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PARTIE II : Le producteur, la fonction de production

I. Présentation :
L’étude du comportement du producteur comporte plusieurs facettes différentes, ce qui explique
pourquoi nous aborderons en plusieurs étapes.
Dans celui-ci nous nous sommes essentiellement intéressés à son côté acheteur (de matière
première, de service divers, etc…), ce qui explique la similitude, sur le plan formel des concepts
avec ceux introduit lors de l’étude du comportement du consommateur. Par contre dans la
prochaine étape nous traiterons des fonctions de coûts et d’offres, en nous intéressant plus au
côté du vendeur du producteur. Enfin nous avons consacré un chapitre particulier à la question
importante des rendements d’échelles, qui n’a pas d’équivalent dans la théorie du
consommateur.
Arrêtons-nous enfin sur un problème de terminologie que nous retrouverons constamment dans
ce chapitre : le choix du terme (facteur de production) ou du terme (input) : nous avons exclu sa
version française intrant. Nous avons en général retenu le second (input), plus neutre et
s’appliquant mieux aux matières premières (consommation intermédiaires) le premier (facteurs
de production) étant surtout utilisé lorsque l’on est en présence de travail et de capital
II. La fonction de production :
Etant donné un panier d’input (q1, q2…qn) qi mesure une quantité d’une matière première ou d’un
service (fourni par des machines ou des travailleurs) i, on considère la quantité maximum
d’output qu’un producteur peut obtenir à partir d’elle. Si on suppose qu’il y a qu’un seul output,
et qu’à chaque panier d’inputs correspond une quantité (maximale) d’output, on est en présence
d’une fonction de IRn dans IR, appelée fonction de production que l’on peut noter :

Q= f(𝑥1 , 𝑥2 , … 𝑥𝑛) où q est une quantité de l’output considéré.


Lorsqu’un même panier d’inputs permet d’obtenir plusieurs types d’outputs, on parle de
production jointe.

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Souvent on suppose qu’input et outputs sont parfaitement divisible et que la fonction f admet
des dérivées du premier et du second ordres. Lors de la recherche d’extrema on suppose, en outre
qu’elle est concave. Par la suite nous considérons, qu’il y a que deux inputs, afin d’alléger les
notations et de permettre les représentations graphiques, mais les résultats obtenus sont
valables dans le cas général (n input).

a) Productivité totale et moyenne d’un input :


Soit la fonction de production q= f(𝑥1, 𝑥2 ). Nous allons étudier des variations de q en fonction de
celles de l’input 1. Pour cela considérons que la quantité d’input2 est fixée 𝑥2 = 𝑥𝑖 = constante

• Définition : La productivité de l’input1 pour 𝑥1 = 𝑥𝑖 est donné par q= f(𝑥1 ; 𝑥2 ).

La productivité totale est donc une fonction de 𝑥1(évidemment, il y a autant de fonction


de production que de valeurs de 𝑥2°)

• Définition : La productivité moyenne de l’input1, PM1 est donné par le rapport de la


𝑓(𝑥1 ;𝑥2° )
productivité totale et de la quantité de cet input : PM1= , PM1 est donc une fonction
𝑥1
de 𝑥1 on devrait écrire PM1(𝑥1)et il y a autant de fonctions PM1 que de valeurs 𝑥2° (les
fonctions PM1(𝑥1) dépendent du paramètre 𝑥2°). Dans le cas général, afin d’alléger les
notations, on écrit :
𝑓(𝑥1 ; 𝑥2 ;… 𝑥𝑛 )
𝑃𝑀𝑖 = Les 𝑥𝑗 tels que j ≠ i étant considérés comme constants.
𝑥𝑖

b) Productivité marginale d’un input :


La notion de productivité marginale, comme celle d’utilité marginale dont elle est proche, à une
grande importance dans la théorie néoclassique.

Fixons toujours la quantité d’input2 :𝑥2=𝑥2°. Supposons que l’on augmente d’une unité la quantité
de l’input1. La production va augmenter de :

∆𝑓 = 𝑓(𝑥1 + 1; 𝑥2°) -𝑓(𝑥1;𝑥2°)

L’accroissement de la production, 𝑓, est la production marginale procurée par l’unité


supplémentaire d’input1.

Si on augmente 𝑥1 d’une petite quantité 𝑥1 (par exemple 0,1 unités), on a :

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∆𝑓 = 𝑓(𝑥1 + ∆𝑥1 ;𝑥2°) -𝑓(𝑥1; 𝑥2°).

Si on veut connaître la variation de la productivité totale, ∆𝑓, par rapport à la variation de quantité
∆𝑓
d’input ∆𝑥1, on fait le rapport : ∆𝑥 .
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Mais ce rapport dépend des valeurs données à 𝑥1 afin d’avoir une valeur indépendante de ∆𝑥1,
on passe à la limite, ce qui donne par définition, la productivité marginale.

• Définition : la productivité marginale de l’input1, 𝑃𝑚1 est donné par la limite du rapport
∆𝑓 𝑓(𝑥1 +∆𝑥1 ;𝑥2 )−𝑓(𝑥1 ;𝑥2 ) 𝐷𝑓(𝑥1 ;𝑥2
= lim = = 𝑓 ′ 𝑥 (𝑥1 ; 𝑥2 )
∆𝑥1 ∆𝑥1→0 ∆𝑥1 𝐷𝑥1 1

Plus généralement lorsque l’on a une fonction de production du type : q=𝑓(𝑥1; 𝑥2 ; … 𝑥𝑛 ) on a :


𝑃𝑚𝑖 = 𝑓 ′ 𝑥𝑖 (𝑥1; 𝑥2 ; … 𝑥𝑛 ).

On suppose en général que les productivités marginales sont décroissantes 𝑖𝑒 que 𝑓′′𝑥𝑖2 < 0; (𝑖 =
1; 2; … 𝑛), à condition que ces dérivées existent.

c) Isoquantes : une isoquante est l’équivalent pour l’entreprise de la courbe d’indifférence du


consommateur. On fixe le niveau de production (q=q0=constante) et on représente dans le plan
(𝑥1; 𝑥2 ) la courbe donnant l’ensemble des quantités d’inputs permettant d’atteindre une telle
production (dans l’espace à 3dimensions, cela revient à couper la surface représentant 𝑓 par un
plan horizontal se trouvant à la hauteur 𝑞0 ) :

d) Taux marginal de substitution technique : TST


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Définition : Le taux marginal de substitution technique (TST) en M = (𝑥1 ; 𝑥2 ) est donné par :
∆𝑥
lim − ∆𝑥2 Avec 𝑓(𝑥1 + ∆𝑥1; 𝑥2 + ∆𝑥2) = 𝑓(𝑥1 ; 𝑥2) nous les noterons TST(𝑥1 ; 𝑥2).
∆𝑥1 →0 1

Le TST d’un producteur est analogue au TSB d’un consommateur. Evidemment, le TST est une
fonction de 𝑥1 𝑒𝑡 𝑥2 : quand le point M se déplace dans le plan, des inputs en général le TST varie.
On démontre exactement de la même façon que dans le cas du TSB du consommateur, qui si la
fonction de production est dérivable et à dérivées partielles non nulles alors le TST est égale au
rapport des productivités marginales (à conditions que 𝑥1 et 𝑥2 ne soient pas nuls). Soit
𝑓′ (𝑥1 ;𝑥2 )
TST (𝑥1 ; 𝑥2) = 𝑓′𝑥1 (𝑥
𝑥2 1 ;𝑥2 )

e) Maximisation de la production sous contrainte :

Jusqu’à présent, nous avons travaillé sur les propriétés de la fonction de production. Nous allons
maintenant préciser le choix de l’entrepreneur quand sont donnés les prix des inputs. Soit donc
𝑝𝑖 le prix d’une unité de l’input 𝑖. On suppose que les prix 𝑝𝑖 sont indépendant des quantités 𝑥𝑖
achetées par l’entrepreneur et que celui-ci dispose d’une somme fixe D (crédit fait par son
banquier par exemple) pour acheter les inputs. Dans le cas où = 1,2 , on a donc

D=𝑝1 𝑥1 + 𝑝2 𝑥2 .
L’entrepreneur cherche à maximiser sa production q=𝑓(𝑥1; 𝑥2 ) sous la contrainte
D=𝑝1 𝑥1 + 𝑝2 𝑥2 . Il doit donc déterminer les quantités ̅̅̅ 𝑥1 et 𝑥
̅̅̅2 qui annulent les dérivées du
Lagrangien L(𝑥1 ; 𝑥2 ; ) = 𝑓(𝑥1 ; 𝑥2) + (∆ − 𝑝1 𝑥1 − 𝑝2 𝑥2).
𝐷𝐿
= 𝑓 ′ 𝑥 (𝑥1 ; 𝑥2 − 𝑝1 = 0 (1)
𝐷𝑥1 1

𝐷𝐿
= 𝑓 ′ 𝑥 (𝑥1 ; 𝑥2 ) − 𝑝2 = 0 (2)
𝐷𝑥2 2

𝐷𝐿
{𝐷 = 𝐷 − 𝑝1 𝑥1− 𝑝2 𝑥2 = 0 (3)

𝑓′ (𝑥1 ;𝑥2 ) 𝑝
De (1) et (2), on tire :𝑓′ 𝑥1 (𝑥 = 𝑝1 (4)
𝑥2 1 ;𝑥2 ) 2

Pour ̅̅̅
𝑥1 𝑒𝑡 ̅̅̅
𝑥2 soient tels la production soit maximale, il faut que :
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- Le rapport des productivités marginales soit égal au rapport des prix ou (ce qui revient au
même) que
- Le taux marginal de substitution des 2 inputs soit égal au rapport des prix.
{𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 é𝑔𝑎𝑙𝑖𝑡é 𝑛 ′ 𝑒𝑠𝑡 𝑣𝑎𝑙𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑖 𝑙𝑒𝑠 𝑖𝑠𝑜𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑓𝑜𝑟𝑚𝑒 𝑑𝑜𝑛𝑛é𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑔𝑟𝑎𝑝ℎ𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑐𝑖 𝑑𝑒𝑠𝑠𝑜𝑢𝑠
f) Sentier d’expansion :
̅̅̅;
La solution (𝑥 1 ̅̅̅)
𝑥2 dépend de D à cause de (3). Donc lorsque D varie, cette solution également,
mais en vérifiant toujours l’égalité (4), valable quelque soit D. L’ensemble es couples (𝑥1; 𝑥2 )
vérifiant cette relation forme le sentier d’expansion, lieu géométrique des solutions du
programme considéré ici, 𝑖𝑒 des combinaisons optimales d’inputs.

g) Minimisation du coût sous contrainte :


L’entrepreneur peut plutôt chercher à rendre ses dépenses minimums pour produire une
𝑀𝑖𝑛 𝐷 = 𝑝1 𝑥1 + 𝑝2 𝑥2
quantité donnée d’output. Son programme est alors { 𝑆
𝑞 = 𝑞0
𝐶

NB : Nous étudierons ce cas dans le prochain chapitre.


h) Maximisation du profit :

Nous introduisons maintenant le prix de l’unité d’output. Le profit du producteur est obtenu en
faisant la différence entre les recettes et les dépenses :
TC (profit) = PQ (recettes) – (𝑝1 𝑥1 + 𝑝2 𝑥2 + 𝐶) (dépenses)
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NB : LA dépense se décompose en achat d’inputs (∑𝑛𝑖=1 𝑝𝑖 𝑥𝑖 dans le cas général) et coûts fixes
supposés constant (ici C).
Les prix 𝑃, 𝑃1 𝑒𝑡 𝑃2 étant donnés ainsi que C, comme Q=𝑓(𝑥1 ; 𝑥2 ), il s’ensuit que le profit est une
fonction de 𝑥1 et 𝑥2 (On devrait l’écrire 𝜋(𝑥1 ; 𝑥2 ).
Une condition nécessaire pour qu’il soit maximum est que ses dérivées partielles s’annulent : 𝜋
est maximum en (𝑥̅̅̅;
1 ̅̅̅)
𝑥2 si :
𝑀𝑎𝑥 𝜋(𝑥1, 𝑥2 )
{𝑆
𝐷 = 𝑝1 𝑥1 + 𝑝2 𝑥2 + 𝐶
𝐶
L(𝑥1 ; 𝑥2 ; 𝛼) = 𝑝𝑓(𝑥1 ; 𝑥2 ) + (𝐷 − 𝑝1 𝑥1 − 𝑝2 𝑥2 − 𝐶)
𝐷𝐿
= 𝑃𝑓 ′ 𝑥 (𝑥1 ; 𝑥2) − 𝑝1 = 0
𝑂𝑥1 1

𝐷𝐿
= 𝑃𝑓 ′ 𝑥 (𝑥1 ; 𝑥2 ) − 𝑝2 = 0
𝐷𝑥2 2

𝐷𝐿
= 𝐷 − 𝑝1 𝑥1 − 𝑝2 𝑥2 − 𝐶 = 0
{𝐷𝑥2

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