Vous êtes sur la page 1sur 60

Cours: Optoélectronique

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE


MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE

CENTRE UNIVERSITAIRE DE TISSEMSILT


INSTITUT DES SCIENCES & TECHNOLOGIES

POLYCOPIE DE COURS

Optoélectronique

Élaboré par le Dr. MERABET Mostefa


Maître de Conférences B

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Introduction
L'optoélectronique est une discipline émergente située au confluent des
propriétés électroniques et optiques de la matière. Elle a des
répercussions importantes en télécommunications, informatique,
électronique professionnelle (militaire, médicale...) et grand public.
Mettant en œuvre des concepts très sophistiqués (optique quantique,
physique des hétéro-structures à semi-conducteurs...)

L'optoélectronique est le fruit d'un assemblage complexe de diverses


disciplines telle que la mécanique quantique l'électromagnétisme et la
physique des semi-conducteurs.

L'optoélectronique peut être définit comme l'art d'utiliser l'optique pour


accomplir des fonctions habituellement à l'électronique c.-à-d.
essentiellement la manipulation d'informations: transmission, traitement
et stockage.

Or, le dictionnaire nous apprend que l'optique est l'art de la vision, il


semble donc, qu'au moins étymologiquement, l'optique ne concerne que

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

la partie visible du spectre électromagnétique et on peut remarquer que


L'optoélectronique à précéder l'électronique dans l'histoire, dans la
mesure où, de tout le temps, l'œil a servi de récepteur pour des
télécommunications optiques (signaux de fumée, télégraphe Chappe, etc.)

En fait, les techniques développées pour la vision ont été étendues de


proche aux régions spectrales voisines du visible, et celle de l'optique
s'appliquent pratiquement de l'ultraviolet jusqu'aux hyperfréquences.

C'est surtout pour la transmission d'informations que l'optique est


intéressante puisque la vitesse de propagation des photons est la vitesse
maximale à laquelle on peut transmettre des signaux; par contre les
électrons, étant des particules chargées, peuvent être manipulés par des

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

champs électriques ou magnétiques et sont mieux adaptés au traitement et


au stockage d'informations.

Il en résulte que les fonctions assumées les plus souvent par


l'optoélectronique sont aujourd'hui de deux types.

1- La transmission d'information d'un ensemble électronique à


l'homme utilisant son œil pour récepteur,
2- La transmission d'informations entre deux ensembles électroniques

Les semi-conducteurs interviennent d'abord en tant que transducteurs


entre les photons et les électrons, ils sont utilisés dans les quatre types
essentiels de composants optoélectronique qui sont les émetteurs, les
détecteurs, les guides et les modulateurs.

Fonction de base/définition:

Dispositifs Optoélectroniques → électron et photon

Emission: Produit de la lumière à partir d’un courant (électrons)


Détection: Produit du courant (électrons) à partir de lumière

Dispositifs Optoélectroniques

Emetteurs

-Diode électroluminescente (Light emitting diodes)

- Diode laser (dispositif bipolaire)

-Laser à cascade quantique (dispositif unipolaire)

Détecteurs:

-Diode à avalanche

-Détecteur à puits quantiques

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

-Cellule photovoltaïque

-CCD

Modulateurs:

- modulation lumineuse haute fréquence (GHz)

Les Guides

- Fibre optique

Interaction Lumière – Matière


Les principales idées physiques et les faits expérimentaux qui ont défié la
physique classique et a conduit à la naissance de la mécanique quantique
sont:

1- l'effet photoélectrique

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

En 1887. Rudolph Hertz, aidé de son assistant Philipp von Lenard,


ont réalisé une expérience simple : deux plaques métalliques sont placées
dans le vide. On applique à ces plaques une différence de potentiel.
Comme les plaques métalliques sont placées dans le vide, les électrons
n'ont pas de support pour passer d'une électrode à l'autre, et donc aucun
courant ne peut circuler dans le système. Hertz décide alors d'illuminer
une des plaques avec de la lumière rouge, il s'aperçoit que rien ne change.
Par le hasard de l'expérience, il éclaire alors la plaque avec de la lumière
bleue, et s'aperçoit cette fois qu'un courant commence à circuler.

Les deux savants concluent leur expérience par la phrase suivante, qui
deviendra une des pierres fondatrices de la physique quantique : « il
semble y avoir un rapport entre l'énergie des électrons émis et la
fréquence de la lumière excitatrice. »

2-Le spectre du corps noir:

Figure02

Spectre du corps noir (le fer chauffé de la photo émet des longueurs d'onde réparties
sur la courbe bleue, la courbe rouge est émise par un humain qui n'a pas de fièvre)

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

A la même époque, un autre grand savant, Max Planck, travaille sur un


sujet totalement différent, à savoir le « spectre du corps noir » ( voir
Figure 2): en d'autres termes, il étudie la lumière émise par des corps
chauffés.

. Max Planck, au début du XXème siècle, déclarera à la société allemande


de physique qu'il peut rendre compte de ce comportement. Pour cela, il
doit supposer que la lumière arrive en paquets d'énergie et que chaque
paquet d'énergie est proportionnel à la fréquence de la lumière, c'est-à-
dire que l'énergie de chaque grain de lumière est le produit de la
fréquence de cette onde par une constante, ridiculement petite (environ
6.10-34 J.s). S'il est persuadé d'avoir fait une grande découverte, Max
Planck n'a pour autant pas la moindre idée de ce que sont ces « quanta »
d'énergie qu'il a introduits dans son calcul.

Albert Einstein va réaliser le tour de force de montrer que ces deux


phénomènes ont une même origine, origine qu'il baptisera la dualité
onde-corpuscule. L'hypothèse révolutionnaire d'Einstein est de dire que la
lumière, considérée jusqu'alors comme une onde, est également une
particule. A la fois onde et particule, la lumière véhicule ainsi une
quantité d'énergie bien précise.

Le raisonnement d'Einstein se comprend bien sur un diagramme


d'énergie, où est représentée l'énergie des électrons en fonction de leur
position ( voir Figure 3). Pour être arraché du métal, un électron doit
recevoir l'énergie qui lui permet d'échapper à l'attraction du métal. Cette
énergie est appelée potentiel d'ionisation. Les électrons sont donc piégés
dans le métal, et il leur faut franchir ce potentiel d'ionisation pour le
quitter. L'hypothèse d'Einstein consiste à dire que la lumière est
constituée de particules et que chaque particule a une énergie valant h.f,

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

où h est la constante établie par Max Planck, et f la fréquence de la


lumière. Si cette énergie h.f est inférieure au potentiel d'ionisation
(comme c'est le cas pour la lumière rouge), aussi puissant que soit le
faisceau de lumière, nous n'arracherons pas le moindre électron au métal.
En revanche, si la lumière est bleue, la longueur d'onde est plus courte, ce
qui correspond à une fréquence f plus grande, donc une énergie plus
grande, les électrons vont alors acquérir l'énergie suffisante pour quitter le
métal et aller dans le vide. Cette théorie permet donc d'expliquer le
phénomène jusqu'alors incompris observé par Hertz et Leenard.

Figure03

Diagramme d'énergie d'Einstein

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Einstein venait d'unifier deux phénomènes qu'a priori rien n'apparentait :


la lumière émise par un corps chauffé, et l'excès d'énergie d'un électron
émis dans le vide. Ce lien existe, et c'est la physique quantique.

On peut donc relier la longueur d'onde de la lumière à son énergie ( voir


Figure 4). Ainsi, le soleil qui rayonne principalement dans le jaune, c'est-
à-dire à des longueurs d'onde d'environ 500 nm émet des photons de 2 eV
(électron-volt). Le corps humain à 37°C rayonne une onde à 10 mm, ce
qui correspond à des photons d'énergie 0,1eV. Rappelons qu'un électron-
volt correspond à l'énergie d'un électron dans un potentiel électrique de
1V.

Figure4

Correspondance entre longueur d'onde de la lumière et énergie


du photon

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Notions générales sur les déférents types d'interactions


photons-matière

Introduction: Structure atomique de la matière

Le modèle atomique de Dalton

John Dalton, au début du 19 siècle, a proposé un modèle atomique qui a


permis une étude quantitative limitée de l’atome.

Le modèle de Dalton consistait en des atomes petits, indivisibles et


indestructibles, comme des boules de billard,et que chacun des atomes

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

avait une masse, une taille et un comportement chimique dépendant de


l’élément auquel il appartient.

Le modèle de Dalton ne dit rien à propos de la composition et de la


structure interne de l’atome.

Le modèle atomique de Thompson

Vers la fin du 19e siècle, beaucoup de données spectroscopiques avaient


été récoltées, à l’aide des développements en films photographiques, en
tubes à décharge gazeuse et en réseaux de diffraction. Les caractéristiques
du spectre atomique pour chaque élément avaient été établies. Cependant,
il manquait une base théorique pour expliquer les observations.

J.J. Thompson, ayant établi que les rayons cathodiques étaient chargés
négativement, subséquemment appelés électrons, émit l’hypothèse que
les électrons faisaient partie de l’atome. Il proposa un modèle de l’atome
comme une sphère pleine d’une substance électrique chargée
positivement mélangée avec des électrons négatifs « comme des raisins
dans un pain ».

Tompson expliquait les raies spectrales en suggérant que les électrons


rayonnaient lorsqu’ils oscillaient dans l'atome. Cependant, cette théorie
ne pouvait pas expliquer les paquets d’ondes précis émis par différents
éléments.

Le modèle atomique de Rutherford

Sir Ernest Rutherford a proposé un modèle atomique basé sur les résultats
de la diffusion de particules alpha. Selon son modèle, l’atome était
composé en majorité d’espace vide avec un petit noyau chargé
positivement contenant la plus grande part de la masse de l’atome. Ce

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

noyau était lui-même entouré d’électrons négatifs qui tournaient autour,


comme les planètes autour du Soleil. Selon la théorie électromagnétique
de Maxwell, une particule chargée se déplaçant de façon circulaire émet
de l’énergie et donc, l’électron dans l’atome de Rutherford perd
constamment de l’énergie. Ceci implique que l’électron devrait se diriger
vers le noyau et l’atteindre, ce qui ne se passe pas en réalité. Le modèle
de Rutherford était une conception améliorée de l’atome, mais ne pouvait
toujours pas en expliquer la stabilité.

De plus, selon la physique classique, l’énergie émise par un électron qui


tourne autour du noyau devrait avoir toutes les fréquences, en d’autres
mots, le spectre émis devrait être continu, ce qui n’est pas le cas. Le
spectre émis consiste en des lignes discontinues sur fond foncé. Donc, le
modèle de Rutherford ne pouvait pas expliquer les lignes de spectre des
éléments.

Le modèle atomique de Bohr

Niels Bohr a proposé un modèle qui pourrait expliquer les divergences


entre les lignes de spectre émises par les éléments qui étaient observées et
les spectres anticipés par le modèle atomique de Rutherford.

Bohr a proposé les postulats suivants

.Un électron dans un atome se déplace dans une orbite circulaire autour

du noyau, sous l’influence des forces coulombiennes entre l’électron et

le noyau.

Un électron se déplace sur une orbite pour laquelle son moment orbital

angulaire [L] est un multiple entier de ћ.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Un électron déplaçant sur une orbite donnée n’émet pas d’énergie


électromagnétique. Donc, son total d’énergie E reste constant.

Le rayonnement électromagnétique est émis si un électron, se déplaçant


initialement sur une orbite avec un total d’énergie Ei, modifie son
déplacement de façon discontinue de manière à se déplacer avec une
énergie totale Ef .La fréquence de rayonnement n est égale à la
quantité (Ei-Ef)/h

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Rayonnements électromagnétiques
Rayons X: origine électronique

…Rayonnement de freinage (rayons X continus)

Transitions entre les couches électroniques (retour à l’état fondamental)

Rayons γ: origine nucléaire

Transitions nucléaires (radioactivité)

Photons d’annihilation (combinaison positon avec électron)

Rx et Rγ: même comportement vis à vis de la matière

Quel que soit l’origine : E = hν= (hc)/λ

Les déférents types d'interactions photons-matière

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

LASER
Un laser (acronyme de l'anglais « Light Amplification by
Stimulated Emission of Radiation », en français : « amplification de la
lumière par émission stimulée de rayonnement »). Si le principe
fondamental du laser a été découvert par Einstein en 1917, il a fallu près
de 50 ans pour que le premier laser voie le jour. Pourtant, la plupart des
éléments nécessaires existaient depuis longtemps. Aujourd’hui, le laser
est omniprésent : outil des physiciens, des chimistes ou des médecins, on
l’utilise aussi pour lire des code-barres ou des DVD… Les
astrophysiciens ont découvert récemment l’existence de lasers naturels !

Histoire
Le principe de l’émission stimulée (ou émission induite) est décrit
dès 1917 par Albert Einstein. En 1950, Alfred Kastler (lauréat du prix
Nobel de physique en 1966) propose un procédé de pompage optique,
qu'il valide expérimentalement, deux ans plus tard, avec Brossel et
Winter. Mais ce n'est qu'en 1953 que le premier maser (maser au
gaz ammoniac) est conçu par J. P. Gordon, H. J. Zeiger et Ch. H. Townes.
Au cours des années suivantes, de nombreux scientifiques tels N. G.
Bassov, Alexandre Prokhorov, Arthur Leonard Schawlow etCharles H.
Townes contribuent à adapter ces théories aux longueurs d'ondes du
visible. Townes, Bassov, et Prokhorov partagent le Prix Nobel de
Physique en 1964 pour leurs travaux fondamentaux dans le domaine de
l'électronique quantique, qui mènent à la construction d'oscillateurs et
d'amplificateurs basés sur le principe du Maser-Laser. En 1960, le
physicien américain Théodore Maiman obtient pour la première fois une
émission laser au moyen d'un cristal de rubis. Un an plus tard, Ali Javan

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

met au point un laser au gaz (hélium et néon) puis en 1966, Peter Sorokin
construit le premier laser à liquide.

Les lasers trouvent très tôt des débouchés industriels. La première


application fut réalisée en 1965 et consistait à usiner un perçage
de 4,7 mm de diamètre et de 2 mm de profondeur dans du diamant avec
un laser à rubis. Cette opération était réalisée en 15 min, alors qu’une
application classique prenait 24 heures2.

En 1967, Peter Houlcroft découpe une plaque d’acier inoxydable


de 2,5 mm d'épaisseur à une vitesse de 1m/min, sous dioxygène avec un
laser CO2 de 300 W et conçoit la première tête de découpe.

Bien que les procédés soient démontrés, il faut attendre leurs associations
à des machines adaptées pour qu’ils soient implantés en milieu industriel.
Ces conditions sont remplies à la fin des années 1970. Dès lors le laser
s'impose comme un outil de production industrielle dans le micro-
usinage. Ses principaux avantages sont un usinage à grande vitesse de
l'ordre de 10 m/min, sans contact, sans usure d'outil.

Le laser devient un moyen de lecture en 1974, avec l'introduction des


lecteurs de codes-barres. En 1978, les laserdiscs sont introduits, mais les
disques optiques ne deviennent d'usage courant qu'en 1982 avec le disque
compact. Le laser permet alors de lire un grand volume de données.

Principe de fonctionnement
Les photons peuvent réagir avec la matière de trois manières

1-l'absorption

2-l'émission spontanée

3-l'émission stimulée.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

 L’absorption —

Lorsqu'il est éclairé par un rayonnement électromagnétique (la


lumière), un atome peut passer d'un état à un état , en
prélevant l'énergie correspondante sur le rayonnement. Ce processus
est résonnant : la fréquence du rayonnement doit être proche
d'une fréquence de Bohr atomique pour qu'il puisse se produire. Les
fréquences de Bohr atomiques sont définies par
, où sont les énergies des états et . On peut interpréter
ce processus comme l'absorption d'un photon du rayonnement
(d'énergie ) faisant passer l'atome du niveau 'énergie vers
le niveau d'énergie . La condition de résonance correspond alors à
la conservation de l'énergie.

L’émission spontanée

Un atome dans un état excité peut se désexciter vers un état ,


même en l'absence de rayonnement. Le rayonnement est émis dans une
direction aléatoire avec une phase aléatoire, et sa fréquence est égale à la
fréquence de Bohr . On peut interpréter ce processus comme
l'émission d'un photon d'énergie dans une direction aléatoire

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

 L’émission stimulée
En 1917, Albert Einstein arrive à la conclusion que si la loi de
Planck est correcte – et elle a l’air de l’être – l’interaction
rayonnement-matière doit mettre en jeu une autre forme d’émission,
autre que l’émission spontanée, car cette dernière seule ne peut rendre
compte de la loi de Planck. Einstein montre que l’émission d’un
photon hν lorsqu’un atome se désexcite peut être induite, stimulée, par
un photon de même énergie. Dans ce processus que personne n’avait
encore imaginé, appelé «émission induite » ou « émission stimulée »,
le photon émis possède les mêmes caractéristiques que le photon «
stimulant » : même énergie, même direction d’émission, même phase.
Et par ailleurs leurs énergies s’ajoutent ! La lumière arrive donc sur un
atome excité et le quitte avec une énergie double : il y
a Amplification de Lumière par Emission Stimulée de Radiation ;
c’est l’effet LASER (en anglais). L’acronyme n’a été forgé que près
de quarante ans après la publication d’Einstein.

Nécessité d’une inversion de population

Au cours des années 1920 et 1930, certains physiciens étudient


activement l’émission stimulée, mais à cette époque personne n’a
conscience qu’il serait peut-être possible de mettre au point un véritable «
amplificateur de lumière ». Pourquoi ? Car à cette époque, on s’intéressait

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

surtout aux situations dans lesquelles il y a équilibre thermique. Or, dans


une population d’atomes en équilibre thermique, la majeure partie des
atomes n’est pas dans un état excité - nécessaire à l’émission stimulée –
mais dans son état fondamental, si bien que l’absorption du
rayonnement l’emporte sur l’émission stimulée. Une population en
équilibre thermique ne constitue donc pas un milieu amplificateur, même
si certains rares photons sont issus de l’émission stimulée. Pour avoir un
amplificateur de lumière, un laser, il est nécessaire qu’il y ait davantage
d’atomes dans l’état excité que dans l’état fondamental : il faut provoquer
une « inversion de population » et donc sortir de l’état d’équilibre
thermodynamique. La réalisation d’un tel déséquilibre est dévolue à des
méthodes dites de « pompage » qui apportent sans cesse de l’énergie et
surpeuplent la population d’atomes dans l’état excité.

Pour maintenir une inversion de population, il est nécessaire de


fournir constamment un apport d'énergie extérieure aux atomes, pour
ramener dans l'état supérieur ceux qui sont repassés dans l'état
fondamental après l'émission stimulée : c'est le « pompage ». Les
sources d'énergie extérieures peuvent être de différents types, par
exemple un générateur électrique, ou un autre laser (pompage
optique).

Fonctionnement de la cavité laser

Un laser est donc, fondamentalement, un amplificateur de lumière


dont la sortie est réinjectée à l'entrée. Son l'alimentation en énergie est
la source du pompage, la sortie est le rayonnement laser qui est
réinjecté à l'entrée par les miroirs de la cavité résonnante, le
mécanisme de l'amplification étant l'émission stimulée.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

En résumé un laser est réalisé grâce à la conjugaison de


trois éléments :

1- Un milieu actif pour l’émission stimulée.


2- Une « pompe » pour créer l’inversion de population.

3- Une cavité résonante pour augmenter le taux ’émission stimulée,


sélectionner une direction privilégiée d’amplification et affiner la
monochromaticité du rayonnement.

Différents types de LASER


Ceci est une liste des différents types de lasers avec la longueur
d'onde sur laquelle ils opèrent et leurs applications. Il existe plusieurs
milliers de sortes de lasers mais la plupart d'entre eux ne sont utilisés que
dans le cadre de recherches spécialisées.

 1 Lasers à gaz
Le milieu générateur de photons est un gaz contenu dans un tube
en verre ou en quartz. Le faisceau émis est particulièrement étroit
et la fréquence d'émission est très peu étendue. Les exemples les
plus connus sont les lasers à hélium-néon (rouge à 632,8 nm),
utilisés dans les systèmes d'alignement (travaux publics,
laboratoires).

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Les lasers à dioxyde de carbone sont capables de produire de très


fortes puissances (fonctionnement en impulsion) de l'ordre de
106 W. C'est le marquage laser le plus utilisé dans le monde. Le
laser CO2 (infrarouge à 10,6 µm) peut être, par exemple, utilisé
pour la gravure ou la découpe de matériaux.

 2 Lasers chimiques
L’inversion de population est produite, par une réaction chimique
exothermique dans le milieu amplificateur. Ces réactions produisent
des molécules excitées (l’inversion de population est donc
automatique) à des niveaux de vibrations élevés, qui en se désexcitant,
peuvent émettre de la lumière cohérente dans la gamme 3-5 µm.

Application principale: domaine militaire (arme anti-missile ou


antisatellite)

Ex: laser MIRACL (US army:(Aire faisceau = 14 cm2 et Puissance =


2,3 MW).

 3 Lasers à colorants organiques


Le milieu actif est un colorant organique fluorescent, en solution
dans un liquide.
Le pompage se fait optiquement (par un autre laser)
-intérêt majeur : ils sont accordables.
-Tout le spectre visible peut être balayé par des lasers à colorant.
Ces lasers sont peu pratiques (remplacement régulier du colorant ،
produits toxiques…) et sont surtout utilisés pour la recherche.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

 4 Lasers à fibre

5 Lasers à vapeur métallique

 6 Lasers à solides

 7 Lasers à semi–conducteur

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Applications
Les applications lasers utilisent les propriétés de cohérence spatiale et
temporelle du laser. Elles peuvent être classées plus ou moins en fonction
de la réflexion ou de l'absorption du laser. Ainsi, deux grandes familles
apparaissent, celle contenant des applications de transfert d'information,
et celle traitant d'un transfert de puissance.
Transfert d'information

 Holographie
 Lecture et enregistrement de support optique numérique (CD, DVD,
Laser Disc…)
 Électrophotographie (ou « xérographie »), procédé des imprimantes
laser
 Télécommunications via réseaux de fibres optiques
 Transmission inter-satellitaire
 Désignateur laser de cibles lors d'attaques aériennes

Métrologie

 Télédétection
 Collimation d'instrument optique (exemple : télescope newton)
 Granulométrie et vélocimétrie
 Mesure de distance (télémétrie par interférométrie)
 Vibrométrie
 Étude de l'atmosphère (Lidar)
 Métrologie des fréquences optiques
 Caractérisation des matériaux par ellipsométrie ou spectroscopie
 Visualisation d'ecoulements (tomographie laser)

Transfert de puissance

 Refroidissement d'atomes par laser

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

 Imprimerie : périphériques d'écriture de plaques offset (CtP)


 Centrale solaire orbitale
 Transmission d'énergie sans fil

Procédés laser et matériaux

 Fusion superficielle de matériaux


 Soudure de matériau homogène ou hétérogène
 Découpe
 Perçage par percussion
 Fabrication additive
 Décapage de surface
 Durcissement de surface
 Choc par ablation laser (test d'adhérence à l'interface de matériaux
hétérogènes…)
 Dopage laser des semi-conducteurs11

Interaction laser/matière : phénomènes physiques

 Photoacoustique
 Acousto-optique (voir aussi Modulateur acousto-optique)
 Fluorescence induite par laser
 Diffusion dynamique de la lumière
 Accélération laser-plasma

Applications Médicales

 Ophtalmologie
 Tabacologie : laser doux, Traitement contre les dépendances
 Dermatologie : épilation laser, détatouage laser, ...
 Dentisterie : laser dentaire Erbium, laser dentaire YAP

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

 Physiothérapie (débridement)
 Trépanation
 traitement de certains types de douleurs avec un laser basse énergie :
l'efficacité semble probante mais le mécanisme d'action reste
inconnu12.
 traitement de l'hypertrophie bénigne de la prostate.

Nucléaire

 Fusion nucléaire contrôlée laser Mégajoule

Applications militaires

 Armes anti-satellite, anti-missile, incapacitantes... (Boeing YAL-


1 ; IDS dit Programme StarWars)
 Pod de désignation laser
 Aide à la visée

Applications policières

 Utilisation pour la détection d'empreintes latentes dans le domaine de


la criminalistique13,14
 Cinémomètre laser portable et autonome qui permet de détecter la
vitesse des véhicules dans le domaine de la sécurité routière15

Artistique

 Spectacle « son et lumière »


 Harpe laser
 Projection d'image sur écran dans les salles de cinéma numérique

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

LASER à semi-conducteurs
Les Semi-conducteurs

Avant d'entrer dans ce cercle vertueux, un concept manque encore


à la physique quantique. Il va être proposé par le français Louis de
Broglie en 1925. Ce dernier fait le raisonnement suivant : Einstein vient
de montrer que la lumière, qui est une onde, se comporte comme une
particule. Que donnerait le raisonnement inverse? Autrement dit,
pourquoi la matière (les atomes, les électrons, tout objet ayant une masse)
ne se comporterait-elle pas également comme une onde ? De Broglie va
montrer qu'on peut associer à l'énergie d'une particule matérielle une
longueur d'onde. Il montre notamment que, plus la particule a une énergie
élevée, plus sa longueur d'onde est faible. La correspondance entre
énergie et longueur d'onde pour la matière différera cependant de celle
pour les photons, car les photons n'ont pas de masse

Partant de cette hypothèse, Wigner, Seitz et Bloch se demandent ce que


devient cette longueur d'onde lorsque l'électron est dans la matière, où il
est soumis à un potentiel d'environ 5V. Leur calcul leur montre que sa

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

longueur d'onde est alors d'environ 5 angströms (1 angström valant 10-10


mètres)... ce qui correspond à peu près à la distance entre atomes dans la
matière.

Figure 04; Comportement d'une onde électronique dans la matière et naissance de la structure de
bandes

La physique quantique va alors donner une compréhension nouvelle et


profonde du comportement des électrons dans la matière. Rappelons que
la matière peut souvent être représentée par un cristal, c'est-à-dire un
arrangement périodique d'atomes, distant de quelques angströms.
Imaginons qu'une onde électronique (c'est-à-dire un électron) essaie de
traverser le cristal. Si la longueur d'onde vaut 20 angströms, elle est très
grande par rapport au maillage du cristal, et elle ne va donc pas interagir
avec le cristal. Cette longueur d'onde va donc pouvoir circuler, on dira

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

qu'elle est permise, et par conséquent l'énergie qui lui correspond est elle
aussi permise (onde rouge sur la Figure 4). Il y aura un très grand
nombre de longueur d'ondes permises, auxquelles correspondront des
bandes d'énergies permises. En revanche, si la longueur d'onde de
l'électron est de l'ordre de 5 angströms (onde bleue sur la Figure 4), c'est-
à-dire de la distance être atomes, l'électron va alors résonner avec la
structure du cristal, et l'onde ne va pas pouvoir pénétrer dans la matière.
L'onde électronique est alors interdite dans la matière, et l'énergie qui lui
correspond est également interdite dans la matière. Ainsi on voit
apparaître, pour décrire les électrons dans la matière, une description en
termes de bandes permises et de bandes interdites. Nous appellerons la
bande permise de plus basse énergie (sur la figure 5) la bande de valence,
et la bande permise au-dessus d'elle la bande de conduction.
A partir de cette structure de bandes, Pauli va montrer que les atomes
peuplent d'abord les états de plus basse énergie. Ils vont ainsi remplir
complètement la bande de valence, et laisser la bande de conduction vide.
Il montre alors que dans une telle configuration les électrons ne peuvent
pas conduire l'électricité.

figure5

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Les électrons de la bande de valence, comme les pièces d'un jeu de taquin

Pour illustrer ses propos, comparons la matière à un jeu de taquin (


Figure 5). Rappelons que le taquin est un puzzle fait de pièces carrées et
où ne manque qu'une pièce. C'est l'absence d'une pièce qui permet de
déplacer les pièces présentes. Pour Pauli, une bande de valence pleine
d'électrons, est comme un taquin qui n'aurait pas de trous : aucun élément
ne peut bouger, car toutes les cases sont occupées. C'est pourquoi
beaucoup de matériaux, notamment les semi-conducteurs (qui, comme
leur nom l'indique sont de mauvais conducteurs), ne peuvent pas conduire
le courant, leur bande de valence étant trop pleine. Pour conduire
l'électricité, il va être nécessaire de prendre des électrons de la bande de
valence, et de les envoyer dans la bande de conduction. Alors les rares
électrons dans la bande de conduction auront tout l'espace nécessaire pour
bouger, ils conduiront aisément le courant. De plus, ces électrons auront
laissé de la place dans la bande de valence, ce qui revient, dans notre
image, à enlever une pièce au taquin. Les électrons pourront alors bouger,
mal, mais ils pourront bouger. Ce déplacement des électrons dans la
bande de valence peut être réinterprété : on peut considérer qu'un électron
se déplace pour occuper une place vacante, puis qu'un autre électron va
occuper la nouvelle place vacante, et ainsi de suite... ou on peut
considérer que nous sommes en présence d'un trou (une absence
d'électron) qui se déplace dans le sens opposé au mouvement des
électrons ! Cette interprétation nous indique alors que, dans la bande de
valence, ce ne sont pas les électrons qui vont bouger, ce sont les «
absences d'électrons », c'est-à-dire des trous, qui sont, de fait, de charge
positive.

Wigner, Pauli et Seitz venaient de résoudre une énigme qui datait du


temps de Faraday (1791-1867), où l'on avait observé des charges

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

positives se déplaçant dans la matière sans avoir idée de ce que c'était. Il


s'agit en fait des trous se déplaçant dans la bande de valence. Pour la
suite, nous nous intéresserons donc aux électrons se trouvant dans la
bande de conduction, et aux trous de la bande de valence.

Comment envoyer ces électrons de la bande de valence vers la bande de


conduction ? En utilisant le photon ! Le photon va percuter un électron de
la bande de valence et créer une paire électron-trou, c'est-à-dire qu'il va
laisser un trou dans la bande de valence et placer un électron dans la
bande de conduction. Il s'agit d'un phénomène d'absorption car au cours
de ce processus, le photon disparaît. Il a été transformé en paire électron-
trou.

Evidemment le mécanisme inverse est possible : si on arrive à créer par


un autre moyen une paire électron-trou, l'électron va quitter la bande de
conduction pour se recombiner avec le trou dans la bande de valence, et
émettre un photon. La longueur d'onde du photon émis correspondra à
l'énergie de la bande interdite ( energy gap en anglais). Il y a donc une
correspondance fondamentale entre la couleur du photon émis et l'énergie
de la bande interdite.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

figure6

Gap d'énergie et distance inter-atomiques des principaux semi-conducteurs

La Figure 6 montre l'énergie de la bande interdite pour différents


matériaux. On constate que certains matériaux se retrouvent sur la même
colonne, c'est-à-dire qu'ils ont la même distance inter-atomique. C'est le
cas par exemple de l'Arséniure de Gallium (GaAs) et de l'Aluminure
d'Arsenic (AlAs). Etant des « jumeaux cristallographiques », il sera aisé
de les mélanger, les faire croître l'un sur l'autre. En revanche, ils ont des
bandes d'énergie interdite très différente. A partir de ce graphique, on
peut donc conclure quel semi-conducteur conviendra à la lumière que l'on
veut produire. Ainsi, la lumière rouge sera émise par le Phosphure de
Gallium (GaP). Pour aller dans l'infrarouge lointain, un mélange entre
CdTe et HgTe est cette fois préconisé.

Le dopage et la jonction P-N

Nous venons de présenter la première brique de l'optoélectronique, à


savoir l'énergie de la bande interdite. La deuxième brique qui va nous

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

permettre de réaliser des composants optoélectroniques va être le dopage.


Comme nous l'avons dit précédemment, un semi-conducteur, si on n'y
ajoute pas des électrons, conduit aussi bien qu'un bout de bois (c'est-à-
dire plutôt mal !). Pour peupler la bande de valence, nous allons utiliser le
dopage.

Nous nous intéresserons aux éléments des colonnes III, IV et V de la


classification périodique des éléments de Mendeleïev (une partie en est
représentée Figure 7). Le numéro de la colonne correspond au nombre
d'électrons se trouvant sur la dernière couche électronique. Ainsi les
éléments de la colonne IV, dits tétravalents, comme le Carbone et le
Silicium, possèdent IV électrons sur leur dernière couche. Dans la
colonne III (éléments trivalents), nous trouverons le Bore, et dans la
colonne V (éléments pentavalents) se trouve le Phosphore.

figure7

Dopage de type P et dopage de type N

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Regardons ce qui se passe si on introduit un élément pentavalent dans un


cristal de Silicium. On peut dire que le Phosphore, tel l'adolescent dans
une cour d'école, veut à tout prix ressemblé aux copains. Ainsi, le
Phosphore va imiter le Silicium et construire des liaisons électroniques
avec 4 voisins. Il va donc laisser un électron tout seul. Cet électron va
aller peupler la bande de conduction. C'est ce qu'on appelle le dopage de
type N. Le Phosphore joue le rôle de Donneur d'électrons.

Le raisonnement est le même pour des éléments trivalents comme le


Bore. Ce dernier va mimer le comportement du Silicium en créant 4
liaisons électroniques. Pour cela, il va emprunter un électron à la structure
de Silicium, consommant ainsi un électron dans la bande de valence. Il
crée donc un trou dans la bande de valence. Le dopage est dit de type P.
Le Bore joue le rôle d'Accepteur d'électrons.

Le dopage n'est pas un processus aisé à réaliser. A l'heure actuelle, nous


n'avons toujours pas trouvé le moyen de doper efficacement certains
semi-conducteurs (c'est le cas du diamant par exemple). Pour le Silicium
(Si) et l'Arséniure de Gallium (GaAs), le dopage est en revanche bien
maîtrisé.

On va alors pouvoir réaliser des jonctions P-N ( Figure 7). Il s'agit en fait
de juxtaposer un matériau dopé P avec un matériau dopé N. Dans la zone
dopée N, le Phosphore a placé de nombreux électrons dans la bande de
conduction. La zone dopée P quant à elle possède de nombreux trous
dans la bande de valence. Nous sommes ainsi en présence d'électrons et
de trous. Ils vont donc se recombiner. Ainsi, à l'interface, les paires
électrons trous vont disparaître, et laisser seules des charges négatives
dans la zone dopée P, et des charges positives dans la zone dopée N. Ces
charges fixes (qui correspondant en fait aux atomes dopants ionisés) vont

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

créer un champ électrique. Cette jonction P-N sera au cœur de très


nombreux composants optoélectroniques.

figure8

Jonction P-N: les électrons de la zone N se recombinent avec les trous de la zone P, laissant des
charges nues dans une zone baptisée zone de charge d'espace. Les charges fixes induisent un champ
électrique.

Le Puits Quantique

Dernière brique de l'optoélectronique que nous présenterons : le puits


quantique. Ce dernier peut être considéré comme le fruit du progrès
technologique. Dans les années 70-80, les ingénieurs étudient l'Ultra-
Vide, c'est-à-dire les gaz à très basse pression (10-13 atmosphère).
Comme il s'agit d'un milieu extrêmement pur, bien vite on se rend
compte, que cela reproduit les conditions primordiales dans lesquelles les
matériaux ont été créés. Dans un tel milieu, on va alors pouvoir et empiler
des couches d'atomes, créer des structures artificielles qui n'existent pas
dans la nature.

Typiquement, il va être possible de réaliser des sandwichs de matériaux,


où par exemple de l'Arséniure de Gallium (GaAs) serait pris entre deux

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

tranches d'un matériau qui lui ressemble, AlGaAs (nous avons vu


précédemment que AlAs et GaAs sont miscibles). Sur la photo ( Figure
9), issue d'un microscope électronique nous permettant d'observer les
atomes, on voit que ces matériaux n'ont aucun problème à croître l'un sur
l'autre. La couche de GaAs ne mesure que 20 angströms.

figure9

Puits quantique. En haut, sa composition. Au milieu une photo au microscope


électronique d'une telle structure. En bas, diagramme d'énergie du puits quantique, la
forme des oscillations de l'électron a également été représentée

Examinons le comportement de l'électron dans un tel milieu. Le GaAs a


plus tendance à attirer les électrons que AlGaAs. L'électron se trouve
piégé dans un puits de potentiel. C'est alors qu'intervient la mécanique
quantique, réinterprétant le puits de potentiel en « puits quantique ».
L'électron est une onde, une onde prisonnière entre deux murs (les

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

barrières de potentiel formées par l' AlGaAs). L'électron ne va avoir que


certains modes d'oscillation autorisés, comme l'air dans un tuyau d'orgue
qui ne va émettre que des sons de hauteur bien définie.

Techniquement, il nous est possible de créer à peu près n'importe quel


type de potentiel, puisqu'on est capable de contrôler l'empilement des
atomes. Par exemple, plus on élargit le puits quantique, plus il y a de
modes d'oscillation possibles pour l'électron, et plus il y a de niveaux
d'énergies accessibles à l'électron. On peut ainsi synthétiser la répartition
de niveau d'énergies que l'on souhaite.

Nous avons à présent un bon nombre d'outils de base que nous a fournis
la mécanique quantique : la structure de bandes, le dopage et la jonction
P-N qui en découle, et pour finir, le puits quantique. Nous allons à présent
voir comment ces concepts entrent en jeu dans les composants
optoélectroniques.

La détection quantique

L’effet photovoltaïque
Les détecteurs infrarouge
Les caméras CCD
Les cellules solaires

Le principe de la photo-détection quantique (utilisé dans tous les


appareils photo numérique) est extrêmement simple : il s'agit, à l'aide d'un
photon, de faire transiter l'électron entre un niveau de base, où il ne
conduit pas l'électricité, et un niveau excité où il va la conduire. Le semi-
conducteur pur peut par exemple faire office de photo-détecteur
quantique ( Figure 10): à l'état de base, il ne conduit pas le courant, mais
un photon peut créer, par effet photoélectrique, une paire électron-trou et

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

placer un électron dans la bande de conduction, permettant le transport du


courant.

figure10

Deux mécanismes de détection quantique. A gauche, on utilise la structure de bande d'un semi-
conducteur. A droite, un puits quantique.

Un puits quantique peut également réaliser cette fonction ( Figure 10):


les électrons se trouvent piégés dans le puits quantiques, car la barrière
d'AlGaAs les empêche de sortir, mais par absorption d'un photon, les
électrons vont avoir l'énergie leur permettant de sortir du piège et donc de
conduire le courant.

L'effet Photovoltaïque

Le détecteur quantique le plus répandu est la cellule photovoltaïque. Elle


est constituée d'une jonction P-N. Imaginons que des photons éclairent la
structure. Dans la zone ionisée (appelée zone de charge d'espace), ils vont
alors créer des paires électron-trou. Mais cette région possédant un champ
électrique du fait des charges fixes, les électrons vont être attirés par le
Phosphore, les trous par le Bore, ce qui va générer un courant électrique.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

figure11

Cellule photovoltaïque. En haut, la jonction P-N reçoit des photons qui


créent des paires électron-trou. En bas, diagramme d'énergie montrant
les électrons de la bande de conduction tombant dans la zone N, et les
trous de la bande de valence remontant dans la zone P.

On peut représenter ce mécanisme sur un diagramme d'énergie ( Figure


11). Le champ électrique présent au niveau de la jonction P-N provoque
une courbure de la bande de valence et de la bande de conduction. Le
photon va créer une paire électron-trou. L'électron va glisser le long de la
pente de la bande de conduction, et se retrouver dans la zone dopée N,
tandis que le trou, tel une bulle dans un verre de limonade, va remonter la
bande de valence et se retrouver dans la zone dopée P.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Les caméras CCD

Techniquement, il existe des technologies pour synthétiser ces


minuscules détecteurs par millions en une seule fois. Ces détecteurs ont
changé notre vie quotidienne. En effet, au cœur de tous les appareils
photo et caméscopes numériques se trouve une matrice CCD ( charge
coupled devices). Il ne s'agit pas exactement de jonctions P-N, mais d'une
myriade de transistors MOS. Néanmoins les concepts physiques mis en
jeu sont tout à fait analogues. Il s'agit d'une couche semi-conductrice de
Silicium séparée d'une couche métallique par une couche isolante
d'oxyde. Lorsqu'un photon arrive dans la zone courbée du diagramme de
bande (c'est là encore, la zone de charge d'espace), une paire électron-
trou est créée, les électrons vont s'accumuler à l'interface entre le semi-
conducteur et l'isolant, il vont alors pouvoir être « évacués » par les
transistors qui vont récupérer les « tas d'électrons » et se les donner,
comme des pompiers se passant des bacs d'eau (d'où leur nom). Les
matrices CCD actuelles ont des caractéristiques vertigineuses, contenant
aisément 10 millions de pixels mesurant chacun 6 mm x 6 mm.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

figure12

Matrice CCD. A gauche, diagramme d'énergie d'un transistor MOS (Métal Oxide Silicium). A droite,
photo d'une matrice CCD

Les détecteurs infrarouges

Un deuxième type de détecteurs très importants sont les détecteurs


infrarouge, notamment ceux détectant les longueurs d'onde comprises
entre 3 et 5 mm, et entre 8 et 12 mm. Comme nous l'avons mentionné au
début, le corps humain à 37°C rayonne énormément de lumière, sur toute
une gamme de longueurs d'onde (représentée en bleu sur la Figure 13),
centrée autour de 10 mm. Mais l'atmosphère ne laisse pas passer toutes
les longueurs d'onde (la courbe rouge représente la transmission de
l'atmosphère). Et justement entre 3 et 5 mm, et entre 8 et 12 mm, elle a
une « fenêtre de transparence ». En particulier, à plus haute altitude, un
avion peut voir à plusieurs centaines de kilomètres dans la bande 8-12
mm. Un autre intérêt de détecter cette gamme de longueur d'onde est

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

qu'elle correspond à l'absorption de certains explosifs qui seraient alors


détectables.

figure13

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Spectre de transmission de l'atmosphère (courbe rouge), et spectre d'émission du corps humain, c'est-
à-dire d'un corps noir à 37°C (courbe bleue)

Comment réaliser ces détecteurs autour de 5 et de 10 mm (c'est-à-dire


ayant un gap d'énergie de 0,1 à 0,2 eV)? La Figure 6 nous indique que le
couple CdTe (Tellure de Mercure) - HgTe (Tellure de Cadmium) est un
bon candidat. Notons au passage que la France, grâce notamment aux
laboratoires du CEA et de l'ONERA) est leader mondial dans ce domaine.
Avec de tels détecteurs, il devient possible de voir des avions furtifs,
indétectables par radar. Des applications existent aussi dans le domaine
médical, où ces capteurs permettent de déceler certaines variations locales
de température sur une simple image. Il est également possible de
détecter le niveau de pétrole à l'intérieur d'un conteneur, l'inertie
thermique du pétrole différant de celle de l'air.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

figure14

Exemples d'images prises par des détecteurs infrarouges

Les cellules solaires

Dernier type de détecteur que nous examinerons : les cellules


solaires, qui transforment la lumière en électricité. Le matériau roi (parce
que le moins cher) dans ce domaine est le Silicium. Malheureusement son
rendement quantique n'est pas bon (15%), c'est-à-dire que le Silicium
absorbe très bien le rayonnement à 1 eV, tandis que le soleil émet
essentiellement entre 2 à 3 eV. Des recherches sont actuellement menées
afin de développer des matériaux absorbant plus efficacement dans ces
gammes d'énergie. Ces recherches sont extrêmement importantes pour les
nouvelles sources d'énergie.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Les émetteurs de lumière

Diodes électroluminescentes

On se rappelle qu'en se recombinant, les paires électron-trous créent un


photon. Réaliser un émetteur de lumière est donc possible à partir d'un
puits quantique ( Figure 15). Ce dernier confine les électrons. Prenons,
comme précédemment, le cas d'un puits quantique de GaAs « sandwiché
» entre deux domaines d'AlGaAs. Cette fois, nous dopons N l'AlGaAs se
trouvant d'un côté du puits, et P l'AlGaAs se trouvant de l'autre côté. Si
on fait passer du courant dans cette structure, les électrons de la zone
dopée N vont tomber dans le puits quantique, les trous de la zone dopée P
vont monter dans le puits de la zone de valence. Une fois dans le puits
quantique, électrons et trous vont se recombiner et émettre un photon. Ce

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

composant est appelé Diode Electroluminescente (LED). Ce n'est ni plus


ni moins qu'un photo-détecteur dans lequel on a forcé le courant à passer.

figure15

Diagramme d'énergie d'une diode électroluminescente. Trous de la zone P et électrons de la zone N


vont être piégés dans le puits quantique et se recombiner en émettant de la lumière

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Les LED remplissent, elles aussi notre quotidien. Elles ont un énorme
avantage sur d'autres types d'éclairage : le processus de création de
photon d'une LED est extrêmement efficace. En effet, dans une LED
chaque électron donne un photon. Ainsi avec un courant d'un ampère, on
obtient une puissance lumineuse d'environ un Watt, alors qu'une ampoule
ne donnera que 0,1W pour le même courant. L'utilisation plus répandue
des LED pour l'éclairage aura un impact extrêmement important pour les
économies d'énergie et l'environnement. A l'heure actuelle, elles sont
utilisées dans nos télécommandes, les panneaux d'affichages, les feux de
signalisation.

Depuis quelques temps les diodes rouges, orange et vertes existent. La


diode bleue, plus récemment apparue a connue une histoire insolite. En
1974, des ingénieurs se penchent sur le problème de la réalisation d'une
telle diode, et trouvent qu'un matériau possède le gap d'énergie adéquat
(3-4 eV) : le Nitrure de Gallium (GaN). Ils vont alors chercher à le

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

doper... pendant 10 ans... sans succès. En 1984, un grand théoricien


soutient, démonstration à l'appui, qu'il n'est théoriquement pas possible de
doper un tel semi-conducteur. Toutes les équipes arrêtent alors
progressivement leurs recherches sur le sujet... toutes, sauf une. Celle du
Dr. Nakamura (qui sans doute n'avait pas lu l'article de l'éminent
théoricien) de la société Japonaise Nichia. En 1993, il trouve que le
Magnésium (Mg) dope le Nitrure de Gallium ! Dix ans après, sa
découverte a révolutionné le marché de l'optoélectronique. En effet, avec
les autres couleurs de LED, il est à présent possible de réaliser
d'immenses écrans publicitaires...

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Diodes lasers

Etudions à présent l'émission stimulée. Nous avons vu que le semi-


conducteur pouvait absorber un photon, qu'il pouvait également en
émettre s'il possède un électron dans sa bande de conduction. En 1917,
Albert Einstein s'aperçoit qu'il manque un mécanisme dans cette
description de l'interaction entre la lumière et la matière. Par une
démarche purement théorique, il va découvrir un nouveau phénomène :
l'émission stimulée ( Figure 16).

Dans l'émission stimulée, l'électron est dans l'état excité. Arrive alors un
photon, qui va stimuler la désexcitation de l'électron. Cette désexcitation
va naturellement s'accompagner de l'émission d'un autre photon, dit
photon stimulé. Si on se trouve dans un matériau où beaucoup d'électrons
sont excités, un photon va alors pouvoir donner 2, puis 4, puis 8 ...
photons ! Ce phénomène est appelé l'amplification optique.

figure16

Diagramme des mécanismes d'absorption, d'émission spontanée, et d'émission stimulée

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Il est alors possible de réaliser un LASER. Pour cela, il suffit de placer


deux miroirs aux extrémités de l'amplificateur optique. La lumière va être
amplifiée lors d'un premier passage, une partie va être émise en dehors de
la cavité, l'autre partie va être réfléchie et refaire un passage dans le
milieu amplificateur. La même chose se produit sur le deuxième miroir.
Si après un tour on a plus d'énergie qu'au départ, nous sommes face à un
phénomène d'avalanche où le nombre de photons créés va croître très
rapidement. Le système se met à osciller, c'est l'oscillation LASER.

John von Neumann, l'inventeur de l'ordinateur, prévoit que les semi-


conducteurs devraient permettre de réaliser des lasers. En effet en partant
d'un puits quantique et en y plaçant beaucoup d'électrons et de trous, nous
allons obtenir notre milieu amplificateur. En plaçant des miroirs aux
extrémités du puits quantique, on obtient alors un laser ( Figure 17). Le
laser à semi-conducteur sera découvert 50 ans après, et par 3 laboratoires
différents (General Electric, IBM et Bell Labs) en l'espace de 10 heures !

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

figure17

Schéma d'une diode laser. Le milieu à gain est constitué par la jonction P-N. A ses extrémités des
miroirs forment la cavité, et laissent sortir un faisceau laser unidirectionnel

L'intérêt du laser à semi-conducteur est qu'on peut concentrer toute la


puissance lumineuse sur un fin pinceau lumineux. Là encore, les
applications sont nombreuses : pointeurs, lecteur de CD,
télécommunications... Revenons un instant sur l'importance des
matériaux émettant dans le bleu (le Nitrure de Gallium). Le laser bleu va
en effet avoir des retombées importantes dans le domaine des disques
lasers. Le principe du lecteur de disque est d'envoyer un laser sur la
surface du disque qui réfléchit (ou non) la lumière, lumière qui est alors
lue par un détecteur quantique. La surface du disque est criblée de trous
stockant les bits d'information. Il se trouve que la dimension minimale
d'un faisceau laser correspond à la longueur d'onde qu'il émet. Ainsi la
tâche d'un laser rouge est de 0,8 mm, tandis que celle d'un faisceau bleu

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

est de 0,4 mm. On pourra donc lire 4 fois plus d'information avec un laser
bleu Les diodes bleues vont donc progressivement (et rapidement)
remplacer les diodes rouges des lecteurs de disques.

La lumière d'un laser va également pouvoir être envoyée à l'intérieur


d'une fibre optique, qui est une structure guidant la lumière au cœur d'un
guide en verre (silice) de 4 mm de diamètre. La fibre optique permet alors
de transporter énormément d'information extrêmement rapidement. A
l'heure actuelle, les fibres optiques permettent d'envoyer en un dixième de
seconde tout le contenu de l'Encyclopedia Universalis à 3000 km ! Cette
révolution technologique, fruit de l'optoélectronique, est à la base du
succès d'Internet.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

LASER à boite quantique

En 1982, Y. Arakawa et Y. Sakaki, de l'Université de Tokyo, ont proposé


de réaliser des lasers à boîtes quantiques. L'idée sous-jacente était simple,
conceptuellement du moins. Dans une boîte quantique, l'électron est
confiné dans toutes les directions de l'espace, et ses états électroniques
possibles sont discrets, comme pour un atome isolé.

Les boîtes quantiques, ont fait l'objet de très nombreuses études au cours
des vingt dernières années. Initialement, ces nanostructures ont été
principalement développées dans le but d'améliorer les propriétés des
diodes laser.

Plusieurs équipes de recherche ont développé des lasers à boîtes


quantiques émettant au voisinage de 1.3 µm - l'une des principales
longueurs d'onde employées pour les télécommunications sur fibre
optique

Les frontières

Les nouvelles longueurs d’onde


Les atto-secondes
Les oscillateurs paramétriques optiques
Les cristaux photoniques
La nano-optique

L'optoélectronique est un des domaines scientifiques les plus


effervescents à l'heure actuelle, et de nombreuses technologies encore
balbutiantes semblent très prometteuses dans un proche future : il s'agit
par exemple des cristaux photoniques, des oscillateurs paramétriques
optiques, de la nano-optique,... Nous nous intéresserons ici aux nouvelles
longueurs d'ondes ainsi qu'au domaine des attosecondes.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

Les ondes Térahertz

L'optoélectronique investit aujourd'hui de nouvelles longueurs d'onde, et


ne se cantonne plus au domaine du visible et de l'infrarouge. Ces ondes
appartiennent à la famille des ondes électromagnétiques ( Figure 18), qui
renferme également, les ondes radio, les ondes radars et micro-ondes,...
Entre les ondes radio et les ondes optiques, se trouve le domaine des
ondes dites Térahertz (THz), qui jusqu'à peu ne disposaient pas de
sources efficaces. L'optoélectronique développe actuellement de
nouvelles sources lasers dans ce domaine, resté pendant longtemps une
terra incognita.

figure18

Le spectre des ondes électromagnétiques

De telles sources permettront de développer de nouveaux systèmes de


sécurité, car ils permettront notamment de voir à travers les vêtements.
En effet, même au travers de matériaux opaques, les photons pénètrent,
sur une longueur de quelques longueurs d'onde. Dans le cas des ondes
Térahertz, la longueur d'onde est de 300 mm, le photon va pénétrer un
matériau opaque sur plusieurs millimètres ! L'onde Térahertz pourra ainsi
traverser les vêtements. La Figure 19 montre comment un couteau caché
par un journal a pu être détecté par de l'imagerie Térahertz.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

figure19

Image d'une scène dans le visible (à gauche) et dans les Térahertz (à droite). La grande longueur
d'onde des ondes Térahertz permet de traverser les vêtements et les journaux.

Les attosecondes

Une autre percée réalisée par l'optoélectronique concerne l'étude des


temps très courts. Le domaine des attosecondes est désormais accessible à
l'expérience. Une attoseconde ne représente que 0,000 000 000 000 000
001 seconde (10-18 seconde)! Il y a autant d'attosecondes dans une
seconde que de secondes écoulées depuis la création de l'univers.

Pour créer des impulsions aussi courtes, il faut des ondes ayant des
fréquences très élevées. L'impulsion la plus courte qu'on puisse faire avec
une onde consistera à ne prendre qu'une seule oscillation de l'onde.
L'optoélectronique nous propose des techniques qui permettent de ne
découper qu'une seule oscillation du champ électromagnétique. Si on
prend de la lumière visible (de fréquence 1015 Hz), on est capable de
découper une tranche de 10-15 seconde (une femtoseconde). On peut
aujourd'hui aller encore plus loin, et atteindre le domaine des
attosecondes.

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

La Figure 20 montre en fonction du temps les plus petites durées


atteignables par l'électronique et par l'optoélectronique. L'électronique,
ayant des fréquences limitées à quelques gigahertz (GHz) est
actuellement limitée, tandis que l'optique, avec des photons aux
fréquences bien plus élevées permet de sonder des durées bien plus
faibles.

figure20

Evolution des plus petites durées mesurables par l'électronique et


l'optoélectronique dans les 40 dernières années

L'électron met environ 150 attosecondes pour « faire le tour » de l'atome


d'Hydrogène. Nous devrions donc avoir d'ici peu les techniques
permettant d'observer ce mouvement ! On retrouve le cercle vertueux que
nous avions évoqué au début : la science fondamentale a fourni des
technologies, et ces technologies, en retour, fournissent aux sciences

Dr. M.MERABET
Cours: Optoélectronique

fondamentales des possibilités d'observer de nouveaux domaines du


savoir et de la connaissance de l'univers.

Dr. M.MERABET

Vous aimerez peut-être aussi