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M. Alisaona RAHARINARIVONIRINA
Agrégé des Facultés de Droit
Professeur Emérite
et
Mme Corinne VARGHA
Directrice du Département des Normes Internationales
du Travail du BIT-Genève
© Editions TSIPIKA
3e édition
ISBN 978-2-36076-133-3
C’est donc un ouvrage de référence par excellence qui va immanquablement réjouir les
praticiens de ce droit : non seulement les employeurs et les salariés qui sont les premiers concernés
mais aussi les étudiants qui pourront apprendre et maîtriser sans difficulté cette matière, les
magistrats, les avocats et tout juriste intéressés par le domaine et même tout citoyen car l’ouvrage
est écrit dans un style simple mais très chair et accessible à des non juristes.
Malgré les innombrables activités dans lesquelles elle s’investit pleinement, Madame Le
Premier Président a pu, une nouvelle fois, produire cette édition. Ce qui réaffirme une fois de plus sa
grande expertise et sa capacité exceptionnelle de mettre sa compétence au service du droit.
Lala RATSIHAROVALA
Garde des sceaux,
Ministre de la justice.
PRÉFACE
Du millésimé et du nouveau. On peut qualifier ainsi cette troisième édition de l’ouvrage
de Mme Nelly Rakotobe. En effet, une troisième édition déjà.
Certes, nous n’en sommes pas encore là – et peut-être tant mieux – d’où le droit
malgache du travail reste un droit protecteur (voire protectionniste2). Mme Nelly Rakotobe l’a relevé
dans un certain nombre de domaines – là où, justement, la nécessité de protéger est impérieuse,
quelle que soit l’évolution du droit. Il s’agit notamment du cas des travailleurs handicapés pour
lesquels la Code du travail (art. 105) fait une application particulière, à la fois objective et généreuse,
du principe de droit fondamentale de non-discrimination. De ce principe, d’ailleurs, l’auteur a noté
que la Cour d’Appel d’Antananarivo a fait une application étonnante, éludiant, purement et
simplement, la différenciation légale – toujours en vigueur – de l’âge du départ à la retraite entre
homme (60 ans) et femme (55 ans).
1
Si ce n’est, simplement, qu’ils y soient hostiles ? v. note ci-dessous.
2
Faut-il rappeler que le droit du travail fait partie du droit des affaires et que, dans un monde où les échanges
sont soumis au principe du libéralisme, ce genre de protectionnisme rigoureux est certainement appelé à
disparaître pour faire place à un régime plus équilibré entre les droits du travailleur et les intérêts de
l’entreprise.
3
V. l’arrêt ainsi que la Convention cités.
l’émigration, mais de l’organiser sur le plan des relations internationales. Jusqu’ici, force est de
constater que les pouvoirs publics s’en sont montrés incapables.
Une dernière observation, pour clore cette préface, concernant un sujet, qui est de
toute importance, puisque l’auteur de l’ouvrage y a consacré quelques pages remarquables de son
Introduction Générale. Il s’agit de la réception et de la mise en œuvre des normes internationales du
travail, posées par les Conventions OIT, dans le système juridique national. L’auteur a rappelé leur
supériorité dans la hiérarchie des normes juridiques internes, mais aussi leur grande utilité en tant
que sources de créativité et d’inspiration, autant pour le législateur que pour le juge.
Le lecteur a ainsi, entre ses mains, un ouvrage de culture et un outil, précieux, complet,
qu’il soit enseignant, étudiant ou praticien du droit du travail.
Alisaona RAHARINARIVONIRINA
Professeur Emérite
PRÉFACE
Le droit et les normes sont par essence transitions, passages d’un état politique, social
et économique à un autre. La troisième édition de cet ouvrage, publié pour la première en 2005,
s’inscrit dans cette logique et nous devons savoir gré à Mme Nelly Rakotobe Ralambondrainy d’avoir
entrepris à nouveau, avec l’expertise inestimable qui est la sienne, et une connaissance profonde de
la réalité du monde du travail de son pays, ce travail rigoureux de mise à jour qui s’avérait nécessaire,
notamment suite à la publication de nombreux textes adopté en 2004. Cette nouvelle édition est
remarquable, tant par l’éventail des sujets couverts que par la profondeur de son analyse.
Le présent ouvrage est composé de dix titres séparés, qui traitent de manière détaillée
de tout le spectre du droit du travail malgache. Outre la volonté de combler certaines lacunes et
ambiguïtés qui ont pu apparaître dans l’application pratique de la législation nationale, une des
nouveautés de cette troisième édition est qu’elle aborde le thème essentiel de l’utilisation des
normes internationales du travail par le juge national dans le règlement des conflits internes.
L’Organisation internationale du Travail reste convaincue que les tribunaux du travail, les avocats
plaidant devant eux ainsi que les professeurs chargés de former les futurs juristes sont des acteurs
clés pour une application effective du droit international du travail. En effet, ces professionnels sont
plus que jamais mis en contact avec des systèmes autres que ceux dans lesquels ils exercent. En
outre, les moyens technologiques permettent l’établissement de liens institutionnels durables et
facilite les échanges entre les membres du monde judiciaire. Au-delà des sources domestiques
traditionnelles auxquelles ces experts se réfèrent, ces derniers peuvent désormais s’inspirer, voire
utiliser les instruments mis à disposition par la communauté internationale. À cet égard, les divers
instruments de l’OIT ainsi quelques travaux de ses organes de contrôle peuvent constituer une
source directe de droit, mais également une importante source d’inspiration dans l’application du
droit national du travail.
En effet les normes juridiques ne sauraient être statiques et sont appelées à évoluer et à
s’adapter aux sociétés, aux institutions et aux technologies qui subissent de profondes mutations
économiques comme sociales. D’où apparition de nouveaux concepts et de nouvelles
problématiques qui seront exposés dans cette 3è édition.
Sur le plan social, le droit du travail contribue à la promotion du travailleur décent ; son
application judicieuse devrait instaurer une atmosphère de collaboration fructueuse entre
employeurs et salariés, et freiner du coup tout recours à la force dans leurs relations. Toute
législation du travail, tant sur le plan national qu'international, a pour objectif principal de préserver
et de garantir le respect des principes et droits fondamentaux de l'homme et de la femme au travail
et prône le dialogue social.
Sur ce point, il sied de relever d’une part que des responsables de groupements
d’entreprises ont entrepris des efforts constants pour améliorer la situation de leurs travailleurs et
œuvrent pour l’obtention de la certification « Responsabilité Sociale des Entreprises » RSE et que
d’autre part, récemment le Fivondronan’ny Mpandraharaha Malagasy (FivMpaMa) et le Groupement
des Entreprises de Madagascar (GEM) se sont mis d’accord sur la création d’un fond de financement
de la formation professionnelle des salariés et qui sera opérationnel à compter du 1er janvier 2018.
Il semblerait, en effet, que le non respect des droits des travailleurs se rencontre en
particulier dans le secteur informel et dans certaines entreprises asiatiques.
Dans la pratique, le droit du travail reste et demeure jusqu'à I'heure actuelle d’une
application très relative. ll est reconnu comme le moins appliqué de tous les droits. Cela tient sans
doute à la méconnaissance des textes en la matière, à moins que ce ne soit plutôt un refus d'en tenir
compte. Par ailleurs, il semble que les notions particulières à appliquer aux droits résultant de
l’exécution du contrat (telles I'ordre public social, le principe de faveur ou du plus favorable au
travailleur)(par exemple, durée du travail, salaire, congés payés)sont mal perçues par certains
employeurs et par certains organismes.
Le temps est donc venu de faire une mise au point de l’état du Droit en matière de
relations individuelles de travail dont en particulier l’importance grandissante des Normes
Internationales de travail dans l’application des Normes Nationales.
Notre but serait atteint si cet ouvrage pouvait constituer essentiellement une source
d'informations pour tout un chacun, un outil de travail pour les praticiens du droit et les acteurs du
monde du travail, et enfin un instrument d'études pour les jeunes en formation.
Nous tenons à adresser nos plus vifs remerciements à Madame Lala Henriette
RATSIHAROVALA, ancienne Garde des sceaux, Ministre de la Justice,à Monsieur le Professeur Emérite
Alisaona RAHARINARIVONIRINA, Agrégé des Facultés de Droit, enfin et non des moindres à Madame
Corinne VARGHA, Directrice du Département des Normes Internationales du Travail du Bureau
International du Travail à Genève, qui nous ont fait I'insigne honneur de préfacer cet ouvrage.
PREMIÈRE PARTIE : INTRODUCTION GÉNÉRAL
PREMIÈRE PARTIE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
La compréhension du droit du travail passe par un rappel de notions premières et de
définitions, un aperçu de son évolution historique, une esquisse des sources du droit du travail,
I'appréhension des principes généraux qui le gouvernent, la détermination d'organismes
administratifs spécifiques ainsi que des juridictions spécialisées pour son application effective.
C’était une obligation pénible, une action forcée. L'expression une " femme en travail "
démontre bien le lien ancien que I'on établissait entre le travail et la souffrance.
À ce sujet, il convient de se référer ici à des principes et concepts énoncés dans d’autres
textes fondamentaux : d’abord, la Constitution de la République de Madagascar, ensuite, la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples, et enfin, la Déclaration universelle des droits de
l’homme.
Dans la foulée de ce principe, lors de la remise du prix Nobel de la paix à l’OIT en 1969,
le Directeur Général du Bureau International du Travail d’alors, David Morse a pu dire : « L’OIT a
offert au monde une autre issue que l’agitation sociale ; elle lui a fourni les procédures et techniques
de pourparlers et de négociations, afin de remplacer les conflits violents, en lui donnant le moyen de
parvenir à des conditions de travail plus humaines et plus dignes »4.
Actuellement, dans le langage courant, le terme travail " se confond avec la notion
d'activité professionnelle productrice, d'utilité sociale et destinée à assurer à un individu les revenus
nécessaires à sa subsistance ''5. Le travail devrait permettre d'exister, de se situer dans la société et
de retrouver sa dignité. Jean de La Fontaine n'a-t-il pas fait remarquer que " le travail est un trésor ?
"
4
Morse, D.A., « L’OIT et l’infrastructure sociale de la paix », discours prononcé à l’occasion de la remise du
prix Nobel de la paix à l’OIT, Oslo, 11 décembre 1969.
5
G.CORNU, 1990, Vocabulaire juridique, Association Capitan 2e éd.
-1-
Mais qu'est-ce que le droit du travail ? C'est une branche du droit social, lequel se
compose essentiellement du droit du travail et de la prévoyance sociale.
I. - LE DROIT DU TRAVAIL
Le droit du travail est la branche du droit qui régit I'ensemble des relations de
travailsubordonnéentre un employeur et un travailleur, déterminées par un contrat de droit privé,
ces relations pouvant être aussi bien individuelles que collectives. Malgré par dénomination, il ne
concerne pas toutes les formes de travail, mais seulement le travail effectué au service d'autrui et
pour le compte d'une personne privée.
1. Le droit du travail est constitué par I'ensemble des normes et des textes législatifs et
réglementaires applicables en matière de travail : Constitution, conventions internationales, traités
internationaux, lois nationales, ordonnances, décrets, arrêtés.
Le chef d'entreprise peut également être I'organe dirigeant de la personne morale ayant
la qualité d'employeur (association, société, etc.) ;
-2-
En droit du travail, l'entreprise peut donc ne pas poursuivre une activité économique
tels les orphelinats, les associations de bienfaisance ou les organisations non gouvernementales
(ONG).
1. Des syndicats
Le syndicatest définipar le Code du travail, dans l'article 136 alinéa 2, comme étant "
une organisation de travailleurs ou d'employeurs ayant pour but de promouvoir et de défendre les
intérêts des travailleurs ou des employeurs. L'objectif du mouvement syndical est le progrès
économique et social de ses membres. "
Les travailleurs salariés, comme les employeurs, peuvent sans distinction d'aucune
sorte et sans autorisation préalable s'organiser, se regrouperau sein de syndicats ou de
groupements de leur choix, soit dans le cadre de l'entreprise, soit au niveau régional,national ou
même international.
La Déclaration universelle des droits de l’homme prévoit, dans son article 23, alinéa 4
que : « Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats
pour la défense de ses intérêts ».
Les travailleurs sont protégés contre tous actes de discrimination portant atteinte à la
liberté syndicale en matière d’emploi.6
6
Articles 136 et suivants du Code du Travail.
-3-
Les actes de discrimination antisyndicale, dont entre autres les sanctions infligées au
travailleur pour son appartenance ou non à un syndicat, sont interdits. Il en est ainsi, par exemple, de
l’établissement de liste noire concernant les dirigeants d’un syndicat, suite à la création d’un syndicat
et à des revendications menées par le syndicat ayant abouti à la signature d’une Convention
Collective ; ou encore la création d’une association apparentée à une organisation syndicale placée
sous l’influence de l’employeur et à laquelle les travailleurs sont contraints d’adhérer de peur être
licenciés.7
À cet égard « Nul ne devrait faire l’objet de discrimination dans l’emploi en raison de ses
activités syndicales légitimes »8.
Dans le même sens, toute pratique consistant à établir des listes noires de dirigeants et
militants syndicaux met gravement en péril le libre exercice des droits syndicaux.9
Il sied de rappeler ici le principe fondamental du libre choix des organisations par les
travailleurs et la nécessaire indépendance des organisations par rapport à l’employeur,
conformément à l’article 262 de la Convention internationale relative au droit d’organisation et de
négociation collective (n°98), qui dispose : « Sont notamment assimilées à des actes d’ingérence, des
mesures tendant à provoquer la création d’organisations de travailleurs dominées par un employeur
ou une organisation d’employeurs, ou à soutenir des organisations de travailleurs par des moyens
financiers ou autrement, dans le dessein de placer ces organisations sous le contrôle d’un employeur
ou d’une organisation d’employeurs ».
7
Cf. Plainte en 2004 du Syndicat général maritime de Madagascar (SygmMa) relative aux actes de
discrimination antisyndicale perpétrés par la société des Services Maritimes de l’Océan Indien (SMOI), déposée
auprès du Comité de la liberté syndicale de l’OIT.
8 e
Recueil de décisions et de principes du Comité de la liberté syndicale, 4 édition, 1996.6.690.
9
Recueil, op. cit., 6711
-4-
part, la représentation du personnel composée des délégués du personnel, en principe élus sur des
listes établies par les organisations syndicales et du comité d'entreprise (article 159 et suivants du
Code du travail).10 Cf. Sur la différence entre ces divers représentants, ainsi que sur leur protection,
voir « les salariés protégés ».
Les contentieux par excellence de ce type de rapports concernent la grève et le lock out.
L'article 228 du Code du travail définit la grève comme étant un arrêt complet, concerté
et collectif du travail, décidé par les salariés d'une entreprise ou d'un établissement, pour faire
aboutir des revendications professionnelles qui n'ont pas été satisfaites. Pour être licite, la grève doit
s'exercer dans le cadre des textes en vigueur, après respect de la procédure de règlement des
différends collectifs prévue par les articles 210 et suivants du code du travail, dont en particulier le
préavis.
En effet, « le droit de grève est un moyen essentiel dont disposent les travailleurs et
leurs organisations, un moyen légitime pour promouvoir et défendre leurs intérêts économiques et
sociaux ».12
Ainsi les organes de contrôle de l’OIT ont précisé au fil des ans un certain nombre de
principes, dont :
10
Recueil, op. cit., 6274
11
Sur la différence entre délégué syndical, délégué du personnel, représentant syndical, voir les Annexes.
12
Recueil, paragraphes 473-475.
-5-
sanctions d’aucune sorte, lesquelles seraient assimilables à des actes de discrimination
antisyndicale ».13
C’est ainsi que se trouvent posés les problèmes de grèves politiques et celui des grèves
de solidarité. Consécutivement à ces principes, le droit de grève étant un droit général, la grève ne
pourrait être interdite ou limitée que d’une manière exceptionnelle. Ces exceptions pourraient être
admises, d’une part, pour les fonctionnaires exerçant des fonctions d’autorité au nom de l’Etat et,
d’autre part, pour les Services essentiels. Les principes de l’OIIT et la Convention n°87 s’appliquent
sans distinction aussi bien au secteur public qu’au secteur privé.
La limitation du droit de grève, dans ces deux cas, devrait s’accompagner de garanties
appropriées compensatoires : c’est-à-dire des procédures de conciliation et d’arbitrage impartiale et
expéditives pouvant leur permettre de défendre leurs intérêts professionnels.15
Dans l’hypothèse où l’employeur refuse à des salariés le droit de grève, il est nécessaire
de vérifier si effectivement il s’agit d’un service « dont l’interruption mettrait en danger dans
l’ensemble ou dans une partie de la population, la vie, la sécurité ou la santé de la personne »16.
Pour le comité de la liberté syndicale de l’OIT peuvent être considérés comme services
essentiels ou sens strict du terme ou le droit de grève peut être limité ou même interdit : en
particulier d’une manière générale :
- Le secteur hospitalier
- Les services d’électricité
- Les services d’approvisionnement en eau
- Le contrôle du trafic aérien…
Par contre le comité considère, de façon générale, que ne sont pas des services
essentiels au sens strict du terme :
- La radio-télévision
- Les transports en général dont la régie des chemins de fer
- Les services postaux et télécommunications, des courriers et des chiffres
- Les activités agricoles et d’élevages
13
Les principes de l’OIT sur le droit de grève, B. Gernigon, A. Odero, H. Guido. BIT, 1998, p. 11.
14
BIT, 1983 b, paragraphe 214, « Les principes de l’OIT », op. cit., p. 20.
15
Recueil paragr. 546
16
Cf. BIT, 1983 b, paragraphe 214, « Les principes de l’OIT sur le droit de grève » Bernard Gernigon… p. 482
-6-
- Les ports (docks) et rades.
En outre, les grévistes doivent respecter l'outil de travail, assurer la sécurité des
personnes et des biens et ne doivent pas entraver le libre exercice de l'activité professionnelle des
salariés non-grévistes ou des employeurs20.
L'article 232 du Code du travail définit le lock out comme étant la fermeture de tout ou
partie d'une entreprise ou d'un établissement par I'employeur, à l'occasion d'une grève des salariés
de son entreprise. Le nouveau code présente d'une manière précise à quelles conditions cette
fermeture est licite et quels en sont les effets. Le lock out est licite lorsqu'il est justifié par un
impératif de sécurité, ou lorsqu’une grève est manifestement irrégulière.
17
Art. 137 – Constitution.
18
Principes de l’OIT, op. cit., p. 39.
19
Cour de Cassation. Arrêt social n° 14 300 12 du 30 juin 2016.
20
Cour de Cassation. Arrêt n° 15 193 09 et n° 15 224 28 chambre sociale du 18 janvier 2017
-7-
La Déclaration des droits de I'homme de 1948, en son article22, affirme le droit à la
sécurité sociale. L'article 25 ajoute : " Toute personne a droit à la sécurité en cas de chômage, de
maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans tous les cas de perte de ses moyens de
subsistance, par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. "
Le même article stipule que : " La maternité et l'enfance ont droit à une assistance
spéciale."
Ce sont ces risques sociaux énoncés sur le plan international que le système national de
prévoyance sociale se propose de devancer pour les empêcher de se produire. L'accès à un niveau
adéquat de protection sociale constitue un droit élémentaire pour tous les individus. À Madagascar,
I' effectivité de cette protection sociale incombe à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNAPS)
et à la médecine d'entreprise.
La CNAPS est placée sous la tutelle conjointe du ministre chargé du travail et des lois
sociales et du ministre chargé des finances. La CNAPS a principalement pour mission de gérer le
régime obligatoire de prévoyance sociale.
Le régime des prestations et compensations avait été prévu par le Code des allocations
familiales et des accidents de travail, devenu par la suite le Code de Prévoyance Sociale(CPS), institué
par le décret modifié n° 63-124 du 22 février 1963.
21
Décision n° 7 HCC/D2,23 août 2000 déclarant anticonstitutionnel le décret de désignation de représentants
des travailleurs et des employeurs émanant des organisations confessionnelles.
22 e
Décision du comité de la liberté syndicale approuvée par le conseil d'administration du BIT lors de sa 284
session, juin 2002, Genève.
-8-
1.2 Des soins et des prestations ou indemnités ou rentes sont dus au travailleur ou à ses
ayants droit, dès lors qu’il y a eu accident de travail ou maladie professionnelle, qui sont
définies comme suit :
- Est considéré comme accident de travail, quelle qu’en soit la cause, l’accident survenu à un
travailleur salarié par le fait ou à l’occasion du travail, ainsi que l’accident survenu pendant le
trajet d’aller ou de retour entre sa résidence et au lieu du travail, dans la mesure où le
parcours n’a pas été interrompu ou détourné pour un motif indépendant de l’emploi ;
- Est considéré comme maladie professionnelle, toute maladie résultant du fait de l’exercice des
activités professionnelles, les maladies professionnelles étant limitativement énumérées dans
des tableaux joints au Code de Prévoyance Sociale.
L'article premier du Code de Prévoyance sociale dispose que : " Tous les employeurs
doivent s'immatriculer à la CNAPS, sous peine de sanctions judiciaires, y affilier leurs travailleurs et
verser mensuellement les cotisations correspondantes. " L’employeur est tenu de retenir à chaque
paiement de salaire les cotisations des travailleurs (1%) à verser à la CNAPS, avec la part patronale à
chaque fin de trimestre (13% dans le régime général et 8% dans le régime agricole). En contrepartie,
la CNAPS offre aux travailleurs des avantages sociaux : des prestations familiales (allocations
prénatales, allocations de maternité, etc.), des indemnités en réparation d'accidents de travail, de
maladies professionnelles, une pension de retraite, d'invalidité, de décès, une assurance vieillesse...
Le Code de Prévoyance sociale s'applique, en principe, à tous les salariés soumis au Code
du travail et au Code maritime, quelque soit le secteur de leur activité professionnelle.
Une procédure particulière et rapide de recouvrement des cotisations a ainsi été prévue
par les articles 121 et suivants du Code de prévoyance sociale.En cas de mise en demeure par lettre
recommandée restant infructueuse, une contrainte à l'encontre de I'employeur débiteur est délivrée
; cette contrainte est visée et rendue exécutoire par le président du tribunal du travail. L'exécution
de la contrainte s'effectue dans les mêmes conditions que celles d'un jugement.
Il ne peut être contesté que les dispositions du CPS sont obsolètes et ne répondent plus
aux nécessités actuelles de protection sociale des travailleurs, telle que la préconise d’ailleurs la
Déclaration de l’OIT sur la Justice sociale pour une mondialisation équitable, du 10 juin 2008. C’est là
l’une des raisons pour lesquelles le parlement a adopté la loi n° 2005-007 du 22 août 2005, prévoyant
la création et relative à la réglementation et au fonctionnement des fonds de pension de retraite
23
Article 241 du CPS.
-9-
complémentaire ou de base ; cette loi, en effet, prévoit la possibilité de création d’établissement de
fonds de pension complémentaire ou de base, et ce, indépendamment du régime de retraite géré
par la CNAPS.
L’âge d’admission à la retraite avait été fixé à 60 ans pour les travailleurs de sexe
masculin et de 55 ans pour les travailleurs de sexe féminin.
Cette différence relative à l’âge de l’article 268 du code de prévoyance sociale a fait
l’objet de multiples actions judiciaires pour discrimination fondée sur l’âge 25 et le sexe. C’est
pourquoi le Décret 2013-337 du 14 mai 2013 a modifié cet article 268 ; le nouvel article 268 prévoit
que dorénavant l’âge normal d’ouverture du droit à prestations est de 60 ans pour les travailleurs de
sexe masculin et féminin.
2. La médecine du travail
Le Code malgache du travail de 1995 ne contenait pas de dispositions relatives à
l'hygiène, la sécurité et la santé des travailleurs. Celles-ci avaient été prévues par un " code
d'hygiène, de sécurité et d’environnement du travail " résultant d'une loi du 17 novembre
1994.Cette dualité des instruments juridiques n'était guère satisfaisante et ne contribuait point à leur
efficacité.
Le nouveau Code du travail prévoit la protection de la santé des travailleurs contre tous
les risques inhérents au poste de travail, en particulier contre le VIH/SIDA26 dans les lieux de travail.
Ainsi, tout patron employant un ou plusieurs travailleurs est tenu de leur assurer lesprestations
médico-sanitaires dans le cadre d'un service médical du travail, qui a pour mission de prévenir toute
altération de la santé des travailleurs du lait de leur travail, en particulier de surveiller les conditions
d'hygiène et de sécurité sur les lieux de travail.
Les entreprises employant plusieurs salariés doivent assurer, à leurs travailleurs ainsi
qu'à leur famille, une couverture médicale27. Elles doivent en conséquence s'affilier à un service
médical interentreprises appelé " Organisation sanitaire interentreprises (OSIE) ", qui fait office de'
médecine du travail. Les OSIE sont des services médicaux du travail, financièrement et
administrativement autonomes, et qui sont administrés par un conseil de gestion de composition
24 e
Décision du Comité de la liberté syndicale approuvée par le conseil d’administration du BIT lors de sa 284
session, juin 2002, Genève.
25
CA. Sociale n° 86 du 07 juin 2012/ CNaPS c. Robilalao Jeannette et 21 autres femmes, la convention collective
de la Banque Centrale prévoyait un âge unique de 60 ans. Jugement Tribunal de travail n°257 du 24 juin 2011.
CA n° 114 du 15 mars 2007 définitif faute de pourvoi
26
C.trav., lV, art. 110 à 135.
27
Arr. n°2806 du 8 juillet 1968.
- 10 -
paritaire et tripartite, comprenant des représentants de I' Etat, ceux des employeurs et ceux des
travailleurs. Il s'agit, par exemple, de I'OSTIE et de l'AMIT à Antananarivo, de I'OSIEF à Fianarantsoa,
de I'OSIEM à Mahajanga, etc.
Les soins sont délivrés par un personnel médical et paramédical complet (médecins,
dentistes, laborantins, sages-femmes, etc.) supervisé par un médecin chef. Les médecins d'entreprise
eux-mêmes sont des travailleurs protégés28. Si les entreprises ne disposent point d'un service
médical particulier adéquat, elles peuvent avoir recours aux services médicaux étatiques.
28 er
C.A. de Madagascar, 1 déc. 1988, TPOM n° 730' 2 fév. 1990
- 11 -
1.4 Sur le plan juridique,
La loi Le chapelier de juin 1791 interdisait les coalitions et les grèves étaient considérées
comme attentatoires à la liberté des contrats.
De leur côté les masses ouvrières s'organisent et le suffrage universel est institué. Les
ouvriers ont un poids politique et ce sont les partis politiques favorables aux ouvriers qui accèdent au
pouvoir. L'Etat est obligé d'intervenir dans un sens favorable aux travailleurs, ce qu'a évoqué
Lacordaire en disant : " Entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et c'est la loi qui libère. "
Dans un premier temps, il s'agit de limiter les abus patronaux par fixation du montant
minimum de salaire et imposer certaines mesures protectrices dans I'exécution du travail.
Dans un deuxième temps, les rapports collectifs de travail sont non seulement permis,
mais encore organisés par le législateur lui-même.
- 12 -
Les syndicats reçoivent un statut juridique (L. du 21 mars 1884). Le législateur français
réglemente les conventions collectiveset prévoit que la grève, déclenchée après épuisement de la
procédure fixée par la loi, ne rompt pas le contrat de travail, sauf faute lourdeimputable au
salarié. La grève devient un droit constitutionnel par le préambule de la Constitution du 4 octobre
1946. Cela renforce l'originalité du droit du travail qui ne cesse de se développer depuis lors et sous
diverses formes.
Ce ne sont plus les individus qui discutent, qui négocient les conventions collectives et
qui traitent des conditions de travail. Ce sont les groupements professionnels puissants et organisés,
les syndicats, qui peuvent se regrouper au sein d'unions locales ou départementales, de fédérations
ou même de confédérations. Employeurs et syndicats négocient et I'Etat français légifère en vue
d'améliorer les conditions de travail. On discute de moins en moins au niveau de la petite entreprise,
mais de plus en plus au niveau régional et même international.
- 13 -
télétravail est un simple mode d'organisation de I'entreprise et non un statut particulier, le
travailleur concerné demeure régi par le Code du travail29.
Généralement le travail rizicole était une affaire familiale, sous la direction du chef de
famille ou du patriarche pour un groupement parental plus large, et ce d'autant plus que la terre
était un patrimoine lignager et que le produit du travail était distribué entre tous. C'est ce modèle
communautaire qui était prédominant dans le passé malgache. Il ne pouvait pas encore y avoir de
véritable droit ou de contrat de travail au sens actuel.
Toutefois, la mise en valeur agricole pouvait se faire par des contrats oraux de travail
du genre coopératif, selon la formule de la prestation et de la contre-prestation. C'est l'entraide
dénommée " valintànana ". Dans l'Ouest et le Sud de l'île, l'élevage de bœufs était une activité
essentielle, puisque ces régions étaient riches en hautes herbes. Chaque groupement veillait sur son
cheptel, mais il n'était pas exclu de recourir au contrat oral d'élevage : un propriétaire de bétail
pouvait confier une partie de ses troupeaux à un voisin, qui l'élèvera en vue du piétinage de ses
propres rizières.
29
Ray, J.E., 2002, Droit du travail, Liaisons, 11eéd., p. 15.
- 14 -
cocontractants devaient toujours se référer à leur groupe d'appartenance (famille étendue, lignage,
etc.). Plus tard, au cours du 19e siècle, période de rayonnement des sociétés à structure semi-
complexe, il est logique de constater que le champ des relations contractuelles de travail était plus
vaste encore.
1.2 Les sociétés à structure semi complexe du 19e siècle : le royaume de I'lmerina,
devenu par la suite le royaume de Madagascar (1817-1896)
Lorsque le système des royaumes se superposa aux organisations " claniques ", outre la
pratique du salariat privé caractérisé par I'offre de prestations de travail contre rémunérations en
argent, en bœufs ou même en esclaves (travail de transporté, de gardiennage, de soins par les devins
guérisseurs au moyen de leur science, travail du bois pour la construction de pirogues, travail des
spécialistes forgerons, des artisans potiers, tisserands, etc.), de nouvelles formes de relations de
travail apparurent ; I'une " contractuelle ", c'est le travail asservi ; I'autre statutaire, c'est I'esclavage.
Ce sont deux institutions bien distinctes dans la terminologie malgache : fanompoana est différent de
fanandevozana.
Le fanompoana
Le fanompoana désigne les servitudes auxquelles étaient astreints les sujets libres,
sans exception, qu'ils fussent " nobles " (andriana) ou roturiers (vohitra),
individuellement ou collectivement. C'est" l'expression par excellence des relations
entre le roi et ses sujets : être sujet du roi veut dire être celui qui accepte d'accomplir
sa part de fanompoana à l'égard du roi ; refuser de I'accomplir équivaut à ne pas
reconnaître le pouvoir du roi, à lui désobéir. C'est un crime contre le roi et contre le
royaume. "30
Si le principe en est la gratuité, quelques bons sujets qui accomplissent leur part de
servitudes de façon satisfaisante peuvent recevoir des récompenses de la part du roi, sous forme
parfois d'argent, de gratification en terres ou en bœufs.
Tout au long du 19e siècle, les rois et les reines d'Antananarivo utiliseront les
fanompoana comme seul moyen de promouvoir l'économie du royaume. Mais les abus de pouvoir
lors de son accomplissement seront tels que progressivement les fanompoana seront perçus par le
peuple comme d'insupportables corvées auxquelles il se soustraira par tous les moyens possibles,
surtout par la fuite. C'est le cas du service militaire dès les années 1830, ou encore le paiement des
impôts fonciers isampangady dans la deuxième moitié du 19e siècle, ou alors I'homme libre se faisait
remplacer par ses esclaves pour l'exécution de part de fanompoana.
30
Rakoto, I. Ramiandrasoa, F., Razoharinoro Randriamboavonjy, 1995, Le '' fanompoana ou servitudes de la
couronne", dans Nouveau corpus d'histoire des insiitutions, Université d'Antananarivo, pp. 57-69.
- 15 -
Statistiquement, le fanompoana était le lot d'environ la moitié de la population du
royaume de l'lmerina, composée de gens libres. L'autre moitié était constituée par les esclaves31.
L'examen du statut et des activités de I'andevo ne laisse aucun doute sur I'inexistence
d'un quelconque contrat de travail libre entre lui et son maître. C'est une relation statutaire.
L'esclave avait un statut ambivalent : il était à la fois un être et un non-être. Il était considéré
comme un bien qui faisait partie du " meuble " du maître, mais aussi comme un être humain,
puisqu'il pouvait être responsable de certains de ses actes. Les traits spécifiques de I'esclave
malgache sont qu'il n'avait pas accès à la propriété terrienne et n’avait pas de tombeau familial. De
ce fait, il est " hors humanité ", puisque terre ancestrale et tombeau familial sont les deux éléments
inséparables et indispensables de l'identité d'un être malgache à part entière et libre.
31
En 1869, les recensements faits par le Résident général français Laroche donnent les chiffres suivants :
Tananarive : esclaves 22.916 sur un total de 43.028 habitants de la cité ; régions du Vonizongo, Marovatana,
Avaradrano, Sisaony et Ambodirano, 19 villages exceptés : esclaves : 217.977 ; l’ensemble de l’île : 800.000 à un
million d’esclaves (sources : rapport sur l’esclavage du 25 avril 1896, ANSOM, Aix-en-Provence, Mad. 363-
364/993).
32
Rakoto, I., 2002, « L'esclavage historique et ses séquelles à Madagascar », dans L'esclavage et ses
séquelles : mémoire et vécu d'hier et d'aujourd'hui, actes du colloque de Port Louis, Presses
Université Maurice. pp.63-72.
- 16 -
forces de travail pour les mettre à la disposition du régime colonial. Une note circulaire publiée dans
le Journal officiel de Madagascar du vendredi 6 novembre 1996 expliquait que : " La réglementation
du travail des indigènes s'impose d'autant plus que la récente abolition de I'esclavage est venue
troubler profondément les mœurs et habitudes traditionnelles des Malgaches et entraver l'emploi
de la main-d’œuvre pour les travaux d'intérêt général ou particulier. "
Il fallait trouver de la main d'œuvre. Or, contrairement à ce qui s’est passé en Europe, le
salariat n'a pas occupé de plus en plus de personnes. D'un côté, rien n'avait été prévu pour
accompagner les esclaves nouvellement libres, afin d'assurer leur statut social et économique ; ils
sont restés comme auparavant sans ressources, sans terre, donc sans possibilité de gagner leur vie
de manière indépendante et traînent toujours les marques du passé. De I'autre côté, la grande masse
de la population libre est restée rurale. D'où I'idée d’obliger les gens à travailler et I'institution des
travaux obligatoires.
Le gouverneur général M. Olivier déclarait : " Le travail obligatoire n'est pas seulement la
condition sine qua non de toute civilisation, de tout progrès.... La liberté du travail n'entre dans les
lois d'un pays qu'après que I'obligation du travail est entrée dans les mœurs. "34En bref, le travail
forcé était apparu à I'aube de la colonisation comme une nécessité économique et comme un devoir
social paré d'une valeur éducative. Ainsi, les travaux obligatoires sont généralisés sous le nom de "
prestations ", traduites simplement par le Malgache par fanompoana ou servitudes du pouvoir
colonial, corvées de la colonie.
Par la suite, ces prestations en nature deviennent rachetables, c'est-à-dire qu'un sujet
malgache a la possibilité, soit de faire une prestation en travaux, soit de donner une contribution en
argent. Sentant les dangers et les injustices de ce système, on essayera d'y remédier en réduisant
progressivement la durée de 90 jours à 10 jours. Mais tout comme sous "la royauté", le discrédit fut
jeté sur les excès, provoquant la résistance ouverte des populations sous formes de fuites. Souvent,
33 e
Ramiandrasoa, F., 1997, « Un aperçu sur la vie quotidienne des esclaves en lmerina au 19 siècle », dans
L'esclavage à Madagascar: aspects historiques et résurgences contemporaines, actes du colloque International
sur l'esclavage, en sept. 1996 à Antananarivo, p. 92.
34
Olivier, O. 1931, Six ans de politique sociale à Madagascar.
- 17 -
les fuyards, craignant d’être de nouveau saisis s'ils retournaient au village natal, préféraient gagner la
brousse où ils formèrent des bandes de fahavalo(ennemis, rebelles), obligés de piller pour vivre. En
fin de compte, les travailleurs autochtones considèrent le travail forcé comme un châtiment, un
système d'oppression imposé par les employeurs coloniaux et l'administration, une manifestation de
la politique d'assujettissement.
Une mesure plus directe consiste à mettre en place le Service de la main d'œuvre pour
les travaux d'intérêt général (SMOTIG). Ce service était chargé d'administrer la partie du contingent
non appelé qui devait rester à la disposition des autorités pendant 3 ans pour des travaux l'utilité
publique, tels I'entretien des routes et des ouvrages publics, etc.
Le code de 1952 marque une étape très importante de I'histoire du droit malgache du
travail, dans la mesure où il interdit de façon absolue le travail forcé et réalise l'égalité de tous les
travailleurs qu'il régit, bien que certaines dispositions réglementaires prévoient encore des avantages
non négligeables en faveur des travailleurs européens (indemnités d'éloignement, de dépaysement
ou d'expatriation).
- 18 -
3. - Les codifications de l'ère de I'indépendance
Le mouvement des codifications a connu, en Afrique Noire comme à Madagascar, une
grande ampleur dès le début de l'ère des l’indépendances. Les nouveaux dirigeants malgaches, axés
sur le règlement des deux problèmes de I'unité nationale et du développement économique,
pensaient qu'ils seraient beaucoup mieux assurés par les codifications inspirées par les modèles
européens ; les experts étrangers le cautionnaient souvent cette démarche.
La rénovation apportée par le code de 1960 réside essentiellement dans le domaine des
organes administratifs et consultatifs (lnspection du travail, Conseil nationaldu travail, etc.).
35
Relevons entre autres que ce code ne prévoit aucune disposition sur l'hygiène, la sécurité et la santé du
travailleur ; les dispositions sur les préavis sont ambiguëes ; dans le cadre de la procédure du différend collectif
de travail prévue par les art. 184 et s. la possibilité de former opposition à I'encontre d'une sentence arbitrale
alors qu’aucune juridiction n’est prévue pour vider cette opposition constitue un blocage de la procédure et
engendre un vide juridique: cf sentence arbitrale TPl Antananarivo, 18 nov. 97, Dugajn et autres c. Air Mad
- 19 -
conventions internationales du travail ; la promotion du dialogue social à tous les
niveaux(bipartiteoutripartite)entrelesprincipauxacteursdumondedu travail en présence ; la définition
claire des responsabilités de chaque acteur ; la recherche souhaitable quoique difficile de l'équilibre
entre l’intérêt des travailleurs et celui de I'entreprise ; la sécurisation de I'emploi et la lutte contre le
chômage qui menace les salariés.
- 20 -
- Et enfin la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmesdu 3 septembre 1981 (l'article 12 en particulier).
- Promouvoir et faire appliquer les normes du travail, ainsi que les principes et droits
fondamentaux au travail ;
- Accroître les possibilités pour les femmes et les hommes d’obtenir un emploi
décent ;
- Étendre le bénéfice et l’efficacité de la protection sociale pour tous ;
- Renforcer le tripartisme et le dialogue social.
- 21 -
l’OIT. Il est composé de fonctionnaires internationaux. À sa tête se trouve un Directeur Général
désigné par le Conseil d’administration de l’OIT. Organe d’information et d’appui technique, le BIT
effectue diverses publications relatives au travail et à l’emploi : des guides techniques, des recueils
de directives pratiques, des manuels de formation, des revues et ouvrages périodiques, tels que le
rapport sur l’emploi dans le monde, l’encyclopédie de sécurité et de santé au travail, l’annuaire des
statistiques du travail, la revue internationale du travail, l’éducation ouvrière, etc. c’est également un
centre de recherche qui fait des études sur les problèmes de l’emploi et du travail.
La politique et les programmes de l’OIT sont arrêtés par les représentants des
employeurs et des travailleurs, sur un pied d’égalité avec ceux des gouvernements.
Pour garantir l’application de ces normes en droit et dans la pratique, l’OIT s’est dotée
d’un système de contrôle perfectionné par l’action de deux organes de contrôle : d’abord la
Commission des Experts pour l’Application des Conventions et des Recommandations (CEACR),
ensuite la Commission de la Liberté Syndicale (CLS)
- 22 -
D’abord, en juin 1998, la Conférence a adopté la Déclaration relative aux principes et
droits fondamentaux au travail.Par cette déclaration, les Etats membres ont réaffirmé leur
engagement à « respecter, promouvoir et réaliser de bonne foi » les principes et les droits
fondamentaux au travail contenus dans huit Conventions fondamentales, même s’ils n’ont pas ratifié
lesdites Conventions.
Ensuite, en juin 2008 la Conférence a adopté la Déclaration sur la justice sociale pour
une mondialisation équitable, dont l’objectif principal est la mise en œuvre de « l’Agenda du travail
décent ». « Le but fondamental de l’OIT aujourd’hui est que chaque femme et chaque homme puisse
accéder à un travail décent et productif dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de
dignité ».36
- Dans le système dualiste (applicable dans les pays du Common Law) le juge ne peut
appliquer le traité, même après sa ratification, tant que ce traité n’ait pas été incorporé
dans la loi interne, le juge ne peut l’appliquer.
- Dans le système moniste, comme Madagascar, il en va autrement : les principes
applicables dans les pays du Civil Law de droit écrit, sont en effet opposés à ceux des
pays dualistes : ils proclament à la fois l’effet direct des traités et leur supériorité par
rapport à la loi.
- La Constitution de la République de Madagascar prévoit qu’avant
36 e
BIT, Un travail décent, rapport du Directeur Général, Conférence internationale du Travail, 87 session,
Genève 1999.
37
OIT, 2009, Un Pacte mondial pour l’emploi, Préface, III.
- 23 -
Les normes internationales sont les conventions élaborées dans le cadre de I'OIT (NlT)38.
Par son conseil d'administration à composition tripartite, l'OlT élabore ces NlT. Sa structure tripartite
réunit les gouvernements, les employeurs et les travailleurs des Etats membres. Faut-il rappeler que
l'OlT créée en 1919 et relevant initialement de la SDN est une institution spécialisée des Nations
Unies rassemblant actuellement 147 membres, dont Madagascar. Son siège central est à Genève
(Suisse).
L'idée de créer une législation internationale du travail était apparue dès le début du
ème
19 siècle, suite à la grande misèrede la masse ouvrière engendrée par la révolution industrielle.
Pour ce faire, les arguments avancés consistaient d'abord en des considérations d'ordre humanitaire
(la nécessité d'améliorer les conditions de travail et de vie des masses laborieuses), ensuite, la
recherche et la consolidation de la paix sociale, car " une paix universelle et durable ne peut être
fondée que sur la base de la justice sociale "39.
Elle réunit chaque année les délégations de chaque Etat membre, comprenant deux
représentants du gouvernement de l'Etat, plus un représentant des travailleurs et un représentant
des employeurs. Ces deux derniers sont désignés par leur gouvernement, sur proposition des
organisations syndicales les plus représentatives. Chaque représentant s'exprime et vote en toute
indépendance.
La Déclaration souligne que tous les Etats membres sont tenus de respecter ces
principes fondamentaux, même s'ils n'ont pas ratifié les conventions correspondantes. La Déclaration
relative aux principes et droits fondamentaux au travail, ainsi que les normes internationales du
travail affectent profondément le droit interne des Etats membres.
38
N. VALTICOS, 1988, Organisation internationale du travail, Encyclopédie Dalloz, p. 17 ; Les conventions de
l'OlT à la croisée des anniversaires, 1996, RGDIP-7-43 (19 pages).
39
V. Const. OIT de 1919 et la Déclaration de Philadelphie adoptée en 1944 en tant qu'annexe de
cette constitution.
- 24 -
b) Le Bureau international du travail (BlT)
L'application des NIT fait I'objet d'un suivi constant de la part de l’OIT. Ce travail de suivi
est confié au BIT. Le gouvernement de chaque pays membre est tenu de présenter périodiquement
un rapport sur les mesures qu'il a prises pour appliquer en droit et en pratique chacune des
conventions qu'il a ratifiées.
Par ailleurs, des réclamations et des plaintes peuvent être déposées au BIT par les
organisations des employeurs ou par celles des travailleurs, alléguant qu'un pays ayant ratifié une
convention n'a pas ''assuréd'unemanièresatisfaisantesonexécution.''Uneprocédure spéciale de
plainte permet aux organisations d'employeurs de
présenterdesplaintesenviolationdelalibertésyndicale,queles Etat en cause aient ou non ratifié les
conventions pertinentes c'est le comité de la liberté syndicale, organisme de caractère tripartite, qui
est appelé à connaître de cette catégorie de plainte"40
40
OIT, 1996, Egalite dans l’emploi et la profession,83esession, BIT. Genève, p.3. Pour unedescription
complète des procédures d'adoption des NIT, du mécanisme de contrôle de l'application des
conventions et des plaintes. On se reportera au Manuel de procédure concernant les conventions et
les recommandations, internationales du travail BIT, département des NIT. Rev 2 / 11988.
- 25 -
2. La loi votée par le Parlement, dont la loi n° 2003-044 du 28 juillet 2004 portant
code du travail, auquel il faut ajouter la loi relative à la théorie générale des
obligations du 2 juillet 1966. Le Code du travail estcomplété par de nombreux
décrets et arrêtés élaborés par le gouvernement.
Enraisondesamultiplicitéetdesonéparpillement,laréglementation
dutravailn'estpasdeconsultationfacile.Laplupart decestextesréglementaires pris en application des
premiers codes du travail de 1952, de 1960, de 1975 ou de 1994 demeurent encore applicables en
leurs dispositions non contraires à celles du dernier code du travail de 2004.
En plus de sa source étatique légale, il ne faut pas négliger le rôle essentiel de la source
judiciaire ou jurisprudence.
III. LA JURISPRUDENCE
Si le législateur propose, le juge dispose dans les nombreux cas où les textes sont
imprécis, par le biais de la jurisprudence.
Rappelons que la jurisprudence crée du droit quand elle fournit les solutions en
l'absence de toute règle préexistante, ou un àd'insuffisance ou d’obscurité de la loi. En effet, même
en cas d'imprécision et de lacune de la loi, les juges doivent rendre une décision sous peine de déni
de justice.
Les jugements doivent être motivés : avant d'énoncer une sentence, le juge doit la
justifier par le raisonnement. Dès lors, un autre juge qui est amené à examiner une affaire semblable,
s'il est convaincu de la justesse du raisonnement du premier juge pourra se I'approprier à son tour.
La jurisprudence est caractérisée par la continuité, mais cette continuité peut cependant
être rompue volontairement quand la solution précédente devient inadaptée comme la loi, une
jurisprudence stable assure la promotion et la protection des droits de l'homme, par sa généralité et
sa continuité.
On notera avec intérêt que I'article 33 du code de travail de 1995, s’inspirant de cette
jurisprudence, a précisé que le licenciement devait faire I'objet d'un écrit énonçant les motifs du
licenciement et toute présentation de nouveau motif était nulle de plein droit.
41 e
R. GUILLIEN et J. VINCENT, 1996, Lexique de termes juridiques, Dalloz, l0 éd.
- 26 -
contrat de travail en cas de chômage technique, sans pour autant fixer une durée maximum à cette,
suspension. La jurisprudence a alors énoncé le principe selon lequel cette durée ne pouvait excéder "
une durée humainement acceptable pour le travailleur qui ne perçoit aucun salaire. " En 2004,
I'article 13, al.7 du nouveau code de travail a comblé cette lacune de la loi en fixant une durée
maximum de six mois à la suspension du contrat de travail
pourchômagetechnique,prenantencompteainsiladuréemoyennede ; la période humainement
acceptable " pour le travailleur.
Le rôle de la Cour suprême est fondamental : par le moyen de la cassation, elle peut
favoriser I'unité d'interprétation des règles juridiques. En effet, les juges ont tendance à suivre les
solutions données par la Cour suprême pour éviter le désagrément de voir leur décision censurée et
c'est ainsi que s'établit peu à peu une unité de solutions jurisprudentielles face à des problèmes
similaires.
La jurisprudence malgache est encore très hésitante sur la réintégration dans son emploi
d'un salarié qui avait cessé de I'occuper et sur d'autres points du droit de travail. Les décisions
ordonnant la réintégration du travailleur sont très rares, même concernant les travailleurs protégés.
L'abus dans le licenciement est souvent sanctionné par I'allocation de dommages-intérêts. Il serait
souhaitable que les juridictions nationales suivent la jurisprudence du comité de la liberté syndicale
du BIT, lorsque la loi prévoit la nullité du licenciement.
Autre exemple concernant les travailleurs séropositifs ou sidéens pouvant être victimes
de pratiques discriminatoires dans le travail, alors que leur situation doit être comparable à celle des
personnes atteintes de toute autre maladie causant une inaptitude professionnelle ; la commission
d'experts du BIT souligne que " de toute évidence, l'état de santé d'une personne doit être pris en
considération lors de l'évaluation de ses aptitudes à exercer un emploi donné, mais le fardeau de la
preuve en ce qui concerne les conséquences d'affections passées ou présentes sur son aptitude ne
devrait pas lui incomber "44. Ainsi, l'employeur qui voudrait licencier son travailleur séropositif ou
sidéen devrait prouver l'inaptitude professionnelle de ce travailleur, la nature de l'infection dont il
est atteint ne devant point entrer en ligne de compte.
42
P. CORNIL, Le rôle de la commission d'experts de I'OIT dans le contrôle de l'application des conventions
internationales du travail, p.268.
43 e
Recueil des décisions et de principes du comité de la liberté syndicale du conseil d'administration du BIT, 281
session, rapport, cas n° 150.
44 e
Conférence internationale du travail, 1995, Égalité dans l’emploi et la profession, 83 session, BIT, p 113.
- 27 -
IV. LES SOURCES PROFESSIONNELLES
Les sources professionnelles sont des règles générales d'un niveau inférieur à celles de I'
Etat, édictées par la profession d'appartenance du travailleur.
Deux éléments constitutifs sont nécessaires pour qu'un usage ait force obligatoire :
- d’abord l'élément matériel : c'est l'habitude d'agir de telle ou telle façon depuis
longtemps et de façon constante. Exemple : la fourniture annuelle d’une
combinaison de travail, ou le paiement annuel d'un treizième mois ;
- ensuite, l'élément psychologique : le sentiment et la croyance au caractère
obligatoire de cet usage. Exemple : le fait de savoir que tel génie est une simple
tolérance ou une remise d'une combinaison de travail faite d'une manière
exceptionnelle ne crée pas un usage générateur de droit.
Lesusagesdoiventêtrecertainsetparfaitementétablis. Danscecas,
ilsdoiventêtresuivisetl'employeurestobligédemainteniroude reconnaître l'avantage qui en est I'objet.
A I'opposé les usages contestés et non suivis ne sont pas des sources de droit du travail. Le
salariéquiinvoqueunusagedoitenétablir l’existenceetlaconstance. Les usages peuvent tomber en
désuétude, et si personne ne proteste son octroi ne pourra plus être exigé.
On signalera qu'en France, I'employeur peut dénoncer I'usage. La dénonciation doit être
alors portée à la connaissance des représentants du personnel et des salariés et ne produira effet
qu'à l’expiration d’un délai de préavis. ce délai doit être suffisant pour permettre une conciliation et
d'éventuelles négociations"45. La rupture du contrat.de travail dont la salarié prend I'initiative, suite à
la dénonciation irrégulière del'usage(défautdepréavis),s'analyseenunlicenciementausurplus
dépourvu de cause réelle et sérieuse"46.
En principe, le transfert d'une entreprise à un nouvel employeur ne met pas en cause les
règles d’usages en vigueur dans cette entreprise. Elles sont opposables au nouvel employeur, dès lors
que subsiste I'entreprise qui constitue son champ de validité. C’est un droit d'origine privée, qui a
pris naissance dans I'entreprise en question''47.
Les sources professionnelles du droit du travail peuvent émaner des négociations entre
les parties intéressées.
45
Soc. 12 fév. 1997, D. soc 1997, 430 , obs J Savatier.
46
Soc.6 avril 1993, D. soc 1994 360, note F Duquesne.
47
Soc., 23 sep 1992, D. soc 1992.2926,18 oct 1995. J C P 1996 11 22628. note Ph Coursier; R.J.S., 6/96 n'740; 7
mai 1996.
- 28 -
2. Lesconventionscollectivesetlesaccordsd’établissements48
Les conventions collectives et les accords d'établissements sont des accords relatifs aux
conditions de travail. La convention collective conclue entre, d'une part, un ou plusieurs syndicats de
travailleurs et les représentants du personnel, et d’autre part, une ou plusieurs organisations
d'employeurs, peut concerner un ou plusieurs établissements ou plusieurs entreprises d'une même
branche d'activité. Exemple ; une convention collective des banques, des compagnies d'assurance ou
des garages automobiles.
Les dispositions d'une convention collective peuvent être rendues obligatoires pour les
employeurs et pour les travailleurs compris dans le champ d'application professionnelle de la
convention par décret étatique, après avis du Conseil national du travail.
Il faut préciser que les accords d'établissement ont pour objet d'adapter aux conditions
particulières de l'établissement les dispositions des conventions collectives (art. 179, al.2).
La négociation d'une convention collective est obligatoire dès lors que I'entreprise
occupe habituellement plus de cinquante travailleurs. En dehors de toute action directe de l’Etat, il
peut y avoir négociation collective volontaire. C'est un processus dans le cadre duquel les
représentants des employeurs et des salariés négocient et fixent les règles applicables aux rapports
de travail, les questions relatives à leurs relations, en particulier les conditions et clauses de travail.
La négociation volontaire est encouragée, l’objectif essentiel étant que les organisations,
d'employeurs et les syndicats des travailleurs s'acceptent comme partenaires sociaux pour résoudre
les problèmes communs. Favoriser l'élaboration d'un droit du travail d'origine privée par le moyen de
la convention collective est d'une telle importance que la convention internationale sur le droit
d'organisation et de négociation collective n" 98 adoptée en 1949 est considérée comme
fondamentale pour les droits humains au travail et fait partie des principes et droits fondamentaux
objet de la Déclaration de juin 1999 de I'OIT.
3. Le règlement intérieur
La volonté unilatérale d'une partie est aussi une source professionnelle du droit du
travail. C’est le cas du règlement intérieur, par lequel l’autorité patronale se manifeste49. Il s'agit d'un
document écrit, obligatoire dans toutes les entreprises employant habituellement au moins onze
travailleurs, indiquant les règles applicables au personnel
enmatièreexclusivementd'organisationtechniquedutravail,de discipline, d'hygiène et de sécurité. Les
règles ainsi imposées par le chef d’entreprise a son personnel sont nécessaires à la bonne marche de
I'entreprise.
48
Textes : art. 174 à 184 du C. trav. ; Décr. N° 62-151 du 28 mars 1962, déterminant les conditions de fond et de
forme relatives à la conclusion et à I'exécution des conventions collectives et des accords d’établissements.
49
Art. 168 à 172 du C. trav ; afi. 1454 IGT. 20 juil 1954.
- 29 -
Le projet de règlement intérieur doit être communiqué à l'inspecteur du travail et aux
délégués du personnel pour avis. L'employeur peut, dans le règlement intérieur, pour expliciter la
discipline de I'entreprise, établir une liste des fautes que le travailleurpourrait être amené à
commettre ainsi que les sanctions qui pourraient lui être infligées, en fonction de la gravité des
fautes. Cependantles juridictions ne sont pas tenues par la qualification donnée par I'employeur et
gardent leur pouvoir d'appréciation de requalification de l’éventuelle faute. Il a été ainsi jugé, à
plusieurs reprises, que " c’est à tort que I'employeur a qualifié de lourde une attitude fautive du
travailleur, ladite faute n'étant pas suffisamment lourde pour pouvoir exonérer I'employeur de son
obligation à préavis. "
La plupart des règles du droit du travail apparaissent comme des limitations apportées
au caractère arbitraire ou pouvoir du chef d'entreprise. Ainsi, bien que le contrat de travail soit une
convention synallagmatique qui nécessite le concours de la volonté desparties, il implique un
interventionnisme très accentué de I’Etat, ce qui va plutôt dansle sens d'un rapprochement du droit
du travail avec le doit public. Le principe de la liberté contractuelle est limité par une réglementation
minutieuse qui comporte des prescriptions impératives.
Il y a cependant une conception un peu particulière de l’ordre public qui est ici en jeu :
les règles de l’ordre public social sont impératives, mais elles peuvent souffrir des dérogations, à la
seule condition que celles-ci soient plus favorables aux salariés.
Érigée en principe général du droit du travail, cette idée que le droit du travail constitue
un minimum permet de procurer des solutions à des situations non prévues par la loi. C'est " le
principe du plus favorable " ou " le principe de faveur ", qui gouverne les conflits entre les
différentes normes lorsqu'elles se trouvent en concours. En vertu de ce principe, en cas de conflit de
- 30 -
normes juridiques, c'est la plus favorable au salarié qui doit recevoir application. Dans certains pays
comme la France, la Cour de cassation a consacré, dans les visas et les motifs de trois arrêts de
cassation rendus en 1996, " le principe fondamental en droit du travail, selon lequel, en cas de conflit
de normes, c'est la plus favorable au salarié qui doit recevoir application. "50
Les conséquences de ce principe sont les suivantes : les parties peuvent s'entendre pour
accorder plus que ce que la législation prévoit, mais ne peuvent en aucun cas offrir une moindre
protection. En cas d'ambiguïté ou de silence des textes juridiques et des conventions, ou en cas de
contradiction entre les termes du contrat et l'intention des parties, I'interprétation se fait toujours
dans le but d'assurer la meilleure protection possible du travailleur. S'il y a conflit entre le contrat du
travail, la convention collective et les dispositions légales, ce sont les dispositions les plus favorables
au travailleur qui s'appliquent.
I. L'ADMINISTRATION CENTRALE
L'administration centrale est constituée par un ministère distinct, le Ministère du travail
et des lois sociales. Les attributions de I'administration centrale concernent en particulier la
conception des lois et des règlements, e contrôle et la coordination des services du travail, la
réalisation d’études et d'enquêtes concernant les problèmes sociaux et enfin le maintien des
relations internationales.
50
Soc.,17juil.1996(SNCF),D.soc.1996.1049,concl.P Lyon-Caeh, note J. Savatier ; 17juil 1996(EDF), bull. civ. V n°
296: 8 oct. 1996 , D. soc. 1996.1046, note J. Savatier.
51
Textes de référence : convention n°81/ 1947 sur I'inspection du travail, ratifiée le 21 déc. 1971 : convention
n° 129 / 1969 sur l'inspection du travail (agricole), ratifiée le 21 déc. 1971 ; C. trav., art. 234 à 246 ; décr. n° 61-
226 et n° 61-227, 19 mai 1961 créant un cadre d'inspecteurs du travail et de contrôleurs du travail ; décret n°
97-1149, 18 sept. 1997 portant création d'un Conseil national de I'emploi (CNE) ; arr. n° 31/ 02 / 98, 24 avril
1998 fixant les modalités et conditions dans lesquelles les représentants des travailleurs participent aux
activités du CNE.
- 31 -
II. L'INSPECTION DU TRAVAIL
Madagascar possède un corps de contrôle spécialisé pour les problèmes du travail : c'est
le corps des inspecteurs et des contrôleurs du travail. Les contrôleurs sont des assistants des
inspecteurs, auxquels ils sont subordonnés.
52
Art. 251 et suiv. du C. trav. et arr. n° 1238, 30 mai 1962 déterminant les modalités de la déclaration
d'ouverture d'entreprise et prescrivant la production de renseignements périodiques sur la situation de la main
d'œuvre.
- 32 -
donne son avis ou son autorisation à tout dépassement à la durée légale du travail, à
la mise à pied prise à I'encontre d'un délégué du personnel, etc.
- Lors du licenciement, I'avis ou l'autorisation de I'inspection du travail est requis en
cas de compression de personnel ou de suppression de poste, en cas de
licenciement d'un délégué de personnel, d'un accidenté du travail ou d'un médecin
d'entreprise.
b) Mission de conciliation
- Il peut aussi exiger le retrait d'une clause illégale d'un règlement intérieur ou encore
décider de la liste des salariés devant être licenciés dans le cadre d'une compression de personnel,
en cas de désaccord entre l'employeur et les délégués du personnel. Cette décision faisant grief peut
faire I'objet d'un recours hiérarchique auprès du ministre du travail, puis éventuellement devant le
Conseil d'Etat.
Puisque les inspecteurs et les contrôleurs de travail ont un rôle important dans les
domaines les plus divers, il leur faut une libre initiative, une stabilité de I'emploi, des moyens en
personnel et en matériel, voire le concours des autorités civiles et militaires et tout particulièrement
- 33 -
la collaboration et l'appui du Parquet pour leur permettre de mener à bien les différents aspects de
leurs missions.
Malheureusement, force est de constater que jusqu'ici les suites données aux procès
verbaux ont de quoi décourager les inspecteurs, qui ont passé plusieurs jours à constater puis à
détailler l'infraction alors que les poursuites judiciaires déclenchées sont pour ainsi dire inexistantes.
Le Parquet a toujours hésité à poursuivre un employeur qui n'a pas respecté telle règle très
technique de sécurité ou à envoyer en prison le responsable d'une entreprise. Sans doute, cela tient-
il à la crainte de la sévérité excessive des peines privatives de liberté, mais de I'autre côté, I'absence
répétée de poursuites donne un caractère illusoire aux sanctions en droit du travail. Cela ne risque-t-
il pas de provoquer un recours à la force dans les relations entre employeurs et employés ?
Des Conseils nationaux régionaux tripartites du travail sont créés au niveau de chaque
région.
- 34 -
SECTION VIDES JURIDICTIONS SPÉCIALISÉES ET DES PROCÉDURES PARTICULIÈRES :
CONTRÔLES JUDICIAIRES
La nature particulière des relations de travail explique la mise en place d’une juridiction
d'exception spécialisée53 pour connaître des litiges individuels susceptibles de naître, relevant d'une
procédure d'un type spécial par rapport à celle du droit commun. On a prévu aussi le recours à la
juridiction répressive pour juger toute infraction au code du travail.
Le président du tribunal désigne les assesseurs pour chaque affaire, en veillant autant
que possible à ce que les assesseurs désignés appartiennent à la même branche d’activité que les
parties.
En principe les fonctions d'assesseurs sont gratuites, mais il peut leur être alloué une
indemnité de séjour et de déplacement54.
53 er
Textes de référence : O. n" 60-107, 27 sept. 1960 sur l’organisation judiciaire ; O. n" 60-120, 1 oct. 1960 sur
la procédure à suivre devant les juridictions du travail ; L n°2004-036, 28 juil. 2004 relative à la Cour suprême ;
L.n°99-028. 3 fév. 2000portant Codemaritime ; L.n° 2003-044,28juil.2004portant C.trav.
54
Décr n° 62-314, 28 juin 1962, art. 3, sur les frais de justice pénale.
55
Art. 34, 35 et 36, O. n" 60-107 sur I'organisation judiciaire et art. 206 C.trav.
- 35 -
conciliation devant l'autorité administrative maritime. Le tribunal de travail
compétent appliquera aux parties le Code maritime de I'an 2000 qui prévoit, en
son livre lll, les conditions de travail du marin.56
Pour les travailleurs ordinaires, c'est le Code du travail qui s'appliquera. Nous rappelons
que notre étude concerne exclusivement le contentieux individuel de travail dans le cadre de
I'application du Code du travail.
Toute clause contraire à ces dispositions est considérée comme non écrite. Cette
disposition a essentiellement pour but de faciliter la saisine des tribunaux par le travailleur et de lui
éviter d'avoir à engager des frais de déplacement.
En ce qui concerne le marin, le Code maritime, en ses articles 3.11.03 et 13.3.03, dispose
que la compétence territoriale est celle prévue par le Code du travail, le point d'attache du navire
étant considéré comme lieu normal du travail maritime.
- En outre, l'article 12 de ladite ordonnance prévoit que le délibéré doit être vidé le jour
même à l'issue des débats. Ce n'est qu'exceptionnellement que l'affaire pourra être mise en délibéré,
la durée de ce délibéré ne pouvant toutefois pas dépasser quinze jours.
- Au niveau de la Cour d'appel, l'audition des parties est facultative et les parties ne
seront entendues que si elles le requièrent (article 17 in fine).
- L'appel d'un jugement avant dire droit (ADD) ne peut être interjeté qu'après le
jugement sur le fond et conjointement avec l'appel contre celui-ci (art. 17, al. 5).
56
C.A., n° 107, 29 mai 1986, aff. Tesfagaber c. Sopebo.
57
Art. 3, al. 1 du décr n° 62-314, 28 juin 1962 portant réglementation des frais de justice criminelle.
- 36 -
Le texte ne fait pas de distinction entre les jugements ADD préparatoires ou
interlocutoires. Comme le but recherché est d'accélérer la décision et d'éviter tout appel dilatoire,
I'appel d'un jugement ADD a toujours été déclaré irrecevable, suivant une jurisprudence constante58
de la cour d'appel.
b) La procédure étant par principe très rapide et les renvois n'étant pas permis sauf
exception, la procédure du juge de la mise en état prévue par le code de procédure
civile59 ne s'applique pas.
c) La célérité de la procédure se trouve accentuée par la réduction des délais. Le délai
pour se pourvoir en cassation est d'un mois, les procédures étant considérées comme
des affaires urgentes60.
Le délai pour interjeter appel est de quinze jours (art. 17). Pour former opposition, le
délai est de dix jours (art. 16).
a) Le règlement à l'amiable du conflit par I'lnspection du travail est prévu par les
articles 199 et suivants du Code du travail.
En principe, la procédure de conciliation par I'lnspection du travail est facultative.
Néanmoins, le code62 prévoit deux cas où la saisine préalable de I'lnspection du travail est obligatoire
avant celle du tribunal du travail, d'abord, dans le cas où les relations de travail entre les parties ne
sont pas encore rompues. Ensuite, en cas de violation flagrante des dispositions légales. Il
conviendrait donc pour le tribunal, dès la tentative de conciliation, au premier appel de la cause, de
renvoyer les parties devant l'lnspection du travail s'il s'agit d'un litige pour lequel la saisine préalable
est obligatoire.
L'accord ou le désaccord des parties est constaté par I'lnspection du travail dans un
procès-verbal. Le procès verbal de conciliation met fin au litige et vaut compte arrêté. Si l'accord est
partiel, le procès verbal vaut règlement définitif, uniquement pour les chefs de demandes qui ont fait
l'objet de I'accord.
L'article 205 in fine précise que toute affaire déjà réglée au niveau de l'lnspection du
travail porté devant le tribunal du travail doit être déclarée irrecevable par ce dernier. Cependant, il y
a lieu de noter que le procès-verbal de I'lnspection de travail n'est pas un titre exécutoire. Aussi,
conformément à I'article 202 du Code du travail, au cas où l'une des parties en refuse I'exécution,
I'autre partie pourra saisir le président du tribunal pour faire constater cette défaillance et obtenir
par voie d'ordonnance, que le procès-verbal soit revêtu de la formule exécutoire.
58
C.A., n° 272,16 juil. 1987 ; C.A., n° 107, 17 mars 1988.
59 er
Loi n'2001-022 du 1 avril 2003 - Art. 164 ets.
60
C.S., n° 132, 4 oct. 1989 / Art. 56 Loi organique n° 2004-036 du 28 juillet 2004 relative à la Cour suprême.
61
Art. 189. 1 code de procédure civile.
62
Art. 20 C.trav. al. 2 et 3.
- 37 -
b) Avant tout débat, le tribunal du travail doit procéder à une tentative de
conciliation.
Il est saisi par requête orale ou écrite. Ainsi, une simple transmission du procès verbal de
non conciliation par l'lnspection de travail ne peut équivaloir à une requête. L'article 207 du Code du
travail énonce d'une manière précise sur ce point que " la juridiction du travail a pour double mission
de concilier d'abord, ensuite, de juger en cas d'échec de conciliation. " C'est l'article 6 de
I'ordonnance 60-120 du 1eroctobre 1960 qui édicte cette obligation lorsque les parties
comparaissent. Toutes les demandes principales et additionnelles doivent être soumises à cette
tentative de conciliation.
Les parties ne peuvent plus remettre en cause les demandes qui ont fait I'objet de
conciliation. Sur ce point, la Cour suprême, dans son arrêt n° 1/72 du 22 décembre1972, a énoncé
expressément : " Le point de savoir si un chef de demande a été ou non soumis à la tentative
obligatoire de conciliation constitue une question de fait qui échappe au contrôle de la Cour
suprême. "a0 Un extrait du procès-verbal de conciliation signé du président et du greffier vaut titre
exécutoire.
63
C.S., n° 32, 27 lév. 1990, aff, Ramanarivo c. Vavitombo et cons ; C.S., n° 142, 23 déc. 1980; Q.A., n° 27,1 fév.
1990.
64
C.S., n° 130, 24 oct. 1989, aff. Somapêche c. Vavitombo et cons. @B.A-CS- 1975, p. 286.
- 38 -
III. LES JURIDICTIONS RÉPRESSIVES : TRIBUNAL DE SIMPLE POLICE ET TRIBUNAT
CORRECTIONNEL
1. Infractions relatives aux relations de travail et pénalités
Le Code du travail édicte, en ses articles 255 et suivants, des sanctions pénales sensées
être plus dissuasives que les sanctions civiles prononcées par le tribunal du travail. Il s'agit de peines
de simple police et/ ou de peines correctionnelles.
Les infractions au Code du travail pouvant faire I'objet de sanctions pénales ont été
regroupées. Il s'agit, d'abord, des infractions relatives aux obligations générales de l'employeur, telle
que la non élaboration d'un règlement intérieur conformément aux prescriptions légales ; puis, des
infractions en rapport avec la protection du salaire, tel que I'octroi d'un salaire inférieur au salaire
minimum par catégorie professionnelle ou également le non-paiement du salaire à intervalles
réguliers, etc.
Enfin, les infractions relatives au travail forcée et à la commission de toute fraude, par
exemple dans les documents de travail, le fait d'exiger ou de recevoir une rémunération à titre
d'intermédiaire, ainsi que toute opération d'émigration clandestine.
À titre d'exemple, I'article 258 du Code du travail punit d'une peine d'amende et d'un
emprisonnement de trois mois à un an quiconque aura porté atteinte, soit à la libre désignation des
délégués du personnel, soit à I'exercice régulier de leurs fonctions ; en cas de récidive, les peines sont
portées au double.
Les dispositions du code pénal qui prévoient et qui reprennent les actes de résistance et
les outrages contre les officiers de police judiciaire sont applicables à ceux qui se rendent coupables
des faits de même nature à l'égard des inspecteurs du travail (art. 260 C.trav.).
- 39 -
Une convention internationale confirme cette liberté d'appréciation de I ‘opportunité de
la sanction pénale en stipulant : " Il est laissé à la libre disposition des inspecteurs du travail de
donner des avertissements ou des conseils, au lieu d'intenter ou de recommander des poursuites ",
l'objectif principal étant l'infléchissement du comportement infractionnel du responsable de
l'entreprise (Convention internationale n° 81, art. 17). La poursuite pénale en droit du travail
dépend de la conception et de la politique pénale du pays. Le Parquet a tendance à croire qu'en droit
social le recours à la sanction pénale serait à la fois inefficace et inadéquat dans la mesure où les
poursuites pénales sont rares, pour ne pas dire inexistantes. Le Parquet hésite beaucoup à envoyer
en prison des chefs d'entreprise qui créent des emplois.
Cependant la possibilité pour les juridictions de prononcer d'autres peines que celle de
I'emprisonnement ferme (amende, sursis ...) devrait inciter le Parquet à engager malgré tout une
poursuite surtout lorsque I'employeur est récidiviste ou se refuse sciemment à appliquer les
dispositions d'ordre public de la législation du travail.
- 40 -
DEUXIÈMEPARTIE :LES RELATIONS INDIVIDUELLES DE TRAVAIL
DEUXIÈME PARTIE
41
CHAMP D'APPLICATION DU CODE DU TRAVAIL
Le droit du travail, objet de notre étude, se limitera essentiellement aux relations entre
travailleurs et employeurs soumis au Code du travail, lequel stipule dans son article 1er alinéa 2 : "
Les dispositions de la présente loi ne sont pas applicables aux agents encadrés de l'Etat régis par le
statut général des fonctionnaires et aux travailleurs régis par le Code maritime. " Ainsi,les
fonctionnaires et les marins ne sont pas concernés.
1. Les marins
Ce sont des travailleurs qui échappent au Code du travail : ils sont régis par la loi n" 99-
028 du 3 février 2000 portant Code maritime. Les litiges les concernant ne sont portés devant le
tribunal du travail qu'après tentative de conciliation devant I'autorité maritime65.
2. Les personnes qui travaillent sous l'autorité de l'Etat ou des autres personnes
publiques relèvent du droit administratif, notamment du statut de la fonction
publique66.
À I'opposé, les agents non fonctionnaires, recrutés dans un emploi non permanent par
des organismes et collectivités publiques or par une administration publique, demeurent soumis au
Code du travail, il s'agit des :
- EFA : agents appelés à occuper des emplois normalement dévolus à des fonctionnaires
;
- ECD : agents appelés à occuper des emplois réputés de coude durée ou occasionnels ;
Tous ceux-là sont des contractuels de I'administration, qui ne sont liés à I' Etat ou aux
collectivités publiques qui utilisent leurs services que par un lien de nature contractuelle. Leur statut
est régi par la loi67 relative au statut général des agents non encadrés de l' Etat.
65
C.S., n° 5, 23 janv. 1990 : l'armateur, les copropriétaires sont co-employeurs des marins.
66
Stâtut général des fonctionnaires.
67
L. n° 94-025, 17 nov 1994 relative au statut général des agents non encadrés de l'Etat. Cette loi a modifié le
décr. n° 64-213, 27 mai 1964 anciennement applicable.
68
C.A., n° 01, 18janv.1990. ; C.S., n° 01, 24 janv1989, aff. Ramanantsoa c. BTM ; C.A n° 336 du 02.11 89, aff.
Razakaliana c. lnstitut National de Promotion Formation ; C.S. adm n° 101, 29 juil.1998, aff. Syndicat sotidarité
interministérielle des fonctionnaires apolitiques (SIFA) c. Commune urbaine d'Antananarivo.
42
salariés soumis à un statut particulier prévu, pour la presse écrite, par la loi sur la communication (Loi
n° 90-031 du 21 décembre 1990) et pour la communication audio visuelle par l'ordonnance n°92-039
du 14 septembre 1992, et au Code du travail pour les dispositions non prévues par leur statut
particulier.
Définitions
Art. 2 :
1° : " Est considéré comme travailleur, quels que soient son sexe et sa nationalité, toute
personne qui s'est engagée à mettre son activité professionnelle, moyennant rémunération, sous la
direction d'une autre personne physique ou morale, publique ou privée. "
2° : " Sont également considérés comme travailleurs, au sens du présent code : les
personnes rétribuées à la tâche ou aux pièces exécutant habituellement, pour le compte d'une
entreprise, le travail par elles-mêmes sans qu'il y ait lieu de rechercher s'il existe entre elles et leur
employeur un lien de subordination juridique, ni si le local, la matière mise en œuvre ou l'outillage
qu'elles emploient leur appartiennent. "
3° : " Les personnes exécutant habituellement, pour le compte et sous I'autorité d'une
autre personne, le travail par elles-mêmes, quels que soient le mode de rémunération et la durée de
travail. "
Art. 3 : " Est considéré comme employeur, toute personne physique ou morale, publique
ou privée et toute entreprise, publique ou collective ayant ou non un but lucratif, qui, assumant les
risques, financiers, engage, rémunère, et dirige le personnel qui loue Ses services."
De ces deux définitions, on peut déduire que : " Le contrat de travail est l'accord par
lequel une personne physique s'engage à mettre son activité professionnelle sous la direction d'une
autre personne physique ou morale, publique ou privée, moyennant rémunération. "
69
Art.2 et3 C. trav
43
SECTIONIÉLÉMENTSCARACTÉRISTIQUES DU CONTRAT DE TRAVAIL
Trois éléments caractéristiques distinguent le contrat de travail d'autres types de
contrat civil ou commercial : la prestation de travail, la rémunération et la subordination. À ceux-là,
on doit ajouter la notion d'habitude citée par I'arlicle 2 du code et celle de risques cités par l'article
3.
1. - La prestation de travail
C'est la tâche que s'engage à fournir personnellement le salarié. Cette tâche peut revêtir
diverses formes : manuelle, physique, intellectuelle ou artistique. Elle peut être le fait d'un
manœuvre, d'un comptable, d'un ingénieur, d'un instituteur ou d'un artiste, etc. Le travailleur
consacre en général tous ses efforts, toute son activité professionnelle' à I'employeur par des
relations de travail successives, à durée souvent indéterminée. C'est la continuité de I'emploi que
I'on s'efforce d'obtenir.
2. - La rémunération du travail
Par rémunération, il faut entendre le salaire de base et tous les autres avantages et
accessoires payés par I'employeur au travailleur, en raison de I'emploi de ce dernier. Ce salaire peut
être fixe, mais également proportionnel (les commissions) ; son paiement est indépendant de la
prospérité de l'entreprise Le travailleur ne supporte aucun des risques de son activité : il n'engage
que sa force de travail physique ou intellectuel, mais pas de capital. Lesalaire est dû, en toute
circonstance, pourvu que la prestation de travail ait été effectuée, même si elle est de mauvaise
qualité.
Le salaire est périodique. Il doit donc être réglé à des échéances fixes : à la journée, à la
semaine, à la quinzaine ou au mois, en contrepartie du travail fourni durant la période.
3. - La subordination
La subordination veut dire l'état d'une personne qui travaille au service d'autrui, sans
indépendance dans l'exécution de sa tâche. Le contrat de travail a pour objet de placer le travailleur
dans une situation de dépendance. Ainsi entendue, la subordination revêt deux aspects : juridique et
économique.
a) La subordination juridique
Elle place le travailleur dépendant sous le contrôle et la direction d’un employeur. Il
reçoit des instructions et des ordres auxquels il doit se conformer. Il se soumet au pouvoir
hiérarchique et au pouvoir disciplinaire de I'employeur et doit rendre compte. C’est à I'employeur de
fixer le lieu de travail, les horaires ainsi que les moyens d'exécution du travail. ll lui revient de
contrôler I'exécution dece travail. En principe, le salarié effectue habituellement la prestation de
travail dans le cadre même de I'entreprise au poste qui lui a été confié. En général, il demeure à la
disposition de l'employeur pendant I'horaire établi.
44
Cette subordination juridique constitue la contrepartie logique du fait que I'employeur
supporte les risques économiques de son entreprise et elle explique les mesures protectrices en
faveur du travailleur. Cet élément caractéristique du contrat de travail que constitue la subordination
est un élément essentiel dans la majorité des cas70. C’est ce critère qui distingue le travailleur au sens
du Code du travail du travailleur indépendant, de I'artisan et du sous-traitant.
Cependant, la subordination peut être très lâche sinon inexistante pour certains
personnels cadres qui peuvent avoir une liberté d'action ainsi que pour certains salariés ; compte
tenu des nouvelles technologies de l'information et de la communication, il y a apparition du télé
travail : désormais, le travail d'un employé ou d’un cadre peut se faire chez soi sur internet, par
ordinateur, I'essentiel étant l’obligation de résultat.
b) La dépendance économique
La dépendance économique est l'état d'un travailleur vis-à-vis de la personne qui
I'emploie, lorsqu'il tire du travail qu'il exécute pour cette personne ses principaux moyens
d'existence. Le travailleur et sa famille vivent de ces moyens. Le salaire n'est pas seulement la
contrepartie d'une certaine prestation de travail, il a aussi un caractère alimentaire. Cela influe
incontestablement sur la condition du travailleur. Il y a dépendance économique quand celui qui
fournit le travail en tire le principal moyen d'existence et que celui qui paie le salaire utilise
entièrement l'activité de celui qui travaille. C'est I'exclusivité qui fait résumer I'existence d'un lien de
dépendance. Le Code du travail (art.2, al.2) retient la dépendance économique comme pouvant
caractériser le contrat de travail, même en I'absence de toute subordination juridique. C'est le cas,
par exemple, d'une couturière liée exclusivement à une entreprise de confection : elle livre à
I'entreprise d'une manière périodique le produit de son travail, tout en effectuant le travail à son
domicile, avec sa propre machine à coudre. Elle peut même se faire aider par des membres de sa
famille, mais ceux-ci n'acquièrent point la qualité de travailleurs. L'application de cet alinéa peut
engendrer de nombreux problèmes, par exemple vis-à-vis de la CNAPS ou du congé, etc. La
dépendance économique, critère plutôt imprécis, ne pourrait pas seul caractérise le contrat de
travail. En effet, certaines personnes peuvent dépendre économiquement d'autrui sans pour autant
acquérir la qualité de travailleur ; tel est le cas d'un commerçant lié exclusivement à un seul
fournisseur, ou celui d'un tâcheron ou d'un sous-traitant lié exclusivement à une entreprise.
4. - L'habitude
La prestation de travail présente un caractère successif et se prolonge nécessairement
dans le temps d'une manière habituelle. Cette notion d'habitude exclut la personne qui exécute une
seule fois une prestation de travail, tels le déménageur à l'égard du propriétaire des meubles et le
couturier qui confectionne une robe ou un costume pour un client.
Que penser d'un artisan qui confectionne habituellement certains objets pour une
entreprise déterminée, ou encore une personne qui effectue le gardiennage de plusieurs voitures
appartenant à des propriétaires différents d'une manière habituelle ? La réponse est claire : le seul
70
C.S., 27 juin '1972, B. 1972, p. 262 , all. synode régional de |ouest (FLM) c. pasteur Ramilavonjy : " Est
légalement justifié I'arrêt qui énonce qu'un pasteur tient sa nomination, sa rémunération et sa mutation d’un
synode régional dont il relève et auquel par ailleurs il doit soumettre son programme d'action, pour retenir la
compétence de la juridiction du travail ; qu'en l'état de ces constatations et appréciations faisant ressortir
l'existence d'un lien de subordination entre ledit pasteur et le synode, la Cour d'appel a légalement justifié sa
décision."
45
critère d'habitude n’est pas déterminant. Voilà le grand intérêt que présente la recherche des
critères distinctifs du contrat de travail.
La frontière entre le contrat de travail et le contrat d'entreprise n'est pas toujours très
nette. En effet, dans ces deux contrats, il y a exécution d'un travail contre rémunération. Pour savoir
si l'on se trouve en présence d'un contrat de travail ou non, on recherche en particulier l'existence ou
non d'un lien de subordination.
46
Cette participation aux risques exclut nécessairement tout lien de subordination
juridique.
1. Le représentant de commerce
Le représentant de commerce est un intermédiaire qui prospecte de la clientèle pour le
compte d'une entreprise, à I'extérieur de cette entreprise. Ses fonctions consistent essentiellement à
provoquer des commandes.
71
Art. 1984 C. civ.
72
C.S., n'95, 22 sept. 1987, aff. CMPL c. Suzanne Rasendramalala.
47
2. Les mandataires sociaux
Les mandataires sociaux sont des dirigeants d'une société, liés à la société par un contrat
de mandat et non par un contrat de travail. Il s'agit essentiellement du Président du conseil
d'administration et du Directeur général.
Il ne faut pas confondre les mandataires sociaux qui sont des organes de la société avec
les simples directeurs et les directeurs techniques qui mettent leur technicité au service de la société
et qui sont des salariés au sens du Code du travail.
Dans le cas où le chef de |entreprise donne mandat spécial à l'un de ses directeurs
techniques ou salariés de faire un acte spécial, pour le compte de I'entreprise (par exemple pour
représenter la société au bureau de vote lors du scrutin électoral de délégués de personnel ou en
justice pour une affaire déterminée), ce mandatspécial n'enlève en rien au caractère de salarié du
directeur technique.
Une distinction fondamentale doit être faite entre les présidents directeurs généraux
(PDG) et les Directeurs généraux (DG), d'une part, considérés comme des mandataires de la société
représentant celle-ci dans ses rapports avec les tiers, et les directeurs techniques et employés
supérieurs, d'autre part, placés dans une situation de subordination juridique par rapport aux
premiers et qui bénéficient de la législation du travail en cas de résiliation abusive de contrat.
La question se pose alors de savoir si dans les sociétés anonymes, les PDG et les DG
peuvent cumulerleurs fonctions de mandataire avec celles de salarié lié à l'entreprise par un contrat
de travail. Il a été jugé que " le cumul des fonctions de directeur général et de directeur technique
exclusivement est admis, à condition que le contrat de travail de directeur technique apparaisse
comme sérieux et ne soit pas destiné à détourner les règles sur la révocabilité du mandat social ...
qu’en l'espèce la cour d'appel a estimé que le contrat de travail susvisé ne constitue pas un
instrument de protection contre la révocation ad nutum74 du mandat social du directeur général75. Il
est ainsi primordial de déterminer si, avant sa nomination au poste de DG ou PDG, l’intéressé avait
déjà la qualité de travailleur au sein de la société ou non.
Par exemple, un directeur technique lié par un véritable contrat de travail avec la société
employeur, il y a lieu de considérer alors son contrat de travail comme seulement suspendu durant
I'exécution de son contrat de mandat de DG ou PDG76. Le jour où son contrat de mandat sera rompu,
par application du principe de la révocabilité ad nutum du mandat du DG d'une société anonyme, la
société se doit de refaire vivre son contrat de travail, lequel ne pourrait être alors rompu que dans le
respect des conditions de fond et de forme impérativement fixées par les articles 16 et suivants du
Code du travail. En cas de rupture abusive du contrat de travail (exemple de I'hypothèse où la
société employeur se contente de faire valoir la rupture du contrat de mandat), les droits du
73
Loi n'2003-036 du 30 janvier 2OO4 sur les sociétés commerciales.
74
Révocation ad nutum : révocabilité prononcée à tout moment par la décision souveraine d'une seule
personne ou de l'organisme habilité à cet effet (GUlLLlEN et VINCENT, op.cit.).
75
C.S., n° 71, 14 juin. 1 999, TPOM n" 892 août 2OOO, afi société Assurance Ny Havana c. Jocelyn Rakotomavo.
76
Art.494 Loi sur les sociétés commerciales précitée.
48
travailleur seraient à calculer sur la base de ses droits, perçus alors qu'il était simple directeur
technique de la société et non pas sur ses émoluments de DG.
L'élément commun avec le contrat de travail est I'apport en industrie, qui pourrait donc
être la prestation de travail' Cependant, en matière de société, le principe de l'égalité entre associés
est incompatible avec la notion de subordination du contrat du travail et la contribution aux pertes
pour les associés est également incompatible avec l'absence de risques pour le travailleur.
Ensuite, il pourrait y avoir contrat de travail : l'employeur est propriétaire d'une voiture
donne des directives au chauffeur travailleur et lui paie un salaire mensuel, avec ou non une
commission comme le salaire estindépendante des recettes et des risques de l’entreprise (tel un
accident par exemple), le salaire sera toujours dû. Il appartient à la juridiction saisie derestituer au
contrat sa véritable qualification.
Pour conclure à I'existence ou non d’un contrat de travail, le juge analyse la situation
contractuelle, le comportement des parties en présence, et les circonstances de faits, en ayant à
77
C.S., n° 31, 28 janv. 1963, aff. Lucien Dumas c Établissement GALLOIS.
49
l'esprit la définition du travailleur. Il devra examiner notamment l’existence ou non d'un lien de
subordination, sans négliger la critère de rémunération et la réalité d’une participation ou non aux
risques78. C’est celui qui invoque l’existence d’un contratde travail qui doit en apporter la preuve.
Lorsqu’il n'y a pas de contrat de travail, Ie tribunaldu travail doit se déclarer incompétent.
A.- Le consentement
Le contrat se forme par la rencontre de volonté, par le consentement mutuel du
travailleur et de I'employeur, mais ce consentement librement manifesté ne doit pas être vicié.
1. Manifestation du consentement
Dès lors qu'un candidat accepte l'offre d'embauche qui lui est faite par un employeur, il
y a création d'un contrat de travail. Deux problèmes peuvent se poser à la manifestation du
consentement : d'abord, la force obligatoire de I'offre de contracter, ensuite, la formation du contrat
entre absents.
a) L'offre de contracter
Est-ce que le chef d'entreprise est lié par l'offre de contracter qu'il propose s'il manifeste
sa volonté d'embauche, par exemple, par voie de presse ou par affichage ?
78
C S., n° 83, 25 aoùt 1997, aff. Compagnie Assurance ARO c. Randrianarison
50
véritable offre ferme et non-équivoque. Le contrat se forme par l'adhésion à I'offre de contracteret le
retrait abusif de cette proposition pourra engager la responsabilité de son auteur.
En droit commun, l'article 83, al.2 de la loi sur la théorie générale des obligations
prescrit que, sauf stipulation contraire ou circonstances particulières, le contratse forme entre
absents au temps et au lieu où l'acceptation parvient à I'offrant. Exemple, dans l’hypothèse où le
sollicitant serait domicilié en France, le contrat serait conclu au moment où l'acceptation par l’autre
partie domiciliée à Madagascar parviendrait en France. Le contrat considéré comme formé en France
sera régi par la réglementation française.
En droit du travail, le problème est réglé par l’article 7 du code du travail qui énonce
expressément : quels que soient le lieu de la conclusion du contrat et la résidence de l’une ou l’autre
partie, tout contrat de travail conclu pour être exécuté à Madagascar, est soumis aux dispositions du
présent Code du travail.
En droit du travail, le vice du consentement, constitué par la lésion prévue par l'article
79 de la loi sur la théorie générale des obligations, n'est pas admis dès lors que toute disposition qui
léserait les droits du travailleur ou qui prévoirait des dispositions défavorables au salarié par rapport
à la réglementation est nécessairement nulle et de nul effet. Ainsi, le contrat de travail étant un
contrat intuitu personae - en considération de la personne cocontractante - I'erreur sur la personne
viciera le consentement. Exemple : un club de tennis embauche à titre de joueurs professionnels
79
Cass. soc., 27 fév. et 2 mai 2002.
51
deux jeunes filles nommées Daly et Natacha, croyant qu'il s'agit des deux jeunes sœurs joueuses de
tennis. Il s'aperçoit, par la suite, que ce sont deux autres jeunes filles tout à fait différentes mais qui
par hasard portent le même nom. Il y a erreur sur la personne, erreur déterminante car le club
n'aurait pas accepté, s'il avait connu la véritable identité des deux jeunes filles.
En cas de dol, manœuvre frauduleuse ayant pour objet de tromper l'une des parties
contractantes en vue d'obtenir son consentement, il faut qu'il y ait eu des éléments matériels
destinés à créer une erreur. Cependant, il faut que le dol soit déterminant, c'est-à-dire que sans la
tromperie, le contrat n'ait pas été conclu. Exemple, dans I'offre d'emploi de caissier, il a été
expressément précisé que le candidat doit avoir un casier judiciaire vierge. Or, le
travailleurembauché a déjà été plusieurs fois condamné pour vols, mais il a falsifié son casier
judiciaire. Le contrat pourra être annulé pour dol. Par contre, si I'employeur a embauché une femme
en qualité d'hôtesse, la croyant célibataire alors que celle-ci a menti sur son état de femme mariée,
le contrat ne pourra pas être attaqué pour dol, la vie privée du travailleur ne devant pas être prise en
compte pour I' embauchent80.
Enfin, la violence doit être déterminante : une simple crainte révérencielle ne suffira
pas. Par contre, la violence morale pourra être alléguée et viciera le consentement, par exemple,
dans le cas où le chef d'entreprise licencie un salarié comptable et, le jour même, propose de le
réembaucher mais en qualité d’aide comptable, soit avec des conditions de travail inférieures. Pour
ne pas se retrouver au chômage, le travailleur acceptera donc sous la contrainte. Pour apprécier la
violence, il faudra tenir compte de ra condition des personnes (âge, instruction, ancienneté,
expérience) et de leur milieu social.
B. - La capacité de s'engager
Le contrat n'est valable que si chacune des parties contractantes a la capacité de
s'engager. La capacité civile, qui est de 21 ans, se définit comme l'aptitude d'un individu à être
titulaire de droits et à les exercer seul. L'article 65 de la loi sur la théorie générale des obligations
dispose que : " Toute personne peut valablement contracter si elle n'en est pas déclarée incapable
par la loi. " L'incapable ne peut pas contracter lui-même seul. Il faut, ou bien que son tuteur agisse
pour lui, ou bien que ce tuteur agisse avec lui, I'incapable étant considéré comme ne pouvant pas
comprendre la portée des contrats qu'il conclut.
Le problème ne se pose pas pour la femme malgache qui, bien que faisant I'objet de
dispositions protectrices particulières, est parfaitement capable de conclure tous les contrats qu'elle
désire, et ce, sans qu'une quelconque autorisation du mari ne soit nécessaire, et même s'il y a
opposition du mari, cette opposition n'a aucun effet sur la validité du contrat conclu. En effet,
l'article 56 de I'ordonnance du 1eroctobre 1962 sur le mariage prescrit : " Le mariage ne porte pas
atteinte à la capacité juridique des époux.
80
Art.20 et 21 Const.
52
lequel les enfants ne peuvent être embauchés avant d'être régulièrement libérés de I'obligation
scolaire. La conférence de I'Organisation internationale du travail a adopté des conventions
internationales sur cet âge minimum. La dernière convention n° 138 de 1973, qui fixe à 15 ans l'âge
minimum pour tout emploi simple et à 18 ans pour tout emploi qui pourrait compromettre la santé,
la sécurité ou la moralité de l'enfant, a été ratifiée par Madagascar le 31 mai 2000. L'article 102 du
code du travail confirme l'interdiction d'embaucher des enfants avant l'âge de 15 ans;à titre
exceptionnel, cependant, l'inspecteur du travail pourrait autoriser l'embauche d'enfants avant l'âge
de 15 ans, compte tenu des circonstances locales, des tâches qui peuvent leur être demandées et à la
condition que les travaux ne soient pas nuisibles à leur santé et à leur développement normal.
La jurisprudence fait appel à la notion d'autorisation tacite. Ainsi, dès lors qu'il n'y a pas
opposition expresse de la part des parents, ceux-ci sont présumés avoir tacitement donné leur
autorisation à la conclusion du contrat par leur enfant mineur. Mais, en cas d'opposition, il ne
pourrait y avoir conclusion de contrat par le mineur. En tout état de cause, ces mineurs doivent être
représentés par leurs tuteurs en cas d'action en justice.
Le postulant qui se voit refuser une embauche pour un des motifs sus précisés peut
intenter une action en dommages intérêts contre le chef d'entreprise. Mais cette instance ne relève
pas des tribunaux de travail, car le contrat de travail n'est pas encore conclu et la preuve de ce motif
illégal sera toujours difficile à rapporter par ce postulant.
81
RAHARINARIVONIRINA et A. BERTONE, 1979, Droit malgache du travail, p 43.
53
2. Interdictions particulières des femmes dans certains emplois
Par application de l’article 6 du code du travail, les contrats sont passés librement, sous
réserve du respect des dispositions d'ordre public ; en particulier, il est interdit de recruter des
enfants de moins de 15 ans (art. 102 C.trav.) et d'embaucher des femmes et des enfants dans
certains emplois dangereux ou excédant leur force82.
L'article 6, al. 5 du Code du travail énonce précisément sur ce point qu'en I'absence
d'écrit, I'existence du contrat de travail peut être prouvée par tous les moyens. Cette nouvelle
disposition du code consacre la position jurisprudentielle selon laquelle, en ce qui concerne le
contrat de travail, la rédaction d'un écrit est exigée à titre de preuve, pour établir I'existence ou la
teneur du contrat (ad probationem) et non pas pour la validité du contrat (ad validatem).
Si, en droit malgache, le principe est que les contrats sont consensuels et se forment
donc par la seule rencontre de volonté des parties, l'écrit n'étant exigé qu'à titre de preuve, pour
certains contrats, l'accord de volonté doit obéir à des formes particulières, à peine de nullité.
B. - Régimes particuliers
Certaines formalités sont exigées comme condition de validité du contrat
d'apprentissage et du contrat à I'essai, du contrat du travailleur déplacé et du contrat du travailleur
étranger.
82
Art 99 el 103 C.trav , décr n° 62-152, 28 mars 1962 fixant les conditions de travail des enfants, des femmes et
des femmes enceintes.
54
1. Le contrat d'apprentissage
Selon les articles 31 et 32 du Code du travail, le contrat d'apprentissage doit être
constaté par écrit, à peine de nullité, et doit en outre être préalablement présenté au visa de
I'inspecteur du travail du ressort83.
Officiellement, certains employeurs n'ont que deux ou trois travailleurs, alors qu'ils
utilisent le service d'au moins une dizaine d'apprentis. Ces prétendus apprentis sont en fait de
véritables travailleurs à bon marché, auxquels l'employeur alloue seulement de temps à autre une
somme dérisoire à titre d'argent de poche. Or, selon l'article 7 du décret n° 64081 du 6 mars 1964,'le
maître a l'obligation de rémunérer l’apprenti dans la mesure où il tire du travail de ce dernier un
profit qui dépasse les dépenses et sujétions nées de I'apprentissage. Les obligations et garanties
prévues par le Code du travail en matière de salaire s'attachent à cette rémunération. "
L'engagement à l'essai confère immédiatement au travailleur tous les droits prévus par
la loi, sauf en matière de licenciement pendant cette période d'essai, le contrat peut être rompu à
tout moment sans préavis et sans une quelconque indemnité. L'écrit est requis pour preuve de
I'existence de l'essai et, par conséquent, pour qu'il y ait possibilité de rupture sans aucune indemnité.
83
Décr n° 64-081, 6 mars 1964 réglementant l'apprentissage
55
3. Le travailleur déplacé
Selonl’article 41 du code du travail, le travailleur déplacé est celui qui, pour
l'accomplissement du travail convenu, est appelé à s'installer de manière durable dans un lieu de
travail autre que sa résidence habituelle ou à l'extérieur de son pays d'origine.
L'article 41, al. 2 prescrit en outre : " Le contrat de travail du travailleur déplacé doit
être, après visite médicale de celui-ci, constaté par écrit et soumis au visa préalable de l'inspection du
travail du lieu d'embauche. "
L'article 42, en son al. 3 édicte, enfin, que la demande de visa incombe à l'employeur.
Cet employeur pourrait être poursuivi sur le plan pénal en cas de non-respect de ses obligations (art.
256 C. trav.) Le nouveau code n'a pas repris les anciennes dispositions du code de 1975 prévoyant la
nullité du contrat en cas de non obtention de visa. L'écrit n'est donc requis que pour preuve de la
condition de travailleur déplacé. En principe, ce n'est qu'après l'obtention du visa de I'inspecteur du
travail du lieu d'embauche que le contrat devrait commencer à être exécuté.
Dans la pratique, la rédaction d'un écrit ainsi que la demande de visa sont peu
respectées, les chefs d'entreprise ne faisant pas mention de la qualité de travailleur déplacé du
salarié dans le contrat de travail. Le travailleur, pour sa part, dès lors qu'il trouve du travail, ne
s'inquiète nullement, au moment de I'embauche, de savoir si I'employeur a sollicité et obtenu un visa
ou non. Il est intéressant, cependant de préciser que les conditions de travail du travailleur déplacé
sont plus avantageuses que celles du travailleur simple : les articles 91 et 41 , al. 3 du Code du travail
prévoient en effet, pour le travailleurdéplacé, la prise en charge par l'employeur de ses frais de
voyage, pour lui etpour sa famille, du lieu de sa résidence habituelle au lieu d'emploi au moment de
I'embauche, durant le congé et à la rupture du contrat, ainsi que la fourniture d'un logement décent
dans les limites fixées par un décret pris après avis du Conseil national du travail.
En l'état actuel des textes, c'est toujours le décret n° 68-174 du 27 mai 1968 fixant les
droits en matière de transport du travailleur déplacé pour I'exécution de son contrat de travail, qui
est applicable. on notera que le nouveau code du travail n'énonce plus expressément I'octroi, pour
cette catégorie de travailleurs, de denrées de première nécessité, alors que le code de 1995, en son
article 64, al.2, avait prévu l’octroi d,une telle prestation.
Dans la plupart des cas, ce n'est qu'au moment de la rupture du contrat que la qualité
de travailleur déplacé du salarié est discutée, soit que le salarié fasse valoir sa qualité de travailleur
déplacé pour pouvoir bénéficier des frais de rapatriement et d'un rappel de frais de logement, soit
que l'employeur fasse valoir la nullité du contrat pour défaut d'écrit et de visa, afin de pouvoir se
libérer de tous ces frais.
Le cas particulier des travailleurs malgaches émigrés à l'extérieur a été prévu par l'article
42 du code du travail. Leur contrat doit faire l'objet d'un visa préalable du Service de la Migration du
Ministère chargé de I'Emploi et, par ailleurs, en leur qualité de travailleurs déplacés, leur contrat doit
préciser que leurs frais de transportretour seront assurés par l'employeur, quelque soit le motif de la
rupture évoqué.
4. Le travailleurétranger
Le travailleur étranger peut être un travailleur expatrié ou un travailleur résident. Il peut
être également un travailleur déplacé.
Tous les pays, sans exception, prévoient des contrôles, des restrictions, une
réglementation de I'emploi des travailleurs étrangers. Ces restrictions et contrôles, en effet, ont pour
56
fondement la nécessité de protéger la main d'œuvre nationale et d'éviter, en conséquence, le
chômage des travailleurs nationaux ainsi que I'afflux des travailleurs étrangers.
En France, le contrôle de l'immigration des travailleurs est devenu très strict. Il n'est
cependant pas applicable aux travailleurs ressortissants des pays membres de la Communauté
Européenne Économique (CEE.) et qui ont signé la convention de Maastricht. Avant de pouvoir
travailler en France, le travailleur étranger doit obtenir, outre les visas exigés par les règlements
concernant les étrangers, une autorisation préalable de travail visée par I'autorité administrative et
un certificat médical. Il lui est alors délivré une carte de travailleur étranger qui précise I'activité
professionnelle pour laquelle autorisation est donnée, ainsi que les zones géographiques ou il peut
travailler.
Dans certains pays africains francophones, par exemple en Tunisie, aut Bénin, au Togo,
la formalité du visa est obligatoire et le contrat de travail du travailleur étranger est obligatoirement
conclu pour une durée déterminée, qui ne peut excéder deux ans.
Le contrat de travail d'un étranger pour lequel le visa a été refusé est nul et de nul effet.
La loi sur l'immigrationuu confirme les dispositions de I'article 43 du Code du travail et précise, en
outre, en son article 10, que le travailleur étranger doit être titulaire d'une carte spéciale de travail
indiquant sa catégorie professionnelle. Ce travailleur étranger ne peut exercer, sans autorisation, une
profession d'une catégorie autre que celle mentionnée sur sa carte. Le non respect de ces
dispositions est passible, outre de sanctions administratives, de sanctions pénales.
84
L. n° 62-006, 6 juin 1962 fixant l'organisation et le contrôle de l’immigration, modifiée par la loi n° 95-020 du
20 nov. 1995 en son art. 9.
57
I. - LES CARACTÈRES DE L'OBLIGATION DU TRAVAILLEUR
Le travailleur salarié exécute la prestation de travail conformément aux instructions
données par I'employeur. Il reste soumis au pouvoir patronal, quel que soit son niveau hiérarchique.
Cette exécution doit être personnelle, consciencieuse et loyale
Les articles 47, 48 et 49 du Code du travail prévoient le cas du travailleur à domicile qui
pourrait se faire aider par un auxiliaire, sans que celui-ci puisse acquérir la qualité de travailleur à
l'égard du donneur d'ouvrage.
85
C.A., n. 20, 1 6 janv. 1 986, afl. SOCIMEX C. Ravelojâona : le travailleur a commis une erreur dans les
références d’une pièce de véhicule ; il a mis 1058 au lieu de 1063. Réclamation du client. Un grand préjudice en
est résulté pour I'entreprise. Or, le travailleur totalisait plus de vingt années de service et il avait par jour des
centaines de pièces à vendre avec de multiples références. La Cour d'appel a jugé qu'il s'agissait d'une
négligence excusable qui ne pouvait justifier une sanclion grave comme le licenciement ni une demande en
remboursement du préjudice subi.
- C.A., n° 141,7 avril 1988, aff. Raymond Ramanantsoa c. FIMA : pour le travailleur contrôleur dans
uneentreprise de transport, I'insuffisance de tours des cars ne suffit pas à caractériser une mauvaise manière
de servir. C'est un risque de I'entreprise.
- C.A., n°109, 17 mars 1988, aff. FIMA c. Razakarison : I'insuffisance de recettes constitue un risque normal de
l'entreprise.
- C.A., n° 339, 20 nov. 1986, aff. JC c. RH : trois erreurs en un mois dans le contrôle de la conformité de la
livraison des médicaments avec les prescriptions médicales constituent une négligence grave, une faute
professionnelle de la part du travailleur
- C.A., 17 août 1989, TPOM 1990, p. 270 : Un gardien chef de file d'un parc automobile d’une entreprise devait
noter dans un cahier spécial pour chaque sortie le numéro de la voiture et le nom du chauffeur. Un soir, sous
prétexte qu’il avait été très occupé (téléphone et autres), il a mentionné sur le cahier un nom de chauffeur, sur
58
Les sanctions du non-respect de cette obligation d'exécution consciencieuse peuvent
être soit des sanctions disciplinaires (mise à pied, avertissement, blâme), soit une rupture légitime du
contrat pour mauvaise manière de servir au pour négligences graves.
Par ailleurs, il est interdit au salarié qui réserve à l'employeur le monopole de son
activité, de faire concurrence à son employeur soit directement, soit indirectement par
l'intermédiaire d'un tiers, bien que I'article 10, al. 2 du Code de travail lui permette d'exercer une
autre activité professionnelle en dehors de son temps de travail 87 . Cette obligation de non
concurrence ne subsiste plus après la rupture du contrat, par application de I'article 10, al.3 qui
prescrit: " Est nulle de plein droit toute clause d'un contrat ponant interdiction pour le travailleur
d'exercer une activité quelconque à I'expiration du contrat. "
A.- La qualificationprofessionnelle
C’est un élément essentiel du contrat. Il convient de bien distinguer la qualification
professionnelle personnelle du travailleur, la qualification conventionnelle et la qualification réelle ou
de fait.
simple indication d'un autre gardien. La voiture a disparu, le nom du chauffeur était faux. La Cour d’Appel a
décidé que le travailleur n'a pas fait consciencieusement son travail ; il a commis une faute professionnelle qui
justifie son licenciement.
86
Soc., 3 mai 1962 ; J.C.P IV-B1 : le fait pour un salarié d'user d'un magnétophone pour enregistrer diverses
conversations de ses chefs constitue une faute professionnelle grave en ce que cet agissement est déloyal et
est susceptible de faire suspecter la probité de l'agent qui use d'un pareil procédé.
87
C.A., n'49, 2 mars 1989, TPOM.4 n" 729, 16 janv. 11190, p.29, afi. U.C c. Savonnerie tropicâle : le licenciement
de C. a é1é déclaré légitime car C. a installé son concubin (ex-employé de Savonnerie tropicale dans la section
labrication) dans irne propr été lui appartenant pour y e/ploiter urre labrque de savon, actrvité qui fait
concurrence à celle de son employe
59
de ses diplômes. Ex. : un salarié titulaire d'une maîtrise, d'une licence ou d'un diplôme d'ingénieur a
la qualification personnelle d'un agent ou personnel " cadre ".
Ex.: un travailleur a été embauché en qualité d'ouvrier spécialisé, mais par suite de
circonstances particulières, il a été confié le travail d'un manœuvre ordinaire.
- Dans les différentes branches d'activités : arr. n° 278 lGT, 5 fév. 1954;
60
- lndustries graphiques : arr. n° 0045 VP/TR, 13 janv. 1959 ;
La loi ainsi que la pratique professionnelle établissent, d'abord, une première distinction
entre trois groupes : les ouvriers, les employés et les cadres.
L'ouvrier est celui qui exerce un travail manuel, qui prend part à I'exécution matérielle
des travaux industriels ou de fabrication, de transformation,alors que
l’employécollaboreàl’administrationde I'employeur (par exemple un comptable).
I II III IV
Employés 1A 1B 2A 2B 3A 3B 4A 4B 5A 58
61
III- Ouvrier et travailleur très qualifié, personnel ayant une formation professionnelle
approfondie (ex. : comptable, ouvrier ayant réussi à un examen professionnel, capable de diriger une
équipe de cinq travailleurs).
IV- Agent de maîtrise, chef de chantier, personnel possédant des qualités de chef (ex. :
chef magasinier, chef d’atelier...)
V- Le personnel cadre : hautement qualifié / exerce un certain pouvoir sur les autres
travailleurs (ex. : ingénieur, directeur technique et administratif). Avant 1974, ce dernier groupe
constituait la classification hors catégorie, dénomination qui n’a plus été reprise par la suite.
D'une façon générale, on peut dire que le travailleur est d'autant mieux traité qu'il
s'élève dans la hiérarchie professionnelle.
3. - LA DURÉE DU TRAVAIL
La durée du travail, c'est le temps pendant lequel le personnel ou le salarié est à la
disposition de l'employeur. En sont exclus les temps de repos, pendant lesquels le personnel n'est
pas à la disposition de l’employeur.
62
A. Fondement de la limitation de la durée du travail et évolution de la
réglementation
1. Fondement de la réglementation de la durée du travail
a) Du point de vue social
L'absence de réglementation de la durée de travail avait fait en sorte que le travailleur
était asservi à son travail pendant des journées entières, sans repos hebdomadaire, parfois dès son
enfance jusqu'à sa mort. Cependant, à la dépense physique s'ajoute l'intensité nerveuse aggravée
par les sujétions de la concentration urbaine et la fatigue du transport. Aussi, la durée du travail doit
être fixée dans une limite raisonnable, compatible avec la résistance physique et psychique du
travailleur88, d'une part, pour éviter que le travailleur ne devienne une simple machine à produire,
d'autre part, pour sauvegarder et développer sa personnalité par l'octroi d'un certain temps de
liberté afin de lui permettre de parfaire son éducation et d'avoir une activité intellectuelle et
culturelle pour sauvegarder et protéger sa santé, et pour lui permettre d'avoir une vie de famille
normale.
Bien que Madagascar n'ait ratifié aucune de ces conventions, la législation malgache a
adopté le principe de la semaine de 40 heures, et ce, dès l'époque coloniale avec le Code de travail
des territoires d'outre-mer de 1952. Des dérogations ont été prévues à ce principe, lequel par ailleurs
n'est pas applicable dans certaines professions particulières, telles que les professions agricoles.
88
CAn° 117.31 mars 1988. aff. RazafindrazakaJosephine. c FIBATA
63
" Dans tous les établissements assujettis au Code du travail (sauf dans les entreprises
agricoles), même d'enseignement ou de bienfaisance, la durée légale du travail des employés ou
ouvriers de l'un ou de l'autre sexe, de tout âge, travaillant à temps, à la tâche ou aux pièces, ne peut
excéder cent soixante-treize virgule trente-trois (173,33) heures par mois. "
Bien que le nouveau texte ne reprenne pas la référence de la semaine de 40 heures, les -
173,33 heures par mois ne peuvent correspondre qu'à 40 heures par semaine dans la mesure où
d'une part tous les décrets relatifs aux salaires89 pris en application de la semaine de 40 heures des
anciens codes du travail se réfèrent à un salaire mensuel rémunérant 173,33 heures de travail ;
d'autre part pour pouvoir obtenir un résultat le plus proche possible de la réalité, le calcul doit être
effectué sur la base d'un nombre de semaines par mois équivalant à 52 (nombre desemaines par an)
divisé par 12 (nombre de mois dans l'année), on obtient ainsi :
40 x = 173,33 heures 12
Par contre un calcul sur la base de 4 semaines par mois serait inexact, le nombre de
semaines variant selon le mois ; on obtiendrait dans cette hypothèse une durée de travail
hebdomadaire de 43,33 heures, ce qui aggraverait la situation du travailleur, supprimerait des droits
acquis et serait contraire au vent de l'histoire du travail.
Enfin, I'article 101 du code du travail énonce sans aucune ambiguïté une durée légale
hebdomadaire de 40 heures pour les mineurs.
En tout état de cause, toute lacune de textes ne peut que s'interpréter dans le cadre
général du principe de faveur ou du principe du plus favorable.
Cependant, le nouveau texte ouvre la voie à l'horaire mensuel, en autorisant les parties
à moduler les horaires hebdomadaires sur un mois : les chefs d'entreprise pourront ainsi faire
travailler les salariés plus de 40 heures dans une semaine, sans avoir à solliciter une autorisation de
I'inspecteur du travail, à condition toutefois que le nombre d'heure de travail ne dépasse pas sur un
mois un total de 173,33 heures.
89
Décr n° 2004 - 517 du 4 mai 2OO4. Décr n° 2003 - 454 du 13 Avril 2003.
90
Arr. n° 421,26 janv. 1968.
64
b) " Des établissements assujettis au Code du travail "
Sont donc exclus les établissements publics, du secteur public où travaillent des
contractuels de I'administration (EMO - ECD – EFA - ELD) qui sont soumis à la semaine de 44 heures
du décret n° 61-717 du 28 décembre 196191.
La durée du travail dans les entreprises agricoles, par contre, est expressément énoncée
par I'al. 2 de l'article 75 du Code du travail.
Les branches d'activités concernées et les textes réglementaires correspondants sont les
suivantes :
91
Décr n" 61-717,28 déc. 1961 modifié, fixant l'horaire réglementaire de service dans les administrations
publiques.
92
Le terme cadre est dérivé du vocabulaire militaire : c'est l'ensemble des officiers et sous-officiers d'une
compagnie.
93
C.S n°135/98 - SOC, 26 juin 2002 aff. RAZAFINIARY Andriantsimba c. Clinique Paul-BA-CS2002p. 16.
65
- lndustrie du bois : arr. n° 1850-lGT, 23 sept. 1953 ;
66
Les arrêtés d'application par branche d'activités prévoient, en général, trois modes
possibles de répartition ;
- Le personnel travaille B heures par jour pendant cinq jours ouvrables, avec repos le
samedi ou le lundi, en plus du dimanche.
- Une répartition inégale du nombre d’heures entre six jours de travail, mais avec un
maximum de 8 heures par jour. Ce maximum est d'ordre public pour les enfants mineurs, c’est-à-dire
qu'il s'impose pour des raisons de moralité ou de sécurité impérative.
En effet, I'article 101 du Code du travail énonce expressément que les enfants mineurs
de 18 ans ne peuvent être employés à un travail effectif de plus de 8 heures par jour.
Dans les entreprises de transport, la durée réelle journalière de travail peut être variable
: un jour de 5 heures, de 9 heures ou de 10 heures au maximum, car le rythme de travail varie selon
les catégories de personnel (chauffeur de camion ou de transport de voyageurs).
La forme de la journée continue tend à se développer : I'arrêt prolongé de midi est alors
restreint ou même supprimé, afin de libérer plutôt le travailleur.
Il est cependant primordial que le travailleur puisse bénéficier d'un repos quotidien
consécutif et continu d'une certaine durée. C'est la raison pour laquelle on a fait appel à la notion
d'amplitude : la réglementation a prévu de fixer, d'une part, I'amplitude de la journée de travail entre
10 heures et 14 heures au maximum, et d'autre part, les repos quotidiens obligatoires au minimum
de 10 heures à 12 heures selon la Profession.
L'amplitude de la journée de travail est la période (ou le temps) qui s'écoule entre le
début et la fin de la journée de travail, c'est-à-dire, I'intervalle existant entre deux repos journaliers.
67
Elle correspond au temps pendant lequel, dans une journée, le 'salarié est à la disposition de
l'employeur. L'alternance des temps de travail et des temps de pause augmente I'amplitude.
1er Exemple :
(Amplitude régulière)
Amplitude = 10 H
Repos
68
2ème Exemple :
(Amplitude irrégulier)
Amplitude = 16 H
Repos
En outre, I'article 101, al.3 du Code de travail dispose que le repos quotidien des
enfants travailleurs doit avoir une durée de 12 heures consécutives.
Cette notion d'amplitude est très importante dans les entreprises de transport : le
principe est commandé par le souci d'assurer la sécurité des voyageurs et d'éviter les risques
d'accidents dus à la fatigue des conducteurs. Il est ainsi nécessaire que I'amplitude ne soit ni trop
étendue (donc trop de coupures) ni trop étroite (période de travail trop longue), l'énervement et la
fatigue pouvant être aussi grands dans un cas comme dans I'autre.
c) Le système d'équivalence
Dans certaines professions (salon de coiffures, gardiennage, restaurants), il y a
habituellement des heures creuses, des temps morts (pour absence de clientèle, temps morts dans la
fabrication) pendant lesquels le salarié n'a rien à faire, mais il reste malgré tout à la disposition de
I'employeur.
En règle générale, ces heures creuses sont assimilées à un travail effectif. Cependant,
compte tenu de l'effort moindre fourni par le salarié, on a été amené à admettre un système
d'équivalence : ce système est appliqué à un nombre important de travailleurs dans certaines
branches d'activités, afin de tenir compte du caractère intermittent du travail.
L'article 78 du Code du travail prescrit : " Soit en raison de la nature du travail, soit en
raison de son caractère intermittent, le Code du travail admet des équivalences, c'est-à-dire, une
durée de présence considérée comme correspondant à un travail d'une durée inférieure. "94
94
Arr. tGT n. 1862, 23 sept. 1953
69
barman,serveurs)correspondàuneduréede40heuresdetravail effectif, et est rémunérée comme telle.
"
= 1430 F.
Les modalités de récupération sont précisées en détail dans les arrêtés d'application par
branche d'activité, en fonction des particularités de chaque profession. En principe, ra récupération
se fait au maximum à raison de t heure par jour ou de 6 heures par semaine.
La récupération doit avoir lieu dans la semaine qui suit l'événement ou le plus tôt
possible. L'employeur doit toujours solliciter l’autorisation de I'inspecteur du travail en indiquant la
nature des travaux, les causes et la date de I'interruption, le nombre d'heures perdues et la
modification de l'horaire.
Ces heures de travail de récupération d'heures perdues sont rémunérées au tarif normal
sans majoration, dès tors qu’ils’agisse en réalité d'heures normales de travail dont I'exécution a été
différée.
70
2. Les dérogations permanentes
Il s'agit de dérogations permanentes à la durée légale de 40 heures par semaine et
accordées dans des cas limitativement déterminés. Les différents textes réglementaires par branche
d’activité prescrivent cette sorte de dérogation, en fonction des particularités de chaque profession
et activité. En général, il s'agit de travaux préparatoires (réparation, entretien des machines) ou de
travaux complémentaires (nettoyage) ou de travaux qui, une fois commencés, ne peuvent être
arrêtésà cause de leur nature. Ainsi, le travail d'un chef d'équipe ou d'un ouvrier spécialisé dont la
présence est indispensable à È marche d'un atelier en attendant celui qui doit assurer la relève.
Ilen est de même pour celui du personnel affecté au nettoyage des locaux, des machines
pour les branches d'activités pour lesquelles le système d'équivalence n'est pas prévu ou celui de
l’employé affecté à ra conduite des fourneaux, des chaudières . . .
Ces dépassements sont acquis de plein droit à l'employeur, dès lors que la
réglementation le prévoit. Ils sont donc permis sans autorisationpréalable de l'inspecteur du travail,
mais le nombre d'heures pouvant être effectuées au titre de dérogations permanentes est fixé
impérativement par la réglementation. Ce nombre d'heures varie à raison d'une heure à quatre
heures par jour, sous réserve de l'affichage de ces dépassements et de leur communication à
l'inspecteur du travail pour information. Les dépassements sont payés au tarif normal.
- Les travaux urgents de sauvetage, pour prévenir ou réparer des dégâts causés par des
accidents ou pour prévenir la perte de matières périssables. Ces travaux peuvent être effectués
immédiatement, sans autorisation préalable de I'inspecteur du travail.
- Enfin, en cas de travaux dans I'intérêt de I' Etat ou des collectivité publiques sur
ordredu gouvernement, mais, il faudra alors un décret qui prévoie le dépassement.
Les heures de travail effectuées dans ces cas sont de véritables heures supplémentaires
qui suivent le même régime que les heures supplémentaires.
a) Conditions d'octroi
- Le régime des heures supplémentaires est applicable dans tous les établissements
assujettis au Code du travail et à tous les salariés, même rémunérés aux pièces. - En cas de nécessité
urgente et imprévisible, le recours à des heures supplémentaires doit être précédé de I'envoi à
l'inspecteur du travail d'une lettre recommandée, précisant le motif et la durée du dépassement de
71
l'horaire habituel. En principe, le travailleur est tenu d'accepter et d'accomplir les heures
supplémentaires prévues par le contrat, les usages professionnels, le règlement, mais régulièrement
autorisées. Par contre, l'employeur ne peut imposer et le travailleur pourrait refuser
I'accomplissement d'heures supplémentaires ne remplissant pas les conditions exigées. - Les heures
supplémentaires sont interdites aux mineurs de moins de 18 ans, dit I'al. 2 de l'adicle 'l 01 du Code
du travail.
- Des dérogations temporaires, en cas de travaux urgents nécessaires pour prévenir les
accidents ou réparer le matériel ou pour sauver d'une perte inévitable des récoltes ou des denrées
95
Art. 85 - Code du trav de 1994 al.2 "Dans toutes les entreprises agricoles, les heures de travail sont basées sur
220 heures pat an ou 42 heures 30 minutes par semaine."
72
périssables, sont acquis de plein droit à I'employeur, sous réserve de I'obligation d'affichage. Ces
heures sont payées au tarif normal.
- Enfin, le régime est exactement le même que pour le régime normal, en ce qui
concerne les heures supplémentaires, étant entendu que ce sont les heures de travail effectuées
hebdomadairement au-delà de 42 heures 30 minutes qui donneront lieu à majoration de salaire.
Avant de terminer l'étude portant sur la durée du travail, il convient de faire une
remarque importante : les exceptions et dérogations au principe de la durée légale du travail de 40
heures ou de 42 heures 30 minutes ne peuvent l'appliquer qu'aux branches d'activités limitativement
visas par les textes réglementaires. En l'absence de textes concernant une branche professionnelle
déterminée (ex. : industrie graphique, établissements scolaires, commerce de détail autres que de
denrées alimentaires, etc.), il ne peut y avoir de dérogation. Seul sera appliqué le principe de la
semaine de 40 heures, avec majoration pour heures supplémentaires en cas de dépassement.
L'article 83 du nouveau Code du travail définit I'expression travail de nuit comme étant
le travail effectué dans la période comprise entre 22 heures à 5 heures du matin. Le travail de nuit
est en principe interdit aux femmes : l'article 85, al. 2 dit que les femmes, sans distinction d’âge, ne
pourront être employées pendant la nuit dans aucun établissement industriel de quelque nature que
ce soit.
Cependant, deux exceptions sont édictées par les al. 6 et 7 de l’article95 : d'abord, en
cas de force majeure, lorsque dans I'entreprise se produit une interruption d'exploitation impossible
à prévoir et n'ayant pas un caractère périodique.
Ensuite, dans le cas où le travail s'applique à des matières premières qui seraient
susceptibles d'altération très rapide.
73
Par application de I'article 101, a1.2, le travail de nuit est également interdit aux enfants
et aux jeunes travailleurs jusqu'à l’âge de 18 ans.
2. Le repos hebdomadaire
L'article 80 du Code du travail stipule que : " Le repos hebdomadaire est obligatoire. Il
est au minimum de 24 heures consécutives par semaine. Il a lieu en principe le dimanche. "
Cet article pose deux principes bien distincts : d'une part, le repos hebdomadaire à
proprement parler, et d'autre part, le repos dominical. C'est toujours le décret n° 62-150 du 28 mars
1962 qui détermine les modalités d'application de ces principes, tant qu'un nouveau texte
d'application n'a pas encore été pris.
- Des dérogations accordées sans repos compensateur. En cas de travaux urgents dont
I'exécution immédiate est nécessaire pour organiser des mesures de sauvetage, pour prévenir des
accidents imminents ou réparer des accidents graves survenus au matériel, aux installations et aux
bâtiments. Les heures accomplies sont payées en heures normales.
En cas des surcroîts extraordinaires de travail ou de travaux dans les industries traitant
de matières périssables, dont la liste est limitative. Les heures de travail sont considérées comme des
heures supplémentaires.
Dans tous les cas de suspension du repos hebdomadaire sans repos compensateur,
I'inspecteur du travail doit être avisé avant le commencement des travaux.
96
C.S., n° 252, 19 sept. 2003, aff. SINPA c. Lucette Lalaharimanana.
74
soins à donner aux animaux), les travaux devant être faits nécessairement le jour de repos collectif et
sont indispensables pour éviter un retard dans la reprise normale du travail. Dans toutes ces
situations, le repos hebdomadaire est suspendu, sous réserve d'accorder un repos compensateur par
la suite.
b) Le repos dominical
En principe, le repos hebdomadaire doit être donné le dimanche.
Toutefois, les considérations qui justifient le repos dominical étant moins impérieuses
que celles qui militent en faveur du repos hebdomadaire, de multiples dérogations viennent
assouplir le système. Ces dérogations sont édictées, soit de plein droit, soit sur demande, soit des
dérogations occasionnelles.
Pour les travailleurs concernés, un repos compensateur est accordé par roulement d'un
jour entier dans la semaine. Pour les gens de maison, le repos pourra être donné, soit du dimanche à
midi au lundi à midi, soit en deux après-midi complets par semaine.
2°- Les dérogations sur demande sont possibles pour les établissements non prévus
dans la liste des établissements pouvant bénéficier de plein droit de la dérogation.
Ce sont des dérogations facultatives de caractère temporaire et qui doivent être
autorisées, après demande, par arrêté du président du Faritany, sur avis de l'inspecteur du travail.
Cette autorisation peut être accordée aux établissements où I'interruption du travail le dimanche est
préjudiciable à leur bon fonctionnement ou préjudiciable au Public.
75
1. Principe des jours fériés
L'article 81 du Code du travail présente d'une manière précise, en son alinéa 3, que la
liste annuelle et limitative des jours de fêtes légales et des jours " ponts " font I'objet d'un décret pris
en début d'année.
le 1er mai ;
le jour de l'Ascension ;
le lundi de Pentecôte ;
le 26 juin ;
le 15 août ;
la Toussaint ;
la Noël.
Désormais, depuis le code de 1994, tous les jours fériés suivent le même régime, ce qui
n'était pas le cas sous I'empire du code du 1975 où le 1er mai et le 26 juin suivaient un régime
différent de celui des autres jours de fêtes civiles ou religieuses.
Les majorations fixées à I'article 3 du décret 72-226 du 6 juillet 1972 ne s'ajoutent pas
entre elles, c'est-à-dire qu'elles ne se cumulent pas. Mais elles se cumulent éventuellement par
addition avec les majorations pour heures supplémentaires. Ainsi, au cas de coïncidence entre des
heures de jour travaillées un dimanche et un jour férié, il y a lieu d'appliquer la majoration la plus
élevée.
C. Le congé payé
Le congé payé est la suspension annuelle du contrat de travail pendant laquelle le
travailleur salarié reçoit sa rémunération habituelle.
76
1. Historique et fondement du congé payé
La semaine de 40 heures et la réduction annuelle du temps de travail par I'allongement
progressif des congés payés comptent parmi les principales victoires de la lutte de la classe ouvrière.
L'institution des congés payés était devenue inévitable pour les mêmes raisons que celles qui ont
motivé la nécessité de limiter la durée hebdomadaire du travail, soit essentiellement pour des
raisons de santé physique et de détente. En effet, la fatigue accumulée au cours d'une année de
travail exige un repos prolongé. La convention internationale no 132 révisée, ratifiée par Madagascar
le 8 février 1972, pose notamment les principes selon lesquels :
- Toute personne employée a droit à un congé annuel payé, d'une durée minimum de 3
semaines.
- Ne seront pas comptés dans le congé payé les jours fériés officiels ou coutumiers ; les
périodes d'incapacité de travail pour maladie ou accident.
- Tout accord portant sur l'abandon du droit au congé ou renonciation audit congé
moyennant une indemnité doit être nul de plein droit ou interdit.
Sous I'empire des codes de 1952 et de 1960, la durée du congé annuel payé avait été de
1 ½ par mois de présence, ou 18 jours ouvrables par an, ou 3 semaines calendaires par an. Des
régimes spéciaux avaient été prévus en raison de l'âge, de l'ancienneté ou de la qualité de mère de
famille du travailleur.
Les codes du travail de 1975, de 1995 et de 2004 ont institué le congé annuel de 30 jours
pour tous les travailleurs relevant du Code du travail sans aucune distinction. Il y a eu uniformisation
de la durée du congé ; les diverses bonifications ont disparu.
Les conditions d'octroi du congé, ses modalités ainsi que sa rémunération organisées par
les articles 86 et suivants du nouveau Code du travail sont les mêmes que celles envisagées par les
articles 110 et suivants du code de 1994, ainsi que celles prévues par le code de 1975, en ses articles
87 à 89. Le congé dont s'agit est constitué par un repos annuel obligatoire pour le travailleur, de
caractère continu et préétabli.
77
3. Les modalités de prise du congé payé
L'article 88 du Code du travail pose le principe selon lequel " le droit de jouissance au
congé est acquis après 12 mois de service effectif : seul peut être fractionné le congé supérieur à 2
semaines. " Le travail effectif pris en considération pour I'octroi du congé doit avoir été accompli au
cours de l'année de référence, c'est-à-dire, I'année immédiatement antérieure.97
La période du congé est déterminée à I'avance d'accord parties, sauf dans le cas de
fermeture annuelle pour congé du personnel. C'est l'employeur qui détermine la date du congé,
après consultation du travailleur.
Le congé peut être pris de trois façons différentes, au choix des intéressés :
- 12 mois après son embauche ou après son retour du dernier congé, le travailleur jouit
de 30 jours de congé annuel, ce qui peut correspondre à la fermeture annuelle de l'établissement.
- A la même époque dans les 3 mois qui suivent l'ouverture du droit au congé, il peut se
contenter de 15 jours et prendre les 15 autres avant la fin de l'année ; la cause peut en être la
nécessité de service ou la convenance personnelle.
De toute manière, tout travailleur doit se reposer durant 15 jours d'une manière
continue par an et peut réserver les 15 jours autres pour ses convenances personnelles. Les 15 jours
obligatoires non fractionnés par année doivent être pris et accordés sous forme de repos dans les 3
mois qui suivent I 'ouverture du droit au congé : c'est le caractère continu impératif, d'ordre public
du congé.98
L'article 88, al.4 prescrit, enfin, que si les parties en conviennent, les droits à congé des
trois dernières années précédant le départ à la retraite peuvent être cumulés et exercés avant la
date de départ.
97
l'arrêt C.A. n° 199 du 13 août 1989, aff. S c. R, a rappelé ce principe : l'employeur a reproché au travailleur un
abandon de poste en novembre 1985 ; l'employé a invoqué pour sa défense son droit au congé au titre de
l’année I985. Il a été jugé que " l'exercice du droit au congé ne peut avoir lieu dès lors que l'année de service
effectif pour lequel le congé est dû n'est pas encore accomplie. " TPOM n°741 du 2 septembre 1990.
98
C.A., n" 410, 3 déc. .1987, aff. Agence R c. M : I'employeur avait reproché au travailleur son départ en congé
sans son accord. La Cour d'appel a eu I'occasion de confirmer le principe selon lequel : " Les quinze jours devant
être accordés, aucune faute ne peut être reprochée au travailleur qui n'a lait qu'user de son droit. "
78
Voici la formule générale de calcul de l’allocation de congé, qui doit être calculée sur le
salaire moyen mensuel de la période de référence.
Cette indemnité n'est accordée qu'aux salariés dont le contrat de travail est résilié (ou
rompu) avant qu'ils aient eu le temps d'utiliser leur congé. C'est la somme d'argent donnée au
travailleur en compensation du congé non pris à I'expiration ou à la rupture du contrat de travail, et
ceci quelque soit la cause de la rupture. L'article 90, al.2, en conformité avec la convention
internationale n° 132 ratifiée en 1972, énonce le principe selon lequel tout accord podant sur
I'abandon du droit au congé ou renonciation audit congé moyennant une indemnité doit être nul de
plein droit. Ainsi, en dehors des cas de rupture ou d'expiration du contrat, l'octroi d'une indemnité
compensatrice de congé aux lieux et place du congé est interdite.
Dans le calcul de cette indemnité, sont compris : les salaires et les indemnités diverses
auxquelles a droit normalement le travailleur, ainsi que la contrepartie des avantages en nature. Ne
seront pas compris : les remboursements de frais. Le code de 1995 envisage que les primes de
rendement ne devaient pas être prises en compte. Ainsi, par exemple, pour un travailleur dont le
contrat a été rompu au bout de 7 mois, la formule de calcul de l'indemnité compensatrice se
présente comme suit.
79
compensatrice = 24 congé dûs)
de congé
Par contre, lorsqu'il ne reprend pas son travail à I'expiration du congé, il commet une
faute professionnelle pouvant justifier le licenciement"
- Si, en France, le travailleur qui a commis une faute lourde n'a pas droit à I'indemnité
compensatrice de congé, à Madagascar, I'indemnité compensatrice est toujours due
indépendamment d'une faute commise99.
- L'article 86, al.2 stipule que le droit au congé se prescrit par trois ans. S'agissant
néanmoins d'une courte prescription dérogatoire de la prescription de droit commun, par
appllication de l'arlicle 389 de la LTGO, cette prescription est fondée sur une présomption de
paiement ou d'octroi du congé. En conséquence, la production d'un titre contraire, I'aveu de non-
paiement, enlèvent au débiteur, soit au chef d'entreprise débiteur de I'octroi du congé, le droit de se
prévaloir de cette prescription.
99
La C.A. du 31 mars 1988 (TPOM, 2 mars 1990, page 100) a confirmé ce principe : la sociéré S. a décidé de
suspendre les droits du sieur Fl dont le congé, compte tenu de la condamnation de celui-ci à un an
d'emprisonnement par le tribunâl correctjonnel et de l'appel interjeté à l'encontre de la décision rendue, la
Cour d'appel a jugé : " Le droit au congé s'acquiert mensuellement en fonction du seruice ettectif accompli ;
l'octroi de ce droit ou le paiement de I'indemnité correspondanle ne peut être fonction ni d'une faute
proiessionnelle commise, ni de la rupture de relations de travail. En conséquenÇe la Société S. est lenue au
paiement de I'indemnité compensatrice due. "
80
- Sous I'angle juridique, le salaire est considéré comme la contrepartie du travail fourni.
A. Le salaire de base
On distingue traditionnellement le salaire au temps et le salaire au rendement.
1. Le salaire au temps
Le salaire au temps est proportionnel à la durée du travail, indépendamment du rythme
de travail du salarié et de la production quantitativement déterminée. Ce mode de rémunération
assure au salarié une relative sécurité, puisque, quelle que soit la quantité de travail fourni dans un
certain laps de temps, le salaire sera le même.
Les conséquences de cette distinction se font également sentir en cas de réduction des
heures de travail ne dépendant pas de la volonté du travailleur. Exemple : le chômage des jours de
repos hebdomadaire a pour conséquence que les travailleurs rémunérés à I'heure ne sont pas payés.
C'est une des raisons pour lesquelles la mensualisation du salaire est actuellement une des
revendications essentielles des syndicats ouvriers. Et sur ce point, I'article 56 du Code du
travailsouligne que : " Les travailleurs payés à l'heure ou à la journée seront appointés au mois après
six mois de service effectif continu dans la même entreprise. " Le code de 1995 avait envisagé un
délai plus long d'une année avant qu'il puisse y avoir" mensualisation du salaire.101
100 er
C. RADE,2002, Droit du travail, Focus Droit, Montchrestien,2e éd., p. 190. ; art. 1 de la convention n° 100.
101
C.S. n° 151, 139/88,28 novembre 1988aff. Somapêche c. Svndicat FISEMARE dame Tombosoa.
81
2. Le salaire au rendement
Le salaire au rendement est proportionnel à la production réalisée. On utilise le terme
rémunération aux pièces lorsque la rémunération est rigoureusement fonction de la quantité
produite, et rémunération à la tâche, lorsque le salaire est déterminé en fonction de la quantité
produite dans un tempsdonné.
Par ailleurs, dans l'hypothèse où le lieu de travail se trouve en dehors de la ville à plus de
cinq kilomètres, l'employeur doit assurer le transport du personnel ; à défaut il devra payer une
indemnité de transport au travailleur, et dont le montant sera équivalant aux frais de transport en
commun.
82
En outre, l'article 53, al.2 prévoit I'obligation pour l'employeur de fournir des denrées
de première nécessité au travailleur devant exercer ses fonctions sur un chantier, dans un endroit
éloigné et isolé ainsi qu'un logement décent pour lui et éventuellement sa famille.
Cependant, pour les travailleurs déplacés, ainsi que pour ceux qui se trouvent sur un
chantier éloigné et isolé, I'employeur devant fournir obligatoirement le logement ne peut procéder à
une retenue, de ce chef, pour cette catégorie particulière de travailleur.
Ainsi, au cas où le travailleur prend ses deux principaux repas chez son employeur, celui-
ci ne pourra retenir sur le salaire mensuel que la somme maximum de '.2 x 1.327 x 30 jours = 68.250
F Si le travailleur reçoit au lieu et place de la ration journalière un kilogramme de riz par jour,
t'employeur ne pourra retenir sur le salaire un taux dépassant le salaire horaire minimum
d'embauche garanti (SME), soit la somme de 1.327 F I par jour, par application du décret de 2004.
102
Déci 74-083. 1er mars 1974.
103
Décr. n" ?.OO4'517, 4 mai 2004
83
b) Les indemnités peuvent avoir ou non un caractère' de remboursement des frais
engagés par le travailleur dans I'exercice de sa profession ;
Par exemple : indemnité de déplacement, indemnité de transport, indemnité de
représentation, etc. En règle générale, primes.et indemnités constituent un élément de salaire et
entrent dans la base de calcul des droits du travailleur à I'exclusion des indemnités qui ont un
caractère de remboursement de frais.
3. Les gratifications
Somme d'argent remise par l'employeur au personnel, la gratification se différencie du
salaire en ce sens que, même si elle est considérée comme un complément de salaire, elle n'est pas
versée en contrepartie d'un travail. Le travailleur peut recevoir une gratification pour marquer la
satisfaction du travail accompli, ou à I'occasion d'évènements familiaux ou à titre de contribution à la
prospérité de l'entreprise : 13e mois, gratification de fin d'année, étrennes, prime exceptionnelle...
4. Le pourboire
Somme d'argent non versée par l'employeur, mais remise par un tiers, client de
I'employeur, au salarié, le pourboire est une libéralité dont le montant est laissé à la discrétion du
client donateur. Son octroi traduit la satisfaction du client, tiers, à I'occasion de l'accomplissement de
ses fonctions par le salarié. L'article 61 du Code du travail dispose que les " services " doivent être
versés au personnel ; le pourboire, soumis au régime juridique du salaire ne doit pas être substitué
au salaire.
L'article 55 du Code du travail édicte en son al.1 : " il est institué un salaire minimum
agricole et non agricole d'embauche (SME). " C'est le salaire minimum interprofessionnel garanti
(SMIG) des codes précédents, censé correspondre aux besoins élémentaires du travailleur. Le
pouvoir réglementaire intervient nécessairement pour fixer le salalre minimum. L'alinéa 3 dudit
article prescrit, en outre, qu'un décret pris après avis du Conseil national du travail fixe les indices, la
valeur du point d'indice et les salaires minima d'embauche et d'ancienneté par catégorie
professionnelle.
84
A. Le salaire minimum d'embauche (SME)
1. Notion et fixation du salaire minimum d'embauche
Le SME est le salaire minimum, soit donc le plancher au-dessous duquel il n'est pas
permis de descendre car il représente le minimum vital. C'est le salaire du travailleur qui se trouve au
plus bas de la hiérarchie professionnelle.
En France, le Code du travail explique que le SMIC est prévu " pour assurer aux salariés
dont les rémunérations sont les plus faibles la garantie de leur pouvoir d'achat et une participation
au développementéconomique. " Le SMIC français est revalorisé, d'une part, d’une manière
automatique au mois de juillet de chaque année pour tenir compte des conditions économiques, et
d'autre part en sus, chaque fois que I'indice national de prix à la consommation atteint un niveau de
27o par rapport à l'indice constaté lors de l'établissement du SMIC immédiatement antérieur.
À ce propos, la commission d'experts du BIT a fait un constat peu encourageant ; " L'un
des objectifs fondamentaux des instruments internationaux sur le salaire est d'assurer aux
travailleurs un salaire minimum qui leur permette un niveau de vie satisfaisant, à eux et à leur
familles, force est de constater que cet objectif n'est pas toujours atteint et que, dans un certain
nombre de pays, les salaires minima, compte tenu de l'érosion monétaire due à I'inflation, ne
représentent plus qu'un certain pourcentage des besoins des travailleurs. Cet objectif fondamental
doit toujours être gardé à I'esprit, notamment dans les pays où les programmes d'ajustement
85
structurel sont en cours ou qui sont engagés dans une transition de l'économie planifiée à l'économie
de marché.104
Jusqu'en 1971, il y avait cinq zones de salaire. La distinction entre ces différentes zones
s'expliquerait, semble-t-il, par la variabilité du coût de la vie d'une région à l'autre.
- Zone II : ville de Majunga, salaire horaire = 268 soit 4.506F par mois ;
À compter de juillet 1971, il n'y eut plus que 4 zones ; ainsi pour la zone l, le salaire
horaire = 32F, ce qui donne 5.547F par mois (non agricole), salaire horaire = 28F (agricole).
Mais il y avait toujours un certain abattement de salaire pour les mineurs de 18 ans.
À partir de 1974, il n'y eut plus que deux zones de salaires : zone 1 : Diégo, Antananarivo
et Tamatave (villes).
Depuis le décret 78-148 du 11 mai 1978 portant suppression des zones de salaires, le
SMIG est devenu uniforme ; il ne reste plus que la distinction : secteur non agricole et secteur
agricole, d'où le SMIG des professions agricoles et le SMIG des professions non agricoles.
b) Le montant du SMIG
Il est fonction d'un indice et de la valeur du point de cet indice. Depuis 1978, il y a eu
presque annuellement revalorisation, soit par augmentation de la valeur du point d'indice, soit par
augmentation de I'indice de salaire du travailleur M1. 1A
Ainsi, dans le secteur non agricole, l'indice du SMIG a été successivement de : 455 en
1988 (décr.88-012, 1er fév. 1988) ; 510 en 1989 (décr.89-006,'11 janv. 1989) ;785 en.t995 (décr. 94-
076, 25 janv. 1994), et 995 depuis le décret 95-257 du 28 mars 1995 jusqu'à l'heure actuelle.
104 ème
BIT: Les normes internationales du travail, une approche globale - 75 anniversaire de la commission
d'experts pour I'application des conventions et recommandations.
86
Les augmentations par revalorisation du point d'indice ont été presque annuelles :
- Décr. n° 2003-454 du I avril 2003. Date d'effet : 1er janv. 2003, point d'indice = 1 ,1 43.
- Décr. n° 2004-517 du 4 mai 2004. Date d'effet : 1er fév. 2004, point d'indice = 1,334.
En 2004, le salaire horaire minimum est donc de 99S x 1,334 = 1327 F ; et le salaire
mensuel minimum pour un volume horaire mensuel de 173,33 : (995 x 1,334) x '173,33 = 230.066 F.
Il ne faut pas confondre le SME (qui est commun à toutes les professions et en déjà
duquel il n'est pas permis de descendre) et le salaire minimum par catégorie professionnelle. Chaque
catégorie professionnelle est affectée d'un indice ou coefficient hiérarchique ; puis la réglementation
fixe la valeur du point d'indice.
et une salaire mensuel de : ( 1,334 x 1150 ) x 173,33 = 265 890 F (volume horaire
mensuel)
il suffira donc, en principe, de classer le travailleur en fonction de son emploi clans une
des catégories professionnelles prévues par la réglementation pour obtenir I'indice de son salaire et
donc le taux de ce salaire à une date précise.
87
a) L'indice minimum d'embauche
C'est I'indice applicable au travailleur nouvellement recruté ou nouvellement promu à
une catégorie donnée.
0S3 - 0P1A
3A 3B
- Elle est de cinq ans pour les catégories supérieures à celles précitées, avec toutefois
passage obligatoire à l'indice médian après trois ans d'ancienneté, I'indice médian étant obtenu en
divisant par deux la somme de I'indice d'embauche et de l'indice d'ancienneté.
L'article 57 in fine dispose, enfin, que dans tous les cas, le salaire minimum de sa
catégorie professionnelle doit au moins être garanti au travailleur rémunéré à la tâche, aux pièces et
au rendement.
b) Le personnel cadre
L'autonomie de la volonté subsiste et le salaire est librement débattu entre les parties, à
la seule condition toutefois que ce salaire ne soit pas inférieur mais soit au moins égal à celui du
105
Arr. 405 IGT, 7 nov. 1957 sur le passage automatique d'échelon.
106
C.A.,29juin1989,TPOM,2juil.1990,p.256;C.A.,n° 236,16déc. 1982,aff. Moanahidy et cons. c. Tranombarotra
ROSO.
88
travailleur de la catégorie professionnelle la plus élevée (c'est-à-dire, celui d'un travailleur de la
catégorie professionnelle 5B ou OP3).
Si le personnel est payé au mois pour une durée hebdomadaire de 40 heures, cette
rémunération correspond à 173,33 heures par mois.
La question se pose de savoir si les employés supérieurs qu'on appelle cadre peuvent
bénéficier d'heures supplémentaires. Il convient de distinguer si cet agent cadre est assujetti à un
horaire de service strict ou non. Si oui, il bénéficie d'heures supplémentaires comme le personnel
ordinaire.
Enfin, il y a lieu de rappeler que les heures supplémentaires non prévues au contrat sont
de nature exceptionnelle. Il appartient au travailleur qui en revendique le paiement de prouver qu’il
a effectivement accompli des heures supplémentaires.
107
M. KIRSCH, 1987, Le droit du travail en Afrique, LI, p.232.
108
C.A. n° 304, 19 octobre 1989 aff. Entreprise Razafidandy c. Razafimahandry A.
C.A. n° 106, 102/86, 17 mais 1986. aff. RAMBOASON Georges c. FIMA.
89
chargé effectivement du service contentieux de l'entreprise, ce travailleur peut prétendre et doit être
payé au taux de salaire correspondant à la catégorie d'un responsable du service contentieux.109
Le nouveau Code du travail a comblé les lacunes des anciens textes et a réglementé le
travail intérimaire en son article 44 : le travailleur intérimaire est défini comme étant tout travailleur
engagé pour remplacer provisoirement un titulaire à un poste pendant la durée d'absence de ce
dernier n'excédant pas un an. Passé le délai de un an, l'intérimaire est confirmé au poste. Cependant
si I'intérim est assuré par un membre du personnel, sa durée ne doit pas dépasser 6 mois ; passé ce
délai, l'intérimaire est confirmé au poste.
109
CS n' 63/62, 10 lévrier 1964, aff. Flizerie Witson c. nafieniarnina.
110
C.A. n° 317/84 aff.Manasoa Merlin. C. FIMA.
er
CA n° 031, 128 / 89, 1 février 1990 aff FIMA c. Rasolondraibe Samoela.
111
CA n° 39, 30 Janvier 1986 aff. Air Madagascar c. Ramarovahoaka statuant après renvoi de la CS du 9 avril
1982
90
réajustement de son salaire.112 L'employeur a l'obligation de mentionner, au moment de I'embauche,
la qualification professionnelle du travailleur. Les différends concernant cette qualification, et par
voie de conséquence la catégorie professionnelle, surgissent presque exclusivement après la rupture
du contrat ; le travailleur attend le licenciement pour contester les éléments de sa classification et
pour demander un rappel de salaire ; il soutient en général que ses attributions effectives ouvraient
droit à une catégorie professionnelle supérieure.
La jurisprudence française, suivie en cela par les tribunaux du travail et la Cour d'appel
de Madagascar dans certains cas, sous I'empire du code de 1960, avaient décidé que " le travailleur
ayant accepté sans protestation ni réserve les salaires versés par l'employeur pendant toute la durée
de I'emploi ne peut être admis, après la rupture du contrat de travail, à réclamer a posteriori une
reclassification professionnelle et doit être considéré avoir valablement renoncé aux droits qu'il
pouvait tenir de la réglementation en vigueur. "
Il a fallu l'arrêt de principe de la Cour suprême113 pour que la jurisprudence donne toute
sa valeur à I'article 63 du code de 1960 repris par I'article 69 du code de 1975 et par I'article 74 du
code de 1995. Cet arrêt a énoncé le principe selon lequel " le salarié pourra toujours, même après la
rupture de son contrat de travail, réclamer les droits qu'il tient de I'exécution de son contrat et qui
n'ont pas été payés ; la demande d'une re-classification professionnelle, fondement de ses droits, ne
peut être fonction de la continuation ou non des relations de travail. "
L'article 64 du nouveau code, en son a1.4, a repris le principe déjà posé par les
dispositions des codes antérieures sus dits et selon lequel, d'une part, " l'acceptation sans
protestation ni réserve par le travailleur d'un bulletin de paie ne peut valoir renonciation de sa part
au paiement de tout ou partie du salaire, des indemnités et des accessoires du salaire qui lui sont dus
en vertu des dispositions législatives, réglementaires ou contractuelles ; elle ne peut valoir non plus
compte arrêté ou règle. " Ainsi, l'employeur ne peut se prévaloir du silence du travailleur durant
I'exécution du contrat pour lui denier le droit de réclamer, après la résiliation du contrat, des droits
qui lui sont dus consécutivement à I'exécution du contrat.114
De plus, l'a|.3 dudit article affirme sans aucune ambiguïté I'inopposabilité au travailleur
de toute mention " pour solde de tout compte " ou de toute mention équivalente et par laquelle il
renonce à tout ou partie des droits qu'il tient de son contrat, qu'une telle mention soit souscrite au
cours de l'exécution ou après la résiliation du contrat. ll s'agit ici d'une prescription d'ordre public
dérogatoire du droit commun et confirmée par l'article 65 du code. Le travailleur ne peut ainsi
renoncer aux droits qu'il tient de I'exécution de son contrat et toute convention ou transaction
passée avec l'employeur de ces chefs est nulle et de nul effet. Le travailleur ne peut renoncer
tacitement ou expressément à tout droit qu'il tient de l'exécution deson contrat, aussi toute
demande en re-classification et en rappel de salaires qui en est la conséquence doit-elle être
déclarée recevable.
112
C.A., 16 avril 1987. TPOM n° 716, 2 juin 1989. p. 231.
113
C.S., n° 23, 27 janv. 1974, aff. Ratsilandrihamanana c. Herald.
114
CS n"52 / 90, 2 février 2001 aff. Rasoarimanana c. Bemanangy Jacqueljne.
91
5. Principe d'égalité de rémunération interdiction de discrimination fondée sur le sexe
La convention n° 100 de l'OIT, ratifiée par Madagascar le 10 août 1962, prévoit le
principe de l'égalité de rémunération entre la main d'œuvre masculine et la main d'œuvre féminine,
pour un travail de valeur égale. Cela signifie que les taux de rémunération seront fixés d'après la
nature du travail, sans qu'il soit fait de discrimination selon le sexe des travailleurs (par ex. : le travail
d'un steward et d'une hôtesse de l'air sont de valeur équivalente). L'employeur est donc tenu
d'assurer, pour un travail de valeur égale, l'égalité de rémunération entre les hommes et les femmes.
Le code de 2004, quant à lui, en son article 53, envisage le principe d'égalité de
rémunération en des termes différents : " A même qualification professionnelle, même emploi et
pour un travail de valeur égale, le salaire est égal pour tous les travailleurs quelque soient leur
origine, leur couleur, leur ascendance nationale, leur sexe, leur âge, leur appartenance syndicale, leur
opinion et leur statut. "
Le nouveau Code du travail fait donc référence à un travail de valeur égale, à I'unisson
avec la convention n° 100, niais restreint néanmoins le principe en limitant l'égalité à une même
qualification professionnelle et à un même emploi. Pour clue la règle s'applique, il faudra donc que
les travailleurs se trouvent dans une situation identique. En cas de litige, la jurisprudence pourrait
s'inspirer et même se référer directement à la convention n° 100, ratifiée par Madagascar et à la
recommandation n° 90 sur l'égalité de rémunération.
En effet, la convention n" 100 n'exige pas un emploi identique: elle préconise une
évaluation du travail effectué afin de déterminer s'il y a ou non valeur égale. On pourrait décider
ainsi dans I'hypothèse du travail de la femme de ménage qui remplit les poubelles, d'une part, et
celui de l'homme qui vide les poubelles dans la benne à ordures, d'autre part. Dans la majorité des
cas, lorsque le travail de I'homme nécessite une certaine force supérieure à celle de la femme, son
emploi est classé dans une catégorie supérieure à celle de la femme, ce qui constitue une
discrimination si après analyse du contenu de chaque fonction, on constate que les deux emplois
sont de valeur égale. La preuve de telle discrimination est souvent difficile à obtenir.
92
III. - RÉGIME JURIDIQUEDU SALAIRE
L'obligation principale de l'employeur consiste à exécuter la prestation de salaire, c'est-
à-dire, à régler le salaire au travailleur, en contrepartie du travail fourni. Far suite de l'état de
subordination du travailleur et du caractère alimentaire de la créance de salaire, un dispositif
protecteur garantit un paiement effectif périodique et vient limiter le jeu des retenues sur salaire et
des compensations que l'employeur pourrait opposer lors du paiement. Par ailleurs, la preuve du
paiement du salaire obéit à des règles particulières. Enfin, la législation a prévu une prescription dans
I'action en paiement de ce salaire.
A. Modalités de paiement
Les modalités de paiement concernent le lieu, la périodicité et enfin la monnaie de
paiement.
- Le salaire fixé à la quinzaine ne doit pas être payé avec une périodicité supérieure à
vingt jours.
- Les paiements mensuels sont effectués, au plus tard, dans les huit jours qui suivent la
fin du mois qui donne droit au salaire.115
- En ce qui concerne les autres salaires non fondés sur la durée de travail, la périodicité
est fixée par le contrat ou les usages professionnels.
Les retards non justifiés du paiement du salaire donnent lieu à majoration au taux
d'intérêt légal depuis la date où le paiement aurait dû être fait.
Quand l'employeur ne paie pas les salaires à des dates régulières et fixes, le salarié peut
quitter son emploi et mettre la responsabilité de la rupture unilatérale à la charge de I'employeur
défaillant, pour violation de ses obligations légales relatives à Ia périodicité de paiement des
appointements. Ce non paiement constitue, en effet, une faute lourde qui justifie le refus
d'exécution de la prestation de travail convenue. La jurisprudence est constante pour affirmer que
l'employeur est tenu de respecter la périodicité de paiement du salaire et qu'il ne peut invoquer la
115
C.S.. n'24185. 25 âvril l98g atf. SINTP c. Ralambomanana.
93
compensation entre le montant de ces salaires et les sommes qui lui seraient dues pour se soustraire
à son obligation de paiement.
B. La protection du salaire
1. Les retenues sur salaire L'article 69 du Code du travail
stipule, en ses premier et dernier alinéas ; " En dehors des prélèvements obligatoires
fixés par la réglementation en vigueur, il ne peut être fait de retenue sur les appointements ou
salaires que par saisie-arrêt ou cession volontaire, conformément aux dispositions du Code de
procédure civile... Par contre, les sommes versées au travailleur à titre d'acompte sont retenues
d'office sur le salaire. "
- les retenues au titre du logement et des vivres dans les conditions prévues par le
décret du 1er mars 1974 ;
- les avances spéciales consenties par l'employeur au travailleur à condition d'avoir fait
l'objet d'un écrit communiqué préalablement à l'inspecteur du travail (art. 69, al.3) ;
- les retenues qui ont fait I'objet d'une décision judiciaire de saisie arrêt ou de cession de
solde (articles 684 et suiv. du C.proc. civ.). Il s'agit d'une procédure simplifiée qui permet aux
créanciers du salarié de saisir directement entre les mains de I'employeur une certaine somme, pour
paiement de la dette sur le salaire' Cette procédure a pour but de protéger le travailleur contre lui-
même, en I'empêchant de céder à l'avance la totalité de son salaire. La loi impose ce qu'on appelle la
quotité cessible, c'est-à-dire qu'une partie du salaire est incessible et insaisissable ; mais le principe
est inopposable aux créanciers alimentaires du travailleur. C’est le juge qui vérifie le respect de cette
quotité cessible.
D'autres exceptions ont été ajoutées par I'article 71 du nouveau Code du travail :
d'abord, le prix des marchandises achetées par le travailleur à l'économat de I'entreprise pour ses
besoins personnels et normaux pourrait faire l'objet de retenue directement sur son salaire. ll en est
116
C.A. n° 208, 17 août 1989. n° 747, 2déc. 1990, p. 435. aff. Société HASY Ma c. Ndriaka Rémi.
94
de même pour le prix des outils et instruments nécessaires au travail ou des sommes avancées pour
l'acquisition de ces objets. Néanmoins, dans ces derniers cas, la compensation ne peut se faire que
lorsque la responsabilité du travailleur est établie devant le tribunal compétent.
3. La transaction
Les articles 64 et 65 du Code du travail illustrent par excellence le particularisme
protecteur du droit du travail par rapport au droit commun :
En droit commun, toute transaction constitue un contrat par lequel les parties mettent
lin à un litige (présent ou futur) à I'amiable en se faisant des concessions réciproques. Par contre, en
droit du travail, même si le travailleur, tout en acceptant une certaine somme en règlement de ses
droits, renonce à toute action contre son employeur, cette renonciation ne lui est pas opposable : sa
demande en paiement de salaire, de reclassification professionnelle ou de tout autre droit consécutif
à I'exécution du contrat de travail sera toujours recevable. Il lui appartiendra, néanmoins, sur le fond
selon le cas, d'apporter la preuve de ses prétentions.
1.- Le paiement du salaire doit être constaté par une pièce dressée et certifiée par
I'employeur et émargée par le travailleur, qui peut être un document bancaire ou informatique ou un
carnet à souche coté paraphé. D'un autre côté, la réglementation oblige I'employeur à remettre au
travailleur un bulletin de paie manuel ou informatisé sur lequel figurent un certain nombre de
mentions. Ces indications doivent être reproduites intégralement sur le registre des paiements. C'est
toujours à l'employeur, débiteur du paiement, qu'il appartient de prouver le paiement du salaire,
même s'il est défendeur.118
2.- La mention souvent portée sur le bulletin de paie pour solde de tout compte ne peut
constituer qu'un simple reçu des sommes qui y sont portées. De même, le fait pour le travailleur
d'accepter son salaire " sans protestation, ni réserve " ne lui enlève pas le droit d'une réclamation
future.119
117
C.A. n° 348/00-SOC, 2 août 2002, aff. J.J. Hangaye c. SOCTAM. BA. C.S. 2002 p. 40.
118
C.S. n° 125, 17-87,24juillet 1990. aff. SINPAc. Raheriarivony Fenosoa.
119
C.S. n° 4, 32 / 66, 14 février 1967 aff. Communauté indienne de Tuléar c. Rajabaly G.
95
Le non paiement du salaire est considéré par la jurisprudence comme une faute lourde
permettant au travailleur de cesser le travail sans préavis, ou de rompre le contrat de travail à durée
déterminée avant l'échéance120.
Cette règle trouve son fondement dans la nature de la créance de salaire qui est une
créance alimentaire. On présume ainsi que dès lors que le travailleur n'a pas réclamé son salaire
durant un an, c'est qu'il a déjà été rémunéré puisqu'il a pu subsister durant ce laps de temps.
Il s'agit cependant d'une courte prescription dérogatoire du droit commun fondée sur
une présomption de paiement ; et par application de I'art. 389 de la loi sur la théorie générale des
obligations, cette prescription ne peut être acquise que sous certaines conditions ; elle ne peut être
alléguée que par un employeur qui affirme avoir honoré son obligation de paiement.
Par ailleurs, elle ne joue pas en cas d'aveu de non paiement tacite ou expresse, ou
encore en cas de preuve contraire, c'est-à-dire, en cas de production d'un titre contraire121. Ex. :
l'employeur qui conteste le droit du travailleur à une re-classification professionnelle dans une
catégorie supérieure à celle prévue au contrat, ne peut en même temps se prévaloir de la
prescription dans la mesure où, de par sa contestation, il avoue tacitement n'avoir pas payé le salaire
correspondant à la demande.
En droit commun, I'inexécution de son obligation par l'une des parties permet à I'autre
partie de refuser I'exécution qu'on lui demande et entraîne, en principe, la rupture des relations
contractuelles. Cependant, la réglementation du droit du travail envisage la possibilité d'une simple
suspension des relations de travail en cas d'inexécution de son obligation par I'une des parties, soit
en particulier par le travailleur. Ainsi, il y aura seulement interruption momentanée des relations de
travail. Le contrat de travail est dit " suspendu " lorsque, après une absence, le travailleur doit être
repris par son employeur. C'est une situation dérogatoire du droit commun et qui concourt à la
stabilité de I'emploi. La partie auteur de la suspension doit aviser l'autre partie et de la cause et de la
durée probable de la suspension, ainsi que de la cessation de cette suspension. La partie qui ne
respecte pas ces obligations est considérée comme auteur de la rupture des relations de travail, avec
toutes ses conséquences de droit.
120
C.A., 31 mars 1988, TPOM n° 745, 2 Nov. 1990 , p.388.
121
CS n° 96, 15 juin 2001 aff. Rabary c / Razafintsoa.
122
C.S.n° 52,27mars1990,CSn° 228D. 425/ 85,7juillet1988aff.RakotonirinaG.Gilbertc. SORIFEMA
96
L'art. 13 du Code du travail prescrit en outre qu'aucun employeur ne peut résilier le
contrat de travail, lorsqu'il se trouve suspendu. Cela signifie que tout licenciement pendant une
période légale de suspension est abusif.123
Les cas de suspension doivent être organisés à I'avance par la réglementation, le contrat
de travail ou la convention collective et la durée de la suspension doit être limitée dans le temps. Si la
suspension du contrat dispense le salarié de son obligation de fournir sa prestation de travail, elle ne
le dispense pas de son obligation de loyauté et d'exclusivité. La cour de Cassation françaises124 a posé
le principe selon lequel " l'exercice d'une activité pendant un arrêt de travail provoqué par la maladie
ne constitue pas an tant que tel un manquement du salarié à son obligation de loyauté ; seule
l'activité incompatible avec la suspension de I'exécution de la prestation ou de travail sera
constitutive d'un manquement à cette obligation. Et pour apprécier ce caractère de compatibilité,
pourront être retenus certains critères tenant par exemple au caragtère temporaire ou encore
bénévole de I'activité exercée. En tout état de cause, il ne doit pas s'agir d'activités concurrentes de
celle de l'employeur. "
123
C.S., n'43,28 avril 1981, atf. Goretti Ramiarantsoa.
124
Cass soc 4 juin 2002 n° 1858. fs. Pbr, aff. SA Courriers du Midi c. PLAUSIC : " Ne constitue pas une faute
grave le fait pour le salarié d'avoir remplacé temporairement el à titre bénévole le gérant d'une station de
service dans une activité n'impliquent aucun acte de déloyauté "
Cass soc 16 juin 1998 : L'obligation de loyauté doit être interprété restrictivement en ce sens que le
manquement à cette obligation exige que le salarié ait une activité incompatible avec son inégalité de travail ce
qui n'est pas le cas d'un voyage d'agrément ; ni encore le fait d'être vu sur un stand de brocante au marché aux
puces un dimanche matin:
Cass soc, 21 mars 2000, n° 1412 P : RJS - 5 / 00 n'524
Bull civ V n° 115.
125
CC.A., n° 254, 31 oct. 1981, aff. SOTEMA c. Davidson : la Cour d'appel a jugé abusif le licenciement décidé le
jour où I'employé a été rappelé sous les drapeaux.
126
C.A., n° 134, 7 avril 1998, aff. Félix Rakotonirina c. SICE
97
avril 1981. Le travailleur s'est présenté à son travail le 14 avril 1981 à 14h58. L'employeur le licencia
le lendemain, au motif qu'il aurait dû reprendre son travail au plus tard le 14 avril 1981 à 8h. Le
licenciement a été qualifié d'abusif aux motifs que " l'observation du délai de six mois, soit en
l'espèce jusqu'au 14 avril 1981 jour terme compris, s'impose à I'employeur d'autant plus que ce délai
est prorogeable jusqu'à ce gue I'employeur trouve un remplaçant au travailleur malade' "
- Selon I'article 5 de I'arrêté n° 1059 IGT du 9 mai 1955, le travailleur est tenu
d'adresser ce certificat médical dans les cinq jours de la cessation du travail. Il a été maintes fois
jugé127 que le licenciement du travailleur est légitime, dès lors que le travailleur malade n'a pas
transmis le cer4ificat médical le concernant dans les cinq jours128.
Le problème qui se posait était alors de savoir si ce cas de suspension devait également
avoir une durée maximum de 6 mois ou non, comme pour le cas de maladie du travailleur lui-même.
Le nouveau Code du travail confirme, en son article 13 alinéa 4, la suspension du contrat de travail
durant I'absence de la mère ou éventuellement du père, dans la limite de deux mois en cas de
maladie ou I'hospilalisation d'un enfant au sens de Code de prévoyance sociale.
Par ailleurs, si dans l'ancien texte, il fallait qu'il y ait hospitalisation de l’enfant, dans le
nouveau code, la maladie de I'enfant même non hospitalisé suffit dès lors que le certificat médical
mentionne la nécessité de la présence de la mère ou éventuellement du père.
127
C.A., n° 44,2 mars 1989, aff. Raoelison c. NIAG.
128
C.A., n° 81, 6 mars '1 986, aff. Rasolonjatovo c. SOTEMA : "... il suffit que le médecin qui délivre le certificat
ait ses diplômes pour que le certificat médical soit valable, à moins qu'il ne soit prévu par le règlement intérieur
de s'adresser â l'organisation sanitaire de l'entreprise "
Arrêté n° 1059 IGT du 9 mai I 955 sur la suspension du contrat de travail.
98
II. - SUSPENSION DU CONTRAT DE TRAVAIL POUR CAUSE DE
DÉTENTIONPRÉVENTIVE
L'article 13, al.1 du Code du travail prescrit: " Le contrat est suspendu pendant la durée
de la détention préventive du travailleur ayant bénéficié d'une décision judiciaire de non-lieu ou
d'acquittement ou de relaxe " La détention, cependant, ne doit pas se prolonger au-delà de 14 mois.
2. Il faut que le travailleur qui a été détenu préventivement bénéficie d'un non-lieu ou
d'un acquittement ou d'une relaxe, peu importe que l'acquittement soit pur et simple
ou au bénéfice du doute.
Souvent, l'employeur refuse de réintégrer le travailleur tant que I'instance pénale n'ait
été réglée définitivement, et comme cette instance dure parfois plusieurs années, le travailleur ne
sera plus réintégré. Si, en fin de compte, le travailleur est condamné, la non réintégration n'aura
aucune conséquence dès lors que le travailleur ne peut plus prétendre à la suspension de son
contrat, il y aura eu en fait licenciement légitime.
Ainsi, dans les procédures pénales dont le règlement dure plusieurs mois, dès lors que la
détention du travailleur durerait plus de 14 mois, c'est que, d'une part, les charges qui pèsent sur lui
sont certainement sérieuses et que, d'autre part, obliger l'employeur a toujours considérer le contrat
comme suspendu après plus d'une année d'absence ne milite pas en faveur d'un bon développement
de l'entreprise. Le nouveau Code du travail a ainsi comblé une grande lacune des anciens textes.
129
CS n° 32-82, 24 janvier 1964 aff. Descours et Cabaud c. Ramarokoto François.
130
Art. 7 de l’arrêté n° 1059 IGT, 9 mai 1955. C.A., n° 57,20fév. 1986, aff. JIRAMAc. Rasolonjatovo; C.A. , n° 27,
29 Janv.1987, aff. JIRAMA c. Ralisamimanana ; C.A., n° 331, 2 nov. 1989 : la suspension a é1é déclarée illégale
car il n’y a pas eu détention, le travailleur était seulement impliqué dans une affaire pénale.
131
CS n° 63, 175 / 99 - SOC, 4 mai 20Ol aff. SOSIMAE c. Befasina.
132
Art. 334 bis du c.proc.pén.
99
4. Le travailleur est tenu d'aviser I'employeur et de sa détention et de la fin de cette
détention, à moins qu'eu égard aux circonstances dans lesquelles la détention a eu
lieu, I'employeur était nécessairement au courant de cette détention.
Aucune indemnité équivalente au salaire n'est due pendant cette période de
suspension.133
Avant le code de 2004, c'est la jurisprudence qui a énoncé les conditions et les limites
d'une telle suspension : situation par définition temporaire, le chômage technique ne devrait pas
perdurer. Aussi la jurisprudence avait-elle alors affirmé que I'employeur, pour des difficultés
économiques, peut procéder à une réduction d'activité, mais à condition de respecter la
réglementation en vigueur et, en outre, que " toute suspension du contrat de travail doit être
limitée dans le temps ; ainsi en l'absence de durée expressément prévue par le Code du travail, cette
suspension ne peut excéder une durée humainement acceptable pour le travailleur qui ne perçoit
aucun salaire.134
Il n'était pas rare que le chômage technique décidé par I'employeur durait plusieurs
mois, sinon plusieurs années. La jurisprudence avait alors considéré que le jour ou le travailleur
saisissait le tribunal pour faire constater la rupture du contrat, c'est qu'à partir de ce jour-là il ne
pouvait plus humainement rester sans travail et par voie de conséquence sans salaire. Le nouveau
Code du travail a comblé la lacune de l'ancien texte et a fixé une durée maximum du chômage
technique. Cette durée est limitée à 6 mois. Toutefois, après 3 mois, le travailleur peut rompre le
contrat sans préavis.
133
C.A., 18 mai 1989, TPOM 16 fév 1990, p. 80. Les faits : détention préventive du 7 fév. 1985 au 15 mars 1985
au 15 mars 1985 : arrestation sur les lieux de travail ; remise solde de tout compte le 6 mars 1985 à l'épouse ;
licenciement 28 fév. 1985 ; jugement correctionnel : relaxe au bénéfice du doute le 3 iév. 1986 ; arrêt
correctionnel confirmatif du 8 janv. 1988; C.A. soc. 18 mai 1989: " La décision de licenciement intervenue
antérieurement à la décision de la cour d'appel et pendant la période de détention préventive du sieur R. a été
prise pendant une période de suspension obligatoire du contrat de travail, en violation de l'art. 28 C.trav. Les
circonstances de l'affaire, à savoir l'arrestation de R sur les lieux de travail et la remise du solde de tout compte
à son épouse, établissement que l'employeur était au courant de la détention du travailleur ; que la décision de
l'employeur est abusive. "
134
C.S., n° 85, 25 août 1987, aff. Entreprise socialiste Filature et Tissage FITIM c. Djacob Tehindrazanarivelo.
100
2. Il appartient à I'employeur auteur de la suspension des contrats d'aviser ses
travailleurs salariés de la réouverture de I'entreprise, dès la disparition du motif
invoqué ayant justifié le chômage technique.135
3. Dès lors que, pour toute cessation d'activité ou réduction d'activité nécessitant une
mesure pouvant avoir des conséquences surl'emploi des travailleurs, une procédure
particulière doit être respectée, tout licenciement ou mutation consécutive à un
chômage technique envisagé par I'employeur devrait également respecter la même
procédure (art. 25 et suiv. C.trav.).
En l'absence d'accord entre les parties ou de dispositions spéciales de la convention
collective, aucune Indemnité équivalente au salaire n'est due pour la période de suspension ; en cas
de licenciement, I'indemnité de I'art. 28 est néanmoins due.
2. L'art. 13, al.7 prescrit, en outre, la suspension du contrat pendant la durée d'une
grève licite, tandis que l'alinéa 10 régit le cas de suspension à la suite d'une réquisition d'emploi
prévue par la législation en vigueur.
Il faut se rappeler que le droit de grève doit s'exercer dans les conditions fixées par la loi
pour que la grève soit licite : d'une pad, ce droit a pour limite les droits d'autrui et il importe d'éviter
qu'il en soit fait un usage abusif ou contraire aux nécessités de I'ordre public ; d'autre part, la grève
doit avoir pour but de défendre les intérêts collectifs des travailleurs, et enfin, elle ne doit s'exercer
qu'après épuisement de la procédure de négociation prévue par le Code du travail et sous réserve de
l'observation d'un préavis de 48 heures.
3. Il est possible pour le gouvernement d'avoir recours à une réquisition d'emploi pour
des travaux à exécuter dans l'intérêt général ou pour la défense nationale.136 Une réquisition pourrait
également être utilisée à l'égard de travailleurs en grève qui occupent des emplois réputés essentiels
à la salubrité et à la sécurité publique137. L'al. 3 de I'art. 228 du code du travail précise en effet que "
le droit de grève ne peut être limité par la réquisition que dans le cas de trouble à l'ordre public ou
dans le cas où la grève mettrait en danger la vie, la sécurité ou la santé de tout ou partie de la
population ".
135
C.A., dos. N° 443/83, aff. Radavisy c. Société Ratovondriaka : " La non réapparition du sieur R, 23 jours après
la réouverture de l'usine ne peut lui être valablement reproché dans la mesure où l'employeur reconnaît de lui-
même ne l'avoir aviséde la date de réouverture ; qu'il lui appartenait tout au moins de mettre celui-ci en
demeure de préciser sa position ; que dans ces conditions, le licenciement est caractéristique d'une légèreté
blâmable dont la société est responsable. "
136
La Commission d'experts du BIT, pour I'application des conventions et recommandations a relevé dans ses
commentaires sur l'application par Madagascar de la convention n° 87 sur la liberté syndicale (1948) que : " les
conditions d'ouvertures du droit de réquisition, prévues par les art 20 et 21 de la loi n° 69 - 15 du 1 5 décembre
1969 relative aux réquisitions de personnes et des biens étaient trop larges pour être compatibles avec la
convention... La commission a rappelé que la réquisition n'était pas souhaitable, sauf s'il s'agissait de maintenir
les services essentiels au sens strict du terme, à savoir ceux dont I'interruption mettrait en danger la vie, la
santé ou la sécurité de la personne dans tout ou partie de la population, où en cas de crise nationale aiguë ".
137
C.A. n° 4, 7 janvier 1988, aff. Consorts Raharison Sahondra c. Etat Malagasy - Application des normes
internationales du travail. 2004 (l) - BIT p 101.
101
4. L'art. 13, al.8 traite de la suspension du contrat durant la période d'arrêt de travail
consécutive à un accident de travail ou à une maladie professionnelle. Contrairement à la
suspension du contrat pour maladie ordinaire, aucune limite n'est prévue pour la période de
suspension en cas de maladie professionnelle ou suite à un accident de travail. Ainsi, l'employeur est
tenu de réintégrer le travailleur qui a été victime d'un accident de travail ou d'une maladie
professionnelle quelle qu'ait été la durée de I'absence du travailleur.
Par ailleurs, si le travailleur est inapte pour assurer ses précédentes fonctions,
l'employeur doit le reclasser dans un autre poste' L'employeur ne pourra le licencier qu'avec
I'autorisation du directeur du travail (art. 244 du Code de prévoyance sociale).138
- La femme a le droit de prendre son congé de maternité qui débute 6 semaines avant
l'accouchement et se termine 8 semaines après le jour de la naissance. La durée de la suspension du
contrat de travail est donc de 14 semaines (art. 97 C.trav.). Cette suspension peut être prolongée de
3 semaines, en cas de maladie dûment constatée et résultant de la grossesse ou des couches.
- La suspension du contrat pour cause de maternité est d'ordre public. Cette suspension
a pour but, d'une part, de protéger effectivement pendant une certaine période la santé de la femme
enceinte ou récemment accouchée, et d'autre part, d'éviter que la femme enceinte ou la mère perde
son emploi par licenciement en raison des absences que peut entraînersoit la grossesse, soit
I'accouchement.
- Durant la période de suspension, la salariée ne peut être licenciée, sauf pour faute
grave cru motif étranger à la grossesse ou à l'accouchement. Mais même dans cette hypothèse, la
notification de résiliation du contrat ne peut être faite ou prendre effet pendant la période de
suspension. - Pendant cette période, la salariée a droit à la charge de la CNaPS (ou àdéfaut à la
charge de I'employeur) au remboursement des frais d'accouchement et des soins médicaux ainsi qu'à
son demi-salaire. C'est I'employeur qui est tenu de lui verser I'autre demi-salaire non pris en charge
par la CNaPS.
- La mère salariée a droit à des repos pour allaitement pendant une période de 15 mois
à compter de la naissance de I'enfant. Le repos pour allaitement est un prolongement de la
protection de la maternité. Conformément à l'article 98 du Code du travail, la durée totale de ces
repos qui sont payés comme temps de travail ne peut dépasser une heure par journée de travail.
Sauf pour le cas du délégué du personnel, la législation n'a pas fixé la durée de cette
suspension pour mise à pied. Néanmoins, comme toute suspension du contrat de travail, la mise à
pied doit être limitée dans le temps. La mise à pied ne peut être infligée pour une durée
indéterminée sans constituer en fait une résiliation du contrat
138
C.A. 2 juin 1988, TPOM n°.718, 2 juil. 1989
102
En I'absence de clauses contractuelles, de convention collective ou de règlement
intérieur, la jurisprudence a fixé cette limite au maximum de 8 à 15 jours, en fonction de la gravité de
la faute.
Ensuite, il peut arriver qu'il y ait modification dans la situation juridique de I'employeur,
soit par exemple un transfert d'entreprise. Enfin, l'employeur peut, au même titre que le travailleur,
proposer des modifications du contrat lui-même ou des modifications dans les conditions
d'exécution du contrat. En général, il y a offre de modification sous condition résolutoire, la non
acceptation de la modification entraînant généralement la rupture des relations contractuelles.
La loi nouvelle ne peut ainsi modifier les effets produits par une situation juridique
contractuelle au temps où la loi précédente était en vigueur. Par exemple, le contrat de travail d'un
139
C.A. n° 230,17août 1989, aff.JIRAMAc.Ratsimbazaty;C.S.,dos.38.89C.S.,n° 55,27mars1990,aff.
SOMATEXc.MilijaonaRakotondrandrema;C.A.,n° 61,18n° 61,18fév.1988,aff. HôteldesThermesc. Raharison.
140
C.A. 18 mai 1989, TPOM n° 732 du 2 mars 1990. aff sieur R.C.Ecole L.
103
travailleur déplacé conclu sous l'empire du code de 1995, par application de l'article 64, al.2 du code
de 1995, l'employeur est tenu de lui octroyer des denrées alimentaires de première nécessité ainsi
qu'un logement décent. L'article 41, al.3 du nouveau Code du travail n'envisage plus à la charge de
l'employeur qu'un logement décent. L'employeur ne pourra donc pas, sous prétexte de la parution
du nouveau texte, supprimer I'octroi de denrées de première nécessité, avantages déjà acquis lors de
la conclusion du contrat de travail.
2. Les lois de procédure, les lois d'ordre public ainsi que la loi nouvelle stipulant des
dispositions plus favorables au travailleur s’appliquent immédiatement aux
contrats en cours. C'est I'application du principe de la " clause de faveur ".
Exemple : si des travailleurs doivent exécuter leur travail la nuit, par application de
I'article 84 du nouveau Code du travail, leur employeur devrait immédiatement prendre ses
dispositions pour assurer leur transport et leur sécurité.
Si nous prenons I'hypothèse d'un contrat de travail qui énonce expressément que le
salaire convenu est supérieur à celui prévu par le décret sur les salaires minima par catégorie
professionnelle alors applicable, le montant dudit salaire ne pourra subir aucun changement durant
I'exécution du contrat à durée déterminée de deux ans. Supposons alors que, quelques mois après la
conclusion de ce contrat, un nouveau décret édicte une revalorisation des salaires par catégorie
professionnelle : nonobstant l'accord des parties, le salaire du travailleur ne pourra, en aucun cas,
être inférieur au montant prévu par le nouveau texte pour sa catégorie professionnelle.
Cette applicabilité immédiate du code aux contrats de travail en cours pourrait alors
avoir pour conséquence de modifier les effets produits par une situation juridique antérieure. Une
telle modification, dérogatoire du droit commun, ne sera néanmoins possible que dans le cadre du "
principe du plus favorable ". En effet, cette applicabilité immédiate du Code du travail trouve sa
justification dans le fait que toutes normes nouvelles du travail ne pourraient qu'améliorer les
conditions du travail du salarié. Aussi si les normes nouvelles désavantagent le salarié par rapport à
son contrat de travail, ce sont les dispositions les plus favorables au salarié qui s'appliquent.
104
Il s'agit d'écarter le principe général de I'effet relatif des contrats posé par I'article 129
de la loi sur la théorie générale des obligations, qui dispose que les contrats ne produisent d'effet
qu'entre les parties contractantes. Au regard des principes du droit civil, le cessionnaire de
l'entreprise est étranger aux contrats de travail conclus par le cédant.
b) Dans tous les cas où les salariés continuent le même travail sous une direction
nouvelle,
dès lors que l'activité se poursuit dans les mêmes conditions et que les même emplois
subsistent, le principe du maintien du contrat de travail doit s'appliquer. Par contre, si I'activité
transférée se poursuit dans des conditions totalement différentes, il n'y a pas application de l'article
12. Ainsi, par exemple, dans I'hypothèse d'achat d'une usine pour en faire un complexe hôtelier.
c) Des conventions collectives plus favorables aux salariés peuvent prévoir une
exception au principe du maintien des contrats en cours, en laissant aux salariés
une option."142
3. Effets du transfert
Pour les salariés, c'est en vertu de la loi que les contrats de travail en cours subsistent à
l'égard du nouvel employeur. Les contrats de travail sont maintenus ". Par I'effet de la loi "" Les
salariés n'ont aucune démarche à faire. Ils conservent le bénéfice de leur ancienneté, nonobstant
toute clause contraire.
Il en est de même : pour leurs droits au congé. Le nouvel employeur n'est pas en droit
do leur faire signer un nouveau contrat de travail d'embauche, ni leur faire exécuter une période
d'essai, les salariés continuant le même travail qu'auparavant .
141
CS n° 217/99. SOC, 3 août 2001 aff. Maritia Ç. FITIM BA. CS 2001, p. 68.
142
Cass. soc., 27 nov. 1986, juin. soc. 1987 F2.
105
en conséquence de procéder à des licenciements. Ces licenciements doivent cependant être décidés
dans le respect de la réglementation en vigueur, en matière de licenciement économique en
particulier. En l'absence de précision sur les conditions de transfert, Ie cédant demeure tenu du
paiement de ses dettes et le cessionnaire n'est responsable que des obligations postérieures au
transfert.
143
C.A.,29 juin 1989, TPOM n° 739,2 juil. 1990.
106
L'article 27 du même code stipule, en outre, l'hypothèse de modifications substantielles
du contrat individuel, suite à des difficultés économiques et se traduisant soit par un licenciement,
soit par une mutation. De telles modifications doivent se conformer aux procédures particulières
prévues à cet art. 27. L'employeur doit notifier par écrit la modification substantielle au salarié,
lequel doit émettre son avis dans un délai de 15 jours. Passé ce délai, le silence du salarié vaut
acceptation des novations apportées au contrat. Si le travailleur refuse les novations proposées, la
rupture du contrat sera imputable à I'employeur et le travailleur bénéficiera des droits accordés aux
travailleurs licenciés pour motif économique.
Dès lors qu'un contrat de travail prévoit une possibilité de rupture unilatérale avec
l'obligation d'un préavis, ce contrat ne peut qu'être à durée indéterminée, même si les parties fixent
une durée déterminée à leurs relations.
Licenciement et démission sont des actes juridiques soumis à la théorie générale des
actes juridiques. En cas de rupture, I'article 33 du code de 1995 avait prévu que dorénavant le
licenciement devait être notifié par écrit. Cependant, cette obligation, reprise par l'article 21 du code
de 2004, n'est pas de nature à limiter les nombreuses contestations. Les contestations concernent
aussi bien le point de savoir de qui émane I'initiative de la rupture que la date de la rupture du
contrat de travail.
Le principe est que c'est à celui qui se prétend victime d'une rupture à rapporter la
preuve, et de cette rupture et de I'auteur de cette rupture. Exemple : chacune des parties conteste
être à l'origine de la rupture ; l’employeur soutient que le travailleur n'est plus revenu reprendre son
travail ;-le travailleur, par contre, fait valoir que I'employeur I'a mis à la porte et lui a refusé I'accès
107
des lieux de travail. Le juge recherchera qui est le véritable auteur de la rupture, en fonction du
comportement des intéressés, des circonstances et des preuves qui lui sont soumises'
I. - LA DÉMISSION
La démission s'analyse comme un acte unilatéral par lequel le salarié décide de rompre
le contrat de travail à durée indéterminée. Pour être valable, cet acte doit remplir certaines
conditions et il produit alors des effets particuliers, suivant que la condition requise a été ou non
respectée.
Se pose alors le problème de la validité des clauses de dédit formation insérées dans le
contrat detravail. En effet, les entreprises qui ont beaucoup investi dans la formation de leurs salariés
sont souvent tentées d'insérer dans le contrat une clause de " dédit formation " qui impose au salarié
de rembourser tout ou partie des sommes consacrées par l'entreprise à sa formation, dans
l'hypothèse où il quitterait son emploi avant I'expiration de la période d'amortissement.
108
Une telle clause, a priori, serait valable à condition toutefois qu'elle n'impose pas au
salarié des remboursements d'un montant tellement élevé que le salarié serait en réalité
matériellement empêché de démissionner de l'entreprise ; c'est la raison pour laquelle la
jurisprudence a subordonné la validité de ces clauses au lait qu'elles n'aient pas pour effet de priver
le salarié de la faculté de démissionner.144
Les problèmes les plus fréquemment rencontrés concernent les démissions tacites ou
encore les allégations contradictoires, l'employeur faisant état d'une démission, alors que le
travailleur pour sa part conteste l'existence d'une telle démission. Les juges du fond doivent
rechercher si le comportement du salarié manifeste une volonté non équivoque de démissionner. Il
en sera ainsi, par exemple, quand le travailleur n'a pas repris son travail après un congé, malgré une
mise en demeure de I'employeur, mais s'est mis au service d'un autre employeur.
Par contre, dans l'hypothèse où, après une absence, le travailleur manifeste le désir de
reprendre son travail mais que I'employeur lui refuse I'accès de l'entreprise en faisant valoir que de
par son absence il est considéré comme démissionnaire, il n'y a pas démission sans équivoque. C'est
à tort que l'employeur allègue une absence non autorisée pour considérer le travailleur comme étant
démissionnaire. En présence d'une attitude fautive du travailleur, il appartient à I'employeur
d'engager la procédure de licenciement pour motif personnel, ayant un motif légitime pour licencier
son travailleur. On ne peut considérer le travailleur comme démissionnaire, dès lors qu'il manifeste le
désir de reprendre son travail.
Il peut y avoir alors démission apparente, alors qu'en réalité I'employeur, par divers
moyens vexatoires, force indirectement l'employé à rompre le contrat. Une démission sous la
contrainte équivaut à un licenciement. La Cour suprême a ainsi jugé que : " Constitue un
licenciement déguisé, ouvrant droit à I'indemnité de préavis et à des dommages\intérêts, une
démission ne relevant pas de la libre volonté de I'employé, mais provenant de l'initiative de
l'employeur. Le fait d'affecter un travailleur à un poste qui ne convient pas à sa santé, malgré des
prescriptions médicales strictes interdisant I'employé de faire des efforts trop fatigants, constitue
une incitation à la démission146. Ou encore si l'employeur accumule les sanctions et ne paie pas le
salaire ; le travailleur excédé quitte son travail : apparemment, il y a démission, mais en réalité, il y a
licenciement déguisé.147
Il s'agissait du cas d'un travailleur qui, à la suite d'un accident de travail, a subi une forte
incapacité permanente de travail et devait se déplacer avec une canne. L'employeur qui avait dû le
réintégrer lui a confié une mission d'inspection : il devait faire plusieurs kilomètres à pied, par jour,
pour inspecter plusieurs chantiers. La Cour d'appel d'Antananarivo a eu alors I'occasion de préciser :
144
Cass. soc., 17juil. 1991. Bull cit.V n° 373; RADE, op cit.
145
RAY op. cit., p. 297 -298.
146
C.S., n° 108/2000, soc., 2 août 2002, B. 2002, p.38.
147
C.A., 2 juin 1988, TPOM n° 718, 2 juil. 1989, p 266.
109
" L'augmentation et la dureté des attributions à exercer, la réduction du salaire, I'avalanche des
demandes d'explications - toutes portant la même date l'établissement le même jour de la lettre de
suspension du contrat et d'acceptation de la démission prouvent amplement les manceuvres
déloyales de l'employeur qui, au surplus, a provoqué et profité de la faiblesse physique du travailleur,
lequel durant cette période a accusé une aggravation d'incapacité permanence partielle de 50 % ;
qu'il est évident que, sans ces manœuvres déloyales, le travailleur alors à bout de résistance
physique - ce que I'employeur ne conteste pas - n'aurait jamais signé la lettre de démission qu'on lui
a présentée ; qu'ainsi, la démission n'était pas libre et qu'en réalité il y a eu licenciement déguisé. "
Par ailleurs, la Cour d'appel, dans son arrêt en date du 17 octobre 1985, a jugé que le
fait pour l'employeur de n'offrir aux salariés qu'un choix entre la compression du personnel et la
démission a acculé les salariés à la démission et qu'il y a donc dans ce cas démission forcée, donc
licenciement déguisé.
110
Aux termes de I'article 21, le licenciement doit être notifié par écrit. La date de
réception de la lettre de licenciement par le travailleur fixe le point de départ du préavis.
Cette lettre doit énoncer le ou les motifs du licenciement. Toute présentation ultérieure
de nouveaux motifs de licenciement est irrecevable.
- Entretien préalable.
Il s'agit d'une procédure qui oblige le chef d'entreprise à mieux respecter les droits de la
défense du salarié, en lui permettant de s'expliquer lors d'un entretien préalable. L'article 22, al. 1 du
nouveau code du travail fait obligation à tout employeur qui envisage de licencier un travailleur de
le convoquer au préalable, tout en l'avisant par écrit des motifs du licenciement envisagé. Au cours
de I'entretien, l'employeur doit respecter tous les droits de la défense du salarié, notamment
l'assistance par une personne au choix de celui-ci. Tout licenciement entrepris après novembre
1995n’ayant pas respecté cette procédure de l'entretien préalable est nécessairement irrégulier en la
forme.
La Cour suprême a pu alors préciser que : " selon l’article 32 du code du travail [C. trav
de 1995 repris par I'art. 22 du code de 2004], lorsque I'employeur envisage de licencier un salarié, il
doit au préalable l’aviser par écrit, indiquant l'objet de la convocation. Cette disposition est d’ordre
public, I'inexistence de cet écrit préalablement à la décision de licenciement imprime un caractère
abusif audit licenciement, sans qu'il y ait lieu de rechercher la faute commise par le travailleur. ''
Les dispositions du nouveau code, cependant, ne sont pas identiques à celles du code de
1995. Des innovations d'importance ont été apportées.
148
C.S., n° 168/1999, soc., 2 août 2002, B. 2002, p. 35.
149
C.S., n° 416/2000, soc., 2 août 2002, 8.2002, p. 42
111
réflexion et de la possibilité de recouvrir à I'assistance du membre du personnel. " Néanmoins, les
juges du fond sont souverains pour apprécier si le délai est suffisant."150
3° - La convocation doit également préciser que le salarié pourra se faire assister par une
personne de son choix. Si le code de 1995 avait exigé que cette personne appartienne à l'entreprise,
cette exigence n'a plus été reprise par le code de 2004. Mais il s'agit d'une simple assistance. Le
salarié doit, en conséquence, se présenter en personne, il ne peut pas se faire représenter. La
personne qui va I'assister et I'aider à présenter sa défense peut donc être un avocat, un représentant
du personnel, un parent, son conjoint ou toute autre personne aux choix du salarié, un représentant
de son syndicat, etc.
5° - Le salarié doit être convoqué, mais s'il ne se présente pas, ne demande pas un
report de la date d'entretien ou ne fait valoir aucune excuse valable, l'employeur peut continuer la
procédure de licenciement.
150 e
G. LYON-CAEN, J. PELISSIER, A. SUPIOT, 1998, Droit du travail, Précis Dalloz, 19 édition, p. 421 ; Soc. 27 nov.
1996, D. soc. 1997.199; Soc. 13 janv. 1993, R.J.S. 3/93 , n° 258.
151
RAY, op. cit, p. 231
152
Art. 122. 14. 4. C. trav. français.
112
indemnitaire. En fonction de la gravité de l'irrégularité constatée, le juge n'alloue qu'une indemnité
allant d'un euro jusqu'à un mois de salaire maximum.
Parmi les licenciements abusifs pour non-respect des formes, il faut réserver une place
privilégiée au licenciement des travailleurs protégés.
L'employeur doit essayer de reclasser son travailleur dans un poste conforme à son état.
Ce n'est que s'il est dans I'impossibilité absolue de reclasser son travailleur accidenté qu'il pourra
envisager de le licencier. L’inspecteur du travail a pour mission de vérifier la réalité de
cetteimpossibilité. Par application de I'article 241 du Code de prévoyance sociale, l'autorisation de
I'inspecteur du travail est requise quand I'employeur envisage de licencier un accidenté du travail.155
153
C.A. 4 fév. 1988. TPOM. 16 sept. 1989, p. 338 ; C.A. n° 359, 1 déc. 1988 aff. Andrianoarimanga c. STAR.
154
Sur la définition de l’accident de travail, v l’article 167 du Code de prévoyance sociale.
155
C.A. n° 226, 18 juin 1987, aff. Ratsimbazafy c. Société COLAS.
156
C.A. n° 143, 7 juin 1990, aff. SOMACODIS c. Rabemanajara
113
de délégués du personnel dès le dépôt des candidatures et pendant une durée de 3 mois après le
scrutin.157, Le délégué syndical désigné par la section syndicale de l'entreprise et le délégué
intersyndical désigné en entente entre deux ou plusieurs sections syndicales de l'entreprise (art. 150
C.trav.) bénéficient de la même procédure en matière de licenciement (art. 152).
L'article 20, al.2 du Code du travail explicite en effet : sont particulièrement abusifs les
licenciements non conformes aux procédures définies par le code, la convention collective et les
règlements intérieurs. Cette irrégularité ouvre droit à l'allocation de dommages-intérêts dont le
montant sera évalué en fonction du préjudice subi.
Il s'agit en conséquence d'un licenciement pour des motifs non inhérents à la personne
du salarié. Une entreprise qui connaît des difficultés économiques peut procéder soit à une réduction
d'activités, donc à une compression de personnel, soit à une cessation d'activité, soit seulement à un
chômage technique. Tout licenciement envisagé dans le cadre d'une telle récession économique doit
respecter une procédure spéciale. La procédure du licenciement varie selon qu'il s'agit d'un
licenciement collectif ou d'un licenciement individuel ; par ailleurs, une indemnité spéciale dite de
licenciement est due au travailleur licencié ; des sanctions particulières sont prévues en cas de
procédure irrégulière.
157
C.A. n° 51, 4 fév. 1988, aff. SOLIMA c. Randrianarison, sur le délégué du personnel. V. Annexe.
114
1°- ll doit au préalable consulter le comité d'entreprise ou, à défaut, ' les délégués du
personnel sur la mesure projetée et leur fournir tous renseignements sur les motifs, la situation
financière de l'entreprise, le plan de redressement projeté, la liste du personnel concerné par
catégorie professionnelle, la priorité d'embauche, l'évolution de l'emploi dans I'entreprise. Cette
consultation doit être consignée dans un procès-verbal qui doit faire I'objet d'un affichage.
2°- Dans les 20 jours qui suivent cette consultation, le comité d'entreprise ou les
délégués se prononcent sur la mesure projetée et donnent leur avis.
3°- L'inspecteur du travail est saisi obligatoirement à la diligence de I'employeur qui doit
joindre à sa demande le procès-verbal de consultation contenant I'avis des délégués du personnel
ainsi que la liste du personnel touché par la compression. L'inspecteur du travail émet son avis dans
les 15 jours qui suivent la saisine. Passé ce délai, le silence de l'inspecteur du travail vaut acceptation.
4°- La liste du personnel touché par cette compression doit être établie en consultation
avec les délégués du personnel en respectant, par catégorie professionnelle, un ordre de
licenciement tenant compte de l'ancienneté de service dans I'entreprise, des valeurs
professionnelles, compétences techniques et conscience professionnelle, des charges de famille. En
cas de désaccord des deux parties sur la liste du personnel touché par la mesure projetée,
I'inspecteur du travail tranche dans les quinze 15 jours de sa saisine. Passé ce délai, le silence de
I'inspecteur du travail vaut approbation de la liste.
ll est utile de relever que le code de 1975 a été vivement critiqué en ce qu'il exigeait une
autorisation administrative préalable au licenciement les crréts d'entreprise ont toujours demandé
beaucoup plus de flexibilité de la loi concernant la gestion de I'entreprise, en particulier pour leur
permettre de prendre les dispositions nécessaires pour la pérennité de leurs entreprises, en cas de
récession économique. Cette autorisation a été alors supprimée par les codes de 1995 et de 2004 et
a été remplacée par une simple procédure d’avis de l’autorité administrative, le chef d'entreprise
n'étant pas lié par cet avis.
158
C.S., n° 54/1999, Soc. 2 mars 2001, B. 2001, p.32
115
b) Toute décision de rupture de contrat de travail, à la suite d'une réduction
d’activité pourrécessionéconomiquetelle qu'une suppression de poste, est
assimilée à une compression de personnel, et doit donc respecter les formalités
prévues à I'article 25 du Code du travail.159
Un chômage technique peut également déboucher sur un licenciement économique. Les
nécessitées économiques ou des difficultés techniques passagères peuvent emmener le chef
d'entreprise à procéder à une fermeture temporaire de I'entreprise.
Quel peut être I'intérêt d'un entretien préalable, dans ce cas précis, dès lors qu'aucune
faute professionnelle, aucun grief n'est reproché au salarié. Faut-il alors admettre qu'il pourrait
discuter du motif économique allégué par I'employeur ?
En droit français, I'employeur doit aviser le travailleur qu’il bénéficie d'une priorité de
réembauchage durant un délai d’un an à compter de la date de la rupture du contrat.161 Le code de
1995 avait prévu en son article 162 la nécessité de I'intervention de I'inspecteur du travail en cas de
suppression de poste et la jurisprudence était constante pour exiger le respect de la procédure de
I'article 35 pour tout licenciement économique sans distinction, qu'il soit collectif ou individuel.
159
C.A., n° 411, 3 déc.1987.
160
C.A.,n° 166'29mailgs6,afl.EntreprisesocialistefilatureeltissagedeMadagascar(FlTlM)c.Djacob
Tehindrazânarivelo; C.S., n' 15, 25 août 1987.
161
RAY op. cit., p.260.
116
b) En cas de modification substantielle des clauses du contrat pour motif
économique, les modifications doivent être notifiées par écrit au travailleur, lequel
doit émettre son avis dans un délai de 15 jours.
Si le travailleur accepte les modifications proposées, le contrat continuera à s'exécuter,
mais sur la base des nouvelles conditions acceptées. Le silence du travailleur vaut acceptation des
novations apportées au contrat. Si le travailleur refuse les novations proposées, la rupture du contrat
est imputable à I'employeur et le travailleur bénéficie des droits accordés aux travailleurs licenciés
pour cause économique.
162
C.A. n° 27B, 19 octobre 1998
117
Il s'agit donc de la nécessité pour la partie qui prend I'initiative de la rupture de prévenir
I'autre partie et d'observer un délai avant que la rupture du contrat de travail à durée indéterminée
ne soit définitive. Le préavis permet de fixer la date de la rupture et de pallier, en partie ou
intégralement, les inconvénients que peut entraîner une brusque rupture du contrat. La résiliation
immédiate, brusque, du contrat de travail risque en effet, quand elle émane de I'employeur, de
mettre le travailleur - désormais sans emploi - dans une situation fort pénible, et quand elle émane
du travailleur, d'entraver la bonne marche de I'entreprise en la privant soudainement d’un élément
de son personnel.
- il peut s'agir, d'abord et c'est le principe, d'un délai, une période qui doit s'écouler
obligatoirement entre l'annonce de la décision de rompre le contrat et la cessation effective de ce
dernier ;
Ce délai de préavis ne s'impute pas sur la période des congés payés ; il ne commence à
courir qu'à l'expiration de celle-ci.
163
CORNU, op. cit.
118
b) Deuxième aspect du préavis : l'indemnité
En cas de brusque rupture du contrat ou quand le délai de préavis n'a pas été
intégralement ou en partie observé, le préavis consiste en une indemnité : c'est alors le versement
par la partie responsable de la rupture, à I'autre partie, d'une indemnité dont le montant correspond
à la rémunération et aux avantages de toute nature dont aurait bénéficié le travailleur durant le délai
de préavis qui n'aura pas été effectivement respecté.
Dans le cas d'une rémunération variable (ex. : aux pièces) le décret 64-162 du 22 avril
1964 dispose que I'indemnité de préavis se calcule sur la base de la moyenne des deux dernières
payes.
- 1er groupe : manœuvres auxquels sont confiés des travaux élémentaires et qui
n'exigent aucune formation :M1 - M2 - OS1 / 1A – 1B ;
La durée du préavis qui tient compte, d’une part, du groupe professionnel et d'autre
part, de l'ancienneté du travailleur, est fixéeainsi qu'il est précisé dans te tableauqui suit :
Art. 3 du décret n° 64-162 du 22 avril 1964.- La durée du préavis est fixée comme suit et
ne peut lui être inférieur en aucun cas :
119
demi
OS1 OP1-3A - 5A
-3B - 5B
Il faut noter que les jours indiqués au tableau sont des jours calendaires et non des jours
ouvrables. Les mois comptent pour 30 jours.
L'article 5 du même décret prescrit : " Les contrats de travail ou les conventions
collectives peuvent augmenter, suivant I'accord des parties en présence, mais ne peuvent en aucun
cas réduire la durée du préavis telle qu'elle est prévue dans le tableau. Tout règlement ou convention
réduisant cette durée ou supprimant le préavis est nul de plein droit "
Les avantages en nature doivent être évalués. En l'absence d'évaluation précisée dans le
contrat ou la convention collective, c'est le juge qui procède à cette évaluation, en fonction des
164
RADE, op.cit. p.91.
120
circonstances de fait. Par ex., I'octroi d'un véhicule de fonction pourrait être évalué à 500.000 fmg
par mois.
Indemnité de préavis = X 34
L'article 18, al.2 du code de 2004 a repris l'exception à l'obligation de préavis en cas de
faute lourde ; ledit article énonce expressément : " La rupture d'un contrat à durée indéterminée
peut intervenir sans préavis, en cas de faute lourde prévue dans le règlement intérieur ou, à défaut,
laissée à I'appréciation de la juridiction compétente ". La faute lourde pourrait être définie comme
résultant " d'un fait imputable au salarié et qui constitue une violation des obligations découlant du
contrat de travail, d'une importance telle qu'elle rend impossible le maintien du salarié dans
I'entreprise pendant la durée du préavis. La faute lourde peut révéler en outre une intention de nuire
à son employeur ou à son entreprise ou constituer une infraction ou une attitude fautive
équipollente au dol telle que : abus de confiance, vol, ivresse manifeste sur les lieux de travail,
falsification de documents, etc.166
165
C.S. n° 348/2000, Soc., 2 août 2002, B. 2002. p. 40.
166
Cass., soc., 29 nov. 1990, C. soc, 1991, p 105, note G. Couturier.
167
Cass., soc., 2 mai 2000, J.C.P 6 2000, Il 10388, note D Corriguan Carsin.
121
c) En cas de force majeure.
Ce qui veut dire en cas d'événément imprévisible et insurmontable empêchant le
débiteur du préavis d'exécuter son obligation (par exemple : incendie, destruction de l'entreprise,
etc.). Mais,il faut que l'événement soit imprévisible et irrésistible. Ainsi, la fermeture de
l'établissement pour crise ou difficultés économiques ne constitue pas une force majeure : les
difficultés économiques sont prévisibles' L'article 12 du Code du travail annonce expressément que: "
la faillite et le règlement judiciaire ne sont pas considérés comme cas force majeure "
Cette règle demeure valable en dépit de l'intervention de la loi 'du 3 septembre 2004 sur
les procédures collectives d'apurement du passif.
L'article 98 d'ajouter : " Pendant une période de quinze mois à compter de la naissance
de l'enfant, la mère a droit à des repos pour allaitement. La durée totale de ces repos qui sont payés
comme temps de travail ne peut dépasser une heure par journée de travail. La mère peut pendant
cette période quitter son travail sans préavis et sans avoir de ce fait à payer une indemnité de
rupture. "
Le contrat de travail à durée indéterminée peut toujours cesser par la volonté de l'une
des parties, sous réserve des règles relatives au préavis, mais ce droit de résiliation unilatérale du
contrat à durée indéterminée n'est pas absolu et l'abus de ce droit rend le licenciement abusif.
Autrement dit, I'institution du préavis protège le travailleur contre le risque d'une brusque rupture
du contrat de travail, mais ne le protège pas du préjudice résultant de l'abus de droit de résiliation
unilatérale du contrat de travail. À I'issue de l'entretien préalable, l'employeur non satisfait par les
explications et la défense du salarié peut lui notifier son licenciement.
La décision de licenciement par écrit doit indiquer le ou les motifs précis du licenciement
; ce document qui lie définitivement I'employeur sera essentiel devant le tribunal de travail. En effet,
selon l'article 21 in fine du code du travail : " Est irrecevable toute présentation de nouveau motif de
rupture après la date de notification de la rupture du contrat. '' Exemple, dans l'hypothèse où
I'employeur fait valoir dans la lettre de licenciement un grief d'absence non autorisée, il ne pourra
pas par la suite solliciter un sursis à statuer, au motif qu'après le départ du salarié, il a constaté un
abus de confiance et a porté plainte et qu'ainsi le criminel tient le civil en l'état.
122
A. - Notion d'abus dans le licenciement et notion de cause réelle et sérieuse
Le Code du travail utilise l'expression licenciement abusif comme synonyme du
licenciement dépourvu de cause réelle et sérieuse. L'article 20 en son al.1erprésente d'une manière
précise : " La rupture est abusive lorsqu'elle est effectuée sans motif légitime, sans cause réelle et
sérieuse. " Ainsi le texte oppose les notions de licenciement légitime et de licenciement abusif, mais
il fait également référence à la notion de licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Ainsi, une faute légère ou une faute qui n'a pas un caractère professionnel, car commise
en dehors du temps et du lieu de travail, ne peut constituer une cause sérieuse de licenciement.
Ainsi, " la querelle d'un gardien d'immeuble, locataire dans la résidence, avec un autre locataire pour
un problème de voisinage, n'est pas une cause sérieuse de licenciement, car elle concerne la vie
personnelle du salarié.171
À partir de ces principes et de la théorie de I'abus de droit s'est développée toute une
jurisprudence sur le licenciement abusif.
168
RACE, op. cit., p.129.
169
LYON-CAEN etc. op.cit.,p 431.
170
lbid. p.435.
171
Soc., 14 mai 1997, R.J.S., 5/1997, n° 758.
123
B. - La rupture abusive du contrat de travail
Faisant application de la théorie de I'abus de droit, la jurisprudence a qualifié de
ruptures abusives d'innombrables cas de ruptures, entre autres :
Par ailleurs, a été déclaré abusif le licenciement d'un travailleur dont le beau-frère est
impliqué dans une affaire de vol, alors que sur le plan professionnel l'employeur n'avait rien à
reprocher au travailleur.
a) Le licenciement de la salariée a été décidé pour faute qualifiée de " lourde ".
Le directeur de I'entreprise I'avait avertie la veille au matin qu'un travail urgent devait
être exécuté le dimanche ; elle n'a pas donné suite à la convocation et ne s'est présentée au travail
que le lundi pour dire qu'elle était absente d'Antananarivo pendant le week-end. La Cour suprême a
rappelé que " l'employeur ne peut sans abus obliger son salarié à travailler le jour de son repos
hebdomadaire, dès lors que ledit employeur ne dispose pas des autorisations administratives
nécessaires. "174
124
4. Licenciement discriminatoire
Tout licenciement fondé sur I'un des motifs prohibés par la loi est discriminatoire.
L'article 28 de la Constitution prévoit, en effet : " Nul ne peut être lésé dans son travail ou dans son
emploi en raison du sexe, de l'âge, de la religion, des opinions, des origines, de I'appartenance à une
organisation syndicale ou des convictions politiques.
Exemple, un salarié est victime d'une discrimination fondée sur la situation de famille :
un.tel licenciement abusif est sanctionné, non seulement par I'octroi de dommages-intérêts au
salarié victime, mais constitue en outre une infraction pénale prévue et réprimée par I'article 262 du
Code du travail.
Un autre cas d'intention de nuire au travailleur mérite d'être cité : c'est celui d'un salarié
qui, à la veille de la retraite, a été licencié pour simple émanation d'odeur d'alcool, alors qu'il a
normalement exécuté son travail durant toute la journée.180
177
C.S.. n° 231, 5 sept. 2003, aff. Dugain et autre c. Air Madagascar.
178
C.S. 12juillet1983,TPOMn. 643,p. 108;C.A., 15fév.1979,TPOMn° 511,p.244; C.S., n° 7, 10fév. 1964, 13. 1965,
p. 29, aff. Rizerie Wilson c. Rabenjamina et cons.
179
C.A., n° 117, 31 mars 1988, aff. Razafindrazaka c. FIBATA.
180
C.A., n° 228, 7 juil. 1988, aff. Rakotonirina c. SORIFEMA.
125
S'il est possible à I'employeur de proposer une modification des conditions du travail
dans I'intérêt de I'entreprise, encore faut-il que cette proposition soit faite dans I'intérêt de
I'entreprise et pas dans une intention de nuire : l'obligation de rejoindre le nouveau poste (dans une
autre ville) le jour même de la notification de la décision d'affectation prise après une grève de
solidarité, le licenciement immédiat le jour même de cette notification, I'embauche de nouveaux
travailleurs sans qu'il y ait affectation aux lieux où les premiers travailleurs avaient été affectés,
démontrent que les décisions d'affectation ne se justifiaient pas, mais ont été prises dans I'intention
de nuire.181
Une faute ne peut être sanctionnée deux fois, et un licenciement intervenant pour des
faits ayant déjà donné lieu à une sanction est abusif. Il s'agit, par ailleurs, d'un principe expressément
prévu par la Constitution, qui précise en son article 13, al. 5 : " Nul ne peut être puni deux foispour le
même fait. "184
La Cour d'appel, saisie par arrêt de renvoi de la Cour suprême en date du 14 août 1984,
a jugé que: " Fait une modification substantielle abusive du contrat de travail, I'employeur qui
propose au travailleur un salaire moindre au salaire qu'il a perçu auparavant pour les mêmes
fonctions et inférieur au salaire minimum légal de la catégorie professionnelle à laquelle appartient
181
C.A. n° 725, 16 avril 1987.
182
Cass. 22 fév. 1973, TPOM n° 357, p. 78 93.
Cass, soc. 22 janvier 1992 : Le lien de subordination étant limité au temps et au lieu de travail, l’employeur ne
peut exercer son pouvoir disciplinaire à l’égard d’un salarié dont les actes de la vie personnelle lui dépassent,
voire lui posent un réel problème mais qui ne relèvent pas de l’exécution du contrat de travail : ainsi par
exemple le fait pour la secrétaire d’un garage Renault de pouvoir rouler dans une voiture peugeot.
183
C.S. n° 96, 26 nov. 1995 aff. Razafimandimby c. Madagascar Hilton.
184
C.S. n° 309, 19 oct. 1089 ; C.S. n° 30, 27 fév. 1990.
185
C.S., n° 126, 24 juil. 1990, aff. Somacodis c. Razafindrabe.
126
le travailleur. En licenciant ce travailleur qui a refusé de percevoir le nouveau salaire proposé et fixé
au mépris des dispositions légales, l'employeur commet un abus justifiant sa condamnation à
dommages-intérêts pour licenciement abusif."186
Il a été également jugé que : " Commet une modification substantielle abusive du
contrat I'employeur qui a modifié le mode de paiement dusalaire (salaire mensuel modifié en salaire
aux pièces), la modification ayant eu pour conséquence I'octroi d'un salaire d'un montant inférieur
au minimum légal prévu pour la catégorie professionnelle du travailleur.187
Le même article 5, al.4 prescrit que : " Aucun salarié ne peut faire l'objet d'une sanction,
ni d'une discrimination dans sa carrière ou dans son travail, ni d'un licenciement, pour avoir résisté à
des agissements de harcèlement d'un employeur, de son représentant ou de toute autre personne,
abusant de l'autorité que lui confèrent ses fonctions, ou pour avoir témoigné ou relaté des
agissements d'harcèlement sexuel. " En conséquence, tout licenciement pour résistance à un
harcèlement sexuel ou moral est particulièrement abusif.
L'article 23 du Code du travail stipule, en outre, que la rupture du contrat est imputable
à I'auteur de I'acte d'harcèlement. Ainsi, la salariée quipréfère quitter son emploi, plutôt que de subir
le harcèlement de son supérieur, ne sera pas responsable de la rupture des relations de travail.
L'absence de jurisprudence sur ce cas particulier s'explique certainement par la difficulté de
rapporter la preuve de I'harcèlement sexuel ou moral. L'article 23 du Code du travail présente d'up@
fianlàrs précise sur ce point qu'il appartient à la partie requérante (la Ealarl6e) de fournir les preuves
de l'acte d'harcèlement, par tous les moyens.
Enfin, n'oublions pas que le harcèlement sexuel est une infraction pénale prévue par
l'article 333 bis, al.2 du Code pénal, et est sanctionnée d'une peine de 2 à 5 ans d'emprisonnement
et d'une peine d'amende.
L'article 20 in fine du Code du travail dispose que : " Toute rupture abusive du contrat
de travail peut doôner lieu à des dommages-intérêts laissés à l'appréciation de la juridiction
compétente... "
186
C.A., n° 122, 18 avril 1985, aff. Rivoarinony c. Etat Malagasy (URER-ODA).
187
C.A., n° 236, 16 déc. 1982, aff. Moanahidy et cons. C. Tranombarotra ROSO.
127
Le montant des dommages-intérêts est fixé compte tenu, en général, de tous les
éléments qui peuvent justifier I'existence du préjudice causé, et notamment, des usages, de la nature
des services engagés, de l'ancienneté des services, de l'âge du travailleur, des charges de famille et
des droits acquis à quelque titre que ce soit.
Par contre, en droit français, on distingue, d'une part, le licenciement abusif de salariés
favorisés (salariés totalisant plus de deux ans d'ancienneté et dans des entreprises occupant au
moins onze salariés), le montant des dommages-intérêts à allouer ne peut être inférieur à 6 mois de
salaires ; d'autre part, pour les salariés non favorisés (ayant moins de deux ans d'ancienneté dans de
petites entreprises de moins de onze salariés), l'évaluation des dommages-intérêts est faite
conformément aux règles de droit commun, c'est-à-dire, en fonction du préjudice (art. 122.14.5
C.trav. français).
Il convient tout d'abord de préciser qu'en principe, dès qu'il y a faute d'une certaine
gravité commise par le travailleur, le licenciement serait légitime.189 Néanmoins, il a été jugé que la
faute du travailleur pouvait se trouver excusée, sinon effacée, par l'abus commis par I'employeur
dans son pouvoir de direction.190 " Compte tenu des fonctions assurées par R.D., le port de la cravate
constitue pour lui un danger certain, et le premier responsable de la sécurité du travail dans son
188
C.S., n° 1, 27 janv. 1998, aff. ODEMO c. Rabemananjara.
189
C.A., n° 106, 17 mars 1988.
190
C.S., n° 40, 26 sepl. 1 995, aff. Savonnerie Tropicale c. David Raobisoa : rejet du pourvoi.
128
entreprise ne peut, sans abus dans son pouvoir de direction, imposer à son travailleur une tenue
pouvant porter gravement atteinte à sa sécurité. La faute commise par l'employeur dans l'exercice
de son pouvoir de direction fait alors disparaître la faute disciplinaire du salarié, la désobéissance
étant justifiée. " Dans ce cas d'espèce, la cause était réelle (désobéissance), mais elle n'était pas
sérieuse, car ne constitue pas une faute caractérisée pouvant justifier le licenciement.191Par ailleurs,
certaines fautes légères, non graves, ne pourraient justifier une sanction très grave telle qu'un
licenciement.
2. L'inaptitude du travailleur
a) Une inaptitude physique
La maladie supérieure à six mois (art. 13, al.3 C.trav.) justifie le licenciement. Dans le
cas d'un accidenté du travail ou d'un travailleur atteint d'une maladie professionnelle, le
licenciement du travailleur inapte, avec I'autorisation de l'inspecteur du travail, est légitime.
191
C.A., n° 198, 2 juin 1988.
192
C.A., n° 34, 30 Janv. 1986, aff. FAMAMA c. Adalany el cons
193
C.A., n' 233, 1 8 oct. 1 998 : C..A., n" 240, 2 luil. 1 987, atf. Sociéte Malgadecor c. Randriamampianina.
129
3. Les fautes professionnelles et le non respect de la discipline de I'entreprise.
Elles peuvent constituer des causes réelles et sérieuses pouvant légitimer un
licenciement. Il s'agit, par exemples :
- Une concurrence déloyale durant les relations de travail : " Constitue une concurrence
déloyale, légitimant la rupture, la constitution par le travailleur d'une société ayant la même activité
et un objet identique à celui de son employeur195 ;
- Le refus de travail ;
- L'insubordination ;
- L'état d'ébriété ;
194
C.A., n° 302, 19 oct. 1989, aff. Andriamorizato c. sekoly Thomas Bevan ; C.A., 3 août 1989, TPOM n" 741, 2
sept. 1990.
195
C.S., n° 29. 5 mars 1999.
196
C.A., n° 363, 1 déc. 1988, afi. Raharisoa c. FIMA.
197
Cass. soc. 2 décembre 2003 n'01-43-227 aff société Sorest c. Entzmann : " Le fait pour un salarié affecté en
exécution de son contrat de travail à la conduite de véhicules automobiles de se voir retirer son permis de
conduire sous l'empire d'un état alcoolique, même commis en dehors de son temps de travail, se rattache à sa
vie professionnelle "
198
C.A., 17 sept. 1981, aff. SINPAc. Rakotondrambala R. ; C.A., n'138, 7 avril 1988, aff. Rocquebertc. EGC.
199
C.A., n° 59, 15 mars 1990.
200
C.S., n° 56,27 mars 1990, B. 1996, aff. SOTEMAc. Régis Razafindrakoto; C.A., 17 août 1999, TPOM n° 740,
16juil. 1990.
130
diverses tâches, a omis de noter dans le cahier de mouvements des véhicules le nom du chauffeur
d'un véhicule qui sortait du parc, le véhicule en cause n'a plus réintégré le parc et a disparu. La Cour
d'appel a décidé que " la perte de confiance, fondée sur des négligences manifestes dans I'exécution
du travail, légitime le licenciement. "
- Une modification justifiée des conditions de travail, mais refusée par le travailleur,
constitue une modification légitime du contrat du salarié, son affectation à un poste équivalent à
celui occupé, avec maintien formel de ses droits antérieurs, à la suite d'une réorganisation de
I'entreprise et en application de la convention collective.201
Mais le fait que le travailleur puisse prétendre à une pension de retraite, de par les
dispositions du code de prévoyance sociale ou de la convention collective, quand il a atteint l'âge de
la retraite (60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes), ne signifie pas qu'il doive
obligatoirement cesser son activité à cet âge.
Cependant, quand un salarié remplit les conditions pour bénéficier d'une retraite à taux
plein auprès de la CNAPS ainsi qu'il vient d'être précisé, I'employeur peut le mettre à la retraite et le
salarié, pour sa part, peut également décider de son départ à la retraite. Il s'agit d'un mode de
rupture qui est ni un licenciement ni une démission. Si les relations de travail ont continué, après
accession du travailleur à l'âge de la retraite, I'employeur ne pourra plus se prévaloir uniquement de
l'âge de la retraite pour mettre fin au contrat, sinon il y aura licenciement abusif.203 " Le départ à la
retraite constitue un droit pour l'employé à ladite retraite et une faculté pour l'employeur qui peut,
avec I'accord de l'employé, maintenir le travail. L'employeur qui n'a pas usé de cette faculté et a
maintenu en activité un employé au-delà de la limite d'âge prévu par I'article 268 du Code de
prévoyance sociale ne peut plus se prévaloir de la limite d'âge pour mette fin au contrat de travail et
doit invoquer un autre motif professionnel légitime de cessation des relations de travail. "
Par contre, depuis le code de 1975, la charge de la preuve a été inversée. Il appartient à
la partie auteur de la rupture du contrat, d'établir que celle-ci est légitime.204 Le licenciement était
intervenu avant la publication du Code du travail de 1975. En cours de procédure devant la
201
C.S., n° 22, 24 fév 1981, aff. Rabearinaivo c. BNI ; C.A., n° 34, 30 janv. 1996, aff. FAMAMA c. Adafany et cons.
202
C.A., n° 100. 16 avril 1986. aff. Zafinimanana c. SOMACODIS
203
C.A. 17 mars 1988, confirmée par C.S., n° 128, 24 oct. 1989, aff. OSTIE c. Dr Paul Ratsimiseta, TPOM, 16 déc.
1989, p. 483.
204 er
Art.37,al.1 C.de1975;art.31al.2C.de1995;art. 20infineC. de2004;CS,11 oct.1977.
131
juridiction du travail, la légitimité du licenciement a été contestée par le travailleur" La Coursuprême
a jugé que la décision de la cour d'appel violant le principe de l'applicabilité immédiate de la loi de
procédure afférente à la charge de la preuve encourt la cassation.
En principe donc, toute rupture du contrat de travail est présumée abusive. Cependant,
ce principe ne peut s'appliquer qu'au licenciement. La preuve de la légitimité du licenciement doit
être apportée par I'employeur. En cas de contestation, I'employeur doit justifier sa décision. La Cour
suprême a eu ainsi I'occasion de rappeler que " toute rupture du contrat de travail étant présumée
abusive, le salarié qui demande dédommagement n'a pas à établir le bien-fondé de sa demande,
mais il appartient à I'employeur, auteur de la rupture du contrat de travail, de prouver la légitimité
de la rupture. Ne donne pas de base légale à sa décision, la cour d'appel qui se borne à prendre acte
des faits allégués contre le travailleur sans que I'employeur en ait rapporté la preuve pour justifier le
licenciement dont les motifs sont contestées par le travailleur.205
205
C.S., n° 19, 26 mars 1996, aff. Rasolofoson c. Société Henri Fraise ; C.S., n° 185,27 nov. 1990, aff. collège
Saint François Xavier c. J. Ramija.
132
I. - EXISTENCE ET DUREE DU CONTRAT A L'ESSAI
1. Existence du contrat à l'essai
L'article 35 du code du travail prévoit en son al. 1erl'obligation d'un écrit
pourqu'ilyaitengagementàl'essai. Lapérioded’essainese présume pas. Il ne peut donc y avoir essai
lorsque le contrat individuel de travail ne le prévoit pas au moment de l'embauche. La preuve de
l'existence de I'essai ne saurait résulter d'un écrit rédigé a postériori'
Néanmoins, il a été admis, dans certains cas, que la référence dans le contrat à la
convention collective, lorsque celle-ci comporte des dispositions quant à I'essai, est suffisante pour
considérer qu'il y a essai.
d'abord,qu'ilyaitexécutiondenouvellesfonctionsnécessitantune
appréciationsurlesaptitudesetlacapacitéprofessionnelledu travailleur quant à ces nouvelles fonctions
;
En tout état de cause, I'employeur ne peut se prévaloir d'un prétendu essai non
concluant en cours de contrat pour rompre le contrat de travail. Il ne peut que réintégrer le
travailleur dans ses précédentes fonctions, sinon le recours à I'essai effectué ne constituerait qu'un
moyen détourné pour tenter d'éluder les dispositions protectrices de la législation du travail en
matière de rupture du contrat'
Durant la période d'essai, le travailleur peut prétendre à tous les droits dus à un
véritable travailleur titulaire, sauf ceux afférents au licenciement. La cour d'appel de Madagascar a
eu I'occasion d'affirmer que : " Pendant la période de I'essai, le travailleur doit percevoir le salaire
correspondant à sa catégorie professionnelle. Devant les déclarations contradictoires des parties, il y
a lieu de se référer au salaire minimum légal par catégorie professionnelle, car les parties ne peuvent
pas fixer par convention un salaire moindre que le salaire minimum prévu par les textes en vigueur.
"207
2. La durée de l'essai
L'article 40 du code de 1995 avait énoncé en son al.2 : L'engagement ou le
renouvellement d'un engagement à l’essai ne peut être conclu pour une durée supérieure au délai
nécessaire pour mettre à l’épreuve le personnel engagé, compte tenu de son emploi et de sa
catégorie professionnelle ", alors que le code de 1960 avait édicté que la durée de l'essai,
renouvellement compris, ne pouvait dépasser 6 mois.
Cette limite de six mois n'a été reprise ni par le code de 1975, ni par celui de 1995. Le
code de 2004, en son article 36, dispose que :le contrat d'engagement à I'essai ne peut excéder 6
mois. Il est renouvelable une seule fois. " Cet article pose une durée maximum de l'essai. Un éventuel
206
C.A. n° 358,5 nov. 1987.
207
ibid.
133
renouvellement doit avoir été prévu dès la signature du contrat, sinon il serait illicite, même si le
salarié a signé un avenant en ce sens.
L'article 37 ajoute qu'un décret, pris après avis du Conseil national du travail, précisera
la durée de l'essai ; en attendant les prescriptions dudit décret, on se souviendra qu'en principe il
existe deux limites à la durée de I'essai :
- d'une part, l'essai ne peut être conclu pour une durée supérieure au délai nécessaire
pour mettre à l'épreuve le personnel engagé, compte tenu des techniques, des usages de la
profession et de la catégorie professionnelle du salarié. La jurisprudence est constante sur ce point ;
- d'autre part, dans tous les cas, I'engagement à I'essai ne peut porter renouvellement
compris, que sur une période maximale d'un an (art. 36).
Les deux limites de l'essai doivent être combinées : ne dépasser en aucun cas la limite
supérieure d'un an (6 mois et un renouvellement), mais ne pas dépasser non plus le délai nécessaire
pour mettre le travailleur à l'épreuve, compte tenu des techniques et usages de la profession, ainsi
que de la catégorie professionnelle du salarié.
Ainsi, par exemple, pour la jurisprudence : si un essai de 3 mois pour un manœuvre sans
aucune qualification serait valable au regard de la limite maximum (un an), il ne le sera pas au regard
des techniques et usages de la profession (délai trop long). La longueur du temps d’épreuve varie
ainsi en fonction de la catégorie professionnelle du travailleur.
Exemple : un essai de I jours est largement suffisant pour un manœuvre, sans aucune
qualification, payé à la journée ou à I'heure, alors que pour ce même travailleur, un essai de 3 mois
serait déclaré illégal. Un essai de 6 mois, pour un technicien spécialisé ou un cadre paraît
raisonnable208.
208
C.A., n° 162,21 mai 1987, aff. Société COLAS c. Rakotobe.
209
C.S., 24 fév. 1987, TPOM n° 797, 2 juin 1990, p. 200.
134
1. Tout d'abord, la notion d'abus de droit fondée sur les principes généraux de la
responsabilité civile peut intervenir pour sanctionner l'intention de nuire ou la légèreté blâmable. La
rupture de I'engagement à l'essai ne doit en aucun cas revêtir un caractère abusif. Néanmoins, il y a
renversement du fardeau de la preuve par rappor.t à la rupture de droit commun du contrat de
travail à durée indéterminée. Exemple, il y aura abus si la preuve est rapportée que la rupture de
I'essai est fondée uniquement sur une cause concernant la vie privée du travailleur et non pas sur
une insuffisance ou une incapacité professionnelle.
2. Souvent, l'employeur soutient que la rupture a été prononcée en cours d'essai, alors
qu'en fait, il n'y a pas eu essai ou que celui-ci est arrivé à son terme. Si le licenciement survient après
I'expiration de la période d'essai, il s'agit d'une rupture d'un contrat définitif avec ses conséquences
de droit. Le seul maintien du travailleur à son poste, après la période d'essai, implique son
engagement définitif, surtout si l'employeur ne peut apporter la preuve écrite d'une prolongation de
I'essai (l'absence d'acte de prorogation d'une période d'essai arrivée à terme s'analyse en une
confirmation du travailleur dans son emploi et à l'existence d'un contrat de travail à durée
indéterminée).210
210
C.A. ADD n° 107. 17 mars 1988.
135
- qui portent sur un ouvrage déterminé, dont la réalisation constitue le terme du
contrat.
Cette énumération limitative de l'al.4 de l'article 8 du Code du travail fait des contrats à
durée déterminée des contrats d'exception. Les parties n'ont plus la liberté de choisir comme elles
I'avaient jusque-là entre le contrat à durée indéterminée et le contrat à durée déterminée.
C’estseulement dans quelques cas particuliers, limitativement énumérés par le législateur, que : les
employeurs et les salariés peuvent conclure un contrat à durée déterminée.
Relevons qu'en droit français, il est interdit d'utiliser les contrats à durée déterminée
pour faire échec à un mouvement de grève (art. L 122 .3 C.trav. français)
211
RAY op.cit., p. 65.
136
c) Dans I'hypothèse du travail saisonnier, les conditions de travail sont fixées par
l'article 52 du Code du travail.
Le chef d'entreprise peut engager un travailleur saisonnier, de façon cyclique, pour la
durée nécessaire à la réalisation d'un travail saisonnier par nature.
2. Le contrat à durée déterminée est assorti d'un terme précis d'une durée maximale
de deux ans.
Le terme, en principe, est fixé par écrit, d'accord parties, lors de la conclusion du
contrat. Ce terme peut résulter d'une date convenue à I'avance ou d'une durée exprimée en mois ou
années " les cocontractants ne doivent pas insérer dans le contrat une clause autorisant les deux
parties ou l'une d'elle à résilier le contrat avant l'échéance du terme ; cette clause ôte au terme
précisé dans le contrat sa signification et le contrat sera qualifié de contrat à durée indéterminée.212
b) Cette durée doit être fixée (ex. : la durée de la construction d'une route) avec
précision au moment de la conclusion du contrat.
c) La durée du contrat dépend d'un délai préfixe ; le terme n'est donc pas affecté par
les causes de suspension liées, par exemple à la maladie du salarié.
d) Le contrat doit donc, d'abord, préciser le motif du recours au contrat à durée
déterminée, ensuite, indiquer le terme précis du contrat ou l'événement dont la
réalisation sera l'échéance du contrat.
3. Le contrat à durée déterminée est assorti d'une durée minimale de six mois Par
application de l'Art. 8 alinéa 4 du code-du travail, sont donc désormais prohibés
les contrats de travail à très courtes durées (un, deux, trois mois ...).
II.- QUALIFICATION DU CONTRAT A DUREE DETERMINEE : TRANSFORMATION
DE CE CONTRAT AFFECTE D'UN TERME EN UN CONTRAT A DUREE
INDETERMINEE
Le contrat de principe étant à durée indéterminée, en cas de contestation et en
I'absence de preuve écrite d'un terme, le contrat sera présumé avoir une durée indéterminée.
Par ailleurs, le contrat à durée indéterminée étant le contrat de droit commun, dans
plusieurs cas, il y a transformation du contrat affecté d'un terme en contrat à durée indéterminée. Le
principe est posé par I'article 9 du Code du travail : " Lorsque les conditions exigées pour un contrat
de travail à durée déterminée ne sont pas remplies, le contrat est réputé conclu pour une durée
indéterminée. " Ainsi, sont considérés conclus pour une durée indéterminée :
212
LYON-CAEN etc., op. cit., p.289.
137
1. Le contrat à durée déterminée et le contrat à I'essai, aux termes desquels aucune
des parties n'a manifesté sa volonté de cesser les relations de travail.
C'est l'hypothèse où le terme du contrat à durée déterminée ou de l'engagement à
l'essai ayant été atteint, les relations de travail entre les parties continuent tacitement et se
poursuivent entre les parties, sans qu'une nouvelle durée n'ait été précisée.
La jurisprudence avait déjà admis dans ce cas qu'un contrat de travail à durée
indéterminée s'est substitué aux mêmes conditions d'exécution du travail au contrat à durée
déterminée.
Cette règle de l’interdiction du renouvellement plus de deux fois d'un contrat à durée
déterminée est fondée sur la nécessité d'éviter les abus. Ces abus consistaient à recruter un
travailleur par un contrat à durée déterminée (ex. un mois), et à renouveler ce contrat de très
nombreuses fois. Ce système créait un climat d'incertitude et permettait à I'employeur d'échapper
au paiement du préavis et d’avoir à respecter les formalités d'ordre public exigées lors de la rupture
d'un contrat à durée indéterminée.213
Pour limiter les abus, le nouveau Code du travail ajoute que la réembauche au même
poste d'un travailleur lié par un contrat à durée déterminée, après une interruption ne dépassant pas
un mois, est considérée comme un renouvellement du contrat.
213
C.A., n° 122, avril 1985, aff. Rivoarivony Urbain c. Etat Malagasy ; C.A., n° 17, 15 janv .1987 ; C.A., n° 60, 14
août 1984 ; C.A., n° 226, 18 juin 1987, aff. Ratsimbazafy c. Société COLAS.
138
5. Enfin, il y a le cas d'un contrat présenté comme étant à durée déterminée, mais
prévoyant une clause de résiliation unilatérale, avec préavis.
En effet, un contrat de travail à durée indéterminée est caractérisé par la possibilité de
résiliation unilatérale par l'une ou l'autre des parties, avec l'octroi d'un préavis, ce qui n'est pas le cas
pour un contrat à durée déterminée. En conséquence, un contrat de travail qui, quelle que soit sa
dénomination, énonce une possibilité de rupture unilatérale avec préavis, est de nature
indéterminée.214
En tout état de cause, il appartient aux juges de restituer leur exacte qualification aux
accords conclus et aux actes litigieux, sans s'arrêter à la dénomination que les parties en auraient
donné (art. 012 C. proc. civ.).
Le contrat de travail à durée déterminée doit donc être, en principe, maintenu jusqu'à
I'arrivée du terme convenu, à moins que d'une part, les parties s'entendent et d'un commun accord
décident de mettre fin au contrat ou, d'autre part, que le contrat ait prévu expressément une cause
de rupture avant terme. Exemple, la survenance d’un événement précis : si le contrat prévoit un
travail temporaire jusqu'à la guérison du travailleur titulaire, le contrat sera rompu le jour de la
guérison du titulaire.
La durée de cet essai ne doit cependant pas être excessive. Ainsi, par exemple, un essai
de 6 mois dans un contrat à durée déterminée de 8 mois. Le juge peut, par ailleurs, voir dans cet
essai une fraude, notamment lorsque le salarié exécute plusieurs contrats successifs pour des tâches
identiques.
La durée de I'essai doit être justifiée par la finalité de l'essai ; ainsi une très longue durée
de I'essai a pour but, non pas de permettre I'appréciation des qualités du salarié, mais plutôt
d'éluder la législation protectrice sur le licenciement. La jurisprudence considère alors que le contrat
est définitivement conclu après une durée qu'elle même détermine et que la rupture du contrat (si
rupture il y a) est un licenciement et non une rupture de l'essai.
En tout état de cause, la durée de l'essai ne doit pas être excessive, compte tenu des
fonctions et de la catégorie professionnelle du salarié. En droit français, par exemple, l'essai ne peut
excéder 15 jours pour les contrats conclu pour une durée n'excédant pas 6 mois, et un mois pour les
autres cas.
214
C.A., n° 90, 18 mai 1989; Soc.22 déc. 1988, R.J.S. 2/89 n° 131 ; Soc. 27 mars 1991. bull. civ. V. n° 154.
139
I'arrivée du terme convenu donc, le contrat est rompu de plein droit, sans que I'une ou I'autre des
parties aient à observer un préavis quelconque. " Le contrat de travail conclu pour la durée du
chantier constitue un contrat de travail à durée déterminée ; l'arrivée du terme d'un tel contrat
n'ouvre droit ni à préavis ni à dommages-intérêts. "215
3. La rupture anticipée
Toute rupture anticipée d'un contrat à durée déterminée de par la volonté unilatérale
d'une des parties est en principe abusive. Des causes licites sont cependant prévues par la législation.
En tout état de cause, il est important de préciser qu'un accord contractuel de rupture
ne peut être valable que pour le seul objet d'un tel accord, soit donc la rupture du contrat. Par
contre, aucune,transaction ne peut être conclue concernant une éventuelle renonciation du salarié
aux droits qu'il tient de son contrat de travail et des dispositions législatives et réglementaires (art.
64 et 65 C.trav.).
La loi sur la théorie générale des obligations, pour sa part, édicte en son article 169 : "
Si I'un des contractants n'exécute pas ses obligations dans les conditions convenues, l'autre partie
peut demander la résolution ou la résiliation judiciaire du contrat et éventuellement des dommages-
intérêts. " Le contrat de travail étant à exécution successive, il ne peut y avoir que résiliation du
contrat de travail. De la combinaison des articles du Code du travail et de I'article 169 de la LTGO, il
215
C.S., n° 202, 3 nov. 2000, aff. Rakotonaivo c. SMATP
216
Soc.,2 déc. 1992, bull civ n° 578 ; R.J.S. 1993 n° 53, LYON-CAEN, etc., op. cit., p.398.
140
résulte que la résiliation d'un contrat à durée déterminée n'opère pas de plein droit, mais elle devrait
être demandée en justice dans l'hypothèse où la faute lourde est alléguée.
En principe donc, si I'une des parties au contrat commet une faute considérée comme
lourde, I'autre partie victime devrait d'abord saisir la justice et demander la résiliation judiciaire du
contrat.
Il y avait eu, en fait, contrôle a posteriori de la nature de la faute commise : des faits
lointains par rapport à la décision de rupture ayant déjà fait l'objet de sanction en leur temps, une
simple négligence, une faute qualifiée de légère ou de seulement grave ne pouvait pas justifier une
rupture unilatérale anticipée du contrat de travail à durée déterminée.217
Par contre, l'article 17 du code de 2004 stipule : " Le contrat de travail à durée
déterminée ne peut cesser avant terme, par la volonté d'une seule des parties, que dans les cas de
faute lourde prévue dans le règlement intérieur ou, à défaut, laissée à I'appréciation de la juridiction
compétente. "
Les juridictions du fond, aussi bien que la Cour Suprême, gardent leur pouvoir de
contrôle sur la qualification donnée à la faute par l'employeur. La Cour suprême a ainsi jugé que "
...11 appartient aux juges du fond d'apprécier si le caractère de gravité que I'employeur ou la
convention, ou le règlement intérieur attribue aux faits imputés à faute ne tend pas à faire échec aux
prescriptions impératives de la loi... "218
Même si, par exemple, le règlement intérieur prévoit que toute condamnation pénale
du travailleur constitue une faute lourde, le juge pourra considérer la condamnation pénale du
travailleur pour blessure involontaire comme n'étant pas constitutive d'une faute lourde susceptible
de justifier une rupture avant terme d'un contrat à durée déterminée.
Dans l'hypothèse où la faute reprochée au salarié n'a pas été prévue par le règlement
intérieur :
217
C.S., n° 59/97. SOC, 5 sep 2003. B.A. C.S., 2003. C.A., n° 18, 21 janv. 1988.
218
C.S., 23 avril 1959, aff. Société Logeais c. Ottavy.
141
- s'il y a eu rupture de fait immédiatement après la commission de la faute alléguée, il ne
pourra y avoir que contrôle a posteriori par les juridictions ;
- s'il n'y a pas encore eu de rupture, mais saisine du tribunal pour résiliation judiciaire du
contrat, le tribunal appréciera s'il y a eu ou non faute lourde pouvant justifier une rupture avant
terme d'un contrat à durée déterminée.
Il faut qu'il y ait une faute suffisamment lourde pour pouvoir justifier une rupture
immédiate d'un contrat à durée déterminée, soit une faute équipollente au dol. Par exemple, si la
rupture est à l'initiative du travailleur : non-paiement de salaire par I'employeur. Si elle l'est à
I'initiative de I'employeur : abus de confiance, vol, absence injustifiée, ivresse sur les lieux de travail,
etc. autant de fautes qui rendent impossible le maintien des relations contractuelles.
Pour conclure, il y a lieu de rappeler que la rupture du contrat à durée déterminée, par
l'arrivée du terme ou de l'échéance expressément prévue au contrat, est présumée légitime, dès lors
qu'il s'agit bien d'un contrat à durée déterminée. Par contre, toute rupture avant terme d'un contrat
à durée déterminée est présumée abusive.
1. Certificat de travail
a) Document obligatoirement remis
L'article 30 du code de travail prescrit ra délivrance d'office du certificat de travail par
l’employeur au salarié, dès ra cessation du travail, sous peine de dommages-intérêts. C’est une
obligationlégale qui pèse sur l’employeur et qui ne connaît aucune exception, quelle que soit la cause
de la rupture (démission, licenciement, accord des parties, retraite, etc.), et même sile salarié a
commis une faute lourde. Le certificat de travail est donc portable, ce qui n’avait pasété le cas sous
l’empire du code de 1960, lequel avait prévu enson article 39 que : " A l’expiration de son contrat,
142
tout travailleur peut exiger un certificat de travail à son employeur ". Il doit rapporter la preuve du
préjudice subi suite à une mauvaise foi de l’employeur.219
Actuellement, le seul fait pour I'employeur de ne pas délivrer certificat dès la cessation
des relations de travail est présumé occasionner un préjudice au salarié. Il n’endemeure pas moins,
cependant, que le montant des dommages intérêts à allouer dépendra de ra preuve du préjudice
subi, de ra durée du retard mis dans la délivrance et du refus éventuel de délivrance. Durant la durée
du préavis et pour permettre au salarié de trouver un nouvel emploi, I'employeur doit délivrer au
salarié une attestation provisoire d'emploi (art. 30, al.2; art.19, al. 2 C. trav.).
Doivent figurer dans ce certificat " exclusivement ", dit l'art 30 du Code de travail : " la
date de son entrée, celle de son départ, la nature de l'emploi ou des emplois successivement
occupés, les périodes pendant lesquelles ces emplois ont été tenus et les catégories professionnelles
correspondantes "' L'employeur ne peut donc y mentionner le motif de la rupture.
Cependant, ce reçu n'a aucune valeur libératoire mais constitue seulement un reçu des
sommes qui y figurent. Le travailleur ne peut se voir opposer une renonciation aux droits qu'il tient
de son contrat et des dispositions législatives et réglementaires.
219
Trib trav. Antananarivo, 3 avril 1971, TPOM n° 322, 1972, p.7128, cité par RAHARTNARTVONTRTNA, op.cit.,
143
Si le code de 1960 avait permis une telle clause de n'on-concurrence pour le travailleur
déplacé qui avait commis une faute lourde (art.21 C. trav. de 1960) durant deux années après la
rupture du contrat et dans un rayon de cent kilomètres autour du lieu de travail de son ex_
employeur, une telle disposition n'a plus été reprise par les codes ultérieurs.
144
TROISIEME PARTIE :ANNEXES
TROISIEME PARTIE :
ANNEXES
145
ANNEXE 1 :DES MECANISMES JURIDIQUES DE PROTECTION DES SALARIES
INVESTIS DE FONCTIONS REPRESENTATIVES
146
Annexe 1 : Des mécanismes juridiques de protection des salaries investis de fonctions
représentatives
Les salariés investis de fonctions représentatives sont des travailleurs protégés, car ils
bénéficient d'un statut protecteur. ll s'agit de représentants du personnel ou de représentants
syndicaux qui, en conséquence se démarquent de la masse des autres travailleurs.
L'article 150 du Code du travail précise, d'une part, que le délégué syndical est désigné
par la section syndicale de l'entreprise et, d'autre part, que " dès lors que coexistent deux sections
syndicales dans une entreprise, elles peuvent se constituer en une plate forme syndicale et désigner,
en entente entre elles, un ou plusieurs délégués intersyndicaux. La section syndicale n'ayant pas la
personnalité morale, il faudrait admettre que c'est le syndicat qui devrait procéder à la désignation
du délégué et notifier cette désignation à I'employeur ; la date de cette notification est importante,
car c'est le point de départ de la période de protection du délégué syndical. ll n'est pas nécessaire
que le syndicat qui désigne son délégué soit représentatif. La désignation ainsi que la destitution des
délégués syndicaux et intersyndicaux relèvent du pouvoir des organisations syndicales. Le syndicat
bénéficie, en conséquence, d'une pleine liberté de désignation du délégué syndical. Contrairement à
ce qui existe pour le délégué du personnel, il n'y a pas deux catégories de délégués syndicaux
(titulaire et suppléant), le texte ne mentionne que le délégué syndical titulaire.
Le dernier alinéa de l'article 152 du code de 2005 spécifie que les fonctions de délégué
syndical sont incompatibles avec celles de délégué du personnel, alors que les codes antérieurs
avaient prévu la possibilité du cumul des mandats. On peut se demander la raison exacte de la
suppression de cette possibilité du cumul, alors que d'une part, on constate au sein des entreprises
une absence de vocation militante et que, d'autre part, cette interdiction du cumul constitue un
obstacle à la présence syndicale dans les petites entreprises puisqu'elle obligera chaque syndicat
désireux d'être pleinement présent à disposer de deux salariés suffisamment motivés et formés.
147
Des représentants du personnel (titulaire et suppléant) siègeant au comité d'entreprise
sont élus au sein de l'entreprise. C'est le décret n° 2005 - 728 du 8 novembre 2005 qui fixe l'effectif
des membres au sein du comité d'entreprise, l'exercice de leurs fonctions, ainsi que les modalités de
leur élection, révocation et remplacement.
3. Le délégué du personnel
L'institution de délégué du personnel avait été déjà prévue par le code du travail des
territoires d'outre mer de 1952 et a été reprise, après l’indépendance, par les différents codes du
travail qui se sont succédés.
Les délégués du personnel sont obligatoirement élus dans leurs établissements où sont
employés plus de onze salariés (art. 153 C. trav.). Le Code du travail, en ses articles 153 et suiv.,
précise le cadre général des modalités de l'élection.
2°- Dorénavant, le mandat du délégué du personnel est de deux ans, avec une possibilité
de prolongation de deux mois, alors qu'il était auparavant d'un an (art.142, C. de 1995).
En principe, l'élection doit être organisée avant I'expiration du mandat des délégués
sortants220. En conséquence, si de nouvelles élections n'ont pas été organisées, compte tenu de la
carence de l'employeur, celui-ci est passible de sanctions pénales (art. 153 al.3). Il appartient à
I'inspecteur du travail de dresser un procès-verbal constatant cette carence, laquelle doit être
considérée comme constituant une entrave à I'exercice de [a mission du délégué du personnel,
infraction prévue et réprimée par l'article 258 al.2 du Code du travail.
220
Art. 8, arr. n° 421 du 26 janv. 1968 sur le délégué du personnel
148
Par contre, si la tenue de nouvelles élections s'avère impossible du fait de la carence des
organisations syndicales, l'inspecteur du travail constate cette carence et peut autoriser le vote pour
des candidats non présentés par les organisations syndicales. S'il y a encore carence des travailleurs,
I'employeur ne peut être poursuivi sur le plan pénal. Néanmoins, il ne peut se prévaloir de cette
carence pour considérer qu'il n'y a aucun représentant du personnel au sein de l'entreprise. En effet,
la jurisprudence décide de manière constante que les anciens délégués du personnel continuent à
exercer leur fonction, jusqu'à la désignation de nouveaux délégués du Personnel.
Est électeur tout travailleur majeur ayant travaillé sans interruption dans l'établissement
pendant au minimum six mois. Est éligible tout travailleur ayant travaillé pendant plus d'un an dans
l'établissement et jouissant de ses droits civiques.
Les délégués sont élus sur des listes établies par les organisations syndicales les plus
représentatives, ou à défaut par lesmembresdupersonneleux-mêmes,auscrutinsecretetau premier
tour pour chaque catégorie du personnel au sein de chaque établissement.
Le délégué du personnel peut être révoqué par le collège des travailleurs qui l'â élu,
après approbation des deux tiers au moins des membres dudit collège.
149
connaître du litige. " Le recours au tribunaldutravailn’estpasdenatureàaccélérerlerèglementdu
contentieuxélectoraletenlèveenconséquenceàl’institution tout sonintérêt. En
effet,lesopérationsélectoralesdoiventêtre suspendues durant une période assez longue en attendant
l'issue de la procédure judiciaire.
Ils donnent leur avis sur les mesures de licenciement envisagées, en cas de licenciement
économique ou de réorganisation interne de l'établissement.
Pour I'accomplissement de leur mission, les délégués du personnel disposent d'un crédit
de quinze heures par mois, ces heures devant être rémunérées et considérées comme temps de
travail.
Les entraves à l'exercice régulier des fonctions d'un délégué du personnel sont
sanctionnées pénalement, et toute personne coupable d'une telle entrave pourra être punie d'une
amende jusqu’à 1.600.000 ariary et d'un emprisonnement de trois mois à un an, ou de l'une de ces
deux peines seulement (art. 258 al.2 C.trav.).
150
fautes qui avaient été commises par I'ancien délégué au cours de son mandat, éludant ainsi les
mesures de protection légale. Ainsi, si I'employeur estime que les fautes qui avaient été commises
étaient suffisamment lourdes pour justifier un licenciement, il aurait dû prendre les mesures
nécessaires en son temps ; l'employeur ne peut être admis à se prévaloir desdites anciennes fautes
pour rompre le contrat après la période de protection221.
3°- Le comité de la liberté syndicale de l'OIT préconise une protection adéquate contre
tous actes de discrimination antisyndicale, dont, outre le licenciement, le transfert, les mutations
fréquentes, la rétrogradation et autres actes préjudiciables au salarié protégés222, étant entendu que
la discrimination antisyndicale concerne tout acte ayant pour but de congédier un travailleur ou de
lui porter préjudice par tout autre moyen, en raison de son affiliation syndicale ou de sa participation
à des activités syndicales.223
Aussi, dès lors que la mutation est de nature à nuire à I'exercice du mandat, l'employeur
doit engager la procédure spéciale de licenciement.225
5°- Enfin, signalons le cas très fréquent du licenciement économique et plus précisément
de la compression de personnel. Dans le cas de congédiement collectif pour fermeture d'entreprise' il
n'y a plus risque de friction, aussi la protection spéciale n'a-t-elle plus sa raison d'être, bien que le
chef d'entreprise soit tenu de déclarer aux autorités compétentes toute cessation d'activité.226
Par contre, dans le cas d'une simple réduction de personnel, la procédure spéciale doit
être observée pour éviter que I'employeur ne prenne prétexte de ce procédé pour se débarrasser
d'un représentant syndical ou d'un représentant du personnel encombrant. Le comité de la liberté
syndicale du BIT préconise expressément que " des actes de discrimination antisyndicale ne
devraient pas être autorisés, sous couvert de licenciement économique227.
6°- Si l'employeur envisage de rompre avant terme le contrat à durée déterminée d'un
représentant syndical ou d'un représentant du personnel, peut-il solliciter la résiliation judiciaire d'un
tel contrat ? La jurisprudence malgache n'a pas encore eu I'occasion de statuer sur une telle
221
C.A., n° 137, 30 avril 1987 et n° 293, 06 oct. 1988.
222
Liberté syndicale, recueil de décisions et de principes du comité de la liberté syndicale du BIT, n° 724, p 154.
223
Ibid., n° 694, p. 149.
224
Art. 11 al. 2 code du travail.
225
Soc.,2 juil. 1980, B. 586, 31 mai 1995, D. soc. 1995.683.
226
O. n" 79-019, 22 mai 1973 portant déclaration à faire auprès du ministre chargé de l'économie et des
finances.
227
Liberté syndicale, n° 718, op.cit., p. 153.
151
hypothèse, En droit français, la règle est originale dans la mesure où elle a pour effet de substituer
l'autorité administrative à l'autorité judiciaire pour rompre le contrat à durée déterminée.228
- s'il s'agit d'un licenciement pour motif personnel ou pour motif économique individuel,
I'employeur doit d'abord convoquer le travailleur protégé pour I'entretien préalable prévu par
l'article 22 (à moins que l’entreprise ne dispose d'un conseil de discipline devant lequel le travailleur
pourrait présenter sa défense) ; puis consulter le comité d'entreprise (art. 159) si l'entreprise occupe
plus de cinquante travailleurs ; et enfin, adresser sa demande d'autorisation de licenciement à
l’inspecteur du travail, s'agissant d’un salarié protégé ;
228
LYON-CAEN etc., op.cit., p. 648.
229
Art. 239 C. trav ; la République démocratiquemalgachearatifiélaconvention n°81 du 11juillet1947sur
l'inspection du travail.
152
matérialité et la gravité des faits reprochés au représentant du personnel. Il doit notamment
rechercher :
- si la faute commise est lourde ou suffisamment grave pour que les relations de travail
ne puissent plus être maintenues ;
- si, eu égard à certaines sanctions légères prises pour des fautes similaires commises
par d’autres travailleurs, il n’ya pas inégalité de traitement ;et dans la mesure où le motif est d'ordre
économique, si la situation de l'entreprise justifie le licenciement.
Les obligations qui pèsent sur |inspecteur du travail consistent, d'une part, à rendre sa
décision dans un délai déterminé, et d’autre part, à ne pas fonder sa décision sur des faits
matériellement inexacts, sinon sa décision encourt l’annulation.
2. Voies de recours
a) Recours hiérarchique un recours peut être exercé par l'employeur quand le
licenciement a été refusé, ou par te représentant du personnel concerné quand le
licenciement a été autorisé.
Le ministre du travail saisi use de son contrôle hiérarchique dans toute la plénitude de
celui-ci ; il examine aussi bien la légalité que l'opportunité de la décision prise. Il peut confirmer,
153
annuler ou reformer la décision de I'inspecteur du travail. Le défaut de réponse du ministre à
l'expiration d'un délai de quatre mois de sa saisine équivaut à un rejet du recours230
b) Recours contentieux.
La décision de l'inspecteur du travail ou celle du ministre du travail,
s'ilyaeurecourshiérarchique,peutêtredéféréepourexcès de pouvoir devant le Tribunal administratif
ou le conseil d'Etat de la Cour suprême,231selon le cas.
230
Cf. art, 137, al.4 de la loi organique n° 2004-36 du 28 juil. 2004, sur la Cour suprême.
231
C’est l’une des trois Cours, à côté de la Cour de cassation et de la Cour des comptes, que comporte la Cour
suprême malgache ; l’art. 129 de la loi organique n° 2004-036 du 28 juil. 2004 relative la Cour suprêmeindique
que le Conseil d’Etat est juge de droit commun en premier et dernier ressort en matière administrative ''. Le
Conseil d'Etat, prévu par la loi organique sur la Cour suprême, remplace la chambre administrative de la loi
n°60-0013 du 19 juil. 1961 portant création de la Cour suprême.
232
C.S.adm.,arrêtdeprincipe n° 5 du 15 janv. 1986,aff. BernardinRabec. SMIA :''LespouvoirsdelaCour se bornent
à -un contrôle de la légalité de l'autorisation de licenciement, ledit contrôlene constituant qu'un contrôle
minimum, aux seules fins de vérifier s'il y a eu violation de la loi, détournement de pouvoir, vice de procédure
ou incompétence de l'auteur de l'acte,ne permet pas notamment à la chambre d'apprécier si l'intéressé a
commis une faute ou non laquelle appréciation ressortit au juge judiciaire, à moins qu'il y ait eu erreur
manifeste d'appréciationdes faits par l'inspecteur du travail, auquel cas le pouvoir de censure de la juridiction
administrative réapparaît.
233
C.S. adm., n° 44, 24 avril 1985.
C.S. adm. n° 78 du 17 septembre 2003 aff. Razafinirina Odette c. SOMACODIS
234
C.S. adm., n° 27, 11 mars 1981.
154
Néanmoins, l’autorisation de licenciement de l'inspecteur du travail purge la procédure
de toutes les irrégularités qui auraient pu l'entacher des vices antérieurs qui auraient pu l'affecter235.
Le licenciement autorisé est régulier et valable.
Il est important de rappeler que la demande d'autorisation faite par l’employeur doit
préciser les motifs sur lesquels se fonde la demande (gravité des fautes professionnelles reprochées
au salarié protégé ou la justification du motif économique), de sorte que I'inspecteur du travail
puisse procéder à la vérification des faits allégués, et déterminer essentiellement si le licenciement
demandé n'est pas en rapport avec les fonctions représentatives ou I'appartenance syndicale de
I'intéressé, et si les faits reprochés sont d'une gravité suffisante pour justifier son licenciement, ou
enfin si le motif allégué est d'ordre économique, dans quelle mesure la situation de I'entreprise,
après analyse des documents, nécessite réellement une suppression de poste…
Aussi, permettre au juge judiciaire saisi d'une demande de dommages' intérêts pour
licenciement abusif d'apprécier le fondement de la décision de licenciement, I'existence ou non
d'une cause réelle et sérieuse, c’est lui permettre de censurer la décision administrative, et donc de
violer le principe de la séparation des pouvoirs' En conséquence, dans la mesure où la décision de
l'inspecteur du travail aurait fait l’objet d'un recours hiérarchique ou contentieux devant le Conseil
d'Etat, le juge judiciaire devrait surseoir à statuer jusqu'à l’appréciation de la validité de la décision
d'autorisation devant le juge administratif236.
Si le juge judiciaire n'a pas compétence pour apprécier la légitimité du licenciement d'un
délégué syndical ou d'un délégué du personnel autorisé par I'autorité administrative, il doit
néanmoins apprécier le degré de gravité de la faute au regard du droit à indemnité de préavis238.
Ainsi, le juge judiciaire pourra décider, en I'absence de faute qualifiée de lourde, d'octroyer un
préavis au représentant du personnel dont le licenciement a été autorisé par décision administrative.
Cependant, pour apprécier le degré de gravité de la faute commise par le délégué du personnel, le
235
C.S., n° 54,27 mars 1990, dos. 190/88 aff. SMIAc. Bernardin Rabe.
236
Cass. soc., 26 nov. 1997, JCPE 1998 p 105 ; Cass. Soc., 28 mars 2000, D. soc. 2000. P. 614
237
C.S. adm., n° 27, 11 mars 1981, aff. SINPAc. R. Rakotondralamba:
" Commet un excès de pouvoir, l'inspecteur du travail qui refuse d'autoriser le licenciement du délégué du
personnel, alors qu'il ressort de l'instruction notamment des débats que ce dernier s'est rendu coupable de
corruption " ; C.S.adm., n° 44,24 avril 1985, aff. D. Randrianasolo c. Hôtel de Thermes : " Le juge administratif,
par la voie de recours pour excès de pouvoir, vérifie la matérialité des faits reprochés au délégué du personnel
et sanctionne l'erreur manifeste d'appréciation ... La décision de l'inspecteur du travail qui a refusé d'autoriser
le licenciement du délégué du personnel RD, lequel a été condamné à l'emprisonnement pour abus de
confiance et falsification, doit ainsi être annulée ".
238
Cass. soc., 26 oct. 1999.
155
juge judiciaire ne peut prendre en considération que les fautes retenues par l'autorité
administrative239.
2. Refus d'autorisation
a) Effets du refus d'autorisation.
En principe, si l'inspecteur du travail refuse le licenciement, le représentant du
personnel en cause continue à faire partie du personnel de I'entreprise dans les mêmes conditions
qu'auparavant. ll en est de même dans le cas où la décision d'autorisation a été annulée, soit sur
recours hiérarchique, soit sur recours contentieux. En effet, l'annulation de I'autorisation a pour
conséquence le refus d'autorisation.
239
Cass. soc., 10 juil. 2001.
240
C.A. n° 228, 16 déc. 1982, aff. Air Madc.Berantoson; confirméepar C.S., n° 31,10 avril1984et C,S. toutes
chambres réunies, n° 6, 13 janv. 1987 ; C A., n° 18, 29 janv. 1981 ; C A. n° 299, 6 août 1987.
241
C.S., toutes chambres réunies, n° 6, 13 janv.1987 : aff. Air Mad c. Berantoson.
242
C.A., n° 228, 16 déc.1982.
156
Cette possibilité de saisine du juge judiciaire est cependant contestable ; en effet,
l'action en résiliation ne pouvait être engagée par l'employeur qu'après le refus de l'inspecteur du
travail d'autoriser le licenciement, et un tel refus logiquement devait entraîner la reprise du travail
par le délégué, en mettant fin à la mise à pied, si elle avait été prononcée.
Or, engagée avant la décision de refus elle serait un détournement des règles
protectrices du statut du salarié protégé ; engagée sans qu'il y ait reprise du travail par le salarié, elle
serait une tentative de régularisation d'une rupture abusive déjà consommée.
Cette dualité de procédure n'a plus été admise en droit français depuis 1974243. La Cour
de cassation française, en chambre mixte, affirme dans un attendu de principe que : " Les
dispositions législatives soumettant à l'assentiment préalable du comité d'entreprise ou à la décision
conforme de l'inspecteur du travail le licenciement des salariés légalement investis de fonctions
représentatives, ont institué, au profit de tels salariés, et dans l'intérêt de I'ensemble des travailleurs
qu'ils représentent une protection exceptionnelle et exorbitante du droit commun, qui interdit par
suite à I'employeur de poursuivre par d'autres moyens la résiliation du contrat de travail. " En droit
français, en effet, toute action en résiliation judiciaire du contrat de travail du salarié protégé est
déclarée irrecevable. Le seul fait d'engager une telle action, au lieu de solliciter l'autorisation légale
de licenciement, constitue le délit pénal d'entrave. Ainsi, " depuis 1974, un employeur ne pouvait
plus obtenir la rupture du contrat de travail d'un représentant du personnel ou d'un délégué syndical
par la voie de la résiliation judiciaire, les juges civils déclarent la demande irrecevable et les juges
répressifs condamnent pour délit d'entrave I'employeur qui introduit une telle demande. Le principe
de la séparation des pouvoirs interdit au juge judiciaire de se prononcersur les questions qui sont de
la seule compétence de I'autorité administrative, et notamment sur le caractère réel et sérieux du
licenciement.244
243
Cass. ch. mixte, arrêts Perrier du21 juin 1974, Dalloz, 1974.593
244
LYON-CAEN, etc., op.cit., p.630.
245
C.S. adm., n° 376, 20 sept. 2000, Recueil de jurisprudence de la chambre administrative (R.J.C.A.), 1977 à
2003, jurid'lka, p. 453.
157
Le juge administratif se devant de contrôler et d'apprécier, non seuiement la matérialité
des faits imputés à faute au salarié protégé' mais également I'appréciation qui en a été faite par
l'inspecteur du travail, et le cas échéant par le ministre chargé du travail246, ainsi, la chambre
administrative de la Cour suprême a pu juger :
" Considérant que les délégués du personnel de par leur mandat exercé dans I'intérêt de
l'ensemble des travailleurs, jouissant d'une situation privilégiée les plaçant hors du droit commun et
subordonnant, par suite, leur licenciement à I'existence d'une faute grave ; considérant que pour
autoriser le licenciement, la décision litigieuse de l'inspection du travail énonce :Attendu que la
SIRAMA dans sa déclaration avance les motifs suivants pour soutenir sa demande : insubordination
manifeste envers ses chefs hiérarchiques, abandon de poste répété, diffusion des lettres et tracts
visant à créer des troubles au sein de la société : après avoir analysé les preuves apportées par les
parties et fait une enquête sur place, décide : article unique - La Siramamy Malagasy d'Ambilobe est
autorisée à rompre le contrat de travail qui la lie à son employé M. Managnama, délégué du
personnel ; considérant cependant qu'il ressort de l'instruction [....], qu'il s'ensuit que les griefs
n'apparaissent pas fondés ; qu'ainsi, en utilisant illégalement la procédure de résiliation du contrat
de travail à son encontre, l'acte de I'inspecteur du travail attaqué se trouve être entaché d'excès de
pouvoir et ne peut dès lors qu'encourir l'annulation. "
1. La réintégration
L'al.4 de I'article 144 du code de 1995 prévoit que : " si le licenciement est refusé, la
décision prise par I'employeur est nulle et non avenue. Cette disposition a été textuellement reprise
par l'al.4 de I'article 156 du code de 2004.
246
C.S. adm., n° 173, 7 janv 1987, R.J.C.A. op cit. p.221.
C.S. Adm., n°78, 17 septembre 2003, aff Razafinirina c. Somacodis : " La décision de I'inspecteur du travail de
Fianarantsoa, portant refus de I'autorisation de licenciement a encore fait I'objet de recours hiérarchique ; que
le Ministère de la Fonction Publique I'a annulée en motivant la sienne sur l'existence d'une faute caractérisée
par la soustraction frauduleuse des dossiers ; que les juridictions pénales successivement saisies n'en ont pas
tenu compte, I'une en relaxant la requérante par jugement, l'autre en déclarant irrecevable l'appel interjeté
par la SOMACODIS par arrêt... Que dans ces conditions de décision du Ministère est entachée d'excès de
pouvoir, qu'il echet de I'annuler.
247
Soc., 3 juin 1948, Dalloz (? ? ?) 1948, p.510.
248
Cass. soc., 14 iuin 1972, aff. Société Comptoir des revêtements, Revêt- SOP c. Dal Poz.
158
I'employeur est passible de sanctions pénales pour délit d'entrave aux fonctions des représentants
du personnel249.
Ensuite, sous l'empire des codes antérieurs à celui de 1995, si les dispositions de la loi
(art. 110 C. de 1960 et art. 120 C. de 1975) exigeaient I'autorisation de l’inspecteur du travail pour
tout licenciement d'un délégué du personnel ou d’un délégué syndical (art. 19 C. dé 1975), lesdites
dispositions ne prévoyaient aucune sanction à I'encontre d'un licenciement non autorisé, I'art. 120
du code de 1975 en son al.4 ne prévoyant que la nullité d'une éventuelle mise à pied.
249
Chambre crim.,28 mai 1969, arrêt Rada, Dalloz 1968, p. 471.
250
RAHARINARIVONIRINA, op.cit., pp. 195-196.
251 er
La convention n° 87 de 1948, ratifiée par Madagascar le 1 nov. 1960 se rapporte à un droit fondamental du
travailleur solennellement réaffirmé par la déclaration de I'OIT de 1998 ; Protection contre le licenciement
ème
injustifié, BIT conférence internationale du travail, 82 session, 1995, p,46.
159
enfin, [la recommandation] précise que la possibilité d'être réintégré dans leur poste de travail
devrait être ouverte aux personnes qui ont été I'objet de discrimination antisyndicale "252.
Ainsi, si I'employeur se fait justice à lui-même et prolonge malgré tout la mise à pied au-
delà de la décision de refus d'autorisation, son attitude doit être assimilée à une entrave à l'exercice
des fonctions du représentant du personnel, celui-ci étant dans l'impossibilité d'exercer ces fonctions
électives, En pratique donc, c'est par des poursuites pénales pour entrave aux fonctions des
représentants du personnel qu'il y aurait le plus de chance d'amener I'employeur à réintégrer le
travailleur dans son emploi.
Les tribunaux malgaches ont très rarement eu à connaître des poursuites pénales pour
entrave à l'exercice des fonctions d'un délégué du personnel. Citons, néanmoins, un arrêt de la Cour
d'appel de 1965254qui a expressément dit que " le licenciement irrégulier ne saurait constituer à lui
seul l'entrave à l'exercice régulier des fonctions du délégué... Il y a seulement une présomption
simple que l'employeur a porté atteinte à I'exercice régulier des fonctions du délégué ; il appartient à
l'employeur de combattre cette présomption ".
2. Indemnisation, réparation
Dans l'hypothèse où il y a impossibilité de réintégration, c'est-à-dire impossibilité de
remise en état du droit violé, l'employeur devra réparer le préjudice subi. Ce sera le cas, en premier
lieu, dans l'hypothèse où le représentant du personnel ne demande pas sa réintégration, mais
considère comme définitif le licenciement prononcé à son encontre et sollicite une indemnisation et
des dommages-intérêts pour licenciement abusif.
Dans ces conditions, les juridictions du travail constatent la rupture effective du contrat
de travail à l'initiative de l'employeur ; le licenciement sera nécessairement abusif pour non-respect
252
La liberté syndicale, recueil de décision et de principes du comité de la liberté syndicale du conseil
ème
d'administration du BIT, 4 édit., 1996, p. 154 à 160.
253
Crim., 28 mai 1908, Dalloz 1969, p. 471 ; crim., 26 mai 1961.
254
C,A. correc., n° 121,23 fév. 1965,
255
C,A., n° 18, 29 janv. 1981.
160
du statut protecteur du délégué du personnel ou du délégué syndical, sans qu'il soit besoin
d'apprécier le comportement fautif allégué par l'employeur256.
- d'abord, au cas où une mise à pied conservatoire a été décidée par I'employeur, à une
indemnité compensatrice de la perte de ses salaires entre le début de la mise à pied et la décision de
refus d'autorisation de l'inspecteur du travail ;
Ainsi, dans l'hypothèse où le salarié protégé aurait commis une faute grave ou même
lourde, mais que I'employeur no se serait pas inquiété de solliciter une autorisation de licenciement,
la troisième partie de l’indemnité pourra ne pas être accordée.
256
C,A., n° 380, 19 nov. 1987.
161
TABLE DES MATIERES
PRÉFACE ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 3
INTRODUCTION GÉNÉRALE-------------------------------------------------------------------------------- - 1 -
162
SECTION III LES SOURCES : L'ÉLABORATION DES RÈGLES DU DROIT DU TRAVAIL ----------------------------------- - 20 -
I. LES SOURCES INTERNATIONALES -------------------------------------------------------------------------------------------- - 20 -
1. Les sources internationales en dehors de I'OIT --------------------------------------------------------------------- - 20 -
2. Les normes internationales du travail) dans le cadre de I'OIT ------------------------------------------------- - 21 -
a) L'Assemblée générale de I'Organisation international du travail, dénommée Conférence
internationale de travail. ---------------------------------------------------------------------------------------------- - 24 -
b) Le Bureau international du travail (BlT) ------------------------------------------------------------------- - 25 -
II. LES SOURCES ÉTATIQUES ----------------------------------------------------------------------------------------------------- - 25 -
1. La Constitution de la République malgache de 1992, révisée par la loi constitutionnelle n° 98-001
du 8 avril 1998. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ - 25 -
2. La loi votée par le Parlement, dont la loi n° 2003-044 du 28 juillet 2004 portant code du travail,
auquel il faut ajouter la loi relative à la théorie générale des obligations du 2 juillet 1966. Le Code du
travail est complété par de nombreux décrets et arrêtés élaborés par le gouvernement. --------------- - 26 -
III. LA JURISPRUDENCE ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ - 26 -
1. La jurisprudence proprement dite ---------------------------------------------------------------------------------- - 26 -
2. Les décisions et principes posés par le Bureau International du Travail (BIT) ------------------------- - 27 -
IV. LES SOURCES PROFESSIONNELLES ---------------------------------------------------------------------------------------- - 28 -
1. Les usages ou pratiques ----------------------------------------------------------------------------------------------- - 28 -
2. Les conventions collectives et les accords d’établissements ----------------------------------------------- - 29 -
3. Le règlement intérieur ------------------------------------------------------------------------------------------------- - 29 -
163
b) La procédure étant par principe très rapide et les renvois n'étant pas permis sauf exception, la
procédure du juge de la mise en état prévue par le code de procédure civile ne s'applique pas. -- - 37 -
c) La célérité de la procédure se trouve accentuée par la réduction des délais. Le délai pour se
pourvoir en cassation est d'un mois, les procédures étant considérées comme des affaires urgentes. -
37 -
d) La décision du tribunal de travail relative aux créances salariales bénéficie de l'exécution
provisoire de plein droit, lesdites créances ayant un caractère alimentaire. ----------------------------- - 37 -
3. Règlement amiable des litiges --------------------------------------------------------------------------------------- - 37 -
a) Le règlement à l'amiable du conflit par I'lnspection du travail est prévu par les articles 199 et
suivants du Code du travail. ---------------------------------------------------------------------------------------------- - 37 -
b) Avant tout débat, le tribunal du travail doit procéder à une tentative de conciliation. -------- - 38 -
4. Représentation particulière des parties -------------------------------------------------------------------------- - 38 -
III. LES JURIDICTIONS RÉPRESSIVES : TRIBUNAL DE SIMPLE POLICE ET TRIBUNAT CORRECTIONNEL --- - 39 -
1. Infractions relatives aux relations de travail et pénalités --------------------------------------------------- - 39 -
2. Procédure en droit pénal du travail -------------------------------------------------------------------------------- - 39 -
SECTION III FORMATION DU CONTRAT DE TRAVAIL : L'ÉTABLISSEMENT DES RELATIONS DE TRAVAIL ---------- 50
I. ASPECTS JURIDIQUES DE L'EMBAUCHE LORS DE LA FORMATION DU CONTRAT DE TRAVAIL ----------------- 50
A.- Le consentement --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 50
1. Manifestation du consentement ---------------------------------------------------------------------------------------- 50
a) L'offre de contracter ------------------------------------------------------------------------------------------------- 50
b) Le contrat entre absents ou le contrat par correspondance -------------------------------------------- 51
2. Les caractères du consentement ---------------------------------------------------------------------------------------- 51
164
a) Le consentement doit être personnel au salarié ------------------------------------------------------------ 51
b) Le consentement doit être exempt de vices ----------------------------------------------------------------- 51
B. - La capacité de s'engager ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 52
1. L'âge minimum d'emploi : l'âge d’embauche -------------------------------------------------------------------- 52
2. Les mineurs émancipés------------------------------------------------------------------------------------------------- 53
3. Les mineurs de plus de 15 ans---------------------------------------------------------------------------------------- 53
C. - Les limitations à la liberté d'embauche --------------------------------------------------------------------------------- 53
1. Interdictions de pratiques discriminatoires ---------------------------------------------------------------------- 53
2. Interdictions particulières des femmes dans certains emplois --------------------------------------------- 54
II.- CONDITIONS DE FORME DU CONTRAT DE TRAVAIL : OBLIGATION D'UN ÉCRIT --------------------------------- 54
A.- Le régime général de la formation du contrat de travail ----------------------------------------------------------- 54
B. - Régimes particuliers ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- 54
1. Le contrat d'apprentissage -------------------------------------------------------------------------------------------- 55
2. L'engagement à l'essai ou contrat à I'essai ----------------------------------------------------------------------- 55
3. Le travailleur déplacé --------------------------------------------------------------------------------------------------- 56
4. Le travailleur étranger -------------------------------------------------------------------------------------------------- 56
165
a) Conditions d'octroi --------------------------------------------------------------------------------------------------- 71
b) Rémunération des heures supplémentaires ----------------------------------------------------------------- 72
D. Le régime particulier aux entreprises agricoles. --------------------------------------------------------------------------- 72
1. Les établissements assujettis à ce régime particulier sont :------------------------------------------------- 72
2. Il y a possibilité de récupération des heures perdues par suite de mortes saisons, ou par suite
d'accidents survenus au matériel, de sinistre ou d'intempéries ou de cas de force majeure. ----------- 72
4.- LE TEMPS DE REPOS --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 73
A. Le temps de repos journalier et hebdomadaire --------------------------------------------------------------------------- 73
1. Le repos journalier ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 73
2. Le repos hebdomadaire ------------------------------------------------------------------------------------------------ 74
a) Le repos hebdomadaire proprement dit ---------------------------------------------------------------------- 74
1° - Le principe du repos hebdomadaire. " il est interdit d'occuper plus de 6 jours par semaine
un même employé ou ouvrier. " Ce repos doit avoir une durée minimum de24 heures
consécutives --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 74
2°- Les tempéraments apportés au principe de repos hebdomadaire. ---------------------------------- 74
b) Le repos dominical --------------------------------------------------------------------------------------------------- 75
1° - Les dérogations de plein droit concernent beaucoup d'établissements qui travaillent
régulièrement et nécessairement le dimanche. ---------------------------------------------------------------- 75
2°- Les dérogations sur demande sont possibles pour les établissements non prévus dans la liste
des établissements pouvant bénéficier de plein droit de la dérogation.-------------------------------- 75
3° - Les dérogations occasionnelles concernent le commerce au détail quand une fête locale
tombe le dimanche. ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 75
3. La rémunération du repos hebdomadaire du dimanche ----------------------------------------------------- 75
B. Les jours fériés ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 75
1. Principe des jours fériés ------------------------------------------------------------------------------------------------ 76
2. Rémunération des jours fériés --------------------------------------------------------------------------------------- 76
C. Le congé payé ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 76
1. Historique et fondement du congé payé -------------------------------------------------------------------------- 77
2. Les conditions d'octroi du congé payé ----------------------------------------------------------------------------- 77
3. Les modalités de prise du congé payé ----------------------------------------------------------------------------- 78
4. La rémunération du congé annuel ---------------------------------------------------------------------------------- 78
a) L'allocation de congé ------------------------------------------------------------------------------------------------ 78
b) L'indemnité compensatrice de congé -------------------------------------------------------------------------- 79
c) Le régime juridique du congé ------------------------------------------------------------------------------------- 80
166
A. Le salaire minimum d'embauche (SME) -------------------------------------------------------------------------------------- 85
1. Notion et fixation du salaire minimum d'embauche ------------------------------------------------------------------ 85
2. – Évolution du salaire minimum d’embauche--------------------------------------------------------------------------- 86
a) Les zones de salaires.------------------------------------------------------------------------------------------------ 86
b) Le montant du SMIG ------------------------------------------------------------------------------------------------ 86
B. Les salaires par catégories professionnelles -------------------------------------------------------------------------------- 87
1. Détermination des salaires par catégories professionnelles ------------------------------------------------------- 87
2. Indice d'embauche et indice d'ancienneté ------------------------------------------------------------------------------- 87
a) L'indice minimum d'embauche ----------------------------------------------------------------------------------- 88
b) L'indice minimum d'ancienneté ---------------------------------------------------------------------------------- 88
3. Des cas particuliers de détermination de salaires --------------------------------------------------------------------- 88
a) Le cas du travail à la tâche ou aux pièces. -------------------------------------------------------------------- 88
b) Le personnel cadre --------------------------------------------------------------------------------------------------- 88
c) Détermination et base de calcul des majorations de salaires ------------------------------------------- 89
4. Litiges relatifs à la classification professionnelle. ---------------------------------------------------------------------- 89
a) Le critère essentiel et déterminant pour le classement du travailleur est la nature effective
du travail qu'il accomplit d'une manière permanentes ? -------------------------------------------------------- 89
b) Des problèmes de classification surgissent également lorsque le travailleur effectue l'intérim
d'une catégorie supérieure ou inférieure. --------------------------------------------------------------------------- 90
c) En cas de cumul d'attributions, le travailleur habituellement affecté à des travaux relevant de
deux catégories professionnelles différentes aura la garantie du salaire minimum de la catégorie
.
correspondant à la qualification la plus élevée, et non pas à un double salaire ------------------------- 90
d) Enfin, concernant la recevabilité d'une demande en classification professionnelle après la
rupture des relations de travail, le salaire minimum par catégorie professionnelle est d'ordre
public. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 90
5. Principe d'égalité de rémunération interdiction de discrimination fondée sur le sexe --------------------- 92
III. - RÉGIME JURIDIQUE DU SALAIRE --------------------------------------------------------------------------------------------- 93
A. Modalités de paiement ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 93
1. Le lieu de paiement du salaire ----------------------------------------------------------------------------------------------- 93
2. La périodicité et l'époque de paiement du salaire --------------------------------------------------------------------- 93
3. La forme le paiement du salaire --------------------------------------------------------------------------------------------- 93
B. La protection du salaire ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 94
1. Les retenues sur salaire L'article 69 du Code du travail -------------------------------------------------------------- 94
2. Compensation du salaire La retenue peut également se présenter sous la forme d'une compensation
lorsque I'employeur et le salarié se trouvent débiteurs I'un envers I'autre (art. 364 et 365 LTGO). ------- 94
3. La transaction --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 95
C.- La preuve du paiement de salaire --------------------------------------------------------------------------------------------- 95
D.- La prescription de l'action en paiement de salaire ---------------------------------------------------------------------- 96
167
3. Au-delà de 14 mois de détention, I'employeur peut rompre le contrat de travail en payant les
droits du travailleur, dont en particulier le préavis. -------------------------------------------------------------- 99
4. Le travailleur est tenu d'aviser I'employeur et de sa détention et de la fin de cette détention,
à moins qu'eu égard aux circonstances dans lesquelles la détention a eu lieu, I'employeur était
nécessairement au courant de cette détention. ----------------------------------------------------------------- 100
III. SUSPENSION DU CONTRAT DE TRAVAIL- POUR CRISE ÉCONOMIQUE : LE CHÔMAGE TECHNIQUE ------ 100
1. Les nécessités économiques ou des difficultés techniques passagères, -------------------------------------- 100
2. Il appartient à I'employeur auteur de la suspension des contrats d'aviser ses travailleurs salariés de la
réouverture de I'entreprise, dès la disparition du motif invoqué ayant justifié le chômage technique. 101
3. Dès lors que, pour toute cessation d'activité ou réduction d'activité nécessitant une mesure pouvant
avoir des conséquences sur l'emploi des travailleurs, une procédure particulière doit être respectée,
tout licenciement ou mutation consécutive à un chômage technique envisagé par I'employeur devrait
également respecter la même procédure (art. 25 et suiv. C. trav.). ----------------------------------------------- 101
IV.- LES AUTRES CAS DE SUSPENSION DU CONTRAT DE TRAVAIL DE L'ART.13 ------------------------------------- 101
V. - SUSPENSION DU CONTRAT DU TRAVAIL POUR CAUSE DE MATERNITÉ ----------------------------------------- 102
VI.- LA MISE À PIED ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 102
168
a) D'abord, le principe de l’entretien préalable de l’article 22 ------------------------------------------- 111
b) La convocation pour l'entretien préalable. ----------------------------------------------------------------- 111
c) Sanction du non-respect des règles de procédure en cas de licenciement pour motif
personnel.-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 112
2. Des procédures Particulières --------------------------------------------------------------------------------------- 113
a) Licenciement des travailleurs protégés ---------------------------------------------------------------------- 113
1°- Travailleur accidenté de travail. ------------------------------------------------------------------------------ 113
2°- Médecin des services médicaux interentreprises. ------------------------------------------------------- 113
3°- Délégués du personnel et délégués syndicaux. ---------------------------------------------------------- 113
b) Sanctions en cas de procédure irrégulière. ----------------------------------------------------------------- 114
B. Licenciement pour motif économique -------------------------------------------------------------------------------------- 114
1. La procédure du licenciement pour motif économique collectif ---------------------------------------- 114
a) La procédure à suivre est prescrite par I'article 25 du Code du travail. ---------------------------- 114
b) Toute décision de rupture de contrat de travail, à la suite d'une réduction d’activité pour
récession économique telle qu'une suppression de poste, est assimilée à une compression de
personnel, et doit donc respecter les formalités prévues à I'article 25 du Code du travail. -------- 116
2. Licenciement pour motif économique individuel ------------------------------------------------------------ 116
a) Le régime de ce licenciement individuel est presque identique à celui du licenciement pour
motif personnel. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 116
b) En cas de modification substantielle des clauses du contrat pour motif économique, les
modifications doivent être notifiées par écrit au travailleur, lequel doit émettre son avis dans un
délai de 15 jours.----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 117
3. Indemnité de licenciement pour cause économique -------------------------------------------------------- 117
4. Sanction en cas de procédure irrégulière de licenciement pour motif économique. -------------- 117
III. - LE PRÉAVIS OU DÉLAI-CONGÉ ----------------------------------------------------------------------------------------------- 117
A - Définition et fondement ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 117
B - Forme et durée du préavis ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 118
1. Forme du préavis ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 118
a) Premier aspect du préavis : le délai --------------------------------------------------------------------------- 118
b) Deuxième aspect du préavis : l'indemnité ------------------------------------------------------------------ 119
2. Durée du préavis (première forme du préavis) --------------------------------------------------------------- 119
3. Formule de l'indemnité de préavis (deuxième forme du préavis)--------------------------------------- 120
a) Si le travailleur perçoit un salaire mensuel ----------------------------------------------------------------- 120
b) Si le travailleur perçoit un salaire aux pièces, à la tâche, ou un salaire variable ---------------- 121
4. Les exceptions à I'obligation de préavis ------------------------------------------------------------------------- 121
a) L'existence de faute lourde. ------------------------------------------------------------------------------------- 121
b) En cas d'engagement à I'essai. --------------------------------------------------------------------------------- 121
c) En cas de force majeure. ----------------------------------------------------------------------------------------- 122
d) Exceptions en faveur de la femme enceinte et de la femme en période d'allaitement. ------ 122
IV. - LE CARACTÈRE DU LICENCIEMENT : LICENCIEMENT ABUSIF ET LICENCIEMENT LÉGITIME ---------------- 122
A. - Notion d'abus dans le licenciement et notion de cause réelle et sérieuse ------------------------------------- 123
a) L'abus dans la décision de licenciement signifie que I'employeur, titulaire d'un droit de
résiliation unilatérale d'un contrat de travail à durée indéterminée, met en æuvre ce droit en
dehors de sa finalité, en fait un usage excessif illicite dans une intention de nuire et non pas dans
I'intérêt de son entreprise ou dans un but autre que celui de la défense des intérêts
professionnels. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 123
b) Le caractère réel de la cause de licenciement signifie que le licenciement doit reposer sur des
éléments tangibles, objectifs et vérifiables par le juge ; I'employeur devra fournir au juge des
données permettant de contrôler la pertinence du motif allégué. ----------------------------------------- 123
c) Le caractère sérieux du motif de la rupture signifie que la cause doit ----------------------------- 123
d) Motif apparent et motif réel de la rupture. ---------------------------------------------------------------- 123
B. - La rupture abusive du contrat de travail --------------------------------------------------------------------------------- 124
1. Licenciements sans raison professionnelle valable ou assortis de motifs fallacieux. -------------- 124
169
2. Licenciement sans cause réelle et sérieuse.-------------------------------------------------------------------- 124
a) Le licenciement de la salariée a été décidé pour faute qualifiée de " lourde ". ----------------- 124
b) Le licenciement du travailleur a été motivé par un refus d'obéissance aux instructions
patronales.------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 124
3. Licenciement motivé par les opinions du travailleur ou son appartenance -------------------------- 124
4. Licenciement discriminatoire --------------------------------------------------------------------------------------- 125
5. Licenciement consécutif à une action en justice ou à une réclamation du travailleur. ----------- 125
6. Licenciement avec intention de nuire.--------------------------------------------------------------------------- 125
7. Licenciement pour atteinte à la vie privée. -------------------------------------------------------------------- 126
8. Licenciement pour une faute ancienne ou déjà sanctionnée. -------------------------------------------- 126
9. Modifications substantielles abusives des conditions d'exécution du contrat. --------------------- 126
10. Licenciement consécutif à un harcèlement sexuel ou moral Le code de 2004 a donné une
place privilégiée à I'interdiction d'harcèlement sexuel ou moral sur les lieux de travail. --------------- 127
C.- La rupture légitime du contrat de travail --------------------------------------------------------------------------------- 128
1. L'organisation technique et économique de l'entreprise -------------------------------------------------- 129
2. L'inaptitude du travailleur ------------------------------------------------------------------------------------------- 129
a) Une inaptitude physique ----------------------------------------------------------------------------------------- 129
b) Une inaptitude professionnelle -------------------------------------------------------------------------------- 129
3. Les fautes professionnelles et le non respect de la discipline de I'entreprise. ---------------------- 130
4. Cas particulier de l'accession à l'âge de la retraite ----------------------------------------------------------- 131
V. - LA PREUVE DU CARACTERE ABUSIF OU LEGITIME DE LA RUPTURE ---------------------------------------------- 131
170
1. Le contrat à durée déterminée et le contrat à I'essai, aux termes desquels aucune des parties
n'a manifesté sa volonté de cesser les relations de travail. ------------------------------------------------------ 138
2. Le contrat des journaliers occupés au même poste de façon intermittente pendant 6 mois
successifs, pour le compte d'un même employeur, et totalisant en moyenne 20 jours de travail par
mois. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 138
3. Un contrat de travail, apparemment à durée déterminée, mais qui prévoit un terme de plus de
deux ans, est nécessairement à durée indéterminée. -------------------------------------------------------------- 138
4. Dans l’hypothèse de plusieurs renouvellements du contrat à durée déterminée : ---------------- 138
5. Enfin, il y a le cas d'un contrat présenté comme étant à durée déterminée, mais prévoyant une
clause de résiliation unilatérale, avec préavis. ----------------------------------------------------------------------- 139
III.- LA RUPTURE DU CONTRAT A DUREE DETERMINEE -------------------------------------------------------------------- 139
1. La rupture durant la période d'essai ----------------------------------------------------------------------------- 139
2. La rupture par I'arrivée du terme --------------------------------------------------------------------------------- 139
3. La rupture anticipée --------------------------------------------------------------------------------------------------- 140
a) Rupture d'accord parties. ---------------------------------------------------------------------------------------- 140
b) Rupture pour cas de force majeure. -------------------------------------------------------------------------- 140
c) Rupture pour faute lourde -------------------------------------------------------------------------------------- 140
d) La rupture injustifiée : sanctions------------------------------------------------------------------------------- 142
Annexe 1 : Des mécanismes juridiques de protection des salaries investis de fonctions représentatives ---- 147
I.- STATUT DU SALARIE INVESTI DE FONCTIONS REPRESENTATIVES -------------------------------------------------- 147
1. Le délégué syndical et le délégué intersyndical --------------------------------------------------------------- 147
2. Les représentants du personnel au sein du comité d'entreprise ---------------------------------------- 147
3. Le délégué du personnel --------------------------------------------------------------------------------------------- 148
a) L'élection des délégués du personnel ------------------------------------------------------------------------ 148
b) La mission des délégués du personnel ----------------------------------------------------------------------- 150
c) Protection contre le licenciement abusif -------------------------------------------------------------------- 150
II. PROCEDURE EXCEPTIONNELLE DE LICENCIEMENT : DECISION ADMINISTRATIVE ET VOIES DE RECOURS
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 152
1. La demande d'autorisation et décision administrative ----------------------------------------------------- 152
a) Rôle de l'inspection du travail ---------------------------------------------------------------------------------- 152
b) Caractère préalable de la demande d'autorisation ------------------------------------------------------ 153
2. Voies de recours -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 153
a) Recours hiérarchique un recours peut être exercé par l'employeur quand le licenciement a
été refusé, ou par te représentant du personnel concerné quand le licenciement a été autorisé.153
b) Recours contentieux. ---------------------------------------------------------------------------------------------- 154
III. PORTEE DE LA DECISION ADMINISTRATIVE A L'EGARD DU JUGE JUDICIAIRE ---------------------------------- 154
1. Autorisation de licenciement --------------------------------------------------------------------------------------- 154
171
2. Refus d'autorisation --------------------------------------------------------------------------------------------------- 156
a) Effets du refus d'autorisation. ---------------------------------------------------------------------------------- 156
b) Dans I'hypothèse où l'employeur a procédé à une mise à pied conservatoire, ----------------- 156
c) En présence d'une décision administrative de refus d'autorisation de licenciement,
I'employeur peut-il être admis à solliciter du juge judiciaire la résiliation judiciaire du contrat de
travail du représentant du personnel ? ----------------------------------------------------------------------------- 156
IV.- SANCTIONS DE LA VIOLATION DU STATUT PROTECTEUR ----------------------------------------------------------- 158
1. La réintégration--------------------------------------------------------------------------------------------------------- 158
2. Indemnisation, réparation ------------------------------------------------------------------------------------------ 160
172