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Respire…

Eunice Dalo Aara


Respire


Chapitre 2

C'était un matin ensoleillé et nous venions tout juste de finir le petit


déjeuner, mon premier petit-déjeuner à la maison. Papa et moi avons
eu une petite conversation alors que maman était occupée à être
maman, mais lui partait déjà travailler. Il prit sa mallette, la porta par
ses sangles et marcha vers la porte. Je me rappelle l’avoir vu le faire
presque tous les matins avant de partir. Mon père était dans la
cinquantaine, mais il était encore fort. Je pense qu’être professeur à
l'université, écrire des livres et être très réglementé dans son
alimentation l'a aidé à maintenir sa forme. Je n'ai jamais rêvé
devenir professeur mais mon père m'a beaucoup inspiré. S’il y a une
chose qu’il savait être, c’est intelligent. Il était intelligent mon père,
très intelligent.

Il s'est retourné juste avant de tourner le poignet de la porte pour


l’ouvrir.

"Laya, Pitt sera là tout à l’heure te chercher. Il veut t’emmener


visiter la ville, je sais qu’il est déjà dix heures passé de dix minutes. "

"D'accord papa ! Passe une bonne journée " Lui dis-je. Il sourit et
leva son pouce. Cela me fit sourire à mon tour tellement je trouvais
son geste mignon.

"Poupée, si tu en as fini avec ta tasse de thé, je vais la débarrasser


pour toi." dit Maëlle.

"Oh merci. Je vais simplement garder la bouteille d'eau", lui


répondis-je. Maëlle, notre femme de ménage, travaillait pour nous
depuis que j'avais cinq ans et aujourd'hui, dix-huit ans plus tard, elle
est encore ma nounou. Sa famille était pratiquement la nôtre parce
que nous sommes devenus très proches au fil du temps, dix-huit ans,
n’est pas rien.

J'étais sur le point d'ouvrir la porte de ma chambre quand j'entendis


monter la voix de Pitt du foyer. Il était déjà là. J'ai rapidement
ouvert la porte et j'ai brossé mes cheveux dans une queue de cheval
élevée dont le bout se balançait à mon cou afin de m’éviter de
transpirer plus que je ne le devais. Liscoville se trouve en région
tropicale et quand le soleil brille, la chaleur y est accablante. Je pris
également mon porte-monnaie puis je descendis les escaliers.

"Hop hop, allons-y !" souffla-t-il dès qu'il me vit.

"Salut, toi aussi !" Lui répondis-je en lui lançant un regard ludique,
qu'il me rendit sans gêne.

"Lucas a appelé et a dit qu'il sera ici ce soir après avoir fini son
travail, alors faites de votre mieux pour être ici avant le diner." Dit
Ma'a en me donnant une bouteille d'eau.

"Bien sûr." Lui répondis-je.

"Nous serons ici avant qu’il ne soit là, tante Julie. Passez un bon
après-midi." Pitt rassura Ma’a, en déposant un baiser sur sa joue. Il
tira ma main pour me presser de partir. Je donnai un bisou à Ma'a
et nous sommes sortis pour partir.

Une Suzuki Jimny bleu cobalt était garée devant la maison. Elle
était petite et décapotable.

"Je pensais que tu n’avais pas de voiture"


"Je n'ai jamais dit cela. J'ai dit que la voiture de Danny était plus
grande que la mienne, c'est pourquoi nous avions utilisé la sienne.
Nous ne savions pas si tu allais revenir avec l'ensemble de
l’Angleterre ici." Rectifia Pitt, en tournant la clé de contact pour
démarrer sa voiture, puis il s’engagea sur la route principale.

"Voulais-tu que je sois avec Danny ? Ou t’attendais-tu à voir la


voiture de Danny ?

"J'étais..."

"Appelons-le ; Nous le rencontrerons juste pour toi ! C’est mon


cadeau de bienvenue."

"Fermes-la Pitt !" Lui dis-je en roulant les yeux, "toi conduis nous
juste où nous allons"

Il éclata de rire et mit de la musique.

"Pearl a appelé, elle veut que nous la rencontrions quelque part,


nous allons d’abord la chercher, puis nous continuerons notre
journée avec elle". Ajouta- t-il.

"Ah super ! Je ne m’attendais pas à la voir d’aussi tôt.”

Pendant qu'il conduisait, j'étais occupée à admirer ma vieille ville. Il


m'a fallu un peu de temps pour commencer à voir des bâtiments
parce que ma maison était à environ quinze ou vingt minutes de la
ville. Nous devions dépasser des centaines d'arbres, des ruisseaux et
des petites maisons. C’est seulement après que nous arriverions au
centre-ville puis en ville. Ma ville était plus modernisée que lorsque
je l'avais quittée, elle avait désormais plus de grands bâtiments et
des sièges d’entreprises qui traversaient ses rues. Comme j'admirais
et essayais de familiariser mes yeux à la nouveauté autour de moi,
alors que Pitt fredonnait la chanson qui jouait en sourdine, je revins
à quelques jours en arrière dans mes pensées.

"... rentres juste et respire ..." Repensai-je. Je me voyais debout devant


mon ancien appartement, perplexe, confuse, blessée et
manifestement stupide. Je suis sûre que je ne me suis pas seulement
sentie stupide mais j'avais l’air stupide parce que j’étais gelée comme
un bloc de glace. J'avais fait de mon mieux pour me contenir, mais
je restai un iceberg ; Ce qui se passait à l'intérieur était beaucoup
plus grand et plus profond que ce que je pouvais exprimer ou
démontrer physiquement.

"Pourquoi n'as-tu pas pu me le dire ?" Ai-je crié.


"Pourquoi m’as-tu fait cela ? Je ne demande pas de m’en dire plus, juste
pourquoi .... Il suffit de me parler ! "
"Écoutes, peux-tu m'écouter pour une fois ? Je ne pense pas que tu sois prête à
parler maintenant. Nous pouvons le faire demain ! " Dit Tim en essayant de
me tenir la main.
En reculant brusquement, je le regardai simplement et je ressentis
tout l'amour que j'avais pour lui se multiplier…puis, se dissiper. Je
le regardai, et je pense qu'il a vu venir ma colère.
"... Rentres juste et respire ... Je…je ... Je pense que nous devons tous respirer.
Ooo-kay ? " Dit-il.

J’hochai la tête et regardai vers le ciel, essayant de retenir le flot de


larmes que je sentais déjà couler de mes yeux. Dans une fraction de
secondes, j'ai vu tout ce que nous avons essayé de construire
ensemble s’écrouler comme un château de cartes. Je me suis
rappelée combien j'avais convaincu tout le monde que Tim avait
changé et que c'était le bon moment. Oui, parce que nous avions eu
des disputes et que nous avions rompus environ cinq fois, mais ce
n'était jamais aussi grave que cette fois.

Je l'ai rencontré au lycée et depuis nous étions amis, deux années


après, quand j'ai commencé l’université, nous avons commencé à
sortir ensemble. Il était ma première relation de grande fille et nous
avions fait cinq ans ensemble, cinq ruptures et réconciliations,
quatre mésaventures avec d’autres filles, trois crises qui m’ont
menée à l'hôpital, deux tentatives de suicide de ma part et une fille
qu’il a mise enceinte. Même si je ne pouvais tout simplement pas
voir mes rêves être emportés, j'étais à bout ; je n'avais plus aucune
force en moi. Je me suis donc tenue face à lui cette fois-ci et j'ai
simplement dit "D'accord". C'était le dernier mot que je lui ai
adressé. J'essuyai les larmes toutes chaudes qui tombèrent de mes
yeux, lui tapotai le dos, pris mon sac à main au sol avec les clés de
ma voiture et j’entrai dans mon appartement. Le lendemain, j'étais
dans l'avion, pour rentrer chez moi.

Je repris mon souffle alors que je sortis de mes pensées où j’avais


l'impression d'étouffer.

"Est-ce que ça va ? Peut-être devrions-nous monter les vitres ; le


vent est trop violent pour toi ?” Demanda Pitt, inquiet.

"Non, j'ai juste besoin de...de boire de l'eau. Je pense que j'ai aspiré
trop d'air." Répondis-je en revenant à la réalité.

"Il y a une bouteille d'eau sur le siège arrière." Dit-il en me dirigeant


du pouce vers l’arrière.
Je pris la bouteille d'eau et bu quelques gorgées. Je me sentais
beaucoup mieux.

"J'adore la météo !" Dis-je en essayant de l’emmener à se concentrer


sur quelque chose d'autre.

"Ouais, ces jours-ci, c'est assez frais et ensoleillé. C'est une bonne
chose parce que les jours plus chauds sont à venir. Pour l'instant,
profites du doux rayon de soleil.”

J’hochai la tête et souris.

"Alors, comment va Tim ?" Demanda Pitt en me lançant un regard,


puis regardant la route.

"Il va bien", répondis-je "... Enfin, je suppose".

"Qu'est-ce que tu veux dire par “je suppose”, Il me regardait, l’air


perdu. "Qu'a-t-il fait cette fois-ci ?"

"Rien."

"Rien ?" Demanda-t-il sarcastiquement.

"Pitt, pouvons-nous rouler tranquillement jusqu’à destination s’il te


plait ?"

"Jeune fille, je suis prêt à arrêter cette voiture et attendre de savoir


c’est quoi ce « rien » qu'il a fait cette fois-ci.”

J’étais silencieuse. Je n'avais pas de mots, je ne savais pas trop quoi


dire. En plus, ce n'était pas son affaire ni celle de qui que ce soit.

"Délaya ! Sérieusement, tu ne veux donc pas parler ? "


"Je ne pense pas que ce soit important d’en parler".

"Mais je m’en soucie et je veux savoir. Allez ! " Il supplia.

Je réfléchis profondément et regardai à travers la fenêtre de mon


côté.

"Il n'a rien fait et c'est exactement pourquoi je ne sais pas comment
il va. Il n'a rien fait, rien pour m'arrêter, rien pour me garder. Il n'a
rien fait ... rien. " Dis-je en prenant une profonde inspiration.

« Il voulait simplement que je respire ... ». J'avais envie d'ajouter. Il


savait qu'il me tuait à grande vitesse.

"C'est fini entre vous ?" Demanda Pitt.

"Oui. Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là, mais pour
moi il n'y a pas de possibilité de reculer. Cette relation a été un vol
avec trop de turbulences et des trous d’air. J’en ai le tournis.”

Il resta silencieux pendant un moment et dit :

“Je suis là pour te soutenir. Je suis d’accord avec toute décision que
tu prendras. J'ai apprécié Tim à cause de toi, mais ce type est un
cas. "

Je souris.

"Est-ce que ça va ? Tu vas bien ?" il rajouta

"Ça va aller." Je l'ai rassuré et je me suis rassurée en même temps.

"Et donc, qu'est-ce qui se passe de ton côté ? Comment va cette fille
dont tu m’avais parlé ?"
"Qui ? Cette fille folle là ? Pas moyen ! "Dit-il en secouant la tête.

"Je te l'avais dit ! Ha ha ha ! "Dis-je en éclatant de rire.

"Elle m'a fait acheter des nouveaux téléphones pour tout ceux qui la
connaissaient dans son quartier. J’aurais aussi bien pu acheter des
téléphones pour le quartier tout entier et le village même. Je ne
pouvais parler à personne d'autre qu'elle, je ne pouvais même plus
parler à mes amies. Hu hu. Je l'ai plaquée. "

Je continuai de rire. J’imaginais la scène. Des téléphones carrément !

"Alors que fais-tu en ce moment ?"

"Je travaille toujours à Roll'ed Up, une station radio et je travaille


aussi sur certaines productions, tu sais. Mais j'ai l'intention d'en
lancer une avec des amis et donc je pourrai produire mes propres
affaires. "

"Oh c'est génial ! Je suis fière de toi. C’est une excellente initiative.
Fais-le moi savoir si je peux t’aider en quoi que ce soit. "

"Okay, je le ferai. Tu chantes toujours ?

"Oui, ...fin un peu, mais j'écris beaucoup plus que je ne chante, je


fais mes peintures et exploite le monde de l’art." Répondis-je.

"Tu devrais revenir au chant !"

"Peut-être bien un jour. Alors maintenant que mademoiselle Bianca


est sortie de ta vie, as-tu des vues sur d’autres femmes ?

"Eh bien ... j'ai mes yeux sur une femme".

"Humm ... dis-m’en plus!"


"Tu es si curieuse ! Eh bien, c’est une très jolie jeune femme et je
pense que je commence à vraiment l'aimer mais je ne sais pas si c'est
réciproque, elle est si dure et a une forte personnalité. Je ne pense
pas qu'elle soit prête pour l'amour et je ne veux pas la presser. "

Il a arrêté la voiture à côté d'un parc et de l’autre côté était un


magasin. Je me suis tournée vers lui car j'étais vraiment intéressée
de savoir qui était cette femme.

"Elle est là !" Dit-il.

"Hum ! Où ? Ici ?"

"Pearl. Elle est là ; elle se dirige vers nous." Dit-il en regardant vers
Pearl qui nous faisait signe de la main et regardait à droite, puis à
gauche avant de traverser la route.

Je me levai et ouvris la portière. Dès qu'elle était à quelques pas, je


l'étreignis de toutes mes forces et elle fit de même.

"Oh ! Tu es magnifique Laya !"

"Toi aussi Pearl ! Tu es ravissante."

Elle sorti de l’étreinte, me regarda tendrement puis se pencha et


salua Pitt. "Hello Pitt !"

"Salut Pearl !"

Nous étions tellement dans l'émotion de nous revoir qu'il dit : "Les
filles allons-y sinon nous ne ferons rien d'autre que des oh ohs et des
ah ahs aujourd’hui !"

"Ok, chef !" Pearl a dit en jetant son sac et son porte-monnaie sur le
siège arrière avant d'entrer dans la voiture. Dès qu'elle fût assise,
j'entrai et Pitt démarra.

Pearl qui était assise sur le siège arrière se rapprocha de nous par
l'espace vide entre le siège de Pitt et le mien et demanda "Alors ! Où
allons-nous exactement? Que faisons-nous chef ?"

"Je ne sais pas exactement. Je vais avoir besoin de vous, les filles,
pour m'aider. » Pitt dit.

"Je propose que nous allions manger de la viande fraîche ; quelque


chose de grillé et de chaud. Alors ? On est pour ?" Dit-elle en levant
la main.

" Ça marche !" Pitt affirme, et j'ai simplement hoché la tête.

Nous sommes arrivés au fameux coin des grillades, qui était selon
eux le meilleur de la ville. On y trouvait de la viande faite avec ces
épices exotiques piquantes et servie avec les meilleures frites ou des
bananes grillées (une spécialité locale).

L'endroit s'appelait "Camay's Grill House". Le cadre était assez


agréable dans une ambiance assez tropicale avec la musique locale
qui y été jouée et plusieurs grands tableaux exaltant la beauté de
notre belle plage. Ce n'était pas un restaurant de grillades de luxe
mais c'était très agréable. Les serveurs, toujours un sourire aux
lèvres, étaient très accueillants, cela me mettait en confiance par
rapport à la nourriture que nous étions sur le point de manger. Nous
avions commandé et pendant que nous attendions la nourriture,
Pearl s’amusait à poser un million de questions. Lorsque la
nourriture finit par arriver, nous nous plongeâmes. Des fous rires et
un plongeon dans notre enfance étaient au rendez-vous. Qui aurait
pu imaginer cette scène un jour ?

Nous nous sommes tous connus depuis l'enfance, nous étions dans
la même école du dimanche et nous interagissions fréquemment les
uns avec les autres par le canal de nos écoles. J'ai toujours étudié
dans les mêmes écoles que Pitt, puis Pearl s'est joint à nous à un
moment donné, en fin de primaire. Danny était un ami de Pitt et
puisque nous allions tous à l'école du dimanche et aux réunions des
ados, nous nous voyions régulièrement et sommes devenus amis.
Quatre personnes manquaient pour que nos retrouvailles fussent
parfaites. Justin qui était maintenant en Chine pour son travail,
Luis qui, lui s’était marié et était allé en Malaisie pour sa lune de
miel, quant à Michel et à Jessica, ils étaient apparemment toujours à
Liscoville, mais je ne les avais pas encore vus.

"J'ai entendu dire que Jessica se marie très bientôt ?" Je demandai
à Pearl et Pitt.

"Ouais, la consœur se marie dans environ un mois." Pitt répondit en


débloquant la voiture de loin en marchant vers elle.

"Oh oui ! Je ne l'ai même pas appelé depuis un moment pour savoir
comment les choses évoluent. Je devrais lui faire un message ou
l'appeler." Pearl dit.

"À qui se marie-t-elle ? Elle m'a tout simplement dit-il y a quelques


mois qu'elle se mariait. J'étais tellement préoccupé par mes propres
soucis à ce moment-là que soit je ne le lui ai pas demandé ou peut-
être que je ne me souviens pas l’avoir entendu mentionner son
fiancé. " Dis-je.

"Tu ne sais pas ?" Pearl dit en ricanant, "C’est Michel."


"Michel ? Notre Michel ? ", Je questionnai.

"Oui !" Pearl et Pitt ont répondu en même temps et me regardaient


comme si je venais de la planète Mars.

"Mais où étais-je tout ce temps ?"

"Pas ici, c'est sûr". Pitt répondit en ouvrant ma portière et tournant


de l’autre côté pour se mettre sur le siège du conducteur.

"Mais, comment ?" Je continuai en baissant le siège avant pour


laisser Pearl entrée a l’arrière.

"Arrête de faire la gamine Laya. Michel et Jessica sont tout


simplement formidables ensemble ; je ne vois sérieusement aucun
d'eux avec quelqu'un d'autre."

"Eux au moins ils ont consommé du local." Pitt plaisanta. "Ce sont
les seuls qui sont restés dans l’enceinte de notre groupe et ont
consommé local". Il a ajouté.

Pearl et moi nous étonnâmes et nous moquâmes de sa pensée. "Et


pourquoi Danny n’est pas dès notre déjà ?" Demanda Pearl.

"Il a dû travailler, mais il m'a envoyé un message il y a quelques


minutes pour me dire qu'il avait fini et que nous devrions le
rencontrer quelque part".

"Super ! Il pourra nous rencontrer à la superette puisque nous


devons acheter à Laya de petites choses pour sa toilette. "

"Excellente idée." Pitt a dit, "il t’a également pris un numéro de


téléphone Laya."
Oh le malin ! Je pensai sarcastiquement et je souris juste.

Nous arrivâmes donc à cette superette et nous nous dirigeâmes au


rayon cosmétique pour obtenir certaines essentialités de toilette dont
j'avais besoin. Pitt n'avait vraiment pas envie de nous suivre et il
insista qu'il attendrait de l'autre côté des rayons. Avec Pearl, j'ai pu
avoirs quelques articles et elle a profité de ce moment pour me poser
la question que je redoutais le plus.

"Alors, c'est vraiment fini avec Tim ?"

"Hum...affirmatif."

"Je ne comprends pas. Mais pourquoi ? Comment ? Que passa ?"

"Je ne comprends pas non plus, je ne connais pas les réponses aux
questions parce que je ne veux pas y penser et sincèrement pour le
moment, ça ne me dérange pas de ne pas savoir et ne pas avoir les
réponses. Je veux simplement ne pas y penser maintenant. D’accord
?"

"D'accord. Je ne demanderai plus. Tu m’en as déjà dit assez il y a


deux jours. Ceci a été un tour de voiture exécrable et nous ne
pouvons pas prétendre qu'il n'a jamais été. "

En fait, il y a deux jours, lorsque je suis arrivée à mon appartement


à Brighton et que j’ai refermé la porte dernière moi, je pris mon
téléphone et envoya un message à Pearl. Mon texto disait
simplement : C'est fini. Et elle m’appela les secondes qui ont suivi.
Je ne pouvais pas retenir mes larmes et ma douleur...

Nous sommes allés vers la caisse et, alors que la caissière sonnait les
articles Pearl dit "Regarde qui voilà ". C'était Danny accompagné de
Pitt.

"Hello Danny boy ! Je commençais à me demander si tu nous as


laissé en plomb." Pearl dit en lui faisant un câlin.

"Je ne le ferais jamais !" Répondit-il avec un câlin. - "Coucou,


Délaya !"

"Coucou !" J'ai répondu, en agitant brièvement ma main, et en


ajoutant un sourire qui semblait plus faux que réel.

"Je m'en occupe". Pitt dit à la caissière alors qu'elle attendait le


paiement mais était assez polie pour ne pas dire un mot et nous
laisser finir.

"Alors ! Comment était ta journée ? Tu t’es bien amusée !" Danny


me demande en prenant quelques une de nos courses et marchant
près de moi.

"C'était super. J’ai pu voir ma vieille ville. Elle est différente mais en
même temps familière, tu vois... "

"Je vois !" ... Il sourit, "je suis désolé de n’avoir pas pu être avec
vous aujourd'hui. Je n’ai pas pu me libérer de mes activités, c'était
une journée plutôt remplie. "

"Ce n’est pas bien grave. Nous aurons beaucoup d’autres occasions
de nous rattraper, ne t’inquiète pas." Je n’arrivais pas à croire que je
venais de lui dire ça.

"Super, tu lui parles enfin." Pitt me chuchota à l'oreille alors qu'il


passait en essayant de débloquer la voiture et Pearl était juste à côté.

"Oui, nous aurons le temps". Il continua ne réalisant pas ma petite


interaction avec Pitt, "je t’ai pris un numéro de téléphone, donne-
moi ton portable et je m'en occuperai. "

"Merci beaucoup !" J'ai dit en cherchant mon téléphone dans mon
sac à main.

Il prit le téléphone de sa main droite alors qu'il manipulait les sacs


en plastique avec sa main gauche et là, j'ai remarqué qu'il portait
toujours sa montre sur sa droite ; Je ne l’avais pas remarqué lorsque
nous nous étions rencontrés à l'aéroport.

"Comment allons-nous faire ici ? Nous séparer en deux ? C'est-à-


dire une moitié dans ma voiture et l’autre moitié dans la tienne ou
comment ? " Demanda Pitt à Danny, interrompant mon
observation.

"Non. Vous pouvez rester comme vous êtes venus ; vous dans ta
voiture et je suivrai avec la mienne. Nous allons à la maison de
Délaya ?" dit Danny en secouant la tête pendant qu'il parlait.

"Pourquoi je ne vais pas avec Pitt pour que tu montes avec Delaya
vous pourriez vous rattraper un peu, comme tu n'étais pas là de
toute la journée." Dit Pearl

"Je suis d’accord !" Pitt accepta.

"Pourquoi pas ?" répondis-je tout en constatant que l’une de mes


nombreuses occasions de me rattraper étaient arrivées un peu plus
tôt que prévu.

"Allons-y alors." Danny a dit en se dirigeant vers le lieu où sa


voiture était garée. Il m'ouvrit la portière en m’invitant d’un geste à
y entrer, ce que je fis. Il se retourna et entra de son côté.
Quel gentleman ! Pensais-je. Mais ne sont-ils pas tous comme ça AU
DÉBUT. Qu'est-ce qui ne me dit pas qu'il est un rat pourri à l’intérieur ?
Pfff.

"Préfères-tu le vent naturel ou que je mette la climatisation ?"


Demanda-t-il. "

Le climatiseur me va. Il fait assez chaud. "

"Allons-y avec le climatiseur donc." Il l’alluma ainsi que le système


musical et nous prîmes la route. Un son doux de Soul Music s’émit
au travers des baffles. Ce gars avait du goût pour la musique.

"... Deep River, deep river my home is over the Jordan...deep river I wanna
cross over to...". En analysant les paroles je me rendis compte que
c’était un chant spirituel, avec cette tournure de Soul Music. Je
n’avais pas connu Danny comme quelqu’un de spirituel, mais les
choses changent et ceci était vraiment un changement.

"Alors madame Delaya. Quoi de neuf ?"

"Rien de grave, je me remets juste à jour et c’est tout."

"Ce sera un processus rapide, ne t’inquiète pas".

"Ouais, je l’espère vraiment".

"Qu'as-tu mangé aujourd’hui ?"

"Mangé ?" Je demandai perplexe. Pourquoi parlait-il de la nourriture ou


de ce que j'aurai mangé, en ce moment ?

"N'as-tu pas mangé aujourd’hui ?"

"Si. Mais je ne m'attendais pas à cette question. "


"Est-ce une question étrange ?"

"Eh bien...un peu. De toutes les questions de ma liste que tu aurais


pu me poser, celle-ci ne figurait vraiment pas" Je dis en rigolant.

"Désolé, je suis simplement curieux de savoir si la nourriture que tu


as mangée aujourd'hui a été à la hauteur de tes attentes et si ton
système digestif l’a bien accepté".

"Es-tu un médecin ?" Je dis pour le taquiner.

"Non. Je suis juste un bon ami ! "Dit-il en souriant.

Un bon ami ? L'a-t-il vraiment dit ? Je le trouvai adorable.

"Et bien merci, le bon ami ! J'ai mangé de la viande grillée aux
bananes frites et de la salade."

"Où as-tu mangé ça ?"

"Euh...laisse-moi me rappeler de cet endroit... Cams ? Camy ? Je


n’en m’en souviens plus très bien

"Le grill de Camay ?"

"Exactement. C'est ça. C'était vraiment bien. On m'a dit que c'était
le meilleur de la ville !

"Qui a dit ça ?" Demanda-t-il sarcastiquement. "Mes deux bambins


d’amis".

"Ha ha ha. Camay's est bien mais ce n’est pas le meilleur ! Si tu


veux, je peux te faire plaisir en t’emmenant chez le meilleur
grillhouse de la ville. Tu ne regretteras pas et tu en redemanderas,
crois-moi."
"Sérieusement ? Bah, pas de problème. J'aimerais bien."

"Affaire conclue ! Tu ne seras pas déçue." Il déclara avec


enthousiasme.

Je souris. Nous roulâmes moins de cinq minutes et je pouvais déjà


apercevoir ma maison. Danny se gara et éteignît le moteur.

"Nous y voilà", déclara-t-il.

Nous descendîmes et nous dirigeâmes vers la porte de la maison que


j’ouvris puis j’entrai et j’invitai également Danny à faire de même.

Du couloir, je pouvais voir mes parents et plus nous nous


approchions du salon, je devinai que mon frère était là. Son rire était
horrible.

"Délaya !" Il s'écria alors qu'il cessa de rire. Je m’approchai de lui et


l'étreignis.

"Tu as l'air...""De quoi ?" Je l’interrompis parce que son regard


m’intriguaitIl me rendit mon câlin en me serrant.

"Okay, Lucas, ça devient trop bizarre !" Je lui dis en riant et en


reculant.

Mon frère aîné n'était pas du type affectueux ; Il était plutôt


protecteur, ce qui est le caractère de la plupart des grands frères. Il
me taquinait beaucoup parce que j'ai toujours été une enfant bien en
chair mais il n’hésitait jamais à me soutenir à chaque fois que j'étais
en difficulté, mais ici, tout cet amour me surprenant un peu.

La seule fois dont je me souviens, qu’il s’est rapproché de la


signification et l'intention du mot affection est lorsque j'ai eu de très
mauvaises notes sur un semestre et que je pleurais toutes les larmes
de mon corps parce que je me sentais inintelligente, j’étais si triste
qu’il s’était assis à mes côtés et m’a dit :

"Bouboule, tu es un chaton plutôt intelligent...tout ira bien...Essuie


ces larmes, tu es laide lorsque tu pleures." Il rajouta un tapotement
sur la tête qui n'était pas très doux mais je suppose que c'était la
première fois qu'il disait quelque chose qui se rapprochait de la
gentillesse, du moins pour moi c'était agréable d'entendre ça à ce
moment-là.

Lucas rigola et puis dit : "Profites-en pendant que ça dure !"

Il salua Danny qui tout ce temps se tenait debout et regardait, et


ensuite lui donna une poignée de main. Ma' portait un bébé et c’était
facile de deviner que c'était mon neveu Cielo. Il ressemblait
tellement à une version améliorée de Lucas.

"Owww, il est tellement mignon !"

"Shut !", Ma' murmura et posant un doigt sur ses lèvres pour me
signaler que je devais parler moins fort. -"Il vient de s’endormir ;
nous ne voulons pas qu'il se réveille maintenant ! "

"Déjà, qu’il faut tout un village pour l’endormir". Papa plaisanta.


Nous rigolâmes et je me mis à chercher du regard ma belle-sœur.

"Maya est à l'étage. Elle devrait descendre d’ici peu." Lucas a dit.
Alors qu’il finissait sa phrase, j'entendis des pas venant du couloir.
Nous nous sommes tous retourné pour regarder et il y avait Pearl et
Pitt.

"Bonjour !" Dit Pearl en souriant.


"Vous avez l'air d'attendre quelqu'un d'autre ou d'autres personnes
..." dit Pitt le regard un peu perplexe.

"Ça vous a pris du temps pour arriver ici", a déclaré Danny.

"Je suis désolé, j'ai dû récupérer quelque chose à la banque et cela


nous a pris un certain temps.

"C'est de ma faute." Répondit Pearl.

"Oh, bonjour !" Dit une voix derrière eux.

"La voilà.". Lucas a dit en se référant à celle que j'attendais : Maya.

Elle fît des câlins à Pearl, Pitt et Danny, puis me salua.

"Delaya ! Je suis contente que tu sois là ... bienvenue." Elle


m'embrassa et je fis de même.

"Merci beaucoup. J'ai trop attendu de te voir enfin face à face ! "
"Moi également !" Dit-elle avec un gros sourire.

Maya était grande, avait une coupe de cheveux pas stricte qui
s’arrêtait net sur son cou et qui faisait ‘fun et chic’. Ses yeux
sombres et son beau sourire complétaient bien son visage ovale et
son nez. Bref, c’était une très belle femme. Je me demandai
comment est-elle tombée amoureuse de Lucas. Ha ha. Mais
sérieusement !

Lucas et Maya avaient probablement une différence d'environ trois


ans et Lucas en avait cinq de plus que moi ; c'est pourquoi Pitt et
moi sommes devenus aussi proches que nous le sommes. Les gens se
sont toujours demandé pourquoi il y avait un si grand écart d’âge
entre Lucas et moi. Eh bien, quand Dieu donne, il donne et son timing est
toujours le bon.

Danny et Pearl ne sont pas restés longtemps, moins de vingt


minutes après l'arrivée de Pitt et Pearl, ils ont demandé à prendre
congé de nous. Pitt, lui est resté et a bien profité des retrouvailles.

Après toutes les conversations dans la salle de séjour de mes


parents, tous les souvenirs évoqués et les plaisanteries que Pitt et
Lucas ne cessaient de balancer, il était également temps pour Lucas
et sa famille de partir.

"Il se fait assez tard et j'ai une longue journée demain." Lucas dit
pendant que Maya rangeait les affaires de Cielo.

"Oui, fils, tu ferais mieux d'y aller. Heureusement, la route de retour


jusque chez vous est sécurisée." Papa ajouta.

Dès que Maya finit d'emballer les affaires dans le sac du petit, Lucas
alla vers le canapé où Cielo dormait et le posa sur son épaule
gauche. Il se joint ensuite à Pitt qui a rejoint la troupe qui partait et
à Maya qui était déjà à l’extérieur sur la terrasse d’entrée
l'attendant. Je devais avouer que je l’ai dévisagé pendant un bon
moment. C'était bizarre de le voir être père. Il semblait être un bon
père. Eh bien, j’ai toujours su qu'il en ferait un bon.

Alors que les voitures s’en allèrent j'observai pendant un moment et


ensuite je rejoignis mes parents à l’intérieur.

"Il y a quelqu'un qui t’a appelé plus tôt dans la journée." Mon père
dit essayant quel que soit peu de se souvenir de qui s'était. "Il a dit
que son nom était .... Tim... Oui Tim Lareh. "

Je me suis glacée. Je senti mon cœur s'arrêter un instant et le


plafond tomber sur ma tête.

"Chéri, c'est l'ami de Delaya. Celui de Brighton te souviens-tu ? "


Maman essaya de rafraichir sa mémoire.

"Oh oui. Je vois." Répondit-il. -"Bien, il a dit qu'il allait rappeler."

"Il a appelé ce matin également." Maman ajouta en me regardant


coquinement sachant très bien que ce n'était pas un nom que je
voulais entendre à l'heure actuelle.

J'étais encore gelée puis, peu à peu, mon sang tout froid se
réchauffait à nouveau, continua sa course dans mes veines, mes
membres s’activèrent afin que je parvins à sortir mes dernières
phrases de cette nuit :

"Je ne veux pas parler avec lui. Bonne nuit maman, bonne nuit
papa. "

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