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Université Toulouse II – Jean Jaurès

Département de Sociologie et d’Anthropologie

Mémoire de Master Politique Environnementale et Pratiques Sociales

G ee Nudge
Cha ge les p ati ues da s le do ai e
du développe e t du a le

Par Morgan Laplaige


Sous la direction de Christophe Beslay
2016
« Un gamin traversa la grande place vide.
Il poursuivait à coups de pied un caillou rond
et répétait sur un air joyeux les mots
u il e ait d e te d e ie :
« L eau a a ue , l eau a a ue … »
René Barjavel

2
Remerciements

Je tiens à remercier en premier Christophe Beslay du BESCB qui, au-delà d’avoir


été présent à mon entretien d’admission au Master PEPS et au-delà d’avoir dirigé deux
études-écoles auxquelles j’ai participé, m’a permis d’obtenir ce stage et m’a soutenu lors
de mon cursus, lors de mon stage et lors de la rédaction de ce travail. Merci.
Je remercie Régis Olagne, Eric Singler et Florence Gramont ainsi que tous les
collègues de BVA. Régis Olagne, directeur de clientèle en charge des questions
d’environnement et d’énergie, a été mon tuteur de stage ; il m’a donné sa confiance et a
su me recadrer dans les moments de “flou”. Eric Singler, directeur général de BVA et
pionnier du nudge en France, m’a donné l’opportunité de contribuer à l’un de ses
ouvrages. Florence Gramont, directrice de la BU BVA Services, a contribué à mon
intégration au sein de son équipe.
Je remercie Marie-Christine Zélem, professeur de sociologie dans le Master PEPS
et membre du CERTOP, qui a influencé mon travail à travers ses publications et qui a
toujours été à l’écoute de mes interrogations.
Je remercie Didier Busca, directeur du Master PEPS et membre du CERTOP, qui
était présent pour moi lors des moments difficiles qui ont composé mon cursus.
Je remercie aussi tous les enseignants et les intervenants du Master PEPS.
Je n’oublie pas de remercier mes amis, mes camarades de promotion lors de ma
licence de sociologie à l’université Paul Verlaine de Metz avec lesquels je partage ce goût
pour la discussion et pour l’argumentation critique: Servane, Matthieu, Arnaud, Marion,
Liban.
Je remercie également les enseignants-chercheurs de Metz, notamment Piero
Galloro pour son initiation didactique à la sociologie, Abdel Weddoud Ould Cheikh pour
son humilité et sa sagesse concernant l’anthropologie du monde arabo-musulman, et Jean-
Louis Tornatore pour m’avoir fait découvrir la sociologie pragmatique.
Je n’oublie pas de remercier certains camarades de différentes promotions du
Master PEPS : Éloïse, Antoine, Mathilde, Guillaume, Charlie, Jérémy, Stéphanie, Ryan,
Rachid.
Je remercie également Hélène et Andy qui m’ont donné, en toutes circonstances,
une oreille attentive ainsi que la force de croire en tout ce que je fais.
Je remercie aussi ma famille et surtout mes parents, qui n’ont jamais eu la chance
d’obtenir leur baccalauréat et qui ont sacrifié énormément de choses afin que leur fils
puisse faire des études.
Et je remercie Charline.

3
Table des matières
Remerciements ............................................................................................................................. 3
Introduction .................................................................................................................................. 6
Présentation de BVA ................................................................................................................. 6
La Business Unit BVA Services et le projet BVA Earth ............................................................... 6
1 Méthodologie ........................................................................................................................ 8
2 Le green nudge : enjeux, principes et définitions ................................................................. 9
2.1 Pourquoi? ...................................................................................................................... 9
2.1.1 Cadre de réflexion : définitions ............................................................................. 9
2.1.2 Constat : Prise de conscience mais absence de changement ............................. 12
2.2 Comment ? .................................................................................................................. 14
2.2.1 Nudge et économie comportementale ............................................................... 14
2.2.2 Méthode de conception du nudge ...................................................................... 16
3 Problématisation ................................................................................................................. 18
3.1 Paternalisme libertarien et ses promesses : des contradictions ? .............................. 18
3.2 Manipulation et éthique ............................................................................................. 19
3.3 La pla e de l’i dividu, du ito e ................................................................................ 19
3.4 Évaluation et efficacité ................................................................................................ 20
4 Compte rendu des tâches effectuées lors du stage ............................................................ 21
4.1 Veille documentaire et concurrentielle ...................................................................... 21
4.2 Sensibilités déclarées et pratiques dans le domaine du développement durable ..... 28
4.3 Classement des études existantes .............................................................................. 29
4.4 Mise à jour du fichier contact ..................................................................................... 29
4.5 Panel de français engagés ........................................................................................... 29
4.6 P se tatio d’Alte ati a .......................................................................................... 30
4.7 Nudge Challenge COP21.............................................................................................. 30
4.8 Remplissage et recherche documentaire.................................................................... 31
4.9 Séminaire à Saint Antonin Noble Val .......................................................................... 31
5 Paternalisme libertarien et ses promesses : des contradictions ? ...................................... 32
6 Manipulation et éthique ..................................................................................................... 35
7 La pla e de l’i dividu, du ito e ........................................................................................ 37
8 Évaluation et efficacité ........................................................................................................ 44
Conclusion ................................................................................................................................... 49
Bibliographie ............................................................................................................................... 54

4
Sitographie .................................................................................................................................. 59

5
Ce mémoire s’appuie sur mon stage, que j’ai effectué en 2015 au sein de l’institut
de sondage toulousain BVA. Il faut préciser que ce travail n’est pas le fruit d’une
commande d’étude ou d’intervention sociologique émanant de l’entreprise mais plutôt
d’un stage opérationnel. L’objectif ici est d’apporter une réflexion articulant des
expériences vécues lors de mes activités au sein de cette structure ainsi qu’une analyse
critique du nudge en lien avec le développement durable, à partir d’un travail de lecture.

Introduction
Présentation de BVA
BVA est un institut de sondage créé en 1970 par Michel Brûlé et Jean-Pierre Ville,
qui donnent leur nom à cette entreprise (Brulé Ville et Associés). Depuis 2010, c’est le
4e institut d’études généraliste en France et il est également dans le top 25 mondial avec
un chiffre d’affaire de 90 millions d’euros en 2014. Cette multinationale est composée de
500 experts d’horizons différents.
L’activité de l’entreprise se
compose d’études quantitatives
majoritairement (87%) mais
aussi d’études qualitatives. 20%
de l’activité de BVA concerne
des études internationales.
Différents types d'offres1

L’entreprise se différencie de la plupart de ses concurrents en se spécialisant dans


les nudges. L’institut a donc créé une Nudge Unit2 composée de trois de ses quatre
directeurs, qui sont Eric Singler, Etienne Bressoud et Richard Bordenave. L’objectif est
de diffuser l’approche nudge en l’expliquant via différents supports (vidéo, diapo,…)
avec en parallèle la vente de prestations dans le domaine. Ce trio de directeurs fait
également partie de Nudge France3 qui est une association faisant la promotion du nudge
tout étant une plateforme d’échanges autour de la thématique. La Nudge Unit a également
un partenariat avec l’AIM4 qui s’appelle Nudging for Good5 et qui s’inscrit dans la même
dynamique que les deux projets précédemment évoqués.

La Business Unit BVA Services et le projet BVA Earth

Le stage s’est passé au sein de la


Business Unit (BU) BVA Services dans
le secteur Energie et Environnement,
sous la direction de Régis Olagne,
directeur de clientèle.
Thématiques de la BU1

1
http://www.bva.fr/fr/groupe/bva_aujourd_hui/
2
http://www.bva.fr/fr/bva_nudge_unit/
3
http://www.nudgefrance.org/
4
L’asso iatio des a ues eu op e es
5
http://www.nudgingforgood.com/
6
L’activité de la BU tourne autour d’études d’usages, d’attitudes / de
comportements et de besoins. Elle porte aussi sur la mesure de la satisfaction via des
baromètres, l’évaluation d’image et de notoriété, ou encore des tests de produits et de
services auprès de différentes cibles, telles que le grand public, des entreprises, des grands
comptes, des entreprises publiques et des collectivités territoriales. Leurs principaux
clients sont l’ADEME, BP, EDF, GDF-SUEZ.
Mon stage visait à contribuer à la construction d’une offre commerciale appelée
BVA Earth. Celle-ci est axée sur le développement durable et a vocation à introduire des
approches visant au changement de comportement : le nudge.

Présentation de BVA Earth6

Ce projet est composé de ce que BVA fait depuis plus de quinze ans dans le
domaine du développement durable. Il s’agit d’enquêtes d’opinions, de sondages,
d’analyses de tendances, de tests de communications concernant des problématiques en
lien avec l’environnement. Leurs commanditaires sont aussi bien des entreprises que des
acteurs publics (collectivités territoriales principalement). La singularité de ce projet est
dans le fait que l’institut de sondage, en plus de ses activités courantes, élabore et met en
place des green nudges pour des commanditaires du secteur public et privé.
Lors de mon stage, j’ai participé à plusieurs tâches permettant le développement
de BVA Earth, notamment une veille documentaire portant sur la COP21 et le
développement durable, une ébauche sur la distinction entre la prise de conscience des
problèmes environnementaux et le changement de comportement. J’ai aussi pris part à

6
http://www.bva.fr/fr/secteurs_dexpertise/bva_earth/notre_projet_pour_vous_aider_a_etre_plus_effi
cace/
7
l’évaluation informelle de projet de nudge dans le cadre du Nudge Challenge Cop 21 sur
laquelle nous reviendrons.

1 Méthodologie
La position du sociologue est ici singulière pour plusieurs raisons. Premièrement,
l’étudiant a été retenu au poste de stagiaire dans cette entreprise afin d’aider à développer
une offre commerciale originale par sa volonté d’y intégrer le green nudge. Ce mémoire
n’est pas une finalité officielle du stage pour l’institut de sondage car il n’a pas été
commandé par lui. Il s’agit d’un travail permettant à l’étudiant de valider son année en
s’appuyant sur son expérience de stage, tout en donnant à BVA un point de vue argumenté
sur une partie de ses activités. En cela, on ne peut pas parler ici de sociologie appliquée
ou de sociologie critique7, mais d’un entre-deux. Le stage ne s’inscrit pas dans une
démarche d’intervention sociologique 8 ou d’étude. Il s’agit ici d’un stage opérationnel.
Ce travail se fondera d’une part sur un retour d’expérience de mon stage au sein
de BVA comprenant les tâches que j’ai été amené à effectuer et un travail de lecture sur
des textes d’économies comportementales ou traitant des nudges ainsi que sur d’autres
travaux permettant d’étayer mon propos. L’objectif de ce mémoire est de livrer un regard
réflexif en rupture avec une vision normative afin de dévoiler à l’entreprise une lecture
du nudge “dépaysante” par rapport aux représentations qu’elle peut en avoir.
Compte tenu de l’intérêt que peut susciter ce travail pour BVA, quelques
suggestions seront proposées, émanant des résultats de cette réflexion.

7
Burawoy M. (2006), Pour la sociologie publique, Socio-logos, 1, URL : http://socio-logos.revues.org/11
8
Herreros G. (2002), Pou u e so iologie d i te e tio , Erès, (coll. « Sociologie Clinique »), 288p.
8
2 Le green nudge : enjeux, principes et définitions
2.1 Pourquoi?
2.1.1 Cadre de réflexion : définitions
Avant de présenter le nudge, son fonctionnement et ses finalités, il est important
de préciser les notions permettant de délimiter les contours de notre objet, en son contexte.
Le premier terme est celui de comportement.
Cette notion est définie la plupart du temps par des psychologues et/ou des
béhavioristes. Un comportement peut se définir comme une ou plusieurs actions d’un être
humain ou non-humain qui sont observables dans un environnement et une situation
donnés, comme la manifestation de leur activité globale9. Le courant béhavioriste a fait
du comportement l’objet central de ses travaux. La limite de ce courant est la focalisation
exclusive sur l’extériorité et l’observabilité des comportements. Cela se traduit par une
absence de prise en considération de l’intériorité des individus pour se concentrer
uniquement sur ce qui est observable. Le nudge utilise ce concept car la discipline qui le
sous-tend est un mélange de psychologie et d’économie. Le comportement est aussi une
notion du champ médical qui se diffuse d’abord via les politiques de santé où l’on
considère l’individu comme un acteur de sa santé, un sujet libre et responsable prenant
des décisions à partir de l’information dont il dispose10.
A ce terme vaste, nous pouvons lui opposer celui de pratique sociale. Reckwitz
définit qu’« une « pratique » est un type de comportement routinisé qui consiste en
plusieurs éléments interconnectés entre eux : des formes d’activités corporelles, des
formes d’activités mentales, des « choses » et leur usage, des connaissances de base
constituées de compréhension, savoir-faire, états émotionnels et motivations (Reckwitz,
2002, p. 249) 11». Ce parti pris est lié au fait qu’une pratique s’appréhende à travers
plusieurs dimensions (cognitive, normative, matérielle,…). Le monde complexe dans
lequel nous vivons requiert d’interroger les objets qui le composent sous différents angles
et selon différentes logiques qui sont interdépendantes les unes des autres. La définition
d’une pratique se veut donc plus fine que celle de comportement. Maresca parle de
pratique comme l’articulation de trois dimensions que sont les représentations (donnant
du sens aux gestes quotidiens), les objets matériels (qu’on ne peut séparer de leurs usages)
et les processus d’apprentissage (car les pratiques changent, évoluent en fonction des
développements technologiques et de la modification des normes sociales)12.
La notion de changement est également centrale car le nudge a vocation à être un
outil d’action, un nouveau levier permettant le changement. Nous pouvons distinguer et
définir trois niveaux de changement : le changement de comportement, le changement de
pratique et le changement de mode de vie.

9
Piéron H., in Bloch, H. (1994), Grand dictionnaire de la psychologie, Larousse, Paris, p. 153
10
Dujin A., Maresca B. (2012), Changer les comportements: l'incitation comportementale dans les
politiques de maîtrise de la demande d'énergie en France, CRÉDOC, Cahier de recherche. CRÉDOC n° 295,
Paris, 86p.
11
Dubuisson-Quellier S., Plessz M. (2013) La théorie des pratiques, Sociologie [En ligne], N°4, vol.4, URL :
http://sociologie.revues.org/2030
12
Dujin A., Maresca B. (2012), Changer les comportements: l'incitation comportementale dans les
politiques de maîtrise de la demande d'énergie en France, CRÉDOC, Cahier de recherche. CRÉDOC n° 295,
Paris, 86p
9
Le changement de comportement, dont la focale se concentre sur les individus, est
le plus souvent employé par les tenants de la psychologie individuelle, ou de la
psychologie sociale, mais également par les architectes de choix qui construisent les
nudges, sur lesquels nous reviendrons. Un changement de comportement est le processus
par lequel un individu modifie son comportement ou le remplace par un autre. Le
changement de pratique, quant à lui, s’intéresse davantage à la pratique elle-même,
considérée comme une entité en relation avec d’autres dimensions13 (cognitives,
normatives, matérielles) que l’individu. Les sociologues anglo-saxons du courant de la
théorie des pratiques ne raisonnent pas en termes d’adoption de pratique mais de
recrutement. Un changement de pratique est un processus où des pratiques recrutent des
adeptes. On considère l’individu comme porteur de pratiques 14. Avant de parler de
changement de mode de vie, il faut d’abord préciser qu’un mode de vie porte en son sein
l’articulation de deux notions : le genre de vie (l’adaptation d’un groupe social à son
environnement matériel), qui revêt un caractère collectif, et le style de vie (une traduction
individuelle, fonction d’une histoire personnelle, de l’adaptation au monde social), qui
porte son regard sur l’individu15. Le changement de mode de vie porte sur le changement
de comportements et/ou de pratiques au sein de sous-groupes sociaux ainsi que de leurs
représentations sociales. Les représentations sociales sont conçues comme le produit et
processus caractérisant le sens commun, soit une forme de pensée pratique socialement
élaborée, partagée par les membres dans un ensemble social ou culturel16.
La dernière notion majeure est celle de développement durable, qui englobe le
contenu de ma formation ainsi que de mon stage chez BVA. C’est une notion qui résiste
aux tentatives de définition du fait des paradoxes qui la composent et des sens différents
qu’on lui confère selon les contextes et les acteurs qui l’emploient. Il se veut l’articulation
des sphères économique, sociale et environnementale considérées comme ses trois piliers.
En 1972, le sommet international sur l’environnement de Stockholm parle de
développement « respectant simultanément les trois critères de la finalité sociale, de la
prudence écologique et de l’efficacité économique mesurée à l’aune sociale et non plus
simplement à celle de la rentabilité microéconomique17 ». L’idée est, selon le rapport
Brundtland de 198718, de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité
de satisfaire ceux des générations futures c’est-à-dire de continuer de créer de la richesse
via l’activité économique en assurant le « bien-être » de tous les humains, tout en
préservant l’environnement. Cette notion est l’avènement d’une prise de conscience de
l’interdépendance des ces trois dimensions et de la nécessité de trouver un équilibre entre
ces dernières pour la survie de l’espèce humaine. Cela nécessite une approche

13
Ibid
14
Bartiaux F. (2015), Les performances énergétiques des habitations et les travaux de rénovation : une
approche par les théories des pratiques sociales IN : Marie-Christine Zélem et Christophe Beslay (dirs.) ;
"So iologie de l’ e gie – Gouvernance et pratiques sociales"- 217–225pp.
15
Tapadinhas L. (2014), Transition écologique, consommation et modes de vie durables, Commissariat
général au développement durable, Référence, 2014
16
Jodelet D. (2006), in Mesure S., Savidan P. Le dictionnaire des sciences humaines, Paris, PUF, p1003
17
Nations Unies. (1972), D la atio de la o f e e des Natio s u ies su l e i o e e t, Stockholm
18
Brundtland G H. (dir.) (1987), Rapport de la Commissio o diale su l e i o e e t et le
développement,
URL : http://www.are.admin.ch/themen/nachhaltig/00266/00540/00542/index.html?lang=fr
de l’ONU
10
intersectorielle globale19. Il est également le fruit d’une critique des progrès technique et
économique, de leurs externalités négatives diverses ainsi que de la mise au jour de la
finitude du monde et de ses ressources. Le développement durable s’inscrit dans le
souhait exprimé de créer un cercle vertueux entre l’économie, le social et
l’environnement.
De nos jours, tout le monde parle de développement durable mais, le terme étant
ambigu et ne traduisant qu’une intention d’équilibre complexe, son sens est différent
selon les contextes et selon ses porte-paroles, tout comme sa mise en application.
Cette notion se caractérise aussi par l’antinomie qu’elle porte : le développement
est le produit de la croissance, c’est-à-dire de la création et de l’accumulation de richesse ;
l’adjectif durable (soutenable dans sa version anglaise) renvoie au maintien de l’humanité
sur Terre via la préservation de son environnement. Le problème est que, dans notre
société industrialisée, la croissance est le moteur du système économique et elle n’advient
qu’en impactant l’environnement. Les économistes parlent d’externalités négatives.
Même si cela est parfois infime, la création de richesse entraîne une pression sur nos
écosystèmes qui, de fait, se dérèglent. La question, à la fois simple et compliquée, est de
savoir si l’on peut préserver l’environnement sans remettre profondément en cause notre
système économique et quelle rationalité y a-t-il derrière la volonté de protéger
l’environnement tout en continuant de le détruire en recherchant continuellement la
croissance ? Le développement durable baigne « encore largement dans l’ambivalence,
l’incertitude et les divergences d’intérêts »20. C’est une utopie de penser que la technique
résoudra à elle seule les problématiques environnementales. Il faut interroger nos modes
de vie ainsi que nos comportements et nos pratiques. En cela, la notion demeure
incontournable dans le cadre du nudge.
Notre focale portera sur le nudge, une technique visant à changer les
comportements individuels et les pratiques sociales, notamment en lien avec le
développement durable. Divers travaux ont montré que les progrès technologiques, seuls,
ne seront pas suffisants pour diminuer l’impact des activités humaines sur la planète,
notamment afin d’atteindre le facteur 4, qui vise à diviser par quatre nos émissions de gaz
à effet de serre ainsi que nos consommations d’énergie d’ici 205021. Les techniques
comportementales ont donc probablement leur place dans les actions de développement
durable.

19
Rumpala Y. (2011), De l'objectif de « développement durable » à la gouvernementalisation du
changement. Expressions et effets d'une préoccupation institutionnelle renouvelée en France et dans
l'Union européenne, L’Ha atta , Politique européenne n° 33, p. 119-153
20
Ibid, p146
21
Dujin A., Maresca B. (2012), Changer les comportements: l'incitation comportementale dans les
politiques de maîtrise de la demande d'énergie en France, CRÉDOC, Cahier de recherche. CRÉDOC n° 295,
Paris, 86p
11
2.1.2 Constat : Prise de conscience mais absence de changement
Le green nudge22 ainsi que le point de départ de ce mémoire, parte d’un même
constat qui a été construit lors du stage :
Malgré une prise de conscience mondiale des problèmes environnementaux en
général et du changement climatique en particulier, les pratiques ne changent pas.
Durant mon stage, une partie de mon activité a porté sur la récolte de données
statistiques (et leurs mises en forme) concernant les perceptions (déclarées) et les
pratiques (déclarées et non déclarées) du développement durable au niveau international.
L’objectif de ce travail était de fournir matière à Éric Singler pour son livre « Green
Nudge, Changer les comportements pour sauver la planète » paru en novembre 2015, et,
dans le même temps, de contribuer à l’offre BVA Earth. De ce travail découlent deux
présentations powerpoint : l’une portant sur les perceptions et les pratiques dans le
domaine du développement durablei ; l’autre portant sur des indicateurs macro, afin
d’essayer de montrer la diffusion de pratiques qui sont, elles-mêmes, censées traduire
l’engagement des citoyens ii.
Dans le premier powerpoint, il y a une étude effectuée pour la COP21 dans 75
pays 23 nous indique que 78% des citoyens interrogés se sentent très concernés par le
changement climatique. Selon cette étude, l’opinion des citoyens est que le monde de
l’entreprise n’est pas vraiment à la hauteur ; ils sont seulement 21% (2014) à considérer
que les entreprises et l’industrie travaillent fortement afin de garantir un environnement
sain. 48% (2014) des personnes interrogées déclarent essayer actuellement de réduire très
fortement leurs impacts négatifs sur l’environnement.
La conscience écologique semble assez largement partagée au sein de l’ensemble
de la population. Pour modérer ce constat, il faut dire que les enquêtés ont tendance à
vouloir faire plaisir à l’enquêteur et à donner une bonne image d’eux-mêmes à travers
leurs réponses : il s’agit du biais de désirabilité sociale. Ce phénomène invite à prendre
les résultats d’outils quantitatifs avec prudence. Malgré tout, ces derniers sont utiles afin
de montrer de grandes tendances. Les pratiques, quant à elles, sont beaucoup plus
difficiles à mesurer.
Il a été décidé de prendre des indicateurs macro compulsés dans un powerpoint,
afin de se rendre compte de l’évolution des pratiques au sein de notre société. Selon ces
indicateurs, les jardins représentent 2% des surfaces de la France contre 54% pour les
surfaces agricoles et 3,5 kilos de substances actives (pesticide ou phytosanitaire) sont
utilisés par hectare de jardin alors qu’il ne s’agit que de 2,4 kilos en zone agricole24. Un
autre indicateur nous apprend que tous les ans dans le monde, 4 milliards de tonnes
d’aliments sont produits et qu’un tiers (1,3 milliards de tonnes) est gaspillé25.

22
Nudge axée sur le développement durable
23
Débat Citoyen Planètaire, (2015), CNDP URL : https://www.debatpublic.fr/debat-citoyen-planetaire-
world-wide-views-climat-lenergie
24
Barrault J. (2012), Les pratiques de jardinage face aux risques environnementaux et sanitaires des
pesticides, Thèse de sociologie, sous la direction de Denis Salles et Louise Vandelac, Toulouse, Toulouse
II Le Mirail, 2012, 447p
25
Food wastage footprint FAO 2013
12
Certains indicateurs ne nous permettent pas d’appréhender finement les pratiques
car ces données sont le fruit d’un mélange de facteurs de différents niveaux (individuel,
dynamiques sociales, structures sociales), de différentes natures (politiques,
économiques, environnementaux, sociaux, techniques) et mettant en cause divers acteurs.
Elles permettent, malgré tout, de nous montrer la timidité des changements. Ces
indicateurs sont supposés témoigner en partie du faible changement des pratiques.
Aucune technique quantitative, à l’heure actuelle, ne permet de donner fiablement accès
aux pratiques et aux comportements. La meilleure méthode pour les appréhender
directement est l’observation, ainsi que les techniques qualitatives qui n’ont pas lieu
d’être ici, compte tenu de la focale qui est internationale. Les sondages ne sont pas
exploitables non plus car ils recensent des déclarations qui ne sont pas convertibles en
pratiques effectives26.
On peut dire que cette démonstration rejoint donc le point de vue de Marie-
Christine Zélem27 et de Bozonet, qui considère que la conscience écologique ne suffit pas
à faire changer les pratiques28. Ces dernières sont aussi influencées par divers autres
facteurs et notamment techniques. Selon un mythe grec, Prométhée vola aux dieux les
arts et le feu (métaphore de l’intelligence et la technique) pour le donner à l’homme
(animal nu) afin qu’il puisse survivre dans son environnement29. Jacques Ellul nous dit
que « la technique, en tant que moyen d’action permettant à l’Homme de faire ce qu’il ne
pouvait accomplir par ses propres moyens », est la médiation exclusive entre l’Homme et
la nature30. Le milieu dans lequel les humains vivent est composé d’une multitude
d’objets et de dispositifs techniques. Christophe Beslay, à travers l’analyse socio-
technique, nous montre le poids que peuvent avoir les techniques, ainsi que leurs limites31.
Elles font partie intégrante de nos modes de vie et nous permettent de comprendre,
d’entreprendre des changements de comportements, si elles ne sont pas dissociées des
acteurs, des dynamiques sociales et des contextes structurels. Elles ne sont pas une
solution miracle et sont parfois contre-productives lorsqu’elles sont mal comprises, mal
appropriées par les acteurs. Le rapport Meadows (1972), réalisé par le MIT et commandé
par le Club de Rome, précise, malgré ses lacunes, que des solutions purement techniques
ne suffisent pas à régler les problèmes32. La prise en compte des modes de vie se base sur
l’hypothèse selon laquelle une structuration cohérente des comportements peut résulter
de l’existence et de l’affirmation de mécanismes collectifs33. Cela permet aussi de
décentrer son regard de l’individu en introduisant des paramètres d’ordres culturel et
technique pour une approche plus fine sur une problématique complexe. L’analyse des
comportements nécessite une approche globale multi-scalaire et multidimensionnelle à

26
Zélem M-C. (2010), Politique de maîtrise de la demande d'énergie et résistances au changement. Une
approche socio-anthropologique, L'Harmattan, (coll. " Logiques sociales "), 323 p.
27
Ibid
28
Bozonnet J.P. (2007), Conscience écologique et pratiques environnementales, PACTE-IPE Grenoble –
Toulouse
29
Manon S. (2008), Le mythe de Prométhée, PhiloLog. URL : http://www.philolog.fr/le-mythe-de-
promethee/
30
Ellul J. (1977), Le système technicien, Le Cherche Midi, coll. Documents, pp 45-46
31
Beslay C., GournetR.(2010), Les Klimades – Rencontres climat et habitat en Méditerranée, Montpellier
32
Mongeau Y., Le Club de Rome et ses critiques URL :
http://www.homovivens.org/jdufresne/clubrome.pdf
33
Tapadinhas L. (2014), Transition écologique, consommation et modes de vie durables, Commissariat
général au développement durable, Référence
13
l’instar de la démarche socio-technique utilisable dans le cadre d’implémentation de
dispositif technique. Le nudge pourrait également être utile en amont de la conception
d’objets techniques en apportant un regard nouveau sur ces derniers, sur leurs usages et
sur leurs appropriations par les usagers.
2.2 Comment ?
2.2.1 Nudge et économie comportementale
À la suite de ce constat, nous allons vous présenter la méthode dite « douce » de
changement que l’on appelle nudge.
Le nudge qui signifie « coup de coude / rappel / encouragement » en anglais, se
définit comme une situation donnée, agencée de telle sorte qu’elle manipule les individus
qui la « traversent », sans qu’ils en aient conscience, afin que ces derniers soient orientés
vers un comportement défini comme « souhaitable » par le concepteur du dispositif. Ce
concepteur est appelé « architecte de choix ». Un nudge est donc une architecture de choix
créée à partir de travaux d’économie comportementale. L’exemple le plus connu est celui
de la mouche dans les urinoirs de l’aéroport Schiphol d’Amsterdam. Les autorités ont fait
dessiner au fond de chaque urinoir une mouche. Ce petit détail modifie l’architecture de
choix et influence les comportements des individus qui sont en train d’uriner : une partie
d’entre eux prennent la mouche pour cible et urinent donc dans l’urinoir plutôt qu’à côté.
L’impact est tel qu’il y a eu 80% d’éclaboussures en moins selon les équipes de
l’aéroport34. Cette technique se situe à la confluence de l’économie et de la psychologie,
que l’on nomme économie comportementale. Cette dernière vise à vérifier des théories
économiques via l’expérimentation psychologique.
L’économie comportementale et sa démarche s’opposent à la théorie de l’homo
oeconomicus, qui est un concept de l’économie néo-classique visant à appréhender les
comportements économiques. Schématiquement, l’homo oeconomicus est un être
rationnel, un individu qui agit consciemment en fonction d’un calcul coût/bénéfice
tendant toujours à maximiser son profit. Dans cette configuration, l’individu agit toujours
dans son propre intérêt. Les travaux d’Herbert Simon35 ont écorné ce modèle et nous ont
montré que l’individu prend des décisions satisfaisantes mais non optimales car celui-ci
est doté d’une rationalité limitée. Il ne dispose pas de l’intégralité des éléments lui
permettant de faire le meilleur choix. Qui plus est, ce dernier avance que les individus,
lorsqu’ils prennent des décisions, sont influencés par de multiples facteurs et donc ne sont
pas purement rationnels au sens de l’économie classique.
L’économie comportementale prolonge les travaux de Simon et se fonde sur le
postulat de Daniel Kahneman, qui fut Prix Nobel d’Économie en 2002. Dans son ouvrage
« Système 1, Système 2 »36, Kahneman met en avant que nous avons deux systèmes de
pensée : l’un se caractérisant par sa rapidité, son caractère intuitif, immédiat et
incontrôlable alors que l’autre se définit par sa lenteur, sa « rationalité » et la possibilité
de le contrôler. Le constat est le suivant : l’esprit tend à être paresseux et partisan du

34
Sunstein C., Thaler R. (2010), Nudge. La méthode douce pour inspirer la bonne décision, Vuibert,
(coll. "Signature"), 288p.
35
Quinet C. (1994), Herbert Simon et la rationalité In: Revue française d'économie, volume 9, n°1, pp.
133-181
36
Kahneman D., (2012) Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée, Flammarion,
coll. « Essais », 545 p.
14
moindre effort. Or, les tâches nécessitant un effort cognitif sont les plus consommatrices
d’énergie (de glucose notamment). Daniel Kahneman nous dit que, de fait, nous avons
tendance à utiliser plus souvent notre système 1 que notre système 2. L’utilisation de ce
système 1 entraîne des dysfonctionnements, des erreurs systématiques qu’on appelle biais
d’irrationalité. Voici une liste non-exhaustive de biais qui mettent en jeu la survie de notre
planète selon Eric Singler37 :
- le biais de sur-confiance où l’on surestime la validité de son jugement, de sa réussite
dans une tâche.
- le biais de confirmation, c’est-à-dire que nous sommes plus sensibles aux éléments qui
confirment notre opinion et plus fermés aux autres avis.
- le biais du temps présent fait que nous sommes focalisés sur le temps présent et que
nous dévalorisons le temps futur.
- le biais de l’affect fait que nous réagissons plus fortement à un ressenti émotionnel qu’à
un argument persuasif.
Toute cette démarche s’inscrit donc dans une volonté de connaître les mécanismes
« irrationnels » qui guident nos prises de décisions afin de les utiliser et non les combattre.
Le nudge est un dispositif permettant d’utiliser les faiblesses du système 1, c’est-
à-dire les biais d’irrationalité. Cette technique s’inscrit dans une doctrine appelée
paternalisme libertarien, qui se définit par sa volonté d’orienter les comportements vers
le bien-être des individus et l’intérêt général, tout en laissant libres les individus, donc
sans les contraindre à adopter ce changement.
Pour donner un exemple de green nudge, on peut parler de la compagnie
d’électricité Opower, qui utilise des messages jouant sur la norme sociale en comparant
la consommation d’électricité d’une personne à celle de ses voisins afin d’encourager à
réduire cette consommation :

38

37
Singler E. (2015), Green nudge. Réussir à changer les comportements pour sauver la planète, Pearson,
260 p.
38
Allcott, H. (2011), Social norms and energy conservation, Journal of Public Economics, 95(9), 1082-
1095pp.
15
2.2.2 Méthode de conception du nudge
À la suite de cette brève description de ce qu’est le nudge, nous allons détailler les
diverses étapes de sa construction.
2.2.2.1 La mission
Cette notion de mission, qui semble solennelle, correspond à la feuille de route
qui va guider la construction du dispositif. Tout d’abord, il faut définir un nouveau
comportement à encourager. Ce comportement doit nécessairement bénéficier à l’intérêt
général ou aux individus, à leur collectivité ou à la planète. Il est également important de
préciser le comportement souhaitable en définissant finement une cible. Enfin, le
comportement doit être mesurable via des indicateurs permettant son évaluation.
2.2.2.2 Observer et comprendre avant de changer
Le préalable au changement de pratiques et de comportements est évidemment
leur étude. Avant d’essayer de les modifier, il faut observer et se renseigner sur ces
derniers.
Une approche ethnographique avec des moyens technologiques nouveaux peut
être utilisée afin de collecter des informations sur les individus dans leurs milieux
quotidiens, dans le cadre de la démarche nudge. Les caméras miniatures permettent donc
de faire de l’observation, moins remarquée et moins intrusive. L’utilisation de ses outils
permet de limiter l’interférence de l’observateur sur l’interaction en cours. Une autre
technique passe par la mise en ligne volontaire sur une plate-forme de témoignages
d’expériences d’individus, notamment sur des retours de produits. Il s’agit d’une qualité
de matériaux de seconde main car ils proviennent d’individus observés, se montrant à un
observateur via des vidéos et photos. Il peut également s’agir de commentaires déposés
sur cette plateforme ou envoyés par des applications smartphone. De plus en plus
d’applications smartphone se développent dans ce sens en interrogeant les
consommateurs sur leurs impressions. Cette approche peut et doit se faire en
complémentarité avec des méthodes qualitatives, comme des entretiens, et des techniques
quantitatives via des questionnaires. L’équipe construisant le nudge peut également
inviter des parties prenantes, telles que des ONG ou des consommateurs afin de demander
leur avis.
Une autre technique est celle du neuromarketing visant à comprendre les choix du
consommateur en observant les réponses corporelles et cérébrales d’un individu soumis
à des stimuli. L’eye tracking est la technique de neuromarketing la plus connue à l’heure
actuelle. Elle permet d’identifier ce qu’un individu regarde dans son environnement de
façon consciente ou non. L’idée est de faire le lien entre ce qui a été regardé par les
individus et leur prise de décision. D’autres techniques de neuromarketing « mesurent »
des émotions ressenties lors de la rencontre avec des stimuli. Le big data figurera bientôt
parmi cette liste lorsqu’il sera possible de trier et d’utiliser les données surabondantes en
provenance de notre vie virtuelle et de nos outils de communication.
Toutes ces données récoltées doivent passer par une phase d’analyse, qui
permettra d’en tirer des conclusions.
Après avoir testé et ajusté l’idée, la dernière phase est bien évidemment le
déploiement du nudge et son implémentation avant de finir par la mesure de ses impacts.

16
BVA a fait, en partenariat avec l’AIM – European Brands Association, un guide
opératoire d’environ 70 diapositives qui montre les étapes à suivre afin de concevoir un
nudge39.

39
http://www.nudgingforgood.com/course/creating-nudges/
17
3 Problématisation
La prise de conscience mondiale des problématiques environnementales ne se
traduisant pas mécaniquement par des changements de pratiques et de comportements,
la démarche nudge semble être un nouvel outil pouvant contribuer à changer les
comportements et les pratiques, en complément de ceux existants qui émanent de
disciplines variées. Sans aucun fatalisme, tous ces outils ont des limites qui doivent être
dévoilées, afin de pouvoir être améliorés. La question de la cohérence du paternalisme
libertarien, qui sous-tend le nudge est à interroger. Comment rendre cohérente une
doctrine mélangeant deux doctrines antithétiques ? Le nudge manipule les individus afin
de leur faire adopter un comportement prédéfini, en cela, la dimension éthique du nudge
ne peut être mise de côté. En quoi la manipulation par le nudge est-elle éthique ?
Comment garantir le caractère éthique d’un nudge ?
Le green nudge se veut un outil du développement durable, c’est-à-dire qu’il
vise à répondre aux enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés afin de
garantir la survie de l’espèce humaine sur cette planète. Ces questions concernent tous
les humains et créent de l’incertitude compte tenu de notre faible compréhension de la
complexité de notre monde et des interactions entre les différents éléments qui le
composent. Les enjeux en lien avec notre environnement sont soumis à des temporalités
particulières du fait de leur longueur. Un des objectifs fixés par la COP 21 est de réduire
les émissions de gaz à effet de serre à zéro d’ici 2100 pour ne pas dépasser une
augmentation des températures de 2° C. Comment adapter le nudge aux enjeux du
développement durable sachant qu’ils touchent tout à chacun et que les temporalités de
ces enjeux s’inscrivent dans le long terme ?
Compte tenu du constat concernant l’état de notre planète et nos difficultés à
changer nos pratiques, et après avoir présenté les mécanismes utilisés par les architectes
de choix ainsi que la façon de concevoir un nudge, nous sommes conscients que cet objet
soulève de nombreuses questions et à de nombreux niveaux. Ne pouvant aborder
l’intégralité de ces dernières, nous avons décidé de nous concentrer sur les
caractéristiques suivantes de la démarche nudge : l’apparent paradoxe de sa doctrine (le
paternalisme libertarien), ainsi que son éthique de la manipulation. Dans un second temps,
nous interrogerons la place de l’individu dans la construction du green nudge ainsi que
l’évaluation de l’efficacité de ce dispositif dans le temps.
3.1 Paternalisme libertarien et ses promesses : des contradictions ?
Dans un premier temps, nous nous focaliserons sur le nudge et ses caractéristiques
intrinsèques qui découlent du paternalisme libertarien. Cette doctrine se matérialise par
le nudge, considéré comme une méthode douce visant à changer les comportements en
évitant la coercition (obéissance à une règle ou la sanction) ou l’incitation économique
(récompense du changement de comportement). L’aspect paternaliste se manifeste dans
le fait de considérer comme légitime le fait d’orienter les individus vers de « bons
comportements ». Le nudge se déclare libertarien car il n’entrave pas la liberté de choix
des individus et n’impose pas des pratiques contrairement aux dispositifs réglementaires.
Néanmoins, cette doctrine prête à controverse. D’un côté, les économistes
comportementaux défendent une formulation qui semble paradoxale au premier abord
mais qui se complète elle-même ; de l’autre côté, ses détracteurs dénoncent un oxymore,
18
l’incompatibilité entre deux notions qui cache un paternalisme qui n’a rien de libertarien,
ainsi qu’une approche normative qui n’est pas questionné40.
Après avoir détaillé les principales positions des uns et des autres, notre travail
devra tenter de répondre aux questions suivantes : le paternalisme libertarien est-il un
oxymore ? Peut-on trouver une façon d’atténuer les points de désaccord entre ces deux
argumentations, sans pour autant donner totalement tort ou raison à l’un ou à l’autre ?
3.2 Manipulation et éthique
Le nudge manipule des individus qui n’en n’ont pas conscience, en utilisant des
faiblesses systématiques qui sont le fruit de notre irrationalité, de notre système 1. Le fait
de se servir de ce genre de procédé n’est absolument pas dissimulé par les spécialistes de
l’économie comportementale. L’exemple est celui d’Eric Singler, directeur de BVA41 et
fondateur de Nudge France42, qui lors d’une conférence déclara « c’est de la manipulation
totalement assumée »43.
Il s’agit ici de tenter de définir ce qu’est la manipulation et ses ambivalences du
fait de sa présence dans la vie quotidienne, de son utilisation pour diverses intentions, ce
sur quoi elle agit.
Ces problématiques de manipulation nous amènent nécessairement vers la
question de l’éthique. Pour Eric Singler, l’éthique du nudge doit s’inscrire dans une
démarche pragmatique et faire du cas par cas44, au lieu de rentrer dans une réflexion
philosophique trop déconnectée de son objet. La question ici sera de présenter ce qui,
dans le nudge, peut ne pas être éthique 45, comment le détecter et de trouver des pistes de
grands principes éthiques en lien avec le nudge afin de pouvoir cadrer très largement sa
conception.
3.3 La pla e de l’i dividu, du itoye
Sunstein et Thaler considèrent « qu’une politique est «paternaliste» si elle
s’efforce d’influencer les choix de façon à promouvoir les intérêts des gens, tels qu’ils le
conçoivent eux-mêmes »46. Le nudge amène à réfléchir à cette notion d’intérêt collectif,
d’intérêt général. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il se réclame du développement
durable. Ce questionnement invite à porter son regard sur la place des individus dans la
démarche nudge. Notre contexte actuel est celui où la démocratie par délégation est en
crise et où partout naissent des initiatives visant à aménager notre système représentatif.
Ce contexte est aussi celui du développement durable, qui ouvre à nos yeux un monde
complexe et dans lequel toute action est en proie au doute quant à ses effets et ses

40
Baujard A. (2015), Beyond the Consent Dilemma in Libertarian Paternalism, a Normative Void, Homo
Oeconomicus, 32(2), pp 369—373
41
Pionnier dans le domaine du nudge en France
42
Think tank autour du nudge constitué des directeurs de BVA
43
http://up-conferences.fr/evenement/nudges-ne-changez-rien-on-vous-change-vous 15 avril 2014
44
Singler E. (2015), Nudge Marketing Comment changer efficacement les comportements, Pearson,
368p.
45
Sunstein C.(2014), The Ethics of Nudging, Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=2526341 or
http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2526341
46
Sunstein C., Thaler R. (2010), Nudge. La méthode douce pour inspirer la bonne décision, Vuibert,
(coll. "Signature"), 288p.
19
impacts47. Il semble intéressant de voir en quoi les techniques participatives peuvent
contribuer à enrichir la conception de nudge. Après un travail de définition de la notion
d’intérêt général, nous essaierons de présenter le rôle que peut jouer la participation dans
la co-construction du nudge et de l’intérêt général qu’il défend.
3.4 Évaluation et efficacité
Le green nudge a vocation à être un levier du développement durable qui se fixe
des enjeux à long et très long terme dans une optique de préservation de l’espèce humaine
dans un environnement hospitalier. Il s’agit donc d’une temporalité particulière. Les
pratiques ainsi orientées et reproduites peuvent s’apparenter aux allers-retours du colibri
voulant éteindre le feu de forêt dans la légende fondatrice du mouvement de Pierre
Rabhi48. L’évaluation du nudge et la mesure de son efficacité sont donc centrales. J’ai
d’ailleurs indirectement participé à une évaluation lors du Nudge Challenge COP21,
évènement organisé par BVA mettant en compétition des prototypes de green nudge
conçus par des groupes d’architectes de choix néophytes venant de grandes écoles
françaises. Cette partie sera le lieu de commentaires sur des indicateurs d’efficacité
utilisés dans le cadre de green nudge. La question portera sur la durabilité des
changements impulsés par les nudges et de fait leur corrélation avec le développement
durable.

47
Callon M., Lascoumes P., Barthe Y. (2001), Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie
technique, Paris, Le Seuil (collection "La couleur des idées"), 358 p.
48
https://www.colibris-lemouvement.org/colibris/la-legende-du-colibri
20
4 Compte rendu des tâches effectuées lors du stage
Cette partie se composera de l’ensemble des tâches effectuées lors de mon stage.
Cela permettra d’avoir une idée claire et synthétique des différentes activités qui ont
composé mon expérience au sein de l’institut de sondage BVA avant de développer une
analyse critique du nudge.
4.1 Veille documentaire et concurrentielle
Le début de mon stage commença par la mise en place d’une veille concurrentielle
et documentaire.
Concernant la veille documentaire, celle-ci portait sur la COP21 ainsi que sur
l’actualité autour du développement durable. Cette veille s’est mise en place via la
création d’Alerte Google portant sur des mots clés tels que COP21, mais aussi via le suivi
de l’actualité à travers différents journaux français (Le Monde) et anglais (The Guardian).
Les réseaux sociaux tels que Twitter furent également mobilisés. Scoop it fut un outil de
veille largement utilisé lors de ce travail. L’idée ici était de se tenir au courant de
l’actualité afin de capter ce qu’on appelle des signaux forts et faibles pouvant être
intéressants afin d’ajuster la construction de l’offre développement durable de BVA.
Le concept de signal faible vient des « sciences » de la gestion et s’inscrit dans
une démarche de vigilance d’une organisation par rapport à son environnement, qui se
compose d’acteurs agissants49. Humbert Lesca invite les entreprises à scruter leur
environnement en termes d’acteurs tout en définissant ce qu’il entend par là :
« - chercher à repérer les acteurs extérieurs susceptibles de prendre des décisions pouvant
avoir une influence actuelle ou future sur notre entreprise,
- surveiller attentivement et individuellement ces acteurs en vue de comprendre leurs
comportements, leurs stratégies et les valeurs fondamentales qui les guident au moment
de prendre une décision,
- connaître aussi exactement que possible leurs capacités actuelles et potentielles ainsi
que leur pouvoir et leur influence,
- anticiper leurs décisions et évaluer les impacts probables de celles-ci sur le devenir de
notre entreprise,
- voir éventuellement ce que l'on peut faire avec eux, malgré eux ou contre eux. »50
Les signaux faibles désignent des informations qui sont le plus souvent
extraverties, de nature prospective, plus qualitatives que quantitatives, d'une durée de vie
limitée et rapidement obsolètes51. Lesca les caractérise comme étant des informations
qualitatives comme des phrases, des mots, des photos, des informations incertaines qui
doivent être traitées avant interprétation et des informations fragmentaires. Si elles sont
prises une à une, ces informations ne sont pas intelligibles. Elles doivent être

49
Lesca H. (2004), www.sup.adc.education.fr/bib/Publ/Guides/veille/sommaire.htm
50
Lesca, H. (1986, 1990), Système d'information pour le management stratégique : l'entreprise
intelligente, McGraw Hill, coll. « Stratégie et Management », Paris, 146 p.
51
Mével O. (2004), Du rôle des signaux faibles sur la reconfiguration des processus de la chaîne de valeur
de l o ga isatio : l e e ple d u e e t ale d a hats de la g a de dist i utio f a çaise, Thèse de
sciences de gestion, sous la direction de Pierre Barranger, Université de Bretagne Occidentale, 461p.
21
contextualisées et associées à d’autres pour que l’organisation puisse éventuellement les
utiliser dans sa stratégie52.
La veille concurrentielle porta sur la recherche d’informations auprès de
concurrents de BVA. Par concurrent, il faut entendre des entreprises, instituts de sondage
ou non, qui, par leurs activités, peuvent donner des informations permettant à BVA de
mieux se positionner quant à son offre axée sur le développement durable. La démarche
vise à caractériser le profil de chaque concurrent par rapport au fait que celui-ci fait des
études en souscription, s’il a une approche centralisée (c’est-à-dire une approche où tous
les services sont concernés ou non, avec ou sans spécialiste sur le sujet), si celui-ci
construit des baromètres ou des évènements axés sur le développement durable, quelles
sont les types d’études qu’il fait, son positionnement et ses activités concernant la COP21.
Tout cela en plus de la récolte d’informations factuelles telles que la taille, la masse
salariale, la date de création, le chiffre d’affaire, etc... Pour commencer, il s’est agi de
s’intéresser aux concurrents de façon large, comprenant une multitude d’entreprises de
consulting, des think tanks et autres. L’objectif est de faire une carte d’identité de chaque
concurrent afin de connaître leur position par rapport aux études dans le domaine du
développement durable. Cette recherche d’informations passa par une visite approfondie
des sites internet des concurrents comprenant le téléchargement des études en rapport
avec le développement durable et l’inscription aux newsletters, mais aussi l’utilisation de
réseaux sociaux (Facebook, Twitter).
Ce travail fut compulsé et réutilisé par le commanditaire dans une présentation
powerpointiii dans le cadre du développement de son offre commerciale et se présente
sous la forme suivante :

-création en 1993, 26 collaborateurs, 2 millions de chiffre d’affaire en


2008
-Problématiques :
Conseil : stratégie, innovation et marketing durables, reporting & communication extra financière,
empreinte économique locale, achats responsables, dialogue avec les parties prenantes

Secteur : construction et aménagement durables, alimentation et restauration durables, cosmétique et santé


durables, logement social, commerce et distribution responsables, petites et moyennes entreprises,
tourisme responsable,

-Sujets :
Comportement des occupants et performances énergiques, empreinte socio-économique, restauration
commerciale DD, étiquetage CO2 des produits bancaires, rôle des parties prenantes dans la gouvernance des
entreprises

-Clients : Union sociale pour l'habitat / Bouygues construction / Groupe Logement Français / Caisse des
dépôts /Delphis (scoiété HLM)/ les foyers seine et marne / Emmaus Habitat / auvergne habitat / société
dauphinoise pour l'habitat / Lesieur / Heineken France / SOdexo / Neo restauration (info sur la restauration)
/ mes courses pour la planète (guide de consommation durable /Nature & découvertes / Ben & Jerry’s /
Danone/ Lafarge/ Michelin/ L’Oréal/ Sodexo / Ville de Paris / Max Havelaar /

22
Confidential & Proprietary – Copyright BVA Group ® August 2012

52
Lesca H. (1996), Veille stratégique : comment sélectionner les informations pertinentes ? , Colloque
AIMS, Lille, 9p.
22
Think tank :
Promotions de l’agenda du développement durable en France et à l’international
-Publication > l’innovation qui change le monde, l’espace de travail un outil de stratégie et de
management, marques et RSE
-Initiatives > observatoires des marques positives, la communauté B CORP, programme NOE, entreprise
et constructions durable, food horizons
-Interventions publiques > petit déjeuner, conférence

Travaille avec Opinion Way

Interlocuteur : Valérie Robillard, Arnaud Florentin

AFOM (avantage faiblesse opportunité menace) :


-bon contact avec BVA
-contact sur panel de français engagé
-risque de prise de position contre les nudges Elisabeth Laville
-concurrence avec Petit Bateau

23
Confidential & Proprietary – Copyright BVA Group ® August 2012

Diapositives extraites du powerpoint traitant de la veille concurrentielle

Il s’agit de fiches détaillant les activités du concurrent (qui est à la fois un


partenaire en l’occurrence), les sujets sur lesquels elles portent, ses clients (de façon non
exhaustive), un point sur son activité de think tank (publications, évènements, projets).
Pour finir, le commanditaire rajouta le nom des interlocuteurs avec lesquels il est en
contact, ainsi qu’une analyse AFOM (Atouts Faiblesses Opportunités Menaces ou SWOT
en anglais) concernant les relations officieuses que BVA entretient avec cette
organisation.
Une veille sur les ONG et les associations de protection de la nature a également
été mise en place afin de détecter les nouveaux répertoires d’actions collectives, ainsi que
les positions et solutions de ces associations. Avant de parler de ces derniers, nous
pouvons définir une action collective comme « toute tentative de constitution d’un
collectif, plus ou moins formalisé et institutionnalisé, par des individus qui cherchent à
atteindre un objectif partagé dans des contextes de coopération et de compétition avec
d’autres collectifs»53. Nous voyons ici la largeur que recouvre cette notion, c’est pourquoi
il fut décidé de réduire la focale sur les organisations écologistes. Le commanditaire nous
demanda de nous intéresser particulièrement aux propositions, aux solutions ainsi qu’aux
alternatives mises en avant par ces associations54. Concernant la notion de répertoires
d’actions collectives, ils peuvent être considérés comme des « moyens d’agir en commun
sur la base d’intérêts partagés »55. Notre travail porta donc sur la détection de ces moyens
en distinguant les nouveaux des traditionnels (grève, manifestation, etc…). Pour ce
recueil d’informations, nous avons utilisé également l’inscription aux newsletters, les

53
Céfaï D. (2007), Pourquoi se mobilise-t-on ? Les th o ies de l a tio olle ti e, La Découverte / MAUSS,
coll. « Recherches », 727p.
54
L’o ga isatio e asso iatio est deve ue u e o e la ge ent partagée dans ce milieu.
55
Tilly C. (1986), La France conteste de 1600 à nos jours, Fayard, coll. « L’espa e du politi ue », Paris,
p541-542
23
réseaux sociaux, la visite approfondie de leurs sites internet ainsi que de la littérature en
sociologie des mouvements sociaux et des controverses. Cette veille aura un usage dans
le panel de français engagés que nous développerons un peu plus bas.
Avant de présenter une liste de quelques éléments de résultats de cette veille, il
faut rappeler que le contexte général dans lequel se construisent des mouvements
sociaux56 est celui de la mondialisation. Les organisations écologistes se sont donc
adaptées à cet « environnement » en développant des modèles de fonctionnement de type
réticulaire connectant les échelles régionales, nationales et transnationales permettant
« une organisation flexible et polycentrique »57. L’exemple que l’on peut mettre en avant
est celui des Amis de la Terre (Friends of the Earth), qui est une fédération internationale
implantée dans 77 pays et comptant plus d’une trentaine de groupes locaux en France.
Leur site internet parle de 2 millions de membres sur 5 continents58. Ces derniers disent
avoir des « amis » qu’ils qualifient « d’alliés » comme le Réseau Sortir du Nucléaire ou
le Réseau Action Climat, qui regroupe en France 16 organisations de défense de
l’environnement comme GreenPeace, Oxfam France ou encore la Ligue de Protection des
Oiseaux (LPO). Le leitmotiv sous-jacent aux mouvements écologistes est de penser
global et d’agir local59. Ce slogan se retrouve dans le film et le livre de Coline Serreau
« Solutions locales pour un désordre global »60.
Le développement des technologies joue un rôle important dans mobilisation de
nouveaux répertoires d’actions collectives. La vidéo est très utilisée, et si elle est diffusée
sur internet, cela peut devenir un vrai outil de dénonciation et de mobilisation. Nous
pouvons donner comme exemple le film de Josh Fox qui s’appelle Gasland61 et « qui a
été le détonateur mondial de la protestation »62 contre la prospection et l’exploitation du
gaz de schiste, grâce à sa diffusion massive sur internet. Ces nouveaux outils permettent
un développement de la publicisation de la cause, en la rendant visible dans la sphère
publique et afin d’interpeller les décideurs63.

56
Céfaï (2007) les définit comme « une action collective action collective orientée par un souci de bien
pu li à p o ouvoi ou d’u al pu li à a te et ui se do e des adve sai es à o att e, e vue de
rendre possible des processus de participation, de redistribution ou de reconnaissance »
57
Della Porta D., Roux C. (2003), Globalisation et mouvements sociaux. Hypothèses à partir d'une
recherche sur la manifestation contre le G8 à Gênes, in: Pôle Sud, n°19, L'Italie du politique. pp. 175-195
58
http://www.amisdelaterre.org/
59
Ollitrault S. (2008), Militer pour la planète. Sociologie des écologistes, PUR, coll. « Res Publica »,
Rennes, 224 p.
60
Pour le livre : http://www.actes-sud.fr/catalogue/ecologie-developpement-durable/solutions-locales-
pour-un-desordre-global
Pour le film : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18985602&cfilm=146945.html
61
http://www.gaslandthemovie.com/about-the-film
62
Terral P-M. (2014), Les oppositions au gaz de schiste dans le monde : des protestations nationales à un
mouvement citoyen transnational ? », Ecologie & politique, N°49, p. 81-94
63
Chateauraynaud F. (2011), Argumenter dans un champ de forces. Essai de balistique sociologique,
Pétra, coll. « Pragmatismes », Paris, 477p.
24
L’image est donc très importante et peut parfois être utilisée pour choquer. En témoigne,
les campagnes de PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) et de L214 :

Campagne de L214 contre les conditions de mise à mort de l'abattoir d'Alès

Zahia Dehar, créatrice de mode et mannequin,


pose nue lors d'une campagne de PETA

Photo p ise pla e du T o ad o à Pa is où l o oit des ilita ts de L 4


portant des animaux morts dans leurs bras

Ces photos nous amènent au point suivant qui est la mobilisation grandissante de
personnes célèbres sans qu’elles soient nécessairement des intellectuels :
Sur cette photo, nous
pouvons voir de gauche à
droite : Pierre Rabhi,
paysan et philosophe qui est
le fondateur de
l’association Colibri ;
Marion Cotillard, actrice
française ; Leonardo Di
Caprio, acteur américain et
président de la Fondation
Leonardo Di Caprio qui
œuvre pour la protection de
la planète. Cette photo a été
prise lors d’une soirée
organisée à Saint Tropez
par cette fondation dans le but de récolter des fonds. Cette soirée fit sensation notamment
25
par la présence de nombreuses célébrités64. La mobilisation de personnes célèbres n’est
pas nouvelle, mais les médias et les réseaux sociaux numériques lui donnent une audience
plus large qu’auparavant.
Le phénomène pétitionnaire n’est pas récent selon Yves Sintomer65 mais mérite
de l’attention pour deux raisons : il est en pleine expansion grâce à internet et il montre à
voir une forme d’engagement dite distanciée. Jacques Ion défend que ce type
d’engagement est « moins un rôle social incorporé » « [qu’]une attitude qui peut être aussi
bien endossée que quittée »66. Cet auteur évoque aussi le militantisme « post-it » qu’il
caractérise comme « détachable et mobile : mise de soi à disposition, résiliable à tout
moment »67. Il s’agit d’une façon de s’engager en rupture avec les formes
« traditionnelles ».
Les organisations adoptent de plus en plus le rôle d’expert ou de contre-expert
dans le but de remettre en cause les discours officiels, contribuant par là même à remettre
en cause la construction de savoirs scientifiques et techniques débouchant sur des
controverses. Cela peut se passer de différentes manières : l’épidémiologie populaire de
Phil Brown, qui est le développement d’une science citoyenne menée par des profanes,
produisant du savoir sur des risques environnementaux et technologiques. Celle-ci peut
s’inscrire dans une mobilisation sociale68. Le film de Josh Fox en montre un exemple
spectaculaire, où un homme enflamme de l’eau qui sort de son robinet 69. L’eau du robinet,
étant contaminée par des produits chimiques utilisés lors de l’extraction du gaz de schiste
et également par du gaz de schiste, devient par conséquent inflammable. Il n’y a pas
d’analyse de l’eau mais une simple expérience qui rend visible un problème. Nous parlons
de lanceur d’alerte pour désigner « toute entité, personne, groupe, institution, qui assume
cette fonction d’alerte et qui cherche à faire reconnaître souvent contre l’avis dominant,
l’importance d’un danger ou d’un risque »70. Josh Fox peut être qualifié de lanceur
d’alerte. Dans une dynamique différente mais proche, les groupes écologistes peuvent
mobiliser des ressources scientifiques externes en commandant des prestations d’experts
ou alors mobiliser des ressources scientifiques internes c’est-à-dire avec des scientifiques
ralliés à leur cause ou alors avec des militants, qui par un processus d’empowerment
résultant de leurs participations à une controverse, sont devenus experts de la question.
De cela peuvent découler des travaux composés d’analyses solides, ainsi que des
propositions de solutions et d’alternatives opérationnelles. Nous pouvons donner comme
exemple le scénario Négawatt, qui est un travail prospectif comportant une trajectoire

64
http://www.voici.fr/news-people/photos-star/photos-irina-shayk-et-kelly-rohrbach-hyper-sexy-au-
milieu-d-un-casting-de-stars-pour-leonardo-dicaprio-565714
65
http://www.liberation.fr/france/2015/08/02/yves-sintomer-signer-c-est-moins-engageant-que-de-
defiler-dans-la-rue_1357900
66
Ion J. (1997), La fin des militants ?, Les ditio s de l’Atelie , oll. « Enjeux de Société », 128p.
67
Ibid p81
68
Akrich M., Barthe Y., Rémy C. (2010), Sur la piste environnementale. Menaces sanitaires et
mobilisations profanes, Presse des Mines – Transvalor, coll. « Sciences Sociales », 308p.
69
On retrouve cette séquence à la 30e seconde de la bande annonce du documentaire faite pour sa
diffusion sur HBO: https://youtu.be/BtpSgqUZ3oA?t=29 / http://www.gaslandthemovie.com/about-the-
film
70
Chateauraynaud F. (2008), Les la eu s d ale te da s l espa e politi ue, texte pour le colloque
La eu s d ale te et s st e d e pe tise : e s u e l gislatio e e plai e e 8 ?, Paris, Sénat, URL :
http://gspr.ehess.free.fr/docs/FC/doc/doc-FC-2008-Lanceurs.pdf
26
possible afin de réduire par quatre nos émissions de gaz à effet de serre et afin de
s’affranchir des énergies fossiles faisant partie de notre mix énergétique d’ici 205071.
Les nouveaux répertoires d’actions collectives s’inscrivent de plus en plus dans
une démarche ludique. Lors d’une observation participante que j’ai effectuée dans le
cadre d’un mémoire portant sur les militants anti-nucléaires, opposés à l’enfouissement
des déchets radioactifs en zone profonde, j’ai rencontré des clowns activistes qui étaient
en stage de désobéissance civile. Avec ces militants déguisés et maquillés, j’ai observé le
déroulement d’une « action » que ces derniers ont faite dans « l’Espace
Technologique72 » présentant le laboratoire de l’Agence Nationale des Déchets
Radioactifs (ANDRA). Leur démarche visait à interpeller de façon décalée et amusante
les visiteurs des lieux sur les risques de ce type d’enfouissement.

Des clowns activistes visitant l'Espace Technologique de Bure


da s la Meuse à p o i it du futu site d e fouisse ent de
déchets radioactifs dits de forte activité et à vie longue
(FAVL).

Des clowns activistes improvisant une mise en


s e su le pa ki g de l Espa e Te h ologi ue

71
http://www.negawatt.org/association.html
72
Il s’agit d’u e so te de us e o pos d’u e e positio pe a e te ui a pou o jet la adioa tivit
ai si u’u e aut e pi e p se ta t les olis ui vo t o te i les d hets adioa tifs ai si ue la
technique visant à faire rentrer ces colis dans des alvéoles qui seront creusées dans la roche.
http://www.andra.fr/andra-meusehautemarne/pages/fr/menu18/visiter-nos-installations-en-meuse-
haute-marne-1516.html
27
4.2 Sensibilités déclarées et pratiques dans le domaine du développement
durable
Ce travail avait vocation à alimenter une partie du livre d’Eric Singler qui s’intitule
Green Nudge, réussir à changer les comportements pour sauver la planète comme nous
l’avons précisés plus haut.

Eric Singler (à gauche), l'un des 4 directeurs du groupe


BVA, expert en Behavioral Economics, directeur de la
BVA Nudge Unit, directeur de IN VIVO BVA, auteur de
« Nudge Marketing: Comment changer efficacement
les comportements » et de « Green Nudge: Réussir à
changer les comportements pour sauver la planète »
(à droite)
Je devais faire une revue de littérature autour de la question du décalage entre les
sensibilités concernant l’environnement et les pratiques effectives supposées en découler.
Il s’avère que cet exercice aurait pu faire l’objet d’un stage à lui seul. C’est pourquoi mon
travail se recentra dans un premier temps sur la sensibilité déclarée des individus aux
problèmes environnementaux en France, en Europe et dans le monde. Pour cela, une
dizaine d’études statistiques françaises et internationales ont été mobilisées, notamment
plusieurs faites par National Geographic et Globe Scan qui s’appelle Greendex ainsi
qu’une autre organisée par la Commission Nationale des Débats Publics (CNDP) dans 76
pays. Le regard portait sur la sensibilité des citoyens vis-à-vis des enjeux du
développement durable, sur les sujets de préoccupation des citoyens en lien avec
l’environnement, sur les acteurs qui doivent agir, et sur quelques pratiques déclarées dans
différents domaines. La plupart de ces thèmes ont été appréhendés au vu de leur évolution
dans le temps. L’idée de ce tour d’horizon est d’introduire le nudge en montrant le
décalage entre les intentions et les pratiques. Pour résumer cette collecte d’information,
j’ai fait un powerpoint afin de le transmettre au directeur de BVA. Pour continuer
d’appuyer cet argument, un deuxième travail a été fait via la collecte d’indicateurs dits
macro afin de se rendre compte du développement ou non de pratiques en accord avec le
développement durable. Les pratiques portaient sur les domaines suivants : le
déplacement, le bio, le gaspillage alimentaire, le placement solidaire, les pesticides. Un

28
powerpoint a également été fait pour rassembler ces données nationales et internationales.
Ce travail constitue le point de départ de notre réflexion.
Un retour critique du livre Green Nudge a été fait avec Régis Olagne pour un
recalibrage de dernière minute à la suite d’une lecture d’une version non définitive de
l’ouvrage.
4.3 Classement des études existantes
Mon stage a également consisté à ranger les études, qui ont été déjà faites par
BVA dans le domaine du développement durable, dans une arborescence qui a été créée
avec le commanditaire. L’idée ici était de mieux retrouver ces études. Le classement a été
fait par thématique et l’intégralité des études a été répertoriée dans un fichier Excel,
renseignant son emplacement dans le réseau de l’entreprise ainsi que diverses
caractéristiques. Comme thématiques, nous trouvons la mobilité, l’énergie, le bâtiment,
les déchets, etc… Ces quelques lignes ne peuvent rendre compte du temps que cela a pris.
4.4 Mise à jour du fichier contact
Cette partie a consisté à chercher, à trouver des adresses de potentiels clients et/ou
prospects afin de les rajouter dans le fichier client de la Business Unit qui regroupe les
activités portant sur le développement durable. L’idée ici fut de trouver sur internet des
contacts en entreprises, dans les associations ou des acteurs publics qui pourraient être
intéressés par l’offre BVA Earth. Le réseau social Linkedin fut d’une très grande utilité
notamment via la possibilité d’extraire l’intégralité de ces contacts dans un fichier. Outre
le référencement de ces contacts, il a fallu mettre en forme l’ancien fichier client afin que
celui-ci puisse être intégré par le nouveau logiciel de CRM (Customer Relationship
Management). Cette tâche fut prenante et a demandé un vrai travail de communication
avec les autres salariés de BVA, notamment avec les IT (Information Technology), c’est-
à-dire les techniciens en charge des réseaux informatiques et des outils qui y sont
connectés.
4.5 Panel de français engagés
Ce projet, qui était au stade embryonnaire lors de mon stage, visait à créer un panel
de français engagés, c’est-à-dire un échantillon qui pourra être interrogé à plusieurs
reprises et qui sera composé de personnes ayant un engagement associatif ou autre afin
de défendre une cause. En sociologie, l’engagement peut être défini comme « une prise
de rôle dans la durée73 » et l’engagement militant comme « toute participation durable à
une action collective visant à la défense ou à la promotion d’une cause74». La singularité
de cette initiative est de rétribuer les panélistes en leur donnant en contrepartie l’accès à
une plateforme comportant de multiples fonctionnalités (afin de promouvoir leurs actions,
d’échanger entre eux, de créer une caisse de résonance à leurs idées mais aussi de
s’informer sur les actions des autres). L’idée ici est de créer une communauté de français
engagés afin de filtrer et alimenter des réflexions sur des projets clients, de comprendre
les nouveaux modes de combat. Un poste de community manager serait à pourvoir afin
d’animer la communauté sur la plateforme mais aussi pour chercher des informations
utiles aux membres de la communauté. Ma contribution à ce projet a été, outre la veille

73
Sawicki, F., Siméant, J. (2009), Décloisonner la sociologie de l e gage e t ilita t. Note critique sur
quelques tendances récentes des travaux français, Sociologie du travail, SOCTRA-2524., Paris, 29p.
74
Ibid
29
sur les nouveaux répertoires d’actions collectives, la recherche de logo pour la plateforme,
la création de questions de recrutement du panel. Ces questions de recrutement ont été
faites avec le commanditaire à l’issue d’un travail de synthèse de solutions émanant de
plusieurs acteurs, notamment des associations environnementales, afin de réduire le
réchauffement climatique et notre empreinte écologique. Ces solutions ont été extraites
de documents conçus pour la plupart par des associations comme FNE, GreenPeace,
Réseau Action Climat, Négawatt, Fondation Good Planet, CLER mais aussi en prenant
en compte le baromètre de l’engagement durable de BVA. Les solutions ont été
regroupées à l’intérieur des thématiques suivantes : éco-mobilité et transports,
alimentation, agriculture, déchets, énergie, bâtiment. Au sein de chaque thématique, les
propositions de solutions ont été classées selon 3 types d’acteurs : politique, entreprise et
citoyen. Ces derniers représentent les cibles et les porteurs de ces solutions, les types
d’opérateurs pouvant les mettre en place. Plus de 100 propositions ont été ainsi triées.
L’objectif était de trouver des thèmes pour ce premier questionnaire de panel de français
engagés. Un brainstorming a été mis en place afin de trouver des pistes quant au nom des
membres de la communauté. Tout cela déboucha sur une ébauche de projet et la partie 3
du questionnaire de recrutement de panélistesiv.
4.6 Présentation d’Alternatiba
Eric Singler, que nous avons présenté un peu plus haut, devait faire une
présentation lors du festival Alternatiba. Ce festival se veut un moment d’échange autour
de solutions afin de lutter contre le réchauffement climatique et dans une dynamique de
protection de l’environnement. Ce lieu a été un moment important pour les militants
s’engageant dans la protection de l’environnement. Le directeur ayant été invité, je fus
chargé de faire une présentation de ce festival, afin que ce dernier soit plus informé sur
les acteurs qui y participeraient et le contenu des activités lors de cet évènement. Ce
festival est né en 2013 à Bayonne sous la forme d’un village des alternatives au
changement climatique. Le programme était composé de « conférences, expositions,
stands, ateliers et démonstrations pratiques, mais également fête populaire, repas festifs,
déambulations artistiques, chants et danses, etc… 75». La dynamique souhaitée était
centrée sur les solutions et la bonne humeur, en opposition à la résignation et l’aigreur
qui parfois s’installent lorsqu’on évoque les problèmes liés à l’environnement et au
changement climatique. Un appel à créer 10, 100, 1000 Alternatibas a été lancé lors de ce
premier festival en parallèle de la COP21 de 2015. Cela déboucha sur 10 Alternatibas en
2014 et 80 en 2015 en France, dont un à Toulouse76 auquel j’ai participé. Le « Tour
Alternatiba » fut également organisé et mis en place durant l’été à travers 6 pays
européens. L’idée était de faire un parcours de 5000 km en vélo tandem de 3 à 4 places à
travers 90 territoires et 187 étapes. Le départ était à Bayonne et l’arrivée à Paris dans un
QG prévu pour durer tout au long de la COP21. Lors de négociations, ils ont monté le
Village Mondial des Alternatives. L’idée du parcours était d’en faire un symbole
d’Alternatiba et un support médiatique77.
4.7 Nudge Challenge COP21
Cet évènement était une compétition organisée par BVA concernant la conception
de nudge. L’idée était que différents groupes venant de grandes écoles crées un nudge, et

75
https://alternatiba.eu/communaute-alternatiba/sommes/
76
https://alternatiba.eu/toulouse/le-projet-2015/
77
https://alternatiba.eu/tour2015/
30
le rende opératoire. Le tout devait être présenté par une vidéo de quelques minutes. Un
jury a délibéré en remplissant une grille d’évaluation indicative présentant les différents
éléments à évaluer tels que l’observation, le comportement souhaité, le prototype ou
encore la présentation orale. Dans le cadre de cette initiative, j’ai participé au classement
des nudges par thématique : propreté, consommation d’énergie, orientation des
déplacements, réduction du gaspillage alimentaire, réduction de la consommation de
viande, réduction des déchets, économies d’eau, tri des déchets, transport, consommation
d’aliments locaux, attitude vis-vis de l’environnement. Ce classement avait pour objectif
de voir la distribution de chaque thématique. J’ai également participé de façon informelle
au jury du Nudge Challenge en remplissant des grilles d’évaluation après le visionnage
de quelques vidéos.
4.8 Remplissage et recherche documentaire
Une autre de mes tâches fut de mettre en forme des présentations d’études pour
divers clients. Il s’est agi de reprendre des données issues de croisements ou non, afin de
les réinsérer dans des fichiers powerpoint. Ceci a été fait pour une dizaine d’études
comme un rapport sur la perception de la filière fruits et légumes frais et de l’usage des
produits phytosanitaires, une étude sur la perception de la population et des touristes vis-
à-vis des projets éoliens à proximité de Carcassonne, un rapport sur les Français et
l’information sur le climat, un autre sur les Français et le prêt solidaire ou encore une
étude de notoriété-image concernant un fournisseur de matériaux de BTP.
En parallèle, j’ai effectué des recherches documentaires afin d’enrichir certains
appels d’offre et autres documents pour le commanditaire. La finalité ici était d’alimenter
des parties décrivant le contexte dans lequel l’étude s’est déroulée. J’ai fait un travail
portant sur les enjeux et les objectifs de la loi de transition énergétique pour contextualiser
une étude sur les artisans du bâtiment et les économies d’énergie. J’ai également fait un
état de l’art du télétravail en France et un autre sur le marché du bois ainsi qu’un tour
d’horizon des campagnes de communication émanant d’industriels spécialisés dans la
production et la vente de matériaux de construction isolants.
4.9 Séminaire à Saint Antonin Noble Val
J’ai participé au séminaire de la Business Unit (BU) Services qui a eu lieu à Saint
Antonin Noble Val. Au-delà du fait d’avoir été le chauffeur d’une partie des collègues,
ce séminaire était également le moment du tournage d’une vidéo de présentation de la
BU, à laquelle j’ai contribué via la prise de rushs, le prêt de déguisements et la conception
d’accessoires mais aussi par ma contribution à la conception du scénario. J’ai collaboré
avec plusieurs collègues au montage de la vidéo qui fut diffusée avec celles des autres
BU de BVA lors d’une soirée organisée par l’entreprise. La vidéo se compose de petites
saynètes interprétées par les salariés travaillant dans les différentes sections de la BU :
agri-filière, énergie, automobile et environnement.
La suite de ce travail portera sur une réflexion autour du green nudge. Elle
commence par une partie sur le cadrage de l’objet nécessitant un travail préalable de
définition de notions et de concepts.

31
5 Paternalisme libertarien et ses promesses : des
contradictions ?
« Nous souhaitons que les institutions publiques et privées s’efforcent
délibérément d’aiguiller les individus vers des décisions susceptibles d’améliorer la
qualité de vie78». Voici comment Sunstein et Thaler définissent les finalités du
paternalisme libertarien, qui se base sur les travaux de l’économie comportementale et
qui s’opérationnalise par la création et la mise en place de nudges. La question soulevée
dans cette partie est de savoir si le paternalisme libertarien est un oxymore et de voir s’il
est possible de pacifier les tensions entre les pro- et les anti-paternalistes libertariens sans
pour autant lever tous les antagonismes qui les opposent.
On peut ici définir le paternalisme comme un ensemble d’actions visant à protéger
des personnes vulnérables physiquement ou intellectuellement79. Il s’agit donc d’une
démarche bienveillante visant à contribuer au bien-être de l’individu, à leur intérêt et à
l’intérêt général. Nous reviendrons plus tard sur ces notions. La dimension libertarienne80
se caractérise par l’absence de coercition et donc par la situation de libre choix. Les
paternalistes libertariens défendent leur doctrine considérant celle-ci comme un outil
complémentaire à :
- la législation, qui contraint en énonçant des règles à suivre ainsi que des sanctions en
cas de non-conformité ;
- l’incitation financière, qui récompense un comportement en donnant de l’argent ;
- l’information/sensibilisation, qui délivre des données sur un sujet afin de développer la
prise de conscience d’un problème ou d’une situation en vue de faire changer les
comportements81.
Chacun de ces outils ont des limites : la législation est liberticide, l’incitation financière
est onéreuse sans être nécessairement efficace, l’information/sensibilisation doit être
conçue de façon différente selon sa cible, afin qu’elle soit comprise.
La base de leur projet repose sur les découvertes de l’économie comportementale,
que l’on a évoquée au début de ce travail, qui sont que les individus ne prennent pas de
décisions de façon strictement rationnelle et que, de fait, toutes leurs décisions ne servent
pas leur intérêt. Du constat de ces imperfections naît une volonté de pallier à ces dernières,
en orientant les individus dans leur prise de décisions dans le but d’améliorer leur bien-
être. Selon eux, le paternalisme ne peut être évité car chaque environnement, chaque
contexte, chaque architecture de choix influence les individus dans leur prise de décisions,

78
Sunstein C., Thaler R. (2010), Nudge. La méthode douce pour inspirer la bonne décision, Vuibert,
(coll. "Signature"), 288p.
79
Salvat C. (2008), Is Libertarian Paternalism an Oxymoron?: A Comment on Sunstein and Thaler (2003)
<hal-00336528>
80
Il faut p ise ue l’o t ouve aussi des te tes pa la t de « paternalisme libéral », « paternalisme
libertaire » et parfois libertarien. Il semblerait que le mot « libertaire » fait f e e l’a archisme
antiautoritaires et autogestionnaires et que le libertarianisme semble être une philosophie politique
plus proche du type de paternalisme que nous évoquons. En anglais, le mot est libertarian.
81
La Fabrique Ecologique, (2016), L i itatio au o portements écologiques : Les nudges, un nouvel
outil des politiques publiques, note n°12, URL : http://www.lafabriqueecologique.fr/#!les-nudges/c154u
32
qu’on le veuille ou non. Et du fait de leur rationalité limitée (méconnaissance de
l’ensemble des informations permettant de faire un calcul coût/bénéfice avant une prise
de décision) et qu’ils ne servent pas nécessairement leurs intérêts, les individus ont besoin
d’être guidés. Cette doctrine se veut non-coercitive et garante du libre de choix de chacun,
en affirmant que le nudge peut s’éviter facilement82 car elle ne contraint pas mais incite
« doucement ».
Une critique qui est faite au paternalisme libertarien et qui va être mobilisée lors
des points suivants, est sa normativité83 qui n’est pas construite sur une méthode robuste.
Personne ne définit ce qu’est un bon comportement, une bonne décision84, le type de coût
et l’évaluation du coût (cognitif 85 et/ou matériel) permettant d’éviter un nudge, ou encore
ce qu’est le bien-être de l’individu, l’intérêt individuel ou l’intérêt général. Une autre
critique qui est souvent reprise porte sur l’autonomie de l’individu notamment dans sa
prise de décision. Adrien Barton nous dit que le paternalisme interfère avec la liberté des
individus c’est-à-dire avec la liberté de choix des individus qui voient leurs décisions
contraintes par une absence d’alternative au seul choix qu’on leur impose ; le
paternalisme libertarien, lui, ne joue pas sur la somme des alternatives et des choix qu’a
l’individu mais sur son autonomie dans la prise de décision : en cela, l’individu est moins
indépendant dans sa prise de décision86.
Lorsqu’on lit l’extrait suivant, nous nous rendons compte du dilemme de
l’évaluation du coût à payer pour de ne pas suivre un nudge et, de fait, nous avons du mal
à distinguer clairement ce qui différencie les divers types de paternalisme :
« A libertarian paternalist who is especially enthusiastic about free choice would be inclined to make it
relatively costless for people to obtain their preferred outcomes. (Call this a libertarian paternalist.) By
contrast, a libertarian paternalist who is especially confident of his welfare judgments would preserve
freedom of choice, but would be willing to impose real costs on workers and consumers who seek to do
what, in the paternalist's view, would not be in their best interest. (Call this a libertarian paternalist.)
Rejecting both routes, a non-libertarian paternalist would attempt to block certain choices . »87

Du propre aveu de Sunstein et Thaler, « il est difficile de voir où s’arrête et de voir à partir
de quel point la méthode douce devient la manière forte »88. Nous ajouterons qu’il est, de
fait, difficile d’éviter un nudge à moindre coût lorsqu’on ne sait pas ce qu’est un nudge.

82
« Libertarian paternalism imposes t i ial osts o those ho seek to depa t f o the pla e s
preferred option. » in Sunstein C. R., Thaler R. H., (2003), Libertarian is not an oxymoron, AEI-Brookings
Joint Center for Regulatory Studies, Public Law and Legal Theory Working Paper No. 43
83
Est normatif un «énoncé ou [un] discours reposant sur un jugement de valeur » Alpe Y., Lambert J-R.,
Beitone A., Parayre S., Dollo C., (2007) Lexique de sociologie, 2e édition, Dalloz
84
« What, after all, is a “good” decision? » in Baujard A., (2015), Beyond the Consent
Dilemma in Libertarian Paternalism, a Normative Void, Homo Oeconomicus 32(2): 301-305
85
« Le oût og itif d’u e tâ he se d fi it pa l’att i utio de essou es atte tio elles à ette tâ he. »
in Martinie M-A., Larigauderie P. (2007), Coût cognitif et voies de réduction de la dissonance
cognitive, Revue internationale de psychologie sociale 4 (Tome 20), p. 5-30
URL : www.cairn.info/revue-internationale-de-psychologie-sociale-2007-4-page-5.htm.
86
Barton, A. (2013), Définition et éthique du paternalisme libertarien, Implications philosophiques,
dossier 'L'éthique dans tous ses états', 31-56.
87
Sunstein C. R., Thaler R. H., (2003), Libertarian is not an oxymoron, AEI-Brookings Joint Center for
Regulatory Studies, Public Law and Legal Theory Working Paper No. 43
88
C. Sunstein, R. Thaler, (2010) Nudge. La méthode douce pour inspirer la bonne décision, Vuibert,
(coll. "Signature"), 288p.
33
Christophe Salvat prend un exemple de Dworkin qu’il a lui-même pris à Locke89 : un
prisonnier, qui est enfermé dans une geôle, est convaincu que toutes les portes sont
fermées alors qu’une ne l’est pas. Pour certains, il est techniquement libre car rien ne
l’entrave physiquement de sortir, il n’est pas contraint. D’autres diront que, ne sachant
pas qu’il a une chance de sortir, il n’est pas plus libre que si la porte était effectivement
fermée.
On se rend compte que le problème n’est pas tant le paternalisme de cette doctrine
mais plus le côté libertarien, qui est censé garantir la liberté de choix et le contournement
d’un nudge à moindre coût. Tout cela conduit à considérer le paternalisme libertarien
comme un simple paternalisme de la part de ceux qui le critiquent90.
Nous pensons qu’il est possible de trouver une « entente » entre les pro- et les
anti-nudges en rendant le nudge publique et transparent. Concernant la dimension
publique, nous souscrivons à la préconisation de Sunstein et Thaler, qui reprennent le
principe de publicité de John Rawls en le qualifiant de « principe qui interdit au
gouvernement d’appliquer une politique qu’il ne pourrait ou ne voudrait pas défendre
publiquement face à ses propres citoyens »91. En cela, nous pensons que le nudge doit
être discuté en place publique et il est nécessaire de vulgariser cette démarche et de la
publiciser afin que les citoyens puissent s’en emparer. L’idée de rendre le nudge
transparent semble être partagée par les deux camps. Françoise Waintrop, chef de la
mission « Méthodes d’écoute et innovation » au Secrétariat Général à la Modernisation
de l'Action Publique (SGMAP) pour lequel BVA a travaillé, considère la transparence
comme un facteur de succès au même titre que la mise en place d’un processus
d’information (qui fait écho à la publicisation que nous avons évoquée), ainsi qu’un suivi
régulier des mesures prises. Elle parle de transparence en tant que « cadre de politiques
publiques aux finalités et orientations explicites »92. Luc Bovens, dans l’autre « camp »,
considère qu’il y a deux types de transparence : une transparence de type permettant de
connaître le type de nudge mis en place dans une situation et la transparence d’instance
qui indique la manière avec laquelle l’environnement (l’architecture de choix) est mis en
place afin d’orienter les choix des individus93. Nous pensons que la transparence est une
condition pour garantir la dimension libertarienne d’un nudge car sans transparence ou
sans connaissance sur les nudges, il est difficile de l’éviter. Nous reviendrons plus tard
sur les potentielles vertus de la publicisation et de la transparence des nudges.

89
Salvat C. (2008), Is Libertarian Paternalism an Oxymoron?A Comment on Sunstein and Thaler (2003)
<hal-00336528>
90
Baujard A., (2015), Beyond the Consent Dilemma in Libertarian Paternalism. A Normative Void, Homo
Oeconomicus 32(2): 301-305
91
Sunstein C. R., Thaler R. H. (2010), Nudge. La méthode douce pour inspirer la bonne décision, Vuibert,
(coll. "Signature"), 288p.
92
La Fabrique Ecologique, (2016), L i itatio au o po te e ts ologi ues : Les nudges, un nouvel
outil des politiques publiques, note n°12, URL : http://www.lafabriqueecologique.fr/#!les-nudges/c154u
93
Bovens, L. (2009). « The Ethics of Nudge », in T. Grüne-Yanoff & S.O. Hansson (dir.), Modelling
Preference Change: Perspectives from Economics, Psychology and Philosophy, Heidelberg ; New York,
Springer, pp. 207-219.
34
6 Manipulation et éthique
Le nudge est une technique manipulatoire et il amène donc à se poser la question
de son caractère éthique. Il est bon de revenir sur la notion de manipulation qui a fait et
fait l’objet de beaucoup de fantasmes. Avant tout, elle est issue de la métis, autrement dit
la ruse en grec qui est l’habileté technique, la capacité à inventer des solutions lorsque se
présente des difficultés ; le mot manipulation est apparu au sens propre (déplacer un objet
avec ses mains) en 1619 avant l’apparition de son sens figuré en 1738 grâce à Voltaire94.
Aujourd’hui, le sens est le suivant : agir sur quelqu'un par des moyens détournés pour
l'amener à ce qu'on souhaite95. Sunstein considère que «Manipulation exists when
someone tries to alter people’s behavior in a covert way, by deceiving them about, or
hiding, or even failing to disclose, a relevant aspect of the interaction (en italique dans le
texte) »96.
« Les pratiques manipulatrices foisonnent dans l’existence sociale. Avec amis,
parents, compagnon, avec notre environnement économique (…), avec notre
environnement politique, avec nos relations directes avec le pouvoir » précise Joule et
Beauvois97. Ils montrent que « nous sommes tous des manipulateurs »98 et que la
manipulation fait partie de notre vie quotidienne. À travers leur « Petit traité de
manipulation », qui a été réédité trois fois, ces auteurs nous présentent quelques
« technologies comportementales99 » (non persuasives), leurs effets sur les individus
manipulés ainsi que leurs fonctionnements. Le simple fait de demander à un inconnu de
surveiller ces affaires pour pouvoir s’absenter ou encore de préciser à une personne qu’il
est « libre » de faire ce qu’il veut, peut avoir une incidence sur les comportements d’un
individu. La manipulation, parfois inconsciente de la part du manipulateur, se trouve dans
tout un ensemble de gestes, de paroles, de circonstances et de contextes de notre quotidien
qui peuvent sembler anodins.
Selon Sunstein, « it is pointless to object to choice architecture or nudging as
such 100». Ce qu’il faut entendre par là, c’est que toute décision est prise sous influence :
il peut s’agir de l’environnement dans lequel une décision est prise et de son agencement
(architecture de choix), du contexte, d’actes antérieurs, du cadre de l’interaction entre les
individus mais aussi de leurs rapports aux objets techniques qui les entourent, etc… Le
problème éthique autour du nudge ne porte pas sur le fait que son fonctionnement est basé
sur la manipulation mais sur les conditions de construction et de mise en place de ce
dispositif manipulatoire.

94
D’Al eida F. , La manipulation, 3e éd., Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? »,
128 p. ISBN : 9782130588429 Lien : <https://www-cairn-info.nomade.univ-tlse2.fr/la-manipulation--
9782130588429.htm>
95
http://www.cnrtl.fr/definition/manipuler
96
Sunstein C. R. (2015), The Ethics of Nudging, Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=2526341 or
http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2526341
97
Beauvois J-L, Joule R. V. (2002), Petit traité de a ipulatio à l usage des ho tes ge s, éd. Presses
Universitaires de Grenoble (PUG), 264 p.
98
Ibid
99
Ibid
100
Sunstein C. R. (2015), The Ethics of Nudging, Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=2526341 or
http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2526341
35
Pour les paternalistes libertariens, l’examen éthique du nudge doit se faire au cas
par cas, nudge par nudge afin de rester sur des cas concrets et de ne pas se perdre dans
des considérations philosophiques « hors-sol » et déconnectées des réalités du « terrain ».
Chaque nudge est différent, tous n’utilisent pas les mêmes techniques et n’ont pas comme
levier les mêmes biais d’irrationalité, ils permettent d’inciter à des « bons
comportements » variés selon les diverses contextes, pour lesquels et dans lesquels ils
sont mis en place. Nous pensons, néanmoins, qu’en plus de cette démarche au cas par cas,
« il semble indispensable de créer une charte de l’usage éthique des nudges pour les
acteurs publics, mais qui peut aussi être utilisée par les acteurs privés » comme le
préconise Dominique Bourg101, philosophe et vice-président de la Fondation Nicolas
Hulot. Il y a différents degrés de manipulation et différentes utilisations possibles du
nudge ; en cela, certains grands principes éthiques pourraient cadrer leur conception, leur
mise en place ainsi que l’examen éthique au cas par cas de chaque nudge. Schultz102 a
décortiqué un nudge jouant sur la norme sociale au sein d’hôtels afin que les clients
réutilisent leurs serviettes durant leur séjour. Ce nudge se base sur un mensonge. Le nudge
se présente ici sous la forme d’un message placé dans la chambre indiquant que 75% des
clients de l’hôtel conservent leur serviette sans la changer durant leur séjour. L’idée est
que les clients se conforment à une norme sociale partagée par une majorité. Le problème
éthique est que cette norme artificielle est basée sur un mensonge.
Comme l’a dit Eric Singler lors d’une conférence « le nudge peut être utilisée de
mauvaises façon, [dans ce cas] il faut le dénoncer »103. À la fin de la partie précédente,
nous avons évoqué la publicisation et la transparence du nudge. Nous ne sommes pas
éthiciens mais nous pensons comme Sunstein que « if nudges are fully transparent and
subject to public scrutiny, a convincing ethical objection is far less likely to be
available »104 . La transparence pourra être l’un des principes composant la charte de
l’usage éthique du nudge. Et comme le dit Waintrop, l’acceptabilité éthique passe par
transparence, et l’information au publique105. Toutes les deux permettent aux citoyens de
repérer un nudge et d’éventuellement l’éviter, garantissant ainsi le respect de la liberté
des individus. Cette liberté se trouve d’ailleurs dans les critères éthiques du guide créé
par BVA « Creating Nudges106 ».
Le débat éthique autour du nudge ne se fermera pas avec l’opérationnalisation de
sa transparence, ni avec sa publicisation mais, en tout cas, il nous invite à porter notre
regard sur la place de l’individu, et du citoyen.

101
La Fabrique Ecologique, (2016), L i itatio au o po te e ts ologi ues : Les nudges, un nouvel
outil des politiques publiques, note n°12, URL : http://www.lafabriqueecologique.fr/#!les-nudges/c154u
102
Schultz P. W., Khazian A. M., Zaleski A. C. (2008), Using normative social influence to promote
conservation among hotel guests, Psychology Press, Social Influence 3 (1), 4-23, 20p.
103
Conférence T3C sur le nudge, 6 juin 2016 http://www.toulouse3c.fr/les-nudges
104
Sunstein C. R. (2015), The Ethics of Nudging, Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=2526341 or
http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2526341
105
La Fabrique Ecologique, (2016), L i itatio au o po te e ts ologi ues : Les nudges, un nouvel
outil des politiques publiques, note n°12, URL : http://www.lafabriqueecologique.fr/#!les-nudges/c154u
106
http://www.nudgingforgood.com/course/creating-nudges/
36
7 La pla e de l’i dividu, du itoye
La démarche d’un architecte de choix vise à « créer des incitations conçues de
façon à accroître les chances qu'ils servent l'intérêt général » et « d’orienter les
comportements dans des directions susceptibles d’accroître [le] bien-être [des
individus] »107. Le nudge utilise la manipulation avec pour objectif le bien-être individuel
de chacun, tout en tendant vers l’intérêt général. Avant de se poser la question de la place
possible du citoyen dans la démarche nudge, il semble nécessaire de se poser la question
de ce qu’est le bien-être, un intérêt individuel et l’intérêt général, car ces trois notions
sont en proie à la normativité.
Le bien-être se révèle être subjectif : c’est un « sentiment général d’agrément,
d’épanouissement que procure la pleine satisfaction des besoins du corps et/ou de
l’esprit »108. De fait, il n’est pas le même selon les individus, selon leurs perceptions et
leurs représentations. L’intérêt relève de ce qui « est avantageux, bénéfique dans le
domaine moral, social et parfois matériel »109. L’intérêt individuel est utilisé dans les
théories économiques depuis ses débuts notamment avec Adam Smith, mais il ne faut pas
oublier que l’intérêt individuel est tributaire d’autres intérêts (d’individus, de collectifs,
d’institutions,…). Il se pose alors la question de l’intérêt général, qui n’est pas la somme
des intérêts particuliers. Dans sa conception la plus répandue, il est le meilleur compromis
basé sur des intérêts particuliers qui ont été mis en balance110. C’est une construction
sociale. L’intérêt général peut aussi être utilisé comme outil de légitimation de l’action
de l’État et des institutions111.
C’est à l’architecte de choix ou planificateur que revient le rôle d’opérationnaliser
ces notions pour les utiliser dans la conception du nudge. Nous pouvons nous poser la
question de la méthode utilisée pour déterminer le bien-être et l’intérêt d’individus
différents sans leur avoir demander leurs avis112. Et comme dit Barton « l’architecte de
choix peut imposer ses valeurs. Nous pouvons craindre que la mise en place du nudge ne
respecte pas le pluralisme et la subjectivité des valeurs »113. Il y a donc un risque de mise
à l’écart de valeurs provenant de groupes sociaux minoritaires et éventuellement un risque
de conflits d’intérêts.
Comme le dit Habermas, la participation peut être utilisée pour construire l’intérêt

107
Sunstein C. R., Thaler R. H. (2010), Nudge. La méthode douce pour inspirer la bonne décision, Vuibert,
(coll. "Signature"), 288p.
108
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/bien-%C3%AAtre
109
http://www.cnrtl.fr/definition/int%C3%A9r%C3%AAt
110
Chevallier J. (2013), Intérêt général, in Casillo I. avec Barbier R., Blondiaux L., Chateauraynaud F.,
Fourniau J-M., Lefebvre R., Neveu C. et Salles D. (dir.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la
participation, Paris, GIS Démocratie et Participation, ISSN : 2268-5863. URL :
http://www.dicopart.fr/es/dico/interet-general
111
Chevallier J. (1978), ‘ fle io s su l id ologie de l i t t g néral, in Centre universitaire de
recherches sur l’action publique et le politique, Variations autour de l id ologie de l i t t g al,
Paris, Presses universitaires de France, p. 11-45.
112
Baujard A. (2015), Beyond the Consent Dilemma in Libertarian Paternalism, a Normative Void, Homo
Oeconomicus, 32(2), pp 369—373
113
Barton, A. (2013), Définition et éthique du paternalisme libertarien, Implications philosophiques,
dossier 'L'éthique dans tous ses états', 31-56.
37
général en reposant sur une légitimité procédurale114. Nous pensons que des dispositifs
participatifs mettant à contribution les citoyens peuvent être mobilisés dans l’élaboration
de nudge, à condition qu’ils intègrent les critiques qui leurs sont faites.

A l’heure où la légitimité de l’État et la représentation politique sont de plus en


plus remises en cause, la concertation et la participation citoyenne peuvent être des
moyens d’améliorer la démocratie et la prise de décision publique. Ceci est valable pour
la construction de nudges. Cette défiance se traduit par l’abstention aux élections qui
augmente depuis les années 80 (à l’exception des présidentielles)115. Le paradoxe est que
cette défiance envers les élites a lieu malgré un fort intérêt politique qui se manifeste
autrement que par le vote, notamment par l’engagement bénévole et associatif qui est en
augmentation116. Ce climat est aussi en lien avec l’éloignement de la prise de décision,
incarné par l’Union Européenne et ses institutions technocratiques. Il semblerait que les
représentés soient réduits au silence, donnant le monopole quasi exclusif de la parole aux
représentants : l’expression des citoyens n’étant valable que lors des scrutins. Cette
situation est contrebalancée par la généralisation de principes de gouvernance que sont la
transparence, la flexibilité, la concertation et la participation multi-acteurs, des parties-
prenantes et de groupes cibles. C’est la « fin du monopole des élus sur un intérêt général
transcendant les opinions des simples citoyens, des conceptions libérales construisant de
façon cumulative l'intérêt général comme simple addition ou négociation entre les intérêts
particuliers »117.

Pour définir la concertation, nous pouvons commencer par dire ce qu’elle n’est
pas : il ne s’agit ni de communication, ni d’information qui sont le plus souvent dans une
approche verticale dite « top down » alors que « la concertation se base normalement sur
un dialogue horizontal entre les participants dont l’objectif est la construction collective
de visions, d’objectifs, de projets communs, en vue d’agir ou de décider ensemble »118.
Selon Touzard, il faut distinguer la consultation, qui vise à recueillir des avis avant une
prise de décision, de la concertation, qui implique une « action collective en vue d’un
accord ou d’un but commun (…) participation active des acteurs concernés à l’ensemble
des processus de prise de décision »119. Il s’agit d’un « travail commun d’ajustements
d’intérêts »120 selon Beuret. Nous nous rangerons plus du côté de Manin qui considère
que « la décision légitime n’est pas la volonté de tous, mais celle qui résulte de la
délibération de tous ; c’est le processus de formation des volontés qui confère sa légitimité

114
Habermas, J. (1997), Droit et démocratie : entre faits et normes, Paris, Gallimard, 551 p.
115
http://www.observationsociete.fr/les-raisons-de-la-mont%c3%a9e-de-labstention
116
L’ volutio de l’e gage e t vole asso iatif e F a e, de à 6, 6 ,F a e
Bénévolat, URL :
http://www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/ENQUETE_Evol_benevolat_associatif_en_2016_vDEF.pdf
117
Blondiaux L., Sintomer Y. (2002), L'impératif délibératif. In: Politix, vol. 15, n°57, pp. 17-35. URL :
http://www.persee.fr/doc/polix_0295-2319_2002_num_15_57_1205
118
Beuret J-E., Dufourmantelle N., Beltrando V. (2006), L aluatio des p o essus de o e tatio :
RELIEF, une démarche, des outils, La Do u e tatio f a çaise, Mi ist e de l’ ologie et du
développement durable, Paris, 145 p.
119
Touzard H. (2006), Consultation, concertation, négociation. Une courte note théorique, Négociations
no 5, p. 67-74 URL : www.cairn.info/revue-negociations-2006-1-page-67.htm
120
Beuret J-E. (2006), La o duite de la o e tatio . Pou la gestio de l e i o e e t et le pa tage
des ressources L’Ha atta , p.
38
au résultat, non les volontés déjà formées »121. Les préférences n’étant pas aussi stables
que nous le pensons122, la délibération peut être utile afin de former des volontés et de
créer un intérêt général qui ne peut être construit que via la délibération de tous pour plus
de légitimité. Cela ne permet peut-être pas de répondre à la question de ce qui est une
bonne décision123 mais cela permet a priori de construire une décision légitime. « La
légitimité démocratique ne peut être comprise comme dérivant du marchandage des
intérêts particuliers : elle découle de leur confrontation dialogique »124.

Notre époque est également caractérisée par la présence toujours plus importante
de la technique dans notre quotidien. Dans cette société complexe aux interactions
multiples entre hybrides, acteurs humains et non humains125, l’incertitude est monnaie
courante. L’incertitude est lorsqu’on sait qu’on ne sait pas. « L’ignorance n’est pas une
fatalité et raisonner en terme d’incertitude, c’est se donner les moyens d’en prendre la
mesure 126. Il faut donc adopter une posture humble et collective face à cette incertitude
car « aucun individu ne peut anticiper et prévoir toutes les perspectives depuis lesquelles
les questions d'éthique et de politique seront perçues par des individus différents et aucun
individu ne peut prétendre posséder toute l'information pertinente sur une décision qui
affecte tout le monde »127. Cela implique de remettre en cause le monopole d’experts et
des représentants politiques dans l’élaboration de décisions collectives en y intégrant des
profanes, c’est-à-dire des citoyens non experts et qui ne font pas partie des acteurs
traditionnels de la prise de décision publique. Ces derniers, en tant que personnes
concernées directement ou non par l’implémentation de projets et de politiques publiques
diverses, devraient pouvoir intervenir dans tout projet les impactant de près ou de loin. Il
y a besoin de co-construire des projets dans ce qu’on appelle des « forums hybrides »128
mêlant des citoyens, des élus et des experts ayant des logiques d’intérêt différentes. L’idée
est de délibérer dans une dynamique intersubjective à défaut d’être objectif129. Le
processus qui est en jeu dans ces instances délibératives est ce qu’on appelle la traduction,
qui est une « opération par laquelle les éléments divers sont captés et articulés dans un
système d’interdépendances, et éventuellement amenés à agir comme un ensemble
intégré dont les forces, au lieu de se neutraliser, convergent dans un même sens en

121
Manin B. (1985), Volonté générale ou délibération ? Esquisse d'une théorie de la délibération
politique, Le Débat n° 33, p. 72-94
122
Singler E. (2015), Nudge Marketing Comment changer efficacement les comportements, Pearson,
368p.
123
Baujard A. (2015), Beyond the Consent Dilemma in Libertarian Paternalism, a Normative Void, Homo
Oeconomicus, 32(2), pp 369—373
124
Blondiaux L., Sintomer Y. (2002), L'impératif délibératif. In: Politix, vol. 15, n°57, pp. 17-35. URL :
http://www.persee.fr/doc/polix_0295-2319_2002_num_15_57_1205
125
Latour B. (1991), Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique, Paris, La
Découverte, coll. L'armillaire, 211 p.
126
Callon M., Lascoumes P., Barthe Y. (2001), Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie
technique, Paris, Le Seuil (collection "La couleur des idées"), 358 p.
127
Blondiaux L., Sintomer Y. (2002), L'impératif délibératif. In: Politix, vol. 15, n°57, pp. 17-35. URL :
http://www.persee.fr/doc/polix_0295-2319_2002_num_15_57_1205
128
Callon M., Lascoumes P., Barthe Y. (2001), Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie
technique, Paris, Le Seuil (collection "La couleur des idées"), 358 p.
129
L’o je tivit est u e fi alit ve s la uelle il faut te d e tout e sa ha t u’il est i possi le de
l’attei d e.
39
s’appuyant les unes sur les autres » 130. Traduire, c’est avant tout comprendre les intérêts
et les enjeux des uns et des autres avec son propre langage131. Un sociologue peut
endosser le rôle de traducteur, interconnectant les acteurs entre eux.
Les vertus de la participation et de la concertation sont qu’elles sont censées
apporter des informations auxquelles les experts et les représentants n’ont pas forcément
accès car elles émanent directement des citoyens ; elles permettent de décentrer le regard
des citoyens, des décideurs et des experts sur les problématiques auxquelles ils sont
confrontées au quotidien en écoutant les uns et les autres, alimentant l’imagination de
solutions nouvelles (cela peut être utile pour lutter contre la rationalité limitée qui touche
les citoyens comme les décideurs) ; elles sont utiles afin de gérer le pluralisme des
valeurs, en étant inclusives et publiques132.
La participation et le développement durable sont inséparables l’un de l’autre. La
participation est considérée comme une norme de l’action publique environnementale133.
Leurs étroites relations se traduisent par l’institutionnalisation de la concertation
concernant les questions d’environnement. Dès 1992, avec la conférence de Rio qui
instaure l’Agenda 21, on considère « qu’il faudrait que toutes les collectivités locales
instaurent un dialogue avec les habitants, les organisations locales et les entreprises
privées afin d'adopter un programme Action 21 à l'échelon de la collectivité. La
concertation et la recherche d'un consensus permettraient aux collectivités locales de
s'instruire au contact des habitants et des associations locales, civiques, communautaires,
commerciales et industrielles et d'obtenir l'information nécessaire à l'élaboration des
stratégies les plus appropriées »134. Une autre date importante est le 2 février 1995 avec
la loi Barnier, relative au renforcement de la protection de l’environnement, qui créa la
Commission Nationale au Débat Public (CNDP) qui a vocation à faire la promotion de la
concertation, notamment en amont des projets d’intérêt général, tels que des projets
d’environnement et de grand aménagement. La convention européenne Aarhus de 1998,
portant sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et
l'accès à la justice en matière d’environnement, stipule que "dans le domaine de
l'environnement, un meilleur accès à l'information et la participation accrue du public au
processus décisionnel permettent de prendre de meilleures décisions et de les appliquer
plus efficacement"135.
Compte tenu des éléments précédemment évoqués, il semble que le green nudge
doit mobiliser des outils participatifs, comme le mentionne le think tank la Fabrique

130
Quéré L. (1989), Les boîtes noires de Bruno Latour ou le lien social dans la machine. In: Réseaux,
volume 7, n°36. Objets techniques, objets sociologiques. pp. 95-117 URL :
http://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1989_num_7_36_1354
131
Callon M. (1986), Éléments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-
Jacques dans la Baie de Saint-Brieuc, L’A e so iologi ue, n°36
132
Blondiaux L., Sintomer Y. (2002), L'impératif délibératif. In: Politix, vol. 15, n°57, pp. 17-35. URL :
http://www.persee.fr/doc/polix_0295-2319_2002_num_15_57_1205
133
Barbier R., Larrue C. (2011), Démocratie environnementale et territoires : un bilan
d'étape, Participations n° 1, p. 67-104 URL : www.cairn.info/revue-participations-2011-1-page-67.htm
134
http://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/action0.htm
135
http://www.unece.org/fileadmin/DAM/env/pp/documents/cep43f.pdf
40
Écologique en disant que « l’implication des individus ciblés est certainement à
rechercher afin d’accroître la pertinence des dispositifs »136.
On est en droit de se poser la question de l’entreprise privée et de son rapport à
l’intérêt général, notamment à travers le nudge. « What may be true for a school cafeteria
is not necessarily true for a regular cafeteria or a supermarket »137 : cette remarque de
Salvat est intéressante car l’entreprise est le plus souvent à la poursuite d’intérêts privés.
Il faut néanmoins souligner l’exception de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) qui se
compose d’entreprises de diverses formes avec un fonctionnement interne démocratique
et participatif ; le profit individuel n’existe pas et tout profit est réinvesti dans
l’entreprise ; l’utilité sociale anime chaque projet d’ESS138. « Est d’utilité sociale
l’activité d’une organisation de l’économie sociale qui a pour résultat constatable et, en
général, pour objectif explicite [...] de contribuer à la cohésion sociale (notamment par la
réduction des inégalités), à la solidarité (nationale, internationale, ou locale : le lien social
de proximité), à la sociabilité et à l’amélioration des conditions collectives du
développement humain durable (dont font partie l’éducation, la santé, l’environnement et
la démocratie)»139. Un nudge fait par une entreprise de l’ESS peut prétendre, a priori,
servir l’intérêt général car toute la dynamique de son organisation tend dans ce sens.
Malgré tout, le nudge peut évidemment émaner d’entreprises hors ESS, comme c’est
souvent le cas. Il s’inscrit alors dans des pratiques héritées de la philanthropie corporative,
que l’on rassemble aujourd’hui sous le nom de Responsabilité Sociale des Entreprises
(RSE). Elle se caractérise par « l’intégration des dimensions marchandes et non
marchandes dans la gestion et la prise en compte des effets externes positifs et négatifs
des entreprises sur la société »140 et « rend compte d’un exercice de responsabilité auprès
des différentes parties prenantes et qui se situent au-delà de leur obligation techniques,
légales et économiques »141. Le nudge et le marketing fonctionnent sur les mêmes
mécanismes mais sont différents par les buts visés : le nudge vise à contribuer au bien-
être de chacun et à l’intérêt général alors que le marketing a comme finalité
l’augmentation du chiffre d’affaire de l’entreprise142. L’utilisation de techniques
participatives dans la conception de nudges au sein d’entreprises peut être une innovation
permettant d’améliorer l’image de l’entreprise mais aussi de faire entrer la démocratie
dans l’entreprise. « La protection de l’environnement passe de manière croissante par des
mécanismes de marché et de responsabilisation individuelle pour lesquels la participation

136
La Fabrique Ecologique, (2016), L i itatio au o po te e ts ologi ues : Les nudges, un nouvel
outil des politiques publiques, note n°12, URL : http://www.lafabriqueecologique.fr/#!les-nudges/c154u
137
Salvat C. (2008), Is Libertarian Paternalism an Oxymoron? : A Comment on Sunstein and Thaler (2003)
<hal-00336528>
138
http://www.economie.gouv.fr/cedef/economie-sociale-et-solidaire
139
Perret B. (2008), L aluatio des politiques publiques, Paris, La Découverte, coll. Repères ,128 pages.
Lien : http://www.cairn.info/l-evaluation-des-politiques-publiques--9782707154873.htm
140
Gond J-P., Igalens J. (2010), La ‘espo sa ilit so iale de l e t ep ise, 2e éd., Paris, Presses
Universitaires de France, « Que sais-je ? », 128 p. URL : http://www.cairn.info/la-responsabilite-sociale-
de-l-entreprise--9782130581239.htm
141
Ibid
142
Barton, A. (2013), Définition et éthique du paternalisme libertarien, Implications philosophiques,
dossier 'L'éthique dans tous ses états', 31-56.
41
reste encore largement à inventer, probablement à des échelles globales ou a-
territoriales »143. Il faut préciser que les sondages ne sont pas des outils participatifs.

« Choice architecture should be transparent and subject to public scrutiny (…)


Such scrutiny is an important ex ante safeguard against harmful nudges; Nations should
also treat their citizens with respect, and public scrutiny shows a measure of respect »144.
Cet examen public qu’évoque Sunstein peut être opérationnalisé par l’usage de
techniques participatives. La participation rejoint la logique de la transparence et de la
publicisation du nudge que nous avons évoqué, à la différence que le citoyen est impliqué
ici en amont du déploiement du nudge, lors de sa construction. Cette étape peut également
éviter que le nudge soit remis en cause par la suite si sa méthode de conception prend en
compte le pluralisme des valeurs à travers la concertation de citoyens, d’experts et d’élus,
si les informations relatives à sa conception sont transparentes et accessibles à tous. Il
faut choisir une technique participative, ce qui n’est pas si simple compte tenu de la
profusion des dispositifs existants.
Ces derniers visent ici à ouvrir la boîte noire des nudges aux citoyens, en les
impliquant et en les considérant. Ceci est vrai en théorie. La participation semble être une
méthode permettant de construire l’intérêt général mais de nombreuses critiques s’élèvent
quant à ses applications. L’une des premières est de savoir s’il y a une demande sociale
en faveur de la mise en place de tels dispositifs : les citoyens souhaitent-ils prendre part
à des instances de concertation ? « Michael Neblo et son équipe (2010) indiquent ainsi
que la demande de participation est effective quand l’offre de participation apparaît
transparente, convaincante, adaptée et quand les qualités délibératives sont jugées
favorablement par les citoyens. Pour susciter une demande de participation, l’offre doit
donc faire la preuve de son intégrité et de son sérieux, car plus les individus sont
confrontés à une offre de participation convaincante, plus ils se déclarent prêts à y prendre
part »145. Ce n’est pas tout le temps le cas comme en témoigne les vives réactions à la
participation organisée par la CNDP dans le cadre du projet d’enfouissement de déchets
radioactifs à Bure. Ceci est en partie dû au fait que l’horizontalité ainsi que la symétrie
des rapports sociaux au sein des dispositifs participatifs qui ne sont jamais garanties c’est-
à-dire que les participants ne sont pas tous sur un pied d’égalité et ce sont les citoyens et
les associations qui se retrouvent le plus souvent victimes de ce décalage. Nous n’allons
pas ici énumérer l’intégralité des limites de ces outils mais nous finirons en disant « les
critiques déplorent ainsi que la participation ne soit pas forcément centrale dans le
processus décisionnel et n’intervienne que rarement « en amont » de celles-ci (Joly,
Kaufman, 2008) ; que les « systèmes » (de progrès) techniques gardent globalement leur
autonomie ; et qu’il n’est a priori pas question de la mettre en cause ou de l’ouvrir au
débat démocratique (Pestre, 2008 ; 2013) 146». Cette absence de remise en question est
valable pour les dispositifs participatifs eux-mêmes et se traduit par une standardisation
143
Barbier R., Larrue C. (2011), Démocratie environnementale et territoires : un bilan
d'étape, Participations n° 1, p. 67-104 URL : www.cairn.info/revue-participations-2011-1-page-67.htm
144
Sunstein C.(2014), The Ethics of Nudging, Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=2526341 or
http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2526341
145
Gourgues G. et al. (2013), Gouvernementalité et participation, Lectures critiques,
Participations, N° 6, p. 5-33
146
Ibid
42
de prestations, une usure et un renouvellement factice des procédures participatives. Le
nudge vise l’intérêt général et nous pensons que celui-ci est difficile à construire sans
participation : celle-ci souffre de limites et se trouve être imperméable à la critique. La
mise en place de nudge basé sur l’intérêt général, comme le green nudge, nécessite une
remise en cause de l’application des techniques participatives afin de les améliorer et de
garantir une réelle opérationnalisation des principes théoriques qui les sous-tendent tels
que l’horizontalité et la transparence.

43
8 Évaluation et efficacité
Avant de parler de l’évaluation et de l’efficacité des green nudges, il faut revenir
un moment sur le développement durable, ses enjeux et ses temporalités. L’impact de nos
activités sur la planète, générant ce que certains appellent l’anthropocène, s’inscrit dans
un temps « long ». Nos pratiques quotidiennes engendrent des émissions de gaz à effet de
serre, la dispersion de polluants dans les sols, l’eau et l’air, la production de déchets, etc…
qui impactent notre environnement sur un temps « long » qui dépasse souvent notre
espérance de vie, comme en témoignent les chiffres suivants :

147 148

Un document détaillé sur la durée de de vie des déchets est disponible en annexev et en
ligne149. Cette temporalité longue est également valable pour les pesticides utilisés dans
l’agriculture conventionnelle qui se dégradent différemment selon leur type, mais l’on
sait que certains restent présents dans les milieux aquatiques malgré leur interdiction,
comme le DDT de la famille des organochlorés150. L’évaluation doit prendre en compte
ces temporalités.
Nous avons été confrontés lors du stage à une forme d’évaluation dans le cadre du
Nudge Challenge Cop21 qui fut un concours international proposé aux étudiants de
grandes écoles. Chaque équipe devait faire une vidéo portant sur la conception de green
nudge. Les 90 projets candidats ont été évalués à l’aide de cet outil facultatif afin de
sélectionner « les meilleurs » ou du moins les plus aboutis respectant les conditions du
nudge :

147
https://www.manicore.com/documentation/serre/gaz.html
148
http://www.arehn.asso.fr/dossiers/sacs/
149
http://www.consoglobe.com/duree-vie-dechets-nature-1386-cg/2#0BSJAyi3xde34uCF.99
150
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/degradation/06_pollution.htm
44
Avec Régis Olagne, nous avons donc visionné plusieurs de ces vidéos et donné
notre avis sur celles-ci. Il y a avait ici les prémisses d’une tentative d’évaluation qui
pourraient être réellement améliorés pour de multiples raisons et notamment afin
d’appréhender l’efficacité d’un green nudge.
Selon le décret du 22 janvier 1990, « évaluer une politique, c’est rechercher si les
moyens juridiques, administratifs ou financiers mis en œuvre permettent de produire les
effets attendus de cette politique et d’atteindre les objectifs qui lui sont fixés »151. Il faut
préciser que cela peut être appliqué à n’importe quel projet, associatif, public ou privé.
L’évaluation passe par l’élaboration d’un référentiel composé de critères opératoires, le
tout dans un cadre composé de principes tels que l’impartialité, la transparence, la prise
en compte de tous les points de vue ainsi que la prévalence de l’intérêt général ; la finalité
étant d’améliorer et d’éclairer la prise de décision à la lumière de deux idées régulatrices,
qui sont la démocratie et la transparence152. La charte de la Société Française d’Évaluation
(SFE) se compose de principes inhérents à l’évaluation, nous en retiendrons trois :

151
http://www.evaluation.gouv.fr/cgp/fr/interministere/histoire.htm
152
Perret B. (2008), L aluatio des politi ues pu li ues, Paris, La Découverte, coll. Repères ,128 p.
URL : http://www.cairn.info/l-evaluation-des-politiques-publiques--9782707154873.htm
45
Pluralité
Elle prend en compte la de façon raisonnée des différents intérêts en présence et recueille
la diversité des points de vue pertinents sur l’action évaluée, qu’ils émanent d’acteurs,
d’experts, ou de toute autre personne concernée. Cette prise en compte de la pluralité des
points de vue se traduit -chaque fois que possible- par l'association des différentes parties
prenantes concernées par l’action publique ou par tout autre moyen approprié.

Distanciation
Les personnes participant au processus d'évaluation à titre professionnel informent les
autres partenaires de tout conflit d’intérêt éventuel.

Transparence
La diffusion publique des résultats d'une évaluation est souhaitable. Les règles de
diffusion des résultats sont établies dès le départ. L’intégrité des résultats doit être
respectée, quels que soient les modalités ou les supports de diffusion retenus. 153

Une évaluation a vocation à mesurer l’efficacité des actions, apprécier leurs


impacts mais aussi à améliorer le fonctionnement d’un dispositif d’intervention et de
mieux communiquer sur ce qu’on fait et sur ses résultats154.
La question de l’efficacité mérite d’être posée car il s’agit d’une caractéristique
qui est souvent mise en avant par les tenants de l’économie comportementale et du
paternalisme libertarien. Christophe Beslay définit l’efficacité comme le rapport entre les
résultats constatés et les objectifs visés et définit l’efficience en tant que rapport entre les
résultats constatés et les moyens engagés155. La mesure de l’efficacité et de l’efficience
passe par le truchement d’indicateurs qui sont des « chiffres qui renseignent sur l’ampleur
d’un phénomène ou son évolution. Un indicateur doit être représentatif de la réalité
décrite et doit permettre des comparaisons dans le temps et dans l’espace »156. Un
référentiel d’évaluation se compose d’un ensemble d’indicateurs opérationnalisés. Avec
le développement des nouvelles technologies, il y a de nombreuses façons d’appréhender
des comportements en collectant des données via un smartphone, un compteur d’eau ou
électrique, un thermo hygromètre, la vidéosurveillance, une carte de crédit, une carte de
transport en commun, etc… Les progrès en matière de big data permettront peut-être une
lecture encore plus fine de l’ensemble des données que nous laissons derrière nous dans
notre quotidien, et de fait, cela permettra peut-être une compréhension plus fine de nos
comportements. Ces indicateurs, qu’ils émanent de nouvelles technologies, de
déclarations d’usagers, d’observations directes de pratiques ou autres, doivent être
éthiques en préservant la vie privée des individus (anonymat dans le collectage de
données), transparents afin de pouvoir les discuter et les remettre en cause en vue de les
améliorer, et rigoureux afin de rendre compte au mieux des résultats ou des effets d’un

153
Barbier J-C. (2010), La charte de la société française de l'évaluation: des principes pour les
participants à l'évaluation des politiques et des programmes publics, ADSP n° 69, pp.30-31.
154
Cauquil G. (2004), Conduire et évaluer les politiques sociales territorialisées, éd. Dunod, coll. Action
Sociale, 250p.
155
http://precarite-energie.org/IMG/pdf/BESLAY_RAPPEL_11_oct_2012.pdf
156 156
Perret B. (2008), L aluatio des politi ues pu li ues, Paris, La Découverte, coll. Repères ,128 p.
URL : http://www.cairn.info/l-evaluation-des-politiques-publiques--9782707154873.htm
46
dispositif, nudge ou autre. Concernant l’un des nudges les plus célèbres que nous avons
évoqué précédemment, c’est-à-dire le stickers de mouche au fond de l’urinoir qui nous
incite à uriner sur ce dernier plutôt qu’à côté, nous pouvons nous poser la question de la
rigueur de l’indicateur d’efficacité mobilisé. Sunstein et Thaler nous disent que ce nudge
a été mise en place dans les toilettes de l’aéroport Schiphol d’Amsterdam et que « les
équipes » de Aad Kieboom, économiste et responsable du développement immobilier de
Schiphol, « ont testé les urinoirs à mouche et en ont conclu que ces dessins réduisent les
éclaboussures de 80% »157. Le problème est qu’il n’y a aucun document permettant de
connaître et de comprendre l’indicateur mobilisé pour évaluer et mesurer les
éclaboussures d’urines autour d’un urinoir de l’aéroport Schiphol. La transparence sur cet
indicateur permettrait de juger de sa rigueur et d’éviter de penser qu’il s’agit d’un chiffre
créé de toute pièce. « Vérifier l’efficacité contribue à favoriser la crédibilité de la
démarche engagée »158. Cela nécessite des indicateurs pertinents.
« Leurs résultats sont fortement dépendants du contexte (politique, culturel…) et
de la population, ils sont de ce fait difficiles à prédire »159. Costa et Kahn nous montre
qu’un nudge ciblant la baisse de consommation d’énergie aux USA a des effets très
différents selon son positionnement politique : ils finissent par conclure que les « nudges
environnementaux » sont plus efficaces sur les libéraux que sur les conservateurs160. Des
critères sociologiques sont à prendre en compte afin de mieux comprendre l’efficacité ou
non d’un nudge. Dans un contexte où les activités humaines ont et auront un impact
environnemental sur un temps long comme nous l’avons évoqué plus haut, la question
des effets à long terme des nudges doit être interrogée. Des études montrent que dans le
domaine de la consommation d’eau et d’électricité les effets de certains nudges ont
tendances à diminuer au cours du temps et que ces derniers doivent être combinés entre
eux ou avec d’autres techniques afin de persister dans le temps161. « Afin de déterminer
les incitations comportementales les plus pertinentes, il est nécessaires de mieux évaluer
la pérennité de celles qui sont testées : les effets de l’affichage en temps réel de
consommation d’électricité s’amenuisent largement au bout de deux ans »162. On peut
également observer des effets rebonds163 : des économies réalisées sur un poste de
consommation (le chauffage par exemple) peuvent entrainer une hausse de consommation
sur un autre poste (l’eau chaude sanitaire). « Il n’y a pas encore de protocole de suivi et

157
Sunstein C., Thaler R. (2010), Nudge. La méthode douce pour inspirer la bonne décision, Vuibert,
(coll. "Signature"), 288p.
158
Zélem M-C. (2010), Politique de maîtrise de la demande d'énergie et résistances au changement. Une
approche socio-anthropologique, L'Harmattan, (coll. " Logiques sociales "), 323 p.
159
La Fabrique Ecologique, (2016), L i itatio au o po te e ts ologi ues : Les nudges, un nouvel
outil des politiques publiques, note n°12, URL : http://www.lafabriqueecologique.fr/#!les-nudges/c154u
160
Costa D-L, Kahn M-E. (2013), E e g o se atio udges a d e i o e talist ideolog : E ide e
from a randomized residential electricity field experiment, Journal of European Economic Association
11:680-702
161
Ferraro, P. J., Miranda J. J., Price M. K. (2011), The Persistence of Treatment Effects with Norm-Based
Policy Instruments: Evidence from a Randomized Environmental Policy Experiment, American Economic
Review, 101(3): 318-22
162
Chriqui V. (2013), Comment li ite l effet e o d des politi ues d effi a it e g ti ue da s le
loge e t ? L i po ta e des i itatio s o po te e tales, La ote d’a al se ° , Ce t e d’a al se
stratégique, 16p.
163
Flipo F., Gossart C. (2008), Infrastructure numérique et environne e t : l i possi le do esti atio de
l effet e o d, Terminal, n° 103-104, p. 163-177
47
d’évaluation formalisé de ce type de projet »164 d’incitation comportementale. Il y a un
réel besoin d’évaluation à long terme des effets du nudge et qui ne passe pas uniquement
par des techniques quantitatives mais qui se fondent également sur une approche
qualitative notamment avec des entretiens biographiques afin de saisir les trajectoires de
vie des acteurs sous l’influence de nudge. Ce dernier n’est qu’un facteur de changement
de comportement parmi un foisonnement d’autres qui composent le monde social et
technique. La démarche socio-technique a également toute sa place dans la mesure de
comportement à long terme. Ces outils, après avoir été opérationnalisé, permettront
également d’améliorer les connaissances concernant le changement de comportements.
Une autre initiative qui pourrait être fait dans ce sens consisterait à créer une base de
données regroupant les travaux et les évaluations de dispositifs visant à changer les
comportements mélangeant ainsi études académiques et retour de terrain.

164
Dujin A., Maresca B. (2012), Changer les comportements: l'incitation comportementale dans les
politiques de maîtrise de la demande d'énergie en France, CRÉDOC, Cahier de recherche. CRÉDOC n° 295,
Paris, 86p.
48
Conclusion
Malgré une prise de conscience mondiale des problèmes environnementaux, les
pratiques ne changent pas. Il y a toujours un écart en les opinions déclarées et les gestes
concrets au quotidien. Le nudge se présente comme l’une des solutions permettant de
faire changer les comportements. Le paternalisme libertarien est la doctrine qui sous-tend
le nudge et souhaite inciter les individus à adopter de « bons » comportements allant dans
le sens de l’intérêt général (paternalisme) et sans les contraindre (libertarien). Il y a un
flou entre l’incitation douce du nudge et la contrainte. La limite n’est pas bien définie. Il
est très compliqué d’éviter un nudge si un individu ne sait pas de quoi il s’agit et s’il ne
peut pas l’identifier. La transparence et la publicisation peuvent être utilisées afin de
rendre un nudge « libertarien » et aussi afin de réconcilier les pros et antis-paternalistes
libertariens qui sont, les uns comme les autres, favorables à la transparence.
Le nudge vise à manipuler les individus afin qu’ils se comportent d’une façon
prédéterminée. La manipulation peut être condamnable mais le problème est qu’elle
compose notre quotidien et que toutes nos décisions sont prises sous l’influence de
multiples facteurs (sociaux, psychologiques, techniques,…). Nous ne pouvons pas dire
que la démarche nudge n’est pas éthique car c’est de la manipulation, mais nous pouvons
la critiquer sur la méthode de sa conception, sur le « bon » comportement qu’il incite,
etc… La souscription à une charte éthique de la part d’architectes de choix pourrait
garantir l’acceptabilité de la démarche et serait complémentaire d’une évaluation éthique
au cas par cas. Il faut pouvoir dénoncer les « mauvais » nudge comme dit Eric Singler
mais pour cela, il faut pouvoir les identifier et les examiner. Diffuser, vulgariser ce qu’est
un nudge et rendre transparent ceux qui sont mis en place permettrait de détecter les
nudges non éthiques comme ceux utilisant le mensonge.
Le bien-être et l’intérêt général sont les finalités du nudge. De nos jours, l’intérêt
général ne peut plus être décréter mais construit collectivement. Cette construction peut
se faire via des procédures participatives impliquant des experts, des élus, des
associations, des entreprises et des citoyens. Si elles sont rigoureusement menées, elles
sont vectrices de légitimité démocratique, elles sont utiles pour gérer des situations
d’incertitude en misant sur l’intersubjectivité, sur l’intelligence collective et ainsi
apporter des informations nouvelles, des représentations différentes de celle des
décideurs. Tout cela peut être utile pour combler les lacunes de notre rationalité limitée.
Ces outils participent à la prise en compte du pluralisme des valeurs et peuvent valoriser
l’activité RSE d’entreprise. La participation est critiquable, selon ses formes
d’application, mais elle rejoint l’idée de publicisation et de transparence précédemment
évoquées en rendant possible un examen publique du nudge, en les intégrant à la
construction de celui-ci en amont et en leurs donnant accès au fonctionnement du nudge.
Il faut aussi préciser que de nombreuses politiques publiques environnementales utilisent
la participation du fait de son institutionnalisation. En cela, l’intégration de la
participation à la construction d’un green nudge semble pertinente. Cela implique
l’amélioration des techniques existantes en intégrant certaines critiques qui leurs sont
faites.
Les nudges doivent être évalués avant, pendant et après leur implémentation sur
un temps court, moyen et long afin de mesurer la durabilité de leurs effets sur les
comportements et les pratiques. Des indicateurs robustes doivent être mis en place. Ceci
est d’autant plus important concernant les green nudges car les activités humaines
49
produisent des effets à long terme sur l’environnement. L’évaluation est importante afin
d’améliorer les techniques visant au changement de comportement et de pratique. Ces
évaluations doivent être transparentes et accessibles à tous. Compte tenu de l’importance
des enjeux liés au développement durable, il serait souhaitable de créer une base de
données internationale regroupant les travaux académiques et les évaluations de
dispositifs ayant pour objectif de modifier les pratiques et les comportements. Il faut
préciser que l’approche nudge n’est pas une solution miracle et qu’elle a vocation à
compléter ou être compléter par d’autres démarches. « Il est préférable que ce ne soit pas
la même personne ou le même groupe de personne qui prenne une décision et qui en
évalue les effets en vue de son éventuelle reconduction »165. Il est recommandé de prendre
des chargés de mission pour évaluer un dispositif.
Les principes de transparence et de publicisations du nudge sont au cœur de ce
travail. Nous pensons que son opérationnalisation peut se faire par la mise en place d’un
QR code sur l’architecture de choix qui a été modifié volontairement, accompagné d’une
phrase proche de celle-ci : « Vous êtes nudgé ! Qu’est-ce que le nudge ? ». Ce QR code
devra renvoyer à un site internet composé de plusieurs éléments. Tout d’abord, une
présentation simple et vulgarisée de ce qu’est un nudge, de son fonctionnement, de ses
finalités. La vulgarisation est importante afin que l’information soit accessible au plus
grand nombre car la diffusion d’information n’entraine pas mécaniquement sa
compréhension. L’utilisation d’une vidéo est à retenir, comme celle présentant le nudge
sur le site de BVA166. À la suite de cette présentation, il faudrait indiquer des liens
permettant de creuser ce qu’est un nudge, l’économie comportementale et le paternalisme
libertarien. Dans un second temps, il faudrait présenter le type de nudge qui est présent
dans l’architecture de choix où il y a le QR code. Cette partie serait composée du
fonctionnement du nudge, et du « bon » comportement qu’il incite. Une troisième partie
serait sur les étapes de construction de ce nudge comportant le cadre éthique général
(charte éthique du nudge signée), la construction du « bon » comportement et de l’intérêt
général qu’il porte (compte rendu du dispositif participatif, des réunions de travail,
compte rendu de l’étude ethnographique portant sur les pratiques, etc…), les conditions
et les résultats de son pré-test, les comptes rendus de son évaluation éthique particulière
et de la mesure de son efficacité (si d’autres registres sont mobilisés lors de l’évaluation,
ils peuvent aussi être mentionner). Des FAQ ainsi que la possibilité de poser des questions
pourraient être mis en place. Il ne faudra pas oublier de mentionner le commanditaire du
nudge et l’opérateur qui a créé et mis en place ce dernier. Cette opérationnalisation de la
transparence et de la publicisation a vocation à rendre le nudge « libertarien » c’est-à-dire
évitable, à diffuser les thèses de l’économie comportementale et du paternalisme
libertarien au plus grand nombre afin qu’elles soient connues et discutées publiquement,
et à détecter des « nudge for bad » c’est-à-dire des nudges ne servant pas le bien-être et
l’intérêt général ou utilisant des méthodes condamnable tel que le mensonge. Il faut
préciser que la promotion de la transparence est faite par ceux qui sont pour et contre le
paternalisme libertarien et que la transparence ne réduit en rien l’efficacité du nudge167.

165
Beauvois J-L, Joule R. V. (2002), Petit t ait de a ipulatio à l usage des ho tes ge s, éd. Presses
Universitaires de Grenoble (PUG), 264 p.
166
http://www.bva.fr/fr/bva_nudge_unit/qu_est-ce_que_le_nudge/
167
Bruns H., Kantorowicz-Reznichenko E., Klement K., Luistro Jonsson M., Rahali B. (2016), Can Nudges
Be Transparent and Yet Effective?, WiSo-HH Working Paper Series Working Paper No. 33. URL :
http://ssrn.com/abstract=2816227
50
Au contraire, elle peut contribuer à son amélioration en interrogeant ses limites. Comme
dirait Latour lors de sa conférence de 2012 à la Novela, il faut « naviguez sous [ses]
propres couleurs »168.
Le nudge n’est pas une panacée et doit être améliorer, compléter, ajouter à d’autres
méthodes existantes afin d’atteindre les objectifs du développement durable car ce
dispositif porte sur les pratiques, c’est-à-dire à un niveau micro sociale. « Rien n’indique
que les nudges, même si leur efficacité est avérée, suffiraient à atteindre certains des
objectifs que se sont donnés les États en matière d’émissions de GES et de protection de
l’environnement dans sa globalité »169. Il y a d’autres niveaux sur lesquels il faut agir car,
comme le dit Marie-Christine Zélem, « toute action humaine est en proie à des influences
structurelles et sociales »170 mais aussi techniques, politiques, culturelles, etc… Il est
important de déplacer le regard car les comportements et les pratiques ne sont pas le
simple fruit de la société ou de logiques collectives ou de biais d’irrationalités. « Il existe
un écart entre l’opinion des particuliers qui témoigne de sensibilité écologique croissante
et les pratiques effectives qui vont vers l’augmentation de la consommation d’énergie des
ménages. Cet écart n’est pas le signe d’une irrationalité des ménages, mais témoigne bien
plutôt de la complexité des ressorts de la consommation d’énergie. Cette dernière dépend
de caractéristiques structurelles du logement, de déterminants financiers, culturels,
sociologiques, psychologique »171. Chaque focale a son importance. Ce schéma de
Christophe Beslay nous montre l’influence de trois échelles d’observations par rapport à
l’impact énergétique :

168
https://www.youtube.com/watch?v=i9dWWxaFswo
169
La Fabrique Ecologique, (2016), L i itatio au o po te e ts ologi ues : Les nudges, un nouvel
outil des politiques publiques, note n°12, URL : http://www.lafabriqueecologique.fr/#!les-nudges/c154u
170
Zélem M-C. (2010), Politique de maîtrise de la demande d'énergie et résistances au changement. Une
approche socio-anthropologique, L'Harmattan, (coll. " Logiques sociales "), 323 p.
171
Chriqui V. (2013), Comment limite l effet e o d des politi ues d effi a it e g ti ue da s le
loge e t ? L i po ta e des i itatio s o po te e tales, La ote d’a al se ° , Ce t e d’a al se
stratégique, 16p.
51
172

La première échelle peut être qualifiée de macro sociale et regroupe des facteurs tels que
le temps historique et politique, les jeux institutionnel, la culture, les catégories sociales ;
la seconde dite meso sociale se compose de systèmes d’actions, de normes, d’interactions,
de réseaux sociaux, des flux d’informations ; la dernière est micro sociale et se base sur
l’individu, les pratiques quotidiennes, les perceptions, les carrières et les techniques173.
Face à cette complexité, il est nécessaire de naviguer entre ces différents niveaux
d’observation pour mieux appréhender les facteurs influençant la prise de décision et les
pratiques. « L’une des limites du paternalisme libertarien, à savoir la réduction des
problèmes auxquels il tente de remédier à des défaillances dans la prise de décision
individuelle, le contexte social n’étant éventuellement pris en compte que dans la mesure
où il est susceptible d’accentuer l’effet des biais comportementaux »174. « Le paradigme
de l’incitation comportementale court, en effet, le risque de passer sous silence de
nombreux déterminants structurels et collectifs (évolution des réseaux, offre disponible,
injonction au confort et à la croissance…), sur lesquels les ménages n’ont aucune prise,
et qui conditionnent pourtant largement leurs pratiques de consommation»175.

172
https://www.vinci.com/vinci/actualites.nsf/6AFF4C621BE1D5FBC1257D9D004C9489/$File/N4-
Chaire_eco-conception-novembre_2014-Beslay.pdf
173
Zélem M-C. (2010), Politique de maîtrise de la demande d'énergie et résistances au changement. Une
approche socio-anthropologique, L'Harmattan, (coll. " Logiques sociales "), 323 p.
174
Tanase A. (2015), Paternalisme libertarien et limites de l'approche par les biais cognitifs, Congrès
AFSP, ST62 Les Nudges : Enjeux, applications et limites du paternalisme libertarien, Aix, 11p
175
Dujin A., Maresca B. (2012), Changer les comportements: l'incitation comportementale dans les
politiques de maîtrise de la demande d'énergie en France, CRÉDOC, Cahier de recherche. CRÉDOC n° 295,
Paris, 86p
52
L’exemple du tri de déchets nous montre qu’une approche mutliscalaire et donc
la mobilisation de leviers différents est essentielle afin de créer une nouvelle norme
sociale durable. Parmi ces leviers, il y a la loi n° 92-646 du 13 juillet 1992 interdisant la
mise en décharge dans un délai de dix ans, une campagne de sensibilisation, la
mobilisation « d’ambassadeurs du tri » pour diffuser de l’information et motiver les
ménages, la conception et la diffusion d’un nouvel objet technique qu’est le bac à
recyclage, une dynamique industrielle autour du marché de l’emballage, et la mobilisation
des collectivités locales : l’utilisation de leviers diverses embrassant des dimensions
sociales et techniques ont permis d’agir sur les comportements au niveau collectif et
individuel176.
Face à cette complexité, il serait bon de créer une anthropologie de la décision
permettant de comprendre la production de décisions collectives et individuelles en
prenant en compte des différents niveaux de facteurs influençant celles-ci177. Pourquoi
pas des dispositifs mêlant économie comportementale, communication engageante et
analyse socio-technique ?

176
Chriqui V. (2013), Co e t li ite l effet e o d des politi ues d effi a it e g ti ue da s le
loge e t ? L i po ta e des i itations comportementales, La ote d’a al se ° , Ce t e d’a al se
stratégique, 16p.
177
Zélem M-C. (2010), Politique de maîtrise de la demande d'énergie et résistances au changement. Une
approche socio-anthropologique, L'Harmattan, (coll. " Logiques sociales "), 323 p.
53
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hyper-sexy-au-milieu-d-un-casting-de-stars-pour-leonardo-dicaprio-565714

https://youtu.be/BtpSgqUZ3oA?t=29

https://www.youtube.com/watch?v=i9dWWxaFswo

60
i
Lien vers les études sur le nom de chacune

Etudes mobilisées
Etude Nb de pays Nb d’enquêtes Méthodologie
co-construit par Consultation citoyenne
BVA Earth Le débat citoyen
planétaire sur l’énergie
et le climat 2015
75 pays 10 000 enquêtes
multisites
(information/délibératio
pour n/vote)
Baromètre BVA de
l’engagement durable du France 1000 enquêtes Online
citoyen 2014
Révolution durable 2014 France 3 700 enquêtes Courrier
Les Français et la
pour
consommation durable France 3 577 enquêtes Courrier
2013
Environ 1000 enquêtes
Greendex 2014 18 pays Online
par pays
construit par
Environ 1000 enquêtes
Perceptions et pratiques liées au développement durable Greendex 2012 17 pays
par pays
Online

pour Online
Greendex 2008 14 pays Echantillon non renseigné Face à face pour
l’Egypte et le Nigeria

Eurobaromètre 2014 Environ 28 000 enquêtes


28 pays Face à face
n°416 au total
Eurobaromètre 2011 27 pays Echantillon non renseigné Face à face
Régis OLAGNE n°365
01 71 16 88 00 / 06 82 82 46 05
regis.olagne@bva.fr Eurobaromètre 2008 27 pays Echantillon non renseigné Face à face
n°295

Morgan LAPLAIGE Revue du CGDD France Opinion et pratiques des français en 2014
0643206281 2
morgan.laplaige@bva.fr Confidential & Proprietary – Copyright BVA Group ® August 2012
Une sensibilité environnementale qui s’accroit et touche la
plupart des citoyens

2014 77% et
76%
"I m very concerned about environmental Débat citoyen planétaire sur l’énergie et le
problems" 61% climat :

Plus de 78% des citoyens du monde se


49%
57% 46% sentent « très concernés » par le changement
56%
45%
climatique.
2008 2012 2014
L’environnement est devenu un sujet
incontournable sur la scène mondiale

Quelle perception les citoyens ont-ils « How important is protecting the environment to you personnally? »

à l’égard des enjeux du 2014 : 95% très ou plutôt important


2011 : 95%
développement durable ? 2008 : 96%
La protection de l’environnement reste très important pour les européens et l’est
de façon homogène et quasi unanime.

3 4
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62
Une sensibilité environnementale qui s’accroit et touche la Le réchauffement climatique un phénomène…dont on prend
plupart des citoyens la mesure…une culpabilité qui reste faible

2014 77% et
2014 51% Ils sont 28% en 2012 et 30% en 2014
"I m very concerned about environmental
76%
Débat citoyen planétaire sur l’énergie et le a se sentir coupable de l’impact qu’ils
problems" 61% climat : 2012 46% ont sur l’environnement
Plus de 78% des citoyens du monde se 2008 51% (« I feel guilty about the impact I
49%
have on the environment »)
57% 56%
46% sentent « très concernés » par le changement 2012 2014
45% 42% 44% 46% 48% 50% 52%
climatique.
2008 2012 2014 "Global warming will worsen my way of
Inde 45% 53%
L’environnement est devenu un sujet
incontournable sur la scène mondiale
life within my own lifetime" Chine 42% 41%
Mexique 42% 44%
« How important is protecting the environment to you personnally? »
Brésil 40% 39%
2014 : 95% très ou plutôt important « Most scientist are convinced that human activity
causes climate change and global warming » France 23% 25%
2011 : 95%
2008 : 96% 65% sont d’accord en 2014 contre 61% en 2012 Allemagne 16% 16%
La protection de l’environnement reste très important pour les européens et l’est Japon 14% 17%
60% 69%
de façon homogène et quasi unanime. 41% 54%
77%
73% 74%
4 5
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63
Des préoccupations centrées sur la pollution et les
réchauffement climatique

Le spécial Eubaromètre n 416 nous indique


que la pollution de l’air (56%) et de l’eau (50%)
Les 4 préoccupations les plus importantes sont : sont les problèmes environnementaux qui
- le coûts de l’énergie et de l’essence (79%) importent le plus en UE.
- le prix de la nourriture (76%)
- la pollution de l’air (74%) et de l’eau (76%) qui ont
augmentées de plus de 6 points depuis 2012
QA2. From the following
Les consommateurs de pays émergents semblent plus list, please pick the five
main environmental
concernés par les problèmes environnementaux que les issues that you are
worried about.
consommateurs de pays industrialisés comme le Brésil, le Answer : Air pollution

Mexique et l’Afrique du Sud.


(Concern about global issues) La Grèce (42%) et la Slovénie (40%) se sentent
Quels sont les sujets de préoccupation concernées par la pollution agricole. La pénurie

des citoyens ? Réchauffement de la planète 26%


d’eau potable semble inquiété à Chypre (55%),
au Portugal (48%), en Slovaquie (47%) et au
Pollution de l’air 21% Danemark (45%). La destruction d’espèce et
« Parmi les problèmes suivants liés à la dégradation d’habitat est une préoccupation importante en
de l’environnement, quel est celui qui vous paraît le
plus préoccupant? » Suède (50%) alors qu’à Malte, il s’agit des
problèmes urbains (46%).
6 7
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64
La protection de l’environnement un sujet sur lequel tout le
monde doit agir
47% 52% 51%

« Qui devrait, selon

2012 2013 vous, agir en


2014 priorité pour la
protection de
23% l’environnement? »
23% 23% 19% 26% 18%

Les pouvoirs publics Les entreprises Les ménages

51%
44%41% 2014 2013 2012

26%27% 23%24% 19% « Qui doit agir


19%
en priorité? »
5% 7% 8%
2% 2% 3%

Qui doit agir et quel est le niveau L’Etat Le citoyen Les acteurs Les collectivités Les associations

d’engagement des acteurs ?


économiques (ONG) ou
partenaires
2013 2014 sociaux
Individus 48% 45% »A votre avis, quelle importance ont les différents
acteurs suivant pour agir concrètement en faveur du
Etats 37% 42% développement durable? (réponse « très important »
en pourcentage) »
Entreprises 34% 37%
8 9
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65
Au niveau international, les leaders du développement De l’avis du citoyen les décideurs ne sont pas vraiment à la
durable sont pour un partage équitable de la responsabilité hauteur

2012 2014
En 2012 et 2014, seulement 21% des Chine 46% 45%
consommateurs considèrent que les entreprises Inde 36% 42%
Une enquête réalisée en 2015 et l’industries travaillent fortement afin de Hongrie 8% 11%
auprès de 816 experts et garantir un environnement sain.
parties prenantes du « Companies and industries are currently working very hard to make sure
développement durable à that we have a clean environment in my country »

travers le monde
En 2014, 77% des européens pensent que les grosses
entreprises et l’industrie n’en font pas assez pour la protection
de l’environnement.
« In your opinion, who Grèce Espagne Croatie Estonie Danemark
should lead the sustainable
development agenda over the 94% 89% 88% 61% 62%
next twenty years?
Please select the two most
suited from the following list.” (In your opinion, is each of the following currently doing too much, doing about the
right amount, or not doing enough to protect the environment?)
10 11
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66
Ceci est valable pour les gouvernements Dans ce contexte le citoyen a décidé d’agir

Débat citoyen planétaire : 1 citoyen sur 2 estiment que son pays n’en 45% en 2012 et 48% en 2014 des
fait pas assez contre le réchauffement climatique En 2014, 85% des européens pensent consommateurs déclarent essayer
pouvoir jouer un rôle dans la actuellement de réduire très
Et ces critiques se manifestent plus dans les pays développés protection de l’environnement. fortement leurs impacts négatifs sur
Irlande Malte NL CZ Hongrie l’environnement.
En France, 65,19% des participants regrettent que leur pays n'ait pas fait de la lutte contre
Finlande 2012 2014
le changement climatique une priorité tandis que les petits Etats insulaires, très vulnérables
à la crise environnementale, obtiennent 51,06% de soutien de la part de leurs administrés. 94% 89% 88% 61% 62% Chine 65% 67%
(Please tell me to what extent you agree or disagree with each
(« Que pensez-vous de la façon dont votre pays combat le changement climatique? ») of the following statements. As an individual, you can play a role Mexique 63% 63%
in protecting the environment in our country)

2012 2014 Brésil 61% 66%


Je fais au plus
« My government is currently working very hard to Je maintiens ou simple Inde 55% 60%
make sure that we have a clean environment »
43% 47% accélère et les enjeux du
développement Suède 34% 39%
mes efforts en
durable passent
faveur d’un 38%
développement
pour moi au Allemagne 31% 28%
62% second plan
plus durable Japon 15% 19%
En 2014, 70% des européens pensent que les gouvernements n’en Si la majorité souhaite toujours
font pas assez pour la protection de l’environnement 2013 maintenir, voire accélérer ses
(I’m currently trying very hard to reduce my own negative impact
on the environment)
(In your opinion, is each of the following currently doing too much, doing about the right amount, or not doing efforts en faveur d’un
enough to protect the environment?) développement plus durable…on
note un certain essoufflement
12 13
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67
Des engagements aux pratiques, il n’y a qu’un pas… qui est
parfois difficile à passer

La conscience écologique ne manque pas mais elle est


loin de suffire pour susciter des pratiques
environnementales concrètes. (Bozonet, 2007)

Désirabilité sociale : les enquêtés veulent plaire par


leurs réponses
Des intentions aux pratiques…
Des pratiques avec un engagement varié

14 15
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Le tri des déchets : le premier éco geste Le bio : un développement non négligeable…de fortes
disparités d’un pays à l’autre

2012/13
« Frequency of consuming Eurobaromètre flash 367
organic or natural food » 2008
 2012 : 44%
4 personnes sur 5 achètent des
75% des personnes interrogées produits respectueux de
 2014 : 49% une fois par disent être prêtes à acheter des l’environnement.
semaine produits écologiques même s'ils
sont plus onéreux, seules 17% Toutefois seulement 1 personne sur 4
2012 2014 l'ont réellement fait dans le mois déclare en acheter « souvent ».
qui précédait le sondage
Russie 66% 72% All UK NL
Inde 58% 61% 88% 61% 62%
France 35% 41%
Japon 27% 32%
Baromètre CSA/Agence Bio 2015
88 % des Français consomment
des produits bio
62 % de consommateurs « Bio-
réguliers » c’est-à-dire au moins
(Frequency of action) une fois par mois
16 17
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69
2008 2012 2014 2012 2014
Consommation d’eau Energie
Allemagne 63% 69% 70% Chine 73% 71%
France 57% 66% 65% Brésil 69% 70%
USA 35% 37% 38% Corée du 38% 46%
52% 2014
50% Suède X 29% 29% I Am Willing to Pay More for an Energy- Sud
50%
2008 Saving Product If It Will Save Me Japon 28% 28%
48% 46%
2012
Money over the Product's Life because
46%
49% Baromètre TNS / CIEAU 2014 of Lower Energy Costs
44% 2012 : 45% 2014 : 58%
2008 2012 2014 83% des français déclarent être attentif
Frequency of minimizing use of fresh water à l’eau qu’ils consomment Selon les européens, dans le top 3 des priorités, la
La première raison invoquée en faveur réduction des consommations d’énergie à la maison serait
d’une consommation responsable est en deuxième et troisième position (39%), derrière le tri des
Seulement 14% des financière (49%) déchets (54%)
européens considèrent Une baisse d’intérêt pour les économies d’eau
CZ Slovaquie Portugal Slovénie Bulgarie Allemagne Autriche UK Bulgarie
la réduction de leur dans plusieurs pays Roumanie Danemark
consommation d’eau à
Portugal Chypre Estonie Lituanie Bulgarie 73% 70% 69% 66% 40% 48% 47% 44% 40%
domicile comme une
priorité
(In your opinion, which of these should be
the top-three priorities for people in our 63% 48% 18% 21% 26%
country in their daily life to protect the +18pp -13pp -15pp -14pp -17pp
environment?)

18 19
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70
Éco-mobilité et mobilité durable
Les pratiques ne sont pas au rendez-vous Un contexte de forte sensibilité
En 2008, 27%
environnementale
En 2012, 24%
En 2014, 24% utilisent les transports publiques locaux tous les jours ou la
plupart du temps
L’utilisation de transport en commun reste faible dans la plupart des pays. Néanmoins, des pratiques pas
toujours à la hauteur
Seulement 5% des américains
utilisent les transports en
commun tous les jours
43% !
En Russie

Besoin d’un coup de pouce?


En France, malgré une légère progression des modes de transports
actif (marche, vélo) et/ou collectif (3 points entre 2009 et 2014
pour atteindre 27%), le véhicule motorisé reste le mode de
déplacement le plus utilisé pour se rendre sur son lieu de travail
(60% des enquêtés) ou pour aller faire ses courses (64%)

20 21
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71
Tous en voiture pour se rendre au travail …

Toulouse 2013
BVA Earth Trajet domicile-travail par mode de
74% des transports
domicile-travail se font en
voiture particulière et
transport principal en France seulement 13% en transport
4% 2% en commun
9% Grande Agglom ération Toulous aine - Enquête
M énages Déplac em ents et Enquête Cordon
Routière 2013

18%
63% Paris 2015
47% TC 36% VP
Voiture particulière
Trasnport en commun
Marche à pied
Deux roues ( vélos, scooters, motos…)
Covoiturage

Indicateurs macro sur Rands tad Award 2015 : ICM A Group,


9000 franç ais 18 à 65 ans

l’engagement des citoyens Randstad Award 2015 : ICMA Group, 9000


français 18 à 65 ans

76%
60% USA 2013

Vélo et
h ttps:/ / www.ce n su s.g
Régis OLAGNE VP et deux marche à
TC o v/ h h e s/ co mmu tin g / fi
roues pied le s/ 2 0 1 4 / a cs-3 2 .pdf
01 71 16 88 00 / 06 82 82 46 05
regis.olagne@bva.fr
Morgan LAPLAIGE
Les modes de déplacement dans les villes européennes
0643206281
ii morgan.laplaige@bva.fr 2
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72
…l’auto-partage, une pratique qui reste encore très Agriculture BIO : …encore peu de volume
marginale…
Surface agricole en France en Nombre d’exploitations en Chiffre d’affaire en euros 2014

Fin 2014 Autolib c’est109 000 abonnements …soit 16%* des Parisiens utilisant million ha France
la voiture pour leurs déplacements domicile travail 1,2 26478

185 en conventionnel
* 30% des 2,243 833 435522
habitan ts de Paris
5 milliards d’euros
Source étude BVA pour 26,88 soit 2,6% du marché
l’ADEM E 2015
Bi o Convent ionnelle +10% de croissance
Bi o Convent ionnelle

4,5% de la surface agricole 26478 fermes bio en 2015 au sein Agenc e bio 2015
en France est bio Ag e n ce bio 2 0 1 5
des 480 000 exploitations françaises

http://www.autolibmetropole.fr/

176 millions d’hectares de


surface agricole utile
en Europe
Dans le monde, 37,2 millions d’hectares en bio
Ag ricu ltu re bio e n E u ro pe

En Ile-de-France, seulement 3,82% des personnes en IDF déclarent avoir utilisé un service
d’auto-partage (Autolib ou autres) 9,5 millions de bio soit 5,4% soit 0,9% de l’ensem ble du territoire
ag r icole de 4 m illiards (IFOAM )
Bio da ns le m onde

Cela correspond à 217 144 personnes sur 5 689 424 franciliens qui déclarent avoir utilisé la
voiture en tant que conducteur au cours des 12 derniers mois (enquête BVA / RATP mars
avril 2015)

3 4
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73
Le gaspillage alimentaire : des pratiques encore perfectibles Les placements solidaires : un goutte d’eau dans l’océan…

En 2011, 204,080 microcrédits ont été


distribué pour une v aleur de1047
Entre 20 et 100 kilogrammes millions euros EM N

de produits alimentaires
179 k ilos g aspillés par
eur opéen soit 89,3 m illions de
encore consommables sont
tonnes par an jetés en moyenne par chaque Montant de l’épargne PIB MONDIALE, FR,
Français chaque année. global : 4259 milliards
Commission européenne
d'euros en 2014 EUROPE peut être
pour voir poid dans
Soit de 1,2 à 6 millions de économie? REGIS?
tonnes de nourriture qui
750 000 000 000 dollars de serait gaspillées en France.
pertes et de gaspillage Portefeuille mondial des prêts et nombre
France Nature et Environnement 2012
alimentaires chaque année dans 2014 : 6,8 milliards d’emprunteurs dans la micro finance
le monde. (2013) d’épargne solidaires
(+13,6% sur un an)

Un tiers de gaspillage
alimentaire soit 1,3
milliards de tonnes sur Finansol
4 milliards de tonnes de
production annuelle
Food wastage footprint FAO 0,16% des placements financiers Ba ro mè tre de la
micro fin a n ce 2 0 1 4

5 6
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74
Pesticides : si la population est fortement impactée…ses
pratiques de jardinage sont discutables

Si les j ardins couvrent 2% de la surface de


la France contre 54% aux surfaces
agricoles 54%

Les m énag es utilisent pour leurs


Amérique du Nord
jar dins 3,5 k ilo s de substances
activ es par hectare de jar din 82 à 90% des ménages sont
contr e 2,4 en zone ag r icole soit impactés par des pesticides
1/3 de plus Thèse J. Barrault

75% sont des insecticides pour la


maison et 22% pour le jardin
Ob se rva to ire d e s p e sticid e s

7
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75
iii
Powerpoint Veille Concurrentielle (par souci de place, une à deux diapos seront présentées pour chaque thèmes)

Experts techniques spécialisés dans une ou plusieurs thématiques :

BVA Earth -création 1981

-Problématiques : études techniques, évaluations et prospectives,


programmes de recherche-développement, missions d'assistance aux
maîtres d'ouvrages, veille et propositions techniques et
réglementaires, diffusion des connaissances et savoir-faire

-Sujets : agriculture et énergie, bois de chauffage, méthanisation

-Clients : agriculteurs / administration, agences et collectivités


Veille concurrentielle comme l'ADEME ou MEEDDAT / industriels, PME, PMI / Réseau action
climat

-en cours : Programme Vahbiogaz (hydrogène avec du méthane)/


Programme DIGUE (traitement des boues de stations d'épuration) /
Régis OLAGNE
programme SYMBIOSE (injection de biogaz agricole dans le réseau)
01 71 16 88 00 / 06 82 82 46 05 / Programme DIVA (gestion digestat, résidu de méthanisation)
regis.olagne@bva.fr

Morgan LAPLAIGE
0643206281 3
morgan.laplaige@bva.fr Confidential & Proprietary – Copyright BVA Group ® August 2012

76
Experts spécialisés dans une ou plusieurs thématiques et Conseil avec département développement durable :
un savoir-faire spécifique en sociologie :

-création en 1984

2 personnes y travaillent

-Problématiques : analyse socio-technique


/ enquête sociologique / évaluation de -créé en 2013, 9000 collaborateurs et associés en France, 984
millions en 2014
politiques publiques et de projets /
accompagnement à la mise en œuvre de Florence Didier-Noaro, associé, Deloitte Sustainability Services
projet
Deloitte Sustainability Services -> équipe de consultant et
d’auditeurs dédiés aux enjeux de développement durable
-Sujets : pratiques et consommation
d'énergie / bâtiment économes / précarité -Sujets: engagement des consommateurs et développement
énergétique / sociologie de l'énergie / durable, analyse de la chaine de valeur de recyclage des plastiques
concertation / formation / étude en France, évaluation du gaspillage alimentaire
organisationnel en entreprise / voyage et -Clients : CELC->organisation européenne agro-alimentaire du lin,
effet sur sa santé/ sociologie de l'action ADEME
publique / étude sur le confort
-Publications :
Baromètre du lin européen 2015
-Clients : ADEME, COSTIC, Master PEPS, Evaluation des pratiques des PEEE par les entreprises
conseil g du Gers, office HLM, RATP, Etude d’impact du télétravail (2015)
industriels, CSTB

10 14
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Pas d’activité consolidée, quelques thématiques : Purs players :

-créé en 1974, 30,1 millions d'euros en 2013 / 1200 étude par an, 350 Cf Greenflex étoffe son
salariés à temps équivalent plein (700 enquêteur sur tout le territoire)
managelment
Le Groupe Bolloré contrôle la totalité du capital du Groupe CSA depuis juillet
2008. -création en 2009 (intégration Ethicity en 2011), 130 collaborateurs en Europe, 104
millions d’euros de chiffre d’affaire en 2014
-Thématiques du développement durable traitées:
Biodiversité, consommation bio, mobilité durable, mécénat environnemental -Problématique:
Consulting > stratégie et prospective, produits et consommateurs, diagnostic et
reporting, parties prenantes
-Clients :
Natureparif (agence régional nature biodiversité) / les ateliers de la terre /
Energy > stratégie et politique énergétique, management de l’énergie et ISO 50 001,
Norauto / Association des maires de France : caisse d'épargne / Agence Bio /
formation et veille, financement de la transition énergétique et plns de changement,
France Nature Environnement (FNE)
gestion de la facture, pilotage des équipements, télé relève
-Publications : Technology > maîtriser kes coûts et piloter son impact environnemental, intégrer le
Peu d’étude entière porte sur un sujet de développement durrable développement durable dans les achats avec EcoGuide IT, diagnostiquer le parc
Sondage CSA/FNE agriculture et consommation informatique, pilotage et suivi, financement du changement et de la transition
FNE Français et utilisation de leur véhicule
-Clients : Agence Bio, Rainforest Allicance, Nature & Découverte, Sita Suez, Agrifood
-Baromètre : 2030, ADEME, Crédit Agricole
12e baromètre de l’Agence Bio 2015
-Publications : typologie des consommateurs, baromètre de consommation durable,
-Etude en souscription: observatoire des GES, ILEC : évaluation de l’affichage environnemental pour les
Observatoire du financement du logement entreprises, évaluation d’un service greencard (Crédit Agricole)

CSA institut généraliste, pas d’approche spécifique développement durable,


les sujets récurrents sont la biodiversité
17 20
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International, activité consolidée :

-création en 1987

Eric Whan, responsable des pratiques durables


(Globescan’s Sustainability Practice)

Approche RSE en interne -Sujets : crise de l’eau, comportements des


en partenariat avec
consommateurs, politique autour du
Ethicity > baromètre de la consommation durable
changement climatique, business durable, RSE,
stakeholders
AFOM
-relation cordiales et collaborations passées -Publications : Greendex, the Regeneration
-pas d’activités d’études chez Ethicity
-retour positif Élisabeth Pastore-Reiss par rapport aux nudges Roadmap, the Sustainability Leaders, State of
-baromètre fait avec Kantar Sustainable buisness poll
-carnet d’adresse grande consommation très large et diversifié
-peu de risque
-Clients : 3M / BT /Unilever / Pfizer / Bmw
group / SC Johnson / Siemens / The guardian
Sustainable Business / HP / National
Geographic / BSR / Pepsico / BBC World /
International committee of the red cross

21 26
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Étude en souscription : Pas d’activité consolidée, nombreuses études :

-création en 1938, 40 millions de chiffre d’affaire en 2013, 200 collaborateurs -création 1995, plus de 90 personnes en France,
chiffre d'affaires 2014 : 7 910 000 €
- Interlocuteur : Julien Belin et Jérôme Benoît , service opinion
-racheter par ITWP Acquisitions LTD, unique actionnaire de Toluna
-Problématique :
transition énergétique, observatoire du DD & RSE , IFOP Planet Care (lancée en juin 2007) -précurseur dans l’étude en ligne

-Sujets : les attentes des français sur le grenelle de l'environnement, les dirigeants et développement -membre de plusieurs organisation de recherche (US National Council of Public Polls,
durable, green label, les français et le greenwashing the British Polling Council, the Council of American Survey Research, the US Council
for Marketing and Opinion Research, and the UK Market Research Society)
-Clients : les agences de l'eau, ONEMA (office national des eaux), MEEDDAT, Europe écologie les verts,
WWF, l’alliance pour la planète, collège des directeurs du DD, université de la terre, rassemblement pour -Problèmatique : étude d’accompagenement et de positionnement stratégique
la planète, Airparif, ADEME, collectivité territoriale (mutations développement durable, RSE)

-Baromètre : -Sujets : mobilité durable / perception du réchauffement climatique à


Baromètre de l’opinion : préserver les ressource et les milieux aquatiques l'internationale/ perception des français sur crise écologique vs crise économique /
-Etude en souscription : tourisme responsable / la transition énergétique / l'état des ressources / ville de
L'Observatoire du Développement Durable et de la RSE (ODD & RSE) demain
Observatoire de la Transition Energétique
Green Label Equity -Clients : les ateliers de la terre, fondation Nicolas Hulot, Essec Business School, the
Natural Ifop European Climate Foundation, Suez Environnement
Ingrédients Alimentaires
IfopTrends Développement Durable -Baromètre : Baromètre de l’opinion des français sur la mobilité durable 2011
RSE et Salariés Observatoire mondial: le défi des ressources pour GDF SUEZ (mars 2015)
-Etude ad hoc Regard des français sur la crise écologique et économique
Les français, les dirigeants et la transition énergétique
Brand Equity Développement Durable
Les étudiants et la ville de demain
Planet Care Inside
Institut avec une expertise thématique diversifiée. Offre plus large que le CSA
Forte culture des études en souscription, une approche ad hoc moins marqué, approche multiclient
28 31
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Think tank et institutionnel :

-création en 2013

-Problématiques : mise en place et animation d’atelier co-


écologique (collaboratif) autour de sujet en lien avec le
développement durable / publications

-Sujets: éco-entreprise / la résistance à l'écologie / l'économie


collaborative / biodiversité / levier économique de la transition
énergétique / rénovation énergétique / pollution de l'air / santé
environnementale / épargne et transition énergétique

-Projets en cours : Communiquer pour comportement alimentaire


plus écologique juillet 2015 / dépasser le greenwashing avril 2015 /
Territoires périphérique mobilité durable janvier 2015 /
amélioration thermique ménage en précarité énergétique janvier
2015 / France adaptation changement climatique janvier 2015 /
Nudge et consommation durable septembre 2014 / suivi de la loi de
transition énergétqiue juin 2014 / concurrences mondiales et
environnement juin 2014

-activité autour de la COP21 : Critère de réussite de la COP21


(octobre 2014)
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iv
Projet de questionnaire acteurs engagés 2015
I-Profils et caractéristiques
Possibilité de faire un miroir avec les Panels des Leader D’opinion

Sélection à partir des 2 questions suivantes :

QA. Au cours des 12 derniers mois, êtes-vous intervenu en tant que salariés ou bénévole au sein… ?
[Rotation aléatoire des items]
1. … d’une association de parents d’élèves
2. … d’un parti politique
3. … d’un groupement syndical ou professionnel
4. … d’une association à but humanitaire
5. … d’une association de protection de l’environnement
6. … d’une association de quartier ou locale
7. … d’une association sanitaire ou sociale
8. …d’une association sportive ou culturelle
9. … d’un autre type d’association (préciser)

1. Oui, une fois


82
2. Oui, plusieurs fois
3. Non, mais vous envisagez de le faire dans l’année
4. Non, mais vous envisagez de le faire à plus long terme
5. Non et vous n’envisagez pas de le faire
6. NSP
QB. Les affirmations suivantes pourraient vous concerner. Merci d’indiquer si vous êtes tout à fait d’accord, plutôt d’accord, pas vraiment
d’accord ou bien pas du tout d’accord avec chacune d’elles :
[Rotation aléatoire des items]
1. En général, lorsque je suis confronté à une incivilité, j’interviens pour donner mon avis
2. Lors d’élections, je prends en compte les propositions sociales et environnementales pour choisir mon candidat
3. Je participe à des forums de discussion en ligne
4. Je poste des commentaires sur les sites que je peux visiter
5. Je relaye systématiquement les informations relatives à des causes qui me semblent justes
6. Je suis force de proposition et je m’implique pour développer et promouvoir des solutions concrètes
7. Je suis très engagé au quotidien et j’incite les autres à faire évoluer leurs pratiques sociales et environnementales

1. Tout à fait d’accord


2. Plutôt d’accord
3. Pas vraiment d’accord
4. Pas du tout d’accord
5. NSP

Modalités de filtres à préciser sur la base des tests actuels


I- Les valeurs/ perceptions/ croyances/ attentes

Dans un premier temps nous souhaiterions mieux cerner vos principales préoccupations.
Q0: A l’aide d’une note comprise entre 1 et 10, comment qualifieriez-vous votre niveau de bonheur personnel actuel. La note 10
signifie que vous êtes très heureux, la note 1 que vous n’êtes pas du tout heureux, les notes intermédiaires servent à nuancer votre
opinion.
83
Q1 : Veuillez répartir 100 points entre les 4 grands types de préoccupation suivants selon l’importance que vous leur accordez
personnellement. Plus l’importance accordée à un sujet est élevée plus vous lui donnerez un nombre de points important.
Le total devra faire 100 points.
OE Numeric - the sum up needs to be equal to 100
Randomization among the items
1. La protection de l’environnement
2. La protection de ma santé et celle de mes proches
3. L’amélioration du mon niveau de vie
4. La cohésion et l’équité sociale

The message of error : Merci de vérifier et de corriger votre réponse. Le total doit être égal à 100.
Q2: Vous personnellement, quel est votre niveau de confiance dans l’avenir de la planète ? Diriez-vous que vous êtes : SA
1. Très confiant
2. Plutôt confiant
3. Ni confiant ni pas confiant
4. Plutôt pas confiant
5. Pas du tout confiant
6. Je ne sais pas

Q3 : Les deux affirmations suivantes sont souvent citées par les acteurs du développement durable. Êtes-vous d’accord avec
chacune d’entre-elles. Veuillez exprimer votre appréciation à partir d’une note de 1 à 10 où 10 correspond à totalement d’accord et 1
à pas du tout d’accord. OE Numeric
numeric field [1-10]
Randomization among the items

FLASH QUESTION
http://media4.surveycenter.com/FlashDevs/WebSite/FlashSingleSelectGridTool/MultiSlider/index.html

1. C'est d'abord en modifiant de façon importante nos modes de vie que l'on empêchera la détérioration de l'environnement et de la
planète
84
2. C'est d'abord par le progrès technique que l'on trouvera des solutions pour empêcher la détérioration de l'environnement et de la
planète

Q4 : Quelle proposition parmi les suivantes correspond le plus à votre opinion SA


Randomization among the items

Dans le contexte de crise actuelle…


1. …je fais au plus simple et les enjeux du développement durable passent pour moi au second plan
2. …je maintiens ou accélère mes efforts en faveur d’un développement plus durable

Q5 : A votre avis, quel(s) acteur(s) doit/doivent se mobiliser en priorité pour permettre la transition vers un mode de
développement plus durable…
Vous pouvez sélectionner de 1 à 3 types d’acteurs, merci de les classer par ordre de préférence (1 en 1er).
1 answer is mandatory – 3 answers max
Randomization among the items
FLASH QUESTION
http://media4.surveycenter.com/FlashDevs/WebSite/Drag&Rank/Drag&RankScrolling/index.html

1. L’Etat
2. Les collectivités (mairies, départements, régions)
3. Les acteurs économiques (entreprises, artisans, agriculteurs,…)
4. Les associations (ONG) ou partenaires sociaux
5. Le citoyen

III-Les solutions à proposer pour limiter le réchauffement climatique


Q6-Voici un certain nombre de propositions que l’ETAT pourrait mettre en œuvre pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Veuillez évaluer à partir d’une échelle de 1 à 10 l’impact potentiel de chacune de ces solutions sur les réductions de gaz à effet de
serre où 1 correspond à aucune réduction et 10 une très forte réduction
1. Mettre en place une journée sans voiture une fois par semaine (Fondation GOOD PLANET et AFD)
2. Appliquer l’incitation fiscale pour la mobilité à vélo (RAC)
85
3. Favoriser les modes de déplacement doux (marche, vélo, transports publics, autopartage, covoiturage) avec par exemple un baisse
d’impôt en fonction des km parcourus en vélo sur le trajet domicile-travail (FNE)
4. Mise en place de quotas de véhicules à faibles émissions dans les flottes publiques (SNBC)
5. Proposer des repas végétariens une fois par semaine dans restauration collective (cantine scolaire) (Alternatiba)
6. Développement de la méthanisation des déjections d’élevage, ainsi que d’une partie des résidus solides de culture (Negawatt)
7. Limiter l’utilisation de pesticides dans l’agriculture et développer l’agriculture biologique (Greenpeace)
8. Supprimer à terme l’incinération sans valorisation énergétique (SNBC)
9. Arrêter le financement des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) pour financer les énergies renouvelables (solaire, éolien,
méthanisation)
10. Application d’un principe générale de progressivité du prix de l’énergie (NegaWatt)
11. Mise en place d’une éco-taxe
12. Adopter une taxe sur les transactions financière pour financer un fond Vert pour le climat et la santé (RAC)
13. Simplifier les procédures d’aides financière à la rénovation (FNE)
14. Création d’une Haute Autorité Indépendante de l’Energie du Climat et de l’Environnement indépendante du pouvoir exécutif et
législatif (NegaWatt)
15. Alimenter les bâtiments et l’éclairage public avec un fournisseur d’électricité 100% renouvelable et coopératif (Alternatiba)

Q7 D’après-vous avec quelle facilité l’ETAT peut-il mettre en place ces solutions ? toujours à partir d’une échelle de 1 à 10

Q8: hiérarchiser les solutions à mettre en place en priorité parmi la liste (3 réponses)

Q9-Voici un certain nombre de propositions que LES ENTREPRISES et les COLLECTIVITES LOCALES OU
TERRITORIALES pourraient mettre en œuvre pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Veuillez évaluer à partir d’une échelle de 1 à 10 l’impact potentiel de chacune de ces solutions sur les réductions de gaz à effet de
serre où 1 correspond à aucune réduction et 10 une très forte réduction
1. Développer de centre partagé de télétravail (NegaWatt)
2. Développer une meilleure efficacité des moteurs, en parallèle du développement de la motorisation électrique et à gaz (hydrogène)
(NegaWatt)
3. Développer des vélos hybrides électriques et/ou hydrogènes (Sustainia)
4. Vendre des fruits et légumes difformes (Sustainia)
86
5. Développement de la méthanisation des déjections d’élevage, ainsi que d’une partie des résidus solides de culture (Negawatt)
6. Favoriser l’utilisation de matériaux recyclés dans les chaines de production (Sustainia)
7. Développer les solutions de cogénération et de récupération de chaleur sur les sites industriels (Negawatt)
8. Louer ou acheter des bâtiments à faible consommation d’énergie accueillant l’activité de l’entreprise
9. Diminuer l’emballage des produits en vente et rétablir les consignes sur les bouteilles
10. Développer l’agriculture biologique et respectueuse de l’environnement

Q10 D’après-vous avec quelle facilité LES ENTREPRISES et les COLLECTIVITES LOCALES OU TERRITORIALES peuvent-il
mettre en place ces solutions ? toujours à partir d’une échelle de 1 à 10

Q11: hiérarchiser les solutions à mettre en place en priorité parmi la liste (3 réponses)

Q12-Voici un certain nombre de propositions que LES CITOYENS pourraient mettre en œuvre pour limiter les émissions de gaz à
effet de serre.
Veuillez évaluer à partir d’une échelle de 1 à 10 l’impact potentiel de chacune de ces solutions sur les réductions de gaz à effet de
serre où 1 correspond à aucune réduction et 10 une très forte réduction
1. Prendre en compte la consommation lors de l’achat du dernier véhicule (baromètre BVA)
2. Favoriser les modes de déplacement doux (marche, vélo, transports publics, autopartage, covoiturage) ainsi que le passage de l’un à
l’autre (FNE)
3. Acheter des produits locaux et / ou issus de l’agriculture biologique (Baromètre BVA)
4. Ne pas utiliser de pesticides dans son jardin
5. Investir dans des équipements économes en énergie (classe A, …)(Baromètre BVA)
6. Faciliter le financement, par les citoyens et les collectivités territoriales des énergies renouvelables, (FNE)
7. Favoriser l’achat d’une maison à faible consommation d’énergie (BEPOS, BBC) (Sustainia)
8. Baisser la température du logement pour atteindre 19°C
9. Diminuer sa consommation de viande et de lait
10. Boire de l’eau du robinet plutôt que l’eau en bouteille
11. Limiter le gaspillage alimentaire
12. Faire des travaux pour améliorer l’efficacité énergétique de son logement
13. Installer une éolienne ou des panneaux solaires
87
Q13 D’après-vous avec quelle facilité LES CITOYENS peuvent-il mettre en place ces solutions ? toujours à partir d’une échelle de
1 à 10
Alternative : hiérarchiser les solutions à mettre en place en priorité parmi la liste

Q14: hiérarchiser les solutions à mettre en place en priorité parmi la liste (3 réponses)

Q15-Et vous personnellement veuillez-nous indiquer les actions que vous réalisez ou seriez prêt(s) personnellement à engager
FLASH QUESTION
http://media5.surveycenter.com/BVA/flash/Demo/Demo3/index.html
Pour chacune des propositions d’actions suivantes pouvez-vous nous dire si :

SCALE:
1. Vous le réalisez systématiquement
2. Vous le réalisez occasionnellement (au moins 1 fois sur 5)
3. Vous le réalisez rarement (1 fois sur 10 ou moins)
4. Vous envisagez de le réaliser
5. Vous n’envisagez pas de le réaliser
6. Votre situation ne vous permet pas de le réaliser

Q16-Au cours des 12 derniers à quels projets, événements, manifestations, publications avez-vous contribué pour sensibiliser ou
promouvoir la lutte contre le réchauffement climatique ?

88
v
89

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