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DU
BIBLIOPHILE JACOB.
LA DANSE MACABRE.
1.
PARIS,
(¡l:STA\TE ISAItlSA ,
ÉDITEUR Ï)!J CABINET LITTERAIRE,
Collection universelle des meilleurs Romans modct'ne!;,
RUE blAZAI',INE 34, F. S.-G.
1 838
CABINET LITTÉRAIRE,
¡;I)LLECTIOi), UN)V);r!SKL[.H DES 1\11'.1LLECHS ROMANS SIOIIERMsS
OEUVRES COMPLÈTES
DU
BIBLIOPHILE JACOB.
TOME XXIII,
LA DANSE MACABRE.
i.
I
ŒUVRES COMPLETES
ï
i DE
DANSE-MACABRE,
HISTOIRE FANTASTIQUE
DU QUINZIÈME SIÈCLE
.
l' A !(
P. L. JACOB,
HlBLlOI'IIILE.
TOME PREMIER.
SUR %
LA DANSE-MACABRE.
<
hrétien avait sans cesse présente l'idée de la Danse-
Macabre, qui existe en germe dans les fables
d'Esope comme dans l'Evangile. Ce fut un texte in-
épuisable de déclamations souvent sublimes, pour
,
les Pères de l'Eglise les prédicateurs et les con-
,
fesseurs
.
Maintenant Dieu merci la mort n'est plus
, ,
q il Ulie solde de compte, une pièce qui finit, un
flambeau qui s'éteint; on vit
comme si Ton II('
devait jamais mourir ; on meurt
comme si l'on
devait revivre ; les champs du
repos sont des jar-
dins anglais et,
• sans les lettres de faire-pari les
,
corbillards et la livrée de la compagnie des
enter-
remens , 011 oublierait tout-à-fait ce tribut de no-
tre humanité : les médecins même ont l'air de
ne
pas croire aux morts. Et cependant le choiera-
morbus frappe a nos portes la
, guerre veut nous
demander le meilleur de notre sang: l'Académie
a
souvent des fauteuils vides, et le Panthéon ne se
l'ouvrira pas !
Peut-être me repiochera-t-on d'avoir fait,
sous
inspiration de la Danse-Macabre,
un livre qui
I
1.
-t-
passés !
LA BOITE-AÏIX-I.OMBARDS.
,
Le second, Jérémie Nathan, associé de
Balthazar Culdoë était un grand vieillard
maigre et blême, à la chevelure de filasse,
sans barbe, à la physionomie inerte et ail
sourire stupide. Il portait une robe bigarrée,
traînante, de drap jadis noir, que le soleil et
la pluie avaient décoloré à l'envi et que (h.
longs services cicatrisaient de tous côtes ;
les manches luisaient sous une couche de
graisse imperméable, et le collet crasseux
eût fait honneur à un moine mendiant, lin
feutre conique surmontait son crâne pointu,
et une corde de chanvre lui ceignait les
reins, comme s'il allait entreprendre un long
voyage. Son escarcelle flasque et de diJnen-
sion exiguë n'aurait pas tenté les voleurs
,
qui excellaient alors à couper les cordons
des bourses.
Le troisième compère Holopherne Cro-
,
quoison, maître des fossoyeurs et gardien
du cimetière, était un autre vieillard encore
vert, quoique courbé par les infirmités de
l'âge. Sa chevelure épaisse et sa barbe droite,
d'un roux cendré, encadraient sa face ron-
delette dont les joues pourprées, le regard
,
vif, l'expression joyeuse, ne trahissaient
pas la caducité; il n'avouait pas moins de
soixante-dix ans, et son esprit naturelle-
ment gai gardait encore l'ardeur de la jeu-
nesse. Il s'était affranchi du rigorisme affecté
de ceux de sa religion, sans être renégat;
et si son ame restait juive, l'enveloppe avait
effacé son empreinte nationale au frotte-
ment de la société qu'il fréquentait par état.
On l'eut pris pour un marguillier de pa-
roisse, et l'habitude de feindre l'avait rendu
si réservé en matière de judaïsme qu'il
,
prétextait une fièvre quarte tous les samedis
pour célébrer le sabbat en cachette avec ses
voisins de la Boîte-aux-Lombards, qui lui
reprochaient souvent d'ètre plus d'à moitié
chrétien, car il avait son banc à Sainte-
Opportune.
Maître Holopherne, ayant par état des
rapports journaliers avec les curés et les fa-
briques de quatorze paroisses, se défendait
maiis cesse contre sa cupidité qui eût voulu
le forcer il la plus stricte économie pour sa
toilette; il prélevait sur sa nourriture les
frais de représentation et centuplait ses re-
venus aux dépens des morts. Sa robe, de
bon drap bleu avec un larg^ collet de ve-
,
leurs noir, ne présentait ni tache ni pOllS-
sière tant il était soigneux de l'en garantir.
,
Un chaperon de laine violette pendait sur
son dos avec une longue pièce d'étoile qui
pouvait passer sous le menton et retomber
par derrière. Des bottines fauves ajoutaient
à sa taille la hauteur de leurs talons. Un cha-
pelet à sa ceinture était un blasphème por-
tatif.
— Par la baguette de Moïse ! disait Ilolo-
—
Çà 111CS bons compères, dit lnysté-
,
rieusement IIolophernequi rougit et toussa,
c'est une histoire ignorée de tous qu'il me
plait vous conter très véridiquement. A
franc parler Benjamin n'est-pas de mou
,
sang.
— Donc quel fut son père légitime ?
quelle sa mère ? a-t-il pas vingt-cinq ans
d'âge ? serait-ce un enfant trouve sinon
,
dérobe ?
—
Oh !oh ! d'où vient
ce singulier émoi,
compagnon ? s'écria Nathan secouant la
manche de Culdoë qui réitérait avec feu
de vagues questions ; avises-tu pas que
maître Holopherne nous raille ?
— Voyez l'aventure mirifique, dit Cro-
quoison recueillant ses souvenirs : V ers l'an
quatorze cent quinzième, régnant le feu
roi Charles en démence, un honnête mar-
chand fut par délation, accusé d'être
,
Juif, de pratiquer le sabbat et de tenir en
gage les vases sacrés de Saint-Josse.
—» Ce marchand avait nom Seliceflèl,
,
et demeurait aux Haltes , rue des Prê-
cheurs ? demanda vivement Culdoè trem-
blant de tous ses membres.
— Oui, bien compère ; vous n'étiez
,
pourtant à Paris devers cette époque ? Je
,r)oursuisle coiite. Cet infortuné Juif fut battu
de verges boulaies et coups de fouet,
,
depuis la Croix-du-Trahoir jusqu'à la porte
Saint-Honoré ; durant ces cruautés inouïes,
les laquais de la reine madame Isabeau
se ruèrent contre la maison du patient,
occirent sa femme innocente, et disper-
sèrent ses marchandises, meubles et pé-
eune.
Oh ! les mécréans ! ils empêchèrent
—
par là de racheter la peine avec une
amende et Schœffer perdit malement
,
quatre-vingt mille écus outre femme et
,
enfans. Bienheureux s'il s'en venge comme
il espère.
— Or j'habitais en cette ville sans dé-
,
couvrir ma condition de Juif et j'étais
,
établi fossoyeur au nom de l'hôpital Sainte-
Catherine sans avoir épouse parens
, ,
ni amis. Le soir, revenant. dela besogne.
j'ouis geindre et crier dessous les Piliers,
vers la Tonnetlerie; adonc j'allai en avant,
eL trouvai un petit enfant le flanc ouvert,
Je bras rompu, la tête sanglante
—
Dieu d'Abraham et Jacob ! était-il pas
circoncis ?
— Certainement, et je m'excuse s'il fut
ensuite baptisé pour complaire au curé des
Saints-innocens ; par ainsi, juif et chré-
tien à la fois, il a grandi en mon giron
paternel; et un chacun le tient pour mon
propre fils.
— Merci de ce que je retrouve le mien !
—
Brrr! dorénavant, mon compagnon,
porte respect aux ladres, qui sont les mem
bres souffrons de Jésus-Christ. J'ai nom Ma-
laquet et non plus CrespeatÍ de même que
,
Scha^ffer est devenu Culdoë. Adieu, bonsoir
et bonjour. Viens çà
,
que je te baise avant
la danse?
Culdoë s'approcha tristement du judas, et
présenta sa joue qui fut couverte de salive
baveuse; il supporta cet affront avec une
patience muette, et n'eut recours aux ablu-
tions qu'après le départ du ladre, qui chan-
tait de toutes ses forces une chanson d'argot,
et s'éloignait en battant les murailles de la
rue. Culdoë écoutait encore la cliquette
qu'on n'entendait plus.
IV.
LES ÉTUVE8-AUX-FEMMES.
LE SIRE DE LA VODRIÈUE.
L'HÔTEL DE LA 'fltltlOll,I,E.
Diss'îrtatioin Page 1
.
I. Saini-Jacques-de-la-Bouclierie. 23
II. La Tour de Notre-Dame-du-Bois. 47
III. La Boîte-aux-Lombards. 66
IV. Le Cimetière des Saints-Innocents. 94
V. L'es Etuves-aux-Femmes. 1.18
VI. Les deux Pactes. i 17
VII. Le sire de la Vodrière. 169
VIII. L'hôtel de la Tri moi lie. 191
FIN nE LA TABLE.
OEUVRES COMPLÈTES
DE CH. PAUL DE KOCK,
9
02 VOLUMES IN-12.
Prix : 1 fr. 50 c. le volume.
L'EN FA NT DE MA EE3E3IE , 2 vol.
EORfiETTE ,
4 yol.
(iUSTAYE , ou LE MAUVAIS SlTJET, 4 vol.
FRÈRE JACQUES, A vol.
MON VOISIN RAY3IOND, A vol.
31. DUPONT, A vol.
SŒUR ANNE , 4 vol.
CONTES EN VEnS, 1 vol.
AN DISE LE SA"OYAU 5 vol.
PETITS TABLEAUX DE l'UtEljRS, 2 vol.
n,
LE RARB'BER/'DE IbAUIS, A vol.
LA LAITIÈRE DE MONTFER3IEIL , 5 vol.
.1EAN, 4 vol.
LA MAISON BLANCHE , 5 vol.
1...\ FE3I3ÏE, LE l'n.iHM ET L'A 3Ï A NT, 4 vol.
LA BULLE DE SA)'{&:', Chansonnier, 1 vol.
L'HOMME DE LA NATURE ET L'II03BIE
POLICÉ 5 vol
,
LE COCU , 4 vol.
MADELEINE , 4 vol.
UN nON ENFANT, 4 vol.
LA PUCELLE DE BELLEVÎLLE 4 vol.
,
NI JAMAiS NI TOUJOURS , 4 vol.
ZIZINE , 4 vol.
VIN TOURLOUROU, 4 vol.
MŒURS PARISIENNES ; nouvelles, Ir,, part. 2 v.
OEUVRES COMPLÈTES
DU
BIBLIOPHILE JACOB.
LA DANSE MACABRE.
il,
V À II î s,
îl r ST A Y F, BA II B A ,
1 O ù
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