne concerne que les revenus du capital. Son taux
est de 7,5 %.
Le poids des prélèvements sociaux s’est fortement accentué depuis la création
de la CSG. Le taux même de la CSG a augmenté (passant de 1,1 % lors de
sa création à 9,2 %, en tout cas pour les revenus du capital), et le nombre de
prélèvements sociaux s’est développé. Désormais, les revenus du capital sup-
portent 17,2 % de prélèvements sociaux (9,2 % de CSG, 0,5 % de CRDS, 7,5 %
pour le prélèvement de solidarité). Les revenus fonciers, par exemple, qui sont
soumis au taux progressif de l’impôt sur le revenu, sont par ailleurs ponctionnés
à hauteur de 17,2 % au titre des prélèvements sociaux.
Bien qu’elle soit affectée, la CSG a été considérée par le Conseil constitution-
nel comme une imposition de toute nature (décision du 28 décembre 1990),
c’est-à-dire comme un impôt, au même titre que l’impôt sur le revenu : il n’y a
pas de contrepartie directe, les versements au titre de la CSG n’ouvrent pas
droit à des prestations, à l’opposé des cotisations sociales. Ce caractère scal
peut s’étendre aussi aux autres prélèvements sociaux.
Dans un arrêt du 2 février 2015, la Cour de justice de l’Union européenne a
souligné le lien « direct et pertinent » existant entre les prélèvements sociaux
(en l’espèce, la CSG, la CRDS, le prélèvement social et sa contribution addition-
nelle) et le nancement de certaines branches de sécurité sociale ; ils entrent
ainsi dans le champ du règlement du Conseil du 14 juin 1971 relatif à l’appli-
cation des régimes de sécurité sociale. Ce lien est rappelé dans un arrêt du
Conseil d’État du 27 juillet 2015.
L’impôt sur les sociétés frappe les bénéces des entreprises concernées à un
taux proportionnel.
L’imposition obligatoire
Certaines entités relèvent uniquement de l’impôt sur les sociétés ; elles ne
peuvent en aucune façon opter pour l’impôt sur le revenu. Ce sont principale-
ment : les sociétés de capitaux (sociétés anonymes, sociétés par actions simpli-
ées ; les sociétés en commandite par actions – y sont assimilées les sociétés
à responsabilité limitée) ; les sociétés civiles se livrant à des opérations, à une
exploitation ou à des opérations de caractère industriel ou commercial ; cer-
taines associations (notamment les associations exerçant une activité lucrative,
comme n’importe quelle entreprise) ; les établissements publics, les organismes
de l’État ayant une autonomie nancière, les organismes des départements et
des communes se livrant à une exploitation ou à des opérations de caractère
lucratif. Certaines sociétés sont soumises en partie à l’impôt sur les sociétés.
Les sociétés en participation relèvent ainsi de l’impôt sur les sociétés, unique-
ment pour la partie des bénéces revenant aux associés dont la responsabilité
est limitée, ou dont l’identité n’est pas révélée à l’administration. Les sociétés
en commandite simple sont également soumises à l’impôt sur les sociétés pour
la part des bénéces correspondant aux droits des commanditaires, dont la
responsabilité est limitée.
L’imposition facultative
Un certain nombre de structures peuvent choisir d’être soumis à l’impôt sur les
sociétés, alors qu’elles relèvent de l’impôt sur le revenu, notamment les socié-
tés en commandite simple ; les sociétés en participation (rappelons que les
sociétés en commandite simple et les sociétés en participation ne sont norma-
lement soumises que partiellement à l’impôt sur les sociétés) ; les sociétés en
nom collectif ; les EURL dont l’associé unique est une personne physique, etc.
34
scalité propre, les syndicats de communes et les syndicats mixtes constitués
exclusivement de collectivités territoriales ou de groupements de ces collectivi-
tés, ainsi que leurs régies de services publics.
36
l’imposition
10 Des transmissions
Du patrimoine
Le capital peut être imposé occasionnellement, lors d’évènements survenant
ponctuellement dans la vie d’une personne physique ou morale. Cette forme
d’imposition prend la plupart du temps le nom de droits d’enregistrement, repo-
sant sur la formalité d’enregistrement de certains actes juridiques ou certaines
transmissions de biens.
Ces droits d’enregistrement, d’origine ancienne, car remontant au Moyen Âge,
sont nombreux, variés, parfois complexes. Par ailleurs, ils sont potentiellement
critiquables, dans le sens où ils freinent la mobilité des biens, et peuvent être
d’un poids élevé.
Les droits d’enregistrement les plus courants concernent les transmissions du
patrimoine, à titre gratuit ou onéreux.
38
l’imposition
11 De la Détention
Du capital : l ’ifi
En France, l’imposition sur la fortune a eu du mal à s’imposer. Figurant parmi
les 110 propositions de François Mitterrand, elle a été mise en place par la loi
de nances pour 1982, sous l’appellation d’impôt sur les grandes fortunes (IGF).
Cet IGF sera supprimé lors de la première cohabitation, puis rétabli sous le nom
d’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), à compter du 1er janvier 1989.
Ce type d’imposition synthétique de la fortune a fait l’objet de critiques, certains
arguant de son caractère contre-productif, car potentiellement dissuasif. La LFI
pour 2018 supprime l’ISF et crée l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).
40
12 l’imposition générale
De la Dépense : la tva
La TVA (taxe sur la valeur ajoutée), créée en France, présente des avantages
certains : elle permet d’assurer une neutralité scale (peu importe la longueur
du circuit économique, le nombre d’intermédiaires… : le montant de la taxe res-
tera le même, et dépendra de la valeur du produit) ; elle limite la fraude scale,
contrairement à d’autres impositions du chiffre d’affaires (chaque assujetti ne
pouvant déduire la TVA payée à ses fournisseurs que sur la base de factures) ;
la TVA dispose d’un champ d’application très vaste, ce qui assure des rentrées
scales substantielles. De plus, la rentabilité de la TVA est calquée sur l’évolu-
tion de l’activité économique : en période de forte croissance, le produit de la
TVA augmente automatiquement ; la TVA est collectée par un nombre relati-
vement limité de personnes : les assujettis (essentiellement les industriels, les
commerçants…), ce qui rend le contrôle des services scaux plus pratique. Et
puis, la TVA est un impôt qui, de tous les impôts, est quand même celui qui est
le plus facilement supporté par les contribuables. On utilise souvent à son sujet
le terme d’impôt indolore. Le consommateur, au moment de son acte d’achat,
ne pensera pas toujours qu’il verse de l’argent au sc.
Au chapitre des inconvénients, la TVA ne prend pas en compte les facultés
contributives des citoyens. Un contribuable paiera le même montant de TVA
pour un produit donné, quelles que soient ses capacités nancières. Et encore,
on peut atténuer cette critique en soulignant qu’il existe des taux différents de
TVA selon le type de produit ou de service : un taux réduit touche ainsi la plupart
des produits alimentaires.
Il faut faire attention au terme de TVA. La TVA, comme son nom l’indique, est
un impôt sur la valeur ajoutée que l’entreprise a réalisée. La valeur ajoutée est
la différence entre le montant des biens et des services fournis par l’entreprise,
et le montant des biens et des services acquis par l’entreprise. Mais, en fait, la
TVA n’est pas calculée directement sur cette différence qui constitue la valeur
ajoutée. L’entreprise calcule la TVA afférente aux opérations qu’elle a effec-
tuées avec ses clients, et déduit du montant de cette TVA exigible le montant de
la TVA touchant les acquisitions qu’elle a réalisées. La TVA est alors égale à la
différence entre la TVA exigible et la TVA déductible.
LE CALCUL DE LA TVA
Les taux de TVA
En France, il existe un taux normal de 20 %. Des taux réduits, de 5,5 % et de
10 %, s’appliquent pour certains biens et services. Un taux spécique de 2,1 %
concerne entre autres les médicaments remboursés par la sécurité sociale. Des
taux particuliers notamment s’appliquent en Corse et dans les départements
d’Outre-mer (la Guyane et Mayotte, quant à elles, ne connaissent pas la TVA).
42
Le taux normal touche tous les produits autres que ceux bénéciant du taux
réduit. Son champ d’application est donc déni de manière négative. Dans les
faits, le taux normal frappe la majorité des produits et des services. Le taux
réduit concerne, lui, un ensemble de biens et de services limitativement déter-
minés par le législateur, notamment la plupart des produits alimentaires, les
ventes à emporter ou à consommer sur place, les transports de personnes, les
abonnements à l’électricité et au gaz, les livres, les spectacles.
LE PAIEMENT DE LA TVA
Le redevable ne va payer au Trésor que la différence entre le montant de la TVA
qu’il a facturée à ses clients, et le montant de la TVA qui lui a été facturée. Le
régime de paiement de la TVA varie selon le régime scal de l’entreprise.
LA TERRITORIALITÉ DE LA TVA
La TVA s’applique en fonction de règles de territorialité, comme tout autre impôt.
Ces règles de territorialité ne sont pas des plus faciles à comprendre. Il faut
distinguer entre le type d’opérations (transactions de biens, prestations de ser-
vices) et les zones géographiques où s’effectuent ces opérations (France et
pays extérieurs à l’UE, France et pays membres de l’UE). Pour simplier (mais
il existe de nombreux cas particuliers), les exportations de biens vers des pays
tiers par rapport à l’Union européenne et les livraisons de biens intracommunau-
taires sont exonérées de TVA ; les importations provenant de pays tiers et les
acquisitions intracommunautaires sont imposées. Les prestations de services,
elles, sont en principe imposées en France lorsque le prestataire a son établis-
sement en France. Mais leur régime est très complexe.
44
13 les impôts locaux
LA TAXE D’HABITATION
La taxe d’habitation touche les personnes physiques ou morales disposant de
locaux d’habitation et de leurs dépendances (garages, parking, etc.) comme
propriétaires, locataires, occupants à titre gratuit. Certains locaux sont exoné-
rés. Ce sont les locaux passibles de la CET et qui ne constituent pas l’habitation
personnelle du contribuable, les bâtiments utilisés pour les exploitations rurales,
etc. Il existe également des exonérations ou des allégements d’imposition pour
certaines personnes (personnes âgées, dont les revenus ne dépassent pas une
certaine limite).
C’est la valeur locative cadastrale des locaux et de leurs dépendances qui
constitue la base d’imposition à la taxe d’habitation. Un taux, voté par les col-
lectivités territoriales, est appliqué à cette valeur locative. Des abattements à la
base d’imposition permettent de diminuer le poids de la taxe d’habitation.
La LF pour 2018 instaure un dégrèvement de 30 % de la TH sur les résidences
principales pour les contribuables dont le revenu scal de référence de l’année
précédente n’excède pas un certain plafond. Les taux de dégrèvement sont de
65 % en 2019 et de 100 % en 2020, ce qui dispensera à terme 80 % des foyers
scaux du paiement de la TH. Pour les 20 % des ménages restants, la suppres-
sion de la TH s’effectuera progressivement jusqu’en 2023, date à laquelle plus
aucun foyer ne paiera cet impôt sur sa résidence principale.
46
activités non commerciales, etc. Les exonérations facultatives dépendent des
communes et établissements publics de coopération intercommunale dotés
d’une scalité propre. En principe, elles sont limitées dans le temps. Certaines
s’appliquent tant que les collectivités concernées n’ont pas rapporté la déci-
sion instituant l’exonération. En principe, ces exonérations ne se cumulent pas
entre elles. Lorsqu’un contribuable peut bénécier de plusieurs exonérations, il
doit choisir l’une d’elles. La majorité des exonérations facultatives sont limitées
dans le temps. D’autres exonérations s’appliquent tant qu’elles n’ont pas été
rapportées
La base d’imposition
La base d’imposition est constituée par la seule valeur locative des biens pas-
sibles d’une taxe foncière (sur les propriétés bâties ou non) dont le redevable a
disposé pour les besoins de son activité professionnelle.
Sont imposables les immobilisations corporelles passibles de la TFPNB ou de
la TFPB destinées à rester de manière durable dans l’entreprise pour servir
de moyens d’exploitation : terrains, bâtiments et aménagements faisant corps
avec eux… Même les locaux sociaux (inrmerie, cantines, vestiaires, etc.) et
les locaux affectés à la formation sont pris en compte dans la base d’imposition
(sauf s’ils appartiennent à un comité d’entreprise, une association, etc.) de la
CFE. Les outillages sont exclus.
Les abattements prévus en matière de taxes foncières ne s’appliquent pas.
Toutefois, la valeur locative des établissements industriels fait l’objet d’un abat-
tement de 30 %. La période de référence est l’avant-dernière année précédant
celle de l’imposition. Des réductions de la base s’appliquent à certaines per-
sonnes ou entreprises, sous conditions. Une cotisation minimum de CFE est
toutefois due. Elle est établie en fonction du CA ou des recettes.
La LF pour 2021 modie le système d'évaluation foncière des établissements
industriels, aboutissant à réduire de moitié la valeur locative de ces derniers.
Le calcul de la CFE
Il existe une cotisation minimale, établie sur une base dont le montant est xé
par le conseil municipal ou l’EPCI selon un barème revalorisé chaque année.
Le montant de la CFE s’obtient en appliquant le taux de CFE à cette base
minimum. Les contribuables dont le CA n'excède pas 5 000 € sont exonérés de
cette cotisation minimum.
Le calcul de la CVAE
Le montant de la CVAE est calculé en fonction du CA et de la valeur ajoutée
réalisée au cours de l’année d’imposition. La valeur ajoutée est plafonnée :
elle ne peut dépasser un certain pourcentage du chiffre d’affaires : 80 % lorsque
le CA est inférieur ou égal à 7 600 000 € ; 85 % au-delà. Le taux d’imposition
de la CVAE est de 0,75 % (depuis la LF 2021) pour tous les redevables. Mais
les entreprises bénécient d’un dégrèvement de la CVAE. Bien qu’en principe,
les entreprises soient assujetties à la CVAE à partir du moment où leur CA HT
est supérieur à 152 500 € (ces entreprises devant alors remplir une déclaration
de CVAE), elles ne sont en pratique redevables – du fait de l’existence d’un
dégrèvement – que si leur CA HT est supérieur ou égal à 500 000 €. À partir de
ce seuil, les entreprises vont subir un taux de CVAE variable, atteignant vérita-
blement 0,75 % au-delà d’un CA HT de 50 000 000 d’euros.
Prix : 4,95 e
ISBN : 978-2-297-13222-0
www.gualino.fr