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Chapitre 1:

Généralités sur les méthodes


spectroscopiques
1- Spectre électromagnétique
Un spectre électromagnétique est la décomposition d'un rayonnement
électromagnétique en fonction de sa longueur d'onde, ou, de manière équivalente, de
sa fréquence (via l'équation de propagation) ou de l'énergie de ses photons.

Classement des ondes électromagnétiques par longueur d'onde, fréquence et énergie des photons
2- L'onde électromagnétique et le photon
Un rayonnement électromagnétique désigne une perturbation des :

champs électrique et magnétique.

Le rayonnement électromagnétique a comme vecteur le photon, particule dépourvue de


masse.

En physique classique, il est décrit sous la forme d'une onde électromagnétique


correspondant à la propagation d'un champ magnétique et d'un champ électrique (l'un
étant perpendiculaire à l'autre) en ligne droite à partir d'une source constituée par un
mouvement alternatif de charges électriques.

Du fait de la dualité onde-corpuscule, les rayonnements électromagnétiques peuvent se


modéliser de deux manières :
•onde électromagnétique
•Photon
L'impulsion p du photon est égale à .

L'énergie des photons d'une onde électromagnétique se conserve lors de la traversée de


différents milieux transparents (par contre, une certaine proportion de photons peut être
absorbée).

Dans le vide, le rayonnement électromagnétique, et en particulier la lumière, se déplace à


la vitesse de 299 792 458 m/s. Cette vitesse, appelée vitesse de la lumière et notée c, est
une des constantes physiques fondamentales.

La longueur d'onde est égale à :

cν étant la vitesse de la lumière dans le milieu considéré pour la fréquence ν, avec:


cν = c / nν

(nν étant l'indice de réfraction de la lumière monochromatique de fréquence ν dans le


milieu considéré).
3- Propriétés
1) Tout corps à une température supérieure à 0 kelvin (zéro absolu, soit -273,15°C)
émet un rayonnement électromagnétique appelé rayonnement thermique.

2) Un corps qui reçoit un rayonnement électromagnétique peut en réfléchir une partie


et absorber le reste. L'énergie absorbée est convertie en énergie thermique et
contribue à l'augmentation de la température de ce corps.

3) Une particule chargée de forte énergie émet un rayonnement électromagnétique :

-quand elle est déviée par un champ magnétique : c'est le rayonnement


synchrotron ; ce rayonnement synchrotron est utilisé comme source de rayons X
pour de nombreuses expériences de physique et de biologie (lignes de lumières
autour d'un synchrotron) ;

- lorsqu'elle pénètre dans un milieu différent : c'est le « rayonnement continu de


freinage » ;

4) L'absorption d'un photon peut provoquer des transitions atomiques, c'est-à-dire


d'exciter un atome dont l'énergie augmente par la modification de l'orbitale d'un de ses
électrons.
5) Lorsqu'un atome excité revient à son état d'énergie fondamental, il émet un
photon dont l'énergie (et donc la fréquence) correspond à une différence entre
deux états d'énergie de l'atome.

6) Dans le même domaine du spectre électromagnétique, les photons sont


capables de former des paires électron-trous dans les semi-conducteurs. En se
recombinant, l'électron et le trou émettent de la lumière (principe des diodes).

7) Les réactions nucléaires, comme celles de fission, de fusion et de


désintégration, s'accompagnent souvent d'une émission de photons de grande
énergie appelés rayons γ.

Pour des raisons historiques, les ondes électromagnétiques sont désignées par
différents termes, en fonction des gammes de fréquence (ou de longueur
d'ondes). Par longueur d'onde décroissante, ce sont :
Les ondes radio et les ondes radar sont produites par des courants électriques
de haute fréquence ;
Les ondes infrarouges, la lumière visible et le rayonnement ultraviolet sont
produits par des transitions électroniques dans les atomes (concernant les
électrons périphériques), ainsi que par le rayonnement thermique.
Les rayons X sont produits lors des transitions électroniques. Ils sont par
exemple générés :

-- par radioactivité,
-- par freinage d'électrons (tube à rayons X),
--par rayonnement synchrotron

Du fait de leur faible longueur d'onde, ils diffractent sur les cristaux ;
les rayons X durs correspondent à des photons de plus haute énergie, et les
rayons X mous à des photons de plus faible énergie ;
Le rayonnement γ est produit par la radioactivité lors de la désexcitation d'un
noyau. Ils sont donc en particulier émis par les matériaux radioactifs et les
réacteurs nucléaires.
4- Spectroscopie
On parle de spectroscopie, ou de spectrométrie, pour désigner l'étude
expérimentale du spectre d'un phénomène physique, c'est-à-dire de sa
décomposition sur une échelle d'énergie, ou toute autre grandeur se ramenant
à une énergie (fréquence, longueur d'onde etc.).

De manière générale, l'instrument de mesure permettant d'obtenir un spectre


est appelé spectromètre ou spectroscope. Le suffixe « -scopie » fait référence à
l'observation visuelle, par exemple l'impression sur un film photographique, la
projection sur un écran ou bien l'utilisation d'une lunette d'observation. Le
suffixe « -métrie » fait référence à l'enregistrement d'un signal par un appareil
(table traçante ou enregistrement électronique).

On analyse par spectroscopie non seulement la lumière visible, mais aussi le


rayonnement électromagnétique dans toutes les gammes de fréquences, les
ondes élastiques comme le son ou les ondes sismiques, ou encore des particules
ou des masses.
5- Techniques de spectroscopie électromagnétique par domaine de longueur
d'onde

Spectroscopie infrarouge : Dans le domaine de l'infrarouge :

Spectroscopie infrarouge (IRS)


Spectroscopie proche infrarouge
Spectroscopie vibrationnelle, Spectroscopie rotationnelle

Spectroscopie visible et ultraviolet : Dans les domaines visible et


ultraviolet :

Spectroscopie ultraviolet-visible
Spectroscopie de fluorescence
Spectrofluorimètre
Spectrophotométrie
Spectrométrie Raman et hyper-Raman
Spectroscopie Brillouin
Spectroscopie de corrélation de fluorescence
Spectroscopie X : Dans le domaine des rayons X :

•Spectrométrie d'absorption des rayons X

•EXAFS, XANES

•Spectrométrie de fluorescence X

•Spectrométrie de fluorescence X en réflexion totale

•Microsonde de Castaing (microsonde électronique)

Spectroscopie gamma : Dans le domaine des rayons gamma,

Spectromètrie Mössbauer
Autres techniques de spectroscopie

Spectrométrie de masse

Spectrométrie de masse à ionisation secondaire (SIMS)


Spectromètre de masse à attachement d'ions (IAMS)

Spectrométrie électronique

•Spectrométrie Auger (AES)


•Spectrométrie de perte d'énergie des électrons (EELS)
•Spectroscopie des pertes d'énergie (ELS)
•Spectrométrie photoélectronique UV (UPS)
•Spectrométrie photoélectronique X (XPS ou ESCA)

Spectroscopie de résonance

Résonance magnétique nucléaire (NMR)


Résonance paramagnétique électronique (EPR)
Résonance ferromagnétique (FR)
6- Effet photoélectrique
l'effet photoélectrique (EPE) désigne en premier lieu l'émission
d'électrons par un matériau soumis à l'action de la lumière. Par
extension, il regroupe parfois l'ensemble des phénomènes
électriques d'un matériau provoqués par l'action de la lumière.
On distinguera alors deux effets :

•des électrons sont éjectés du matériau (émission


photoélectrique)
•et une modification de la conductivité du matériau
(photoconductivité, effet photovoltaïque lorsqu'il est en œuvre
au sein d'une cellule photovoltaïque, effet
photoélectrochimique, effet photorésistif).

Lorsque l'EPE se manifeste, toute l'énergie du photon incident se transmet à l'électron


périphérique pour l'extraire de son atome, et le restant se transmet sous forme d'énergie
cinétique. Une absorption partielle est caractérisée par la diffusion Compton.

Définition

L'effet photoélectrique est l'émission d'électrons par un matériau, généralement


métallique lorsque celui-ci est exposé à la lumière ou un rayonnement électromagnétique
de fréquence suffisamment élevée, qui dépend du matériau.
Dans l'effet photoélectrique, on éclaire une plaque de métal et celle-ci émet des électrons.
Constatations expérimentales de l'émission photoélectrique

1. Les électrons ne sont émis que si la fréquence de la lumière est suffisamment élevée
et dépasse une fréquence limite appelée fréquence seuil

2. Cet fréquence seuil dépend du matériau et est directement liée à l'énergie de liaison
des électrons qui peuvent être émis,

3. Le nombre d'électrons émis lors de l'exposition à la lumière, qui détermine l'intensité


du courant électrique, est proportionnel à l'intensité de la source lumineuse,

4. L'énergie cinétique des électrons émis dépend linéairement de la fréquence de la


lumière incidente.

5. Le phénomène d'émission photoélectrique se produit dans un délai extrêmement


petit inférieur à 10-9 s après l'éclairage, ce qui rend le phénomène quasi instantané.
7- Interaction rayonnement-matière

Les interactions rayonnement-matière décrivent les effets d'un rayonnement sur un


atome. Le terme « rayonnement » est à prendre dans son sens quantique :

1. rayonnement électromagnétique (lumière, rayon X, rayon gamma) ;


2. particule (électron, neutron, rayonnement alpha).

Ces rayonnements sont utilisés pour analyser la matière. En effet, les atomes sont trop
petits pour être visibles ou palpables, on ne peut donc les connaître que de manière
indirecte ; on observe la manière dont ils perturbent un rayonnement incident. Ceci a
donné naissance à deux types de méthodes d'analyse :

1. les méthodes de diffraction : lorsque les atomes sont organisés de manière


ordonnée (cristal), le rayonnement va être diffusé dans certaines directions de
l'espace uniquement ; l'étude de cette répartition spatiale de l'intensité diffusée
permet de caractériser l'organisation de la matière ;

2. les méthodes spectrométriques : les atomes vont absorber une partie des
radiations incidentes et en réémettre d'autres, le spectre d'absorption et de
réémission est caractéristique des énergies de liaison de la matière, et donc de sa
nature chimique.
1) Diffusion, ionisation
Le rayonnement incident peut interagir de plusieurs manières avec l'atome :

1- il peut être diffusé, c'est-à-dire qu'il « rebondit » sur l'atome :

-- diffusion élastique : le rayonnement rebondit sans perdre d'énergie ;


si le rayonnement incident est électromagnétique (lumière, rayon X) on parle de
diffusion Rayleigh,
si c'est un électron, on parle de rétrodiffusion ;

-- diffusion inélastique : le rayonnement provoque l'éjection d'un électron faiblement


lié, il perd donc de l'énergie, c'est la diffusion Compton ;

2- il peut être absorbé, en provoquant une transition électronique :

-- si l'énergie incidente est faible, il provoque simplement le changement d'orbite d'un


électron ;
-- si l'énergie est suffisante, il provoque une ionisation :
a) si le rayonnement incident est électromagnétique, on parle d'effet
photoélectrique et l'électron éjecté est un photoélectron
b) si le rayonnement incident est un faisceau d'électrons, les électrons éjectés sont
des électrons secondaires.
2) Relaxation
Dans le cas où le rayonnement est absorbé, l'atome est dit « excité » car son état
d'énergie n'est pas l'état minimal. Il s'ensuit donc une « relaxation » (ou
« désexcitation ») : un électron d'une couche supérieure vient combler la case quantique
laissée vacante par l'électron éjecté.
• Si l'énergie de transition est modérée (c'est-à-dire si le rayonnement incident avait une énergie
modérée), la relaxation provoque l'émission d'un photon de faible énergie (visible ou ultra-violet),
c'est le phénomène de fluorescence.
• Si l'énergie de transition est élevée, on peut avoir deux cas :
--- il y a émission d'un photon fluorescent, qui du fait de son énergie, est un photon X, on parle de
fluorescence X ;
---ce photon X peut être recapturé par l'atome lui-même et provoquer l'éjection d'un électron
périphérique, c'est l'émission Auger.
Autre interactions
• spin, Résonance paramagnétique électronique, résonance magnétique nucléaire et
imagerie médicale
• phonon, spectrométrie Raman
Poire d’interaction d’un faisceau d’électrons avec un matériau.
Différents phénomènes se produisent au sein du matériau. Il en
résulte une émission complexe dans laquelle on peut différencier
l’origine des divers rayonnements recueillis. Si l’énergie est élevée,
les rayons X sont formés plus profondément dans la matière. Il sera
donc plus difficile de les détecter.
Applications
Méthodes d'analyse utilisant un rayonnement incident électromagnétique
rayonnement incident
visible,
effet infrarouge rayons X
ultraviolet
spectroscopie et microscopie spectrométrie radiographie
absorption infrarouge à transformée de d'absorption, absorption des rayons
Fourier (IRTF) oxymètre X (XANES, EXAFS)
microscope laser
spectrométrie de
fluorescence microscope à
fluorescence X
fluorescence
diffraction de rayons
diffraction
X
effet
XPS, ESCA
photoélectrique

Méthodes d'analyse utilisant un rayonnement incident particulaire


rayonnement incident
effet électron neutron ion
absorption microscope électronique en transmission
spectrométrie Auger,
émission d'électron
microscope électronique à balayage
EBSD,
diffraction diffraction de neutrons
microscope électronique en transmission
émission X microsonde de Castaing PIXE
8- Les rayons X
Les rayons X ont été découverts en 1895 par le physicien allemand Wilhelm Röntgen,
qui a reçu pour cela le premier prix Nobel de physique (1901) ; il les nomma ainsi car ils
étaient d'une nature inconnue. Les rayons X sont produits par des transitions
électroniques.

Les rayons X sont une forme de rayonnement électromagnétique à haute fréquence


dont :
-la longueur d'onde est comprise approximativement entre 5 picomètres et 10
nanomètres.
-l'énergie de ces photons va de quelques eV (électron-volt), à plusieurs dizaines de
MeV.
-C'est un rayonnement ionisant utilisé dans de nombreuses applications dont
l'imagerie médicale ( radiographie conventionnelle) et la cristallographie.

Le premier cliché est celui de la main d'Anna Bertha Röntgen (22 décembre 1895, pose
de 20 min.) ; il s'agit de la première radiographie, la radiologie est née.
Röntgen laissa son nom à l'unité de mesure utilisée en radiologie pour évaluer une
exposition aux rayonnements. Le symbole des röntgens est R.
Les rayons X font partie du spectre de rayonnements
électromagnétiques. La dualité particule-onde de ces rayonnements
s'exprime par une relation entre l'énergie E d'un photon et la longueur
d'onde X :

E = h. = h.C/
En exprimant la constante de PLANCK h et la vitesse de la lumière
c par leur valeur, on obtient la relation numérique très utile suivante :

E (ev) = 1240/(nm)
Rappel des unités :
Unités de longueur d'onde : 1 nm = 10-9 m = 10 A°
Unités d'énergie : 1 eV = 1,602.10-19 J
1 keV = 103 eV
1 MeV = 106 eV
Avec les années, on diminua la durée des examens et les quantités
administrées. En 1948, notamment, par la découverte de la "Crête
de Tavernier" par le physicien belge Guy Tavernier qui correspond à
un accroissement de la dose d'irradiation dans les tissus avant leur
décroissance avec la profondeur, ce qui mena à une réduction de la
dose d'exposition de 1,2 Roentgen à 0,3 Roentgen par semaine au
niveau international dès 1950. Cette valeur sera encore divisée par
3 dès 1958 pour tenir compte des risques potentiels d'effets
génétiques.
Cent ans après leur découverte, on se sert encore des rayons X en
radiographie moderne. On les utilise aussi dans les scanners, pour
effectuer des coupes du corps humain. Plusieurs autres techniques
sont venues compléter les appareils des médecins : les ultrasons,
l'imagerie par résonance magnétique nucléaire, la scintigraphie ou
encore la tomographie par émission de positrons.
Production de rayons X
Générateur

Tube à rayons X
Les rayons X peuvent être produits de deux manières très spécifiques :
1) par des changements d'orbite d'électrons provenant des couches
électroniques :
les rayons X sont produits par des transitions électroniques faisant intervenir les
couches internes, proches du noyau ; l'excitation donnant la transition peut être
provoquée par des rayons X ou bien par un bombardement d'électrons, c'est
notamment le principe de la spectrométrie de fluorescence X et de la microsonde
de Castaing respectivement.

2) par accélération d'électrons (freinage, changement de trajectoire) :


on utilise deux systèmes :
-- le freinage des électrons sur une cible dans un tube à rayons X : les électrons sont
extraits d'une cathode de tungstène chauffée, accélérés par une tension électrique
dans un tube sous vide, ce faisceau sert à bombarder une cible métallique (appelée
anode ou anti-cathode) ; le ralentissement des électrons par les atomes de la cible
provoque un rayonnement continu de freinage.
-- la courbure de la trajectoire dans des accélérateurs de particule, c'est le
rayonnement dit « synchrotron ».
Tube à rayons X
1- Principe de fonctionnement
Quel que soit le type de tube, la génération des rayons X se fait selon le
même principe:
- Une haute tension électrique Un (de l'ordre de 20 à 400 kV) est établie
entre deux électrodes. Il se produit alors un courant d'électrons de la
cathode vers l'anode (parfois appelée « anticathode » ou « cible »).
- Les électrons sont freinés par les atomes de la cible, ce qui provoque un
rayonnement continu de freinage dont une partie du spectre est dans le
domaine des rayons X.
- Ces électrons excitent les atomes de la cible, et ceux-ci réémettent un
rayonnement X caractéristique par le phénomène de fluorescence X.
- Le spectre sortant du tube est donc la superposition du rayonnement de
freinage et de la fluorescence X de la cible.
- Les tubes de rayons X ont un rendement extrêmement mauvais, la majeure
partie de la puissance électrique (99 %) est dissipée sous forme de chaleur. Les
tubes doivent donc être refroidis, en général par une circulation d'eau.
2-Tube de Crookes
Historiquement, le premier tube à rayons X fut inventé par William
Crookes. Il s'agissait à l'origine de provoquer une fluorescence
lumineuse de minéraux. Le tube de Crookes est encore appelé tube
à décharge, tube à gaz ou tube à cathode froide.

Il s'agit d'une ampoule en verre dans laquelle on fait le vide ; il reste


une pression d'air résiduelle d'environ 100 Pa (env. 1 torr). Elle
contient une cathode métallique, en aluminium, de forme concave
pour concentrer le flux d'électrons, et une anode, ou « cible ». Une
bobine d'induction fournit une haute tension.
3- Tube de Coolidge
Le tube de Crookes fut amélioré par William Coolidge en 1913. Le tube
de Coolidge, encore appelé tube à cathode chaude, est le tube le plus
largement utilisé. C'est un tube sous vide poussé (env. 10-4 Pa, env. 10-6
torr), recouvert d'une enceinte plombée.

Dans le tube de Coolidge, les électrons sont émis par un filament de


tungstène chauffé par un courant électrique (effet thermoïonique
également utilisé dans les tubes cathodiques de téléviseur). Le filament
constitue la cathode du tube. La haute tension est établie entre la
cathode et l'anode, ce qui accélère les électrons émis par le filament. Ces
électrons viennent frapper l'anode.
4- Différentes géométries des tubes
On distingue deux géométries de tube :
a) Dans les tubes dits « à fenêtre latérale », les électrons sont concentrés
(focalisés) par une pièce appelée Wehnelt placée juste après le filament.
D'un point de vue électrique, on a donc :
1. un filament aux bornes duquel on établit une basse tension, afin de
créer un courant électrique chauffant (effet Joule) ;
2. dans certains tubes, une pièce de forme particulière ayant une tension
légèrement négative par rapport au filament (c'est-à-dire par rapport
aux deux bornes du filament), afin de repousser les électrons issus du
filament vers le centre de la pièce ; c'est le Wehnelt ;
3. une anode cible ayant une tension fortement positive par rapport au
Wehnelt et au filament.

b) Dans les tubes dits « à fenêtre frontale », les électrons ont une
trajectoire courbée et la cible est entourée par le filament.
les tubes à fenêtre latérale : le
filament est un solénoïde d'axe
rectiligne et est placé face à la
cible, qui est biseautée ; la
trajectoire des électrons est une
droite
les tubes à fenêtre frontale : le
filament est un solénoïde à axe
circulaire et entoure l'anode ; la
trajectoire des électrons est
courbe.
3- Tube à anode tournante
Les tubes à anode tournante sont une amélioration des tubes
de Coolidge permettant d'avoir des intensités de rayons X
importantes.

Une des limitations de la production de rayons X est en effet


la chaleur produite par le phénomène. On prend donc une
grande anode de forme cylindrique et on la fait tourner. Ainsi,
chaque partie de l'anode n'est irradiée que durant un court
instant, ce qui facilite la dissipation de la chaleur.

On peut ainsi atteindre des puissances de l'ordre de 80-


100 kW.
Conditions de fonctionnement des tubes à cathode chaude

Les trois paramètres importants des tubes à cathode chaude


(tubes de Coolidge et tubes à anode tournante) sont :

1. l'intensité parcourant le filament ‘I’, qui va déterminer la


quantité d'électrons émis et donc la quantité de rayons X émis
(intensité) .

2. la haute tension entre l'anode et la cathode ‘Ua’, qui va


déterminer la forme du spectre continu de freinage et
notamment l'énergie maximale des rayons X émis ;

3. la nature chimique de la cible, qui va déterminer le spectre


spécifique, qui est la longueur d'onde ayant le plus d'intensité.
L'intensité des rayons X est directement proportionnelle à l'intensité du
courant qui parcourt le filament. L'intensité du courant du filament varie
typiquement de 5 à 50 mA pour un tube de Coolidge, plus pour un tube à
anode tournante.
L'intensité d'un courant électrique
C’est la quantité de charges électriques qui traversent un point d'un circuit
par unité de temps. On exprime cette relation par l'équation suivante :
I = Q/t
La lettre I symbolise l'intensité du courant. On l'exprime en ampères (A) .
La lettre Q symbolise la quantité de charges électriques. On l'exprime en coulombs (C) .
Une charge électrique d'un coulomb (1C) équivaut à un surplus ou à un
manque de 6,25 *1018 électrons.
Je rappelle que la charge d'un électron en coulombs est de 1,6*10-19 C, soit
l'inverse de 6,25 *1018.

L'expression Δt symbolise l'intervalle de temps pendant lequel le courant a circulé. On


l'exprime en secondes.
Exemple : Le filament d'une ampoule de 60 W est soumis à un courant de 0,5 A.
La tension électrique V (ou U):
La tension électrique est une grandeur physique qui caractérise la différence
des états électriques entre deux points du circuit électrique. Elle est tout à
fait différente de l’intensité du courant qui traduit le nombre d’électrons
déplacés par seconde.
U = Eél/Q
La lettre Eél symbolise l’énergie électrique. On l'exprime en Joule (J) .
La tension exprimée en volts (V) : 1V = 1 J/C (joule/Coulomb)

La Puissance électrique P:
C’est le travail consommé par unité de temps.
P=U.I
La puissance électrique s’exprime en watts (W), avec : 1W = 1 V A.
L’énergie électrique transportée par le courant électrique du générateur au
récepteur est obtenue en multipliant la puissance électrique par la durée t :
Eél= P . t = U . I . t
L’énergie électrique s’exprime en joules (J), avec : 1 J = 1 V A s.

Remarque :
souvent on exprime l’énergie en kilowatt-heure (kWh) :
1 kWh = 1000W · 3600 s = 3,6 · 106 J.

Générateurs
Le générateur alimentant le tube à rayons X utilise normalement une puissance qui
varie entre les 30 et 100 KW. On utilise une forte puissance afin d’éviter le flou des
spectres.

La tension utilisée dépend de la nature de l’analyse à effectuer. A titre d’exemple en


radiologie, pour faire une radiographie pulmonaire, la tension monte jusqu’aux 150
KV. Pour le traitement radiothérapeutique, la tension peut atteindre les 250 kV.

Les générateurs d’aujourd’hui travaillent à haute fréquence. La haute fréquence


sert à diminuer l’énergie qu’il est nécessaire de stocker dans les différents
condensateurs du système. Cela permet de réduire l’encombrement de la partie
haute tension et de diminuer l’énergie qui peut être accidentellement libérée dans
le tube à rayons X lors de claquages. Dans le domaine médical, la haute fréquence
permettra de réduire la dose de rayonnement mou reçue par le patient, qui n’est
pas utile pour la formation de l’image et moins encore pour le patient.
Le rôle de la haute tension est plus complexe. Les électrons de charge e sont
accélérés avec la haute tension V (ou Ua), leur énergie cinétique Emax est donc :

E = Emax - E0 = Emax = V . e = Ua . e = ½ me.v2 (unité kV . C)


Si elle est exprimée en kilo électron-volts (keV), Emax a la valeur numérique
de V en kilo-volts (on considère que e = 1, on aura : Emax en keV).
On suppose que la vitesse initiale de l’e = 0 d’où E0 = 0.
La tension exprimée en volts (V) : 1V = 1 J/C (joule/Coulomb)
Important:
Si Emax est inférieure à l'énergie d'ionisation des électrons de cœur des atomes de la
cible, on n'a que du rayonnement continu de freinage.
Si Emax est supérieure à cette énergie d'ionisation, la cible va émettre de la
fluorescence. On verra en général les raies Kα1, Kα2 et Kβ des atomes de la cible (voir
chapitre 2).
Plus on augmente la haute tension V (ou Ua), plus l'énergie maximale des photons
augmente, donc plus la longueur d'onde minimale diminue (E = h.c/).
La nature chimique de la cible va faire varier les énergies/longueurs d'onde des raies
de la cible.
Mise en place d’une différence de potentielle V = Ua entre une cathode
(produit des e) et l’anode.

-La haute tension V = Ua accélère les électrons en direction de la cible (anode).


Exemple :
Si V = Ua = 100 kV donne une énergie cinétique Emax = 100 keV = Ua . e.

-Les électrons interagissent avec le matériau de l’anode (ex: tungstène) et


induisent la production des rayons X caractéristiques du tungstène.
Structure de la cathode
Angle de l’anode
Vieillissement du tube
Spectre d'émission d'un
tube à rayons X vieilli
(cible de cuivre),
mesuré par diffraction
du rayonnement non
monochromatisé et
non filtré sur un
monocristal de LiF.

Le vieillissement du tube fait intervenir trois phénomènes :


1. la porosité du tube, qui provoque une baisse du vide ;
2. la sublimation du filament ;
3. les chocs thermiques sur le filament ;
4. la corrosion.

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