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Le droit d'auteur

29
Ces conventions ont été confirmées par les accords de l'OM
Rappelons que le Comité des négociations commerciales qui s’est te C.
à Marrakech, du 12 au 15 avril 1994, a entériné la création au
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) succédant
ainsi au
GATT. C'est ce qu'on a appelé l’acte final du cycle d'Uruguay le
fameux “Uruguay round”. L'accord de l'OMC comprend une annexe
relative aux Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui
touchent au Commerce (Annexe 1C). En abrégé, et dans le jargon
professionnel, ce sont les *ADPIC”,
Le concept de propriété intellectuelle se précise donc au fil de
l’évolution des législations, nationales et internationales. Il est le reflet
de l’évolution d’un type de civilisation qui est, bien sûr, très loin d'être
achevée. On en retrouve quelques unes de ses principales
composantes, dont certaines sont encore au stade “émergent”:
° l'importance du savoir, fondement de toute technique et de
toute culture. Mais non plus sous une forme orale, grâce aux progrès
de l'imprimerie et à la création de nouveaux supports. Fini le temps
des troubadours, des copistes, des griots ou chamans. Le savoir
adopte le système de gestion industrielle : il se fabrique, se stocke, se
diffuse. Diffuser, cela implique : échange, transaction, cession, achat
ou même location.
° la défense de la propriété, fondement de toute économie dont la
prospérité repose en grande partie sur la sécurité de ses échanges et
la protection de ses patrimoines.
° le respect de la personne, avec l'apparition du “droit moral”,
s'ajoutant aux autres protections d'ordre public ou privé. Cette
composante est, depuis la fin du XVIIIème siècle, une de celles qui est
au centre des préoccupations philosophiques et politiques.

1.2, UNE DÉFINITION DE CE DROIT


Comme définition du droit d'auteur, nous pouvons retenir celle
L'importance de
qui est énoncée par la loi française du 11 mars 1957.
France au
la production artistique, et en particulier littéraire, de la
PIUS
cours des années, a permis la mise au point d’un des systèmes seles[ONG
performants. L'harmonisation des législations européennes
en grande partie sur l'expérience de ce système de protection.
La propriété intellectuelle
30

L'article 127 de cette loi énonce clairement :


“L'auteur d’une œuvre de l'esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait
de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et
opposable à tous. Ce droit comporte des attributs d'ordre intellectuel
et moral, ainsi que des attributs d'ordre patrimonial, qui sont
déterminés par la présente loi”.
Cette définition établit trois fondements :
° le droit d'auteur est exclusif : seul l’auteur peut l'exercer ét en disposer;
« le droit naît du seul fait de la création : la protection est accordée sans
formalité, soulignant en cela l’acte fondamental de “créer”;
e le droit comprend deux éléments : l’un moral, l’autre pécuniaire.
La propriété incorporelle, concept lié au droit d'auteur, peut se
définir comme étant “le droit d'exploiter une chose créée paril'esprit,
dans les conditions matérielles et morales posées par celui qui est à
son origine” (1). .
On retiendra de cette définition le principe fondamental,
identique dans les pays dont la législation est à la pointe dans ce
domaine, de l'acte de création d’une personne pour qu'il y ait
propriété littéraire ou artistique. Dans ses détails d'application, ce
principe est sujet à nuances et à adaptations. C'est ainsi qu'il sert de.
base à des techniques de rémunération d'investissement et qu'il est
même considéré comme la donnée essentielle d’un “droit de
protection économique”. |

À partir de ce principe, tout un système de pr tection de la


propriété littéraire et artistique a été progressivement constr uit.
|

2. LE SYSTÈME DE PROTECTION DU DROIT D'AUTEUR


nt,
Un système de protection juridique couvre, traditionnelleme
trois domaines complémentaires : |
d'“œuvre”
+ l'objet de la protection, en l'occurrence, quel est le type
à protéger; !
° la nature des droits à protéger; |
+ les conditions de protection de ces droits. |
Î

|
|
Le droit d'auteur
131
|
|
|

2.1. L'OBJET DE LA PROTECTION

Pour délimiter le champ d'applice tion du droit d'auteur, il


convient d'énoncer les principes qui subordonnent la protection du
droit d'auteur et de dresser une typologie des œuvres protégées. |

2.1.1. Les principes subordonnant la protection du droit d'auteur


|
La Convention de Berne, dans son article 2, définit les œuvres littéraires
et artistiques ‘comme comprenant "toutes les productions du domaine
littéraire, scientifique et artistique, quel qu ‘en soit le mode ou la forme
d'expression...” |

La loi française du 11 mars 1957, dans des termes similaires mais plus
OT

précis, énonce dans son article 2:


PS TRS

î
|

“ les dispositions de la présente loi protè gent les droits des auteurs sur
toutes les œuvres de l'esprit, quels qu'é n soient le genre, la forme
d'expression, le mérite ou la destination."
|
Ainsi, selon cet article, la prote ctio n du droit du créateur est
accordée : |
|
+ Quel que soit le genre de l’œuvre. Le mot “genre”, pris au sens
e :
large, signifie toute création de l'esprit quelle qu'en soit la matièr
|
littérature, musique, arts plastiques, ou s dences
ne protège
° Quelle que soit la forme de l'œuvre. Le droit d'auteur
. Le juge
pas l’idée, mais la forme qui lui donne c rps et la concrétise
autre; par
ne peut privilégier telle forme d'expression sur telle
exemple, le théâtre sur le cinéma, la sul Ipture sur la peinture ou la
photographie sur le dessin. |
|
+ Quelle que soit la destination de |’
uvre. Ce principe implique
t de l’art pur que celles
que la loi protège aussi bien les œuvres rel evan
relevant des arts appliqués.
« Quel que soit le mérite de l'œuvre. C
leci signifie que le juge, pour
peu porter aucune appréciation
accorder ou refuser la protection, ne
nr “ln valeur” de l'œuvre.
La propriété intellectvelle
|
F
2.1.2 Typologie des œuvres protégées
La Convention de Berne, dans son article 2, donne une énumération
non limitative des œuvres protégées. Elle est ainsi énoncée :
“les termes œuvres Httératres et artistiques comprennent toutes les
productions du domaine littéraire, scientifique et artistique, quel
qu'en Soit le mode ou la forme d'expression, telles que :
*-les livres, brochures.et autres écrits; les conférences, allocutions,
sermons et.autres:œuvres de même nature;.
* les œuvres dramatiques ou dramatico-musicales; les œuvres
chorégraphiques et les pantomimes; |
‘e.les œuvres musicales avec ou sans paroles;
° les œuvres cinématographiques, auxquelles sont assimilées les
œuvres exprimées par un procédé analogue à la cinématographie;
« les œuvres de dessin, de peinture, d'architecture, de sculpture, de
gravure, de lithographie;
e les œuvres photographiques, auxquelles sont assimilées les
œuvres exprimées par un procédé analogue à la photographie;
« les œuvres des arts appliqués; les illustrations, les cartes
géographiques; les plans, croquis et ouvrages plastiques relatifs à la
géographie, à la topographie, à l'architecture et aux sciences.”
Les alinéas 3 et 5 de cet article mentionnent les œuvres dites
“dérivées”. Cette mention est importante :
° “sont protégés comme des œuvres originales, sans préjudice des
droits de l’auteur de l'œuvre originale, les traductions, adaptations,
arrangements de musique et autres transformations d'une œuvre
littéraire ou artistique;
« les recueils d'œuvres littéraires ou artistiques tels que les
encyclopédies et anthologies qui, par le choix ou la disposition deg
protégées
matières constituent des créations intellectuelles, sont
comme telles, sans préjudice des droits des auteurs sur chacune dés
t par tie
!
de ces S
rec uei ls.
‘1 #
œuvres qui fon
| |
Le droit d'auteur |
35
| Le logiciel, étant un ensemble d'instructions données à un |
ordinateur en vue d'obtenir un résultat, ce ne peut être que,
l'expression de l'habileté technique de son Fréateur et non de celle |
| de sa personnalité. |
| - L'auteur, ne s'adressant pas à l'homme pas à la machine, ilne |
| peut éveiller aucune émotion. |
- C'est le contenu du programme qui est,en géneral, protégé et non
la forme. |
| Cette position fait l'objet de critiques de era théoriciens qui
considèrent que le logiciel peut valablement être comparé à une
traduction, une anthologie ou une partition di musique.

| : Les bases de données sont protégées, au même titre que le logiciel, |


par le droit d'auteur. L'article 10, dans son 2ème alinéa, précise : |

“Les compilations de données ou d'autres éléments, qu’elles soient |


reproduites sur support exploitable par machine ou sous toute autre
forme, qui, par le choix ou la disposition des matières, constituent des.
créations intellectuelles seront protégées comme telles. Cette
protection qui ne s'étendra pas aux données ou éléments, eux-mêmes, |
sera sans préjudice de tout droit d'auteur subsistant pour les données
;
|
a
|
|
jou éléments eux-mêmes.”
|:
|
|
. (I Les œuvres de publicité
Le droit d'auteur ne protège pas l'idée lié e à l'œuvre publicitaire
la
mais la forme originale et personnelle sou s laquelle s'exprime
création publicitaire. Le droit d’auteurenlan atière régit les relations | |
entre l’auteur et l'annonceur, en cas de comn tande par celui-ci
d'une
| |
œuvre publicitaire.
i
|
|

2.2. LA NATURE DES DROITS PROTÉGÉS . |


|. |
| 1
| - _ Le droit d'auteur comprend deux élémen s de natures différentes . {.

‘et complémentaires : +

° Le droit moral : perpétuel, inaliénable ef imprescriptible.


° Le droit patrimonial ou pécuniaire : temporaire, cessible, auquel !
|
la prescription peut s'appliquer.
_ La propriété intellectuelle
36
2.2.1. Le droit patrimonial ou pécuniaire
Le droit patrimonial est le droit de l’auteur d'exploiter son œuvre
et d'en tirer un profit d'ordre pécuniaire. Cette exploitation peut
ettant at
revêtir la forme d’une cession à un tiers, d'une licence perm
tiers de jouir momentanément de l'œuvre, ou de tout autre mode
d'exploitation choisi par l’auteur.
on, le
Nous allons examiner, brièvement, le droit de représentati
droit de reproduction et le droit de suite.

0 Le droit de représentation
au
Représenter une oeuvre c'est la communiquer directement”
usion,
public par différents moyens : projection, radiodiffusion, télédiff
rat son droit
exposition, affichage, etc. Lorsque l'auteur cède par cont
seuls modes
de représentation à un tiers, Sa portée est limitée aux
est celui
d'exploitation prévus dans ce contrat. Un exemple classique ñt
pas pour auta
du droit d'édition d’un livre. Ce droit cédé ne permet
forme
son adaptation sous forme d'un scénario pour un film ou sous
taire
d'une pièce de théâtre. Toute utilisation ou extension complémenSR
eur.
devra obtenir, au préalable, l'autorisation de l’aut
7 er
Q Le droit de reproduction
Reproduire une œuvre consiste à la fixer matériellement Bür un :
accès, Les
support pour la communiquer au public, qui y aura donc
modes de reproduction sont variés. Elle peut s'effectuer notamment
ment
par : imprimerie, dessin, gravure, photographie, moulage, enregistre
mécanique, cinématographique ou magnétique (cassettes, disques,
disquettes, microfilms, CD-ROM, etc.).
De même que pour le droit de représentation, la cession du droit de
| reproduction est limitée aux seuls modes d'exploitation visés dans le
contrat. Le cessionnaire ne peut en étendre l'usage qu'avec le
consentement de l'auteur et moyennant une rémunération
supplémentaire.
- retrouve le même principe que pour l'édition d'un livre
ne orisation donnée pour un film destiné à une distributi "
matographique ne permet pas pour autant une reproductignx A
Le droit d'auteur
Br OT.
film, La cest
sous forme de vidéocassettes, OU SOUS forme d’un télé
née ne comprenc
des droits d'exploitation pour une utilisation don
e Le
pas nécessairement d'autres droits sauf s'ils sont stipulés dirradi
par :
même contrat. Les droits de diffusion, par télévision ou donc me
comme les dtoits de traduction par pays, doivent
expressément définis.
Ü Le droit de suite
es t le dr oi t du cr éa te ur ou de l' au te ur de percevoir un
C'
ur ce nt ag e su r: le pr od ui t de to ut e ve nt e du bi en ma tériel constituant
po
son œuvre. Il eëtéà noter que seuls les auteurs créant des œuvres
ie, lithographies,
graphiques ou plastiques (tableaux, marbres, tapisser
gravures, bronzes, etc.) peuvent bénéficier de ce droit. Ces œuvres
leur
sont, en effet, les seules pour lesquelles le bien matériel ait une va
écuniaire notable pouvant donner lieu à des ventes successives. Ce
droit est inaliénable.

D Les exceptions aux droits pécuniaires


Il existe quelques exceptions au droit exclusif de l'auteur qui
trouvent leur fondement dans la nature même du droit d'auteur. Il
s’agit notamment :
+ De l'usage privé ( représentation ou reproduction ) de l’œuvre
d'un auteur. Celle-ci étant destinée en premnier lieu au public, il serait
absurde d'en empêcher la jouissance à titre personnel. On ne peut, par
exemple, interdire à une personne d'enregistrer à domicile une œuvre
musicale dans le seul but de l'écouter avec les membres de sa famille
ou avec ses amis.
* Des analyses et des courtes citations, justifiées par le but à
atteindre (critique, polémique, pédagogique, ou d'information), et
sous réserve que soient indiqués le nom de l’auteur et la source.
° Des revues de presse.
ae la parodie, du pastiche et de la caricature: ceux-ci constituant
pl ôt qu'une reproduction ou une adaptation, une forme
RER d destinée à relever les traits plus ou moins excessifs ou
D es. condition que cela n'apparaisse pas comme infamant.
di "à genre VOIsin, M. Le Pen, homme politique bien connu, avait
Sh ee y ton jo avoir été représenté dans le “Bébète
, cle la télévision française, sous d'u
forme me d'une jonnette
marion
portant un casque prussien.
La propriété intellectuelle
40

2.3.1. L'originalité de l’œuvre


Pour bénéficier de la protection, l'œuvre artistique doit être
“originale”. Comment définir l'originalité d'une œuvre ? La
protection, en matière de propriété industrielle, exige la * inouveauté”.
Nous le verrons ultérieurement. Comment faire la différence entre
“originalité” et “nouveauté” ? |
l

Les définitions sont nombreuses. Nous en retiendrons une qui a


l'avantage de la clarté. Pour définir ce concept et le distiriguer de celui
de la nouveauté lié au domaine de la propriété industrielle, M: le
Professeur Desbois a formulé les précisions suivantes (:
+ “Dans le domaine de la propriété artistique, seule compte
l'originalité entendue au sens subjectif; c’est-à-dire) l'expression
personnelle d'une vision... L |
Î

+ Que la nouveauté, au contraire, a un sens objectif etévoque l'idée


d'un objet qui n’a pas d'homologue dans le passé. |
+ Que le concept de nouveauté tel que nous venons de le définir a
cours dans le statut des dessins et des modèles d'industrie, celui
d'originalité dans celui de la propriété artistique”. |

L'originalité d'une œuvre ne s'apprécie donc pas par le mérite


qu'elle peut avoir, mais uniquement par la présence du cachet
personnel de son auteur. Elle peut, par conséquent, être très faible. À
la notion d'originalité, on oppose toujours celle de banalité. Par
exemple, dans là résolution de certains contentieux, on à estimé qu'un
catalogue présentant des objets ménagers par ordre alphabétique ou
selon leur prix, était banal, alors que celui qui les présentait par
affinités, âges du consommateur, catégories sociales, etc., faisait
preuve d'originalité. |
r du
Un autre exemple : les héritiers de Margaret Mitchell, auteu
célèbre roman “Autant en emporte le vent” (Gone with the wind”),
qu'elle se
ont attaqué l'écrivain français Régine Desforges au hot
serait inspirée du t hème de cette œuvre pour écriresa série à succèsen
se chiffrait
"La bicyclette bleue” Ce contentieux, style américain},
centaines de milliers de d ollars. Les thèmes universels de l'amour, de
. | ,
Ts ANA Croft dane "Traité des dessirs et des nroulèles" Lilec.
Le droit d'auteur — 41

la passion, du courage ou de la lâcheté réviennent souvent dans toutes


les œuvres de l'esprit. On ne pouvait donc pas assimiler une action se
déroulant pendant la guerre de Sécession aux États-Unis, au XIXème
siècle, à des évènements se produisant au cours de la seconde guerre
mondiale. Les héritiers ont perdu. Régine Desforges a pu prouver le
caractère original de son œuvre.

2.3.2. Le caractère facultatif du dépôt |


… Une différence importante apparaît entre la protection au titré de la
propriété littéraire et artistique qui est accordée à l'auteur en l’absence
de toute formalité de dépôt, et la protection relative à la propriété
industrielle où le dépôt auprès d'un organisme officiel est obligatoire.
Seul existe un dépôt administratif ou légal ayant essentiellement
pour objet la conservation des œuvres|et parfois leur contrôle. Il n'a
aucune conséquence juridique sur les ds de propriété artistique du
créateur. Ce principe de la protection sans formalités trouve son
fondement dans le caractère même de l'œuvre artistique. Celle-ci
porte en elle l'identité et l'empreinte de la personnalité de son auteur.
L'acte de création est, en principe, facilement identifiable.

3. LES TITULAIRES DU DROIT D'AUTEUR ET LA DURÉ E


DE PROTECTION DU DROIT D'AUTEUR |
Qui peut se prétendre “ titulaire ” d'un droit d'auteur et quelle est
|
la durée de sa protection ?
On note des différences dans l'appréciation de la durée de la
protection suivant les législations nationales. En Europe, la C.EE.
incite ses membres à harmoniser leurs réglementations. Par contre, la
définition des titulaires du droit d'auteur se retrouve, sous une forme
à peu près commune, dans tous les pays où il yaeuun travail de
|
législation en ce domaine.
||
3.1. LES TITULAIRES DU DROIT D'AUTEUR
L'article 2 de la Convention de Berne, après avoir énuméré les
œuvres protégeables, précise dans a 6ème alinéa que la pratection
cordée uteur nts t
38 La propriété intellectuelle

2.2.2. Le droit moral


f

C’est un droit attaché à la personne de l’auteur. Il est destiné à


Protéger son honneur, sa réputation et ses conceptions. Notons atl
Passage :quelesi législations: d'inspiration anglo-saxonne n’attachent
pas la même importance au droit moral que celles d'inspiration latine.
En effet, dans le! régime du “Copyright”, la protection du droit
d'auteur est centrée principalement sur l'aspect pécuniaire. Cette
approche,
très: “business :minded”, présente aussi de grands
avantages pour les auteurs:et leurs ayants droit. Sans vouloir
prétendre à: une analyse: de: droit: comparée, nous traiterons des
particularités du “Copyright” et de la législation dite du “common
law”, dans le dexième tome de cette ouvrage. ‘
Dans la conception latine, on distingue quatre éléments du droit moral U
Le droit de divulgation
Le droit au respect de l'œuvre
Le droit à la paternité
Le droit de repentir ou de retrait

Ê Le droit de divulgation
C'est le droit exclusif pour l'auteur de communiquer son œuvre
au public. Il aura, seul, la faculté de déterminer les conditions, les
modalités et les limites de cette publication. Le droit fondamental
de l’auteur ou du créateur est clairement posé dans l'exercice de
cette liberté.

Ü Le droit au respect de l’œuvre


L'auteur dispose, et après sa mort ses ayants cause, d’un droit de
contrôle pour veiller sur l'intégrité de son œuvre, en empêchant ce qui
pourrait être considéré comme des altérations, des déformations
ou
des modifications. C’est au titre de ce droit au respect de l'œuvre que
les héritiers d’'Hergé, créateur des albums Tintin, viennent d'obtenir,
en France, l'interdiction de parution d’un livre, écrit par un médecin,
traitant de l'alcool dans les tribulations du célèbre aventurier,
Attention! Les frasques pleines d'humour, en la matière, du chien
de
Tintin, Milou, et de son ami le capitaine Haddock doivent
ento
être
urées de “pudeur”,
d
| ,
uteur —
LALe droit d'a
dr oi t à la pa te rn it é et au re sp ect du nom
n Le
C'est le droit pour l’auteur de publier son œuvre sous son nom
violé ce Le
de défendre ce droit contre toute atteinte. Ainsi, aura
tout exploitant d'une œuvre qui aura fait taire le nom de son je
par exemple, lorsou d’une exposition d'u .
gur la couverture d'un livre qu e d’ un fil m; au co nt ra ir e la n
gé né ri
tableau, ou dans le |
l’a interdit.
divulgué alors que celu i-ci
Un auteur a même le droit de faire publier un livre, écrit par lui
sous le nom d’uñ autre écrivain. Un exemple : la célèbre affaire
littéraire, en France, concernant Emile Ajar qui n'avait jamais écrit
“Pseudo”. C'était son oncle l). Les deux écrivains étaient, bien
entendu, d'accord. Bernard Pivot, qui a interwievé Emile Ajar dans sa
célèbre émission télévisée “Apostrophes", ainsi que tous les critiques
littéraires qui avaient célébré les qualités de l'œuvre, n'avaient rien
perçu de cette mystification. Elle a été faite en toute légalité.

O Le droit de repentir ou derretrait


C'est la prérogative dont dispose l'auteur de retirer, après l'avoir
cédé, le droit d'exploitation de son œuvre à un tiers, et d'en empêcher
toute publication ou diffusion à l'avenir. L'auteur peut exercer ce droit à
tout moment à la seule condition d'indemniser ce tiers de son préjuclice.
Des limites ont, toutefois, été posées afin d'éviter les abus. Si
nier décide, à l'avenir, d'exploiter à nouveau son œuvre, il ser
frGi re È priorité au même tiers et aux conditions déterminées à
je ce ; oit de retrait est une prérogative extrêmement forte €?
Elus ête ement à la personne du créateur. C'est pourquoi il ne peut
€ exercé après la mort de l’auteur.
2.3. LA CONDITION DE
PROTECTION
| FE
De aie| s se posent à ce ni
veau :
e doit être, ;
* Faut-ilu de forme de l'œuvre pour bénéficier de la protectien
on !
N dépôt pour bénéficier de Ja protec
tion ?
_ La propriété intellectuelle
120

ND IT IO NS DE BR EV ET AB IL IT É D' UN E IN VE NTION
2.2, LES CO
re à des.conditions
|

Pour être brevetable, une invention doit répond s ont-téndänce à 8e


dition
de fond et à des conditions d e forme. Ces con

rate
dans tous les paÿs sous la pression
des organisations

-
Va,
normaliser
internationales spécialisées.

e D2. dr nd
.
|

n
2.2.1. Les conditions de fond

À de akain dtin
ement séparées
Les-conditions d'obtention d'un brevet sont usuell

dut
en deux catégories: _

s ranch
r être
+ D'une part, les conditions que doit remplir l'invention pou

ati anse eue:


esse e émdithte
U
brevetable. Ce sont les conditions positives de brevetabilité. .
° D'autre part, les conditions ou les caractères que-re doit pas

mice
présenter l'invention pour pouvoir bénéficier d'un brevet. Ce sont les
conditions négatives de brevetabilité.

() Les conditions positives de brevetabilité


Pour être brevetable, une invention doit être nouvelle, impliquer
une activité inventive et être susceptible d'application industrielle.

« L'invention doit être nouvelle


Deux paramètres sont à considérer :
1) “ émerger “ ou “ naître “ à la connaissance
Une invention est nouvelle si elle est inconnue au moment où elle
est réalisée. Ce qui semble évident, mais retenons la nuance : le
nouveau est pris par opposition: à ce qui est connu et non pàr rapport
à ce qui est ancien. En conséquence, le défaut de nouveauté peut
provenir de deux causes :
+ soit de l'antériorité qui peut être constituée par tout document ou
pièce démontrant que l'invention était connue ou déposée avant le
dépôt en question;
, soit de la divulgation à la suite d’une manifestation publique
communication, colloque, exposition ou autre.
|
‘Le brevet
— 1:
|
ap pa ra ît re da ns # l' ét at de la technique
ji)

La Convention de Munich, sur la délivrance de brevets: européens


54, ce qu'est l'état de la technique
définit dans son article
_“ Une invention est considérée comme nouvelle si elle n'est pas
comprise dans l'état de la technique ”. La nouveauté s'apprécie donc
par rapport à “ l'état de la technique ”. Cet état est constitué par tout
ce quia été rendu accessible au public avant la date de dépôt de la
demande. Il n’est pas nécessaire que le public y ait effectivement
accédé. Il suffit que l'accessibilité ait été possible. Peu importe par
quel moyen. Il peut s'agir d'une divulgation :
« par le biais d’une conférence 6), }
° par la voie d’un article de presse
° ou par simple communication d’un devis comportant les éléments
caractéristiques de l'invention aux ingénieurs et techniciens d'une
entreprise tierce 6).
Pour être retenue comme étant accessible, l'invention doit avoir
été communiquée sous une forme intelligible et donc susceptible
d'être comprise. Une description vague, ou confuse, ne sera pas
retenue dans la mesure où elle ne permettrait pas à l'invention d'être .
mise en œuvre techniquement. La nouveauté s'apprécie au jour de la
demande ou, si celle-ci prend appui sur une priorité, au jour où là
priorité est née.
le contenti
En général, est aussi compris dans l'état de la technique,
de toutes les demandes de brevet, même non publiées, déposées 4°
e comme n0°
niveau de l'administration. Ainsi, sera considéré a été déposée
, linvention qui, sans avoir été divulguée,
nouvelle
postérieurement à une demande antérieure similaire, conmême si cette
séquent, n'a
dernière n’a fait l'objet d'aucune publication et, par
R
jamais été accessible au public.
La propriété intellectvelle
22

Toutefois, il existe une exception à ce principe. Cette exception à


pour effet de renforcer la protection de l'inventeur : une invention
peut être considérée comme nouvelle et donc brevetablé,
alofs-même
qu'elle a fait l’objet d'une divulgation éftérieure à ld demande de
brevet 6), Ce cas particulier s'applique ldfsque la divulgätion.1a lieu
dans les six mois précédant la date du dé de la demande.de brevet
ou provient de la publication, après cé#dépôt, d'une demande de
brevet antérieure si, dans l'un ou l’auffé de ces cas, “elle: résulte
directement ou indirectement : h |
x4 FE

- d’un abus évident à l'égard du demandeur ou de son


prédécesseur en droit, ou
- du fait que le demandeur ou son prédécesseur en droit 2 spa
l'invention dans des expositions officielles ou officiellemen
tions
reconnues au sens de la convention révisée concernant les exposi
internationales, signée à Paris le 22 novembre 1928” 01.
du dépôt
Ce dernier cas n’est applicable que sile demandeur, lors les
de la demande, produit une attestation, dans le délai et dans
lement exposée.
conditions fixés, justifiant que l'invention a été réel
ication industrielle
« L'invention doit être susceptible d'appl
Le mot industriel s'entend ici dans l'acception la plus large et
ssus. Le brevet
presque synonyme du mot” utilisable dans un proce
es. I en
ne peut donc protéger les créations exclusivement ornemental
les découvertes (découverte d une loi naturelle,
apartre
est:de même pour
ar exemple), les théories scientifiques ou les conceptions thépriques
de
(méthodes financières ou comptables, plans, principes en matière
|
jeux, par exemple). Elles n'ont pas d'application industrielle.
|
‘+« L'invention doit impliquer une activité inventive
inventive. L'article 56
L'invention doit être le résultat d'une activité qu” une
européen dispose
de la convention de Munich sur le brevet
nt une activité
invention est considérée comme implneiquadéco inve ntiv
man e si,
ièr e
méti er, elle ule pas d’un e
our un hom me du
chnique ”.
évidente de l'état de la te
x
EEE
re em
.
cé) Art. 55 de la Convention de Munich
(7) Texte français de la Convention de Municii.
|
i
t
Le brevet ‘ | 123

un changement par
doit marquer
Autrement chdit , une inventle
e in du st ri el
ion
co ur an te . D' hu l'apparition de concepts
rapport à la te niqu rudences pour
E ES . 3 certaines jurisp
“non évidence” ou de “rupture” dan
s
de
ou CE “sau tl' qualitatif.
marquer cette différence de nature n
est de ” l'h omm e du mét ier *, retenons Une définitio
Pour ce qui |
ent e for mul ée par la jur isp rud enc e : |
pertin
'h om me du mét ier est celu i de la disclpline industrielle, auquel
“L rés oût l'invention. Pour une
techni que que
se pose le problème
un jou et aut omo bil e, l'homme du métier est
invention concernant te ur , le qu el po ss èd e les connaissances
à mo
donc le fabricant de jouets ère de ressort ” 1.
mment, en mati
générales en mécanique, nota
|

1] Les conditions négatives de


brevetabilité
de Munich O), repris pratiquement
Selon les termes de la Convention signataires :
des pay
à la lettre par toutes les législations
| |
# Ne sont pas brevetables : |
lication où la mise en œuvre serait
a) Les inventions d ont la pub urs, la mise en œuvre
rdr e pub lic ou aux bo nn es mœ
contraire à l’o éré e co nu ne tel le du seul fait
an t êtr e con sid
‘une invention ne pouv ire;
e est int erd ite par une dis pos iti on légale ou réglementa
qu'ell
ent ion s vég éta les d'u n gèn e où d'une espèce bénéficiant
b) Les obt
du régime de protectio n par la loi sur les obtentions végétales;
ainsi que les procédés essentiellement
c) Les races animales
cette disposition
biologiques d'obtention de végétaux ou d'animaux,
produits
ne s'appliquant pas aux procédés microbiologiques et aux
obtenus par ces procédés ”. |
Ii est important de retenir cette listé car apparaissent ici des
concepts nouveaux que nous retrouverons ultérieurement : les
obtentions végétales” notamment, pour lesquelles se constitue
progressivemens un système de protection indépendant du brevet
pour enir compte de la spécificité de leur mode de recherche et de
ro uction. L'extraordinaire développement récent dans 1 .
de la biologie laisse entrevoir un domaine iinuiens
mu e| de découv ertesneet
* domai

Darie DK ui 1007 ID 1000 $7 1 "11 |


TI
reRS
124 | La propriété intellectuelle

>
3 Eh tre Ne
d'inventions à venir. C’est tout un système de protection, indépendant
du brevet, qui va se construire à partir des balbutiements actuels.
* 2.2.2, Les conditions de forme - a
La forme fondamentale n’est rien d'autre que la “demäjide”. La
délivrañ
| demande est, en effet, la condition nécessaire de la
ll dételfhin
titre. Qu'il s'agisse d’un brevet ou d'un ces
et'le
date par rapport à laquelle s'apprécieront la notveauté
qui pé
inventive, sous réserve de l'existence d’une priorité
date, le
l'effet d'une demande étrangère. À compter de cette
provisoire,
_ demandeur peut invoquer les règles de la protection
moyennant la notification ou la publication de la demande.
_ Dans la plupart des pays, la demande d'un brevet peut être
formulée selon les régimes suivants : ste. Fe
° le régime national qui assure une protééion sur le territoire
national seulement, Lo
«le régime européen pour les pays européens,
+ le régime international, qui assure une protection au niveau
international.
Quel que soit le régime selon lequel la demande est effectuée, on
retrouve presque les mêmes règles quant à la procédure suivie pour
l'obtention du brevet. |

Le dépôt de la demande
du brevet
+ Le dossier de la demande
Le dossier de la demande est déposé auprès de l'organisme de
. dépôt compétent en la matière, par le demandeur lui-même ou son
: mandataire. Il comprend, en principe:
D Une requête formulant la demande de la délivrance d’un brevet.
1 s'agit, en général, d'un formulaire donnant l'identification du ou des
demandeurs. Du ou des inventeurs, dans le cas où ils sont différents
du demandeur, Du mandataire éventuellement. Dans ce cas, il y a lieu
de joindre le pouvoir du mandataire. Et le plus important, le titre de
l'invention. Il doit indiquer s'il existe une priorité à invoquer par suite
d'un
un dépôt |antérieur à l’étrranger. Si ic’c'est le cas, une copie officielle
dépôt antérieur doit être jointe au dossier. è tt à
12
Le brevet
_. » ée de manière suffisamment
cription dè 1 invention, expO8
homme du métierest puisse [à
1 e Complète de telle sorte qu'un
ou de sa présentation capitale.
céaliser La qualité de sa: rédaction
doit
Cette présentation
à un ob je t P rinc ipal ave c ses variantes et ses accessoires,
& ge limiter d'u ne inv ent ion dont l'objet est un produit
em pl e,
Il peut s'agir, Par ex io n du procédé ayant permis de l'obtenir ainsi
av ec la de sc ri pt
nouveau ce ss a ire à la mise en œuvre de celui-ci,
que ce ll e du di sp os it if né
technique auquel elle
© préciser le titre de l'invention, le domaine
érieure,
se rattache, la technique ant
mode de
© présenter un exposé de l'invention, un exposé d'un
Cette description |
réalisation, un exemple d'application industrielle.
icatifs, qui ne|
peut s'accompagner, le cas échéant, de dessins expl des repères.
ment
doivent pas comporter de légendes, mais unique |
et/ ou des ren voi s au mém oir e des cri pti f.
revendications de l'inventeur, c'est-à-dire, la liste
iii) Les
réclame à
exhaustive des éléments qu'il estime nouveaux et dont il
n possible,
protection. Elles délimitent, avec le plus de précisio
l'étendue de la protection résultant du brevet. Si par la suite, une
est
partie de l'invention ne figurant pas dans les revendications
copiée, le brevet ne pourra pas être opposable. |
iv) Le résumé des caractéristiques de l'invention: *
Pour simplifier les démarches et éviter tout retärd' dans le dépôi
des demandes de brevet, le demandeur a la possibilité d'accomplir
certaines formalités après le dépôt même de la demande, mais avant
| l'expiration des délais fixés pour l'accomplissement de chacune
d'elles. Notamment : acquittement des taxes, production des
traductions, remise des dessins, justification de l'exposition
production de la demande ou des d sn: indiquées
… sHiandes antérieures INc1q
dans la déclaration de priorité.

* Lieu du dépôt de la demande


Get | | L
fèr e, bie n év id em me nt , sel on la nature de la
dde Eepot dif
Be nat européen, ou international) :
llectuelle
La propriété inte
126
n a l l dxe
cieon
off; igi
sm e na ti o au
na ti on al : au i ège de l'or8gani
si s T
- régime O u dans l’un de ses
cent re
dépôt dans le pays concerné,
|
L
s'ils existe nt; ice Européen des
si èg e de l' OE B (l' Off
- régimé européen : au n département de La Haye, ou encore
à so
Brevets) à Munich, ou Etat co nt ra ct ant; à
ti on al d’ un
auprès de l'office na micile du
te rn at io na l : au pr ès de l' of fi ce, néjionas du do
: régime in tat do nt le dé posant#ä:la nationalité.
déposant ou cel ui de l'E
e de ma nd e eu ro pé en ne ou internationale
Lorsque le déposant d' un e
co nq ue , le dépôt devient obligatoir
TR

ns un pa ys qu el
est domicilié da
de ce pays.
au niveau de l'organisme national
Constatation du dépôt
est con sta té par la rem ise d'u n récépissé fixant la date de
Le dépôt
de référence pour les effets du
ce dépôt. Cette date demeurera la date es et, éventuellement, des
brevet sou s rés erv e du pai em ent des tax
reçoit un numéro| qui
corrections et régularisation. La demande
.
demeurera également celui du brevet
+ Paiement de taxes
du versement de taxes
Le dépôt du dossier s'accompagne
acquittées dans le mois du dépôt. Ainsi :
take de
- le déposant de la demande nationale doit acquitter une
dépôt et une taxe d'avis documentaire (ou rapport de recherche),
- le déposant de la demande européenne doit payer une taxe de
dépôt et une taxe de recherche,
- le déposant de la demande internationale doit régler _—. taxe
internationale et une taxe de transmission.

(1 Le traitement de la demande du brevet |

| Le traitement type d'une demande de brevet, dans les pays aux


législations avancées, est le suivant : |

e Examen de la demande

_ Selon Les législations, on peut distinguer deux grands systèmes


d'instruction de la demande de brevet : | °

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