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La moissonneuse batteuse : Réglages et gestion des pertes à la récolte

Technical Report · January 2020

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El Aissaoui Abdellah
Institut National de la Recherche Agronomique
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 FICHE TECHNIQUE
La moissonneuse batteuse : Réglages
et gestion des pertes à la récolte

AUTEUR: M. Abdellah EL AISSAOUI

DATE: Juin 2015

NUMERO: 21

mycélium de ces champignons est illustrée

par le schéma de la figure 1.
Le grain de blé transporte des champignons à
sa surface, dans ses téguments et dans son CECAMA
embryon. La localisation des spores ou du Centre de Développement Agricole
CDA 217 Zhana, 14 200 Sidi Slimane
Tél.: 0537 50 35 59 | Fax: 0537 50 35 50
info@cecama.ma | www.cecama.ma
INTRODUCTION
Le réglage de moissonneuse batteuse est une opération essentielle pour limiter les pertes et assurer une
bonne qualité des grains récoltés. Les réglages à effectuer sur une moissonneuse-batteuse doivent viser
les objectifs suivants :

c L'obtention de grain propre et non cassé dans c Un rendement optimal de la moissonneuse

la trémie. En effet les impuretés diminuent le
poids spécifique (poids en kg de 100 litres) et
influent sur le prix de vente. Donnant
l’exemple de blé, le prix de vente est relatif au
poids spécifique qui doit être de l’ordre de 80;
c Des pertes de grains minimales (pertes au sol
sur la largeur de la coupe, pertes au sol sous
l'andain, grains non battus restant dans les
épis…);
afin d'effectuer la récolte dans les jours
disponibles. Tout dépassement de maturité se
traduit par une chute de taux d’humidité ainsi
que du poids spécifique (pour un blé, le taux
d’humidité de référence pendant la récolte est
de l'ordre de 14 à 16%).

Ces trois objectifs précités ne sont pas faciles à atteindre vu que la satisfaction d’un objectif ne peut se
faire sans affecter un autre. Il y a un compromis à rechercher entre l’optimisation du rendement du
chantier en travaillant rapidement et l’optimisation des réglages et conditions pour avoir une bonne
qualité du grain (propreté, pertes, grains cassés…).

1. TAUX DES PERTES ET SEUIL ADMISSIBLE

Les pertes à la récolte sont acceptables à des niveaux de moins de 5 %. Les constats effectués aux
champs montrent que les pertes effectives peuvent monter à plus de 10 % en cas de manque
d’adéquation entre le réglage de la machine et les exigences de la récolte. Les constats du terrain
montrent qu’il y a des opérateurs de machines qui manquent de technicité et de connaissance complète
sur différents réglages et leur influence sur la réduction des pertes à la récolte et de la qualité du grain.

Le taux de perte admissible peut être variable suivant le stade de maturité et l’état de la céréale (ou autre
culture) à récolter et en fonction des conditions climatiques. Un ordre de grandeur communément admis
consiste à avoir une perte de l’ordre 3 à 5 %. Un autre indicateur exige que la quantité de grain perdu
doive être inférieure à la quantité de semence utilisée pour la culture.

Fiche Technique N° 21 : La moissonneuse batteuse : Réglages et gestion des pertes à la récolte 2

2. EFFET DE SURCHARGE DE LA MACHINE SUR LES PERTES

Aujourd’hui, il est exigé qu’une moissonneuse batteuse ait une grande capacité horaire de travail (débit
récolté de grains et de paille). Plus le volume de la paille récolté est important, plus il est demandé de la
machine de battre et de séparer un grand débit de paille et de grains. Pratiquement, les problèmes de
bourrage, de pertes de grains et de réduction de qualité de grains (nettoyage insuffisant des impuretés)
se posent.

Ces problèmes de bourrage, de pertes de grains et réduction de qualité de grains sont dus en premier
lieu à l’inadéquation de la vitesse de travail de la machine avec sa capacité horaire de travail. En effet,
L’opérateur cherche toujours à travailler rapidement ce qui augmente le débit de récolte traitée et pose
potentiellement le risque de surcharge de la machine. Des pertes de récolte peuvent avoir lieu à cause
des débordements potentiels au niveau des systèmes de battage, de séparation et de nettoyage.

3. REDUCTION DES PERTES DUES AU SURCHARGE DE LA MACHINE

Les agriculteurs sont habitués à baisser la barre de coupe pour récupérer plus de paille. Cette pratique ne
change en rien le rendement mais provoque la surcharge de la machine avec plus de quantité de paille
traitée. Il y a donc possibilité de réduction de la quantité de paille traitée en remontant la barre de coupe
et aidant ainsi à avoir une meilleure efficacité de battage, de séparation et de nettoyage des grains même
en travaillant à grande vitesse.

Pour réduire les pertes de surcharge de la
machine, certaines adaptations sont possibles
visant à réduire le volume de la paille traitée :
c Réduire la vitesse de travail ;
c Réduire la largeur de coupe pour diminuer la
quantité de récolte traitée ;
c Mettre la barre de coupe à un niveau haut
pour diminuer la quantité de paille traitée.

Les agriculteurs doivent aussi être conscients de l’importance de laisser la paille dans la parcelle. Cette
pratique n’est pas seulement importante pour améliorer le rendement du battage mais aussi pour aider à
conserver la fertilité du sol via la réduction des exportations de paille source de carbone dans le sol. Les
taux de carbone et de l’azote sont les clés de fertilité du sol dépendante du rapport entre eux (rapport
C/N).

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4. SOURCES D’IMPURETES ET QUALITE DU GRAIN

Pour avoir un grain de qualité, il faut le préserver entier et limiter les taux d’impuretés lors de la récolte.
Les types d’impuretés qu’on peut trouver sur un blé récolté sont:

c Des grains cassés lors du battage ;
c Des impuretés de grains échaudés ou gains
d’autres céréales, ou grains attaqués, ou
grains décolorés sous l’effet de l’humidité ou
la chaleur ou les maladies ;
c Des grains germés sur épis sous l’effet des
pluies de fin de cycle et/ou récolte tardive ;
c Des impuretés diverses issues de graines
étrangères, de pierres, de terre, de paille…

Ces impuretés sont classées en deux origines:

c Impuretés générées lors de l’opération du c Impuretés résultantes des conditions de

battage et sont dues aux ajustements développement et de gestion de la culture
techniques au niveau des systèmes de (verse, dégâts de maladies et insectes,
battage et de nettoyage ; mauvaises herbes tardives, pluie tardive…).

5. REDUCTION DES PERTES DE CASSE DES GRAINS

Il est possible pour chaque fraction d’impuretés d’adapter les réglages de la moissonneuse-batteuse afin de
bien séparer les grains propres des impuretés et de l’écart de triage.

Pour ce faire, il faut opter pour un bon réglage de
la moissonneuse batteuse.
Le réglage le plus important consiste à limiter le
taux du casse des grains qui est proportionnel au
taux de perte de rendement. Pratiquement, s’il y
a a trop de grains cassés au niveau du grain
stocké dans la trémie, on doit suspecter le
système de battage et la vitesse de travail de la
machine. Il est nécessaire donc de contrôler des
éléments suivants :
c Vérifier si la vitesse du batteur est
excessive ;
c Vérifier si les ouvertures avant et arrière
de batteur et contre batteur sont trop
serrés ;
c Vérifier si la vitesse de travail de la
machine est élevée.

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6. LES PRINCIPAUX REGLAGES SUR UNE MOISSONNEUSE BATTEUSE

L’opérateur d’une moissonneuse batteuse doit globalement être conscient de l’influence des paramètres
suivants :

c La vitesse de rotation du rabatteur ; c L’écartement batteur/contre-batteur ;

c La position horizontale du rabatteur par c La vitesse du ventilateur ;

rapport à la barre de coupe ;
c L’ouverture des volets d’entrée d’air à l’amont
c La position verticale du rabatteur par rapport à du ventilateur ;
la hauteur de la récolte ;
c L’ouverture de la grille supérieure dite grille à
c L’inclinaison des griffes du rabatteur pour la ôtons ;
prise de récolte versée ;
c L’ouverture de la grille inférieure dite grille à
c La hauteur de la barre de coupe ; grains ;

c La vitesse de rotation du batteur ; c La vitesse d’avancement de la machine.

Ces paramètres précités influencent différemment les pertes de récolte et les impuretés au niveau du
grain. En effet, la présence des grains cassés ou des grains imbattus est due essentiellement au réglage
du batteur et contre batteur alors que la présence des impuretés est imputable aux réglages des grilles de
séparation.

6.1 Réglage du rabatteur

Le rabatteur est conçu pour que sa vitesse périphérique soit majorée de 10 à 20 % de la vitesse
d’avancement de la machine. En effet, quand le rabatteur tourne très vite il provoque des pertes des tiges
et des épis sur le sol à partir des deux côtés de la table de coupe autour du convoyeur.

Le rabatteur doit tourner un peu plus vite (2 à 3 %) que la vis d’alimentation. Les doigts doivent rester en
position verticale ou inclinés vers l’avant lorsqu’ils sont en rotation à côté de la vis d’alimentation. Cette
position verticale permet aux dents de se débarrasser de la récolte coupée pour que la vis traite sans avoir
de projection hors de la table de coupe. Ce réglage est d’importance pour éviter les pertes des épis au sol.

Fiche Technique N° 21 : La moissonneuse batteuse : Réglages et gestion des pertes à la récolte 5

 Figure 1 : Causes des pertes au niveau de la barre de coupe d’une moissonneuse batteuse

6.2 Réglage de la vis d’alimentation

L’espacement entre la vis d’alimentation et le fond de la table de coupe doit être plus clair (plus de
3 cm) pour favoriser la circulation de la récolte sans aucun impact sur les épis causant des pertes des
grains.

La vis d’alimentation doit avoir une vitesse périphérique de l’ordre de 5 m/s (18 km/h). Si la vis
d’alimentation tourne trop vite (environ de 7 m/s ou 25 km/h), il y aura :

c Une concentration du flux de paille sur le c Une augmentation du phénomène

centre de la machine ; d’enroulement autour de la vis d’alimentation,

c Une augmentation d’égrenage ; c Une augmentation de la perte et la casse

de grains sous l’effet du choc de flux entre
c Une amplification du phénomène de la vis et sa loge.
bourrage ;

Les points à retenir sur la vis d’alimentation sont comme suit :

c Effet de sa vitesse de rotation très important convoyeur s’elles sont longues et ne sont pas
sur les pertes des grains ; adaptées à la largueur du convoyeur ;

c Effet des spires de la vis d’alimentation sur la c La concentration du flux de la paille au centre
concentration du flux de la paille au centre du depuis le convoyeur jusqu’au secoueur cause
une usure prématurée de la machine.

Fiche Technique N° 21 : La moissonneuse batteuse : Réglages et gestion des pertes à la récolte 6

6.3 Réglage au niveau du bac à pierres

Le bac à pierres sert à chasser les pierres qui passent avec la récolte dans la machine. Bien que ce bac est
important pour éviter le risque encouru par le passage des pierres à l’intérieur vers le batteur, il crée un
bourrage de flux de la récolte et limite son passage. Si les parcelles sont exemptes de pierres, il est utile
de mettre une tôle sur le bac à pierres pour limiter le phénomène de bourrage.

6.4 Réglage au niveau du batteur

Chaque type de grain se comporte

spécifiquement à la vitesse de rotation du
batteur. Dans le cas des céréales, le batteur doit
tourner aux alentours de 800 à 900 tours/minute
en fonction de l’humidité de la paille et du grain à
récolter. La vitesse de rotation doit être
augmenté jusqu’à 1000 tours/minute durant le
matin et le soir et diminué dans le jour pour
éviter la casse des grains surtout lorsqu’il s’agit
des grains tenaces comme le blé dur.
Photo 1 : Evaluation de la vitesse de rotation du
batteur
Source : Photo El Aissaoui A.

Pour les légumineuses, les nombre de tours du moteur de 20 % ce qui aide

protéagineux et le colza, la vitesse de rotation
doit être située aux alentours de
350 et 500 tours/minute.
Techniquement, La vitesse de rotation est
inversement proportionnelle à la taille du grain
récolté à l’exception des petits grains fragiles qui
ne supportent pas « l’effet marteau » induite par
les grandes vitesses du batteur.
A titre d’exemple, la féverole exige une vitesse de
rotation du batteur de l’ordre de 500 tours/minute
comme le tournesol bien que les grosseurs des
grains sont très différentes.
Il est possible d’assurer un meilleur battage à des
faibles régimes (<500 tours/minute). En effet,
l’inertie du batteur joue un rôle important dans le
maintien de son couple même en baissant le
à réduire la consommation du gasoil de la
machine. Techniquement, l’inertie du batteur peut
être améliorée en ajoutant symétriquement des
poids d’alourdissement autour de son poids, ce
qui donne une augmentation d’inertie importante
(l’augmentation du poids par deux donne une
augmentation d’inertie de trois fois).
La vitesse périphérique du batteur de référence
est de l’ordre de 25 mètre/seconde pour
les céréales, et n’est que de 8‐12 m/s pour
les oléo-protéagineux.
A titre d’exemple, le battage du blé exige une
vitesse périphérique du batteur de l’ordre de
25 mètre/seconde, La rotation du batteur
(tours/minute) sera de 796 ou 735 tours/minute
si le diamètre du batteur est de 60 ou 65 cm
respectivement.

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6.5 Réglage au niveau du contre batteur

Le couple batteur et contre batteur a pour fonction de battre les épis et faire circuler la paille. Le réglage
de la distance entre batteur et contre batteur à l’entrée (L) et à la sortie est différent. En effet, la première
distance doit être égale au diamètre de l’épi alors que la deuxième doit être égale au diamètre du grain.

Figure 2 : Ouverture des positions avant et arrière du batteur et du contre batteur en

fonction de la grosseur du grain

6.6 Réglage au niveau des grilles de séparation

L’objectif des grilles de séparation supérieures et inférieures est de récupérer le reste des grains
qui ne sont pas passés par le contre batteur :

c La grille supérieure doit être ouverte au
minimum de telle façon d’assurer un rôle de
trier les grains et non de récupérer
des imbattus. S’il y a une présence importante
des imbattus, il faut penser à régler
le problème au niveau du batteur.
c La grille inférieure doit être relativement
fermée par rapport à la grille supérieur, et ce
afin d’affiner le triage.
c Si les grains récupérés dans la trémie ne sont
pas propre, il faut jouer sur la vitesse du vent
ou l’ouverture du batteur pour enlever tout
matériel autre que le grain.

6.7 Réglages au niveau du système de ventilation

Le système de ventilation produit un flux d'air qu’on peut orienter grâce à des volets situés en aval du
ventilateur. Ces volets permettent de répartir l’air vers les grilles supérieures et inférieures et au-dessus de
la grille supérieure pour nettoyer le grain pendant sa chute à la sortie de la table de préparation.

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Les réglages possibles consistent à :

c Ajuster l’orientation du vent avec les volets c Ajuster le débit d'air en fonction de la taille et
situés en aval du ventilateur. le poids des grains.

L’ajustement de débit se fait soit au niveau des volets d'entrée d'air en amont du ventilateur, soit au niveau
du variateur de vitesse du ventilateur.

6.8 Réglages indicatives en fonction du type de grain

Ecartements
Type Vitesse du Régime Grille Grille Ventilation
de grain Rabatteur Batteur Contre batteur supérieur inférieur
(tr/min) (mm) (mm)
Av Ar
Avoine Lente 700-1300 16-18 4-5 14-16 12 Moyenne

Blé Moyenne 700-1300 12-14 3-5 12 8-12 Forte

Orge Moyenne 700-1300 12-14 3-5 12 8-12 Forte

Colza Lente 500-700 16-20 3-6 7-9 3-5 Faible

Féverole Moyenne 300-500 14 7 15-20 6-10 Forte

Pois Faible 300-600 15-20 10-12 16-19 8-15 Forte

Pois faible 300-500 30 10 20-25 12-16 Assez forte

chiche
Tournesol -- 300-500 30 12 12-19 10-16 Assez forte

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7. EVALUATION DES PERTES D’UN CHANTIER DE RECOLTE MECANIQUE

Les pertes à la récolte sont situées à trois niveaux :

c Les pertes de pré-récolte

c Les pertes au niveau de la barre de la coupe et la vis d’alimentation

c Les pertes de battage, de séparation et de nettoyage

Les pertes de pré-récolte peuvent être dues au mode de gestion de la culture. Les problèmes potentiels
sont les mauvaises herbes de fin de cycle, la verse, l’attaque par les oiseaux et autres. Par ailleurs, les
deux autres pertes précitées ci-dessus sont propres aux modes de réglage et de manipulation de la
machine

Figure 4 : Schéma d’évaluation des pertes de pré-récolte et des pertes de coupe, de battage, de séparation et de
nettoyage lors d’un chantier de récolte

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Philip L., 1999. Les machines agricoles: conduite et Yannik C. XXXX. Optimiser le réglage de votre moissonneuse
entretien. Edition TEC & DOC. batteuse. www.agriculture-npdc.fr/

Cours en ligne sur les moissonneuses batteuses, Camile C., 1992. Les moissonneuses-batteuses et les
https://tice.agroparistech.fr/coursenligne, équipements pour la récolte des graines. Cemagref-Dicova.

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