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Séquence - roman

La Princesse de Clèves
Troisième partie du roman
Table des matières
Introduction .......................................................................................................................................... 1
Situation du passage ......................................................................................................................... 1
Niveaux de lecture de cet extrait ...................................................................................................... 2
Mouvements du texte ....................................................................................................................... 2
PREMIÈRE PARTIE : harmonie du couple dans l’aveu annoncé ....................................................... 2
SECONDE PARTIE le mari victime pitoyable ? ................................................................................. 3
TROISIÈME PARTIE Désagrégation du couple ................................................................................. 3
CONCLUSION .................................................................................................................................... 4
Bilan ................................................................................................................................................. 4
Ouverture ......................................................................................................................................... 4

Introduction

Situation du passage

• La princesse de Clèves, premier roman psychologique français 1678, en plein Classicisme


(codes, règles), en pleine rigueur morale

• Mariage qui s’annonce mal

➢ Mariage qui s’est conclu après de nombreuses tractations (Guise, Montpensier …. M. de


Clèves que le choix n°3)

➢ Légère mésalliance mlle de Chartres (sang royal) / m. de Clèves (noblesse moindre)

➢ Mort du duc de Nevers (père de m. de Clèves) => mort qui pèse sur cette union
Mme de Clèves vient de rencontrer le Duc de Nemours (coup de foudre : rencontre au bal (vue ;
passé simple fulgurant ; parallélismes & reprises de termes « se parer », « surprise/étonnement »,
« il était difficile de ... »)
=> mariage entre les époux Clèves est TRÈS compromis
➢ Premiers reproches du mari, dès le début de l’union : « Monsieur de Clèves se trouvait
heureux sans être néanmoins entièrement content. » (..) « Est-il possible, lui disait-il, de
n’être pas heureux en vous épousant ? »

Niveaux de lecture de cet extrait


❖ Niveau histoire culturelle 17e s. enjeu de la parole dans un siècle où (pour des raisons de
bienséance) on ne dira pas directement (siècle de la Préciosité). Parole détournée,
parabolique, siècle fabulistique, siècle d’une parole mesurée, calibrée (écrits fulminants de
la Rochefoucauld). Le roman lui-même ne rechigne pas aux discours indirects : image de
l’adultère (Diane de Poitiers + Henri II ; histoire de mme de Tournon + histoire d’Ann Boleyn
=> parole avare => spéculer, raisonner)

❖ Niveau narratif : système de personnages. Ici, un couple harmonieux => un couple laborieux
❖ Niveau pragmatique : que fait le texte ? Le texte argumente, support d’une argumentation
fine et retorse. => forcer les aveux.

Mouvements du texte
1. La scène d’aveu (partiel) de l’épouse malheureuse jusqu’à « aimez-moi encore si vous
pouvez ». Le lecteur, comme le mari, attend la révélation.
2. Le mari impeccable, stoïque, généreux, magnanime, compréhensif jusqu’à « … que tout ce
qu’il y a jamais eu de femme au monde ». Système d’admirations enchaînées : lecteur
admire le mari qui admire sa femme.
3. Jalousie du mari affolé (et inquisiteur) depuis « mais aussi je me trouve le plus malheureux »
à la fin de l’extrait. Le mari n’est plus héroïque. Il devient un mari banalement jaloux face à
une épouse banalement maligne (elle sait calibrer et retenir sa parole).

PREMIÈRE PARTIE : harmonie du couple dans l’aveu annoncé


➔ Dialogue : couple qui communique (quatre tirets, style direct)
➔ Importance du dialogue et de la communication (enjeu difficile et risqué, aussi) champ
lexical de la parole : « avouer » (x2), « dire » (x3), « répondre » (x2), « silence ». Importance
de la confidence qui soude les deux interlocuteurs : répétition « vous avouer », « vous faire
un aveu »

➔ Couple qui se respecte, prudence et progressivité :


« de peur de vous offenser », « dessein » -au lieu de dire « objectif, but, volonté » = langage soutenu ;
modalisations (hypothèse au conditionnel « je n’oserais »)
SECONDE PARTIE le mari victime pitoyable ?
= il attire notre compassion. Le mari trompé semble avoir « le beau rôle » ; est-il vraiment victime ?
Peut-on parler d’une stratégie du mari ?
➔ Rôles d’abord inégaux : en milieu d’extrait, l’épouse a plus de temps de parole (= tirade d’une
dizaine de ligne, format poche) => mari dépendant, tributaire de la parole de la femme

➔ Le propos se crispe et le dialogue se verrouille peu à peu => situation de crise : abondance
de négations (« ne répondit point », « ne me dites rien », « je ne me trompe pas »)

➔ Contraste entre le discours moral de l’épouse


 champ lexical des valeurs « estime », « digne », « l’innocence », « nulle marque de
faiblesse »)
 et face à elle, le mari, plus immédiat, plus spontané, plus tactile, plus charnel : lexique du
corps : « tête », « yeux », « visage », « genoux », « parler », « vit », « relever »,
« embrasser », … monde de la raison (négociée) contre le monde de l’intimité par un
corps-réflexe qui dit vrai et qui s’impose comme un corps (gestuel, universel)
Elle le traite comme le partenaire d’un contrat, et lui est dans une relation plus directe, plus aiguë.

TROISIÈME PARTIE Désagrégation du couple


= la jalousie crispe les relations et gâche notre image des personnages. La Princesse de Clèves fait
un demi-aveu et est donc à demi honnête, tandis que lui, le mari, est à moitié compréhensif.
=> histoire d’un couple qui prend conscience de sa désunion

➔ « Pitié » ; « violente », « mourir de douleur » champ lexical de la souffrance = le mari se


victimise = insistance lourde

➔ (Exagération) Hyperbole « mourir de douleur » = intensification de la douleur ; Superlatif


dans « le plus malheureux »

➔ Dégradation Vous m’avez donné de la passion dès le premier moment que je vous ai vue ; vos
rigueurs et votre possession n’ont pu l’éteindre : elle dure encore = réduction des propositions
successives ; il veut croire à la permanence d’un amour qui s’est déjà abîmé = écart entre ce
que le personnage dit et ce que la langue française dit.

➔ Accumulation d’interrogatives (4 enchaînées = affolement croissant du mari): Et qui est-il,


madame, cet homme heureux qui vous donne cette crainte ? Depuis quand vous plaît-il ?
Qu’a-t-il fait pour vous plaire ? Quel chemin a-t-il trouvé pour aller à votre cœur ?
Omniprésence du rival (obsession) + réduction de la figure de l’amant d’un groupe nominal
étendu à des simples pronoms personnels anodins = on mesure à la fois la hantise du mari
et le dédain pour l’amant
➔ désignation méprisante du rival avec la périphrase « un autre » = un simple adjectif indéfini
(autre) devient avec l’article antéposé un nom commun = substantivation = nom bricolé

➔ répétition suspecte (auto persuasion ? ) « je n’abuserai pas » « je n’en abuserai pas » =


prétérition (= annonce bidon) => la preuve

➔ répétition lourde de « malheureux »

➔ à la fin « achevez et apprenez-moi » double impératif (une relation de confiance, vraiment?)

CONCLUSION
Bilan
• Scène d’aveu partiel

• Complicité entre les époux Clèves : factice, révocable

• Admiration que nous, lecteurs, pouvons avoir pour ces personnages : toute relative. Ces
personnages sont moins héroïques que ce annoncé => ils ressemblent aux lecteurs avec leurs
défauts très humains. = scène de désunion entre M. et Mme de Clèves mais d’union entre
les personnages et les lecteurs.

Ouverture
Au 17e siècle, de nombreuses scènes d’aveu qui révèlent (plus qu’escompté), lient et divisent. Ainsi,
MOLIÈRE, L’école des femmes (1662) aveu d’Agnès à Arnolphe (II, 5)

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