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Cours n° 11

Les diplômes nationaux en FLE : DILF, DELF et DALF

Les diplômes nationaux en FLE : le DILF, le DELF et le DALF

Le DILF et le label qualité FLI

Le Diplôme initial de langue française, DILF, proposé par le CIEP est un diplôme officiel du ministère
de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, au même titre que le DELF et
le DALF. Il valide le premier niveau de maîtrise du français correspondant au niveau A1.1 (Beacco,
Ferrari, Lhote, Tagliante, 2006) du CECRL. La création du DILF date de janvier 2007 lorsque le
ministère de la cohésion sociale, en lien avec le ministère de l’Intérieur, a mis en place le contrat
d’accueil et d’intégration (CAI) offrant aux étrangers installés sur le territoire français depuis moins de
trois ans une formation en français sanctionnée par une certification. Le DILF est donc conçu pour
correspondre aux besoins des candidats non lecteurs et/ou non scripteurs. Etant intégré au CAI signé
par le postulant, le niveau A1.1 devient, de fait, le niveau minimum requis pour être obtenir un
renouvellement de titre de séjour. Contrairement au DELF et au DALF, en raison de son statut
particulier, le DILF ne peut être présenté que sur le territoire français.

Le succès du DILF est bien réel dès son implantation dans les centres de formations, les écoles de
langues ainsi que, en milieu carcéral, dans les unités pédagogiques régionales (UPR). Certes, le statut
administratif du DILF, le rendant incontournables par les candidats signataires du CAI, l’autorise à
rencontrer rapidement une certaine popularité auprès d’un public installé depuis longtemps en France
mais désireux de faire valider ses premiers acquis en français. Le DILF, qu’il soit passé dans le cadre
du CAI, ou hors cadre, est un précieux outil pédagogique qui valorise les démarches personnelles
d’apprentissage du français et permet à une population, majoritairement féminine et peu (ou pas)
scolarisée de motiver un retour à la vie active. Ce diplôme, bien qu’il valide un niveau minimal de
français, constitue un moteur d’intégration et une étape importante dans les projets de vie envisagés
par les candidats. Chaque année, plus de 20 000 personnes passent les épreuves du DILF en France, et
40% d’entre elles le font en dehors du contrat d’accueil et d’intégration.

Au niveau A1.1, les candidats sont en mesure de comprendre et produire quelques expressions
familières ainsi que des énoncés très simples dans des situations de communication très
récurrentes. Ce niveau est très largement insuffisant pour communiquer en français et pour
répondre à de véritables critères d’intégration linguistique et sociale. Il ne faudrait donc pas
considérer le DILF comme l’aboutissement d’un parcours d’intégration linguistique réussi ou
abouti mais comme la première étape d’un processus de formation plus adapté à la réalité de
chacun, qu’elle soit linguistique ou professionnelle.

En 2012, la Direction de l’accueil, de l’intégration et de la citoyenneté, DAIC, crée le label


FLI :

« La création du Label qualité FLI vise le renforcement de l'efficacité de la politique


d'intégration des migrants légaux ayant vocation à séjourner durablement en France et
connaissant des difficultés liées à leur méconnaissance de la langue française. Initié par la
direction de l'accueil de l'intégration et de la citoyenneté ainsi que par la délégation générale
de la langue française et des langues de France, le Label qualité FLI® a un triple objectif :
� reconnaître la qualité de la prestation des organismes des formations dont l'offre vise
l'apprentissage et l'usage de la langue française, au bénéfice des publics migrants, et les
promouvoir,
� habiliter les organismes de formation labellisés FLI à délivrer, à l'issue des cycles de
formations, des attestations FLI® aux apprenants migrants qui justifient du niveau requis,
� permettre aux migrants de fournir à l'administration une attestation FLI® valant preuve de
leur niveau de français notamment dans le cadre de leur demande d'accès à la nationalité
française. »

La création de ce label, décrié par un certain nombre d’universitaires qui ne souhaitaient pas
stigmatiser une population fragile en l’excluant de la sphère didactique du FLE et/ou du français
langue seconde (FLS), a suscité une forte polémique relative au principe d’équité de traitement des
candidats. Les critiques portaient également sur le non-respect de la standardisation des outils
d’évaluation mis en place par l’Etat, les centres labellisés FLI pouvant, à l’issue des formations
qu’elles assurent, délivrer des attestations en lieu et place du DILF et/ou d’un test normés permettant
l’accès à la nationalité française. Les centres de formations labellisés FLI deviennent ainsi, pour
certains, juges et parties en délivrant aux candidats qu’ils forment des dispenses de diplômes et tests
censés placer l’objectivité et l’équité au cœur de leur fonctionnement.

Le DELF et le DALF

Les examens du Diplôme d’études de langue française (DELF) et du Diplôme approfondi en


langue française (DALF) ont été créés par arrêté ministériel en 1985 à l’initiative des
ministères de l’Education nationale et des Affaires étrangères, leur conférant, ainsi, le statut
de diplômes nationaux. L’arrêté, signé par le ministère de l’Education nationale de l’époque,
Jean-Pierre Chevènement, a été modifié à trois reprises, en 1992, en 2000 et en 2005, pour,
successivement, proposer un nouveau découpage des diplômes, modifier certaines épreuves et
harmoniser le dispositif général sur les niveaux du Cadre européen commun de référence.

Ces examens ont connu une telle popularité et un tel essor dans le monde qu’ils occupent à
eux seuls un espace dans le panorama de la didactique du FLE, de la coopération linguistique
ainsi que dans l’organigramme de deux ministères. Il nous paraît donc important de proposer
une lecture détaillée de ce que représentent les examens du DELF et du DALF à l’échelle
nationale et internationale. Incontournables pour les étudiants étrangers de français, pour les
enseignants et futurs enseignants de FLE, pour les cadres administratifs et pédagogiques des
établissements culturels français à l’étranger (instituts français et alliances françaises) ainsi
que pour les acteurs de la coopération éducative du ministère français des Affaires étrangères,
le DELF et le DALF constituent des outils d’influence mis au service de la diplomatie
culturelle française et des politiques d’insertion de gouvernements successifs, qui doivent être
aussi efficaces sur le plan pédagogique qu’ils ne le sont sur le plan social, politique et
commercial.

La conception des maquettes des examens et des épreuves, la gestion du réseau des centres
ainsi que la délivrance des diplômes ont été confiées au Centre international d’études
pédagogiques (CIEP) sous la tutelle d’une Commission pédagogique et d’une Commission
nationale qui, toutes deux, réunissaient annuellement différents représentants des ministères.
Le directeur du CIEP était le président de la Commission nationale avant que cette dernière
soit supprimée en mars 2013, comme beaucoup d’autres commissions de l’administration
française, dans le cadre des procédures de simplification administrative voulue par le
gouvernement. Ces diplômes sont restés des diplômes nationaux gérés directement par le
CIEP et dont certains aspects du dispositif sont placés sous la coresponsabilité des
ambassades de France et des rectorats. La promotion, la commercialisation des examens et la
gestion des épreuves sont placées, à l’étranger, sous l’autorité des services de coopération et
d’action culturelle (services culturels) des ambassades de France. Sur le territoire national,
étant donné qu’il s’agit de diplômes d’Etat, leur gestion est directement placée sous la
responsabilité des rectorats, au même titre que les autres examens nationaux.

Avec plus de 400 000 candidats inscrits en 2013 et près de 1200 centres d’examen agréés, ces
examens représentent une référence en matière de diplôme en français langue étrangère. La
densité et la qualité du réseau de centres, l’expertise sur laquelle la conception des épreuves
repose ainsi que le caractère officiel des diplômes confèrent à ces examens une réelle
reconnaissance et en font un passage presque obligé pour beaucoup de candidats dans un
grand nombre de pays.

Depuis leur création, le nombre de candidats n’a jamais cessé d’augmenter : en 2006, soit un
an après la réforme ayant permis l’harmonisation des épreuves du DELF et du DALF sur le
CECR, 235 000 candidats s’étaient inscrits aux différentes sessions d’examen proposées dans
le monde. Six ans après, ce chiffre augmentait de 70%. Au-delà de sa popularité, le DELF et
le DALF représentent aussi un enjeu financier d’importance pour un grand nombre
d’établissement et, de façon directe, pour la promotion de la langue française : juste après
l’offre de formation en FLE des instituts français et des alliances français, la vente du DELF
et du DALF constitue le deuxième poste budgétaire en termes de recettes financières pour les
établissements du réseau culturel français (instituts français et alliances françaises).

Dispositif administratif

Le centre international d’études pédagogiques (CIEP) se situe au centre du dispositif du


DELF et du DALF. Etablissement public à caractère administratif sous tutelle du ministère en
charge de l’Education nationale, le CIEP1, a été créé juste après la guerre avant de devenir un
établissement public national en 1987. Le CIEP, opérateur important dans le domaine du
français et des langues étrangères, œuvre auprès ou au nom des ministères en charge de
l’Education, de l’Enseignement supérieur ainsi que des Affaires étrangères dans le domaine
de la formation, des certifications, de la coopération éducative et de la gestion de projets
internationaux.

Il a, entre autres dossiers concernant la diffusion de la langue française à l’international, la


responsabilité des diplômes nationaux en FLE qui reposent sur une organisation
administrative à la fois décentralisée et centralisée.

Le dispositif administratif du DELF et du DALF à l’étranger2

A l’étranger, les épreuves sont administrées et corrigées dans chaque pays. Les services
culturels de l’ambassade de France ont autorité sur la promotion des certifications auprès des
organismes locaux (établissements d'enseignement supérieur, établissements scolaires,

1
www.ciep.fr
2
D’après le mémento administratif du DELF et du DALF : www.ciep.fr/_DELF_DALF/
administrations, entreprises...). Un centre de gestion de centrale est ouvert dans chaque pays.
Ce centre a la responsabilité de gérer un réseau de centres d’examen qui peuvent, à leur tour,
gérer un ou plusieurs centres de passation (qui ne sont, en fait, que des lieux de passation mais
qui ne disposent pas d’équipe pédagogique propre). Le centre de gestion centrale est
l’interlocuteur privilégié du CIEP. Ce centre est situé soit dans les locaux de l’ambassade de
France, soit dans un Institut français, soit dans une alliance française. Le conseiller culturel,
quel que soit le lieu administratif d’implantation du centre de gestion centrale, reste
responsable des examens du DELF et du DALF dans son pays d’affectation.

A Sèvres, le directeur du Centre international d'études pédagogiques (CIEP), assure


l'harmonisation de ces certifications entre les différents centres d'examens à l'étranger. De ce
fait, le CIEP :

- autorise l'ouverture des centres d'examen et habilite les jurys ;


- valide le calendrier de sessions proposé annuellement dans chaque pays ;
- conçoit et propose des sujets ;
- centralise les résultats et délivre les diplômes ;
- habilite les examinateurs et correcteurs ;
- fournit tous les outils pédagogiques, administratifs et informatiques nécessaires à la gestion
des examens ;
- entretient un dialogue avec le centre de gestion centrale et les différents centres à l'étranger, en
s'efforçant de tenir compte de leurs suggestions et des éventuelles difficultés rencontrées.

Le conseiller de coopération et d’action culturelle, responsable et garant du dispositif dans le


pays où il se trouve en poste doit placer le DELF et le DALF au sein de sa coopération
éducative et de la promotion du français que ses services doivent assurer. De ce fait, il est
chargé, au travers d’une équipe d’attachés de coopération, de la promotion des certifications,
de la désignation des centres d’examen et du calendrier des sessions, de l’organisation
générale des sessions d’examen, du montant des droits d’inscription et de la négociation avec
des partenaires et les autorités éducatives afin, par exemple, d’implanter le DELF dans le
système scolaire. Le conseiller désigne également :
- un responsable de la gestion centrale chargé de l’organisation centralisée au niveau national,
- un jury national du DELF et un jury national du DALF pour les questions pédagogiques,
- des centres d’examen dotés chacun d’un responsable de centre.
A l’étranger, l’organigramme du dispositif DELF et DALF et le suivant :

Conseiller de
coopération et
d’action culturelle

Responsable du centre Jurys nationaux du


de gestion centrale DELF et du DALF

Responsables des
centres d’examen

Responsable des
centres de passation

Le dispositif administratif du DELF et du DALF en France3

En France l'organisation administrative est placée sous l’autorité du recteur de l’académie qui
autorise l’ouverture des centres d’examen, arrête la date d’ouverture et de clôture des
sessions, désigne le président et les membres du jury et détermine les modalités de
déroulement des épreuves.

Le recteur peut déléguer tout ou partie de ces dispositions au directeur du CIEP sur la base
d’une convention mais reste garant du bon déroulement des épreuves. Il délègue également

3
D’après le mémento administratif du DELF et du DALF : www.ciep.fr/_DELF_DALF/
aux responsables des centres d’examen la responsabilité de l’organisation des sessions
d’examen :
- inscriptions : mise à disposition d’un local, de matériel et d’un personnel dûment formé aux
procédures administratives,
- organisation matérielle des examens : mise à disposition de salles dûment équipées,
recrutement de surveillants et d’agents d’accueil,
- formation, convocation, rémunération des surveillants, examinateurs et correcteurs, mise en
place de jurys d’harmonisation et saisie des notes,
- résultats : vérification et saisie informatique des résultats, transmission dans les délais requis
des résultats au CIEP ; règlement des frais de dossier au CIEP pour les centres utilisant les
sujets du CIEP.

Historique

Les épreuves du DELF et le DALF, de 1985 à 2005, étaient découpée en 10 unités


capitalisables, chacune correspondant à un contenu communicatif et linguistique spécifique,
élaborées à partir des recommandations de la Division des politiques linguistiques Conseil de
l’Europe (Cf. Niveau Seuil). Il n’existait, au départ, que deux diplômes, le DELF et le DALF.
Les candidats devaient, ainsi, capitaliser un certain nombre d’unités (6 pour le DELF et 4 pour
le DALF) qui nécessitait, pour chacune d’elles, un volume d’heures d’apprentissage souvent
conséquent.

Pour être diplômé du DELF, le candidat Pour être diplômé du DALF, le candidat
devait réussir 6 unités. devait réussir 4 unités.
Unité A14 Unité A5
Unité A2 Unité A6
Unité A3 Unité A5
Unité A4 Unité A6
Unité A5
Unité A6

En 1992, pour tenter de pallier cette difficulté rencontrée par un grand nombre de candidats, le
DELF est scindé en deux diplômes distincts, le DELF 1er degré et le DELF 2nd degré, dans le

4
L’appellation des unités capitalisables (A1, A2, B1, B2 …) n’a rien en commun avec les niveaux du CECR qui
ne n’ont été publiées qu’en 2000 en anglais et en 2001 en français, au moment de la parution du CECR aux
éditions Didier (Didier, Paris, 2001).
cadre d’une réforme qui conduit à la modification de l’arrêté ministériel portant création de
ces certifications. Des tests d’accès au DELF 2nd degré et au DALF sont également mis en
place pour les candidats n’étant pas en possession du diplôme qui précède (DELF 1 er degré,
ou DELF 2nd pour ceux souhaitant se présenter aux unités du DALF). En effet, les candidats
ne disposent pas de la liberté de se présenter au niveau de diplôme qu’ils souhaitent.

Réforme de 1992 :

DELF 1er degré Test d’accès au DELF 2nd Test d’accès au DALF
DELF 2nd degré DALF
degré

Unité A1 Unité A5 Unité A5


Unité A2 Unité A6 Unité A6
Unité A3 Unité A5
Unité A4 Unité A6

En 2002, de nouvelles procédures viennent considérablement bouleverser le dispositif du


DELF et du DALF. Depuis 1985, les postes diplomatiques étaient chargés de concevoir les
épreuves de leurs propres sessions. Le CIEP validait, alors, ces épreuves au fur et à mesure
qu’elles lui étaient adressées par les services de la valise diplomatique. Pour des raisons
d’harmonisation du niveau de difficulté des épreuves et afin de renforcer le critère de
standardisation de ces examens, le CIEP décide alors de centraliser à Sèvres la conception des
épreuves et, donc, d’en retirer la responsabilité aux ambassades.

Le directeur du CIEP décide, en 2003, d’ouvrir le chantier de l’harmonisation des épreuves,


des examens et des diplômes du DELF et du DALF sur les niveaux du Cadre européen
commun de référence pour les langues à l’instar de ce qu’avait entrepris, quelques mois
plutôt, l’université de Cambridge avec ses examens d’anglais langue étrangère.

Plus d’un an et demi d’enquêtes, d’études de calibrage, d’essais et de sessions pilotes dans 6
pays et dans plusieurs dizaines de centres d’examens ont permis au CIEP de proposer aux
candidats des diplômes du DELF et du DALF harmonisés et calibrés sur le CECR. Une
lecture plus visible était alors établie et allait permettre aux futurs candidats de se présenter à
l’un des diplômes correspondant à leur niveau de compétence. Les 6 niveaux définis dans le
CECR venaient de donner naissance à 6 diplômes indépendants et, de ce fait, à la suppression
des tests d’accès, chaque candidat ayant la possibilité de se présenter directement au niveau
souhaité.

Réforme de 2005 :

Niveaux du CECR Utilisateurs Diplômes du DELF et du


DALF
A1 Débutant DELF A1
A2 DELF A2
B1 Intermédiaire DELF B1
B2 DELF B2
C1 Avancé DALF C1
C2 DALF C2

3.3. Une réforme qui va au-delà de l’harmonisation sur les niveaux du CECR

Cette réforme ne s’est pas limitée au calibrage sur les niveaux du CECR. Le CIEP a pris la
décision de placer la conception des épreuves sous la responsabilité directe de son
département évaluation et certifications et, afin d’assurer une évaluation fiable des candidats
et de répondre aux normes internationales de qualité, de procéder à l’habilitation de tous les
examinateurs du DELF et du DALF à travers le monde. Près de 36 000 examinateurs et
correcteurs des épreuves écrites et orales des nouveaux DELF et DALF ont été habilités par le
CIEP à travers le monde entre 2005 et 2014, de façon standardisée et selon un protocole
identique d’un pays à l’autre.

Au cours de ces séances d’habilitations, les examinateurs-correcteurs sont informés des


différentes étapes de la réforme des diplômes, formés au contenu du CECR et accrédités
officiellement pour intervenir dans le cadre des séances de correction des épreuves
d’expression écrite et orale. Placée sous la responsabilité directe des ambassades de France et
des centres de gestion centrale du DELF et du DALF. Elle doit être renouvelée, tous les cinq
ans, par les correcteurs et examinateurs qui souhaitent continuer à intervenir dans le dispositif
de ces examens.
Un DELF conçu pour les adolescents

Cette réforme a été accompagnée d’un aménagement des épreuves afin qu’elles puissent
convenir à un plus large public. Il a donc été convenu de standardiser un format d’épreuve et
d’en proposer quatre niveaux de compétences dans une offre indépendante de celle du DELF
et du DALF dit tout public, propre aux adultes et, dans certains cas, aux grands adolescents.

Deux nouveaux formats d’épreuves, le DELF scolaire et le DELF junior, créés


spécifiquement pour les adolescents de 12 à 18 ans, sont intégrés à l’offre DELF et DALF. Il
ne s’agit en aucune manière de nouveaux diplômes mais de formats d’épreuves dont les
thématiques sont proches des intérêts et des besoins des adolescents : les maquettes
d’épreuves, les consignes, les compétences évaluées, les durées de passation sont identiques à
celles du DELF et du DALF tout public. Il ne n’existe pas, enfin, de diplôme du DELF
scolaire ou du DELF junior ; à l’issue des épreuves, le diplôme du DELF est délivré au
lauréat.

Conçus autour de quatre niveaux indépendants, A1 à B2, le DELF junior et le DELF scolaire
se différencient par le public auquel ces certifications s’adressent. Proposé à un public
d’adolescents qui suivent des cours de français, de manière indépendante de leur scolarité,
dans une alliance française ou un institut français, il s’agira du DELF junior. En revanche,
lorsqu’une autorité éducative (ministère de l’Education, réseau d’écoles publiques ou privées)
souhaite proposer le DELF à ses élèves du secondaire dans le cadre d’une convention avec
l’ambassade de France, les adolescents passeront les épreuves du DELF scolaire, identiques à
celles du DELF junior.

Utilisé comme outil de promotion du français, comme outil d’intégration et de motivation, le


DELF est avant tout, comme nous l’avons déjà souligné, un outil de coopération linguistique.
C’est dans cette optique que les services culturels des ambassades de France à l’étranger ont
pour mission de promouvoir le DELF scolaire auprès des autorités éducatives locales afin de
le proposer aux élèves et aux parents d’élève au sein ou en marge de leur cursus scolaire. Plus
de 50 pays dans le monde propose le DELF scolaire à des cohortes souvent importantes de
candidats créant ainsi une forte dynamique de promotion du français et de la francophonie.

En 2012, plus de 63% des candidats qui passaient les épreuves du DELF et du DALF dans le
monde, les passaient sous un format du DELF scolaire ou du DELF junior. Fort de ce succès
et, une nouvelle fois encouragé par certains conseillers culturels, le CIEP décide en 2008
d’enrichir son offre et de concevoir une version adaptée aux élèves apprenant le français, âgés
de 7 à 12 ans : le DELF Prim.

Le dernier tournant du DELF : le DELF Prim et le DELF Pro

A l’instar de ce que propose l’université de Cambridge avec le YLA5 (Young English


Learners) et ses trois niveaux de compétences (Starters, Movers, Flyers) pour les jeunes
apprenants d’anglais, le CIEP va proposer, sur un découpage similaire, trois examens du
DELF correspondant aux trois premiers niveaux du CECR : A1.1, A1 et A2. Ces trois
diplômes portent le nom de DELF Prim et sont proposés aux enfants, à partir de 7 à 8 ans,
dans les écoles en France et à l’étranger ainsi que dans certains établissements du réseau
culturel français (instituts français et alliances françaises) qui peuvent proposer des cours à de
jeunes apprenants.

En 2008 le DELF Prim6 est proposé, sous une version pilote, dans certains pays du monde
dans un réseau de centres agréés. En 2012, ce sont plus de 20 000 candidats qui se présentent
à l’un des trois niveaux du DELF Prim, le niveau A1.1 constituant une nouveauté dans la
gamme des examens du DELF et du DALF proposés depuis 1985. En effet, ce niveau dont le
référentiel7 a été élaboré sous la direction de la Délégation générale de la langue française et
des langues de France (DGLFLF) en 2006 pour la mise en circulation du Diplôme initial de
langue française (DILF) a fortement contribué à élaborer le construit de l’examen ainsi qu’à
cibler et définir les contenus à évaluer puis à certifier.

Avec une forte croissance annuelle du nombre de candidats et de pays qui l’ont adopté depuis
sa mise sur le marché pour le proposer dans les établissements culturels français à l’étranger
et dans les établissements scolaires locaux, le DELF Prim représente un succès
supplémentaire pour les examens nationaux de FLE qui renforce le fait que ces certifications
attirent de plus en plus un public de jeunes apprenants en âge de scolarisation.

Ce succès a été moins prononcé pour le DELF Pro, diplôme proposé au public en 2009, pour
diverses raisons liées très probablement à une mise en concurrence indirecte avec les

5
Site officiel de l’université de Cambridge : http://www.cambridgeesol.fr/examens/young-learners/yle.html
6
Site official du CIEP. DELF prim : http://www.ciep.fr/delf-prim/index.php
7
Niveau A1.1 pour le français, Un référentiel et certification (DILF) pour les premiers acquis en français
(Didier, Paris, 2006).
diplômes de français professionnel (DFP) de la Chambre de commerce de Paris et d’Ile-de-
France8 et à une perception du DELF et le DALF, depuis leur création, d’outils d’évaluation
des compétences en français langue générale et non en français de spécialité. Avec environ
1000 candidats pour chacune des années 2011 et 2012, et près de 1300 en 2013, le DELF Pro
est en train de trouver un public stable dans un certain nombre de pays.

L’arrêté du 10 juillet 2009 porte création de cette nouvelle déclinaison du DELF et de ses
quatre examens et diplômes indépendants bâtis autour des niveaux de compétence A1 à B2 du
CECR. Le DELF Pro a été conçu pour s'adresser à des publics ayant pour objectif une
promotion ou une insertion professionnelle en milieu francophone. Le DELF Pro évalue des
compétences communicatives transversales et communes à toutes les situations
professionnelles courantes. Les thématiques des épreuves sont, bien sûr, adaptées au monde
du travail mais évaluent bien des compétences de communication de français langue générale.
Il ne s’agit, en aucun cas, d’un examen correspondant, par exemple, à un programme de
français sur objectif spécifique.

Le DELF et le DALF existent, ainsi, sous plusieurs formats adaptés à des publics différents et
proposés à des niveaux de compétences variés9 :

DELF Prim DELF DELF-DALF tout DELF Pro


junior/scolaire public
A1.1 ●
A1 ● ● ● ●
A2 ● ● ● ●
B1 ● ● ●
B2 ● ● ●
C1 ●
C2 ●

8
Site officiel des DFP de la CCI de Paris Ile-de-France : http://www.francais.cci-paris-idf.fr/dfp/
9
Vous pouvez prendre connaissance des maquettes des épreuves du DELF et du DALF à :
http://www.ciep.fr/delfdalf/index.php
Le réseau de distribution et de centres d’examen du DELF et du DALF : une réussite française
partagée

Les alliances françaises10 constituent le premier réseau de centres d’examen et de distribution


des examens du DELF et du DALF. Profondément intégrés à l’offre de formation en langue
française, les examens du DELF et du DALF constituent très souvent pour les apprenants une
issue naturelle à leur apprentissage du français. Les alliances françaises sont, grâce à une offre
de formation en français harmonisée sur les niveaux du CECR et à la densité de son réseau
d’établissement, un partenaire de premier ordre pour le CIEP et le ministère de l’Education
dans le cadre de la distribution de ces examens d’Etat. Par ailleurs, le DELF et le DALF, en
raison d’un dispositif financier très avantageux, constituent, comme nous le verrons
ultérieurement, une source de recettes financière conséquente pour les centres d’examen.

Cette popularité des examens, portée par ces centres, bénéficie également aux instituts
français qui constituent le deuxième réseau de centres d’examen. En effet, contrairement aux
alliances françaises qui sont régies par le droit local, souvent à caractère associatif, les
instituts français jouissent d’un statut d'établissement à autonomie financière, dépendant
directement des ambassades de France. Très souvent, les instituts français, dans le dispositif
DELF et DALF, disposent d’un statut de centre d’examen ainsi que de centre de gestion
centrale.

Dans certains pays, afin de donner à ces examens nationaux un rôle moteur pour la promotion
du français, le DELF et le DALF sont utilisés comme des outils de coopération linguistique et
culturelle auprès d’établissements étrangers. Dans un nombre croissant de pays, le DELF
scolaire et le DELF junior font désormais partie du paysage de l’apprentissage et de
l’enseignement du français dans les établissements scolaires publics et privés (Allemagne,
Suisse, Italie, Canada, Mexique, Jérusalem et Territoires palestiniens…) ; ces examens sont
présentés, la plupart du temps sur une base volontaire de la part des élèves ou, le plus souvent
sur décision des parents. Depuis quelques années, ces examens sont également implantés, à
l’initiative de postes diplomatiques, dans des établissements d’enseignement supérieur. Ainsi,
au Mexique, au Canada, en Russie, le réseau de centres d’examen du DELF et du DALF est
également constitué par des universités qui en font la promotion auprès de leurs étudiants.

10
Fondation alliance française : http://www.fondation-alliancefr.org/
En février 2013, le réseau de centres d’examen du DELF et du DALF a connu une nouvelle
phase d’expansion grâce à la signature d’une convention entre le CIEP et les établissements
scolaires à l’étranger (collèges et lycées) à programmes français dépendants de l’Agence pour
l’enseignement français à l’étranger (AEFE)11 et de la Mission laïque française (MLF)12.
Cette convention prévoit l’ouverture de centres d’examen DELF Prim, DELF scolaire et
DALF dans ces établissements qui sont majoritairement fréquentés par des élèves étrangers.
Ce qu’on appelle communément « les lycées français à l’étranger » peuvent, ainsi, offrir la
possibilité aux élèves qui le souhaitent de passer les épreuves du DELF ou du DALF. Seuls
les élèves inscrits dans ses établissements pourront bénéficier de cette mesure car ces centres
ne sont pas autorisés à accueillir des candidats extérieurs, ces derniers étant orientés vers les
instituts français ou les alliances françaises.

De par sa notoriété, le DELF constitue une cible à atteindre pour les apprenants et devient, par
le fait même, un outil de promotion pour la langue française et de développement pour les
centres d’examen. Outil de coopération linguistique pour les postes diplomatiques français, il
est aussi un élément fédérateur pour les enseignants de français langue étrangère, acteurs du
dispositif, qui jouent un rôle central en tant qu’examinateurs-correcteurs habilités ou membre
du jury.

Le DELF en France : un outil d’évaluation et d’intégration

Le DELF et le DALF en France sont présents dans plus de 250 centres répartis sur le territoire
national. En 2013, plus de 45 000 candidats ont passé les épreuves dans le réseau de centres
constitués pour l’essentiel d’universités, d’alliances français, de centres de langue privés et de
certaines associations. Dans ces établissements, ces diplômes sanctionnent une formation
reçue et, dans un certain nombre de cas, permettent aux lauréats du DELF B2, ou au-delà, de
poursuivre ou d’entamer des études en France.

Sur les 45 000 candidats qui passent les épreuves en France, 12 000 élèves de 11 à 18 ans s’y
présentent dans les CASNAV13 dans le cadre d’une convention signée entre le CIEP et la

11
http://www.aefe.fr/
12
http://www.mlfmonde.org/

13
Le CASNAV, Centre académique pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés et des
enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs (CASNAV), est chargé de l'accompagnement de la
scolarisation, d'une part des élèves nouvellement arrivés en France sans maîtrise suffisante de la langue
direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) du ministère de l’Education
nationale. Le DELF scolaire, essentiellement du niveau A1 au niveau B1, est proposé à tous
les enfants étrangers scolarisés dans les classes d’accueil. L’objectif de ce projet est de
favoriser l’intégration des élèves primo-arrivants, de les motiver à l’apprentissage de la langue
et, surtout, de valorisation leurs premiers acquis en français dans le cadre de leur nouvel
environnement d’apprentissage et de vie.

En France, le DELF scolaire ne joue un rôle moteur dans les efforts conscients et inconscients
des jeunes étrangers non francophones qui démarrent leur avenir dans le système scolaire
français. Le site Internet de l’académie de Clermont-Ferrand14 défini ce projet en ces termes :
« Le DELF a été créé et proposé en France pour que les progrès en français des élèves non
francophones soient reconnus. Il apporte donc une valorisation et une reconnaissance. Il peut
motiver les élèves au cours de leurs premières années d’apprentissage du français. En aucun
cas les résultats de ces épreuves ne peuvent influer sur le parcours scolaire de l’élève ni sur
son maintien ou départ d’un dispositif FLE, mais une réussite à un niveau devra être signalée
à l’équipe enseignante et à l’administration de son établissement. Passer un niveau du DELF
n’est pas une finalité en soi. L’obtention d’une certification marque plutôt une étape dans un
parcours personnel. Cet examen est volontaire et facultatif. »

Le DELF et le DALF : une source financière pour le réseau culturel français et le français dans
le monde

La force du réseau culturel français à l’étranger repose sur une volonté politique qui, ces
dernières années, ne va pas de pair avec l’engagement financier sous forme de subventions et
d’emplois mis à disposition des établissements culturels et des ambassades. Les réductions
budgétaires et les suppressions de postes sont chaque année plus importantes et ne laissent
guère le choix à la diplomatie culturelle française, si elle souhaite conserver son influence, de
générer des recettes et, mieux encore, des bénéfices.

française ou des apprentissages scolaires et d'autre part, des enfants du voyage : http://www.ac-
paris.fr/portail/jcms/piapp1_64052/portail-casnav

14
http://www3.ac-clermont.fr/casnav/casnav2/NAEF/delf.htm
Pour cela, le réseau culturel français dispose des cours de langue et des certifications en
français langue étrangère. Si les TCF, TEF et autres DFP15 constituent des sources
pécuniaires pour les instituts français et les alliances françaises, le DELF et le DALF jouent,
là encore, un rôle à part en raison du dispositif financier qui les porte. Ces diplômes, pour
jouer pleinement leur rôle d’outil de coopération linguistique, doivent être concurrentiels et
rentables.

Concurrentiels, ils le sont grâce à leur valeur pédagogique intrinsèque et au fort enjeu qu’ils
représentent pour un grand nombre de candidats. Toutefois, pour les rendre populaires auprès
du plus grand nombre, il a été nécessaire de les doter d’un dispositif de distribution qui permet
une implantation facile dans les pays du monde et qu’ils bénéficient d’un tarif attractif.

Ainsi, les tarifs du DELF et du DALF ne sont pas décidés de façon centralisée par le CIEP ou
le ministère de l’Education nationale mais par les postes diplomatiques afin qu’ils puissent
être en adéquation avec le niveau de vie local moyen : un candidat au DELF et au DALF ne
paiera pas son inscription au DELF B1 au même tarif s’il s’inscrit à Tokyo, au Caire ou à
Kaboul. Plusieurs paramètres sont pris en compte par les ambassades de France, généralement
en concertation avec le cœur du réseau des centres d’examen (en l’occurrence les instituts
français et les alliances françaises), et un ou plusieurs tarifs d’inscription en monnaie locale
sont fixés pour l’ensemble des sessions organisées dans le pays concerné pendant l’année
civile.

À partir de ce tarif, décidé localement et validé annuellement par le CIEP, 15% de la somme
payée par chaque candidat sont reversés au CIEP. De la sorte, le réseau de distribution du
DELF et du DALF dans le monde fixe le tarif en fonction de critères locaux et perçoit 85%
des recettes générées par la vente des examens.

Les centres d’examens tirent ainsi de la vente du DELF et du DALF des avantages financiers
souvent importants qui représentent le deuxième poste budgétaire après la vente de
formations. Les bénéfices générés par le DELF et au DALF permettent de financer un grand
nombre d’opérations de promotion du français, de projets pédagogiques et culturels, de
formations d’enseignant, de rénovations de bâtiment, d’achats de matériel informatique ou de
fonds documentaires.

15
TCF : test de connaissance du français (CIEP) ; TEF : Test d’évaluation du français (CCIP-IF) ; DFP :
diplômes de français professionnel (CCIP-IF).

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