Vous êtes sur la page 1sur 21

1

La christologie
1

Jean-Marie Hyacinthe QUENUM1, SJ

La christologie au fil de l’histoire est l’évaluation critique


dans l’Église de l’action et du destin de la personne du Christ à la
lumière des mystères de la vie de Jésus de Nazareth crucifié et
annoncé comme ressuscité 2 et comme sauveur du monde.

La christologie est une vaste discipline académique


englobant l’Écriture, l’histoire des doctrines, les rapports de
l’histoire à la foi, l’interprétation de la personne du Christ et des
essais de théologie systématique pour exprimer l’identité véritable
de Jésus de Nazareth3.

La christologie « d’en haut » évalue Jésus comme le Fils


unique de Dieu qui s’abaisse par son incarnation pour être exalté par
sa résurrection alors que la christologie « d’en bas » se soucie de la
vérification historique du témoignage de l’Écriture sur l’homme
Jésus inscrit dans l’histoire humaine.

Entre la christologie « d’en haut » et la christologie « d’en


bas », la christologie de la reconstruction historique de la vie de Jésus
de Nazareth tente avec ses trois quêtes du Jésus de l’histoire

1
Jean-Marie Hyacinthe QUENUM, SJ est professeur visiteur de christologie à
l’Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ) à Abidjan en Côte
d’Ivoire.
2
John P. Meier, Un certain Juif, Jésus. Les données de l’histoire. Traduction
française, 4 vol., Paris, Cerf, 2004-2009.
3
J.-F. BAUDOZ et Michel FÉDOU, 20 ans de publications sur Jésus, Paris,
Desclée, 1997.
2

d’esquisser les portraits du Juif énigmatique du premier siècle qui


continue de susciter des essais de christologie sur son action et sur
son destin4.

Enfin la christologie des conciles ou christologie classique


fournit des textes régulateurs d’une importance décisive pour la
communion entre les membres de l’Église.

Toute christologie s’organise autour du mystère trinitaire


manifesté dans l’histoire humaine par l’évènement Jésus-Christ
comme un acte du Père, du Fils et de l’Esprit Saint5.

Toute christologie a comme point de départ les annonces du


Christ dans le Premier Testament et l’interprétation de l’évènement
Jésus Christ dans le Nouveau Testament comme une réalisation des
promesses messianiques au-delà des idéologies nationalistes de la
Palestine sous domination Romaine6.

Ainsi la christologie a pour fondement, le témoignage


existentiel de l’Écriture qui présente Jésus de Nazareth comme un
fils d’Israël, héritier des promesses messianiques qu’il porte à un
point d’incandescence par sa passion et par sa mort. La résurrection
du Fils bien aimé du Père est l’élévation du Fils de l’homme qui

4
Bernard Sesboüé, Les « trente glorieuses » de la christologie (1968-2000),
Bruxelle, Lessius, 2012.
5
Bruno Forte, Jésus de Nazareth, Histoire de Dieu. Dieu de l’histoire, Paris, Cerf,
1984.
6
Jacques Guillet, Jésus devant sa vieet samort, Paris, Aubier, 1971.
3

donne l’Esprit du Père et du Fils pour la mission prophétique de


l’Église.

C’est dans l’Église, communauté messianique du Fils de


l’homme exalté que se développe la « christologie d’en haut » qui
est l’interprétation de la confession que Jésus de Nazareth mort et
ressuscité est le Christ. Cette confession doit recourir à
la « christologie d’en bas » pour inscrire le ressuscité dans la
continuité de son projet pré-pascal.

Les christologies au fil de l’histoire proclament l’intervention


absolue de Dieu dans l’histoire humaine à travers l’évènement de
Jésus de Nazareth crucifié et ressuscité. Les christologies les plus
pertinentes au fil de l’histoire justifient la crédibilité de cette
proclamation en assurant une continuité dans la discontinuité entre
le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi7.

Le Jésus de l’histoire ne s’oppose pas au Jésus tel qu’il s’est


révélé aux disciples après la résurrection. On peut aussi imaginer un
Jésus tel qu’il existait avant son existence humaine avant de
s’accomplir dans le temps de l’existence humaine 8.

Les méthodes historico-critiques aident à établir à travers les


investigations historiographiques et les critères de multiples
attestations, d’embarrassement et de discontinuité l’intégrité des

7
Bernard Sesboüé, Jésus-Christ dans les traditions de l’Église, Paris, Desclée,
1982.
8
Jacques Guillet, Jésus Christdans notre monde, Paris,DDB, 1974.
4

actes et des paroles attribués à Jésus de Nazareth au cours de sa vie


publique en Palestine du premier siècle9.

Les relations de Jésus avec les différents courants du


Judaïsme diversifié du premier siècle permettent de situer le Juif
Palestinien qu’était Jésus10.

En effet Jésus de Nazareth fut un homme proche du


mouvement baptiste qui, à la suite de Jean, fils de Zacharie et
prophète eschatologique, proclama le règne de Dieu présent dans son
ministère contre les forces du mal.

Les guérisons, les exorcismes et l’interprétation avec


autorité de la loi de Moïse et l’éthique radicale de Jésus le signalent
comme un homme qui n’entre pas dans les catégories connues du
monde d’alors. Cet homme n’était pas seulement un homme de Dieu
ou proche de Dieu mais il était le visage humain du Dieu
incompréhensible et caché du Premier Testament11.

Cet homme plus grand que Salomon, plus grand que Jonas,
plus grand que le temple a suscité un conflit avec les autorités
politico-religieuses de son temps qui a abouti à sa crucifixion.

Sa résurrection d’entre les morts conduit ses disciples à le


confesser comme Christ, Fils de Dieu et Seigneur. Cette christologie

9
Jacques Dupont (dir.) Jésus aux origines de la christologie, Louvain, 1975.
10
A. Marchadour (dir.) Que sait-on de Jésus de Nazareth ?, Paris, Bayard, 2001.
11
Ch. Perrot, Jésus et l’histoire, Paris, Desclée, 1979.
5

de l’Église primitive s’est élaborée autour de l’école Paulinienne et


de l’école Johannique.

Les évangiles synoptiques présentent à travers leurs récits, la


révélation progressive du mystère de Jésus en partant de l’homme
Jésus dévoilant sa véritable identité dans son mystère pascal.

La christologie « d’en haut » part de l’initiative gratuite du


Dieu trinitaire qui réconcilie l’humanité et qui la divinise en faisant
appel à son consentement pour se convertir.

Cette christologie « d’en haut » souligne le caractère


rédempteur de l’amour de Dieu qui pardonne sans exiger la
réparation de l’homme-Dieu seul capable de satisfaire la justice de
Dieu.

La christologie « d’en haut » met fin à la sotériologie d’un


Dieu vengeur et justicier et montre comment l’homme est justifié par
la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth.

Jésus Christ dans le Nouveau Testament est le révélateur du


mystère trinitaire.

Dans son ministère pré-pascal, Jésus de Nazareth fut le porte-


parole du règne de Dieu par ses guérisons, ses exorcismes, ses repas
communautaires à table ouverte, et sa compassion pour les pauvres,
les pécheurs et les exclus de la société ambiante gouvernée par les
lois de la pureté.
6

Jésus de Nazareth s’intéressait aux hommes, aux femmes et


aux enfants en affirmant la dignité de tous contre les conventions
sociales et les hiérarchies. Il était attaché à l’esprit de la Loi de Moïse
en rejetant les traditions légalistes et littéralistes qui ne tenaient pas
compte de la faiblesse humaine. Jésus de Nazareth fut aussi un
maître de sagesse qui par ses paraboles et aphorismes donnait un
enseignement inspiré par l’observation et l’expérience pratique de la
vie quotidienne. Ce maître de la parole est capable d’écoute, de
reparties, d’humour et d’ironie. Ce maître exceptionnel a admis dans
le cercle de ses disciples, des femmes, des pécheurs publics et des
hommes distingués comme Nicodème et Joseph d’Arimathie.

La caractéristique fondamentale de l’enseignement de Jésus


de Nazareth est l’amour du prochain illustré par la parabole du bon
Samaritain. Jésus invitait ses auditeurs à percevoir Dieu comme le
Père par excellence, tout autre que les pères humains pourtant bien
disposés à donner de bonnes choses à leurs enfants, dont la
sollicitude se manifeste à travers sa providence bienveillante envers
ses créatures. Le Père, origine et source de tout ce qui existe,
incompréhensible et invisible est la bonté infinie qui se diffuse dans
ses soins à préserver la vie et la création. De toute éternité, le Père a
le dessein bienveillant de sauver les humains en les comblant de dons
divers comme la pluie, la régularité des saisons, la nourriture, l’air et
l’eau.
7

En Jésus de Nazareth, le Père rend présent son règne


d’amour, de justice et de paix en apportant les soins nécessaires aux
affligés et à ceux qui ont faim et soif d’une vie heureuse.

Jésus de Nazareth rend le règne de Dieu présent à travers son


ministère de compassion et de miséricorde en se penchant sur les
souffrances de l’existence humaine. Il révèle ainsi la compassion du
Père qui jadis écoutait le cri des opprimés de la maison d’Égypte.

Jésus comme prophète eschatologique réalise les signes


messianiques annoncés par les prophètes d’Israël et donne
l’espérance que le Père va établir enfin son règne qui s’est approché
et qui est à venir : le déjà là du règne de Dieu et le pas encore de la
promesse complète.

Jésus de Nazareth au cours de son bref ministère public a


maintenu la tension entre le règne présent dans son œuvre de salut et
l’intervention absolue de Dieu pour révéler la gloire du Fils bien
aimé en qui sera personnalisé le règne et en qui l’Esprit du Père et
du Fils sera donné pour la communion de vie avec la Sainte Trinité.

La résurrection de Jésus crucifié est le point de départ de la


christologie du Nouveau Testament. Glorifié et élevé au rang de
Seigneur, Jésus, le Fils préexistant assume la condition d’Adam et
d’Eve qui était sous la malédiction du péché et de la mort. L’acte de
kénose du Verbe préexistant assumant la condition pécheresse de
8

l’humanité donne une priorité absolue au mouvement descendant de


l’initiative divine vers l’homme (Philippiens 2, 6-11 ; Jean 1, 1-18).

Jésus de Nazareth, le prophète eschatologique de Galilée, le


prédicateur itinérant du règne de Dieu présent et à venir, comme
homme pour les autres est le sauveur de l’humanité parce qu’il est le
premier sauvé de la mort et devenu vivant éternellement, il réconcilie
l’humanité avec le Dieu trinitaire. Il est le chemin par lequel on
trouve le Dieu trinitaire. En lui, se révèle l’homme authentique
transparent au Dieu trinitaire par son obéissance et son humilité.
Jésus crucifié et ressuscité est le trait d’union entre Dieu et l’homme.
Il est l’homme véritable uni au Dieu trinitaire. Présence de Dieu au
cœur de l’histoire humaine, Jésus Christ est à la fois Dieu et homme.
Il incarne la parole créatrice de Dieu dont les valeurs sont l’amour,
la justice, la paix, l’harmonie sociale, le pardon, la fraternité, la
communion, le service, la gratuité et la grâce.

Les trois questions essentielles de la christologie au fil de


l’histoire sont les suivantes :

Qui était Jésus de Nazareth, l’homme historique confessé


comme, Christ, Fils et Seigneur ?

En quoi l’évènement Jésus-Christ est le lieu de la rencontre


de l’humanité avec Dieu ?
9

Quelles sont aujourd’hui les christologies implicites et


explicites de l’histoire de l’Église qui marquent la vie de nos
contemporains ?

1. Qui était Jésus de Nazareth, le Christ de la foi


postpascale ?

Jésus de Nazareth était l’homme qui avait une relation


spéciale à Dieu qu’il nomme Père. Ses paroles, ses actions et ses
comportements se referraient au Père, source de tout ce qui existe.
En Jésus de Nazareth, l’humanité a rencontré la face humaine du
Dieu vivant et caché du Premier Testament. Aussi Jésus de Nazareth
devient-il par son ministère, par sa mort violente et par sa
résurrection, le sacrement universel de ce qu’est Dieu en forme
humaine et le médiateur de la rencontre de l’humanité avec le Dieu
trinitaire.

Jésus Christ comme sacrement universel et comme médiateur


de la rencontre de l’humanité avec Dieu trinitaire est le centre et le
sommet de l’histoire humaine avec Dieu (1Tm 2 : 5 ; 1Tm 5,6). Il
est celui qui établit la communion de vie entre le Dieu trinitaire et
l’humanité (Jean 17, 3 ; Jean 14, 6-12). Révélation absolue de Dieu,
Jésus Christ donne accès à la vie divinisée par sa passion, sa
résurrection et le don de l’Esprit (Actes 2, 32-33).

Dans le dessein bienveillant du Dieu trinitaire, Jésus Christ


est le chef de la nouvelle humanité suscitée par sa solidarité avec le
10

genre humain. Point d’intersection entre le Dieu trinitaire et


l’humanité, Jésus Christ le nouvel Adam qui rassemble les membres
dispersés de l’humanité. Désormais « Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ;
il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la
femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ ; » (Ga 3, 28 ;
Apocalypse 7 : 9-10).

Jésus Christ par son incarnation suscite des rencontres, des


partages et des solidarités. En Jésus Christ, la nouvelle humanité née
de la résurrection du crucifié de Golgotha forme un corps (1
Corinthiens 10, 17). Jésus Christ, le Fils de Dieu rend présent dans
la création la communion d’amour du Père et du Fils et du Saint
Esprit en attendant que le Dieu trinitaire soit tout en tous.

Jésus Christ, centre de l’histoire humaine introduit dans le


monde l’imitation des personnes divines pour une véritable
expérience de communion.

Sillonnant les routes de la Palestine du premier siècle, Jésus


de Nazareth est le hérault de la bonne nouvelle de la proximité du
règne de Dieu. La vie de Jésus de Nazareth se caractérise par ses
relations vécues à travers les rencontres dans l’esprit d’accueil,
d’hospitalité et d’ouverture. Au cours de son bref ministère public,
Jésus de Nazareth va à la rencontre des pauvres, des malades et des
faibles. Son engagement envers les personnes vulnérables et les
personnes défavorisées montre l’importance de chaque personne,
unique et irremplaçable à l’image du Dieu trinitaire. Jésus de
11

Nazareth va promouvoir durant sa vie pré-pascale, les valeurs


comme l’amour inconditionnel du prochain, le pardon, le respect des
différences, l’acceptation de l’altérité de l’autre, l’espérance du
triomphe de la justice, la fraternité et la communion de vie avec le
Dieu trinitaire.

Ce véritable homme inclassable dont la limpidité de vie sans


conversion suscite l’émerveillement est à l’origine d’une sagesse
subversive qui rejoint les angoisses et les espérances de l’humanité
souffrante et oppressée.

Cet homme qui est l’unique Christ véritablement homme et


véritablement Dieu est le Fils de Dieu devenu Homme. Il est le Verbe
fait chair de la tradition Johannique et le Fils envoyé par le Père de
la tradition Paulinienne. La divinité du Fils devenu homme exclut
toutes idées de divinisation de Jésus de Nazareth. Jésus de Nazareth
n’est pas un homme divinisé, il est la Parole créatrice de Dieu faite
chair pour manifester le don du Dieu trinitaire à l’humanité. Le Dieu
trinitaire après avoir comblé l’humanité des dons divers se donne à
l’humanité afin qu’elle participe à la vie de communion avec les
personnes trinitaires.

2. Le message et le destin de Jésus

Jésus de Nazareth est l’homme qui réalise sa véritable


identité divine dans la condition humaine. Soumis aux lois
communes de la croissance humaine, Jésus de Nazareth grandit
12

cognitivement et éprouve les affects d’un être humain authentique


dans le cadre de la vie commune de son peuple. Jésus de Nazareth a
faim et soif comme tout homme. Comme tout bon vivant, Jésus
participe aux banquets et aux noces. Il se fatigue et se met en colère.
Il est triste et pleure. Il souffre et meurt comme tout homme.

Comme tout homme, Jésus de Nazareth a un projet, celui


d’annoncer la proximité du règne du Dieu trinitaire au bénéfice de
ses frères et sœurs en humanité.

Jésus de Nazareth se révèle progressivement comme la voix


du Dieu trinitaire dans sa prédication subversive et pleine d’autorité.
Jésus de Nazareth accomplit des signes messianiques qui montrent
qu’il venait du Dieu trinitaire et que sa préhistoire est esquissée de
façon mystérieuse dans les livres des prophètes d’Israël. Conduit par
l’Esprit de Dieu, Jésus de Nazareth rencontre des contradictions,
souffre et meurt comme tout homme, abandonné de tous et rejeté par
ses propres disciples.

La résurrection de Jésus de Nazareth provoqua une relecture


de sa vie pré-pascale par ses disciples comme une confirmation de
son identité véritable de Fils unique de Dieu. Désormais libéré des
limites de la condition humaine. Il peut envoyer ses disciples
continuer son œuvre de salut en libérant les hommes, les femmes et
les enfants de leurs idoles afin d’adorer le vrai et unique Dieu, Père,
Fils et Esprit Saint, source d’amour et de communion de vie. Le
triomphe de Jésus ressuscité sur la mort et sur le péché du monde
13

ouvre l’espérance d’une vie de communion au sein de l’humanité qui


reçoit le don de l’Esprit Saint.

Dans sa vie pré-pascale, Jésus est le prophète de la fin des


temps qui proclame la proximité du règne de Dieu à travers les
signes messianiques opérés de façon massive en Galilée au point de
susciter « le printemps de Galilée ».

Acteur et représentant décisif du règne de Dieu par sa


prédication itinérante, Jésus de Nazareth porte un regard d’espérance
sur le monde où le Dieu trinitaire est sur le point d’entrer en
communion de vie avec l’humanité à travers l’urgence de la
conversion qui accepte le geste contagieux d’amour contre les règles
défensives de pureté qui créent des murs de séparation sociale,
religieuse et politique.

Le message implicite de Jésus de Nazareth est celui d’un


amour inclusif et inconditionnel à l’instar des personnes trinitaires
qui mènent une vie généreuse d’égalité, d’échange, d’amitié et de
communication transparente.

Ce message d’amour inclusif, inconditionnel qui exclut


l’exploitation de l’homme par l’homme, l’oppression des puissants
et la domination des grands de ce monde, se heurta à l’indignation
de ceux qui sont attachés aux privilèges et à la main mise sur les
autres.
14

Jésus de Nazareth devint alors durant sa passion, un prophète


rejeté, humilié, bafoué, persécuté, torturé, subissant les cent vingt
coups de la flagellation Romaine, mourant sur la croix, le comble de
la déchéance humaine.

Le destin de Jésus de Nazareth fut celui d’un homme qui


proposa un enseignement nouveau sur le règne de Dieu au sein du
Judaïsme pluriel du premier siècle. Cet enseignement nouveau
suscita la haine de Jésus par les détenteurs des pouvoirs politico-
religieux. Jésus de Nazareth subit alors le destin des prophètes
persécutés d’Israël. Ce fils de l’homme mort et enseveli fut réduit au
silence d’un tombeau trouvé ouvert par ses disciples qui annoncent
sa résurrection dans le sillage de ses apparitions où le fils de
l’homme exalté se laisse voir et envoie ses disciples comme
émissaires de la réconciliation de l’humanité avec le Dieu trinitaire
(Matthieu 28, 15-20).

3. Le mystère de Jésus et la christologie au fil de l’histoire

Né en l’an 6 ou 7 avant Jésus Christ et mort vers l’an 30 après


Jésus Christ, l’homme Jésus, le prophète des derniers temps de
Galilée fut une figure énigmatique du salut.

L’histographie moderne lui décerne le titre de prophète


eschatologique car il fut le porte-parole du règne de Dieu qui fait
irruption dans l’histoire humaine à travers sa personne transparente
au mystère du Dieu trinitaire de la future tradition ecclésiale.
15

Jésus fut un artisan, un guérisseur et un leader charismatique.


Prédicateur itinérant du règne de Dieu Jésus de Nazareth fut un
prophète persécuté dont l’enseignement nouveau provoqua la haine
des détenteurs des pouvoirs politiques et religieux.

Torturé et crucifié, Jésus meurt comme un martyr, fidèle à sa


mission de révéler le dessein bienveillant de Dieu d’établir son
règne, d’amour, de paix et de justice dans un monde marqué par les
fractures sociales et religieuses.

La mort de Jésus et son ensevelissement sont suivis d’un


évènement eschatologique, inattendu et bouleversant, et presque
incroyable : sa résurrection.

C’est cet évènement eschatologique qui provoqua la relecture


de la vie pré-pascale de Jésus où l’on décrypta les traces de sa
filiation divine validée et confirmée par l’intervention absolue du
Père pour exalter à sa droite le fils de l’homme selon les prophéties
Daniéliques.

Remarques conclusives :

La christologie « d’en haut » de l’école Paulinienne affirme


l’envoi du Fils unique et éternel du Père comme figure de salut pour
l’humanité.
16

L’école Johannique plus tardive dans le cadre de la


christologie « d’en haut » affirme que le Verbe qui était auprès de
Dieu et qui est Dieu s’est fait chair afin de communiquer à
l’humanité, la vie de communion et d’amour entre le Père, le Fils et
l’Esprit Saint.

La christologie « d’en bas » plus soucieuse de vérification


historique s’inspire des évangiles synoptiques pour interpréter
l’humanité de Jésus de Nazareth comme présence du Dieu caché qui
se révèle dans le mystère pascal.

La Christologie de la reconstruction historique se contente de


restituer Jésus de Nazareth dans le cadre du judaïsme du premier
siècle en respectant l’énigme et le mystère de l’homme inclassable
qu’était ce Juif avec un enseignement nouveau et une pratique
d’amour inclusif.

Quant à la christologie classique des conciles œcuméniques,


elle produit des textes régulateurs qui orientent l’interprétation de la
personne du Christ selon les catégories de pensées ambiantes sans
s’éloigner de l’Écriture Sainte qui est la matrice de toutes
christologies.

Les christologies les plus pertinentes au fil de l’histoire sont


celles qui présentent Jésus de Nazareth comme l’homme véritable
uni au Dieu trinitaire. Cet homme est plus qu’un prophète
eschatologique. Il est l’incarnation de la parole créatrice qui révèle
17

le mystère de la Sainte Trinité dans son initiative gratuite de sauver


l’humanité à travers le Fils unique en qui se trouve la plénitude de la
divinité.
BIBLIOGRAPHIE

 John P. Meier, Un certain Juif, Jésus. Les données de l’histoire.

Traduction française, 4 vol., Paris, Cerf, 2004-2009.

 J.-F. BAUDOZ et Michel FÉDOU, 20 ans de publications sur Jésus,

Paris, Desclée, 1997.

 Bernard Sesboüé, Les « trente glorieuses » de la christologie (1968-

2000), Bruxelle, Lessius, 2012.

 Bruno Forte, Jésus de Nazareth, Histoire de Dieu. Dieu de l’histoire,

Paris, Cerf, 1984.

 Jacques Guillet, Jésus devant sa vie et sa mort, Paris, Aubier, 1971.

 Bernard Sesboüé, Jésus-Christ dans les traditions de l’Église, Paris,

Desclée, 1982.

 Jacques Guillet, Jésus Christdans notre monde, Paris,DDB, 1974.

 Jacques Dupont (dir.) Jésus aux origines de la christologie, Louvain,

1975.

 Marchadour (dir.) Que sait-on de Jésus de Nazareth ?, Paris, Bayard,

2001.

 Ch. Perrot, Jésus et l’histoire, Paris, Desclée, 1979.


INDEX

Christologie « d’en bas »-----------------------------------------------1, 2, 9

Jésus de l’histoire ---------------------------------------------------------- 1, 2

Jésus de Nazareth ------------------------------------ 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9

La christologie « d’en haut » ------------------------------------------1, 3, 9

Le Christ de la foi ----------------------------------------------------1, 3, 9

Le Christ ressuscité --------------------------------------------------1, 2, 5, 7

Le salut ----------------------------------------------------------------4, 7, 8, 9
TABLE DES MATIERES

1. Qui était Jésus de Nazareth, le Christ de la foi


postpascale ? --------------------------------------------------------------9

2. Le message et le destin de Jésus ------------------------- 11

3. Le mystère de Jésus et la christologie au fil de


l’histoire------------------------------------------------------------------ 14

Remarques conclusives : -------------------------------------------- 15

BIBLIOGRAPHIE-------------------------------------------------------- 18

INDEX --------------------------------------------------------------------- 19

Vous aimerez peut-être aussi