La présentation sommaire des « frères » par Sylvie GERMAIN mise sur un paradoxe : comment faire découvrir, voire aimer, au lecteur des personnages rudes ? Comment faire adhérer à des personnages sans caractère exceptionnel ni héroïsme particulier ? Ni même, à ce stade du roman, sans originalité les uns par rapport aux autres ? Leur seule qualité éclatante, faire corps avec la forêt et de là, avec la nature.
➢ Problématique : comment la rudesse de ce monde fait-il aussi sa beauté ?
Table des matières
Un monde brutal et hostile… ................................................................................................. 1 Le primat de la nature ........................................................................................................ 1 Un monde rudimentaire .................................................................................................... 2 … qui n’empêche pas la beauté ............................................................................................. 2 L’affirmation d’une vie possible ......................................................................................... 2 Une terre idéale ................................................................................................................. 2
Un monde brutal et hostile…
Le primat de la nature Répétition de « forêts » : trois occurrences et reprise en « arbres » (deux occurrences) et discrètement présentes dans l’adjectif « sauvages » (qui, étymologiquement, signifient « relatifs à la forêt »), « Hommes des forêts. Et les forêts », reprise en concaténation (la forêt est donc le début et la fin de tout, le fil conducteur de la vie des personnages). Puissance suggestive du texte par le sens sonore très présent : les « chants » bien-sûr en anaphore, mais aussi « bruissant », « mélodie » et enfin la suite : « cris, de clameurs, de résonances et de stridences. » et les « échos ». Plus on avance dans le texte, plus les sons se font ténus. = force animale. Un monde rudimentaire Forte proportion de phrases nominales ou averbales : inertie de cette vie, comme « Un chant depuis toujours confronté au silence, à la roche. Un chant sans mélodie. » Personnages indistincts, au pluriel (« hommes », « eux », « ils »), et rassemblés dans le même pronom indéfini « tous ».
… qui n’empêche pas la beauté
L’affirmation d’une vie possible L’humanité s’impose dans le deuxième paragraphe, avec l’anaphore de « ils » en attaque de toutes les phrases. Vitalité croissante dans les nombreuses énumérations et gradations : « leur puissance, leur solitude, leur dureté. », « cris, de clameurs, de résonances et de stridences. », « des fruits, des végétaux et des baies sauvages » et « les renards, les chats sauvages et les chevreuils, et les venelles », ou encore « les bêtes, les hommes et les étoiles. ».
Une terre idéale
Spiritualité avec le ton litanique par le recours à la concaténation de « forets », puis « dureté », puis « chants », évocation des « pèlerins » de « Compostelle ». Verticalisation progressive : le premier paragraphe en reste au « sol », au « socle » et à la « roche » quand le deuxième paragraphe valorise « le ciel », « les étoiles » (par deux fois) et même « la voie lactée ». Idéal de la concorde dans le lexique de la similitude (« même »), vision optimisme de l’amplification (abondance des pronoms et adjectifs hyperboliques : « tout », « tous ») et perspective d’harmonie traduite par le recours aux comparaisons qui font coexister des réalités : « comme en miroir. Comme en écho aussi ».