Cours de synthèse n°14 : Aménophis IV – Akhénaton (~1350-1334 av. J.-C.

I. AMENOPHIS IV......................................................................................................................................... 1
I. VOCABULAIRE ...................................................................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
II. CARTE .................................................................................................. ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.

I. AMENOPHIS IV
Tombe à Amarna.
« Hérésie » : atoniste.
Fondation de « l’Horizon du Disque » à Tell Amarna.
Première attestation de chadouf en Egypte₁.
Le roi hittite Souppilouliouma, vainqueur du royaume du Mitanni, étend l’hégémonie
de son royaume sur le nord du Proche-Orient.

a) Fonctionnement du culte
Disparition du face à face roi-dieu :
Le disque solaire est muet.
 Le seul qui soit capable de révéler la volonté du dieu, c’est le roi, Akhénaton.
Impossibilité de savoir si Aton regarde le destin des hommes, s’il parle, est sourd
ou écoute. Désormais, il est muet, il ne regarde plus, il n’entend plus. Ou en tous
cas, on ne le sait pas.
Son nom est inscrit dans deux cartouches comme un roi. Il est vénéré comme tel.
 On lui souhaite des fêtes jubilaires, comme un roi, c’est un roi. Influence du
Levant.
On a une triade de dieux créateurs.
 Elle est constituée du disque solaire, du roi et de la reine, le disque dans le rôle
du démiurge et le roi et la reine dans le rôle de Chou et Tefnout, le roi dans
le rôle de Chou et la reine dans le rôle de Tefnout.
On représente régulièrement le roi et la reine face à face sous le disque.
On représente souvent le roi et la reine avec les filles.

Le roi, la reine et les filles ont le crâne qui s’allonge « en courgette », en pain de sucre,
et Marc Gabolde avait pensé que ce crâne allongé est celui de l’enfant qui vient de naître en
primogéniture (prématuré ?), c’est assez fréquent en Méditerranée : quand le bassin de la mère
n’est pas encore élargi, et le hiéroglyphe « enfant » depuis l’Ancien Empire a déjà le crâne
allongé. Cela doit écrire « enfant » en rébus. Ce sont les enfants d’Aton.

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 Ce dieu Aton est une entité qui est le père et la mère de tous, donc il est bisexué, il a
la capacité de création masculine et féminine. La forme des corps d’Akhénaton et de Néfertiti
reflète cela puisqu’ils sont l’émanation de ce démiurge et ont les mêmes capacités que lui. C’est
pour cela qu’ils ont le corps d’une femme, non pas enceinte mais qui vient d’accoucher, il y a
cette double capacité de création masculine et féminine. C’est la réunion de ces deux natures
qui permet la poursuite de la création du monde jour après jour. Cette capacité de création du
monde est rendue par les filles, souvent par trois.

Aton vit dans le monde visible. Il est représenté et en même temps il est visible à tous,
c’est l’exact contraire d’Amon. Son nom même nous dit ce qu’il est : il est « le caché ». Donc
Amon est le roi des dieux, Aton est le roi de l’univers, le roi des cieux. Mais Aton est un roi
visible et Amon est un roi invisible. C’est la face visible d’Amon.

Lorsqu’un dieu est représenté avec un roi, il refuse de partager son pouvoir avec un autre
dieu. Donc on a éliminé le roi des dieux, Amon : on l’efface de partout, on le casse de partout,
on enlève son image de partout. Aton est le disque solaire immédiatement visible et perceptible,
Amon le caché est invisible et imperceptible. Leurs noms s’écrivent de façon très proche. Il
suffit de changer un signe et en même temps ils sont complètement opposés. Un dieu est le
soleil. Sa résidence est l’Horizon. Il emplit le monde de ses rayons.

b) Chronologie du reigne
Le roi Amenhotep, « Amon est satisfait », le 4e du nom, a décidé de quitter Thèbes et de
s’installer dans un lieu qui est exactement au centre de l’Égypte, à quelques centaines de mètres
près, qui est juste en face du temple d’Hermopolis, du temple de Thot, de l’autre côté du Nil, et
il appelle cet endroit « Akhetaton », c’est-à-dire « l’Horizon du disque solaire », et aujourd’hui
c’est Amarna.

En l’an 5, il décide de s’installer Amarna.

Il fait disposer 14 stèles frontières, il en reste deux, peut-être trois aujourd’hui.

Avant l’an 5, il est à Karnak :

On fait construire des temples pour Aton.
Il construit grâce aux talatates₂.
Une nouvelle architecture sans plafond il faut voir le dieu.
Des linteaux discontinus sont ouverts pour montrer que les rayons du soleil passent.
Le roi s’appelle encore Amenhotep.

Vers l’an 4, on change la forme du roi. Le changement iconographique se produit avant

le changement de nom du roi :
 Visage très allongé,
 Crâne « en courgette »,

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  Yeux très étirés,
 Globe oculaire prend une allure de boudin avec des paupières lourdes,
 Arcades sourcilières en arc de cercle,
 Pommettes saillantes,
 Oreilles avec un très long lobe percé,
 Nez très long, droit, très fin, avec l’arête du nez saillante,
 Narines grandes ouvertes,
 Canal labio-nasal court et très creusé,
 Bouche avec un bouton de succion très gros, démesuré : il tête et il a ce crâne c’est
un enfant. La bouche a la forme d’un arc de cupidon.
 Menton en avant, en boule,
 Cou très allongé avec deux plis. Cela ne peut pas être avant Akhénaton.
Pour Christophe Barbotin cela existe dès la fin du règne d’Aménophis III en revanche
Dominique Farout est en désaccord sur ce point.
 Bras graciles, longs et fins, voire maigres.
 Buste également gracile.
 Clavicules qui ressortent. Il a les deux salières (creux entre le cou et la clavicule) très
creusées.
 Poitrine.
 Hanches larges.
 Ventre d’une femme qui vient d’accoucher Il accouche du monde.
 Nombril horizontal, un peu arrondi, en lotus.
 Son pagne descend très bas sous l’abdomen et monte très haut dans le dos. Cela reste à
l’époque ramesside.
 Cuisses énormes.
 Mollets tout fins, tout étirés.
 Mains et pieds sont très longs et fins avec des doigts en « s ».
 Son colosse est presque caricatural.

On voit ses noms et le nom du disque sur lui. La ceinture est entièrement couverte de
noms et à l’emplacement des armilles, des bracelets, du pectoral, qu’il y en ait ou pas.
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Chez Râmose, vizir d’Aménophis IV, il est représenté devant lui encore en roi « nor-
mal », puis de l’autre côté on voit un changement iconographique alors qu’il s’appelle toujours
Amenhotep. On est au début de son règne. Cela veut dire que l’on a décoré le côté gauche avant
le côté droit. La fenêtre d’apparition qui va devenir un thème iconographique tout à fait habituel
à l’époque ramesside, mais c’est la première fois ici.
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Le roi est toujours touché par les rayons. Cela écrit « Ankhwnaton » : « celui qu’Aton
irradie, touche de ses rayons ». C’est un jeu d’écriture pour écrire le nom du roi. On adore faire
cela au Nouvel Empire.
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« Rê-Hor-akhty qui se réjouit dans l’horizon en son nom de Chou qui est dans l’Aton,
dans le Disque » est écrit dans des cartouches.

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 c) Amarna
En l’an 9, le nom du dieu change. Il s’appelle désormais « Vive Rê seigneur des Deux
Horizons qui se réjouit dans l’horizon en son nom de lumière qui est dans le Disque ». « Qui
provient du Disque » serait plus logique. On voit qu’il y a une radicalisation d’Akhénaton à ce
moment-là puisqu’il enlève tous les noms de divinités multiples qui étaient dans ce nom. Il n’y
a plus de noms de divinités antérieures.

En l’an 5, quand Akhénaton part à Amarna, il a déjà trois filles qui sont nées à
Thèbes :
- Mérytaton qui se trouve sur 3 des stèles à partir de l’an 4/5.
- Makétaton : celle qui meurt enfant et que l’on pleure dans la tombe d’Akhénaton.
Makétaton était nommée sur 11 stèles à partir de l’an 6.
- Ankhénespaaton : « Le Disque solaire vit pour elle ». On l’appelle souvent
Ankhésenpaaton, mais il doit y avoir une faute d’interprétation : ce n’est pas elle qui
vit pour Aton, c’est Aton qui vit pour elle. Elle sera la femme de Toutânkhamon.

A partir de l’an 8, on abandonne Karnak. On arrête les travaux, on abandonne

tout, on s’installe à Amarna, on arrête tout à Karnak, on fait vider Karnak, puis on commence
à marteler le nom d’Amon partout. Trois filles naissent à Amarna :
- Néfernéferouaton : « La perfection d’Aton est parfaite » ou « La beauté d’Aton est
belle » ;
- Néfernéferourê : « La perfection de Rê est parfaite » ou « La beauté de Rê est
belle » ;
- Sétepenrê : « Celle que Rê a choisie »

Le roi Amenhotep devient Akhétaton, c’est-à-dire « Celui qui est utile au Disque so-
laire » et Néfertiti « La Belle est venue » devient Néfernéferouaton Néfertiti : « La perfection
du Disque solaire est parfaite ». Elle a deux cartouches comme un roi. L’iconographie de Né-
fertiti est une iconographie de roi. On a la voit consacrer des offrandes, massacrer des ennemis.

On parle souvent de monothéisme avec Akhénaton, c’est une erreur fondamentale.

Mais c’est la première fois que l’on a une religion révélée. Le prophète en est Akhénaton. C’est
pour cela que Freud a cru que c’était Moïse ou que Moïse était un pharaon d’Égypte. Moïse a
toute l’iconographie et les prérogatives d’un pharaon. Il est comme pharaon mais plus puissant
et plus divin que lui. On exalte le roi. C’est le roi qui a tout fait tout seul. C’est lui qui apporte
la vérité, qui décide de changer la religion. Quand nous visitons les tombes d’Amarna, on a une
majorité de militaires et de policiers. Tout cela ne s’est pas fait en douceur. Parmi les généraux,
un s’appelle « Pa-iten-heb », « Le Disque solaire est en fête », on le soupçonne d’être le futur
Horemheb, le grand ennemi de l’atonisme.

Pour mieux connaître cette révélation d’Akhnaton, lire Christian Cannuyer. « La révé-
lation d’Aton passe impérativement par le roi qui seul connaît en son cœur, qui seul est à même

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de délivrer à son sujet un enseignement ». C’est un enseignement. Nous avons le cas de Bak
qui est son sculpteur et Bak dit qu’il a été éduqué par le roi. C’est le roi qui lui a appris à faire
les choses. Le roi fait tout.

Aton est un dieu immédiatement perceptible. Dès que l’on est dehors, on est touché par
les rayons du dieu, donc nous avons un contact immédiat avec le dieu. Et en même temps alors
même que l’on a une divinité qui est visible de tous mais c’est le roi qui s’adresse aux vivants
pour les informer des décisions de ce soleil.

Autre chose qui se développe particulièrement : à partir du moment où l’on a un pro-

phète qui est une divinité terrestre mais qui est maintenant le prophète unique de cette divinité,
on a dans les maisons des gens notables des objets de culte à la triade, c’est-à-dire ce couple
royal et cette divinité dans des petites chapelles installées à l’intérieur des maisons pour un culte
personnel au couple royal et à Aton.

d) La politique extérieure de l’Égypte

Vers l’an 13 d’Akhénaton (~ -1341), a lieu la campagne syrienne d’un an du roi Soup-
pilouliouma Ier. (Toutânkhamon monte sur le trône vers 1333). Souppilouliouma mène une
offensive victorieuse au nord du Mitanni contre Alché et Ichouwa. De là, il descend par le
Khabour. C’est une rivière qui donne son nom à la région. Le roi Touchratta s’enfuit de sa
capitale. La capitale de Touchratta, et donc du Mitanni, c’est Ouachoukanni. Ensuite Souppi-
louliouma passe sur la rive occidentale de l’Euphrate et il s’empire de toute la Syrie du Nord,
c’est-à-dire Alep, Mukish, Niya (c’est Apamée sur l’Oronte), Qatna, Noukhassé, Qadech.

Au Mitanni, Touchratta est assassiné par un de ses fils. Son frère aîné qui était réfugié
au Hatti prend le pouvoir et devient le roi Artatama II. L’Assyrie (le nord de l’Iraq), attaque
le Mitanni, et Alché emboîte le pas et la Babylonie kassite aussi. Chattiouaza, le fils de Tou-
chratta, se réfugie au Hatti sous la protection de Souppilouliouma. Souppilouliouma garde le
fils de Touchratta, en fait son gendre et l’utilise pour faire du Mitanni un vassal du Hatti.
L’Égypte ne fait rien. L’Égypte est alliée au Mitanni, mais l’Égypte est en paix avec le Hatti.
Puisque le conflit est interneà l’Empire d’en face, c’est à l’extérieur de la zone d’influence de
l’Egypte qui n’a pas à réagir.

Vers 1343, vers l’an 11 d’Akhénaton, le prince d’Amourrou, qui s’appelle Azirou et
ses frères, (les enfants d’Abdi-Achirta de l’époque d’Aménophis III), Azirou reprend la poli-
tique de son père au détriment des royaumes voisins. Il finit par contrôler l’ensemble de
l’Amourrou et assiège Soumour. Soumour est avec Ougarit la ville la plus importante. Azirou
s’empare de Soumour. Paouraâ, « le très grand », qui est un gouverneur égyptien, est tué.
Azirou prend Batrouna puis Byblos. Le roi Rib-Haddi, qui était le roi de Byblos, est chassé
par les habitants. Il se réfugie à Beyrouth.

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 Vers 1336, grande révolte en Syrie : Mukish, Noukhassé, Niya, Tounip, Qatna, Alep,
Achtata (Emar à l’heure actuelle) … Qadech, Ougarit puis l’Amourrou négocient des traités
de protectorat. L’Égypte d’Akhénaton ne bouge toujours pas. Les troupes de Mukish et Niya
attaquent Ougarit. Le roi d’Ougarit Niqmaddou II demande l’aide de Souppilouliouma. Soup-
pilouliouma s’empare de Mukish. Il reçoit l’allégeance d’Ougarit. La capitale de Mukish est
Alalakh. Qadech qui s’était révoltée, retourne sa veste, trahit et soutient Souppilouliouma.

Azirou, le roi d’Amourrou, révoque la suzeraineté mitannienne et choisit de devenir

vassal du hittite Souppilouliouma. Azirou puisqu’il devient vassal de Souppilouliouma s’em-
pare de Niya puis de Tounip et menace Qatna. Le roi d’Égypte convoque Azirou. Au bout d’un
an, il finit par se rendre en Égypte. S’il se rend en Égypte, c’est qu’il reconnaît la suzeraineté
du roi d’Égypte. Rentré en Amourrou, il révoque cette suzeraineté égyptienne et il retourne
dans les bras de Souppilouliouma. Il place tout l’Amourrou sous la suzeraineté de Souppilou-
liouma. Ce qui ne plaît évidemment pas aux Égyptiens.

Le nouveau prince de Qadech, Aitakama, aidé par les troupes hittites du général
Loupaki, viole la frontière égyptienne et envahit la Beqaa, qui appartient à l’Égypte. Il ravage
la Beqaa. Il atteint Kumidi, au sud de la Beqaa. Le prince de Kumidi, Biryazawa, se réfugie
à Damas. Cela veut dire que Damas est toujours sous domination égyptienne.

L’Égypte réagit et nous avons les témoignages d’ordres lancés aux villes de Canaan,
du Pachan, du Haut-Jourdain, de la Beqaa et de la côte libanaise pour préparer des vivres
pour prévoir l’arrivée d’une énorme armée égyptienne. On est en train de préparer une cam-
pagne militaire qui visiblement n’a jamais eu lieu. Cela a quand même arrêté les Hittites. Pour-
quoi cette campagne ne s’est jamais produite ? Était-ce un coup de bluff d’Akhénaton ? Est-ce
que quelque chose a empêché cette campagne au dernier moment de se faire ? Est-ce qu’elle ne
s’est pas faite parce qu’au moment où l’armée hittite s’est retirée, l’armée égyptienne n’avait
plus besoin d’entrer en guerre ?

En l’an 12, campagne punitive qui est dirigée par Djéhoutymès contre les gens de
Akaïta, c’est probablement le ouadi Allaki, les mines d’or.

Vers la fin du règne, révolte des princes syrien contre le Hatti.

Akhénaton meurt en l’an 17. Problème de succession. On n’y comprend rien. En gros,
Amarna est abandonnée et on revient au culte d’Amon.

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 II. VOCABULAIRE
₁Chadouf : appareil à bascule servant à puiser l'eau d'un puits, d'un point d'eau ou d'un
cours d'eau. Il est employé en zone d'agriculture irriguée.
₂Talatates : un bloc de trois fois la largeur de la main, est une pierre de construction en
grès, typique de la période amarnienne. (talata = 3 en arabe)

III. CARTE

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