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Licence 2e année - 1 e semestre 2018-2019

51DE04PH - mention PHYSIQUE

MÉTHODOLOGIE
Cours - Travaux dirigés

CTD 1 : Opérateur gradient - Notations et rappels des


systèmes de coordonnées
CTD 2 : Opérateur divergence - Notion de flux et lois de
conservation - Théorème de Gauss-Ostrogradsky - Opérateur
laplacien scalaire
CTD 3 : Opérateur rotationnel et théorème de Stokes -
Relations entre opérateurs et usage des coordonnées non
cartésiennes
CTD 4 : Nombres complexes
CTD 5 : Equations différentielles non linéaires et usage de la
notation complexe
Université Paris Diderot Année 2018-2019
L2 - Méthodologie 3 (51DE04PH) - MD3 Cours-TD 1

Opérateur gradient et rappel de systèmes de coordonnées

Les indications (*), (**) et (***) ne sont pas des indications de difficulté mais indiquent, respectivement,
les exercices et les questions qui seront corrigés, ceux dont une correction sommaire sera donnée et ceux qui
ne seront pas corrigés. Tous les exercices ou leurs variations simples sont susceptibles d’être posés lors des
évaluations.

1 Notations
Tout au long des travaux dirigés de méthodologie 3, nous utiliserons les notations suivantes :
−−−−→
— Les vecteurs sont notés avec une flèche : ~v ou vecteur.
−−→ −

— Les opérateurs vectoriels sont notés grad, div, rot.
— On utilisera également la notation avec l’opérateur « nabla » défini par (en coordonnées cartésiennes) :
 
∂/∂x


∇ = ∂/∂y 
∂/∂z


− →
− → −
— L’opérateur laplacien ∆ sera systématiquement noté à l’aide de ∇, soit ∆ = ∇2 = ∇ · ∇, afin d’éviter
la confusion avec la notation des variations d’une grandeur.
— Les intégrales multiples sont notées avec autant de signes “intégral” que de dimensions :
Z ZZ ZZZ

L S V

— Les intégrales sur des contours et surfaces fermées sont notées :


I ZZ
⊂⊃
L S

2 Systèmes de coordonnées (rappels)


En trois dimensions, nous utilisons essentiellement trois systèmes de coordonnées pour repérer un point
M dans l’espace, à partir d’une origine O :
— cartésien (x, y, z) (figure 1) :
−−→
OM = ~r = xe~x + y e~y + z e~z ,
où (e~x , e~z , e~z ) est une base orthonormée.
— cylindrique (ρ, ϕ, z) (figure 2) :
x = ρ cos ϕ, y = ρ sin ϕ;
−−→
OM = ~r = ρe~ρ + z e~z ,
avec (e~ρ , e~ϕ , e~z ) une base orthonormée.

1
Figure 1 – Schéma des coordon- Figure 2 – Schéma des coordon- Figure 3 – Schéma des coordon-
nées cartésiennes. nées cylindriques. nées sphériques.

— sphériques (r, θ, ϕ) (figure 3) :

x = r sin θ cos ϕ, y = r sin θ sin ϕ, z = r cos θ


−−→
OM = ~r = re~r ,
avec (e~r , e~θ , e~ϕ ) une base orthonormée.

Exercice 1 : Éléments de volume et de surface

1. (*) En regardant les figures 1-3, rappeler les expressions des éléments de volume infinitésimal en coor-
données cartésiennes, cylindriques et sphériques.
2. (**) Écrire l’élément de surface d’une sphère de rayon R centrée à l’origine en coordonnées sphériques.

Exercice 2 : Coordonnées cylindriques (*)

1. En quoi les coordonnées cylindriques diffèrent-elles des coordonnées polaires ?


−−→
2. Quelle est l’expression du vecteur déplacement élémentaire dOM ?
3. Quelle est l’expression du vecteur vitesse → −v (t) en coordonnées cylindriques en fonction de ρ, ϕ, z et
de leur dérivées temporelles ρ̇, ϕ̇, ż dans la base des vecteurs (~eρ , ~eϕ , ~ez ) ? Quel est le module de ce
vecteur ?

Exercice 3 : Coordonnées sphériques

−−→ −
1. (*) Rappeler l’expression de OM = → r dans la base sphérique en fonction de (~er , ~eθ , ~eϕ ) et (r, θ et ϕ).
Quels sont les domaines de variation des angles θ et ϕ définis sur la figure 3 ?
−−→
2. (**) Quelle est l’expression du vecteur déplacement élémentaire dOM ? En déduire l’expression du
vecteur vitesse →

v (t). Quel est son module ?
3. (***) Rappeler l’expression des vecteurs (~er , ~eθ , ~eϕ ) des coordonnées sphériques en fonction des vecteurs
unitaires de la base cartésienne et des angles θ et ϕ.

2
3 Notion de champ
Un champ est une propriété locale de l’espace, qui permet d’associer à chaque point une valeur d’une
certaine grandeur. Celle-ci peut être une grandeur scalaire, vectorielle, etc. Ici on va considérer deux types
de champs : les champs scalaires et les champs vectoriels.
Un champ scalaire est une fonction qui associe à chaque position dans l’espace une grandeur scalaire. Par
exemple, la température, la pression sont des champs scalaires.
Un champ vectoriel est une fonction qui associe à chaque position dans l’espace une grandeur vectorielle.
Par exemple le champ électromagnétique ou le champ de gravitation sont des champs vectoriels. Ou encore
le champ de vitesse dans un fluide.
Une ligne de champ L est une ligne en tout point de laquelle les vecteurs du champ sont tangents.
Tracer les lignes de champ permet de visualiser le champ vectoriel ; on en représente généralement plusieurs,
orientées selon le sens du champ, afin d’avoir une idée du champ en question (voir figure 4).

Figure 5 – Représentation des lignes du champ


électrostatique pour deux charges de même signe, à
(a) Figurede5 signes
– Représentation
(b) à droite. des lignes du champ
Figure 4 – Lignes de champ de vitesse (lignes de cou- gauche, opposés
électrostatique pour deux charges de même signe, à
rant) matérialisées en soufflerie. gauche,matérialisées
de signes opposés à droite. ; (b) Représentation
Figure 4Figure
– (a) Lignes de champ
4 – Lignes de champ dedevitesse
vitesse(lignes decou-
(lignes de courant) en soufflerie
des lignesrant) matérialisées
du champ en soufflerie. pour deux charges de même signe (à gauche) et de signes opposés (à
électrostatique
Un champ vectoriel est une fonction qui associe à chaque position dans l’espace une grandeur vectorielle.
droite). Par exemple le champ électromagnétique ou le champ de gravitation sont des champs vectoriels. Ou encore
Un champ
le champ est un
vectorieldans
de vitesses unefluide.
fonction qui associe à chaque position dans l’espace une grandeur vectorielle.
Par exemple le champ électromagnétique ou le champ de gravitation sont des champs vectoriels. Ou encore
Une ligne de champ est une ligne en tout point de laquelle des vecteurs du champ (vectoriel) sont tan-
le champ de vitesses dans un fluide.
gents. Tracer les lignes de champ permet de visualiser le champ vectoriel ; on en représente généralement
Cela permetUne d’établir
ligne
plusieurs, l’équation
de champ
orientées selonest
le une mathématique
sens ligne en toutafin
du champ, des
point lignes
de
d’avoir de des
laquelle
une idéechamp. Considérant
du vecteurs
champ enduquestion le vecteur
champ (voir
(vectoriel) 4déplacement
figuressontettan-
5).

− Tracer
gents. les lignes de champ permet de visualiser le champ →
−vectoriel ; on en représente généralement
élémentaire dl le long d’une ligne de champ et le champ vectoriel E , les lignes de champ sont données par :
plusieurs, orientées
Cela permet selon lel’équation
d’établir sens du champ, afin d’avoir
mathématique une idée
des lignes du champ
de champ. en question
Considérant (voir figures
le vecteur 4 et 5).
déplacement
! !

− →
− →

élémentaire dl le long d’une ligne de champ et le champ vectoriel E , les lignes de champ sont données par :
Cela permet d’établir l’équation mathématique dl ∧ Edes=lignes
0 de champ. Considérant le vecteur déplacement
! ! ! ! !
élémentaire dl le long d’une ligne de champ et ledlchamp ^ E =vectoriel
0 E , les lignes de champ sont données par :
Une ligne de champ n’a qu’un seul sens, celui de ses vecteurs tangents. Deux lignes de champ ne peuvent
pas se couper,Une
elles sont
ligne n’a qu’un seul sens, celui!
distinctes.
de champ ! vecteurs
dlde^ ses
!
E = 0 tangents. Deux lignes de champ ne peuvent
pas se couper, elles sont distinctes.
Une ligne de champ n’a qu’un seul sens, celui de ses vecteurs tangents. Deux lignes de champ ne peuvent
4 Gradient
pas se couper, elles sont distinctes.
4 Gradient
4.1 Introduction
44.1 Gradient
Introduction topographique
Considérons
4.1
une
Cette grandeur
section scalaireinspirée
est fortement
Introduction topographique
qui prend des de
du texte valeurs différentes
Jean-Pierre selon
Bourdier la position
disponible dans l’espace (i.e.
ici : http://f6fqx.
chez-alice.fr/maths_de_9_a_99_ans/038_divergence_rotationnel_vermicelles_fourmis/divergence_
un champ scalaire). Par exemple, l’altitude sur une carte topographique, ou la température dans un gaz, ou
et_rotationnel.htm.
Cette section est
1 . fortement inspirée du texte de Jean-Pierre Bourdier disponible ici : http://f6fqx.
la pression atmosphérique
Considérons un volcan du Massif Central, le Puy de Côme (figure 6).
chez-alice.fr/maths_de_9_a_99_ans/038_divergence_rotationnel_vermicelles_fourmis/divergence_
À chaque point de l’espace, on peut associer un vecteur dont la direction est celle de la variation maximale
et_rotationnel.htm.
de ladite grandeur, et la longueur indique la magnitude de cette variation. On a obtenu ainsi un champ
Considérons un volcan du Massif Central, le Puy de Côme (figure 6).
vectoriel, appelé le gradient du champ scalaire en question.
Ce volcan est représenté (projeté) sur un espace à deux dimensions (une feuille de papier) par une carte
topographique, comme celle de la figure 7, réalisée par l’IGN.
Ce volcan est représenté (projeté) sur un espace à deux dimensions (une feuille de papier) par une carte
topographique, comme celle de la figure 7, réalisée 3par l’IGN.
L’espace est ici à deux dimensions, la surface de la Terre, chaque point étant représenté par sa latitude 2
et sa longitude 3 , auquel on peut associer un scalaire qui est l’altitude. On a donc un champ scalaire qui
L’espace est est
ici équivalente
à deux dimensions, 2
2. La latitude à ✓ 90 enlacoordonnées
surface desphériques
la Terre,; elle
chaque point étant
est représentée représenté
en abscisse par
sur les sa latitude
cartes topogra-
y y
1.0
1.0 1.0

0.5
0.5 0.5

0
0.0 x 0.0 x

-0.5
-0.5 -0.5

-1.0 -1.0 -1.0

-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -6


-4
-20246 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0

Figure 5 – Gauche : représentation graphique de la fonction f (x, y) = x ; Droite : la même fonction


représentée avec son gradient.

Cette notion est illustrée sur les figures 5-7. À gauche, on trouve une représentation graphique du champ
scalaire selon un code de couleur, en fonction de x et y : plus la couleur est claire, plus la valeur du champ
est grande. A droite, superposée à la représentation du champ scalaire, on trouve la représentation de son
gradient, à travers ses lignes de champ : les flèches sont dans la direction de la variation du champ scalaire
(variation maximale de l’intensité de couleur). Dans les deux premiers exemples (Fig. 5 et 6), le gradient est
uniforme (même vecteur en tout point de l’espace), ce qui indique une variation uniforme (i.e. linéaire) du
champ scalaire. Dans le troisième exemple (Fig. 7), la fonction scalaire est plus complexe, et le gradient n’est
pas uniforme.

y 3 y

1.0
1.0

2
0.5
0.5

1
0.0 x 0.0 x

-0.5 0
-0.5

-1.0 -1
-1.0
-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -6
-4
-20246 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0

Figure 6 – Gauche : représentation graphique de la fonction f (x, y) = 1 − x − y ; Droite : la même fonction


représentée avec son gradient.

Dans tous ces exemples, on voit que les vecteurs pointent vers les régions où les valeurs du champ sont
plus grandes (zones plus claires).
1. Le premier exemple est un champ dans un espace à deux dimensions (latitude-longitude), les autres sont des champs dans
l’espace à trois dimensions

4
y 1.0 y

1.0 1.0

0.5
0.5 0.5

0
0.0 x 0.0 x

-0.5 -0.5
-0.5

-1.0 -1.0 -1.0


-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -6
-4
-20246 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0

Figure 7 – Gauche : représentation graphique de la fonction f (x, y) = 1 − (x2 + y 2 ) ; Droite : la même


fonction représentée avec son gradient.

En résumé : « le gradient d’un champ de scalaires est le champ de vecteurs associant à tout point du
champ de scalaires le vecteur représentant, en grandeur et en direction, la pente maximale en ce point. »

4.2 Courbes et surfaces de niveau


Dans le tracé d’une fonction scalaire f (x, y), les courbes de niveau sont les courbes qui relient les points
où f a la même valeur.
Par exemple, les courbes de niveau relient les points à la même altitude dans une carte, comme sur
la figure 8, ou les isobares dans une carte de la pression atmosphérique, comme sur la figure 9. Dans ces
deux exemples, le gradient a une interprétation simple : sur la figure 8, le gradient de l’altitude sera dans la
direction de la pente maximale, et son module sera d’autant plus grand que la pente est raide. Dans l’exemple
de la pression atmosphérique (Fig. 9), le gradient contribue à déterminer la direction du vent 2 .

Figure 8 – Extrait de la carte IGN du Puy de Côme. Les courbes de niveau relient les points à la même
c
altitude. IGN
2. Si la terre ne tournait pas sur elle-même, la direction du vent et celle du gradient de pression seraient coïncidentes.

5
Figure 9 – Exemple de courbes de niveau isobares (même pression atmosphérique) sur l’Europe et l’Atlan-
tique septentrional.

Les courbes de niveau, pour une quantité scalaire définie en deux dimensions, par une fonction f (x, y), sont
déterminées par l’équation :
f (x, y) = C,
où C est une constante. Chaque valeur de C correspond à une courbe de niveau différente.
Dans le cas tridimensionnel, cette équation devient :

f (x, y, z) = C

Chaque valeur de C définit une surface bidimensionnelle dans l’espace (x, y, z) : on parle donc de surfaces
de niveau dans le cas d’un champ scalaire en trois dimensions.

Dans la figure 10, on reprend les exemples des figures 5 et 7. On voit que le vecteur gradient est perpendiculaire
aux lignes de niveau. Ceci n’est pas un accident : on verra dans la prochaine sous-section que cette propriété
est une conséquence de la définition mathématique du gradient. De même, le gradient d’un champ scalaire
en trois dimensions est perpendiculaire aux surfaces de niveau.
Plus les courbes de niveau sont serrées, plus le gradient est fort (et plus la pente est élevée).

Exercice 4 : (***) Représenter qualitativement le gradient de l’altitude sur la carte de la figure 8 et le

gradient de pression sur la carte de la figure 9. Marquer les points où la valeur du module du gradient est la
plus élevée.

4.3 Définition mathématique


4.3.1 Déplacements infinitésimaux dans l’espace
On considère deux points M et M 0 très voisins de l’espace : leurs coordonnées spatiales sont différentes
−−→ −−−→
d’une quantité infinitésimale. Le vecteur déplacement infinitésimal est : dOM = M M 0 .

6
y y

1.0 1.0

0.8

0.5 0.5
0.4

0
0.0 x 0.0 x

-0.4

-0.5 -0.5

-0.8

-1.0 -1.0
-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 -6
-4
-2
0246

Figure 10 – Représentation des fonctions f (x) = x (gauche) et f (x, y) = 1 − (x2 + y 2 ) (droite) avec leur
courbes de niveau et leur gradients.

4.3.2 Notion de gradient



− −−→
On appelle gradient d’une fonction scalaire f (M ) (continue, dérivable), le vecteur, noté ∇f = gradf tel
−−−→ → −
qu’entre deux points voisins M et M 0 avec M M 0 = dl (déplacement élémentaire) :


− →

df = ∇f · dl
Les composantes de ce vecteur sont les dérivées partielles de f en fonction des variables d’espace.
Justifions-le en coordonnées cartésiennes. En effet en explicitant les composantes du gradient et celles du


déplacement élémentaire dl :

− →
− →
− →

∇f = ( ∇f )x →

ex + ( ∇f )y →

ey + ( ∇f )y →

ey


− −−−→
dl = dOM = dx→

ex + dy →

ey + dz →

ez
on obtient le produit scalaire suivant :

− →
− →

df = ( ∇f )x dx + ( ∇f )y dy + ( ∇f )z dz
puis on identifie cette expression à la définition de la différentielle de la fonction f (x, y, z) :
     
∂f ∂f ∂f
df = dx + dy + dz
∂x y,z ∂y x,z ∂z x,y
soit :


− →
− →

     
∂f ∂f ∂f
( ∇f )x = ; ( ∇f )y = ; ( ∇f )z =
∂x y,z ∂y z,x ∂z x,y

Cette grandeur vectorielle indique la façon dont la grandeur physique f varie dans l’espace.
Sa dimension est celle de la grandeur f divisée par une longueur.
Ce vecteur est calculé en tout point M de l’espace (si la fonction y est bien dérivable) : on définit ainsi


un champ vectoriel ∇f (M ).

7
De cette définition, on déduit les propriétés importantes suivantes :

— si la fonction f est uniforme dans une région de l’espace (f (x, y, z) = cte), le vecteur gradient y est nul
et réciproquement ;


− →

— si dl est perpendiculaire à ∇f le produit scalaire est nul (df = 0 donc f = cte), la fonction f ne varie


pas dans cette direction : ∇f est normal aux surfaces caractérisées par une valeur f constante
(iso-f ) ;



— en prenant un vecteur déplacement élémentaire dl perpendiculaire à une courbe iso-f et dirigé vers la


courbe suivante séparée de l’intervalle df > 0, le produit scalaire est positif, ∇f est donc dirigé des
−−−→
faibles valeurs de f vers les fortes valeurs de f ; le vecteur grad f indique la direction et le sens
de la croissance de f dans l’espace.

— Entre deux positions M1 et M2 :


M2 M2

− →

Z Z
∆f = f (M2 ) − f (M1 ) = df = ∇f (M ) · dl
M1 M1

ne dépend que des positions M1 et M2 et non pas du chemin suivi pour passer de M1 à M2 . On en
déduit que la circulation du gradient sur une courbe fermée est nulle :

− →

I
∇f (M ) · dl = 0

4.3.3 Champ de gradient




On dit qu’un champ de vecteurs V est un champ de gradient (ou champ conservatif) s’il existe une

− −−→
fonction f telle que, en tout point : V = grad f .

Cette égalité donne :


−−→ → − − →
→ −
df = grad f · dl = V · dl .
Donc pour qu’elle soit vraie, il faut et il suffit que df soit une différentielle totale exacte (et donc qu’il existe
une fonction dont elle dérive), et donc que le théorème de Schwarz soit vérifié (dérivées partielles secondes
croisées égales).
En effet, dans ce cas, comme df = Vx dx + Vy dy + Vz dz, il faut que Vx (x, y, z) = ∂f ∂f
∂x , Vy (x, y, z) = ∂y et
∂f
Vz (x, y, z) = ∂z . Le théorème de Schwarz nous dit que pour que df soit exacte, on doit avoir :

∂Vx ∂Vy ∂Vx ∂Vz ∂Vy ∂Vz


= ; = ; =
∂y ∂x ∂z ∂x ∂z ∂y



L’équation de la ligne de champ de vecteurs V est donnée par :

− → − →
− −−→ →

dl ∧ V = dl ∧ (grad f ) = 0

8
4.3.4 Potentiel scalaire

− →

Soit V un champ de gradient. On appelle potentiel scalaire dont dérive le champ V toute fonction scalaire
U 3 telle que :

− −−→
V = − grad U
(Parfois le signe "-" n’est pas inclus dans la définition.)
— Les surfaces U = Cte sont appelées surfaces équipotentielles, les lignes de champ sont normales aux
surfaces équipotentielles, le champ étant dirigé vers les potentiels décroissants. L’équation des surfaces
équipotentielles est donnée par :
−−→ →

grad U · dl = 0

− −−→
car dl ⊥ grad U .


— Le potentiel U est défini à une constante additive près : si U est un potentiel dont dérive le champ V ,
le potentiel U 0 = U + cte en est un également. Le choix de la constante est arbitraire (on impose une
valeur donnée en un point de l’espace) ; en physique, le choix de la constante dépendra souvent des
conditions aux limites.
— Une ligne de champ de gradient ne peut se refermer sur elle-même puisque tout au long de cette ligne
le potentiel ne cesse de décroître. Son équation est donnée par :

− → − →
− −−→ →

dl ∧ V = dl ∧ (− grad U ) = 0

− −−→
car dl ∝ grad U .


— Un champ de gradient est à circulation conservative. En effet la circulation de V le long d’un arc M1 M2
est indépendante du chemin allant de M1 à M2 :
Z M2 Z M2 Z M2
− →
→ − −−→ →

V · dl = − grad U · dl = −dU = U (M1 ) − U (M2 )
M1 M1 M1

Ainsi le champ gravitationnel dérive du potentiel gravitationnel 4 ; le champ électrostatique dérive du


potentiel électrique...

4.3.5 Expression dans les différents systèmes de coordonnées

Cartésiennes

−−→ ∂f ∂f ∂f
grad f = e~x + e~y + e~z
∂x ∂y ∂z
Cylindriques

−−→ ∂f 1 ∂f ∂f
grad f = e~ρ + e~ϕ + e~z
∂ρ ρ ∂ϕ ∂z
Sphériques

−−→ ∂f 1 ∂f 1 ∂f
grad f = e~r + e~θ + e~ϕ
∂r r ∂θ r sin θ ∂ϕ

3. On introduit un signe « - » arbitrairement pour que dans le cas d’une force conservative, donc dérivant d’une énergie

→ −−→
potentielle : F = − grad Ep , le minimum de l’énergie corresponde à une position d’équilibre stable.

→ −−→
4. En L1, c’est la grandeur énergie potentielle qui a été introduite par la relation : F = − grad EP .

9
On démontre les expressions du gradient en coordonnées cylindriques et sphériques en partant de sa
définition :
−−→ → −
df = grad f · dl
Par exemple pour les coordonnées sphériques, le vecteur petit déplacement s’écrit :


dl = dr→

er + rdθ→

eθ + r sin θdϕ−
e→
ϕ

et :
∂f ∂f ∂f
df = dr + dθ + dϕ
∂r ∂θ ∂ϕ
En posant :
−−→
grad f = Ar →

e r + Aθ →

e θ + Aϕ −
e→
ϕ

On obtient :
∂f ∂f ∂f
dr + dθ + dϕ = Ar dr + Aθ rdθ + Aϕ r sin θdϕ
∂r ∂θ ∂ϕ
Il suffit d’identifier chaque terme de part et d’autre de l’équation pour obtenir le résultat.

5 Exercices et problèmes

Exercice 5 : Champ de vecteur en 1/r2 (*)



Montrer que le champ de vecteurs donné en coordonnées sphériques par V = rk2 →−
er , où k est une constante,
est un champ de gradient et donner l’expression du potentiel scalaire f dont dérive ce champ de vecteur.

Exercice 6 : Exemple de champ de gradient (*)



On donne dans le plan le champ de vecteurs V = X →

ex + Y →

ey avec :

3x4 + 2x2 y 2 − y 4 3y 4 + 2x2 y 2 − x4


X= Y =
x2 y y2x
Montrer que ce champ dérive d’un potentiel U (x, y) dont on donnera l’expression. Donner l’équation des
équipotentielles.

Exercice 7 : (**) Calculer les composantes cartésiennes du gradient des fonctions suivantes :

1. f (x, y, z) = xy sin z
2. f (x, y, z) = x + ey + 3z
3. (***) f (x, y, z) = ln xy + yz
4. (***) f (x, y, z) = x2 /y

−−→
Exercice 8 : (**) Calculer, dans les 3 systèmes de coordonnées, les gradients suivants où r = OM :



1. ∇r


2. ∇ 1r

10
Exercice 9 : Écoulement fluide de Poiseuille (***)

Dans un tube cylindrique de rayon R, la vitesse ~v = v~ez d’un fluide


 visqueux
 est parallèle à l’axe Oz du
ρ2
cylindre et son module vérifie l’expression suivante : v = v(ρ) = vmax 1 − R2 .
1. Calculer le gradient associé au module de ~v .
2. Quelle est l’équation des lignes de champ associées ? Les représenter dans un plan perpendiculaire à
l’axe du tuyau.
3. Quelle est l’équation des surfaces équipotentielles ?

Exercice 10 : Le gradient thermique (**)

1. En s’élevant dans la troposphère 5 , la température T diminue avec l’altitude z : comment est dirigé et
orienté le gradient associé ? Si, de plus, le champ de gradient est constant, quelle est la loi de variation
de T (z) ?
2. Dans un espace où la température n’est pas uniforme, il apparaît des échanges de chaleur : ils sont dé-
crits localement par un vecteur « densité de flux de chaleur » proportionnel au gradient de température
(loi de Fourier). Un bilan local de « conservation de l’énergie » permet d’obtenir l’équation de diffu-
sion de la chaleur qui se traduit, à une dimension (x), par l’équation de conduction thermique suivante :

∂T (t, x) ∂2T
= Dth 2 ,
∂t ∂x

où Dth est le coefficient de diffusivité thermique (qui dépend du matériau). Cette équation est analogue
à l’équation de diffusion de particules (loi de Fick).
Grâce à deux thermostats, on fixe les extrémités d’une barre métallique, positionnée selon l’axe Ox, à
deux températures distinctes T1 en x = 0 et T2 en x = L. Bien que la barre soit tridimensionnelle, on
supposera que le transfert de chaleur se fait selon l’axe Ox, donc à une seule dimension. Il apparaît ainsi
un “flux” de chaleur de l’extrémité chaude vers l’extrémité froide défini par un vecteur proportionnel
au gradient de température, donc perpendiculaire aux surfaces isothermes (sections de la barre). Si on
attend suffisamment longtemps qu’un régime stationnaire s’établisse (indépendant du temps), déduire


de l’équation de diffusion de la chaleur le gradient de température ∇T et la loi donnant T (x).

Exercice 11 : Charge électrique (***)


− −−→
Une charge q0 placée au point O crée en un point M de l’espace un champ électrique E (~r) (avec →

r = OM )

− →

tel qu’une autre charge q 0 dite “de test” placée en M subit une force électrique f = q 0 E .
1. La force coulombienne étant donnée par :


− → q 0 q0 →

r
f (−
r)= ,
4πε0 r3


en déduire l’expression du champ E (~r).
5. Couche atmosphérique située entre le sol et une altitude d’environ 10 km.

11
2. De quelles variables d’espace dépend explicitement cette force ? Quel système de coordonnées est-il le
plus astucieux d’utiliser ?

− →

3. Calculer le potentiel électrique V (~r) associé tel que E (~r) = − ∇V .
4. Représenter les lignes de champ E ~ et les courbes d’isopotentiel (appelées équipotentielles) dans un plan
contenant le point O.

Exercice 12 : Dipôle électrostatique (**)

−−−−→ → −
Deux charges électriques −q et +q placées respectivement en M1 et M2 tel que M1 M2 = d constituent
un dipôle électrique lorqu’on étudie leur effet conjugué à grande distance r devant d. On définit le vecteur
~ On pose ~r = −
dipôle électrique : p~ = q d.
−→
OM où O est le milieu de M1 M2 et M un point quelconque de
l’espace loin de M1 et M2 .
En cours d’électrostatique vous montrerez que le potentiel électrique généré par ce dipôle en M est donné
par :
1 p~ · ~r
V (→
−r)=
4π0 r3
en prenant l’origine des potentiels à l’infini.

− →

On veut montrer que le champ électrique associé, défini par E = − ∇V est égal à :


− p~ · ~r
 
1 p~
E = 3~r 5 − 3
4π0 r r

1. Justifier par des considérations de symétrie qu’on peut se ramener à une étude dans un plan. On
utilisera donc les coordonnées polaires en prenant l’axe du dipôle comme axe de référence pour définir
θ.
2. Faire un schéma représentant ces coordonnées polaires et le vecteur dipolaire.
3. Réécrire le potentiel en fonction de r et θ : V (r, θ).

− →

4. Calculer les composantes polaires de E = − ∇V et les comparer aux composantes polaires du vecteur


E donné ci-dessus.
5. Les lignes de champ permettent d’établir l’allure générale du champ électrique dans une région donnée
de l’espace. En tout point, le champ électrique résultant est tangent à la ligne de champ passant par
−−−→ −−−→ →

ce point : l’équation différentielle d’une ligne de champ est donc : dOM ∧ E(M ) = 0 . En déduire
l’équation r(θ) des lignes de champ dipolaire électrique.
6. Dans le plan choisi contenant le dipôle, tracer les lignes équipotentielles (intersection des surfaces
équipotentielles à valeur de V constante avec le plan choisi) et les lignes de champ (vectoriel) électrique.
Que vérifie-t-on ?

12
Université Paris Diderot Année 2018-2019
L2 - Méthodologie 3 (51DE04PH) - MD3 Cours-TD 2

Opérateur divergence - Notion de flux et lois de conservation


Théorème de Gauss-Ostrogradsky - Opérateur laplacien scalaire

Les indications (*), (**) et (***) ne sont pas des indications de difficulté mais indiquent, respectivement,
les exercices et les questions qui seront corrigés, ceux dont une correction sommaire sera donnée et ceux qui
ne seront pas corrigés. Tous les exercices ou leurs variations simples sont susceptibles d’être posés lors des
évaluations.

1 Première définition de la divergence


1.1 Illustrations introductives
La divergence est l’un des 3 (4) mousquetaires des opérateurs de l’analyse vectorielle, les autres étant
le gradient et le rotationnel (et le laplacien qui en fait se dédouble en un laplacien scalaire et un laplacien
vectoriel). Cet outil mathématique s’avère indispensable en électromagnétisme, en hydrodynamique, pour
décrire les phénomènes de transport en général, et dans bien d’autres domaines de la physique.

Le terme “divergence” (“convergence”) est employé couramment en langage non scientifique (con-
(di)vergence de points de vue, convergence d’une foule vers un point de rassemblement, convergence de
sept sources formant la rivière Loutanis dans l’ı̂le de Rhodes), en optique (lentilles con-(di)vergentes), en
géologie (une dorsale est une frontière de divergence entre deux plaques tectoniques, la convergence est le
rapprochement de deux plaques pouvant conduire à la collision éventuelle des deux masses continentales
portées par ces plaques).

Sur la figure 1 sont représentées par des vecteurs des mesures de vitesse de vents (direction, sens, intensité)
au-dessus de l’Angleterre. On distingue des zones où les vents divergent (exemple : juste après le point A),
convergent (avant le point B) ou sont uniformes (avant le point C). La figure 2 représente les déplacements
(flèches jaunes) de plusieurs points du globe (mesurés par GPS) au niveau des deux plaques lithosphériques
Eurasiatique et Amérique du Nord à partir desquels on déduit une divergence de 2.4 cm/an. De même sur
la figure 3 représentant un schéma simplifié du champ de vitesse des gaz brulés dans une fusée à propulsion,
on distingue deux régions de divergence, une zone de convergence et une autre où le flot de gaz est uniforme
(non divergent).

1.2 Exemples de champs vectoriels - notions de ligne de champ


Un champ vectoriel est la représentation d’un ensemble de vecteurs associés à une grandeur vectorielle
définie en différents points de l’espace (voir CTD1). Les caractéristiques de ce vecteur (direction, sens et
norme) dépendent du point considéré.

1
Figure 2 – En rouge (version
couleur sur Moodle) : dorsale
séparant les plaques Eurasiatique
et d’Amérique du Nord. Les flèches
jaunes représentent les déplacements
Figure 1 – Carte des vents au-dessus de ces plaques mesurés en plusieurs
de l’Angleterre. points.

Figure 3 – Schéma simplifié de la combustion et éjection des gaz d’un moteur de fusée. M désigne le nombre
de Mach, défini comme le rapport local de la vitesse d’écoulement et de la vitesse du son.

Les lignes de champ permettent de visualiser l’allure du champ vectoriel dans une région de l’espace :
en tout point, la ligne de champ est tangente au champ et a même direction et sens que le champ. Pour un

− →
− →
− → − →

champ A , un déplacement infinitesimal dl le long d’une ligne de champ satisfait : dl ∧ A = 0 .
Exemples : champ gravitationnel, électrique, magnétique, champ de vitesse, etc ...

1.3 Première définition de la divergence d’un champ vectoriel


L’opérateur divergence est une grandeur locale qui s’applique à un champ de vecteurs A(M) ~ et le résultat
~ est dérivable. Elle mesure
est un scalaire (positif ou négatif). Cette grandeur est définie en tout point M où A
l’étalement ou le resserrement des lignes de champ ainsi que l’accroissement ou la diminution de la grandeur
vectorielle. Mathématiquement c’est un opérateur différentiel linéaire d’ordre 1.
Pour un champ uniforme, la divergence est donc nulle en tout point.

− →
− → −
Comme pour le gradient, on note aussi cet opérateur à l’aide du symbole “Nabla” (∇) : div A ≡ ∇ · A

2
1.3.1 Expressions analytiques de la divergence dans les différents systèmes de coordonnées
Coordonnées cartésiennes :
     

− →
− → − ∂Ax ∂Ay ∂Az
div A (x, y, z) ≡ ∇ · A (x, y, z) = + +
∂x y,z ∂y x,z ∂z x,y

Coordonnées cylindriques :
     

− →
− → − 1 ∂(ρAρ ) 1 ∂Aϕ ∂Az
div A (ρ, ϕ, z) ≡ ∇ · A (ρ, ϕ, z) = + +
ρ ∂ρ ϕ,z ρ ∂ϕ ρ,z ∂z ρ,ϕ

Coordonnées sphériques :

∂(r2 Ar )
     

− →
− → − 1 1 ∂(sinθAθ ) 1 ∂Aϕ
div A (r, θ, ϕ) ≡ ∇ · A (r, θ, ϕ) = 2 + +
r ∂r θ,ϕ rsinθ ∂θ r,ϕ rsinθ ∂ϕ r,θ

Vérifier que chaque terme a bien la dimension attendue.


Attention : Noter que l’on ne retrouve pas ces expressions en effectuant formellement le produit scalaire

− →

du “vecteur” ∇ et du vecteur A . Cela ne donne le résultat correct que pour les coordonnées cartésiennes.

Exercice 1 : Exemples de calculs de divergence (*)

Calculer la divergence des champs de vecteurs suivants :



− − →
− − → →
− − → →
− − →
−−→
1. ∇ · →
r ; ∇ · rr ; ∇ · rr2 ; ∇ · rr3 (en coordonnées sphériques, où r = k→

r k = OM )


− − →
− → →
− −
2. ∇ · →
er ; ∇ ·−
eθ ; ∇ · e→
ϕ (en coordonnées sphériques)



3. A = ρ sinϕ →

eρ + 2ρ cosϕ −
e→
ϕ+
2z 2
l0


ez (en coordonnées cylindriques), où l0 est une longueur constante.


− − −
→ →
− − i −
→ →

4. (**) En coordonnées cartésiennes : A (→
r , t) = A0 exp i(ωt − k · →
h
r ) où A0 et k sont des vecteurs

− →
− → −
constants. (Rép. : div A = −i k · A ).

5. (**) Champ gravitationnel d’une sphère de rayon R et de masse volumique homogène ρ, à l’extérieur
−−→ − −−→ →
(Gext (→r ) = − 4πρG R3 →
− − 4πρG →

3 r2 er ) et à l’intérieur (Gint ( r ) = − 3 r er ) de la sphère, puis par analogie, champ
électrique crée par une sphère de densité de charge volumique homogène.

Exercice 2 : Quelques relations simples (**)

1. Montrer que :

− → − →
− →

div( A + B ) = div A + div B

2. Montrer que :

− →
− →


− ∂A → − ∂A → − ∂A →
div A = · ex + · ey + ·−
ez
∂x ∂y ∂z

3
3. Etablir la relation suivante :

− − −−→ →
→ −
div(f A ) = f div A + gradf · A

Exercice 3 : “Matérialisation” de la notion de divergence (*)



1. Tracer en plusieurs points du quart de plan (x, y > 0) le champ de vecteurs A = 3x l0 → −
ex + y 2 →

ey et
calculer sa divergence, pour l0 = 1.
2. (**) Soit un solide en rotation autour de l’axe Oz à la vitesse angulaire →
−ω . Exprimer la vitesse →−
v


d’un point M du solide en fonction de sa distance à l’axe ρ et de ω. Calculer div v .
3. Déterminer sur les exemples de la figure 4 le signe de la divergence des champs représentés.

(c) Ax=y, Ay=0 ; (d) Ax=x, Ay=y

Figure 4 – Divers champs vectoriels à 2 dimensions.

4. (**) Montrer que pour un vent horizontal près du sol dont la norme de la vitesse varie avec l’altitude en
v(z) = k ln( hz0 ), k et h0 étant des constantes, la divergence du champ de vitesse est nulle. On choisira
l’axe Ox parallèle au vent et on exprimera le champ de vecteur vitesse en coordonnées cartésiennes.

2 Théorème de Green-Ostrogradsky ou théorème de la divergence


2.1 Notion de flux
À un petit élément de surface dS en un point M d’une surface finie S ouverte (comme les “chips” de
− →
pomme de terre), on associe un vecteur dS normal à cette surface élémentaire et de norme égale à dS. On
choisit arbitrairement un sens de parcours sur le contour sur lequel s’appuie la surface S. Cela permet de
−→
définir un sens d’orientation de dS défini par la règle du tire-bouchon : ce vecteur sort de la face d’où
l’on voit le contour orienté en sens anti-horaire (figure 5). En revanche s’il s’agit d’une surface fermée
(cf. peau entourant une pomme de terre), par convention, on orientera ce vecteur vers l’extérieur. On définit


aussi le vecteur unitaire normal → −n = dS .
dS

2.1.1 Définition du flux d’un vecteur à travers une surface




Le flux élémentaire de A à travers la surface orientée dS (figure 5), grandeur scalaire, est donné par :
− −
→ →
dΦ = A · dS = A dS cosθ


Le flux de A à travers la surface orientée S est donc égal à :
¨ ¨
− −
→ → →
− →
Φ= A · dS = A ·−
n dS
S S

4
S1
dS A
θ d Σ2
V1 11
00
Σ
00
11
00
11
M V2
dS
S2
d Σ1
S

Figure 5 – Flux d’un vecteur A ~ à Figure 6 – Découpage en deux


travers une surface élémentaire dS de d’un volume pour l’établissement du
la surface quelconque S. théorème de la divergence.

2.1.2 Exemples de flux de vecteurs


— Flux des champs introduits précédemment (gravitationnel, électrique, magnétique, champ de vitesse...)

− →
− → −
— Flux du vecteur de Poynting ( P = ( E ∧ B )/µ0 ) (équivaut à un flux lumineux)
— Flux de vecteurs densité de courant volumique (de particules, de masse, de chaleur, de charges
électriques ....) (voir section 2.5).

2.2 Deuxième définition de la divergence d’un champ de vecteurs


Une définition intrinsèque de la divergence basée sur la notion de flux est la suivante : soit un volume


infinitésimal dV autour d’un point M où règne le champ vectoriel A et soit dS la surface infinitésimale qui

− →

délimite dV , qu’on oriente vers l’extérieur. Soit dΦ le flux du champ A à travers dS. La divergence de A
en M est donnée par :


− dΦ
div A = lim
dV →0 dV

La divergence mesure la quantité de flux qui sort (au sens large) localement de dV autour de M .

Exercice 4 : (*) Vérifier l’homogénéité de cette expression.

2.3 Etablissement du théorème de Green-Ostrogradsky


Soit un volume V et soit S la surface fermée qui l’entoure. On décompose ce volume en deux volumes V1
−−→
et V2 séparés de l’interface Σ (voir figure 6). On appellera dΣ1 le vecteur surface infinitésimal orienté vers
−−→ −−→ −−→
l’extérieur de V1 et dΣ2 celui orienté vers l’extérieur de V2 , avec dΣ1 = - dΣ2 .

− →
− →

Φ1 ( A ) = ΦS1 ( A ) + ΦΣ1 ( A )

De même :

− →
− →

Φ2 ( A ) = ΦS2 ( A ) + ΦΣ2 ( A )
D’où :

− →
− →
− →
− →
− →
− →

Φ( A ) = (Φ1 ( A ) − ΦΣ1 ( A )) + (Φ2 ( A ) − ΦΣ2 ( A )) = Φ1 ( A ) + Φ2 ( A )
Si, maintenant, on divise le volume V en n volumes de surface Sn , on obtient :
˜→

− X X¨ → − −−→ X
− −−→
A · dSn
Φ( A ) = Φn = A · dSn = Vn
Vn

5
P ˝
On fait tendre n vers l’infini : Vn → dV et →
On reconnaı̂t alors la définition de la divergence et on obtient :
‹ ˚

− → − →

A · dS = div A dV
S V

L’intégration de droite est une intégrale triple, c’est l’intégration sur un volume V . Celle de gauche est
une intégrale double sur la surface fermée qui entoure le volume V , surface orientée vers l’extérieur du


volume. A est supposé continuement dérivable en tout point de V . Cette relation s’appelle aussi “théorème
de la divergence”.

2.4 Exemples
2.4.1 Théorème de Gauss en électromagnétisme

~ = ρ
Il s’établit facilement à partir de la première équation de Maxwell, dite de “Maxwell-Gauss” : div E
0
où ρ est la densité volumique de charge.

˚ ˚
~ dV = ρ Qint
div E dV =
V V ε0 ε0

~ · ~n dS = Qint
E
(S) ε0

Qint est la charge intérieure contenue dans le volume V.


Conséquence : le champ à l’intérieur d’une coquille vide (pas forcément sphérique ) “chargée” est nul.

On peut aussi retrouver ce théorème dans le cas d’une distributionP discrète de charges ponctuelles pour

− 1 qi −

ri

laquelle le champ électrique résultant est donné par : E (M ) = 4π0 ri3
et en utilisant la notion d’angle
solide (voir cours d’électromagnétisme).



De même pour le champ gravitationnel : div G = −4π G ρ
D’où :



G · ~n dS = −4 π G Mint
(S)



En revanche pour le champ magnétique B , la deuxième équation de Maxwell (dite du “flux magnétique”)


reflète l’absence de charge (monopôle) magnétique : div B = 0

− →

Le flux de B à travers toute surface fermée est donc nul. On dit de façon condensée que le flux de B est


conservatif. Cela sous-entend qu’il s’agit du flux de B à travers les sections d’un tube défini par les lignes
de champ, le flux à travers la surface latérale est alors nul (figure 7), le flux total à travers la surface fermée
constituée des 2 sections et de la surface latérale étant lui-aussi nul. Noter qu’ici on définit pour la première
section un vecteur normal entrant qui est l’opposé du vecteur normal local de la surface totale fermée.

De façon générale, on dira qu’un champ à divergence nulle est un champ à flux conservatif (le
champ est dit champ solénoı̈dal).

6
Figure 7 – Conservation du flux du champ magnétique à travers les sections d’un tube de lignes de champ.

Note : de même que la “divergence” d’un champ de vecteurs tous parallèles peut ne pas être nulle (cf.
figure 4.b), noter qu’on peut avoir des lignes de champ divergentes dans une région de l’espace avec absence
de “charges” (figure 8).

Figure 8 – Le flux du champ électrique créé par une charge ponctuelle n’est pas nul si la surface fermée
entoure la charge (cas de la figure de gauche, du milieu et de droite au centre), nul dans le cas contraire
( cas de la figure de droite en bas). La divergence du champ est nulle partout sauf là où les charges sont
présentes.

2.4.2 ~ = k e~r /r2


Champ newtonien ou coulombien N
Ces champs sont ceux obtenus pour une source de champ ponctuelle et isotrope ou pour une source à
symétrie sphérique (sphère à densité volumique ou surfacique homogène).

On en déduit les propriétés suivantes :


- En dehors des sources ponctuelles la divergence est nulle (bien que paradoxalement les lignes de champs
soient convergentes (ou divergentes)).
- Le flux à travers une surface fermée entourant la source est donné par 4 π k Q où Q est la “charge”
(intérieure à la surface) quelle que soit la forme de cette surface (que vaut Q pour l’expression du champ
newtonien N ~ ci-dessus ?).
- Pour une répartition à symétrie sphérique, tout se passe comme si toute la “charge” était concentrée
au centre de la sphère.
Pour une sphère on peut aisément en déduire l’expression du champ en un point de la surface de la sphère.

7
Exercice 5 : Calculs de flux et application du théorème de la divergence (**)

1. Retrouver l’expression de la divergence à partir de la définition du paragraphe 2.2, en utilisant les




coordonnées cartésiennes du champ A . Pour cela on considérera un petit parallélépipède rectangle
dont l’un des sommets est en M (x, y, z), de cotés dx, dy, dz et on calculera le flux total, somme des
flux calculés à travers chacune des 6 faces.
‚ −−→ − →
2. Montrer que le volume V délimité par une surface fermée S est égal à V = 13 S OM · dS. En déduire

− −−→
la valeur
p du flux du vecteur r = OM à travers la surface totale d’un cylindre d’axe Oz, de rayon
R = x2 + y 2 compris entre les hauteurs z = 0 et z = h.


3. Calculer de 2 façons différentes le flux du champ A = z →

e + y→ x

e + x→y

e à travers la sphère de rayon
z
unité centrée en O.

− −−→  →
− −
→ →

4. Soit A = grad 1r . Montrer que A = − rr3 . Calculer le flux de A à travers la sphère de rayon unité


centrée en O. Justifier que div A = 0 en tout point où →−
r est non nul.


5. (***) Calculer le flux de A = 3x2 z 3 ex + 9x2 yz 2 ey − 4xy 4 →

− →
− −
ez à travers le cube de sommets (±1, ±1,
±1). (Rép. : 8).

2.5 Équations de continuité - lois de conservation


Dans ce paragraphe, les phénomènes de transport (transfert) sont évoqués mais sans citer les lois de
transport (lois de Fick, lois de Fourier) qui seront introduites dans le cours associé. La grandeur physique
transportée est en général une grandeur scalaire mais pas nécessairement (ex. quantité de mouvement pour
introduire la notion de viscosité) et on définira maintenant le flux (toujours scalaire) de cette grandeur
scalaire à travers une surface. Noter toutefois qu’il s’agit en fait d’un abus de langage : l’introduction d’un
vecteur “densité de flux” permettra d’identifier ce flux d’une grandeur scalaire à un flux de vecteur (par
exemple, un flux de particules à travers une section S est en fait un flux du vecteur densité de particules à
travers S).

2.5.1 Notion de vecteur densité de courant


Tout d’abord, considérons un flot de matière (liquide ou gazeuse) à une dimension x. On définit le


vecteur densité de flux de particules j (ou encore densité de courant volumique) tel qu’il soit parallèle et
de même sens que le déplacement de matière (défini par le champ de vitesse) et de module égal au nombre
de particules qui passent, par unité de temps, à travers une surface unité perpendiculaire au flot. Soit une


surface infinitésimale orientée dS, perpendiculaire à l’axe x (donc aussi à j ) ; on définit le flux de particules
à travers dS comme étant la quantité de matière qui passe par unité de temps. C’est aussi le flux du vecteur


j à travers dS :

dΦ = j dS
Or la quantité d2 n de particules qui passent pendant dt à travers dS sont celles qui sont comprises dans
le volume de longueur dx = v dt et de section dS (figure 9, gauche), soit :

d2 n = ρ v dt dS = dΦ dt
où ρ est la densité volumique de particules. D’où :

j = ρv

Cette écriture se généralise à 3D ; pour une section dS orientée de façon quelconque par rapport au vecteur


j (figure 9, droite) :
− −
→ →
dΦ = j · dS

8
avec


j = ρ→

v

vdt
vdt

j
dS dS

x−dx x j

Figure 9 – Densité de flux ~j à 1D à gauche et cas d’une surface non perpendiculaire à ~j à droite.

On dit que l’écoulement est stationnaire si le flux ne dépend pas du temps.

On définit de même un flux de masse, de charge électrique, d’énergie (de chaleur). On appellera à nouveau
“charge” cette grandeur. Dans le cours sur les phénomènes de transport, vous verrez que l’origine de ce flux
peut être reliée respectivement à un déséquilibre (présence d’un gradient) de concentration de particules, de
masse volumique, de charge volumique, de température.

2.5.2 Conservation de la “charge”


Parmi les grandeurs physiques scalaires conservées, la masse (étendue à l’énergie) et la charge électrique
sont les plus connues (mais aussi, la charge baryonique, leptonique, la charge de couleur, introduites en
physique des particules). Le nombre de particules l’est aussi en absence de réactions chimiques ou nucléaires.

Soit une surface fermée S entourant une “charge” Q. Supposons que cette charge varie de dQ pendant
un intervalle de temps dt suite à un échange avec l’extérieur. La conservation nous dit que dQ= - dQext . Le
passage de dQ à travers S se manifeste par un “courant” (noter l’équivalence avec la définition du courant
électrique) :
‹ ˚ ˝ ˚
−−
→ → dQext dQ →
− → − d ρdV ∂ρ
I= j dS = =− = ∇ · j dV = − =− dV
dt dt dt ∂t
L’écriture avec la dérivée partielle par rapport au temps signifie que la densité de charge, grandeur locale,
peut dépendre à la fois de la position ~r et du temps alors que la surface est choisie fixe.
Cette relation est valable quelque soit le volume choisi. On peut donc en déduire l’expression (équation
de continuité) :


− ∂ρ
div j + =0
∂t



En régime stationnaire (indépendance du temps) on trouve la condition div j = 0.
Ces équations expriment la conservation de la “charge”. S’il existe localement une création ou une des-
truction de “charges”, on parle alors de source (positive) et de puits (négatif). On introduit le taux de
production (au sens large) de charge σ (quantité de charge produite localement par unité de temps et de
volume). Par exemple, considérons le nombre d’habitants de la France à un instant t ; à un instant plus tard
t + dt, il a varié sous l’action de plusieurs facteurs : un flux entrant et un flux sortant par les frontières, les
naissances et les décès. Ce sont ces deux derniers termes qui constituent les sources et les puits. Le nombre

9
mondial d’habitants n’est donc pas une grandeur conservée. Ces relations deviennent :

expression intégrale : ‹ ˚ ˚
~j · ~n dS + d ρ dV = σdV
S dt V V
expression locale :

− ∂ρ
div j + =σ
∂t

Exercice 6 : Exemples de densités de flux (**)

1. Préciser les unités des différentes densités de flux citées ci-dessus.




2. (*) Pour une densité de courant uniforme j , calculer le flux de ce champ de vecteurs à travers une


demi-sphère de rayon R et de section normale à la direction de j . Montrer qu’il est égal au flux de

− →

j à travers un disque de rayon R perpendiculaire à j .
3. En supposant l’eau incompressible, déduire de l’équation de continuité de la masse que le débit d’une
rivière est constant. On rappelle que le débit est défini comme le volume d’eau qui passe par unité
de temps à travers un tube de ligne de courant. En déduire que la vitesse du courant est plus grande
quand la rivière se rétrécit.
4. Le Soleil vu de la Terre peut être assimilé à une source de lumière ponctuelle isotrope de puissance
de 4 1026 W. Quelle est la puissance lumineuse reçue au sol par unité de surface à l’équateur (donc
perpendiculairement à la direction du Soleil) ? Que vaut cette quantité à Paris (latitude 49◦ ) ?
5. (***) Retrouver l’expression de la résistance R d’une portion de circuit de section S, de longueur l d’un

− →

matériau de conductivité σ en utilisant la loi d’Ohm locale ( jq = σ E ) qui relie la densité de courant

− →

électrique jq au champ électrique E et son expression intégrale donnant la différence de potentiel entre
les extrémités de cette portion de conducteur. Etablir la relation entre la conductivité σ et la mobilité


µ des charges définie par → −v = µ E où →−v est la vitesse de dérive (vitesse moyenne de déplacement

− →

des charges sous l’action du champ E )(question annexe : est-ce surprenant que dans le cas où E est
uniforme et constant, une charge est alors animée d’une vitesse → −v constante ? réponse en EM4) .

3 Opérateur laplacien scalaire - loi de Poisson


3.1 Définition
Soit f (M ) une fonction scalaire (champ scalaire) définie dans l’espace des points M . On note par un
grand delta (∆) l’opérateur laplacien.

−−→
∆f = div(gradf )
Il s’agit bien d’un scalaire et il agit sur un scalaire. Mathématiquement c’est un opérateur différentiel
linéaire d’ordre 2.

On peut aussi écrire :



− → −
∆f = ∇ · ∇f ≡ ∇2 f
On utilisera de préférence la notation ∇2 pour éviter une confusion avec la différence finie d’une grandeur
souvent notée ∆.

10
3.1.1 Expressions analytiques du laplacien scalaire
Coordonnées cartésiennes :
∂2f ∂2f ∂2f
∇2 f ≡ ∆f = + +
∂x2 ∂y 2 ∂z 2
Coordonnées cylindriques :

1 ∂2f ∂2f ∂2f 1 ∂2f ∂2f


 
1 ∂ ∂f 1 ∂f
∇2 f ≡ ∆f = ρ + 2 2
+ 2 = 2
+ + 2 2
+ 2
ρ ∂ρ ∂ρ ρ ∂ϕ ∂z ∂ρ ρ ∂ρ ρ ∂ϕ ∂z

Coordonnées sphériques 1 :

∂2f 2 ∂f 1 ∂2f 1 ∂f 1 ∂2f


∇2 f ≡ ∆f = + + + +
∂r2 r ∂r r2 ∂θ2 r2 tan θ ∂θ r2 sin2 θ ∂ϕ2

3.1.2 Interprétation physique


On considère une petite sphère de rayon  autour du point M0 . La valeur moyenne d’une fonction f sur
la surface S de la sphère est définie par :
¨
1
< f >= f (M )dS
4π2 S

On montre qu’elle est donnée par :

2 2
< f >= f (M0 ) + ∇ f (M0 ) + O(2 )
6

3.2 Exemple physique : équation de Poisson



− →

Soit V le potentiel dont dérive le champ électrique E (M) = − ∇V (M) et ρ la densité volumique de


charge en M. La première équation de Maxwell (∇ E = ρ0 ) implique l’équation suivante dite de “Poisson” :

ρ
∇2 V = −
0

L’équation de Laplace est un cas particulier en un point M exempt de charge (ρ = 0) :

∇2 V = 0

Le potentiel n’admet pas d’extrémum en dehors des points où sont localisées les charges électriques.

La solution de l’équation de Poisson sera établie en cours d’électromagnétisme. En un point M (→ −


r =
−−→
OM ) une solution du potentiel est :
˚ ˚
1 ρ(P )dv 1 ρ(→
−r 0 )dv
V (M ) = =
4π0 PM 4π0 |→
−r −→ −r 0|
−−→
où P est un point (variable) de la distribution volumique de charges et → −
r 0 = OP (figure 10) (voir
conditions de validité en cours EM3).

2
1 ∂ (rf )
1. On vérifiera que la somme des 2 premiers termes est équivalente à 1 ∂
r 2 ∂r
(r2 ∂f
∂r
) ou encore r ∂r 2

11
1111111111111
0000000000000
0000000000000
1111111111111
0000000000000
1111111111111
0000000000000
1111111111111
M 1111111111111
0000000000000
x1111111111111
0000000000000
0000000000000
1111111111111
0000000000000
1111111111111
P
0000000000000
1111111111111
0000000000000
1111111111111
r−r’ x
0000000000000
1111111111111
0000000000000
1111111111111
r 1111111111111
0000000000000
0000000000000
1111111111111
r’
111111111111111111
000000000000000000
000000
111111
O
111111
000000
000000
111111
000000
111111
000000
111111
000000
111111
Figure 10 – Illustration des paramètres introduits dans l’expression de la solution de l’équation de Poisson.

Exercice 7 : Quelques exemples d’utilisation du laplacien

1. (*) Calculer le laplacien des fonctions scalaires suivantes :


1 1
(a) r, r , r2
(utiliser les coordonnées sphériques)


− − i →

(b) f (→

r , t) = f0 exp i(ωt − k · →
h
r) avec f0 et k constants (utiliser les coordonnées cartésiennes)
(Rép. : ∇2 f = −k 2 f )

2. (*) Pour une distribution de charges électriques, homogène de densité volumique ρ, sphérique de rayon
R centrée en O, déduire des équations de Poisson et de Laplace l’expression du potentiel électrique
V (→
−r ) à l’intérieur et à l’extérieur de la distribution. On choisira l’origine des potentiels à l’infini et on
utilisera la continuité de V à la surface de la sphère.

3. (**) L’intérieur d’un condensateur constitué de deux armatures planes infiniment étendues, séparées
d’une épaisseur h est rempli d’une charge de densité volumique uniforme ρ. Ecrire l’équation de Poisson
en tout point M situé entre les plaques, et déterminer le potentiel électrique en M , la plaque inférieure
étant portée à un potentiel Vi et celle du haut à V = 0. On précisera les conditions de continuité et
les conditions aux limites utilisées.

4. (***) Deux tubes cylindriques coaxiaux de rayons R1 et R2 (R1 < R2 ) sont portés respectivement aux
températures T1 et T2 . Entre les deux, se trouve un matériau de conductivité thermique κ. Il existe

− →

alors une densité de courant de chaleur (d’énergie) j = −κ ∇T (loi de Fourier). En régime permanent,
l’équation qui en résulte s’écrit :  
1 ∂ ∂T
r =0
r ∂r ∂r
où r est la distance d’un point à l’axe commun.
Enumérer les différentes hypothèses concernant les symétries, l’existence ou non de sources de chaleur,
etc. qui conduisent à cette relation. En déduire la loi T (r) dans le matériau situé entre les deux tubes.

12
Université Paris Diderot Année 2018-2019
L2 - Méthodologie 3 (51DE04PH) - MD3 Cours-TD 3

Opérateur rotationnel et théorème de Stokes


Relations entre opérateurs et usage des coordonnées non cartésiennes

Les indications (*), (**) et (***) ne sont pas des indications de difficulté mais indiquent, respectivement,
les exercices et les questions qui seront corrigés, ceux dont une correction sommaire sera donnée et ceux qui
ne seront pas corrigés. Tous les exercices ou leurs variations simples sont susceptibles d’être posés lors des
évaluations.

1 Introduction - Circulation et rotationnel


Tout comme la divergence, le rotationnel est un outil mathématique indispensable en physique. Nous
verrons des exemples en électromagnétisme, hydrodynamique, météorologie....
Comme son nom le suggère, le rotationnel donne une mesure de la ”rotation” d’un champ vectoriel : il
contient de l’information non seulement sur l’axe de rotation et aussi sur la magnitude de rotation. On peut
donc deviner que le rotationnel d’un champ vectoriel sera un vecteur (dont la direction est celle de l’axe de
rotation).
La figure 1 montre quatre champs vectoriels. Les 2 premiers champs n’ont pas de rotationnel. Effective-
ment, si on imagine que le champ en question est celui d’un fluide, et si on imagine poser une petite roue
à aubes n’importe où dans ce fluide, la roue ne va pas tourner. Il n’y a donc pas de rotationnel. Dans le
troisième cas, il y a un rotationnel, et l’axe de rotation est −~ez . Dans le dernier cas, il y a aussi un rotationnel
(pensez à la roue à aubes) : nous allons traiter cet exemple par la suite.
La définition du rotationnel passe d’abord par celle de la circulation.

1.1 Circulation
Soit un champ vectoriel ~a, c’est-à-dire un ensemble de vecteurs en chaque point de l’espace, de la forme

~a(x, y, z) = ax (x, y, z)~ex + ay (x, y, z)~ey + az (x, y, z)~ez

(Des exemples sont les champs électriques et magnétiques E ~ ou encore le champ de gravitation →
~ et B, −
G , ou
le champ de vitesse dans une rivière, etc.). Soit C une courbe fermée orientée.
Alors on définit la circulation du champ par l’intégrale curviligne
˛
c= ~a · d~`, (1)
C

où l’élément de courbe d~` est un vecteur défini à chaque point de la courbe C, de longueur infinitésimale
d` ≡ |d~`|, et dirigé dans le sens de la tangente à C (voir figure 2).

1
Figure 1 – Divers champs vectoriels et une petite roue à aubes

dl
dl
a
a
dl

C
a

dl
a dl
a

Figure 2 – Circulation du vecteur ~a autour du chemin C

1.2 Définition du rotationnel


−→ →
− ~ ·~a qui est un scalaire.)
Le rotationnel de ~a, noté rot(~a), ou ∇ ∧ ~a, est un vecteur. (Noter la différence avec ∇
−→
La composante de rot(~a) dans la direction du vecteur unitaire ~en est définie par
 ˛ 
−→ 1 ~
~en · rot(~a) = lim ~a · d` (2)
A→0 A C

Ici, comme illustré sur la figure 3,


— A est l’aire de la surface qui s’appuie sur le contour C (en fait, la définition ne dépend pas du choix
de la surface).
— ~en est normal à la surface A et orienté vers le sens d’où l’on voit le chemin C orienté en sens anti-horaire
(de façon équivalente, ~n est orienté par la règle du tire-bouchon).

2
e
z
en perpendiculaire à A

dz

dy

aire A
ey

C contour autour de A ex

Figure 3 – Figure 4 –

−→
Donc ~en · rot(~a) correspond à une circulation par unité de surface.

1.3 Le rotationnel en coordonnées cartésiennes


−→ −→
Pour trouver (rot(~a))x , la composante de rot(~a) dans la direction ~ex , il suffit de poser ~en = ~ex dans (2) et
considérer C comme un contour rectangulaire dans le plan (y, z) de côtés dy et dz, où ces quantités sont
supposées infiniment petites (voir figure 4)). Donc

A = dy dz

et il y a 4 contributions à la circulation c :
1. le long du bas du contour : d~` = ~ey dy, donc

~a · d~` = (~a · ~ey )dy = ay(bas) dy.

2. le long du haut : d~` = −~ey dy, donc

~a · d~` = −(~a · ~ey )dy = −ay(haut) dy.

3. le long du côté gauche : d~` = −~ez dz, donc

~a · d~` = −(~a · ~ez )dz = −az(gauche) dz.

4. le long du côté droit : d~` = ~ez dz, donc

~a · d~` = (~a · ~ez )dz = az(droite) dz.

En prenant la somme, on a
˛
~a · d~` = − ay(haut) − ay(bas) dy + az(droite) − az(gauche) dz
 
C
   
∂ay ∂az
= − dz dy + dy dz
∂z ∂y
 
∂az ∂ay
= − dy dz
∂y ∂z

Donc de (2) avec A = dy dz on trouve


 
−→ 1 ∂az ∂ay
(rot(~a))x = lim − A
A→0 A ∂y ∂z

3
et donc  
−→ ∂az ∂ay
(rot(~a))x = − (3)
∂y ∂z
De même on a  
−→ ∂ax ∂az
(rot(~a))y = − (4)
∂z ∂x
et  
−→ ∂ay ∂ax
(rot(~a))z = − (5)
∂x ∂y
On peut donc identifier

~ex ~ey ~ez

     
−→ ~
∂ ∂ ∂
∂az ∂ay →− ∂ax ∂az → − ∂ay ∂ax →−
rot(~a) ≡ ∇ ∧ ~a = ∂x ∂y ∂z = − ex + − ey + − ez (6)
∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y

a ay a
x z

où comme d’habitude


~ = ∂ ~ex + ∂ ~ey + ∂ ~ez .

∂x ∂y ∂z
On note que l’expression de chaque composante du rotationnel peut se déduire de la précédente par
permutation circulaire des coordonnées dans le sens direct.

Exercice 1 : Calcul du rotationnel (*)

1. (***) Effectuer toutes les étapes pour arriver aux équations (4) et (5).
2. Calculer les rotationnels des champs vectoriels suivants :
~ = xy~ex + z~ey + yz 2~ez .
(a) A
~ = ~r = x~ex + y~ey + z~ez .
(b) Un champ vectoriel avec symétrie sphérique : B
~ sourcé par une charge ponctuelle Q placée à l’origine, E
~ = Q ~er
(c) Le champ électrique E 4π0 r2 .
~ = y~ex (faire un schéma de ce champ).
(d) (**) Le champ vectoriel C
~ = ~ez ∧ ~r.
(e) (**) Le champ vectoriel D

1.4 Autres identités avec le rotationnel


1.4.1 Rotationnel d’un produit
Soit φ un champ scalaire. Nous avons les identités suivantes :
−→ ~ ∧ ~a + φ(∇
~ ∧ ~a)
rot(φ~a) = (∇φ) (7)

−→
rot(~a ∧ ~b) = ~a(∇
~ · ~b) + (~b · ∇)~
~ a − ~b(∇ ~ ~b
~ · ~a) − (~a · ∇) (8)

où
~ = bx ∂ + by ∂ + bz ∂
~b · ∇ (9)
∂x ∂y ∂z


Noter que, si l’on applique mécaniquement la formule du double produit vectoriel à ∇ ∧(~a ∧ ~b), on n’obtient
pas le bon résultat (8).

4
1.4.2 Identités différentielles du deuxième ordre


Si l’on applique successivement deux opérateurs ∇, on a les identités suivantes :
−−→ →
− → −
div(grad φ) ≡ ∇ · ∇ φ = ∇2 φ (10)
−→ −−→ →
− → −
rot(grad φ) ≡ ∇ ∧ ∇ φ = ~0, (11)

−→ →
− → −
div(rot ~a) ≡ ∇ ·( ∇ ∧~a) = 0 (12)

−→ −→ →
− → − →
− →

rot(rot ~a) ≡ ∇ ∧( ∇ ∧~a) = ∇( ∇ ·~a) − ∇2~a (13)

Dans la dernière expression, on a défini le laplacien d’un vecteur ∇2~a par le vecteur obtenu en prenant
le laplacien scalaire de chaque composante de ~a :

∇2~a ≡ (∇2 ax )~ex + (∇2 ay )~ey + (∇2 az )~ez . (14)

Exercice 2 : Identités différentielles du deuxième ordre

Etablir, en coordonnées cartésiennes, la validité des identités (11) (*), (12)(**) et (13) (**).

Exercice 3 : Équation de Poisson pour le champ magnétique et loi de Biot-Savart (***)

~ r) le vecteur champ magnétique, qui satisfait les équations :


Soit B(~

− ~ →
− ~
∇ ∧B = µ0~j, ∇ ·B = 0 (15)

où µ0 est une constante, et ~j(~r) est un vecteur (“source”) donné, représentant la densité volumique de
courant électrique, que l’on suppose s’annuler à l’infini.
1. (**) Montrer que B ~ satisfait l’équation de Poisson vectorielle (on pourra utiliser la relation 13) :

~ = µ0 →
− ∇2 B
− ~
∇ ∧j. (16)

2. On rappelle ici la solution, vue dans le cours d’EM3 (voir aussi CTD2, section 3.2), de l’équation de
Poisson pour une fonction scalaire f (~r), avec source g(~r) :
˚
1 g(~r 0 )
f (~r) = d3 r0 ⇒ ∇2 f (~r) = −g(~r). (17)
4π V |~r − ~r 0 |

En utilisant l’intégrale fondamentale de l’équation de Poisson, donnée par l’équation (17), montrer que
~ est donné explicitement par :
B
˚ →
−0 ~ 0
~ r ) = µ0 3 0∇ ∧j(~r )
B(~ d r , (18)
4π V |~r − ~r 0 |

−0
où ∇ est l’opérateur gradient par rapport aux composantes (x0 , y 0 , z 0 ) du vecteur ~r 0 .

5
3. Montrer que, pour n’importe quelle fonction f , on a

−0 →

∇ f (~r − ~r 0 ) = − ∇ f (~r − ~r 0 ). (19)

En utilisant cette relation ainsi que l’identité


˚ ‹

− ~ ∧ ~a),
dV ( ∇ ∧~a) = (dS

~ est donné par la loi de Biot-Savart :


montrer que B
˚ ~j(~r 0 ) ∧ (~r − ~r 0 )
~ = µ0
B d3 r0 (20)
4π V |~r − ~r 0 |3

Exercice 4 : Équations de Maxwell et équation d’onde (**)

~ r, t) et magnétique B(~
Les équations de Maxwell dans le vide, qui gouvernent les champs électrique E(~ ~ r, t)
en situations non-stationnaires et en l’absence de charges ou courants électriques, sont données ci-dessous :

− ~ →
− ~
∇ ·B = 0 ∇ ·E = 0 (21)

− ~ ∂B ~ →
− ~ ~
∂E
∇ ∧E + = ~0, ∇ ∧B − µ0 0 = ~0. (22)
∂t ∂t
En déduire que le champ électrique satisfait l’équation d’onde :

~
∂2E ~ = ~0
− c2 ∇2 E (23)
∂t2
~
et donner l’expression pour c2 . Déduire également l’équation satisfaite par B.

2 Théorème de Stokes
2.1 Enoncé du théorème
Ce théorème est d’une utilité fondamentale. Il affirme que
¨ ˛
−→ ~ = ~
rot(~a) · dS ~a · d` (24)
S C

où S est une surface ouverte dont le bord est le contour fermé C, et dont la normale sort du côté d’où l’on
voit C orienté en sens antihoraire (règle du tire-bouchon), voir figure 5.

2.1.1 L’origine du théorème de Stokes


Le résultat (24) peut être retrouvé à partir de la définition du rotationnel introduite dans (2).
Soit dS un élément infinitésimal de surface, de normale unitaire ~n. On définit
~ = ~n dS
dS

Puis, de (1)
−→
~n · rot(~a)dS = circulation autour de dS

6
surface S S1
n

S2

1111111111111111
0000000000000000
n 0000000000000000
1111111111111111
0000000000000000
1111111111111111
S3
0000000000000000
1111111111111111
0000000000000000
1111111111111111
contour C contour C
Figure 5 – Figure 6 –

Donc ˛
−→ ~ = ~
rot(~a) · dS ~a · d`
CdS

où CdS est le contour fermé qui est le bord de l’élément de surface dS.
Maintenant on somme sur tous les éléments de surface dS qui forment la grande surface S de départ :
X −→ X ˛
~ =
rot(~a) · dS ~
~a · d` (25)
tous les dS tous les dS CdS

˜ −→
~ Du côté droit, toutes les
Le côté gauche de cette expression est, par définition, égal à S rot(~a) · dS.
contributions s’annulent entre elles à l’exception de celles qui sont sur le contour C qui est à l’extérieur de
S (voir fig. 5), d’où on retrouve (24).

2.1.2 Différentes surfaces


Noter que la surface S n’est pas unique : une infinité de surfaces S s’appuient sur un même contour C
(voir figure 6). Donc l’on a aussi
¨ ¨ ¨ ˛
−→ ~ = −→ ~ = −→ ~ = ~
rot(~a) · dS rot(~a) · dS rot(~a) · dS ~a · d` (26)
S1 S2 S3 C

Exercice 5 : Théorème de Stokes (*)

Soit
~a = 4y~ex + x~ey + 2z~ez .
˜
~ où S est l’hémisphère x2 + y 2 + z 2 = b2 pour z ≥ 0.
~ ∧ ~a) · dS
Calculer S (∇
1. Faire un schéma de la surface en question, et le contour fermé correspondant, C.
˜
2. Calculer directement S (∇ ~ (donc sans utiliser le théorème de Stokes, mais en calculant ∇
~ ∧~a) · dS ~ ∧~a
et puis en faisant l’intégrale double sur la surface S).
3. Faire le calcul en utilisant le théorème de Stokes.
4. Calculer à nouveau l’intégrale de surface, mais avec un choix de surface plus commode.

7
2.2 Théorème de Stokes pour une surface fermée
Soit S une surface ouverte, s’appuyant sur le contour C. Et soit S 0 une surface ouverte, s’appuyant sur
le contour C 0 où l’on choisit C 0 = −C de telle sorte à ce que la surface totale S + S 0 soit fermée. Alors
¨ ˛ ˛ ¨
−→ ~ = ~ =− ~ =− −→ ~
rot(~a) · dS ~a · d` ~a · d` rot(~a) · dS
S C C0 S0

Donc pour une surface fermée



−→ ~ =0
rot(~a) · dS (27)

À partir de ce résultat nous pouvons retrouver une identité très utile.


Le théorème de la divergence nous dit que
‹ ˚
~b · dS
~ = (div~b) dV

−→
On pose ~b = rot(~a) d’où ‹ ˚
−→ ~ =0= −→
rot(~a) · dS (div(rot(~a)) dV

Vu que ce résultat est vrai pour tous volumes V et surfaces S associées, il en découle que
−→
div(rot(~a)) = 0 (28)

Exercice 6 : Divergence du rotationnel d’un vecteur (**)

Vérifier (28) explicitement en coordonnées cartésiennes.

3 Potentiel scalaire et potentiel vecteur


3.1 Champs conservatifs (irrotationnels) et potentiel scalaire
Nous allons maintenant montrer différentes propriétés d’un champ conservatif.
On rappelle qu’un champ vectoriel ~a est un champ conservatif, (où champ de gradient, voir CTD 1) si
son intégrale entre 2 points A et B est indépendante du chemin suivi entre A et B. Donc pour tout contour
fermé C ˛
~a · d~` = 0 (29)
C

si ~a est conservatif. Si un champ vectoriel ~a est conservatif, alors il est un champ de gradient, c’est-à-dire
qu’il existe une fonction scalaire φ(x, y, z), appelée potentiel scalaire, telle que

~
~a = −∇φ (30)
L’on peut également montrer qu’un champ conservatif satisfait

~ ∧ ~a = ~0
∇ (31)
et donc il est irrotationnel. Cette identité d’utilité centrale dans le problème inverse, c’est-à-dire quand


il s’agit de trouver le champ scalaire φ correspondant à un champ vectoriel ~a donné (tel que ~a = ∇ φ). Ce
genre d’exercice se pose souvent, par exemple en électromagnétisme, quand il faut calculer p. ex. le potentiel
~
électrostatique dû à un champ électrique E.

8
3.2 Champs à flux conservatif (solénoı̈daux) et potentiel vecteur
On rappelle qu’un champ vectoriel ~b est à flux conservatif (on parle aussi de champ solénoı̈dal) si son
flux à travers toute surface fermée s’annule :

~b · dS
~=0 (32)
S

Le théorème de la divergence implique alors que


˚


dV ∇ ·~b = 0 (33)
V

pour n’importe quel choix de la région d’espace V . Donc, l’intégrant doit s’annuler identiquement :

~b à flux conservatif →
− ~
⇔ ∇ ·b = 0 (34)

Grâce à l’identité (12), cette condition est satisfaite si ~b est le rotationnel d’un vecteur ~a. Cette propriété
caractérise les champs à flux conservatif, de la même façon que la propriété d’être un champ de gradient ca-
ractérise les champs conservatifs : on peut montrer que tout champ dont la divergence s’annule identiquement
peut s’écrire comme le rotationnel d’un potentiel vecteur ~a :

− ~ ~b = →

∇ ·b = 0 ⇔ ∇ ∧~a (35)

NOTE : L’implication de droite à gauche est toujours valide, grâce à l’identité (12). Cependant, l’inverse


est strictement vrai seulement sous certains conditions : il faut que la région d’espace V où ∇ ·~b = 0 soit
simplement connexe, c’est-à-dire que tout chemin fermé contenu dans cette région soit contractible à un
point de V .

Exercice 7 : Champs conservatifs (*)

1. Vérifier l’équivalence entre (29) et (30).


2. Montrer (31).
3. Montrer que le champ
~a = (y + z)~ex + (x + z)~ey + (x + y)~ez
est conservatif, et trouver son champ scalaire φ correspondant.

Exercice 8 : Potentiel vecteur (*)

1. Le potentiel vecteur ~a, associé à un champ à flux conservatif ~b, n’est pas unique, mais il est déterminé
à un gradient près : montrer que si ~a est un potentiel vecteur pour ~b, alors la même chose peut se dire


de ~a0 = ~a + ∇ φ où φ est une fonction arbitraire.
2. Soit ~b un champ à flux conservatif. Montrer qu’on peut toujours trouver un potentiel vecteur ~a qui
satisfait la condition supplémentaire


∇ ·~a = 0
et que cette condition détermine ~a de manière unique.

9
3. Pour les champs vectoriels suivants, 1) dire s’ils sont à flux conservatif et 2) s’ils le sont, trouver un
potentiel vecteur approprié.
~b = b0~ez
~b = −y 2~ex + x2~ey + z~ez
x y
(∗ ∗ ∗) ~b = ~ex − ~ey
2 2

Exercice 9 : Calculs de rotationnels et applications du théorème de Stokes (***)

~ ∧ ~v où ~v est la
~ . Calculer ∇
1. (**) Un corps rigide est en rotation à une vitesse angulaire constante ω
~ ∧ ~r). Commenter le résultat.
vitesse d’un point de ce corps (~v = ω

2. Soit ~a = (x2 − y 2 )~ex + 2xy~ey .


(a) Calculer ∇~ ∧ ~a.
˜
(b) Calculer (∇ ~ ∧ ~a) · dS
~ pour une surface s’appuyant sur un rectangle dans le plan (x, y) dont les
bords sont donnés par les lignes x = 0, x = a, y = 0, y = b.
¸
(c) Calculer ~a · d~` pour ce rectangle, et donc vérifier le théorème de Stokes dans ce cas.

3. (**) Montrer que


~a = (2xy − z 3 )~ex + x2~ey − (3xz 2 + 1)~ez


est conservatif, et trouver la fonction scalaire φ telle que ~a = − ∇ φ.

4. En utilisant soit le théorème de Stokes, soit le théorème de la divergence, évaluer les intégrales sui-
vantes aussi efficacement que possible.

˜ → − 2 e + z 2~ ~ où S est la partie de la surface z 2 = 4 − x2 − y 2 au dessus du


ey − y 2~ez ) · dS
(a) S ∇ ∧(x ~ x
plan (x, y).

(b) S A ~ sur la surface fermée S qui est un cylindre borné par x2 + y 2 = 9, z = 0, z = 5, et
~ · dS

~ = 2xy~ex − y 2~ey + (z + xy)~ez .


A

[réponse : 45π]
˜ −→
~ sur n’importe quelle surface ouverte dont la courbe qui la borne est dans le plan
~ · dS
(c) S (rot(A))
(x, y), et
~ = (x − x2 z)~ex + (yz 3 − y 2 )~ey + (x2 y − xz)~ez .
A

¸
(d) ~ · d~` sur le cercle (x − 2)2 + (y − 3)2 = 9, z = 0, avec
A
C

~ = (x2 + yz 2 )~ex + (2x − y 3 )~ey .


A

[réponse : 18π]

10
4 Opérateurs différentiels en coordonnées non-cartésiennes

Les expressions du gradient et laplacien d’un champ scalaire f (~r) et de la divergence et du rotationnel
~ (~r), en coordonnées cylindriques et sphériques sont les suivantes :
d’un champ vectoriel V

Coordonnées cylindriques (ρ, ϕ, z) :

−−→ ∂f 1 ∂f ∂f
grad f = ~eρ + ~eϕ + ~ez
∂ρ ρ ∂ϕ ∂z

1 ∂2f ∂2f
 
2 1 ∂ ∂f
∇ f= ρ + 2 +
ρ ∂ρ ∂ρ ρ ∂ϕ2 ∂z 2

~ = 1 ∂(ρVρ ) 1 ∂Vϕ ∂Vz


divV + +
ρ ∂ρ ρ ∂ϕ ∂z


~eρ ρ~eϕ ~ez


−→ ~ 1 ∂ ∂ ∂

rot V = ∂ρ ∂ϕ ∂z

ρ


V ρV V
ρ ϕ z

     
−→ ~ 1 ∂Vz ∂(ρVϕ ) ∂Vρ ∂Vz 1 ∂(ρVϕ ) ∂Vρ
rot V = ~eρ − + ~eϕ − + ~ez − .
ρ ∂ϕ ∂z ∂z ∂ρ ρ ∂ρ ∂ϕ

Coordonnées sphériques (r, θ, ϕ) :

−−→ ∂f 1 ∂f 1 ∂f
grad f = ~er + ~eθ + ~eϕ ,
∂r r ∂θ r sin θ ∂ϕ

∂2f
   
2 1 ∂ 2 ∂f 1 ∂ ∂f 1
∇ f= 2 r + 2 sin θ + 2 2 ,
r ∂r ∂r r sin θ ∂θ ∂θ r sin θ ∂ϕ2

~ = 1 ∂(r2 Vr ) 1 ∂ 1 ∂Vϕ
divV + (sin θVθ ) + ,
r2 ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂ϕ


~er r~eθ r sin θ~eϕ


−→ ~ 1 ∂ ∂ ∂

rot V = 2
r sin θ ∂r ∂θ ∂ϕ


V rVθ r sin θV
r ϕ

     
−→ ~ 1 ∂(r sin θVϕ ) ∂(rVθ ) 1 ∂Vr ∂(r sin θVϕ ) 1 ∂(rVθ ) ∂Vr
rot V = ~er − + ~eθ − + ~eϕ − .
r2 sin θ ∂θ ∂ϕ r sin θ ∂ϕ ∂r r ∂r ∂θ

11
Exercice 10 : Potentiels (*)

Pour chacun des champs vectoriels suivants : 1) calculer divergence et rotationnel ; 2) si le champ est ir-
rotationnel (conservatif) trouver un potentiel scalaire associé ; s’il est solénoı̈dal (à flux conservatif), trouver
un potentiel vecteur associé.

1. En coordonnées cylindriques :

~v = ~eϕ + ~ez
(∗∗) w
~ = ρ~eρ + z~ez

2. En coordonnées sphériques :

~v = ~eϕ ; on pourra essayer un potentiel vecteur de la forme : →−


a = f (r)→


cos θ
w
~ = 2 ~er ; on pourra essayer un potentiel vecteur de la forme : →

a = f (r, θ)−
e→
ϕ
r
(∗ ∗ ∗) ~u = cos θ~er − sin θ~eθ ; on pourra essayer un potentiel vecteur de la forme : a = f (r, θ)−

− e→
ϕ

Exercice 11 : Potentiel vecteur coulombien (***)

Considérons le champ vectoriel coulombien, écrit en coordonnées sphériques :

~ c = ~er .
E (36)
r2

− ~
Comme ce champ est irrotationnel ( ∇ ∧Ec = 0), il admet un potentiel scalaire, le potentiel coulombien :
 
~er →
− 1
=−∇ . (37)
r2 r

− ~
Il est vrai aussi que, hors de l’origine, le champ coulombien a une divergence nulle, ∇ ·E c = 0. Il est donc
possible (voir section 3.2 du CTD3) de l’écrire à travers un potentiel vecteur, c’est à dire sous la forme :

~c = →
E
− ~
∇ ∧A c . (38)

− ~
1. Vérifier que ∇ ·Ec = 0 en tout point ~ r 6= ~0.
2. En supposant que A ~ c est de la forme :
~ c = f (r, θ)~eϕ ,
A (39)
trouver un potentiel vecteur approprié pour le champ coulombien. Comment choisir la constante
d’intégration pour que le potentiel reste défini (régulier) sur l’axe 0z ? Distinguer les cas z > 0 et
z < 0.
3. Soit D un disque de rayon R parallèle au plan xOy, à une distance algébrique h de l’origine, et ayant
~ c à travers la surface de D 1) directement ; 2) à partir
son centre sur l’axe z. Calculer le flux de E
du potentiel vecteur et du théorème de Stokes. On utilisera l’expression du potentiel vecteur régulier
associé au signe de h.

12
Exercice 12 : Potentiel scalaire magnétique (***)

On verra en EM3 que le champ magnétique, engendré par un courant rectiligne infini I le long de l’axe z,
µ0
s’écrit en coordonnées cylindriques sous la forme (à une constante multiplicative près ( 4π ), qu’on omettra) :

~ I = I ~eϕ
B
ρ

− ~ ~ ~
1. Vérifier que ∇ ·B I = 0, et en déduire que BI peut s’écrire en terme d’un potentiel vecteur A, dont on
~
trouvera l’expression, en le supposant de la forme A = f (ρ)~ez .
2. Dans n’importe quelle région qui ne contient aucune portion de l’axe z, le rotationnel du champ B ~I
~
s’annule aussi. Donc, on peut aussi trouver un potentiel scalaire φm pour BI . Trouver l’expression de
φm . Est-il une fonction scalaire bien définie (ayant une valeur univoque en chaque point de l’espace,
hors de l’axe z) ?
3. Calculer la circulation de B~ I le long d’un cercle de rayon R situé sur le plan xOy et centré en l’origine.
Comment ce résultat est-il compatible avec l’existence du potentiel scalaire φm ?

Exercice 13 : Théorème de Green-Ostrogradski (**)

Dans tous les exercices suivants, faire un schéma avant d’effectuer le calcul.
1. Soit le champ vectoriel (en base cylindrique) :
ρ
w
~= ~eρ + ~ez
L
où L est une constante.
i. Calculer le flux de w
~ à travers la surface fermée d’un cylindre de hauteur h et de rayon R, dont
l’axe coincide avec l’axe z et la base inférieure est dans le plan xOy.
ii. Retrouver le résultat en utilisant le théorème de Green-Ostrogradski.
2. Soit ~v le champ vectoriel (en base sphérique) :

~v = Kr2~er

où K est une constante.


i. Calculer le flux de ~v à travers une surface sphérique de rayon R centrée en l’origine a) directement ;
b) en utilisant le théorème de Green-Ostrogradski. [réponse : 4πKR4 ]
ii. Calculer l’intégrale de ~v le long d’un demi-cercle dans le plan yOz, de rayon a et centré au point
C (0, 0, a), tel que le demi-cercle soit dans le demi-plan y > 0 (les deux extrémités diamétralement
opposées sont situées à l’origine O et en A (0, 0, 2a) ; l’intégration se fera de A vers O). [réponse :
−8a3 K/3]
iii. Après avoir vérifié que ~v est irrotationnel, trouver un potentiel scalaire associé, et l’utiliser pour
retrouver le résultat de la question ii.

Exercice 14 : Théorème de Stokes

1. Soit le champ vectoriel


~ = B0~ez
B

13
i.(*) Calculer le flux de B ~ à travers la surface d’une demi-sphère de rayon R centrée en l’origine et
s’appuyant sur le plan xOy ; ensuite, trouver un potentiel vecteur (de la forme f (ρ)~eϕ ) pour le
champ B, ~ et retrouver le résultat du flux en utilisant le théorème de Stokes.
ii.(**) Calculer le flux de B ~ à travers la surface d’un disque de rayon a parallèle au plan xOy, centré en
(0, 0, d). Retrouver ce résultat à partir du potentiel vecteur et du théorème de Stokes.
2. (*) Soit le champ vectoriel (écrit dans la base des coordonnées cylindriques) :
~ = ρ2~eϕ
B

~ le long d’un cercle de rayon a, centré en l’origine, et situé dans le


i. Calculer la circulation de B
plan xOy.
ii. Retrouver ce résultat en utilisant le théorème de Stokes.
3. (***) Soit le champ vectoriel (écrit dans la base des coordonnées sphériques) :
~ = ~r ∧ ~eϕ
W

~ à travers une section circulaire ABCD délimitée par les points (repérés par
i. Calculer le flux de W
les coordonnées sphériques (r, θ, ϕ) ) :
A = (a, π/2, π/2), B = (2a, π/2, π/2), C = (2a, π/2, 3π/2), D = (a, π/2, 3π/2) (figure ci-dessous).

C D z A B y

x
[réponse : 7πa3 /3]
~ et le théorème de Stokes.
ii. Retrouver le même résultat en utilisant un potentiel vecteur pour W
~ ~ 0
Pour cela on utilisera le fait que W = W = ρ~ez pour tout point M du plan xOy.

14
Université Paris Diderot Année 2018-2019
L2 - Méthodologie 3 (51DE04PH) - MD3 Cours-TD 4

Nombres complexes

Les indications (*), (**) et (***) ne sont pas des indications de difficulté mais indiquent, res-
pectivement, les exercices et les questions qui seront corrigés, ceux dont une correction sommaire
sera donnée et ceux qui ne seront pas corrigés. Tous les exercices ou leurs variations simples sont
susceptibles d’être posés lors des évaluations.

1 Introduction
La solution

générale de l’équation quadratique az 2 + bz + c = 0 pour l’inconnue z est donnée par
2
z = −b± 2ab −4ac . Si le discriminant ∆ ≡ b2 − 4ac est négatif, il faut prendre la racine d’un nombre
négatif pour trouver z. On introduit donc les nombres imaginaires, avec :

i2 = −1 (1)

Alors : √ √ √
16i2 = ±4i , 3i2 = ±i 3, i3 = −i
sont des nombres imaginaires. Mais :
√ √
i2 = −1, 2i2 8i2 , i4n = 1

(avec n un entier) sont des réels.


Les nombres complexes (voir ci-dessous) sont apparus pour la première fois au XVIe siècle dans
la construction des solutions réelles de l’équation cubique :

x3 + mx = n (m, n réels).
Le monde physique ne peut être compris par les nombres réels seuls : la mécanique quantique,
par exemple, est construite dès le départ avec les nombres et fonctions complexes.

2 Parties réelles et imaginaires d’un nombre complexe


Un nombre complexe z est une paire de nombre réels x, y, avec :

z = x + iy (2)

Le réel x est la partie réelle de z, et le réel y est la partie imaginaire de z :

Re(z) = x Im(z) = y (pas iy!) (3)

1
Figure 1 – Plan complexe

Exercice 1 : Parties réelles et imaginaires

Trouver les parties réelles et imaginaires des nombres complexes suivants :


1. (*) z = 3 − 2i

2. (*) z = 1 − i 3
3. (**) z = cos(π/6) + i sin(π/6)
4. (**) z = −1

3 Plan complexe
Quand on utilise le plan réel (x, y) pour représenter le nombre complexe z = x + iy, on parle du
plan complexe (ou encore un diagramme d’Argand). L’axe x est appelé l’axe réel, et l’axe y est appelé
l’axe imaginaire (noter, par contre, qu’on dessine y et non pas iy). La figure 1 donne un exemple.

Exercice 2 : Plan complexe (*)

1. Représenter les nombres complexes de l’exercice 1 sur le plan complexe.


2. Représenter les nombres complexes z = 2 + 3i et z = 2 − 3i sur le plan complexe.

4 Règles d’algèbre complexe


Celles-ci procèdent de façon évidente :

2
4.1 Égalité
Deux nombres complexes sont égaux si et seulement si leurs parties imaginaires sont égales et
leur parties réelles sont égales. Donc, si u et v sont deux nombres complexes :

u=v si Re(u) = Re(v) et Im(u) = Im(v) (4)

Exemple : x + iy = 0 implique que x = 0 et y = 0. De même x + iy = 1 + 4i implique que


x = 1 et y = 4.

4.2 Multiplication par un nombre réel


Soit c un nombre réel. Alors :
c(x + iy) = cx + icy. (5)
Donc cRe(z) = Re(cz) et cIm(z) = Im(cz).

Exemple : −2(2 + i) = −4 − 2i.

4.3 Addition
Soit z = x + iy et w = u + iv deux nombres complexes (avec (x, y, u, v) des réels). Alors

z + w = (x + iy) + (u + iv) = (x + u) + i(y + v). (6)

Donc Re(z + w) = Re(z) + Re(w) et Im(z + w) = Im(z) + Im(w).

Exemple : (5 + 3i) + 2(3i − 1) = 3(1 + 3i).

5 Multiplication de deux nombres complexes


Soit z = x + iy et w = u + iv deux nombres complexes. Alors :

zw = (x + iy)(u + iv) = xu + ixv + iyu − yv = (xu − yv) + i(xv + yu) = wz.

Exemple : (−2 + i)(1 − 3i) = 1 + 7i.

Exercice 3 : Règles d’algèbre complexe

Trouver toutes les valeurs possibles des nombres réels x et y dans les équations suivantes :
1. (*) 5(2ix + 3) = y − i
2. (*) (x + iy)3 = −1
3. (**) (x + iy)2 = (x − iy)2
4. (***) (2x − 3y − 5) + i(x + 2y + 1) = 0

3
6 Complexe conjugué
La conjugaison complexe est une nouvelle opération qui n’existe pas pour les réels.
Soit z = x + iy un nombre complexe, avec x, y réels. Alors son complexe conjugué 1 z ∗ est donné
par :
z ∗ = x − iy (7)
C’est-à-dire, on remplace simplement tous les i par −i.

Exemple : (−2 + i)∗ = −2 − i.

Noter que dans le plan complexe, l’opération de conjugaison complexe correspond à une réflexion par
rapport à l’axe x.
Noter que :
(z ∗ )∗ = z (8)
Donc pour deux complexes w et z, il suit de la définition (7) que :

(z + w)∗ = z ∗ + w∗ (9)
(zw)∗ = z ∗ w∗ (10)
 z ∗ z∗
= . (11)
w w∗

Exemple : Soit z = (−2 + i) et w = (1 − 3i).


Alors [z + w]∗ = (−1 − 2i)∗ = (−1 + 2i), et z ∗ + w∗ = −2 − i + 1 + 3i = −1 + 2i.
Et (zw)∗ = (1 + 7i)∗ = (1 − 7i) et z ∗ w∗ = (−2 + i)∗ (1 − 3i)∗ = (−2 − i)(1 + 3i) = (1 − 7i).

7 Module de z, |z|
Par définition, si z = x + iy, alors :
p
|z| = + x2 + y 2 ≥ 0 (12)

Sur le plan complexe, il correspond à la longueur de la droite entre l’origine et le point z.


√ √
Exemple : | − 2 + i| = 5 ; |1 − 3i| = 10

Vu que :
zz ∗ = (x + iy)(x − iy) = x2 + y 2 (13)
alors on a également :

|z| = zz ∗ (14)
En particulier, la multiplication prend une forme simple en utilisant les complexes conjugués :

|zw| = |z||w| (15)

car : p p √ √ √
|zw| = (zw)(zw)∗ = (zw)(z ∗ w∗ ) = zz ∗ ww∗ = zz ∗ ww∗ = |z||w| (16)
1. Il est aussi souvent noté par z̄.

4
8 Division
Avec le complexe conjugué, il est facile de trouver la partie réelle et imaginaire de :
z
,
w
c’est-à-dire, de l’écrire sous la forme a + ib où a, b ∈ <. Il suffit de multiplier par 1 = w∗ /w∗ et l’on
trouve :
z zw∗ zw∗ 1
= ∗
= 2
= zw∗ (17)
w ww |w| |w|2

Exemple :
−2 + i (−2 + i)(1 + 3i) −5 − 5i −1 − i
= = =
1 − 3i (1 − 3i)(1 + 3i) 10 2

Enfin, par la même logique :


z |z|
= (18)

w |w|

Exercice 4 : Algèbre et plan complexe

1. Représenter les complexes suivants dans le plan complexe. Dans chaque cas, donner les parties
réelles et imaginaires du complexe, ainsi que son module, et son complexe conjugué.
(a) (*) (1 + i)−1
(b) (*) (i − 1)−1
(c) (*) i2 + 2i + 1

(d) (**) (i + 3)2
5
(e) (**) 1+i
1−i
3i−7
(f) (***) i+4
(réponse partielle : − 25
17
+ 19
17
i)
2. Trouver toutes les valeurs possibles des nombres réels x et y dans les équations suivantes :
x+iy
(a) (*) x−iy
=i
(b) (*) |1 − (x + iy)| = x + iy
x+iy+2+3i
(c) (***) 2x+2iy−3
=i+2
3. (**) Dessiner la courbe |z| = 3 dans le plan complexe. Même question pour |z − 1| = 2.
4. (***) Démontrer les équations (15) et (18).

9 Application physique
De nombreux problèmes en physique peuvent souvent être simplifiés si on utilise une équation
complexe plutôt que deux équations réelles.

5
Exemple : Une question typique est la suivante. Une particule se déplace dans le plan (x, y), et
sa position (x(t), y(t)) (où t est le temps) est donnée par :
i + 2t
z = x + iy = . (19)
t−i
Trouver |~v | et |~a| (où ~v et ~a sont respectivement la vitesse et l’accélération) en fonction de t.
Pour répondre à la question on pourrait procéder en écrivant z sous la forme x + iy, donc
déterminer x(t) et y(t) à partir de (19) et puis calculer |~v | et |~a|. Mais il est plus facile de faire
comme suit.
On définit la vitesse complexe et l’accélération complexe par :
dz dx dy d2 z d2 x d2 y
= +i , = + i
dt dt dt dt2 dt2 dt2
Alors : s
dz 2  2
dx dy
= + = |~v |,

dt dt dt
par définition de la vitesse standard. De même d2 z/dt2 = |~a|. De (19), on a :
dz 2(t − i) − (i + 2t) −3i
= 2
=
dt (t − i) (t − i)2
s
−3i +3i 3
|~v | = 2 2
= ,
(t − i) (t + i) 1 + t2
et on trouve de la même façon :
d2 z 6i 6
= , |~a| =
dt2 (t − i)3 (1 + t2 )3/2
On remarque que toutes les quantités physiques sont réelles.

Exercice 5 : Applications

1. (**) Trouver x(t) et y(t) dans l’exemple ci-dessus, et déterminer que ~v et ~a sont correctement
donnés par la méthode de l’exemple. Montrer que la particule parcourt un cercle centré en
z = 1/2 et déterminer son rayon.
2. (***) Trouver ~v et ~a si z = (1 − it)/(2t + i).
3. (***) Trouver ~v et ~a si z = cos(2t) + i sin(2t). Décrire le mouvement.

10 Exponentielles complexes
Les fonctions élémentaires (puissances, racines, sinus, cosinus...) doivent maintenant être étendues
aux complexes. Evidemment dans le cas où le complexe en question z = x + iy n’a qu’une partie
réelle (donc quand y = 0), les définitions doivent se réduire aux définitions standard des fonctions
élémentaires.
Concernant l’exponentielle ez , ces critères sont satisfaits par la définition :

z z2 X zn
ez = 1 + + + ... = (20)
1! 2! n=0
n!

6
Cette série converge pour tout z. De cette définition on peut montrer (exercice suivant) que :

ez1 · ez2 = ez1 +z2 (21)

La dérivation et l’intégration par rapport à un complexe z sont des sujets traités en L3. Pour ce
cours il suffit de savoir que (d/dz)z n = nz n−1 , comme pour un réel.

Exercice 6 : Exponentielle (**)

Montrer à partir de (20) et en se limitant aux trois premiers termes de cette série que :
1. ez1 · ez2 = ez1 +z2 .
2. (d/dz)ez = ez

11 Représentation polaire et formule d’Euler


Soit |z| ≡ r. À partir de la représentation de z = x + iy dans le plan complexe, il est évident que
l’on peut écrire :

x = r cos θ
y = r sin θ.

Ici θ est l’argument de z défini par :


θ = tan−1 (y/x)
où on voit que θ n’est pas unique mais défini modulo 2π (figure 2).
y

θ
x

Figure 2 – Plan complexe

On peut alors écrire :


z = x + iy = r(cos θ + i sin θ) (22)
et donc :
z ∗ = x − iy = r(cos θ − i sin θ) (23)
Maintenant, à partir de (20), on remarque que :

i2 θ2 i3 θ3 i4 θ4
eiθ = 1 + iθ + + + + ...
2 3! 4!
θ2 θ4 θ3
  
= 1− + + ... + i θ − + ...
2 4! 3!
= cos θ + i sin θ

7
Donc, on arrive à la formule d’Euler :
eiθ = cos θ + i sin θ (24)
d’où p
|eiθ | = cos2 θ + sin2 θ = 1. (25)
De plus, avec (22), on conclut que :

z = reiθ et z ∗ = re−iθ (26)


Dans cette forme dite polaire, l’expression pour la multiplication et la division de deux nombres
complexes z1 = eiθ1 et z2 = eiθ2 se simplifie beaucoup :
z1
z1 z2 = ei(θ1 +θ2 ) , = ei(θ1 −θ2 ) (27)
z2


Exemple : z = eiπ/3 = cos(π/3) + i sin(π/3) = 12 (1 + 3i)

Exercice 7 : Représentation polaire (*)

1. Écrire sous la forme x + iy les complexes suivants et les représenter dans le plan complexe :
(a) 2eiπ/6
(b) eiπ
(c) 3e−iπ/2
(d) e2iπn avec n ∈ N
2. Écrire sous la forme x+iy les complexes suivants. Il est plus facile de passer par la représentation
polaire pour le faire.
(a) eiπ + e−iπ

(b) (1 + 3i)6
 √ 10
(c) (**) i−12

(1−i 3)21
(d) (***) (i−1)38
3. Calculer z1 z2 et z1 /z2 pour z1 = eiπ/3 et z2 = eiπ/2
4. Calculer |eiθ | pour tout θ réel.
5. Déduire de la question 4 ci-dessus que |ez | = ex pour tout complexe z = x + iy.

12 Théorème de de Moivre
À partir de (24) on a :
(eiθ )n = (cos θ + i sin θ)n
D’autre part :
(eiθ )n = eniθ = cos(nθ) + i sin(nθ)
où l’on a encore utilisé (24) dans la dernière égalité. Donc on arrive au théorème de de Moivre :
cos(nθ) + i sin(nθ) = (cos θ + i sin θ)n (28)

8
Exercice 8 : Application du théorème de de Moivre

1. (*) Utiliser (28) avec n = 2 pour retrouver les relations classiques :


cos(2θ) = cos2 θ − sin2 θ
sin(2θ) = 2 cos θ sin θ

2. (***) Utiliser (28) avec n = 3 pour montrer que :


cos(3θ) = 4 cos3 θ − 3 cos θ
sin(3θ) = 3 sin θ − 4 sin3 θ

13 Racines nièmes d’un complexe


Considérons l’équation :
z n + a1 z n−1 + a2 z n−2 + . . . + an−1 z + an = 0, (29)
où z est un complexe, et les ai (i = 1, . . . n) également. Un théorème fondamental dit que toute
équation complexe de ce type a n racines (complexes en général).
Donc, par exemple, l’équation z n = 1 a n solutions pour un n donné.

Exemple : Trouver les solutions de z 3 = 1.

Puisque e2πip = 1 pour p ∈ Z alors les racines de z 3 = 1 sont √ e2πip/3 . Soit, avec p = 0 on a la
0 2πi/3
racine z0 = e = 1. Avec√ p = 1 on a la racine z1 = e = −1/2 + 3i/2. Avec p = 2 on a la racine
4πi/3
z2 = e = −1/2 − 3i/2. Avec p = 3 on retrouve la racine z0 ; avec p = 4 on retrouve la racine
z1 ; avec p = 5 on retrouve la racine z2 , etc. Donc les 3 racines sont z0,1,2 .

Méthode pour trouver les racines de z n = a avec a ∈ C


On met le terme de droite sous forme exponentielle : a = |a| exp(iφ)
On cherche z = |z| exp(iθ). On a donc |z| = |a| et θ = φ+2kπ
p
n
n
avec k entier relatif.

Exercice 9 : Racines (*)

1. Dessiner les racines de z 3 = 1 dans le plan complexe.


2. Trouver les racines de z 4 = 1 et les dessiner dans le plan complexe.
3. Trouver les racines de z 2 = −2i, et les dessiner dans le plan complexe.

14 Fonctions trigonométriques
À partir de la formule d’Euler et de son complexe conjugué :
eiθ = cos θ + i sin θ e−iθ = cos θ − i sin θ,
en prenant la somme et la différence on arrive à :

eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ


cos θ = , sin θ = (30)
2 2i

9
Ces relations sont particulièrement utiles quand il s’agit d’évaluer des intégrales, car il est nettement
plus facile d’intégrer des produits d’exponentielles que des produits de sinus et cosinus (voir exercices).
Dans les relations (30), θ est une variable réelle. Pour une variable complexe z, on définit sin z et
cos z de façon analogue à (30) :

eiz + e−iz eiz − e−iz


cos z = , sin z = (31)
2 2i

ei·i +e−i·i e−1 +e 1 e


Exemple : cos(i) = 2
= 2
= 2e
+ 2
= 1.543...
π ei(π/2+i ln 2) −e−i(π/2+i ln 2) eiπ/2 e− ln 2 −e−iπ/2 eln 2 i/2−2(−i)
= 54 .

Exemple : sin 2
+ i ln 2 = 2i
= 2i
= 2i

Exercice 10 : Fonctions trigonométriques d’un nombre complexe (***)

1. En utilisant leurs définitions, montrer que sin2 z + cos2 z = 1 et que d


dz
(sin z) = cos z. Que vaut
d
dz
(cos z) ?
2. Écrire les complexes suivants sous la forme x + iy :
(a) sin i
(b) (**) sin(π − i ln 3)
(c) tan(2i)
(d) e3 ln 2−iπ (réponse : -8)
3. Dans les intégrales suivantes, exprimer les sinus et cosinus sous forme exponentielle, puis intégrer
pour montrer que :
´π
(a) (**) −π cos 2x cos 3x dx = 0
´π
(b) −π sin 2x cos 3x dx = 0
´π
(c) −π cos2 3x dx = π
´
4. Évaluer e(a+ib)x dx puis prendre les parties réelles et imaginaires pour montrer que :
ˆ
eax (a cos bx + b sin bx)
eax cos bx dx =
a2 + b 2
ˆ ax
e (a sin bx − b cos bx)
eax sin bx dx =
a2 + b 2

15 Fonctions hyperboliques
Soit z imaginaire pur, donc z = iy. Dans ce cas, (31) donne :

ey − e−y
sin iy = i
2
ey + e−y
cos iy =
2

10
Les fonctions réelles sur la droite de ces identités ont des noms spéciaux car ces combinaisons d’expo-
nentielles apparaissent fréquemment dans de nombreux problèmes physiques. Ils s’appellent le “sinus
hyperbolique” et “cosinus hyperbolique”, et pour tout z complexe, ils sont définis par :

ez + e−z ez − e−z
cosh z = , sinh z = (32)
2 2

Les autres fonctions hyperboliques sont définies (et nommées) de façon analogue aux fonctions tri-
gonométriques :
sinh z 1 1 1
tanh z = , coth z = , sechz = , cschz = (33)
cosh z tanh z cosh z sinh z
Remarquer que
sin(iz) = i sinh z , cos(iz) = cosh z (34)
et qu’à partir de leur définition, on peut montrer que :

cosh2 z − sinh2 z = 1 (35)

et :
d
cosh z = sinh z (36)
dz
d
sinh z = cosh z (37)
dz

Exercice 11 : Calculs de fonctions hyperboliques de nombres complexes (***)

1. Montrer (35), (36) et (37).


2. (**) Montrer que sin z = sin(x + iy) = sin x cosh y + i cos x sinh y et trouver les zéros de sin z.
3. Question analogue pour cos z, sinh z et cosh z.
4. Montrer que
enz = (cosh z + sinh z)n = cosh nz + sinh nz.
Utiliser cette relation, ainsi qu’une autre semblable pour e−nz pour montrer que cosh 2z =
cosh2 z + sinh2 z. Quelle est l’expression pour sinh 2z ?
tan x+i tanh y
5. Montrer que tan z = tan(x + iy) = 1−i tan x tanh y
. Trouver une expression semblable pour tanh z.
6. Trouver les parties réelles et imaginaires de
(a) (**) cosh(2 − 3i)
(b) sin(x − iy)
(c) tan(2i) (cf. ex.10 .2(c) où on fera apparaı̂tre la fonction tanh dans le résultat)
(d) tanh(1 + i)
(e) cosh(2πi)

3 5 3
(f) sinh(ln 2 + iπ/3) (réponse : 8
+ 8
i)

11
.
Université Paris Diderot Année 2018-2019
L2 - Méthodologie 3 (51DE04PH) - MD3 Cours-TD 5

Équations différentielles linéaires

Les indications (*), (**) et (***) ne sont pas des indications de difficulté mais indiquent, respective-
ment, les exercices et les questions qui seront corrigés, ceux dont une correction sommaire sera donnée
et ceux qui ne seront pas corrigés. Tous les exercices ou leurs variations simples sont susceptibles d’être
posés lors des évaluations.

1 Introduction
Les lois de la physique s’expriment souvent en faisant intervenir des dérivées de grandeurs par
rapport à des variables telles que le temps ou les coordonnées d’espace (par exemple l’équation d’oscil-
lation d’un pendule ou les équations de Maxwell). Ces relations sont des équations différentielles plus
ou moins compliquées dont les solutions générales sont, soit simples à trouver, soit vous sont données.
Si de plus, on impose des conditions aux limites (conditions initiales, conditions de bords...) en nombre
suffisant, il ne subsistera plus qu’une solution physique à l’équation.

Une équation différentielle est une relation entre les dérivées (qui peuvent être partielles) d’une
fonction (scalaire ou vectorielle) y(xi ) qui peut s’écrire sous la forme :

∂y ∂2y ∂ny
F (xi , y, , , ... )=0
∂xi ∂xi ∂xj ∂xi ∂xj ...∂xk
On appelle ordre de l’équation différentielle l’ordre de dérivation le plus élevé parmi les dérivées de
la relation F = 0.

Une équation différentielle a une infinité de solutions, paramétrées par une ou plusieurs constantes
d’intégrations. Le nombre de constantes d’intégration est égal à l’ordre de l’équation 1 .

Trouver la solution générale de l’équation veut dire trouver l’ensemble de toutes les solutions pos-
sibles, incluant les constantes d’intégration. Une solution particulière est obtenue si on spécifie la valeur
de toutes les constantes d’intégration. Sauf pour des cas très spéciaux (équations linéaires, équations
à variables séparables), on ne connaît pas la solution générale d’une équation différentielle, néanmoins
on peut souvent trouver des solutions particulières.

Par la suite, on se limitera à des équations ne faisant apparaître que des dérivées d’une seule va-
riable x (dérivées non partielles).

1. Pour les équations aux dérivées partielles, il est égal à la somme des ordres de l’équation par rapport aux différentes
variables indépendantes. Ici on se limitera aux équations différentielles ordinaires (à une seule variable).

1
2 Rappel : Équations du premier ordre à variables séparables
Une équation différentielle ordinaire du premier ordre est à variables séparables si elle peut être
écrite sous la forme :
dy
F (y) = G(x)
dx
où F (y) et G(x) sont deux fonctions connues. Dans ce cas, on peut intégrer facilement l’équation : en
“multipliant par dx” les deux côtés on peut l’écrire sous la forme :

F (y)dy = G(x)dx, (1)

et si on intègre les deux côtés on trouve :


Z Z
F (y)dy = G(x)dx (2)

Pour trouver la solution explicite il faut trouver la primitive de F (y) et G(x) puis expliciter y(x).

Exemple. On veut trouver la solution générale de l’équation :

y0 = y2x

La forme à variables séparées est :


Z Z
1 dy dy
=x ⇒ = xdx
y 2 dx y2

En intégrant (sans oublier d’ajouter une constante d’intégration K dans l’un des deux côtés) on trouve :

1 x2 2
− = +K ⇒ y(x) = − (3)
y 2 x2 + 2K

La constante K est fixée par une condition initiale y(x0 ) = y0 .

Exercice 1 : Trouver la solution générale des équations différentielles :

(∗) 2xy 0 = 1 + y, (∗∗) y 0 − y 2 = 1

Exercice 2 : Évolution explosive de la population (**)

Pour cette loi d’évolution, le taux de croissance du nombre d’habitants N (t) à l’instant t est propor-
tionnel à N (t)2 .
1. Traduire cette loi en écrivant l’équation différentielle correspondante.
2. Résoudre cette équation en utilisant la séparation des variables. On appellera N0 le nombre à l’ins-
tant initial t = 0. Tracer l’allure de la courbe N (t). À quel instant peut-on parler d’"explosion" ?
3. Pour une population mondiale de N0 = 7 · 109 habitants et une croissance de 10−12 /an/habitant,
calculer en combien de temps le nombre d’habitants aura doublé. La loi utilisée est-elle réaliste ?

2
3 Équations différentielles linéaires
Une équation différentielle est linéaire si la relation peut s’écrire sous la forme d’un polynôme de
degré 1 pour chaque dérivée, dont les coefficients ne dépendent que de la variable x.

dy d2 y dn y
A(x) + B0 (x) y + B1 (x) + B2 2 + .... + Bn (x) n = 0 (4)
dx dx dx
Si les coefficients A(x), Bi (x) du polynôme sont constants, on dit qu’il s’agit d’une équation linéaire à
coefficients constants.

L’équation différentielle est homogène (sans second membre), si de plus le terme A(x) est nul.

Exercice 3 : Qui est quoi ?

1. (*) Comment qualifiez-vous chacune des équations différentielles suivantes ?


dy
(a) dx + xy = cos(x)
dy
(b) sin(x2 ) dx +y+x=0
3
(c) ch(t) ddt3x + 1 dx
1+t2 dt
+ x2 = eαt

.
2. (**) Écrire les expressions des lois physiques suivantes et qualifier les équations différentielles
correspondantes :
(a) équation d’oscillation d’un pendule simple dans un plan vertical dans le cas général et dans
le cas d’une faible amplitude (fonction : l’angle entre le pendule et la verticale θ(t))
(b) équation de charge d’un condensateur (fonction : la charge du condensateur q(t))
(c) équation de propagation de la lumière dans le vide (voir CTD 3 ex. 4, eq. 23) (fonction : le
~ r, t))
champ électrique E(~
(d) équation de propagation de la chaleur à une dimension (voir CTD1 ex.10) incluant le coef-
ficient de diffusion thermique Dth (fonction T (x, t))

3.1 Équations linéaires homogènes : principe de superposition


Si le terme A(x) dans l’équation (4) est absent, l’équation est homogène. On a alors les propriétés
suivantes :
1. Si y1 (x) et y2 (x) sont deux solutions d’une équation différentielle linéaire homogène d’ordre quel-
conque, α1 y1 (x) + α2 y2 (x) l’est aussi, α1 et α2 étant deux constantes (cas particuler : si y(x)
est une solution, α y(x) l’est aussi).

2. la solution générale yh (x) d’une équation linéaire homogène d’ordre n, est une combinaison
linéaire de n solutions indépendantes 2 :

yh (x) = α1 y1 (x) + α2 y2 (x) + ... + αn yn (x)

Les n coefficients αi jouent le rôle des constantes d’intégration.


2. Deux fonctions f1 et f2 sont indépendantes s’il n’existe pas de réel k tel que f1 = k f2 .

3
3.2 Solution générale d’une équation différentielle linéaire non-homogène
Considérons maintenant le cas A(x) 6= 0 dans la forme générale de l’équation linéaire (4). Si ya (x)
et yb (x) sont deux solutions, alors ya − yb est une solution de l’équation homogène. Donc, pour trouver
l’équation générale de l’équation non-homogène, il suffit de trouver une solution particulière, et rajouter
la solution générale de l’équation homogène (avec ses n constantes d’intégration). On a donc le résultat :

La solution générale de l’équation non-homogène est la somme de la solution générale de l’équation


homogène et d’une solution particulière de l’équation homogène.

Comme on a déjà caractérisé la solution générale de l’équation homogène (voir section précédente),
la solution générale de l’équation complète est de la forme :

y(x) = yp (x) + yh (x; α1 , . . . αn ) (5)


où yp est une solution quelconque de l’équation non-homogène, et

yh (x; α1 , . . . αn ) = α1 y1 (x) + α2 y2 (x) + ... + αn yn (x)

est la solution générale de l’équation homogène.

Exercice 4 : (**)

Résoudre l’équation de charge d’un condensateur d’un circuit RC alimenté avec un générateur de
tension constante. Comment peut-on obtenir un générateur de signaux triangulaires à partir d’un
circuit RC ?

4 Méthodes de résolution des équations différentielles linéaires du


premier ordre

Pour les équations du premier ordre, la forme générale (4) peut s’écrire 3 :

y 0 (x) + g(x)y(x) = f (x) (6)

4.1 Équations différentielles linéaires homogènes


Dans ce cas il y a une seule constante d’intégration (donc une seule solution indépendante).

Séparation des variables


Une équation linéaire homogène du premier ordre est toujours à variables séparables : la forme
génerale (6) avec f (x) = 0 se réduit à :
Z
dy dy
= −g(x)y ⇒ = −g(x) ⇒ log y = − dxg(x) + k
dx y
La solution générale est donc :
 Z 
yh (x) = K exp − dxg(x) (7)

où on a remplacé la constante additive k par une constante multiplicative K ≡ ek .


3. L’équation ci-dessous est équivalente à la (4) si le coefficient B1 (x) ne s’annule nulle part. S’il y a des points isolés
xi où B1 (xi ) = 0, alors il faut résoudre l’équation séparément dans chaque région où B1 6= 0, et sélectionner la région
appropriée selon la condition initiale.

4
1. Exemple : y 0 + (sinx) y = 0
=⇒ dy
y = − sin(x) dx =⇒ ln(y) = cos(x) + k

2. Autre exemple physique : masse m soumise à une force de freinage de la forme F~ = −α~v
m d~
v
dt = −α~ v =⇒ dv α v α
v = − m dt =⇒ ln v0 = − m (t − t0 ) soit :
α

~v = v~0 exp − m t où v~0 est la vitesse à l’instant initial t0 = 0.

Exercice 5 : Autre exemple (***)

Soit l’équation : y 0 − ex y = 0. Trouver la solution qui satisfait la condition y(x = 0) = 1


x
(Rép. : y(x) = 1e ee ).

4.2 Équations différentielles linéaires non-homogènes


À noter : la détermination des constantes d’intégration se fera sur l’expression de la solution géné-
rale.

Pour résoudre une équation non homogène (avec second membre) on dispose de plusieurs approches,
une fois que l’on a résolu l’équation homogène :

1. Par essai

On cherche une solution particulière yp (x) de l’équation non-homogène de la même forme que le
second membre f (x) de l’équation (6)). Par exemple :
— s’il s’agit d’un polynôme P (x), on cherche une solution polynomiale Q(x) de même degré,
— s’il s’agit du produit d’un polynôme par une exponentielle P (x) exp(αx), on cherche une
solution sous la forme Q(x) exp(αx) où Q(x) est un polynôme de même degré que P (x),
— s’il s’agit d’une forme P1 (x) cos(αx) + P2 (x) sin(αx), on cherche une solution sous la forme
Q1 (x) cos(αx) + Q2 (x) sin(αx) où Q1 (x) et Q2 (x) sont des polynômes de plus haut degré
entre P1 (x) et P2 (x).

2. Méthode de la variation de la constante

On cherche une solution particulière de la même forme que la solution (7) de l’équation homogène,
mais en faisant dépendre la constante d’intégration de la variable x :
 Z 
yp (x) = K(x) exp − g(x)dx

En remplaçant dans l’équation (6) on obtient une équation séparable pour K(x) :
Z 
0
K (x) = f (x) exp g(x)dx

qu’il suffit d’intégrer une fois. La solution particulière cherchée est donc :
 Z Z Z 
yp (x) = exp − g(x)dx exp g(x)dx f (x)dx

5
4.3 Exemple d’application
Nous allons appliquer ces deux options à l’exemple simple suivant :
dy
a + by = sin(x)
dx
La solution générale de l’équation sans second membre est :
b
yh (x) = K exp(− x)
a
1. Méthode de recherche de fonctions de même forme que le second membre

On cherche une solution particulière de la forme yp = k1 sin(x) + k2 cos(x).


b/a
On obtient les deux relations : ak1 + bk2 = 0 et −ak2 + bk1 = 1 soit : k1 = a+b2 /a
et k2 = − a+b12 /a
La solution générale de l’équation est alors :
b b/a 1
y(x) = K exp(− x) + sin(x) − cos(x)
a a + b2 /a a + b2 /a
La constante K pourra être déterminée si on connait la valeur de y pour un x donné (une condi-
tion suffit pour une équation du premier ordre).

2. Méthode de la variation de la constante

On cherche la solution particulière sous la forme :


b
yp (x) = K(x) exp(− x).
a
Les termes en K s’éliminent et on obtient : dK 1 b
dx = a sin(x)exp(+ a x) puis on intègre pour obtenir
ix −ix
K(x). Pour cela on utilise les complexes. On remplace sin(x) par : sin(x) = e −e 2i
On obtient :
 
1 1 b 1 b
K(x) = exp(i + )x − exp(−i + )x
2ai (i + b/a) a (−i + b/a) a
En réduisant au même dénominateur :
 
1 b b b
K(x) = exp( x) exp(ix) − exp(−ix) − i(exp(ix) + exp(−ix))
2ai(1 + b2 /a2 ) a a a
 
1 b b
= exp( x) 2isinx − 2icosx
2ai(1 + b2 /a2 ) a a
Après simplification, on obtient bien le même résultat que ci-dessus...

Cette solution particulière de l’équation non-homogène (avec second membre) s’écrit donc de la
même façon qu’en utilisant la solution particulière de la même forme que le second membre qui
s’est avérée plus rapide à obtenir. Néanmoins cette méthode de variation des constantes est plus
puissante car elle peut s’appliquer pour un second membre de forme quelconque.

Exercice 6 : À vous de jouer !

Résoudre en utilisant l’une ou l’autre des deux méthodes précédentes les équations suivantes :
1. (*) sur l’intervalle ]0, ∞[ : y 0 + x−1x y =x
2

2. (**) sur l’intervalle ]0, 1[ : y 0 − xy = √1−x


x
2

6
5 Équations linéaires du second ordre à coefficients constants
Dans le cas de l’ordre 2, il n’existe pas une méthode d’intégration générale. En revanche, elle existe
dans le cas où les coefficients des termes qui contiennent la fonction et ses dérivées sont constants.
On considère donc une équation pour la variable x(t) de la forme générale 4 :

ax00 + bx0 + cx = f (t)


où a, b, c sont des coefficients qu’on supposera réels.
On applique la règle générale : il faut d’abord trouver une solution générale de l’équation sans
second membre.

5.1 Équation homogène : équation aux racines


On cherche des solutions de la forme x(t) = kert . Le paramètre r doit donc satisfaire :

ar2 + br + c = 0
Cette équation du second degré s’appelle « équation caractéristique » ou « équation aux racines ».
Selon le signe du discriminant ∆ = b2 − 4ac, elle admet deux racines réelles ( ∆ > 0), une racine
double ( ∆ = 0), deux racines complexes (∆ < 0).

1er cas : ∆ > 0 √ √


−b + ∆ −b − ∆
r1 = et r2 =
2a 2a
En physique, on pose usuellement :

1 b ∆ 1 1
= et ω = soit r1 = − + ω et r2 = − − ω
τ 2a 2a τ τ
La signification physique de ces deux grandeurs est introduite dans l’exemple ci-dessous.

La solution générale de l’équation homogène s’écrit :


−t
x(t) = k1 er1 t + k2 er2 t = e τ (k1 eωt + k2 e−ωt )
L’équation étant du second ordre, deux constantes d’intégration figurent dans la solution. Ne pas
chercher à déterminer maintenant ces constantes à partir de deux conditions initiales ! Il faut attendre
d’avoir écrit la solution générale de l’équation non-homogène (avec second membre).

2e cas : ∆ = 0

L’équation caractéristique admet une racine double :

b
r1 = −
2a
On admettra (voir démonstration en maths) que la solution générale de l’équation homogène s’écrit :

x(t) = (α t + β)er1 t
3e cas : ∆ < 0

4. On garderait la généralité du problème en ramenant à l’unité le coefficient du terme du second ordre.

7
L’équation caractéristique admet deux solutions complexes conjuguées :
√ √
−b + i −∆ −b − i −∆
r1 = et r2 =
2a 2a
On pose :

1 b −∆ 1 1
= et ω = soit r1 = − + iω et r2 = − − iω
τ 2a 2a τ τ
L’équation différentielle admet comme solution générale x(t) une combinaison linéaire des deux
solutions complexes conjuguées :
t t
x1 (t) = e− τ e+iωt et x2 (t) = e− τ e−iωt
.
x(t) = αx1 (t) + βx2 (t)
Or dans les problèmes physiques x(t) est en général un réel. Les fonctions x1 (t) et x2 (t) s’écrivent
aussi :
t
x1 (t) = e− τ (cos ωt + i sin ωt)

t
x2 (t) = e− τ (cos ωt − i sin ωt)
Ce qui permet de constater que les deux fonctions :
1 t
X1 (t) = (x1 (t) + x2 (t)) = e− τ cos ωt
2

1 t
X2 (t) = (x1 (t) − x2 (t)) = e− τ sin ωt
2i
sont des fonctions réelles également solutions de l’équation différentielle.
La solution générale réelle de l’équation homogène s’écrit alors :
t
x(t) = e− τ (Acos(ωt) + Bsin(ωt))

où A et B sont des constantes réelles généralement déterminées par les conditions initiales et les
conditions aux limites du problème physique.
Remarque : on peut également écrire cette solution sous la forme :
t
x(t) = x0 e− τ cos(ωt + ϕ)

où x0 et ϕ sont deux constantes réelles.

Exercice 7 : Oscillations libres amorties d’un masse accrochée à un ressort (*)

Une masse m est accrochée à un ressort de raideur k et plonge dans un liquide visqueux. On l’écarte
verticalement de sa position d’équilibre d’une quantité x0 . La masse subit un frottement proportionnel
à sa vitesse f~ = −α~v . En écrivant la relation fondamentale de la dynamique, l’écart par rapport à la
position d’équilibre (x = 0), à un instant t, x(t), satisfait l’équation :

d2 x dx
m +α + kx = 0
dt2 dt

8
On pose : τ = 2m 2
α , constante de temps d’« amortissement, » et ω0 =
k
m ,où ω0 est appelée pulsation
propre du système. L’équation du mouvement devient alors :
d2 x 2 dx
+ + ω02 x = 0
dt2 τ dt
Trouver la solution générale en discutant, selon les valeurs des paramètres τ et ω0 , les trois différents
régimes (pseudo-périodique, critique, apériodique) qui correspondent aux trois cas, ∆ < 0, ∆ = 0,
∆ > 0. Pour chacun des cas on donnera le domaine de valeurs possibles du facteur de qualité :
ω0 τ
Q=
2
Vérifier que dans le régime pseudo-périodique la période d’oscillation est plus longue que la période
propre du système non amorti. Pour cela on montrera que :
r
1
ω = ω0 1 −
4Q2
Montrer que, dans le cas d’un amortissement faible (Q >> 1/2) , le facteur de qualité du système
oscillant est égal, à 2π près, au rapport de l’énergie totale (cinétique + potentielle) emmagasinée sur
une période sur l’énergie dissipée par période.

L’allure de x(t) est donnée sur la figure 1.

Figure 1 – Différents régimes d’amortissement, pour une pulsation propre de ω0 = 0.01 rad s−1

Exercice 8 : Tracé des vitesses pour les deux cas apériodiques (***)

Vérifier que la vitesse ẋ(t) passe par un extremum à tmax = τ dans le régime critique et à tmax =
1 1/τ +ω
2ω ln 1/τ −ωdans le régime apériodique.

9
Exercice 9 : Circuit RLC (**)

Un circuit électrique est composé d’une résistance R, d’une capacité C et d’une bobine d’auto-
inductance L (de résistance interne négligeable) montées en série et alimentées par une tension V (t).

On montre en électrocinétique que la tension UC (t) aux bornes du condensateur est donnée par
l’équation différentielle suivante :

d2 UC dUC
LC 2
+ RC + UC = V (t)
dt dt
1. Quelle est l’expression de la pulsation propre ω0 du système ? Quelle est son unité ?
2. Quelle est l’expression de la constante de temps d’amortissement τ ? Quelle est son unité ?
3. Quel est le facteur de qualité Q du circuit ? Quelle est son unité ?
4. On suppose que l’on a chargé le condensateur (à t = 0) avec une tension Em et qu’on le laisse se
décharger dans la bobine et la résistance. L’équation différentielle correspondant à ce régime libre
(ou propre) est donné par l’expression homogène de l’équation ci-dessus (V (t) = 0). Résoudre
cette équation et étudier les différents régimes possibles.
5. (***) On suppose maintenant que l’on impose un échelon de tension avec le générateur, à sa-
voir une tension Em constante. Que devient l’équation différentielle ? La résoudre et étudier les
différents régimes.

5.2 Équations linéaires du second ordre non-homogènes, avec second membre pé-
riodique
5.2.1 Régime transitoire et régime permanent : quelques caractéristiques
Une équation différentielle linéaire faisant intervenir des grandeurs périodiques dépendantes du
temps, avec un second membre périodique pourra avantageusement être résolue à l’aide de la notation
complexe.

Rappelons que la solution générale de l’équation avec second membre est la somme de la solution
générale de l’équation sans second membre (homogène) et d’une solution particulière qu’on choisit de
même forme que le second membre, ici sous la forme d’une fonction oscillante.

Nous avons vu que la solution sans second membre est amortie après une durée de l’ordre de τ ,
d’autant plus rapidement que le terme de "frottement" en mécanique ("résistance" en électricité) est
important. Ce régime transitoire pourra donc être négligé après un certain temps.

Après ce régime, le "mouvement" n’est plus imposé que par le terme du second membre (excita-
teur) : le système est dit dans le régime permanent et subit des oscillations forcées. Selon la valeur de
la pulsation ω de l’excitateur par rapport à la pulsation propre ω0 du système (appelé résonateur),
celui-ci peut entrer en résonance. Celle-ci sera d’autant plus aigüe que l’amortissement sera faible.

Nous allons décrire les propriétés de ce régime pour l’exemple de la masse accrochée à un ressort.

10
5.2.2 Exemple : oscillations forcées d’une masse accrochée à un ressort
Par l’intermédiaire d’un moteur et d’un système bielle-manivelle 5 , on fait subir à la masse une force
sinusoïdale supplémentaire qui se traduit par le terme F (t) = F0 cos ωt constituant le second membre
de l’équation du mouvement :

d2 x dx
m 2
+α + kx = F0 cos ωt (8)
dt dt
On cherche une solution particulière de la forme x(t) = x0 cos(ωt − ϕ(ω)).

La réponse du résonateur à l’excitateur est à la même fréquence que lui ; son amplitude x0 et sa
phase ϕ en dépendent.
Il est commode d’étudier d’abord une équation auxiliaire, dont le seconde membre est complexe :

d2 x dx
m 2
+α + kx = F0 eiωt (9)
dt dt

et chercher une solution particulière complexe de la forme x(t) = x0 ei(ωt−ϕ) , où x0 et F0 sont des
amplitudes réelles.

En remplaçant x(t) et ses dérivées, on obtient :


 
2 F0 iϕ
x0 2
−ω + i ω + ω02 = e (10)
τ m
p
avec τ = 2m/α et ω0 = k/m.
On identifie les parties réelles et imaginaires, ce qui permet d’obtenir l’amplitude x0 (ω) et la phase
ϕ(ω) :

F0 /m
x0 (ω) = q
2
(ω02 − ω 2 )2 + 4 ωτ 2

et :

m 2ω m
sin ϕ(ω) = · · x0 (ω) et cos ϕ(ω) = · (ω02 − ω 2 ) · x0 (ω)
F0 τ F0
soit :
2ω/τ
tanϕ(ω) = .
ω02 − ω 2

De même, la fonction complexe conjuguée x0 e−i(ωt−ϕ) est solution de la forme complexe conjuguée
de l’équation (9), avec les mêmes paramètres x0 , ϕ. Or, le second membre de l’équation physique
originelle (8) est (1/2)(somme de ceux de l’équation complexe et de sa complexe conjuguée), donc la
combinaison linéaire
1 
xp (t) = x(t) + (x(t))∗ = x0 cos(ωt − ϕ(ω))
2
est bien une solution particulière (réelle) de l’équation du départ.

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Figure 2 – Représentation graphique de x0 (ω) · (m/F0 ) (en s2 ) en fonction de la pulsation ω, pour une
pulsation propre ω0 = 0.01 rad · s−1 . Les différentes courbes représentent différentes valeurs de τ , en
pour les forts amortissements (τ = 10, 50, 75, 100, 130 secondes), pour la valeur limite en rouge,
bleu √
τ = 2/ω0 = 141 s, et pour des faibles amortissements en noir (τ = 150, 200, 300, 500 secondes). En
pointillés rouges, la courbe donnant la fréquence de résonance ωr . (Voir version en couleur sur le site
Moodle).

1. Courbe de résonance

L’amplitude passe par un maximum lorsque le dénominateur est minimum soit pour la valeur :
r
2
ωr = ω02 − 2
τ
Cette valeur est toujours inférieure à ω0 (voir fig. 2).

Lorsque l’amortissement est très faible (ω0 τ / 2  1), ωr tend vers ω0 et l’amplitude x0 tend
vers l’infini.

Lorsque que l’amortissement est fort (ω0 τ / 2 < 1), il n’y a plus de maximum sauf à l’origine.

2. Déphasage

Il est compris entre 0 et π (car sinϕ(ω) > 0), donc, compte tenu de la définition de ϕ, la réponse de
la masse m à l’excitation est toujours en retard par rapport
 pà celle-ci.   π/2
La phase vaut pour ω 
=
p
2 2
ω0 (voir fig. 3) et vaut à la résonance : ϕ(ωr ) = arccos 1/ ωr τ + 1 = arccos 1/ ω0 τ − 1 .2 2

5. illustration : http ://www.sciences.univ-nantes.fr/sites/genevieve_tulloue/Meca/Oscillateurs/ressort_rsf.html

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Figure 3 – Représentation graphique de ϕ(ω) en fonction de la pulsation ω, pour une pulsation propre
ω0 = 0.01 rad · s−1 . Les différentes courbes représentent différentes valeurs de τ , en bleu pour√les forts
amortissements (τ = 10, 50, 75, 100, 130 secondes), pour la valeur limite en rouge, τ = 2/ω0 =
141 s, et pour des faibles amortissements en noir (τ = 150, 200, 300, 500 secondes). En pointillés
rouges, la courbe donnant la fréquence de résonance ωr . (Voir version en couleur sur le site Moodle).

Exercice 10 : Paramètres de la résonance (***)

Après avoir établi les expressions de x0 (ω) et tanϕ(ω), retrouver les propriétés énoncées ci-dessus
concernant la résonance (amplitude et déphasage).

Exercice 11 : Courbe de résonance de la vitesse (**)

1. Dans le cas de l’exemple de la masse accrochée au ressort, montrer qu’en régime forcé, la vitesse
passe par un maximum à la pulsation ω0 quel que soit l’amortissement.
2. Montrer aussi que le déphasage de la vitesse par rapport à la force excitatrice est : ϕ0 = ϕ − π2 .
Quelle est sa valeur à la résonance ?

Exercice 12 : Circuit RLC, la suite (*)

On reprend le circuit RLC série de l’exercice 9, alimenté en régime sinusoïdal par V (t) = Em cos ωt.
1. Écrire l’équation différentielle correspondante en utilisant la notation complexe.
2. Déterminer alors la solution (complexe) de cette équation.
3. En déduire la solution réelle.
4. Comparer les propriétés du courant i(t) par rapport à la charge q(t), en particulier leurs ampli-
tudes en fonction de ω.

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