Tout ce qu’on sème

Instantanés de Connecte !
Dossier éducatif
L’éducation affective et sexuelle
GPS +
Relecture : le regard augmenté

Quel touriste es-tu ?

© Élodie Augé - SGDF

n° 60 Trimestriel Août 2019 compagnons.sgdf.fr sgdf.fr

4€
 Édito
Sommaire
© Olivier Ouadah - SGDF

Des images plein les yeux, et déjà des

projets plein la tête ! C’est ainsi que se Questions de génération 3
termine l’année et que commence la sui- Quel touriste es-tu ?
vante. Pour les 20 000 participants à 60 millions de foulards 8
Agir pour protéger les enfants
Connecte, ces images sont teintées de
bleu et marquées par les sourires de tous ces jeunes pour qui À toi de jouer ! 10
AG 2019 : les (bonnes) résolutions
c’était le premier jamboree, le premier camp, et même pour
Orientations 11
certains, la première expérience avec un foulard autour du Mission : médiateur
cou ! Pour tous les autres, les souvenirs sont bien entendu
Tout ce qu’on sème 12
aussi forts, car le scoutisme que l’on vit en camp, en équipe, Instantanés de Connecte !
en unité, est une expérience qui marque pour la vie. GPS+ 14
Chaque nouvelle année apporte son lot de défis ! Parmi eux, Relecture : le regard augmenté
il y en a un auquel nous devons consacrer beaucoup d’énergie : Le sens de la vie 16
offrir à chacun des enfants et des jeunes que nous accueillons La nostalgie
un espace bienveillant qui lui permettra aussi d’affronter la Spi box 18
réalité parfois dure que chacun est amené à vivre. Une célébration sans prêtre
Et chaque fin d’année est aussi l’occasion de remercier celles Dossier éducatif 19
L’éducation affective et sexuelle,
et ceux qui s’engagent comme responsables ! Votre engage-
avec justesse et délicatesse
ment compte pour tout le mouvement. Merci !
Cléophas et moi 26
Caroline Le Gac, Comment ne pas douter ?
rédactrice en chef S’engager ! 27
« Mon engagement, du scoutisme
à l’accueil d’adolescents réfugiés… »
Joint à ce numéro sur l’ensemble de la diffusion :
• Calendrier des formations SGDF 2019-2020 Toute une histoire 30
Des farandoles et sarabandes
© Étienne Le Pirat’ - SGDF aux farfadets
J’ai à vous dire 31
Vivons dans la nature !
L’imprimerie d’Azimut est labellisée Carnet 31
« PRINT ENVIRONNEMENT® «. Il s’agit
d’une démarche collective qui vise à impli- La Maîtrise 32
quer tous les acteurs de l’entreprise (chef
d’entreprise, salariés, clients, fournisseurs, partenaires) dans Azimut est imprimé sur papier prove-
le but de mettre en harmonie la performance économique, nant de forêts dont la gestion durable
l’équité sociale dans le respect des droits de l’homme et la permet la poursuite des activités éco-
préservation de l’environnement. Adhérer à « PRINT ENVIRON- nomiques dans des conditions qui assu-
NEMENT® «, c’est aussi adopter des pratiques de management rent la pérennité de l’écosystème fores-
respectueuses de l’homme, de sa santé et de sa sécurité, dans tier et qui tiennent compte des besoins
un souci constant d’amélioration des conditions de travail. actuels et futurs de la société.

Azimut est édité par les Scouts et Guides de France, association reconnue d’utilité
publique - Azimut adhère au groupe jeunesse du SEPM (Syndicat des éditeurs
de la presse magazine) ainsi qu’à l’Association de la presse des mouvements
Bulletin d’abonnement et services d’Église (APMS).
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2 AZIMUT No 60 AOÛT 2019

 Questions de génération

LES CHIFFRES

En 2020, il y aura près de

300 millions
de voyages internationaux de jeunes dans le monde

De 2000 à 2012, les voyages internationaux

des jeunes sont déjà passés de

136 millions à
187 millions par an,
soit environ 20 % du total.
(Source : Organisation mondiale du tourisme)
© Bastien Boisjot_SGdF

Quel touriste es-tu?

« Non mais moi, j’aime pas les trucs touristiques ! » Entre besoin d’évasion et de repos, découverte
culturelle, rite initiatique, envie de se démarquer, recherche de sens et défi climatique, le rapport des
jeunes au tourisme est en complète évolution. Et toi, quel touriste es-tu, quel touriste seras-tu ?

Dossier réalisé par Théo Hamon, François Mandil et Raphaël Mennesson.

AOÛT 2019 AZIMUT No 60 3

 Questions de génération Des jeunes adultes croisés tous azimuts (à la fac,

“Je suis allée à Cuba pour faire la fête!”
Léanne, étudiante en communication à Chicoutimi (Québec), 21 ans

«En février 2017, je suis partie dans un hôtel «tout inclus»

à Cuba. J’ai choisi cette destination principalement pour
ses plages et sa vie nocturne. Je suis partie pour me changer
les idées et m’amuser avant des examens finaux. Pour ce qui
est des fêtes, c’est l’endroit idéal pour être entre amis.
Il y a plusieurs bars à proximité avec des thèmes originaux.
J’ai décidé de partir en voyage durant la «semaine de relâche»
québécoise, donc l’ambiance était électrisante. Les touristes
étaient surtout des étudiants en vacances, il y avait donc
des soirées tous les jours.»
© Héloïse Ficara_SGdF

“Grâce aux voyages, j’ai acquis une plus
grande ouverture d’esprit”
Julien, étudiant en médecine, 19 ans

«De nos jours, le prix d’un vol est beaucoup moins coûteux
qu’auparavant. Étant aventurier et aimant l’improvisation,
c’est une réelle opportunité pour moi de pouvoir accéder aussi
facilement à un énorme choix de destinations : découvrir
la modernité architecturale de Montréal ou de New-York, vivre
des expériences totalement inhabituelles comme en Syrie,
où j’ai vécu deux ans… Ce dépaysement m’éloigne de
la routine et me procure un apaisement spirituel. Voyager est
une aubaine, c’est très enrichissant. J’apprends de différentes
cultures et des coutumes singulières, et j’acquière ainsi
une ouverture d’esprit qui me permet de gagner en maturité.»

“J’ai décidé maintenant de privilégier
les déplacements en train!”
Alex, 24 ans, chargé de mission en développement durable

«Avec des parents qui travaillent dans l’aviation et ayant fait mes études outre-
Atlantique, j’ai eu la chance de voyager en avion maintes fois. Pourtant, c’est l’un
des modes de transport le plus émetteur de CO2 sur une longue distance. J’ai donc
épuisé mon crédit carbone pour plusieurs années… Pour quelqu’un qui travaille
dans le domaine de la transition écologique, c’est un comble! C’est pourquoi,
depuis quelques mois, j’ai décidé de laisser tomber l’avion au profit du train
et de ne partir en vacances que dans les zones accessibles par chemin de fer!»

4 AZIMUT No 60 AOÛT 2019

dans la rue, à une soirée, parmi nos amis, à vélo, en covoiturage…) ont accepté de témoigner.

“Sur le chemin de Compostelle, j’ai trouvé
l’inattendu et l’émerveillement”
Albertine, 22 ans, étudiante en comptabilité

«L’inattendu et l’émerveillement : ce sont les deux mots qui me viennent

quand je repense aux chemins de Compostelle que j’ai eu la chance
de parcourir. L’inattendu des rencontres, des aléas matériels, physiques
ou organisationnels. C’est pourtant quand on accepte de laisser ces
éléments inconnus entrer dans notre quotidien de pèlerin que la route
porte ses fruits. Mes journées les plus incroyables ont été celles où rien
ne s’est passé comme je l’avais imaginé ! L’émerveillement de pouvoir
assister à tous les levers et couchers de soleil pendant deux mois,
de découvrir des paysages aussi divers qu’impressionnants, de retrouver
la beauté d’une vie simple et le plaisir de voir ses amis de parcours
avancer tout autant physiquement qu’intérieurement sur les chemins,
et même après ! Une expérience fondatrice pour le reste de ma vie!»

“Les voyages m’ont déconstruite et… construite!”
Camille, 22 ans, étudiante en école d’ingénieur

«Les voyages — un projet Compa d’un mois à Madagascar ainsi qu’une

césure, seule, de 4 mois au Pérou, équitablement partagée entre un
workaway* et du tourisme itinérant en résidant chez des scouts — m’ont
déconstruite et construite! Ils sont l’essence du regard que je porte
aujourd’hui sur le monde, ils sont la petite voix qui me souffle de prendre soin
de notre planète, ils sont la direction de mes actions. Les trajets en bus dans
la cordillère des Andes, la mélodie du quechua au milieu de la pampa,
la fabrication du pain chaque matin, la soupe de porc au petit déjeuner avec
la grand-mère de Jesús, scout à Arequipa, le gâteau d’anniversaire partagé
avec la famille de Leonardo, scout à Puno, devant un match de foot du Pérou:
voilà tous les petits et grands moments qui font que ce voyage m’a comblée!
Je n’ai, pour le moment, pas envie de repartir «loin». Mais je suis toujours
en soif de découvertes, et je réfléchis à un prochain workaway*, en France.»

* Workaway est un réseau mondial qui met en relation des voyageurs prêts à donner un coup de main
avec des hôtes qui ont besoin d’aide pour leurs projets ou leurs activités. Les hôtes peuvent être
des personnes seules, des familles ou des groupes. NDLR

AOÛT 2019 AZIMUT No 60 5

 Le tourisme de demain,
à vous de jouer !
e
Depuis son apparition au 17 siècle, le tourisme n’a cessé d’évoluer. Aujourd’hui, il forme
un secteur économique majeur qui pèse sur l’environnement. Face aux défis démographiques,
écologiques, et pour répondre à la légitime quête de sens et de découverte du monde,
quel tourisme inventer ou réinventer pour demain ?
À l’origine, le « tourisme » désignait le
« grand tour » que les étudiants an-
glais faisaient au 17e siècle à travers l’Eu-
rope pour s’ouvrir l’esprit. Aujourd’hui,
on peut définir le tourisme comme le fait
de passer du temps de loisir en dehors
de chez soi. Or, chacun a sa façon de
passer ses loisirs. En restant dans la
perspective historique, cela ne fait pas
si longtemps que tout le monde a accès
à du temps libre. Les premiers touristes
appartenaient aux classes les plus
aisées qui allaient passer
“ Le tourisme du temps sur les plages.
Avec les congés payés,
des jeunes connaît passer du temps à la
une croissance plage s’est démocra-
tisé… et les classes
rapide ” aisées ont inventé une
nouvelle forme de tou-
risme, pour se démarquer. Les voyages
sont devenus lointains. Puis est arrivé le
Club Med et ses tarifs accessibles, alors
on a inventé le tourisme d’aventure. Puis
le Guide du routard et le Lonely planet
sont devenus des best-sellers, le « back-
packing » (le voyage sac au dos) n’est
plus une aventure. Tourisme d’aventure,
tourisme éthique, tourisme culturel,tou-
6 AZIMUT No 60 AOÛT 2019
risme « solidaire » : autant de manières
pour éviter de faire comme tout le
monde, pour ne pas voyager « idiot ».
Mais après tout, chacun peut bien pro-
fiter de son temps libre comme il le sou-
haite. Ce sont donc à la fois les plus
aisés et les jeunes qui inventent et créent
de nouvelles formes de tourisme, à la
fois par créativité, pour se démarquer,
mais aussi parce qu’ils sont plus en
quête de sens. Les camps scouts, en
particulier les expériments longs Com-
pagnons, forment le paroxysme de cette
recherche de tourisme porteur de sens
(ce qui n’empêche pas de tomber par-
fois dans les pièges commerciaux ou la
charité contre-productive).
Alors quel sera le tourisme que les jeunes
vont inventer ? Ce n’est pas anodin car
le tourisme des jeunes est l'un des
secteurs qui connaît la plus rapide crois-
sance dans le secteur du tourisme mon-
dial. Le tourisme représente environ 10 %
du PIB et des emplois dans le monde. Il
génère donc des gaz à effet de serre,
des déchets, il fragilise des sites naturels
et historiques… Face à la crise environ-
nementale globale, faut-il renoncer au
voyage ? Alors que Instagram impose
© O.Ouadah - SGDF
comme modèle glamour les voyages
standardisés dans des étapes imposées
avec un bilan carbone catastrophique,
le « flygskam », la « honte de prendre
l’avion », prend de l’ampleur. Mais après
tout, pourquoi serait-il moins justifié de
prendre l’avion pour s’ouvrir l’esprit, dé-
couvrir de nouvelles cultures et créer du
lien, que pour voyage d’affaires ? Para-
doxalement, les jeunes qui prennent le
plus l’avion sont ceux qui sont le plus
sensibilisés aux questions du dérègle-
ment climatique.
Il ne s’agit donc pas de renoncer au tou-
risme, il faut en inventer un autre.
Comme souvent, ce sera la jeunesse qui
le créera. L’avion ne serait-il pas aussi le
symbole de cette société du gâchis, de
la vitesse, de la surconsommation ? Il ne
s’agit donc peut-être pas de renoncer à
l’avion mais de s’en libérer. Voyager
moins loin, moins vite, mais voyager plus
longtemps, plus doucement. Le grand
tour des étudiants anglais durait parfois
jusqu’à 5 ou 6 ans. Il était alors réservé
à une élite sociale. Quatre siècles plus
tard, serions-nous incapables de retrou-
ver ce rythme en le rendant accessible à
tous et toutes ?

L’ŒIL DE L’EXPERT
«La prise de conscience écologique
progresse, mais on est loin
d’une révolution touristique!»
© Betrand Rau
Observe-t-on, chez les 18-30 ans,
des tendances touristiques qui les
distinguent des autres généra-
tions ?
La génération des 18-30 ans regroupe
des « jeunesses » très différentes,
que ce soit en termes de milieux
sociaux, de localisations géogra-
phiques, de trajectoires indivi-
duelles... Cette remarque est impor-
tante car elle impacte les pratiques
touristiques. Ce qui influence vrai-
ment ces pratiques, ce n’est pas tant
la jeunesse mais plutôt la façon dont
les individus ont été socialisés et les
« trajectoires de vacances » qu’ils ont
vécues : partir dans des villages de
vacances, en camping, à l’étranger,
participer à des circuits touris-
tiques… Plus on monte dans la hié-
rarchie sociale, plus on a de chances
d’être familiarisé à une grande diver-
sité de formules de vacances. Les
cadres et professions supérieures
partent ainsi trois fois plus que les
ouvriers en vacances, et jusqu’à six
fois plus pour les vacances à l’étran-
ger. Ces tendances se retrouvent
chez leurs enfants.
Est-ce que la prise de conscience
écologique change leur façon de
passer ses vacances ?
Le milieu social détermine fortement
les pratiques touristiques, mais il
n’empêche pas d’autres tendances
de les influencer. Actuellement, on
observe un certain retour des valeurs
écologiques, qui avaient marqué
les années 1970 : des opérateurs
comme Terres d’aventure ont été
créés à cette époque, avec une cer-
taine philosophie de l’esthétisme,
Questions de génération
Bertrand Réau est sociologue,
maître de conférences à
l’université Paris-I-Panthéon-
Sorbonne, chercheur au Centre
européen de sociologie et
de science politique - Centre
de sociologie européenne
(CNRS-EHESS). Il a notamment
publié Les Français et les
vacances (CNRS éditions, 2011).
dans un rapport respectueux des
habitants et de l’environnement. Une
partie des « jeunes » sont plus sensi-
bles à ces relectures des valeurs éco-
logiques et à la redécouverte de leur
rapport à la nature, d’une façon
moins esthétisante et sans doute
plus politique que leurs aînés. Mais
attention à ne pas surestimer cette
tendance : on est très loin d’une révo-
lution touristique. Même si la prise
de conscience écologique gagne du
terrain, 55 % des Français partent en
vacances l’été et la majorité dans de
la famille proche. Cela n’empêche
pas - au contraire - les pratiques res-
pectueuses de l’environnement.
Mais le tourisme écologique, soli-
daire le plus militant reste une niche
malgré des progressions certaines.
Entre les valeurs et la mise en pra-
tique, il y a toujours un décalage.
Comment voyez-vous l’avenir du
tourisme dans 20 ans ?
Je ne suis pas voyant ni astrologue,
mais nous assistons à un fort déve-
loppement du tourisme et du voyage
pour les classes moyennes dans le
monde. Dans les décennies à venir,
des millions de personnes en Asie,
en Afrique et en Amérique latine vou-
dront à leur tour profiter des pra-
tiques touristiques initiées par les
Occidentaux. En parallèle, on
observe que les classes aisées de
tous les pays multiplient les voyages.
Cette augmentation va poser de
sérieuses questions de gestion de
l’environnement et du patrimoine.
C’est un véritable enjeu qu’il est
essentiel d’anticiper.
Aller
+ loin
Compensation carbone,
et si on y pensait ?
Initiative controversée,
la compensation carbone a
pour but d’équilibrer l’émission
de carbone produite par
l’homme en finançant des
projets d’action solidaire qui
cherchent à atténuer les
émissions de gaz à effet
de serre. Elle part d’une action
émettant beaucoup de carbone
(un voyage en avion par
exemple) dans le but d’en
réduire les effets. On a vu se
développer ces dernières
années des entreprises,
associations ou start-up
proposant des outils de calcul
d’émission de carbone et/ou
permettant de payer le
montant que coûtera une
action visant à réduire
l’émission de carbone produite.
Son efficacité est remise en
cause par certaines ONG qui
rappellent que l’enjeu n’est pas
de «neutraliser» –c’est-à-dire
maintenir à un niveau constant
– les émissions de gaz à effet
de serre, mais bien de les
réduire. De plus, il n’est jamais
vraiment certain que les projets
financés soient aussi efficaces
que prévu. Malgré ces limites,
la compensation carbone reste
pour l’instant l’une des seules
solutions qui permet de rendre
nos voyages internationaux un
peu plus éco-responsables.
co2solidaire.org
a.sgdf.fr/Goodplanet
MILITANT
Voyager
responsable…
en marchant !
Q uoi de mieux que la marche pour
réduire ses émissions de carbone
pour voyager? Dans cette perspective,
la Fédération française de randonnée
(FFR) est un sacré partenaire !
Depuis plus de 70 ans, elle agit
pour favoriser la randonnée pédestre
en France, en tant que sport, loisir,
mais aussi découverte.
Jean Loiseau, ancien scout et passionné
de marche et de nature, crée
l’organisation en 1947, avec,
entre autres, le Club alpin français, les
mouvements de scoutisme et d’auberges
de jeunesse. Depuis le premier sentier
de randonnée inauguré en août 1947
entre Orléans et Beaugency,
la FFR a aménagé près de 180000 km
de sentiers en France qui permettent
de parcourir la France à pied.
Sauvegarde de l’environnement et
valorisation du tourisme vert comptent
parmi les missions principales de la FFR.
C’est en assurant la sécurité, la
protection et l’accessibilité des différents
sentiers de randonnée en France que
la FFR promeut un tourisme de proximité
permettant de (re)découvrir la richesse
du monde que l’on a autour de chez soi!
La FFR propose également des plans
solidaires de développement destinés
aux comités départementaux.
Leur but est d’encourager des projets
de ces comités qui souhaitent créer
de nouvelles structures ou des projets
de clubs voulant diversifier leur offre
de randonnées. Pour 2020, La FFR
financera alors ces initiatives. Super
pour redécouvrir le Mont-Saint-Michel,
les châteaux de la Loire ou encore
le Parc naturel régional des monts
d’Ardèche!
Vous pouvez aussi rejoindre la FFR et
devenir baliseur/collecteur bénévole!
www.ffrandonnee.fr/
AOÛT 2019 AZIMUT No 60 7
 60 millions de foulards
AUX DIMENSIONS DU MONDE
Agir pour protéger les enfants
La protection des enfants et des jeunes est une attente de la part des parents et de la société en général.
En tant qu’association d’éducation, le scoutisme se doit de développer une stratégie de protection des
enfants et des jeunes. La politique mondiale OMMS « À l’abri de la maltraitance » couvre tous les domaines
de la protection des enfants et des jeunes.
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance
(UNICEF) définit la protection de l’enfance dans un
cadre organisationnel comme « un terme générique
utilisé pour décrire les philosophies, politiques,
standards, lignes directrices et procédures visant
à protéger les enfants contre
des préjudices intentionnels
ou non intentionnels. Cela Développer
s’applique particulièrement tout ce qui permet
aux organisations – et aux
individus associés à ces or- aux jeunes de grandir
ganisations – dédiées au
bien-être des enfants. »
harmonieusement
Dans la politique « À l’abri de et dans la confiance
la maltraitance », l’Organisa-
tion mondiale du mouvement scout (OMMS) de-
mande que chaque association membre mette en
place une politique nationale de protection des en-
fants et des jeunes. Cette première étape permet
d’assurer que les jeunes vivent dans un environ-
nement sûr dans le scoutisme, et sont protégés
de la maltraitance.
Un cadre sécurisant favorise le bien-être et le dé-
veloppement des individus, qu’ils soient jeunes ou
adultes. La politique OMMS impose ainsi à chaque
association de scoutisme de renforcer ses struc-
tures et ses procédures organisationnelles en col-
laborant avec des organisations extérieures et en
accord avec la législation locale. Les Scouts et
Guides de France ont choisi de favoriser la bien-
8 AZIMUT No 60 AOÛT 2019
traitance en cohérence avec son règlement intérieur
et son projet éducatif, en s’engageant à développer
ce qui permet aux adultes de faire progresser la
justesse de leur relation éducative, pour permettre
aux jeunes de grandir harmonieusement et dans
la confiance ; repérer, prévenir, dé-
noncer lutter contre les situations de
maltraitance : violences physiques,
verbales et psychologiques, humilia-
tions, climat de peur ou de danger.
La formation au sein des associations
de scoutisme permet d’augmenter la
prise de conscience et favoriser la
mise en place de la politique « À l’abri
de la maltraitance ». L’ambition de
cette politique mondiale est d’élever le scoutisme
au rang d’organisation de premier plan dans la
protection des enfants et des jeunes, et de mettre
en œuvre des politiques et/ou procédures qui per-
mettront d’accroître la prévention et le bien-être.
Élise Drouet, commissaire internationale
Aller + loin À l’abri de la maltraitance, un cours en ligne
Développé par l’OMMS, ce cours a été principalement conçu pour les bénévoles et le personnel de l’OMMS, mais est
approprié à tous les autres bénévoles et salariés du scoutisme. Il vise à aider à comprendre comment reconnaître,
@prévenir et agir face aux comportements inappropriés et à donner des conseils sur le comportement attendu des
représentants du scoutisme, afin de garantir que nous travaillions tous dans un environnement sûr.
a.sgdf.fr/abri-maltraitance
À gauche, affiche du programme « À l’abri
de la maltraitance » (Safe from harm) et le do-
cument de synthèse de l’OMMS sur la maltrai-
tance (ci-dessus).
Promotion de la bientraitance…
Prévention de la maltraitance!
La bientraitance ne peut se concevoir uniquement
comme l’absence de maltraitance. La maltraitance a
un début, elle peut être caractérisée juridiquement et
médicalement. Quant à la bientraitance, elle doit être
permanente, c’est un état d’esprit, une volonté
personnelle, mais aussi institutionnelle!
Alors, quel modèle peut nous guider, à chaque
niveau, dans chaque lieu, pour savoir si la rencontre,
l’action éducative, peut se revendiquer
«bientraitante»?
Pour les SGDF, être bientraitant nous oblige
à respecter 3 éléments :
- vouloir du bien, être bienveillant ;
- donner un cadre sécurisant à la rencontre ;
- permettre à chacun de grandir dans cette
rencontre : être valorisant.
La bientraitance, c’est donc une démarche
dynamique qui trouve son équilibre entre la
spontanéité d’une relation éducative bienveillante
et une capacité à interroger ses pratiques,
à s’enrichir par le soutien des autres.
Aurélien Varnoux, commission Bientraitance
© N. Lascourèges_CIRIC
VIVRE L’INTERNATIONAL
L’exemple belge
L’association Les Scouts de Belgique a mis en place un «code de qualité d’animation»,
que chaque bénévole doit signer avant de partir en camp d’été. Explication.
Le Code qualité de l’animation a été mis en
place depuis 2002. Il fait notamment référence
à la Déclaration universelle des droits de
l’homme, à la Convention relative aux droits de
l’enfant, ainsi qu’aux règlementations nationales.
Ce code répertorie huit domaines sur lesquels
chacun doit s’engager :
développer une animation basée sur la
l
confiance, le respect et la fraternité ;
l se soucier de la sécurité physique de chacun ;
l mettre en œuvre une hygiène de vie éducative;
l être en état d’animer 24 h sur 24 (règlementa-
tion de la consommation d’alcool) ;
l tenir les parents informés ;
l avoir des relations amicales avec les autres
mouvements de jeunesse ;
l avoir des relations respectueuses avec les
voisins ;
l respecter la vie privée dans l’utilisation des
données et des photographies.
Le contenu de ce code fait également partie de
la formation des chefs et cheftaines, notamment
pour les faire réfléchir à des dynamiques de pré-
ventions et de protection des enfants et des
jeunes dans leurs unités. Depuis quelques
60 millions de foulards
Développer la prévention de la maltraitance, accroître
le bien-être : une ambition mondiale portée par l’OMMS.
années, les éducateurs et éducatrices doivent ce code a ainsi créé une culture commune au-
le signer chaque année scoute, et depuis 2019, tour des huit domaines d’intervention et a permis
la signature (électronique cette fois !) fait partie de renforcer la sécurité dans les activités scoutes
intégrante du dossier de camp. Le chef ou la et guides. Il vient en complément de la devise
cheftaine qui ne l’a pas fait avant le camp ne des animateurs : prendre son temps pour
sera pas autorisé.e à participer. construire une véritable relation, développer ses
talents relationnels, avoir à cœur d’aller à la ren-
La signature de ce code contre de chacun.
fait désormais L’association est actuellement dans un proces-
partie intégrante sus de révision de la politique « à l’abri de la
maltraitance » sur la base de la politique OMMS,
du dossier de camp en particulier pour développer des outils et met-
tre en place de nouvelles pratiques. E.D.
Les huit domaines d’intervention ont été élabo-
rés à partir des plaintes les plus fréquentes, les
plus graves ou les plus préjudiciables émanant
de partenaires internes ou externes.
La diffusion de ce code a eu des impacts indi-
rects : il a notamment permis à beaucoup de
responsables d’adapter la pédagogie pour Aller + loin
mieux prendre en compte les conduites à risque,
et est aujourd’hui un véritable outil de dialogue
entre les chefs et leur responsable de groupe.
C’est aussi un engagement très utile pour traiter Lire le code qualité de l’animation :
les incidents et pouvoir appliquer des sanctions a.sgdf.fr/codeanimations
disciplinaires en cas de besoin. La diffusion de
AOÛT 2019 AZIMUT No 60 9
 À toi de jouer !
Page réalisée par Raphaël Menesson

AG 2019 : les (bonnes) résolutions

Les 25 et 26 mai derniers, 1 200 représentants et représentantes associatives étaient réunis à Jambville pour
voter les résolutions autour du centenaire, du conseil des jeunes et de la conversion écologique. Ces
résolutions concernent l’ensemble de l’association : quelle que soit notre mission, nous sommes invités à
les mettre en œuvre dans nos équipes, nos unités, nos groupes et territoires, pour rester en mouvement et
bâtir l’avenir ! À toi de jouer.

Organise un conseil des jeunes ! Participe à Prenons toute notre part à

la conversion écologique !
Après trois années d’expérimentation, les conseils la conversion
des jeunes ont prouvé leur efficacité pour permet- écologique
tre aux jeunes de participer aux décisions qui les
concernent. Quelle que soit ta mission (équipe
des SGDF !
territoriale, cheftaines, chefs, accompagnateurs Face à l’urgence, nous lançons
Compagnons ou responsables Farfadets), tu peux jusqu’à l’AG 2020 une démarche
organiser un conseil des jeunes pour leur permet- participative dans l’ensemble du
tre de s’exprimer sur la vie du groupe, du territoire mouvement pour questionner
et contribuer au débat démocratique de l’asso- nos programmes, activités, pra-
ciation. Besoins de conseils pour le lancement ? tiques et habitudes de fonction-
Écris à cette adresse : conseilsdesjeunes@sgdf.fr nement. Toi aussi, participe à
toutes les consultations natio-

© M. Ribier - SGDF
nales qui seront organisées sur
le sujet (dans le jeu des conseils,
les assemblées territoriales 2020
et les autres instances participa-
tives) pour débattre et proposer
des actions concrètes pour per-
mettre aux SGDF de « faire leur
part » sur le chemin stimulant de
la conversion écologique.
© M. Plard - SGDF

- SGDF
argerin
Encourager l’expression des enfants et des jeunes et

© R. M
leur participation au débat démocratique.

Rendez-vous le 27 juin 2020

pour le centenaire!
La démarche centenaire sera marquée par une
première étape historique le 27 juin 2020 où tous
les Français et Françaises seront invités pour des
événements locaux simultanés. Sur la journée ou
sur le week-end, participe à l’organisation de ce
© C. Mercadal - SGDF

rassemblement national déconcentré, en mobilisant

ton unité, ton groupe ou ton territoire et en invitant
très largement autour de toi : tes amis, ta famille,
les personnes éloignées du scoutisme... Donne-
leur l’occasion de découvrir le mouvement dans
une ambiance de fête ! Pour célébrer le centenaire du scoutisme : un grand rassemblement
national déconcentré !

Les textes détaillés des trois résolutions sont accessibles dans leur intégralité sur le site sgdf.fr, rubrique « vie démocratique ».

10 AZIMUT No 60 AOÛT 2019


© T. Debleds - SGDF
Mission: médiateur
La médiation est une notion importante chez les Scouts et Guides de France, notamment en cas de conflit.
Elle a intégré le règlement intérieur de l’association, et la mission de médiateur a été mise en place dans
le mouvement. En quoi consiste-t-elle, en théorie et en pratique ?
«C hez les Scouts et Guides de
France, la médiation est la pre-
mière étape de résolution d’un conflit ».
C’est par cette conviction forte que notre
règlement intérieur, modifié par l’assem-
blée générale de 2016, introduit l’article
consacré au règlement des conflits. En
tant que mouvement de scoutisme, nous
croyons fermement à la régulation col-
lective par le jeu des conseils, par la pré-
vention des tensions grâce à l’accom-
pagnement individuel et de manière
générale à des relations apaisées par le
dialogue. Dans cette logique, l’associa-
tion a fait le choix il y a trois ans de mettre
en place une nouvelle mission, celle de
médiateur.
Les objectifs de la formation
des médiateurs :
• construire une culture commune
de la médiation au sein du mou-
vement ;
• faire de la médiation la méthode
principale de la gestion des con-
flits dans le mouvement ;
• élaborer un processus de média-
tion commun ;
• partager les expériences de mé-
diation dans et hors mouvement.
Un médiateur et une médiatrice
témoignent…
« Le médiateur a un rôle de “démineur” »
« Depuis peu, au sein de notre mouvement, il
existe un réseau d’une vingtaine de membres, il
est « tout neuf », c’est le réseau des médiateurs !
À la demande du responsable d’équipe, de chefs,
de parents mais aussi des DT ou RG, le médiateur
peut intervenir pour effectuer une médiation ou
une conciliation, dans la mesure du possible, en
mode préventif et non curatif. Son rôle est d’apai-
ser les tensions et de prévenir le conflit, il est
comme « un démineur » qui passerait au crible le
terrain pour préserver l’équilibre de l’équipe.
Cette année, sur de nombreux territoires, les mé-
diateurs n’ont pas eu à intervenir (d’où l’intérêt
d’être une mission secondaire) et c’est très bien
ainsi ! Mais si vous sentez qu’une situation peut
potentiellement « dégénérer », faites appel au ré-
seau des médiateurs » !
Denis Plançonneau,
chargé de mission & médiateur territorial Rives de Seine
« Lorsque la médiation a commencé, les chefs
et cheftaines étaient tendus et très remontés »
« Cela fait presque trois ans que j’ai accepté la mis-
sion de médiatrice sur mon territoire. On n’a pas
souvent besoin de moi, peut-être parce que cette
mission n’est pas assez connue ! Une maîtrise a
fait appel à moi suite à un désaccord avec la
Orientations
Page réalisée par Antony Moine
Késako ? Les orientations
donnent la direction de
l’association pour cinq ans.
Elles sont débattues dans tout
le mouvement et votées
en assemblée générale.
→ Vous êtes intéressés par la mission
de médiateur, vous souhaitez plus de
renseignements sur la médiation,
vous avez besoin de faire appel
à un médiateur? Une seule adresse
mediation@sgdf.fr
Fanny Telle – Chargée d’animation
du réseau des médiateurs
La charte des médiateurs :
• impartialité : le médiateur ne prend pas parti ;
• neutralité : le médiateur favorise l’émergence
de solutions en encourageant la créativité et
en soulignant les points de convergence ;
• confidentialité : le médiateur ne rapporte pas
les échanges ;
• garant du cadre : assure le respect des règles
de médiation et du processus de médiation ;
• bienveillant : le médiateur ne juge pas.
La médiation permet d’apaiser une situation
conflictuelle et de retrouver un dialogue.
décision prise par l’équipe de groupe et les parents
des jeunes. Lorsque la médiation a commencé en-
tre la maîtrise au complet et trois représentants de
l’équipe de groupe, les chefs et cheftaines étaient
très tendus et très remontés. De plus, ils étaient
persuadés que j’allais être du côté de l’équipe de
groupe à cause de ma chemise violette ! J’ai
énoncé le principe de neutralité du médiateur et
indiqué que j’étais là pour faire circuler la parole,
donner un cadre pour faire émerger une solution.
La médiation a alors pu démarrer et chacun, à tour
de rôle, s’est exprimé dans le silence et le respect.
Après cette écoute, une solution commune a pu
être prise en toute sérénité. »
Véronique Durillon, animatrice Cléophas
et médiatrice territoire Atlantique Vendée
AOÛT 2019 AZIMUT No 60 11
 Tout ce qu’on sème
Instantanés de Connecte!
Connecte, ses 20000 participants, ses enjeux pédagogiques, les projets
menés par les tribus… Difficile de retransmettre tout cela en quelques

© G. Poline - SGDF
mots. Voici une sélection de brèves publiées chaque jour lors du
rassemblement, qui illustrent concrètement une partie de ce qui a été vécu.

L’accueil et la découverte
du scoutisme
Mon copain ++
Hugo, 12 ans, a rejoint la tribu de La Roche-sur-Foron (74)
cette année alors qu’il avait juste vu quelques vidéos des
scouts sur Internet. L’idée de vivre dans la nature lui plaisait.
Mais comment rejoindre une tribu déjà soudée et y faire sa
place ? Heureusement, Valentin, 14 ans, éclaireur dans la tribu,
s’est senti responsable de veiller à intégrer Hugo. Très vite,
une complicité s’est installée. Hugo est devenu un vrai copain :
« On est sur la même longueur d’onde, comme avec mes amis
du collège. » Lors du camp, Hugo était architecte et voir que
ses copains lui faisaient confiance pour les installations, ça l’a

© M. Corbe- SGDF
rendu très fier !

Pour la première fois dans l’aventure du scoutisme

Des camps découverte ont démarré quelques jours avant
Connecte ! À Jambville, ils étaient une vingtaine de jeunes ac-
cueillis grâce à différents partenaires associatifs tels qu’Emmaüs
ou le Secours catholique. Ils se sont lancés pour la première 423 douches
fois dans l’aventure du scoutisme en totale confiance. Ils avaient Connecte!
hâte de se retrouver entre ados ! Grâce à des maîtrises formées en chiffres 550 kg de miel produits par
60 ruches installées à Jambville
pour l’occasion, ils ont partagé des parties de rigolades et ap- 150000 heures de préparation
pris à devenir autonomes, ensemble. « Le camp scout, c’est 200 semi-remorques de matériel
génial, on revient à l’essentiel et on apprend plein de choses ! » 20000 participants dont 16 500
confie Mamadu, 12 ans. Il est très heureux d’avoir pu jouer du jeunes, 3 500 animateurs bénévoles, 24 « villages »
djembé sur scène lors de la veillée d’ouverture (photo ci-des- 1000 nouveaux scouts et nouvelles 5 marchés
guides découvrant le scoutisme
sous) « Les scouts, c’est comme une grande famille, on s’y 1 hôpital comptant 15 médecins,
sent bien ! » s’émerveille Donata, 15 ans, bien décidée à conti- 10000 perches de bois 14 infirmières et 20 secouristes
nuer l’aventure à la rentrée.

Pour découvrir plus en détail

ou en images ce que les
scouts et guides ont vécu à
Connecte, rendez-vous sur
connecte.sgdf.fr rubrique
« actualités » :
sgdf.fr/connecte-
accueil/actualites
sur la phtothèque SGDF :
© A. Ballu - SGDF

a.sgdf.fr/photosConnecte
sur la page Youtube
des SGDF :
a.sgdf.fr/vidéosConnecte

12 AZIMUT No 60 AOÛT 2019

 La journée
Opé10Tango Infox
© E. Roure - SGDF

© A. Ballu - SGDF
La journée Click & Go

Trier les infos, faire des
choix, savoir écouter…
Paroles de scouts
et guides
« Pour trouver l’ancêtre du renard de Saint-
Exupéry, on a dû trier des infos pour distin-
guer les vraies des fausses » raconte Simon,
scout à Caen, après la journée Opé10Tango
Infox. « Choisir des sources fiables, ça s’ap-
prend ! On a choisi de faire confiance aux
sources qu’on connaît » explique-t-il.
d’Arras (62), après la journée Pixel. Selon
elles, pour prendre une bonne décision, « il
faut suivre son instinct, comprendre ce qui
nous fait plaisir, sans oublier de tenir compte
de nos valeurs » .
« J’ai fait un jeu lors de Connecte qui m’a
permis de dépasser mes préjugés sur les
personnes. Dorénavant, je ne jugerai plus au
premier abord. Je me laisserai le temps d’ap-
profondir la connaissance de cette personne
pour savoir comment elle est vraiment.
L’image ne fait pas tout ». Jade, 14 ans,
groupe Marie Pineau de Cholet.
Le défi écoresponsable relevé
Pour les dîners à Connecte, les tribus s’approvi-
sionnent dans des marchés écoresponsables. Le
pain est fabriqué par deux boulangeries situées à
moins de 5 km. Le miel du matin est produit dans
les ruches du parc. Titouane, scout de Hendaye,
apprécie : « C’est bien parce que moins c’est loin,
moins il y a de transports, et moins ça pollue ». Le
défi de l’organisation pour 20 000 personnes est
relevé haut la main pour Solène, guide de Croissy-
sur-Seine : « C’est organisé comme un vrai marché,
hyper bien, ils ont géré de fou ! »

« En écoutant un témoin lors de la journée
Click & Go, j’ai pu approfondir mon opinion
sur l’alimentation biologique » rapporte Chris-
tian, de la tribu de Sceaux (92).
« Faire des choix, ce n’est pas toujours facile »
expliquent Zoé et Emma de la tribu
© M. Corbe- SGDF
« J’ai fait un grand labyrinthe pour apprendre
à faire des choix. J’ai compris la logique pour
prendre des décisions. Maintenant, pour des
dilemmes, je listerai les inconvénients et les
avantages avant de décider. » Suzon, 13 ans,
groupe Saint-Joseph de Lyon.

Les tribus en action

Faire entendre sa voix
La tribu de Saint-Georges a écrit une lettre au
président de la République. Les jeunes veulent
donner leur avis sur cinq thèmes, dont l’éducation.
« Les classes sont trop pleines, il faut trouver une
solution pour baisser les effectifs » explique un
jeune au ministre de l’Éducation nationale venu
spécialement les voir mardi lors de sa visite sur
Connecte. La lettre remise, ils ont débattu avec
lui (photo ci-dessous) et fait entendre leurs voix.
© C. Daveau - SGDF
Tribu x 2
Au groupe Saint-François de Nantes (44), les
jeunes motivés, ça ne manque pas ! Si bien qu’ils
ont décidé, cette année, d’ouvrir une seconde
tribu pour accueillir tous les nouveaux. Leur défi ?
Former une tribu rapidement soudée alors qu’ils
ne se connaissaient pas. Charlotte, en 1re année
comme tous les autres jeunes de sa tribu, raconte
qu’elle s’est d’abord rapprochée des filles. Tout
comme les garçons qui sont beaucoup restés en-
tre eux au début. Les chefs et chef-
taines ont alors pris le temps d’organi-
ser des moments rituels collectifs pour
favoriser la bonne cohésion de la tribu.
Et ils ont mis un point d’honneur à ac-
corder du temps et de l’attention à
chacun et chacune. Résultat : au-
© E. Roure - SGDF
Willkommen zu Connecte !
Curieuse de découvrir d’autres façons de
vivre le scoutisme, la tribu des Garrigues
à Montpellier (34) a vécu Connecte avec
des scouts et guides de Cologne (Alle-
magne). Mais un jumelage, ça se pré-
pare... Avant de se retrouver à Jambville,
la tribu a appris des mots et des chants
scouts allemands, préparé des jeux d’ac-
cueil et même réalisé une vidéo pour se
présenter ! Toujours équipés d’un diction-

jourd’hui, ils s’adorent et forment une
tribu complice qui marche !
naire franco-allemand, ils ont pu accom-
pagner leurs invités allemands dans cette
belle aventure !
Jean-Baptiste Dupont
avec l’équipe communication

AOÛT 2019 AZIMUT No 60 13

 GPS +
Relecture : le regard augmenté
© M. Rebeyrotte - SGDF
Relire, pour quoi faire ? Prendre le temps de s’arrêter, de se
poser, de discuter, pour trouver un nouveau regard sur nos vies.
Un regard plein d’avenir !
La relecture, un regard ?
« La vie m’a dit : le bonheur dépend de ton regard. La
vie m’a dit qu’elle est plus grande que tout ce que l’on
croit. Elle m’a dit : ma puissance est en toi ». (Tout
tourne autour du soleil, par Keny Arkana)
À en croire la rappeuse Keny Arkana, tout dépend du
regard : la vie comme le bonheur.
Pour cela, il importe de prendre un peu de recul pour
ajuster son regard. Prendre un peu de recul sur son his-
toire, sur sa vie, ses rêves, sur les autres, sur l’équipe,
sur le monde, la Création.... C’est ce recul qui permettra
de mieux contempler ce qu’il y a de beau en nous et
que nous sommes incapables de voir en dehors d’une
vue d’ensemble.
Cette prise de recul, on l’appelle relecture
Dans notre vécu, il y a de quoi construire notre avenir.
En cela, il projette : c’est quasiment un propulseur ! En-
tendons-nous, dire par exemple à des compagnons
14 AZIMUT No 60 AOÛT 2019
OBJECTIF ÉDUCATIF
Je m’engage dans un cheminement spiri-
tuel où je relis mon histoire, mes expé-
riences, mes relations pour donner un sens
à ma vie.
« Venez, on va faire une relecture », cela peut marcher !
Mais il y a aussi plus sexy ! En 2012, un outil a été
construit par la branche Compagnons pour faciliter cette
relecture en la rendant absolument profonde et réelle-
ment ludique : le Yabboq.
Essentielle dans la vie en équipe
La relecture permet de recevoir en nous ce qui n’était pas
prévu. Aux Compagnons, elle devient essentielle dans la vie
en équipe sur un temps long. Elle offre une chance à chacun,
à chacune, de sortir des images de soi-même pour accueillir
le chemin partagé avec les autres.
Après un expériment court ou long, après un temps fort,
après une année, après des difficultés dans l’équipe…
Parce que c’est à la fin que tout commence, la relecture
est ainsi une étape pour continuer la route en étant en-
richi du meilleur justement.
 Quoi de neuf dans la péda ?
Ingrédients pour une relecture réussie

© Illustration : Étienne Gendrin - SGDF

• Un itinéraire à pied, pas une • Une « tranche de vie » à revisiter • Un texte qui nous vient d’ail-
randonnée ou un exploit sportif, ensemble, scoute ou non. leurs (Ecritures Saintes, autre texte
mais une marche qui permet de qui fait sens, parole d’un témoin…).
se (re)trouver

Le Yabboq : un outil pour vivre une relecture en cinq étapes !

1. Marcher 5. En équipe,
en silence, regarder ce que
seul l’on a devant

3. Partager
en équipe

2. Marcher
en se parlant
4. Ensemble,
s’ouvrir à
la Parole
Í de Dieu
ßÉÊÊ×Ù
ØÚ×Ø×ÛÍÚÔÉÚÍÔÍËäãÚÍÉãÞË×ÕØÉæÖ×ÖÛ

Tout est expliqué dans Le Yabboq, proposer la relecture aux compagnons

(Les Presses d’Ile-de-France, 2012) : objectifs pédagogiques, mise en œuvre…
Suivez le flash code ! Une rénovation est prévue très bientôt, mais
le fond reste inchangé.

AOÛT 2019 AZIMUT No 60 15

 Le sens de la vie
Pages coordonnées par Sophie Mancel
Illustration Charlotte Légaut

“ C’est l’époque des pansements et du mercurochrome.

L’époque des mamans, j’ai peur des fantômes.
Le temps de jeux de mains et des bâtons de glaces.
Des oreilles de lapins sur les photos de classes.
L’époque des mocassins qu’on t’oblige à porter.
Lorsque tous tes copains ont des baskets au pied.
Le temps des trousses de billes
et des boules de chewing-gums.
Les petits Playmobils deviendront des bonhommes.

Pourtant, pourtant, les tranches de pain d’épices.

Me manquent, maintenant que,
les années me trahissent.

Avec nos grands cartables de soldats de plomb.

Nous récitions nos fables sans y mettre le ton.
La confiserie du coin était la terre promise.
Nos caries valaient bien ces quelques friandises.
On collectionnait tous les vignettes Panini.
On se soufflait en douce les rimes des poésies.
Dans le dos des copains quelques poissons d’avril.
On marquait nos destins à l’encre indélébile.

Pourtant, pourtant, les bâtons de réglisse.

Me manquent, maintenant que,
les années me trahissent.

”
Paroles de la chanson L’âge d’or, Barcella

16 AZIMUT No 60 AOÛT 2019

LA NOSTALGIE
 SUR LE VIF
Je me souviens...
Je me souviens de l’odeur de ma trousse, de mes crayons,
de la colle surtout.
Je me souviens du début des vacances.
Je me souviens que j’ai arrêté mon réveil, il ne sonne plus le matin.
Je me souviens du monde sur l’autoroute, des chansons
et de la chaleur dans la voiture, de l’envie d’arriver.
Je me souviens du chant des cigales.
Je me souviens des longues soirées, des pique-niques qui s’attardent
dans la tiédeur de la nuit, des discussions sans fin et des feux d’artifice.
Je me souviens du silence de la nuit, du calme, du bruit du vent.
Je me souviens de la lumière du soleil de midi
à travers les volets qui se projette sur le sol.
Je me souviens du bruit des verres qui trinquent,
de l’heure de l’apéro… qui se répète.
Je me souviens qu’il n’y a pas de WiFi… et que c’est bien.
Je me souviens de l’odeur de la crème solaire.
Je me souviens du sable partout, dans mon sac,
dans mes chaussures, dans mes poches, entre les pages de mon livre.
Je me souviens de Georges Perec.
Je me souviens que je me suis endormie dans le hamac… comme ça.
Je me souviens que bientôt mes souvenirs vont s’éloigner…
mais resteront. Comme une belle image, une envie de repartir,
un peu de nostalgie. Juste ce qu’il faut pour être heureuse
que les vacances s’achèvent… parce que… elles reviendront.
Sophie Mancel

« La pensée d’un homme

est avant tout sa nostalgie »
Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe

« La nostalgie, c’est comme les coups de soleil :

ça fait pas mal pendant, ça fait mal le soir ».
POUR CHEMINER

« La nostalgie ; la fiancée des bons Pierre Desproges, Chronique de la haine ordinaire

souvenirs qu’on éclaire à la bougie »
Grand Corps Malade, Rencontre
« La nostalgie est noire et blanche. »
Anny Duperey
« La nostalgie, c’est le désir d’on ne sait quoi… »
Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes

AOÛT 2019 AZIMUT No 60 17

 SPI
BOX

© Valentin Cousseau - SGDF

Une célébration sans prêtre
On célèbre un anniversaire, en souvenir du jour de la naissance, mais aussi un événement marquant:
la réussite d’un examen, un retour de voyage… Les chrétiens célèbrent le Christ mort et ressuscité, ils célèbrent
aussi la Parole de Dieu. La messe est le souvenir du dernier repas de Jésus, avant sa Passion, quand il a dit
à ses apôtres « faites ceci en mémoire de moi ». Comment célébrer, faire mémoire, en l’absence de prêtre ?

L’espace sommes, reconnaissons-nous tous petits

devant l’amour de Dieu.
laquelle le groupe répond « Amen ». Vient
ensuite la lecture de la Parole, et son com-
On veille tout d’abord au lieu de la célébration. C’est le sens du temps d’accueil de la messe, mentaire : le Missel Cléophas, ou Cléophas
Il faut qu’il soit propre, silencieux, avec du chant d’entrée et du Kyrie eleison part en camp peuvent être très utiles, et per-
quelques objets qui aident à la concentration (« Seigneur, prends pitié de nous ») : on peut mettre de proposer un temps de partage, sur
et à la prière : bougie allumée, croix, Bible pré- aussi choisir un chant (« Si le père vous la base du commentaire, des vibrations ou
sentée à la page du texte du jour, fleurs… appelle », « Viens esprit de sainteté », « Trouver des inspirations.
dans ma vie ta présence », « Debout resplen- Pour répondre à la parole et conclure ce
dis »), se donner un signe de paix… temps, on peut proclamer une profession de
Le temps foi (texte rituel ou personnel) ou bien choisir
On commence en prenant un temps de un chant en rapport avec les textes du jour
silence pour passer des soucis de l’instant à La célébration (cf. Diapason vert).
un état vraiment réceptif de la Parole de Dieu. Ensuite l’animateur ou l’animatrice peut intro- On prononce ensuite la prière universelle, qui
Le temps de Dieu n’est pas celui des hommes. duire la célébration par une formule — tirée comprend le plus souvent quatre intentions :
du missel ou non — qui va nous rappeler pour- pour l’Église, le monde, les pauvres et les souf-
quoi on est là, et surtout pour qui ! Ce peut frants, et la communauté elle-même.
L’accueil être une phrase comme : « Que le Dieu de l’es- Puis vient le temps de dire ensemble la prière
Nous sommes alors invités à nous accueillir pérance nous remplisse de joie dans l’Esprit que Jésus nous a enseignée, commune à tous
les uns les autres, comme saint et nous rassemble en un seul corps », à les chrétiens : le Notre-Père.
des frères et des sœurs. On termine la célébration par une prière de
c
On n’est pas forcément Ave ateur louange et/ou d’action de grâce, qui peut
a nim
ton léophas
le meilleur ami de son Faire mémoire du Christ et de sa parole être un texte ou un chant (« Que tes
frère ou de sa sœur, mais C o n Quand on parle de célébration, avec ou sans prêtre, œuvres sont belles », « Mon Dieu, tu es
on est bien obligé de se ou t ier… on évoque le fait de faire mémoire de Jésus, de ce grand tu es », « Laudate dominum » mais
ôn
reconnaître comme ayant aum qu’il a fait pour nous, de la Parole qu’il nous a laissée. aussi sur YouTube : Glorious, Jubilate Pop
les mêmes parents ! Nous Une célébration n’est donc pas une cérémonie comme Louange, Exo Eclat, Hopen,…), avant de
devons donc accueillir l’au- le serait par exemple un engagement scout, ni un temps de conclure par une bénédiction, dite par
tre comme étant lui aussi prière même si elle nous donne l’occasion de prier. C’est avant tout l’animatrice ou l’animateur : « Que Dieu
une réunion autour de l’Évangile, où nous commémorons la vie, la
enfant de Dieu, malgré son tout amour nous bénisse, Lui qui est Père,
mort et la résurrection du Christ.
éventuel sale caractère ou Fils et Saint-Esprit ».
Comment célébrer la Parole en l’absence de prêtre ? Tout simplement,
ses blagues à deux balles, comme on le ferait en sa présence ! L’eucharistie nécessite la présence
sa paresse... Nous aussi, d’un prêtre. Mais même s’il n’y a pas d’eucharistie, nous sommes
nous avons besoin d’être invités à faire mémoire du Christ et de sa Parole. Il est bien sûr important
accueillis malgré tous nos de trouver une expression personnelle de ce souvenir : il ne s’agit pas
manquements, tous nos de mimer une messe ou de mettre en scène un faux prêtre. Cependant,
ratages. Acceptons-nous des idées et des façons de faire seront communes et il est important
ainsi tels que nous de s’inscrire dans un rituel.

Page réalisée par Mireille Collet, Gilles Godefroy, Erwan L’Haridon

18 AZIMUT No 60 AOÛT 2019
 Dossier éducatif
18,2 % des élèves de 3e déclarent
avoir déjà eu des relations sexuelles.
10,7 % des filles (6,9 % des garçons)
estiment que leur premier rapport
sexuel était “ accepté mais pas
vraiment souhaité ”
Baromètre santé 2016 de Santé publique France

“ La sexualité concerne
l’être dans sa globalité,
dès sa naissance et
tout au long de
son existence ”.
(Organisation mondiale de la santé,
OMS, 2002)
© L. Garré - SGDF

L’éducation affective et sexuelle

La question de l’éducation affective et sexuelle des jeunes est aujourd’hui un défi sociétal. Les changements
sont rapides en matière de sexualité, notamment du fait des nouvelles technologies. Et dans le même
temps, force est de constater que c’est un sujet encore trop peu abordé dans les lieux d’éducation, parfois
même tabou pour beaucoup d’adultes. Les Scouts et Guides de France se doivent d’être acteurs de cette
dimension éducative avec leur sensibilité et leurs convictions.
AOÛT 2019 AZIMUT No 60 19
 © O. Ouadah - SGDF

Avec justesse et délicatesse

Pour les jeunes, les camps sont souvent propices à la découverte et à l’exploration de leur vie affective et
sexuelle, de par la promiscuité avec les autres et l’intensité de ce qui s’y vit. Dans le cadre des relations
privilégiées avec les jeunes, les chefs et cheftaines sont souvent confrontés à leurs questionnements intimes
ou témoins de situation, comportements ou paroles en lien avec leur vie affective et sexuelle. Et il est
parfois difficile de savoir comment se positionner.
Définissant en 2016 l’éducation à la sexualité, guides à déconstruire leurs préjugés, les inciter et d’autre part le devoir des adultes de les
le Haut Conseil à l’égalité indiquait : « l’éducation à aborder des questions telles que l’intimité, le accompagner et de les protéger pour les aider
à la sexualité vise, à partir de la parole des consentement, l’acceptation des différences, à grandir et à se construire.
jeunes, à les doter des connaissances, compé- le respect mutuel, l’égalité des sexes, etc. Dans Créer des espaces de discussion entre les
tences et savoir-être dont ils et elles ont besoin l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le pape adultes du groupe, pendant l’année ou en
pour une vie sexuelle et affective épanouie. » La François place la relation à l’autre au cœur de amont des camps, peut permettre de se sentir
sexualité et les relations affectives forment une l’éducation à la sexualité : « Il est difficile de pen- plus à l’aise pour aborder ces questions avec
découverte et un apprentissage qui soulèvent ser l’éducation sexuelle, à une époque où la les jeunes, s’équiper de quelques ressources
chez les enfants et les jeunes de nombreuses sexualité tend à se banaliser et à s’appauvrir. adaptées à la tranche d’âge et échanger sur les
questions et besoins, et Elle ne peut être comprise réactions à avoir dans les situations complexes.
cela dès le plus jeune âge. que dans le cadre d’une
Comme pour de nom- Faire du scoutisme un éducation à l’amour, au Caroline Le Gac,
breux sujets, il ne s’agit
pas pour les éducateurs
espace bienveillant dans don de soi réciproque ».
Grâce à cet espace bien-
déléguée nationale
Éducation, pédagogie, activités
et les éducatrices du mou- lequel chacun s’épanouit veillant offert au sein du
vement de dire aux jeunes scoutisme, nous croyons
dont ils ont la responsabi-
et construit son identité que les enfants et les
lité ce qu’il faut faire ou ne
pas faire en matière de relations affectives et
jeunes pourront ensuite
faire leurs propres choix dans leur vie affective Aller + loin
sexuelles, en lien avec la moralité ou avec leur et sexuelle en prenant confiance en eux, s’épa- Stop aux violences sexuelles faites aux enfants,
propre vécu. Il s’agit bien de créer des espaces nouissant et construisant leur identité sans met- par Bayard : a.sgdf.fr/livretstopviolences
bienveillants où les jeunes pourront développer tre de côté l’autre avec qui il est en relation. Co’action : un outil pédagogique pour les responsa-
leur esprit critique, trouver les ressources utiles Les éducateurs et les éducatrices ont également bles. En vente à la Boutique : a.sgdf.fr/Coaction
pour guider leur réflexion, pour connaître les un rôle à jouer dans ce domaine en posant un Sur Doc en stock, les outils du réseau Santé :
structures d’aide et de soutien si nécessaire. cadre sécurisant pour chaque jeune. Ils doivent a.sgdf.fr/outils
Pour cela, il faut parfois dépasser son malaise leur assurer la sécurité physique, affective et
Le Promeneur du net, une présence éducative sur
à aborder certains sujets, se rendre disponible morale, faire respecter par tous les règles de vie
Internet : promeneursdunet.fr
à écouter sans toujours chercher à trouver ou et la loi si nécessaire. Mais il n’est pas toujours
donner la bonne réponse, respecter et com- aisé de parvenir à un équilibre subtil entre d’une «Lieu de rencontre, l’aventure de l’amour» : le site
lancé par le Vatican pour l’éducation affective et
prendre les émotions, les sentiments ou les part le droit des enfants et des jeunes à vivre
sexuelle des adolescents : a.sgdf.fr/educaffective
peurs qui s’expriment. leur sexualité par la découverte de leur propre
Il est important aussi d’aider les scouts et les corps et de leur plaisir ainsi que ceux de l’autre,

20 AZIMUT No 60 AOÛT 2019

 Dossier éducatif

ENTRETIEN
CROISÉ Savoir écouter les jeunes
et leur permettre
de s’exprimer librement
Entre les parents et l’école, les éducateurs et éducatrices
ont une place particulière et un rôle à jouer dans
l’éducation affective et sexuelle des jeunes.
Échange avec Raphaëlle Quinzoni (à gauche), cheftaine
Pionniers-Caravelles du groupe de Montbéliard-
Guynemer et Marianne Niosi (à droite), animatrice à
l’association départementale de Paris du Mouvement
© SGDF

français pour le planning familial.

En quoi est-il important, en tant
qu’éducateur ou éducatrice, d’abor-
der les questions affectives et
sexuelles avec les jeunes ?
Raphaëlle Quinzoni - Il le faut parce que
c’est important pour les jeunes. C’est un
sujet qui reste tabou. Sur Internet ils ont
accès à beaucoup de choses mais ils ont
plein de questions. On peut se retrouver
face à un jeune de 14 ans qui va dire
« j’adore la sodomie », cela mérite d’être
interrogé. En tant que chef ou cheftaine,
on n’est ni prof, ni parent, ni pote, ça nous
donne une place particulière qui peut faci-
liter un dialogue ouvert.
Marianne Niosi - C’est important tout sim-
plement parce que c’est un sujet qui les
intéresse ! Les jeunes ont besoin d’es-
paces sûrs où s’exprimer librement. Ils
s’interrogent et construisent leur opinion
à travers ce qu’ils peuvent voir ou enten-
dre, notamment à travers la pornogra-
phie, facilement accessible sur Internet.
Il faut pouvoir déconstruire cela, notam-
ment parce que la sexualité est souvent
présentée avec de la violence.
Vous abordez cette thématique avec
des jeunes de quel âge ? Y a-t-il des
différences en fonction des âges
(méthodes, sujets…) ?
Raphaëlle Quinzoni - Je l’ai fait plusieurs
fois avec des pionniers-caravelles, quand
je sentais qu’il y avait un besoin. Par
exemple pendant un camp, on sentait
qu’il y avait des rapprochements, les
hormones débordaient ! On a décidé de
faire une boîte à questions et de séparer
les filles et les garçons pour répondre.
J’ai aussi été cheftaine Louveteaux-
Jeannettes ; avec le recul, je me dis que
j’aurais pu en parler avec eux. Le corps,
les limites, le consentement… on peut
aborder tout ça avec des louveteaux-
jeannettes, des scouts-guides ou même
des farfadets. On peut proposer des acti-
vités simples, pour qu’ils comprennent -
« ça, c’est mon corps, pas le tien »- et
qu’ils expriment leurs émotions.
Marianne Niosi - Au Planning, on intervient
beaucoup dans les collèges et dans les
lycées. Mais on a aussi un programme
pour les plus jeunes. Il faut bien sûr
adapter ce qu’on dit, mais le message
global reste le même : en amitié comme
en amour, il faut que la relation t’apporte
quelque chose de positif, qu’elle te fasse
te sentir bien. Si ce n’est pas le cas, il faut
la questionner. Et à tous les âges, la
norme sociale pèse sur les enfants et les
jeunes, ça peut être vécu avec beaucoup
de souffrance : il faut qu’ils sachent qu’ils
sont libres.
Quelle est la posture à adopter en
tant qu’éducateur ou éducatrice ?
Avez-vous des conseils à adresser
aux chefs et cheftaines ?
Raphaëlle Quinzoni - Il faut être à l’aise avec
ce qu’on fait et ce qu’on dit. C’est
comme une veillée : si on ne la sent pas
quand on la prépare, il vaut mieux ne pas
© SGDF
la faire. Les chefs et cheftaines doivent
être sincères aves les jeunes, ne pas jeter
des réponses vagues ou toutes faites et
dire s’ils n’ont pas de réponse. On peut
parfois s’appuyer sur ses propres expé-
riences, cela peut rassurer les jeunes de
savoir qu’à leur âge on se posait les
mêmes questions.
Marianne Niosi - Les adultes doivent avant
tout échanger entre eux et travailler sur
leurs propres représentations, pour ne
pas reproduire la norme sans réfléchir.
Ensuite, il faut écouter les jeunes, leur
permettre d’aller jusqu’au bout de ce
qu’ils ont à dire avec une attitude empa-
thique. Et ne pas hésiter à chercher des
ressources, des personnes qui peuvent
aider sur ces questions quand on a
besoin de passer le relais.
Propos recueillis par
Élodie Plas
Aller + loin
Guide du ministère de l’Éducation à destina-
tion des éducateurs/éducatrices sur l’accom-
pagnement à la vie relationnelle, affective et
sexuelle : a.sgdf.fr/guideeducationaffective
Site de l’INPES à destination des jeunes pour
répondre aux questions qu’ils se posent sur la
sexualité, le corps, les relations amoureuses :
a.sgdf.fr/onsexprime
Outils pédagogiques proposés par le CRIPS
accessibles en ligne : a.sgdf.fr/outilsCRIPS

AOÛT 2019 AZIMUT No 60 21

 Dossier éducatif

Éducation à l’affectivité. Nos outils

À chaque âge, la méthode scoute encourage et participe à l’éducation à l’affectivité. Cela commence par
l’incitation à exprimer ses émotions chez les farfadets, jusqu’à l’accompagnement pour comprendre les
enjeux d’une relation pour les plus grands. Voici quelques propositions, à retrouver dans les différents
outils pédagogiques. Par Léa-Xuân Tran
Infographie © Marylène Gaudy - SGDF

Non mais, genre !

Une activité pour les jeunes
Un livret à destination des animateurs


 

 
 
Aller + loin NON MAIS, GENRE !
Tu as envie d’organiser un débat dans ton unité pour mettre en lumière
Règles de l’activité,
 

les stéréotypes de genre ? L’outil Non mais, genre ! est là pour toi. Il
éléments de réponse
et pistes de réflexion
-------------------

se compose d’un jeu de 52 cartes sur lesquelles figurent des phrases

courtes qui font rarement consensus, et d’un livret proposant des éléments de réponses
DANS LA BIBLE… pour l’animateur. Aux Presses d’Ile-de-France. En vente sur laboutiqueduscoutisme.com

Le langage du corps
Jeu de piste : cherche dans les Évangiles toutes les rencontres où Jésus a un contact
physique avec son interlocuteur ou interlocutrice : le sourd-muet (Mc 7, 24-30), la femme
au parfum (Lc 7, 36-8, 3), le lépreux (Mc 1, 40-45), la femme hémorroïsse, la fille de Jaïre
et les aveugles (Mt 9, 18-31) , les enfants embrassés et bénis (Mc 10, 13-16), le baiser de
Judas (Lc 22, 47-48), l’Apôtre Jean penché sur son cœur (Jn 13, 23-25)…
Pour Jésus, le toucher est un langage naturel : pour lui, Dieu qui a pris chair humaine,
rien n’est nié dans le corps et rien n’est négatif, sauf s’il y a tromperie comme lors du
baiser de Judas, ou dans le cas d’un adultère. Le corps exprime-t-il une intention vraie ?
Le lavement des pieds est sans doute son geste le plus fort : Jésus nous montre jusqu’où
aimer. Et de tous les Évangiles, je crois bien que c’est le seul geste de Jésus qui est re-
poussé, et par son meilleur ami !
Quand on fait mimer un Évangile aux enfants, cette réalité du corps est à mettre en jeu,
dans un toucher juste et respectueux, décidé par et avec les enfants.
Le lavement des pied. Sculpture sur bois. Anonyme
Emmanuel Langard Royal, aumônier national Scoutisme en quartiers

22 AZIMUT No 60 AOÛT 2019

ET CONCRÈTEMENT ? ET CONCRÈTEMENT ? ET CONCRÈTEMENT ?
© C. Mercadal - SGDF
Amour, sexualité : trouver les mots
Pas facile de parler d’amour et de sexualité à des jeunes…
Voici quelques conseils qui vous aideront en maîtrise.
Partez des questions des
jeunes, ou de ce que vous avez
remarqué dans la vie du camp (événe-
ment, comportement) ou des relations
garçons-filles.
Posez la règle du respect de la
parole de chacun, et celle de la
confidentialité : on ne répètera pas « qui
a dit quoi », sauf en cas de révélation d’un
danger pour un mineur ou une mineure.
Adaptez votre langage et vos
repères à leur âge : ce n’est pas
parce qu’ils ont « tout vu » sur Internet
que vous les aiderez en racontant ces
images. Utilisez les mots justes mais
adaptés à leur âge, en resituant leurs
questions dans le cadre d’une relation
d’amour, faite de sentiments, de res-
pect, de consentement.
La technique du débat dialogué
est très aidante : renvoyez les
questions des jeunes au groupe, en de-
mandant « Qui veut répondre ?... Et vous,
vous en pensez quoi ? ». En amour, per-
sonne n’est expert, mais vous êtes plus
avancés qu’eux sur ce chemin !
N’enfermez pas les situations :
dans un monde ouvert, les jeunes
sont très questionnés par leur identité
sexuelle ou leur orientation. Tout existe,
et tout est possible – dans la limite du
consentement bien sûr – mais ce sera à
eux de dire un jour qui ils sont ou ce
qu’ils veulent : rien d’humain ne reste figé.
Évitez d’afficher votre expé-
rience personnelle de l’amour ou
de la sexualité, ou qu’un ou une
jeune n’expose la sienne devant les au-
tres : c’est un domaine intime, et per-
sonne ne peut se dire modélisant dans
ce domaine sans risquer d’exclure ou de
blesser…
l
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l
l
Et après avoir eu des paroles très
positives sur l’amitié, l’amour et
la sexualité, n’oubliez pas de po-
ser les limites : « Tu ne peux pas dire
n’importe quel mot à tes amis », « tous
les gestes ne sont pas admissibles en
société » ; « oui, il faut toujours le consen-
tement, même pour une caresse ou une
tape amicale » ; « oui le porno est interdit
aux moins de 18 ans, etc.
Vous n’êtes pas obligés de
SOS tout savoir, et pour une ré-
ponse compliquée, il vaut mieux proposer
d’en reparler plus tard, ou même de faire
appel à une voix extérieure à la maîtrise.
Dans tous les cas, sachez qu’on ne
peut parler d’amour qu’en balbutiant,
et que c’est normal, car c’est la plus
belle aventure humaine, scoute et
chrétienne.
Emmanuel Langard Royal,
intervenant à SESAME
(www.sesame-educ.org)
AOÛT 2019 AZIMUT No 60 23
 ET CONCRÈTEMENT ? ET CONCRÈTEMENT ? ET CONCRÈTEMENT ?
© M. Corbe - SGDF
Numérique et sexualité. Savoir en parler
Internet constitue un outil incontournable dans lequel il arrive parfois que les jeunes se perdent dans le
flot d’informations ou tombent sur des images à caractère pornographique. Et si le fait de savoir comment
en parler avec eux était un moyen d’apporter notre part dans l’éducation affective et sexuelle ?
Si tous les enfants et les jeunes ont de forts
risques de tomber sur des contenus pornogra-
phiques ou choquants, malgré les contrôles
parentaux et autres systèmes de protection,
s’ils perdent parfois le contrôle des images sur
les réseaux sociaux, il nous paraît nécessaire
de montrer aussi les opportunités qu’offrent les
usages du numérique.
Et concrètement ? Dans l’usage actuel du
numérique par les jeunes, l’adulte est souvent
dépassé. Le rôle des chefs et cheftaines est
davantage de leur offrir un espace bienveillant
dans lequel le dialogue, les questions, les
craintes, les doutes peuvent circuler librement.
Il paraît tout à fait essentiel de les préparer à
recevoir et critiquer les images et informations
qu’ils verront sur Internet. En leur proposant un
support adapté à la tranche d’âge pour en dis-
cuter, pour en débattre : une page web par
exemple, un scénario de tchat, un témoignage
ou une vidéo.
Vous pouvez découvrir ensemble les éléments
de contenus à travers quelques questions :
24 AZIMUT No 60 AOÛT 2019
- Quels peuvent être les effets des informations
ou images divulguées sur cette page/dans cet
échange ?
- Qu’est-ce qui vous dérange ou vous interpelle
dans ce que vous venez de voir ou de lire ?
- Connaissez-vous des personnes qui ont reçu
des propositions sexuelles sur Internet ? Si oui,
comment ont-elles réagi ?
- Comment peut-on faire pour éviter que des
situations à risques se produisent ?
En évitant l’approche anxiogène et en permet-
tant aux jeunes de porter un regard éclairé,
critique et distancié sur ces contenus, Internet
devient une source de curiosité, parmi d’autres,
offrant la possibilité d’accéder à une autonomie
de pensée et d’action qui permet de gérer au
mieux la vie relationnelle, affective et sexuelle.
Camille Gakomo, chargée de projet
Éducation,pédagodie, activités
Quelques chiffres
Selon l’étude de 2017 « Junior Connect »,
les 13-19 ans sont connectés en moyenne
15 h 11 par semaine. Et les 7-12 ans passent
en moyenne 6 h 10 sur le Web par semaine.
62 % des jeunes ont déjà visionné avant
15 ans une vidéo à caractère pornogra-
phique (enquête Opinion Way pour 20 Minutes,
2017)
51 % des adolescents ont déjà surfé sur
un site pornographique, une proportion en
forte hausse (+ 14 points en quatre ans)
14 % des jeunes exposés à la cyberpor-
nographie avaient entre 10 et 12 ans, 45 %
entre 13 et 15 ans et 42 % entre 16 et
17 ans. (Étude Ifop - Les adolescents et le porno :
vers une « Génération YouPorn » ?, 2013)
? ET CONCRÈTEMENT ? ET CONCRÈTEMENT ? ET CONCRÈTEMENT ?
© O. Ouadah- SGDF
Quand ça dérape…
Que faire face à des comportements affectifs ou sexuels problématiques dans son unité ?
Les enfants et les jeunes de nos unités vivent
le temps de la découverte de leur corps, de
leur désir, de leur plaisir, ce qui est normal.
Mais parfois, certains comportements ques-
tionnent, comme les jeux ou comportements
sexuels qui peuvent avoir lieu dans l’intimité
de la tente ou ailleurs.
Pour prévenir et éviter les situations délicates,
on peut :
➢ rédiger avec les enfants et les jeunes une
charte de vie, discuter d’intimité et de pudeur,
de consentement et de respect ;
➢ proposer un espace de dialogue pour leur
permettre d’apprendre à s’estimer, à se res-
pecter, à découvrir l’empathie, à comprendre
ce qu’est l’intimité corporelle et émotionnelle ;
➢ expliquer qu’alerter un adulte quand une
situation met mal à l’aise ou inquiète, ce n’est
pas “ balancer’’ mais se montrer responsable
et digne de confiance ;
➢ leur faire découvrir les limites à ne pas
franchir, distinguer ce qui est acceptable ou
non, et pas seulement au regard de la loi.
Voir aussi les outils pédagogiques disponibles, pages 20 et 21.
Et si des comportements problématiques ont
lieu, la réaction de l’adulte est importante :
➢ assumer sa responsabilité éducative en
gardant à l’esprit que c’est le comportement
qui n’est pas bon, pas le jeune, en prenant le
temps de la décision de la suite à donner ;
➢ ne pas plaquer nos représentations
d’adulte sur les comportements sexuels pro-
blématiques. Ils ne mettent souvent pas la
même signification derrière ses actes ;
➢ les amener à raconter ce qu’ils perçoivent
de la situation afin d’adapter nos réactions.
Si un comportement inadapté relève d’un
rappel aux règles du vivre ensemble, un com-
portement problématique peut relever de l’en-
fance en danger. C’est parfois compliqué de
distinguer entre conduites sexuelles explora-
toires, jeux initiatiques, besoins mal contrôlés
et pratiques abusives. En cas de doute, de
difficulté, il est important de ne pas rester
seul : solliciter les personnes ressources (res-
ponsable de groupe, ligne d’urgence).
Anne Pron, chargée de mission
pour le Réseau Santé SGDF
l
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l
ET AVEC LES PARENTS ?
En tant qu’éducateurs, sommes-nous
légitimes pour aborder l’éducation affec-
tive et sexuelle avec les parents ?
Il s’agit d’une question éducative, parmi d’autres,
qui touche les jeunes dans leur développement. Il
est donc normal et attendu que vous puissiez
aborder ce sujet avec les jeunes et avec leurs
parents. N’hésitez pas à demander de l’aide pour
trouver les mots adaptés à chacun. Les jeunes et
les parents ne sont pas toujours à l’aise pour
aborder l’éducation sexuelle et affective en famille.
Votre relation éducative est différente et vous
pourrez apporter des réponses complémentaires
utiles au jeune. Il ne s’agit pas d’enseigner aux
enfants mais de les aider à se forger leur propre avis
au fur et à mesure qu’ils grandissent, sans men-
songes. On peut tout à fait expliquer qu’il existe dif-
férentes façons de voir le monde : les parents en
ont une, l’école en a une, vous en avez une. Il est
donc important de communiquer en amont, notam-
ment auprès des parents, que cette thématique
pourra être abordée dans le respect des avis des
uns et des autres. Que les parents ne soient pas
étonnés de voir revenir leurs enfants avec des ques-
tions, des réponses ou des idées sur ce sujet.
Emmanuel Barbier,
responsable national Louveteaux-Jeannettes
AOÛT 2019 AZIMUT No 60 25
 Cléophas et moi Page réalisée par Emmanuel Langard Royal, aumônier national Scoutisme en quartiers

Église, foi, théologie, liturgie… Cléophas répond à tout ce que vous avez toujours voulu savoir
sans jamais oser le demander ! Aujourd’hui, c’est Manon qui l’interpelle.

Avec tous les scandales dans

l’Église, comment ne pas douter ?

© Illustration Étienne Le Pirat’

Manon - Pourquoi des prêtres ont-ils
pu agresser des femmes ou des
enfants, et des évêques protéger plus
les agresseurs que les victimes ?
Cléophas - C’est incompréhensible ! La
souffrance des victimes est terrible. La
question que tu poses est en réalité celle
du Mal, et de la perversion. Nous n’avons
pas la réponse au « pourquoi » du Mal,
mais nous connaissons le mode d’em-
ploi : lutter contre le mal, par la parole, la
vérité, le courage, parfois aussi par la
colère ou l’affirmation de soi. Il faut voir
comment Jésus faisait face au Mal ! Il
n’avait pas froid aux yeux.
Manon - Mais alors, Dieu a quitté
l’Église ?
Cléophas - Je ne pense pas que Dieu
abandonne le terrain de l’Humanité. Lui,
il est toujours là pour nous faire avancer.
Mais c’est vrai que dans toutes les reli-
gions, et tous les lieux humains il y a des
gens qui jouissent du Mal, et d’autres au
contraire qui luttent contre. Ceux qui
recherchent la satisfaction de leurs pul-
sions, et ceux qui choisissent le combat
pour la Lumière : « Je mets devant toi la
vie ou la mort, dit Dieu. Choisis donc la
vie ! »(Dt 30, 19)
Manon - Je n’ai plus envie de croire en
l’Église…
Cléophas - Je comprends. Cependant,
la crise que traverse l’Église, c’est aussi
la victoire de nos lâchetés et de nos hypo-
crisies. Et puis, regarde dans ta propre
famille : il y a des choses que tu voudrais
bien pouvoir garder, et d’autres que tu
veux rejeter et c’est normal. Si tu ne dis
rien, ta famille continuera comme elle a
toujours fait. Bien sûr tu peux choisir de
la quitter définitivement. Mais dans ce
cas-là, je te donne deux conseils : vérifie
tes motivations car souvent, ce qu’on ne
supporte chez l’autre (mensonge,
lâcheté, trahison), c’est aussi ce qu’on
ne se pardonne pas à soi-même. Et vérifie
enfin que tu n’en souffres pas au-delà de
tes forces.
Manon - Et si tout simplement pas Dieu
n’existait pas ?
Cléophas - Cela fait partie des possibili-
tés ! C’est pourquoi personne ne peut
prétendre enfermer Dieu dans une boîte
ou dans une religion. Mais le seul fait que
tu poses la question montre notre liberté
fondamentale à croire ou à ne pas croire,
et ça c’est génial. Et j’ai envie de te dire :
à la limite, que Dieu existe ou non – car
je ne peux pas te le démontrer par A +
B –, le combat pour la Lumière, lui, existe
bel et bien.

Retrouve
d’autres questions
dans Cléophas
ALLER PLUS LOIN
4 Véronique Margron, Jérôme Cordelier : Un
moment de vérité. Abus sexuels dans l’Église,
Albin Michel, 2019, 192 pages.
«Je me suis décidée à écrire non pour enfoncer le
glaive plus avant dans l’Église, mais pour proposer
des voies afin de sortir de ce désastre.» Véronique
Margron est présidente de la Conférence des reli-
gieuses et religieux de France.
4 Marie-Jo Thiel, L’Église catholique face aux
abus sexuels sur mineurs, Bayard, 714 p.
4 Interview de Véronique Margron sur RCF,
11 avril 2019, 16 minutes : a.sgdf.fr/VMargron
4 Abus sexuels dans l’Église, comment sur-
monter la crise ? Conférence à La Procure avec
V. Margron, M-J. Thiel, L. Ravel, F. Euvé, le 16 mai
2019 : a.sgdf.fr/conf-procure

26 AZIMUT No 60 AOÛT 2019

 S’engager !

« Mon engagement,
du scoutisme à l’accueil
d’adolescents réfugiés… »
Capucine est accompagnatrice Compagnons à Nantes. C’est à la suite de ce qu’elle a vécu dans le
scoutisme qu’elle a décidé de s’engager professionnellement dans l’accueil des réfugiés. Elle
témoigne pour Azimut du lien direct entre scoutisme, empathie et accueil inconditionnel.

«J e suis accompagnatrice
Compagnons avec mon mari. Si
nous vivons cet engagement à fond tous
Si dédier ma vie pour agir en faveur des
autres a toujours été pour moi une évi-
dence, le scoutisme m’a permis de
J’ai appris chez les scouts la joie de servir,
le bonheur venu de la découverte de l’au-
tre, l’amour du risque et du dépassement
les deux, il y a chez moi une résonnance concrétiser très jeune cette aspiration de soi. Ce sont toutes ces choses qui
particulière. profonde. Je choisis lors nourrissent chaque jour ma vie profes-
En effet, je m’occupe de
lieux de vie accueillant
J’ai appris chez de ma promesse de faire
de la phrase : “ la guide est
sionnelle et me poussent un peu plus loin.
Maintenir le service au cœur du scoutisme
des mineurs non accom- les scouts la joie de faite pour aider et sauver est pour moi vital. C’est dans le service
pagnés et non reconnus
dans leur minorité. Cela
servir, le bonheur son prochain ”, le mantra
de ma vie. Elle sera
à l’autre, à son prochain, que l’engage-
ment scout prend tout son sens. Servir,
signifie que le Conseil de la découverte rejointe plus tard par “ la c’est sortir de sa zone de confort, c’est
départemental conteste
leur minorité. Pendant
de l’autre guide sourit dans les dif-
ficultés ”. Je souhaitais
voir l’autre comme une personne aimable,
digne d’attention, c’est créer un monde
l’instruction de leur dos- devenir médecin en zone plus humain. La joie du service scout a
sier, ils ne sont ni majeurs, ni mineurs. Au- de conflit et de crise humanitaire. J’ai dû conduit mon engagement actuel. »
delà de leur statut et de leurs difficultés, revoir mon parcours d’études, mais j’ai
ce sont surtout des adolescents du même gardé mon envie d’aventure et de service. propos recueillis
âge que les pionniers et les compagnons Après ma licence, je poursuis avec un par Claire Vialard
que j’accompagne aujourd’hui. Je ne master en management de l’action
peux m’empêcher de mettre en parallèle sociale et de la solidarité internationale.
ces deux engagements. Je fais plusieurs stages en ONG dont un
dans un Centre d’accueil de demandeurs
Les centres d’accueil de deman-
d’asile (CADA, lire l’encadré) à Zagreb deurs d’asile (CADA) offrent aux
pendant l’hiver. Enfin, je travaille dans une demandeurs d’asile un lieu d’accueil
association pratiquant l’accueil incondi- pendant toute la durée de l’étude de
tionnel… comme le scoutisme. leur dossier de demande de statut de
M’occuper d’adolescents étrangers seuls réfugié. Cela comprend leur héberge-
me fait mesurer tout ce que le scoutisme ment et un suivi administratif, social
m’a apporté. Dans un premier temps et une aide financière alimentaire. Ces
dans l’aspect “ technique ” de mon travail : centres sont en général gérés par des
associations ou des entreprises et
à me débrouiller, à me dépasser, à faire
financés par l’État par l’intermédiaire
équipe, à prendre des responsabilités, à
des préfectures de région.
être autonome, la nécessité de se former,
la confiance en l’autre. Dans un second
temps, et c’est le plus important, dans le
© SGDF

sens de mon action : s’engager au quo-

Au jamboree scout mondial 2019 en Virginie aux États-Unis, une vidéo
tidien pour faire de notre société un
à 360° permettait aux participants de s’immerger dans la vie des réfu- endroit où chacun se sent à sa place et
giés et de créer du lien. faire grandir ces jeunes.

AOÛT 2019 AZIMUT No 60 27

 S’engager !

­à­vos­marques­!­prêts­?­Top­Vert­!

Créée par des compagnons et pour des compagnons, la proposition Top Vert, dans la
continuité de Top Rouge, permet à chaque compagnon de France de participer à des
expériments autour des arts comme le théâtre, la musique et le cinéma, en lien avec
un partenaire. On partage, ensemble avec d’autres, une passion. Des compas
témoignent de leur camp Top Vert en avril dernier à Maisons-Laffitte.
© SGDF

L’équipe Top Vert au complet.

Et vous alors, qu’est ce que vous avez fait

«D u 15 au 20 avril dernier, nous étions
10 compagnons réunis à Maisons-
Laffitte (Yvelines) pour participer à un camp Top
Vert, dont le but était de partager des moments
de musique et de théâtre avec des demandeurs
d’asile, en lien avec l’antenne parisienne de l’as-
sociation Jesuit Refugee Service (JRS). Cette
dernière, et plus particulièrement le programme
JRS Jeunes, propose des activités pour n’im-
porte qui en France. Ainsi, chaque étudiant, per-
sonne active ou au chômage, migrant ou réfugié
peut participer aux cours de français, aux
séances de sport, aux ateliers musique ou théâ-
tre, à des échanges et des discussions autour
de café/débats et bien d’autres choses ! »
concrètement ?
« Pendant cette semaine, nous avons donc
organisé et animé chaque après-midi des jeux
et des activités autour du théâtre, du cinéma et
de la musique ou bien tout simplement discuté
pour mieux se connaître. On se découvre soi-
même en même temps que les autres, en
oubliant les préjugés. On est en contact avec
des personnes qui ont vécu des choses diffi-
ciles, qui n’ont pas eu les mêmes opportunités
que nous, et pourtant c’est une semaine de
partage et de grands fous rires. »

28 AZIMUT No 60 AOÛT 2019


Partager cinq jours de
musique et de théatre,
avec des demandeurs
d’asile...
Comment avez-vous eu l’idée de JRS ?
« Nous cherchions avant tout à donner du sens
à notre projet, et pas uniquement s’amuser entre
nous. Les migrants, les demandeurs d’asile,
comme beaucoup d’autres personnes en diffi-
culté, sont dans une grande précarité sociale et
matérielle. Quelques mois avant Top Vert,
Priscille et Pierre, deux membres de l’équipe
pilote, ont participé à des ateliers organisés par
JRS. “L’ambiance sereine et bienveillante m’a
tout de suite frappé”, se souvient Pierre. “Dans
le café débat, on a discuté de l’amitié avec les
gens de ma table pendant deux heures comme
s’ils étaient mes amis depuis plusieurs années !”,
poursuit-il. “Cet atelier nous a permis d’échanger
S’engager !
© SGDF
sur des sujets forts, puis d’apprendre à se
connaître, à se comprendre, enchaîne Priscille.
Pour moi, ce fut des rencontres bouleversantes
et la découverte de modes de vie, et des his-
toires qui m’ont beaucoup touchée. Un couple
de Tibétains m’ont ainsi raconté leur histoire et
leur périple pour arriver jusqu’ici. À la fin, j’étais
convaincue et je savais que je ne m’étais pas Le Service jésuite des réfugiés
trompée !” À partir de ce moment-là, nous avons (JRS) accompagne toute l’année
donc confirmé notre envie d’ancrer notre enga- des personnes migrantes iso-
gement avec cette association. Il y a même un lées, que ce soit dans leurs
compagnon qui a continué son engagement au démarches juridiques ou dans
sein de JRS après Top Vert en participant régu- leur projet de vie.
lièrement à des ateliers et aidant au niveau de www.jrsfrance.org
l’organisation nationale de l’association. »
AOÛT 2019 AZIMUT No 60 29
 Toute une histoire !

Des farandoles et
sarabandes aux farfadets

© Archives SGDF
Au cours de l’AG 2019, les Scouts et Guides de France ont officialisé
la naissance d’une 5e branche : les Farfadets. Petit coup d’œil
dans le rétroviseur pour comprendre d’où elle vient. Deux jeannettes et une farandole martiniquaises (1997)

A u milieu des années 1970, on voit

apparaître dans des fêtes de
groupes, des petites bandes d’enfants
à la fois turbulents et intimidés. Pour se
faire entendre et montrer leur présence,
ils chantent une drôle de comptine : « Sa-
rabande, sarbacane, c'est la bande à la
cabane ». Les sarabandes sont arrivées
dans le paysage des scouts de France !
D’un « service » à une branche
L’histoire du scoutisme, c’est aussi
l’histoire de son extension et de la diver-
sification de son public. Quand Baden-
Powell crée le scoutisme, il n’y a qu’une
seule branche : les éclaireurs. Avec le
succès apparaissent le louvetisme, pour
se préparer au scoutisme, et la route,
pour le quitter. La meute louveteau, la
ronde des jeannettes ne sont considé-
rées à l’époque que comme du pré-
scoutisme, et la route du post-scou-
tisme. En France, à la fin des années
© Archives SGDF
1960 et au début des années 1970,
toutes les branches précisent leur réno-
vation. Les éclaireurs et guides (12-
17 ans), disparaissent pour laisser la
place à deux branches distinctes (11-
14 ans et 14-17 ans), et les petits frères
et sœurs de 6-7 ans frappent à la porte.
Une équipe expérimentale va donc tra-
vailler chez les guides comme chez les
scouts, en s’inspirant de ce qui existe
déjà dans d'autres pays, souvent appelés
beavers (castors). Chez les scouts, c’est
le nom de sarabande qui est retenu,
notamment parce qu’il peut se décliner
en sarabang, saranim, etc… Chez les
guides, ce seront les farandoles. Cette
réflexion est alors autant envisagée
comme un service rendu à la société — il
y a alors peu d’offres de loisirs éducatifs
pour cette tranche d’âge — que comme
un outil de développement du scoutisme.
Dans les années 1970, le scoutisme et
le guidisme veulent s’impliquer dans la
vie de la cité : chantiers chez les des pion-
niers et caravelles, nouvelle branche
compagnon et JEM, et c’est donc ce
« service » proposé aux jeunes mères.
C’est ainsi que les sarabandes et les
farandoles seront appelées un « service »
puis les farfadets une « proposition » et
non une branche. Pour "décomplexer"
localement, on insiste sur la souplesse,
un service pour aider deux ou trois
adultes de plus de 22 ans, mères de fa-
mille, ayant l’expérience d’enfants et du
recul « adulte » dans leur réflexion péda-
gogique et éducative ». Il n’est pas encore
très loin le temps où seules des jeunes
filles pouvaient être cheftaines pour les
louveteaux. L’objectif est alors aussi clai-
rement de ne pas « mordre » sur l'enca-
drement des autres tranches d'âge.
Depuis la fusion en 2004, la proposition
farfadets a profondément évolué. Les
parents animateurs et les responsables
farfadets font « vivre du scoutisme dans
un cadre familial et sécurisant » au travers
des huit éléments de la méthode scoute
et c’est à ce titre, que les farfadets sont
devenus une branche, permettant ainsi
au scoutisme de continuer à élargir
son public.
François Mandil,
délégué national
Communication et relations extérieures
et Michel Seyrat,
membre d’honneur des SGDF

© O. Ouadah - SGDF
parents qui, dans un immeuble, veulent
s'organiser pour offrir à leurs enfants
autre chose que la cage d'escalier.

En farandole et en sarabande, la mixité est déjà de mise La mixité avant la fusion

Détail intéressant, alors que nous Farfadets à Jambville (2016)
sommes dans cette période compliquée
au cours de laquelle les deux mouve-
ments essaient de fusionner, la mise en
œuvre diffère. Chez les Guides de
France, ce sont des cheftaines qui en-
cadrent alors que chez les Scouts de
France, la volonté du mouvement déjà à
cette époque, est que les enfants, des
© J.P. Pouteau - SGDF

garçons mais aussi des filles, soient en-

cadrés par des mamans. Les fascicules
de présentation du mouvement préci-
Le « GPS »
sent : « l’encadrement de cette jeune des sarabandes
tranche d’âge fait appel à de jeunes en1978

30 AZIMUT No 60 AOÛT 2019


© Clément Daveau - SGDF « Vivons dans la nature ! »
« L’étude de la nature est
l’activité-clé du scou-
tisme et du guidisme »
C’est du Baden-Powell,
et ça n’a pas bougé en
cent ans. La vie dans la
nature, c’est se décentrer du quotidien,
c’est se mettre tous et toutes sur un
pied d’égalité, se retrouver humbles et
solidaires dans un milieu différent et fas-
cinant. Sans même
parler des bienfaits
S’installer dans sur la santé, les avan-
tages en termes édu-
la nature, l’écouter, catifs sont multiples.
la sentir, allumer Ce n’est pas un ha-
sard si de plus en
le feu, faire à manger... plus d’écoles alterna-
Précieux interstices tives se développent
avec la nature au
de la vie ! cœur de leurs activi-
tés. « Si nous cam-
pons, ce n’est pas
simplement pour mettre [les jeunes] en
contact avec la nature, c’est aussi et fi-
nalement, surtout peut-être, pour leur
donner et pour leur imprimer pour toute
la vie, cette mentalité de campeurs,
J’ai à vous dire
c’est-à-dire d’homme vraiment libre, qui
ne tient à rien, pas même à sa tente, et
qui, par conséquent, est toujours prêt. »
Cette fois, c’est du Père Jacques Sevin.
Il ne s’agit pas uniquement d’enchaîner
les activités dans la nature, encore
moins de faire du cognitif sur le sujet,
mais tout simplement d’y vivre. Les
temps de la vie quotidienne sont essen-
tiels. En camp et en week-end, gardons
suffisamment de temps pour allumer le
feu, faire à manger, s’installer, écouter
et sentir la nature. Ces interstices de la
vie sont précieux et d’une grande ri-
chesse éducative. Des moments privi-
légiés entre jeunes, avec les maîtrises,
à la découverte de soi, des autres et de
la création.
La vie dans la nature est aussi notre
principal produit d’appel, élément incon-
tournable de la méthode scoute. Les
enfants ne nous rejoignent pas pour nos
réunions au local ou parce qu’ils auraient
lu et apprécié notre projet éducatif. Ils
viennent chez les Scouts et Guides
parce qu’ils savent qu’ils pourront salir
leur pantalon, plonger dans les feuilles
mortes, allumer un feu, construire des
cabanes… C’est d’autant plus vrai au-
jourd’hui que la relation de la société à
la nature évolue. Il suffit d’ailleurs de re-
garder le succès médiatique du survi-
valisme ou de la télé-réalité-aventure :
la nature est vue à la fois comme dan-
gereuse, mais follement attirante. Si le
survivalisme, c’est apprendre à vivre seul
en luttant contre la nature, le scoutisme,
c’est apprendre à vivre collectivement
avec elle.
Cette vision positive, nous aurons l’oc-
casion de la partager très largement le
27 juin prochain : pour démarrer les cé-
lébrations du centenaire, nous avons fait
le choix d’inviter largement nos voisins
dans une grande fête simultanée à tra-
vers la France. C’est évidemment en
pleine nature que nous vous invitons à
l’organiser !
Olivier Mathieu,
délégué général
des Scouts et Guides de France

Carnet Dans notre grande communauté scoute et guide, nous partageons des joies et des peines. Vous pouvez
retrouver ce carnet dans l’espace chefs-cadres du site Internet. Pour contribuer, c’est ici : carnet@sgdf.fr

MARIAGES

Laurène Latieule-Cogné, accompagnatrice de groupe, ORDINATIONS

et Cédric Ouvrard, chargé de mission dans le Val d’Oise.
Guillaume Aghroum, correspondant mission pays partenariats au Rwanda et accompagnateur SACERDOTALE
Compagnons, et Bertille Lenoir, accompagnatrice Compagnons. Tanguy Pouliquen, animateur
Simon Gillot, chef Scouts-Guides du groupe Don Bosco de Caen Cléophas du groupe Var-Esterel.
et Doriane Simon, cheftaine Scouts- Guides du groupe Don Bosco de Caen, territoire Basse-Normandie. Pierre-Mathieu Ndiaye, chef
Manon Ruinart, responsable Politique européenne et événements internationaux au département Pionniers-Caravelles de Digne.
international, et Aurélien Bigo.

NAISSANCES DÉCÈS
Simon, fils de Mathieu, responsable national Scoutisme en quartiers,
et Sophie Brindisi, responsable nationale du Réseau santé. Michel Vanhecke, ancien codep
Valentine, fille de Cécile Bousigues, ancienne accompagnatrice pédagogique, du territoire Nord Val de Marcq.
et Nicolas Zechel, responsable du pôle pédagogique du territoire de Lyon Levant. Pierre Kerrec, ancien Codep
Louisa, fille de Miloud et Mathilde Drhoghi, équipière développement sur le territoire Coteaux de Seine. du Val d’Oise.
Siméon, fils d’Antony Moine, délégué général adjoint des SGDF, et d’Anne-Lise Aninat, secrétaire de Vincent Bastin, ex-trésorier
groupe Butte aux Cailles (Paris). du groupe de Valenciennes.
Mazzarine, fille de Bertille, responsable de groupe Butte aux Cailles (Paris) et Jean-Baptiste Dupont, Rose De Wever, caravelle
responsable national Développement et ouverture de groupes. du groupe de Cambrai.
Marceau, fils de Marie Mullet-Abrassart, présidente des SGDF et de Nicolas Mullet. Raphaël Arenou, ancien délégué
Elouan, fils de Tahin et Alexandra Ribero, équipiers nationaux marins. territorial des Trois ponts.

AOÛT 2019 AZIMUT No 60 31

 © Illustration May

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