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CHAPITRE 11

Livre de l’élève

11
CHAPITRE

b. Les aires de répartition de différents représentants


du genre Homo. Les Néandertaliens et les Dénisoviens
L’évolution ont été en contact à plusieurs reprises dans la région
de la grotte de Denisova.

humaine Quelles sont les relations de parenté entre


Homo sapiens et les autres espèces du genre
Homo ayant vécu dans le passé ?  UNITÉ 3

Présente sur Terre depuis près de 300 000 ans, l’espèce humaine actuelle, Homo sapiens Néandertaliens Dénisoviens La grotte de Denisova

Homo sapiens, est aujourd’hui la seule du genre Homo. Les découvertes


récentes de nouveaux représentants du genre Homo alimentent toutefois
la discussion sur les origines de notre espèce. Vidéo

c. Découverte d’Homo luzonensis.


Datés entre – 500 000 et – 67 000 ans,
les restes fossiles indiquent que
leurs propriétaires étaient
contemporains d’Homo sapiens.
Comment la seule observation
de restes fossiles permet-elle
de rattacher un spécimen
au genre Homo ?  UNITÉ 2

d. Apprentissage de la cuisine lors d’un atelier collectif.


Parmi les caractères humains, quels sont
ceux transmis de manière non génétique ?
UNITÉ 4

Notions du chapitre Unités Exercices


Pour bien démarrer ce chapitre consulter la fiche 5

Analyser des matrices de comparaison de caractères morpho-anatomiques résultant d’innovations


1 1, 8
évolutives afin d’établir des liens de parenté et de construire un arbre phylogénétique.

Mettre en relation la ressemblance génétique entre les espèces de primates et leur degré de parenté. 1 3

a. À bien des égards, y compris sur le plan comportemental, les bonobos montrent de nombreuses ressemblances Positionner quelques espèces fossiles dans un arbre phylogénétique, à partir de l’étude de caractères 2, 4, 5, 6, 9,
2, 3
ou de leurs productions. 10, 11, 12
avec Homo sapiens. Selon les scientifiques, il s’agirait de nos plus proches parents dans la nature actuelle.
Sur quels arguments les scientifiques s’appuient-ils pour déterminer Analyser des arguments scientifiques qui ont permis de préciser la parenté de Homo sapiens avec
3, 4 3, 7, 11
les autres Homo, et notamment la parenté éventuelle avec les Néandertaliens ou les Dénisoviens.
le degré de parenté entre Homo sapiens et les autres espèces ?  UNITÉ 1
254 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 255

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Les grandes idées à construire


Ce que disent les documents
L ’espèce humaine actuelle, Homo sapiens, fait partie du groupe
des primates et plus particulièrement de celui des grands singes, a Le bonobo est une espèce de grand singe qui interpelle par
certaines ressemblances, y compris comportementales, avec l’espèce
avec lequel elle partage des caractères morpho-anatomiques et des
humaine.
similitudes génétiques. C’est avec le chimpanzé qu’Homo sapiens
partage l’ancêtre commun le plus récent.
b Ce schéma, représentant la carte du monde, indique par
L es espèces du genre Homo se distinguent par des innovations différentes zones colorées la diversité des espèces du genre Homo
évolutives qui leur sont propres : capacité crânienne développée, présentes sur Terre dans le passé. Certaines d’entre elles, comme les
mandibule parabolique et bipédie prolongée. Le genre humain, Dénisoviens (zone rouge) et les Néandertaliens (zone bleue), ont
représenté par plusieurs espèces qui ont cohabité dans le passé, est cohabité dans un même lieu notamment dans la région de la grotte
aujourd’hui restreint à une seule espèce : Homo sapiens. de Denisova située dans les montagnes de l’Altaï en Sibérie.
C ertains caractères de l’espèce humaine sont transmis de manière
non génétique. Il s’agit des comportements appris, comme l’utilisation c Lorsque les scientifiques découvrent des restes fossiles supposés
d’outils, l’apprentissage du langage articulé ou celui d’une langue appartenir à un nouveau représentant du genre Homo, ils mettent
étrangère. Il s’agit aussi des habitudes alimentaires ainsi que de en œuvre une démarche rigoureuse pour s’en assurer. Dans cette
notre microbiote. vidéo, Florent Détroit, paléoanthropologue et maître de conférences
au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, présente Homo
luzonensis, la nouvelle espèce humaine découverte dans le cadre
des fouilles qu’il a codirigées sur l’île de Luzon (grotte de Callao) au
nord des Philippines entre 2007 et 2015.

d Les caractères d’une espèce ne dépendent pas en totalité d’un


déterminisme génétique. Certains caractères, notamment ceux
comportementaux, sont appris au contact des congénères. C’est ce
qu’illustre cette photo présentant un cours collectif de cuisine.

THÈME 3 ● CHAPITRE 11 ● L’évolution humaine 199


CHAPITRE 11
Livre de l’élève

1
UNITÉ

Article
en ligne
e
ain n

Les plus proches parents d’Homo sapiens Suite au séquençage du génome


zé m ta
n hu ou o ue in
pa n
èc
e
ng
-
ill
e b q u aïe
im bo p a r no a ca bo up humain en 2001, et du génome du
Ch Gib Es Or Go Bo M Ba To
chimpanzé en 2005, une analyse
Dans l’un de ses entretiens, le paléoanthropologue Pascal Picq déclare : comparative « globale » de l’en-
« Les chimpanzés et les bonobos sont plus proches de nous que les gorilles ». semble des deux génomes a pu être
réalisée. Cette analyse publiée dans
OBJECTIF la revue Nature en 2005, conclut à un
En exploitant des caractères morpho-anatomiques et des données génétiques, taux de différence nucléotidique de
prouver la plus étroite parenté entre Homo sapiens, les chimpanzés 1,23 %. […] En 2006, sur 22 000 gènes
et les bonobos qu’entre Homo sapiens et les autres primates. étudiés, une équipe rapporte que
1 418 chez l’Homme n’ont pas leurs
équivalents chez le chimpanzé, en
d’autres termes que 6,4 % des gènes
ancêtre commun
humains sont spécifiques à l’Homme.
D’après Delphine Trochet, « Quelles
différences génétiques entre l’Homme et
3 Construction d’un arbre phylogénétique le chimpanzé ? », 2001, www.edu.mnhn.fr.
Si deux (ou plusieurs) espèces ont une innovation évolutive en commun,
on l’interprète par l’existence d’un ancêtre commun qui leur est propre
( sur le schéma), qu’elles ne partagent pas avec les autres espèces. 4 Le point sur les différences
génétiques entre l’humain
et le chimpanzé

Bonobo Orang-outan Gibbon

Séquences NAD_Chimpanzé NAD_Bonobo NAD_Homme NAD_Gorille NAD_Orang-outan

NAD_Chimpanzé 100,00 % 100,00 % 89,03 % 87,76 % 76,37 %

NAD_Bonobo 100,00 % 89,03 % 87,76 % 76,37 % A-Z


VOCABULAIRE
NAD_Homme 100,00 % 86,50 % 75,53 % Une innovation évolutive est une
nouveauté correspondant à l’apparition,
NAD_Gorille 100,00 % 74,68 % la disparition ou la transformation
d’un caractère. La présence d’ongle
NAD_Orang-outan 100,00 %
en est un exemple.
Chimpanzé Gorille Espèce humaine 5 Matrice des ressemblances construite avec le logiciel GeniGen Le gène NAD permet la fabrication
Cette matrice donne le pourcentage de ressemblances dans les séquences d’une espèce chimique qui intervient
1 Différentes espèces de grands singes de nucléotides du gène NAD pour quelques primates. Des espèces sont d’autant dans les transports d’électrons lors
Dans une classification évolutive, Homo sapiens est rangé dans le groupe des grands singes. plus apparentées que les séquences nucléotidiques de leurs gènes sont semblables. du métabolisme.

ACTIVITÉ NUMÉRIQUE
Phylogène
OBJECTIF Construire avec le logiciel Phylogène une matrice espèces/caractères
contenant des primates dont des grands singes. Pouce Queue Terminaison des doigts PARCOURS 1 PARCOURS 2
Chimpanzé Opposable Absente Ongles
PROTOCOLE Gibbon Opposable Absente Ongles
1 Justifier, à l’aide des données de la matrice (doc. 2), 1 Établir avec le logiciel Phylogène (activité numérique)
les relations de parenté exprimées dans l’arbre la matrice espèces/caractères et l’arbre de parenté lui
1. Choisir la collection Archontes (Primates) puis Bonobo Opposable Absente Ongles
phylogénétique (doc. 3). correspondant.
la fonctionnalité « Construire » dans le menu « Activités ». Orang-outan Opposable Absente Ongles

2. Pour générer la matrice, sélectionner en bas de l’écran les espèces Gorille Opposable Absente Ongles 2 Positionner sur l’arbre phylogénétique (doc. 3) 2 Sélectionner (doc. 5) les données génétiques utiles
le singe-araignée (espèce possédant des pouces pour préciser la parenté entre Homo sapiens et les
souhaitées en cliquant sur chacune d’elles. Homme Opposable Absente Ongles
opposables, des ongles et une queue). autres grands singes.
• Espèces à sélectionner : Chimpanzé, Gibbon, Bonobo, Babouin Opposable Présente Ongles
Orang-Outan, Gorille, Homme, Babouin, Toupaïe et Macaque. Toupaïe Non opposable Présente Griffes 3 Déterminer les caractères propres aux primates 3 Montrer que les parentés déduites des caractères
Toutes ces espèces sauf le Toupaïe font partie des primates. Macaque Opposable Présente Ongles et ceux propres aux grands singes. morpho-anatomiques et les données génétiques
3. Choisir les caractères dans le menu déroulant. 2 Matrice espèces/caractères 4 Exploiter les données génétiques (doc. 4 et 5) pour
sont complémentaires et corroborent l’affirmation
• Caractères à sélectionner : Pouce, Queue, Terminaison des doigts. de Pascal Picq.
construite avec le logiciel Phylogène préciser les relations de parenté entre Homo sapiens
4. Remplir la matrice vide en cliquant dans chacune des cases et en utilisant Les données colorées en vert correspondent et les autres grands singes.
les informations qui apparaissent en bas et à droite de l’écran. à des innovations évolutives.
5 Résumer les arguments en faveur de l’affirmation
5. Vérifier l’exactitude de la matrice et corriger si nécessaire. de Pascal Picq.

256 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 257

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s
problèmescientifiques Les représentations de l’élève
  L’Homme descend du singe » est la représentation qu’il faut
«
 vec quelle(s) espèce(s) Homo sapiens est-il le plus
A continuer à faire tomber : on ne peut pas descendre de soi-même.
étroitement apparenté ? Il est important de faire comprendre aux élèves que l’on travaille
 uels sont les arguments scientifiques utilisés pour identifier
Q ici sur une cohorte d’espèces actuelles. On ne recherche donc pas
le(s) plus proche(s) parent(s) d’Homo sapiens dans la nature qui descend de qui, mais qui est plus proche de qui. Il serait aussi
actuelle ? intéressant d’insister sur le fait que dans un arbre phylogénétique,
un axe vertical peut matérialiser le temps. Au bout des branches,
les espèces actuelles sont figurées. Les nœuds sont des ancêtres
Mobilisation des acquis communs hypothétiques.
 u en cycle 4 (SVT) dans la partie « Le vivant et son évolution » : les
V Il est également important d’insister sur la complémentarité des
caractères partagés par des espèces sont utilisés pour la classification méthodes utilisées pour établir les parentés entre Homo sapiens et
des êtres vivants. Les grands groupes d’êtres vivants ont été abordés, les autres espèces de primates. Au lycée, peu de caractères morpho-
dont Homo sapiens, avec l’idée de parenté et d’évolution. anatomiques sont identifiables en tant qu’innovations évolutives
pour préciser la parenté de Homo sapiens avec les autres espèces de
Les grandes idées à construire grands singes. On exploitera donc des données génétiques variées
L ’espèce humaine actuelle, Homo sapiens, fait partie du groupe des (comparaison de séquences nucléotidiques de différents gènes,
primates. comparaison du nombre de gènes communs) pour préciser les
 u sein des primates, Homo sapiens appartient plus particulièrement
A parentés.
au groupe des grands singes, avec lequel il partage des caractères
morpho-anatomiques et des similitudes génétiques.
 armi les grands singes, c’est avec le chimpanzé qu’Homo sapiens
P Ce que disent les documents
partage l’ancêtre commun le plus récent. 1 Ce document permet de faire connaissance avec les différents
représentants actuels des grands singes et de mettre déjà en valeur
Les compétences travaillées les similitudes morphologiques.
Extraire et organiser des informations. ? Des idées de questions :
Communiquer. – Peut-on imaginer une parenté entre tous ces grands singes ?
– Existe-il des grands singes fossiles ?
Utiliser un logiciel de traitement de données.

200
2 La matrice espèces/caractères met en relief les caractères CORRECTION DE L’UNITÉ
partagés par les différentes espèces de primates, qui ont toutes Parcours 1
des pouces opposables et des doigts terminés par des ongles.
1. Les données de la matrice indiquent la présence d’ongles au bout
On voit que certaines espèces de primates sont dépourvues
des doigts et des pouces opposables pour toutes les espèces sauf le
de queue. Ce sont les grands singes observés dans le premier
toupaïe. Cela justifie l’une des relations de parenté visible sur l’arbre :
document.
le chimpanzé, le gibbon, l’espèce humaine, l’orang-outan, le gorille,
? Idée de question : le bonobo, le macaque et le babouin ont en commun un ancêtre
– Quels sont les caractères partagés par tous les primates justifiant qu’ils ne partagent pas avec le toupaïe. Par ailleurs, les données
d’en faire un groupe à part entière ? de la matrice indiquent l’absence de queue chez le chimpanzé, le
gibbon, l’espèce humaine, l’orang-outan, le gorille et le bonobo. Ces
3 Ce document propose une construction d’arbre phylogénétique. six espèces ont donc en commun un ancêtre qu’ils ne partagent pas
Celui-ci a été construit en prenant en compte les caractères morpho- avec le macaque ni avec le babouin, qui, eux, possèdent une queue.
anatomiques partagés. Tous les primates ont en commun un ancêtre
qui leur est propre, qu’ils ne partagent pas avec le toupaïe. Toutes 2. Le singe-araignée possède exactement les mêmes innovations
les espèces de grands singes ont en commun un ancêtre qui leur est évolutives que le macaque et le babouin. Il faut donc ancrer la branche
propre, qu’ils ne partagent pas avec le macaque ni avec le babouin. « singe-araignée » au niveau du même ancêtre commun, qui est
aussi partagé avec les grands singes (branches bleues sur le schéma).
? Des idées de questions :
– Qui, du macaque ou du gorille, est plus étroitement apparenté à 3. Les caractères propres aux primates sont les pouces opposables et
Homo sapiens ? les doigts terminés par des ongles. Le caractère propre aux grands
– Quel(s) est(sont) d’après cet arbre phylogénétique, le(s) plus singes est l’absence de queue.
proche(s) parent(s) de l’espèce humaine actuelle ? 4. D’après le doc. 4, l’espèce humaine et le chimpanzé ont des génomes
très semblables. On observe seulement 1,23 % de différences
4 Cet extrait d’article fait le point sur les différences génétiques dans les séquences nucléotidiques et seuls 1 418 gènes sur les
que l’on peut observer entre l’humain et le chimpanzé. Il est en effet 22 000 gènes du génome humain sont propres à l’espèce humaine.
possible de comparer la totalité du génome de l’espèce humaine Cette grande proximité génétique indique que parmi les grands
avec celui du chimpanzé selon différents critères : le nombre de singes, le plus proche parent de l’espèce humaine est le chimpanzé.
gènes non partagés et le taux global de différences nucléotidiques.
Les résultats mettent en relief un faible taux de différences de Parcours 2
séquences et un faible taux de gènes non partagés, montrant de ce 1. La collection à utiliser est Archontes (Primates). Un tutoriel du
fait une grande proximité génétique entre les deux espèces. logiciel Phylogène [→ enseignement-scientifique.nathan.fr]
? Des idées de questions : explique comment construire et remplir une matrice espèces/
– Comment les chercheurs ont-ils calculé que « 6,4 % des gènes caractères puis comment, après validation de cette dernière,
humains sont spécifiques à l’Homme » ? construire pas à pas l’arbre. Le point de vigilance, pour chaque
– Quelle est la relation de parenté renforcée par cette comparaison caractère étudié, consiste à ne manipuler avec le logiciel que les
globale des deux génomes ? branches jaunes (correspondant à des innovations évolutives).
2. Repérer, aux intersections entre la ligne ou colonne « Homme » et
5 Ce tableau donne les pourcentages de ressemblances entre les celles des autres espèces, la plus forte valeur. Cela permet d’identifier
séquences nucléotidiques du même gène (NAD), chez les espèces l’espèce dont le gène NAD ressemble le plus au gène NAD de l’espèce
de grands singes, comparées deux à deux. On peut observer que humaine. Dans cet exemple, il s’agit du bonobo et du chimpanzé.
le gène NAD de l’espèce humaine ressemble davantage à celui du 3. Dans la question finale de chaque parcours, il est attendu que
chimpanzé et du bonobo qu’à celui des autres grands singes. Ces l’élève exprime dans un premier temps, que seules les données
données indiquent donc que l’espèce humaine est plus étroitement morpho-anatomiques permettent de rechercher les plus proches
apparentée au bonobo et au chimpanzé qu’aux autres grands singes. parents d’Homo sapiens parmi les primates dont il fait partie,
? Idée de question : puis parmi les grands singes dont il fait aussi partie. Puis, dans un
– Quel(s) est(sont) d’après cette comparaison de séquences, deuxième temps, que parmi les grands singes, il est possible, à l’aide
le(s) plus proche(s) parent(s) de l’espèce humaine actuelle ? des données génétiques, d’établir une parenté plus étroite entre
Homo sapiens, le chimpanzé et le bonobo.

Les pour préparer votre séance INDICATEURS DE RÉUSSITE NIVEAU

 réparer un QCM de remobilisation des acquis de cycle 4 en début de


P A B C D
séance. [→ Annexe 1, page 214] Les relations de parenté lisibles sur l’arbre sont
argumentées à partir des informations de la matrice.
LE SAVIEZ-VOUS ? L’(les) espèce(s) la(les) plus proche(s) d’Homo sapiens
L a place de l’espèce humaine dans la classification du vivant a est(sont) identifiée(s) avec les données génétiques.
longtemps fait l’objet de débats dans la communauté scientifique.
Voici deux liens vers des articles témoignant de ces débats La complémentarité des deux jeux de données est
et évoquant différentes classifications possibles ayant été utilisée pour justifier l’affirmation de Pascal Picq.
successivement discutées :
Article
en ligne

Véronique Barriel « Hominoïdes, Hominidés, Homininés


et les autres… », Planet-Vie, ENS, 2007
https://planet-vie.ens.fr/thematiques/evolution/hominoides-
hominides-hominines-et-les-autres
 éronique Barriel « Hominoïdes, Hominidés, Homininés…
V
Qui est qui ? », Museum Moodle, MNHN, 2018
http://edu.mnhn.fr/mod/page/view.php?id=366

THÈME 3 ● CHAPITRE 11 ● L’évolution humaine 201


CHAPITRE 11
Livre de l’élève

2
UNITÉ

Identifier des caractères propres au genre Homo en observant


Un portrait du genre Homo les fossiles de la lignée humaine

Si Homo sapiens est le seul représentant actuel du genre Homo, trou occipital
l’analyse comparée d’espèces de grands primates fossiles montre
que plusieurs espèces humaines ont cohabité sur Terre dans le passé.
Volume
MISSION Tâche
complexe endocrânien
compris
Étudiant en Licence 3, vous faites votre stage de fin d’année au Musée entre 350
de l’Homme. Votre employeur vous demande, en vue de faciliter la visite et 500 cm3
du musée par le public, de préparer une présentation (agrémentée de visuels)
dressant un portrait du genre Homo.

Comparer les squelettes d’Homo sapiens et du chimpanzé


Volume
endocrânien
compris
entre 800
et 1 200 cm3

2 Crânes d’Australopithecus africanus (haut) 3 Crânes d’Australopithecus africanus (haut)


Crâne d’Homo sapiens vu de profil Crâne de chimpanzé vu de profil et d’Homo erectus (bas) vus de profil et d’Homo erectus (bas) vus de dessous

ACTIVITÉ NUMÉRIQUE
Homininés Merge Cube
OBJECTIF Observer des crânes et des bassins en 3D
et les mesurer avec le logiciel Homininés.

PROTOCOLE
1. Dans la banque des grands primates fossiles, accéder aux pièces
du squelette (crânes et bassins) de différentes espèces d’Homininés.
2. À l’aide de la fiche technique, intégrée au logiciel, mesurer les distances
Crâne d’Homo sapiens vu de dessous Crâne de chimpanzé vu de dessous
Le volume endocrânien moyen est de 1 450 cm3 Le volume endocrânien moyen est de 450 cm3
Q’F et Q’V sur différents crânes de grands primates fossiles.
Squelette d’Homo sapiens Comparer le degré d’avancement du trou occipital des espèces choisies.
3. Mesurer la hauteur et la largeur d’un bassin d’Homo habilis
et d’un bassin d’une espèce du genre Australopithecus.
[➞ Méthode – Analyser un squelette, p. 268].

COUPS DE POUCE
La position du trou occipital renseigne sur le degré de bipédie :
les bipèdes affirmés ont un trou occipital plus avancé.
Le crâne vu de dessous permet d’apprécier la forme de la mâchoire. 4 Des crânes en réalité augmentée
Squelette de chimpanzé Bassin d’Homo sapiens Bassin de chimpanzé L’application mobile de réalité
Pour trouver les caractères propres aux humains, exploitez d’une part, augmentée, Merge Cube, permet
1 Observation du squelette entier ou partiel d’Homo sapiens et du chimpanzé (Pan troglodytes) la comparaison entre Homo sapiens et le chimpanzé et, d’autre part, de visualiser des crânes en 3D
[➞ Méthode – Analyser un squelette, p. 268] la comparaison des représentants fossiles du genre Homo. Il est conseillé de différentes espèces de grands
de construire un tableau de comparaison des caractéristiques primates.
des différentes espèces.

258 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 259

258
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s
problèmescientifiques Les compétences travaillées
Observer le réel.
Quels sont les caractères propres au genre Homo ?
Mettre en relation des informations pour répondre à un problème.
 uelles méthodes utilise-t-on pour dresser le portrait du
Q
Communiquer scientifiquement à l’oral.
genre Homo ?
Utiliser un logiciel de traitement de données.

Mobilisation des acquis Les représentations de l’élève


Vu en cycle 4 (SVT) : les grands groupes d’êtres vivants ont été L es élèves pourraient penser qu’il faut détenir un squelette entier, et
abordés, dont Homo sapiens, avec l’idée de parenté et d’évolution. en particulier les bassins et les membres inférieurs, pour expertiser
Selon les choix pédagogiques opérés par leur professeur du moment, le degré de bipédie d’un spécimen. Ils auront donc l’occasion de
les élèves auront pu, ou non, avoir eu l’occasion d’observer des découvrir dans cette unité, que certains caractères crâniens livrent
représentants de la lignée humaine, sans qu’aucune connaissance ne des indices sur le degré de bipédie. C’est le cas de la position du trou
soit exigible sur ce point. occipital.
L es élèves pourraient également avoir une vision linéaire de
Les grandes idées à construire l’évolution humaine et penser, par exemple, que les Australopithèques
 ien que proches parents, Homo sapiens et le chimpanzé montrent
B sont nos ancêtres directs. La mise en œuvre d’un raisonnement sur le
des différences anatomiques (crâne et squelette) pouvant contribuer partage d’un plus ou moins grand nombre d’innovations évolutives
à établir le portrait du genre Homo. permettra de rejeter cette représentation, bien que cela ne soit pas la
 la différence du chimpanzé, Homo sapiens a une capacité crânienne
À finalité de cette unité.
développée, une mandibule parabolique, une bipédie prolongée
marquée par un trou occipital avancé, un bassin large et de longues
jambes. Ce que disent les documents
L a comparaison des représentants fossiles du genre Homo est 1 Ce premier document permet d’observer de manière détaillée les
indispensable pour établir ce portrait. En particulier, les espèces du caractéristiques du squelette entier et partiel d’Homo sapiens et du
genre Homo montrent toutes une bipédie affirmée. chimpanzé (aussi appelé Pan troglodytes).
– La face d’Homo sapiens est verticale (plate) alors que celle du
chimpanzé est prognathe (projection des mâchoires vers l’avant).

202
 oici un exemple de tableau que les élèves pourraient construire et
V
– Le crâne vu de dessous montre la position du trou occipital, qui
compléter à l’aide des données et de l’outil de mesure offert par le
est avancé chez Homo sapiens (c’est un trait de bipède affirmé) et
logiciel Homininés :
reculé chez le chimpanzé.
– Le volume endocrânien d’Homo sapiens (1 450 cm3 en moyenne) Mesure Position du
est très supérieur à celui du chimpanzé (450 cm3 en moyenne). Distance Distance trou occipital
– La comparaison des squelettes entiers permet de distinguer des Q’F (cm) Q’V (cm) = rapport
Espèce Q’F/Q’V
membres supérieurs plus courts que les membres inférieurs chez
Homo sapiens (longues jambes) à l’inverse du chimpanzé. Chimpanzé (Pan troglodytes) 2,0 8,2 0,24
– La comparaison des bassins montre un bassin court et large chez Australopithecus africanus 3,3 9,5 0,34
Homo sapiens alors qu’il est long et étroit chez le chimpanzé. Cela Homo habilis (Turkana) 6,7 14,5 0,46
offre chez Homo sapiens une plus grande surface pour l’insertion Homo erectus (sinanthropus) 6,3 13,2 0,47
des muscles fessiers, et ce, en relation avec sa bipédie affirmée. Homo neanderthalensis
5,7 13,9 0,41
(Homme de Tautavel)
? Des idées de questions :
– Quelles sont les différences entre le crâne humain et celui du Homo sapiens (Cro-Magnon) 5,8 11,7 0,48
chimpanzé ? Quelles sont les différences entre leurs bassins ? Résultats de mesures effectuées sur des crânes de différents grands primates
– Quelles sont les différences entre les proportions relatives des Il peut être intéressant de répartir les élèves en deux équipes :
membres supérieurs et inférieurs chez les deux espèces ? – équipe 1 : observations et mesures sur des crânes ;
– équipe 2 : observations et mesures sur des bassins.
2   3 et Activité numérique Ces documents présentent
Enfin, ne pas oublier que les outils numériques proposés sont libres
des fossiles de la lignée humaine à travers des crânes
de droit : un travail de répétition ou de remobilisation des acquis
d’Australopithecus africanus et d’Homo erectus vus de profil
(doc. 2) et de dessous (doc. 3). La comparaison des restes à travers un nouvel exemple peut être réalisé à la maison.
squelettiques montre bien :
– au niveau du trou occipital, un trou plus avancé chez les espèces LE SAVIEZ-VOUS ?
du genre Homo (bipédie affirmée) que chez les espèces du genre On propose conventionnellement la mesure de 600 cm3 comme
Australopithecus (bipédie imparfaite) ; « Rubicon cérébral » certifiant l’appartenance au genre Homo.
– une capacité crânienne plus grande chez les espèces du genre Quelques espèces, pourtant rangées dans le genre Homo, font
Homo (volume endocrânien compris entre 800 et 1 200 cm3) que toutefois exception à cette règle. C’est le cas par exemple de
chez les espèces du genre Australopithecus (volume endocrânien l’Homme de Flores, découvert en 2004 sur l’île de Florès en
compris entre 350 et 500 cm3). Indonésie, dans la grotte de Liang Bua. Le volume crânien du
Le troisième point du protocole de l’activité numérique demande de fossile découvert est d’environ 400 cm3. Concrètement, il suffit
mesurer à l’aide du logiciel « Homininés » la hauteur et la largeur du qu’une espèce possède au moins un état dérivé de caractère
bassin d’Homo habilis et d’une espèce du genre Australopithecus. propre au genre Homo pour qu’elle puisse être rattachée
Ces mesures permettent l’analyse suivante : à ce genre.
– au niveau du bassin, un rapport largeur/longueur est plus grand
chez les espèces du genre Homo (bipédie affirmée) que chez les
espèces du genre Australopithecus (bipédie imparfaite).
CORRECTION DE L’UNITÉ
? Des idées de questions :
– Quelles différences peut-on observer entre le crâne des espèces L ’objectif de l’unité 2 est d’élaborer un portrait du genre Homo.
du genre Homo et celui des Australopithèques ? Les élèves pourraient donc, une fois terminée la comparaison entre
– Quel degré de bipédie peut-on supposer chez les espèces du genre Homo sapiens et le chimpanzé, construire un tableau de comparaison
Homo par rapport aux Australopithèques ? des caractéristiques des différentes espèces d’homininés fossiles.
Les ressources documentaires et numériques qui leur sont proposées
permettent d’établir le tableau [→ Annexe 2, page 214].
Les pour préparer votre séance Les parcours possibles
Utilisation du logiciel Homininés
PARCOURS 1 Initiation
 ans l’objectif de comparer deux crânes en parallèle, il est conseillé
D 1 Comparer les caractères crâniens de l’espèce humaine
d’ouvrir deux fois le logiciel. Il est également important que les élèves et du chimpanzé, puis leurs bassins et membres.
réalisent eux-mêmes leurs propres mesures afin de les faire travailler 2 Déduire de la comparaison précédente une liste d’innovations
sur la position du trou occipital.
évolutives propres au genre Homo.
L es crânes présentés dans la banque des grands primates fossiles 3 Observer les restes fossiles des représentants de la lignée humaine
sont bien entendu des crânes réels qui ont été numérisés. Le logiciel pour justifier le fait qu’ils aient été ou non placés dans le genre Homo.
propose une méthode de mesure de la position du trou occipital grâce
au rapport Q’F/Q’V. Il s’agit alors d’estimer la position relative du trou
PARCOURS 2 Confirmé
occipital (position F = foramen magnum, grand trou percé dans l’os 1 Construire à l’aide du doc. 1 un tableau comparatif espèce
occipital) par sa position par rapport au point V (extrémité des os du
humaine/chimpanzé qui servira de document de référence.
palais) et au point Q’ (projection verticale du point Q (occiput) sur un
2 Expertiser les restes fossiles des représentants de la lignée
plan contenant le trou occipital et représentant la base du crâne.
humaine afin d’établir le portrait du genre Homo.

INDICATEURS DE RÉUSSITE NIVEAU


A B C D
Les différences entre le squelette d’Homo sapiens
et celui du chimpanzé sont établies.

Les spécificités du genre Homo sont répertoriées.

Le positionnement ou non des représentants fossiles


de la lignée humaine dans le genre Homo est justifié.
Source : logiciel Homininés

THÈME 3 ● CHAPITRE 11 ● L’évolution humaine 203


CHAPITRE 11
Livre de l’élève

3 Les parentés entre Homo sapiens


UNITÉ

Il est établi qu’à diverses époques,


et des espèces éteintes de la lignée humaine les Néandertaliens et Homo sapiens
se sont métissés, principalement
au Proche-Orient. Les scientifiques
Depuis la découverte en 1974 de Lucy, un fossile de l’espèce Australopithecus afarensis estiment que tous les Eurasiens
sur le site de Hadar en Éthiopie, différentes explorations ont livré des restes fossiles utiles possèdent 1 à 3 % de gènes néan-
pour établir des liens de parenté avec Homo sapiens. dertaliens. Grâce à la bio-informa-
tique, on sait aussi qu’une partie du
OBJECTIF génome de l’Homme de Denisova
se retrouve chez certains Homo
Utiliser les informations livrées par les différents fossiles d’hominidés pour reconstituer Photographie des célèbres « Footprints of Laetoli » sapiens : moins de 1 % chez les
les relations de parenté entre Homo sapiens et d’autres espèces, aujourd’hui disparues. populations asiatiques et amérin-
46 cm
diennes, jusqu’à 5 % pour les Abori-
gènes d’Australie ou les Papous de
Nouvelle-Guinée.
L’évolution des hominidés 20° En 2018, l’analyse génétique de
l’ADN d’un minuscule fragment d’os
20° 30° daté de plus de 50 000 ans, trouvé
Toumaï Lucy Homo erectus Homo sapiens
Sahelanthropus Australopithecus Australopithecus – 1,8 Ma à – 300 000 ans – 195 000 dans une grotte en Sibérie, a prouvé
tchadensis
– 7 Ma
anamensis
– 4,2 à
afarensis
– 3,9 à – 3 Ma
Afrique, Asie, Europe Éthiopie,
Kibish
son appartenance à une jeune fille,
– 300 000
– 3,9 Ma
Homo habilis
– 2,4 à Maroc, – 154 000
Schéma interprétatif des empreintes dont la mère était Néandertalienne
Djebel,
– 1,5 Ma Éthiopie,
et le père Dénisovien.
Homo
Hominidé
de Denisova
Irhoud Herto Les spécialistes notent que le gros orteil s’écarte vers l’intérieur : il y a un
ergaster – 1 Ma à Crâne daté
espace entre le premier orteil et les quatre doigts latéraux. L’enfoncement
4 L’analyse de l’ADN de fossiles
– 1,9 à – 40 000 ans en juin 2017
– 1,3 Ma Asie dans le sol se fait par un appui plus marqué du bord externe du pied. Le
Homo
rudolfensis Homo
neanderthalensis profil du talon était pointu et non pas arrondi comme sur les empreintes pour reconstituer une histoire
– 2,4 à
– 1,8 Ma
– 300 000 à humaines. évolutive
– 30 000 ans
Europe, Asie
– 7 millions
occidentale
d’années – 6 Ma – 5 Ma – 4 Ma – 3 Ma – 2 Ma – 1 Ma Aujourd’hui
3 Les empreintes de pas de Laetoli en Tanzanie
Datées de – 3,5 millions d’années, elles sont attribuées à des Australopithèques.
1 Périodes de vie (en millions d’années, Ma) de différents représentants de la lignée humaine
Les flèches indiquent la succession des espèces, mais en aucun cas des relations de parenté.
Le crâne d’Homo sapiens et d’Homo
Chimpanzé Homo sapiens
Article Homo neanderthalensis est volumineux
en ligne neanderthalensis (au minimum 1 400 cm3). Les deux
Les Australopithèques utilisaient des espèces utilisent des pierres taillées
outils en os pour déterrer des tubercules Homo
Homo erectus sophistiquées et des outils destinés
et éventrer les termitières mais les outils habilis à la chasse. Elles sont connues pour
qui se sont le mieux conservés au cours Australopithecus pratiquer l’art et les sépultures.
de l’histoire humaine sont en pierre.
Les plus anciens (2,2 millions d’an- 6 Les innovations évolutives
nées) sont de simples galets taillés à une propres à Homo sapiens
extrémité ce qui la rend tranchante. On Galet aménagé et Homo neanderthalensis
Ancêtre commun
leur donne le nom de galets aménagés
ou choppers. Ils sont attribués à Homo 5 Un arbre phylogénétique possible ?
habilis.
Dans le million d’années qui va suivre Biface
nce
l’espèce humaine taille la pierre sur
PISTES D’EXPLOITATION
Réflexion sur la scie
toute sa surface pour fabriquer un outil 1 Identifier des innovations évolutives communes justifiant l’arbre
phylogénétique (doc. 5). Penser à intégrer des données de l’unité 2. Nature du savoir
caractéristique : le biface. Les éclats qui
scientifique
sautent lors de la taille du biface sont 2 Justifier que les pas de Laetoli (doc. 3) ne soient pas attribués Lorsque les paléoanthropologues
eux aussi utilisés pour fabriquer des à une espèce du genre Homo. menés par Yves Coppens ont
outils plus petits. découvert le squelette de Lucy,
3 Utiliser les apports de l’analyse de l’ADN des fossiles (doc. 4) pour
ils pensaient détenir notre ancêtre.
déterminer la parenté de Homo sapiens avec les autres espèces Or, on sait aujourd’hui que la lignée
du genre Homo. des Australopithèques est bien
4 Enrichir l’arbre phylogénétique (doc. 5) en proposant le placement distincte de celle des espèces
Éclats taillés en pointe de l’Homme de Denisova. du genre Homo.
D’après www.evolution-biologique.org. Qu’est-ce qui fait la pertinence
5 Résumer les arguments utilisés pour établir les relations de parenté du savoir scientifique
2 Des outils découverts avec les ossements des différents représentants de la lignée humaine entre Homo sapiens et les espèces d’hominidés fossiles. sur l’évolution humaine

260 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 261

260
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s
problèmescientifiques Les compétences travaillées
Extraire et organiser des informations.
C omment détermine-t-on les relations de parenté
entre Homo sapiens et les autres espèces du genre Homo, Communiquer.
aujourd’hui disparues ? Rédiger une argumentation scientifique.
 ui sont les plus proches parents d’Homo sapiens
Q Exploiter des documents.
dans le registre fossile ?
Les représentations de l’élève
Il s’agit de ne pas avoir ici une vision linéaire de l’évolution. Les
Mobilisation des acquis différentes espèces du genre Homo ne descendent pas directement
les unes des autres. Elles entretiennent des relations de parenté.
 u en cycle 4 (SVT) et dans l’unité 1 de ce chapitre : des espèces sont
V
L’évolution humaine est buissonnante.
d’autant plus apparentées qu’elles partagent un plus grand nombre
d’innovations évolutives.  uisque les espèces du genre Homo sont identifiées et nommées, les
P
élèves pourraient être tentés d’appliquer strictement la définition
Vu dans l’unité 2 de ce chapitre : des fossiles de différentes espèces de l’espèce. Le travail sur l’analyse de l’ADN des récents Homininés
appartenant au genre Homo ont été mis au jour. Ces espèces mettra fin à cette représentation en montrant que des espèces
montrent des traits communs qui permettent de définir le genre différentes ont pu s’hybrider.
Homo.

Les grandes idées à construire Ce que disent les documents


L e genre humain, représenté par plusieurs espèces dans le passé, est 1 La frise présente les périodes de vie de différents représentants de
aujourd’hui restreint à une seule espèce : Homo sapiens. la lignée humaine. On observe que le genre Homo, très diversifié dans
 es fossiles de la lignée humaine datés de – 3 à – 7 millions d’années
D le passé, est aujourd’hui réduit à une seule espèce : Homo sapiens. Un
chevauchement des périodes de vie des Homininés, permet d’envisager
montrent des innovations caractéristiques de la lignée humaine et
que des hybridations aient pu avoir lieu entre certaines espèces.
renseignent sur l’histoire de nos origines.
? Des idées de questions :
L ’analyse de l’ADN des homininés ayant vécu dans le dernier million
– Quelles espèces du genre Homo ont cohabité ?
d’années (Dénisoviens, Néandertaliens et Homo sapiens) indique une
– Quelles sont les espèces les plus récentes du genre Homo ?
certaine proximité génétique et suggère qu’ils aient pu s’hybrider.

204
2 Lors des fouilles réalisées par les paléoanthropologues, des CORRECTION DE L’UNITÉ
outils associés aux ossements sont mis au jour. Ces découvertes 1. On peut justifier les parentés en plaçant directement les innovations
renseignent sur les pratiques culturelles des Homininés. Si l’outillage évolutives « partagées » sur l’arbre :
était déjà réalisé chez les Australopithèques (outils en os), on note
Homme
chez les espèces du genre Homo, l’utilisation de la pierre pour la Chimpanzé
Homo
de Denisova Homo sapiens
neanderthalensis
confection d’outils plus ou moins perfectionnés.
? Idée de question : Volume crânien
élevé, outils
Homo
– Quelles différences observe-t-on entre les outils habilis
sophistiqués,
sépultures
des Australopithèques et ceux d’Homo habilis ? Australopithecus
Homo
erectus
3 Ce document présente les célèbres empreintes de pas de Laetoli, Bipédie parfaite
attribuées à des Australopithèques, datées de – 3,5 millions Trou occipital avancé (= bipédie affimée),
mâchoire parabolique
d’années et découvertes en Tanzanie. Le schéma détaille les traces Ancêtre commun Trou occipital un peu avancé, bassin élargi
de pas et permet d’observer un écartement du gros orteil vers
l’intérieur. On remarquera que chez Homo sapiens le gros orteil est 2. Les empreintes de Laetoli révèlent un gros orteil écarté des autres
parallèle aux autres doigts. La bipédie des Australopithèques était doigts, donc capable de préhension. Chez les espèces du genre
donc moins affirmée que celle d’Homo sapiens. Homo, le gros orteil est parallèle aux autres doigts, ce qui lui confère
? Idée de question : un rôle propulseur lors de la marche ou lors de la course à pied. Le
– Que peut-on supposer à propos du répertoire locomoteur « propriétaire » des pas de Laetoli n’avait donc pas une bipédie affirmée,
des Australopithèques ? ne permettant pas d’attribuer ces pas à une espèce du genre Homo.
3. D’après l’analyse de l’ADN des fossiles, on peut dire que les
4 L’essor de la bioinformatique permet de connaître des
Néandertaliens et Homo sapiens sont de proches parents puisqu’ils
représentants du genre Homo davantage par leur ADN que par leurs
ossements. C’est le cas de l’Homme de Denisova. Les scientifiques se sont hybridés. Par ailleurs, l’analyse de l’ADN d’une jeune fille
exploitent l’ADN des homininés fossiles et le comparent à celui trouvée en 2018 a montré que sa mère était Néandertalienne et son
d’Homo sapiens pour proposer des scénarios d’hybridation entre les père Dénisovien. Ces données révèlent donc une grande proximité
espèces récentes du genre Homo. génétique entre les Néandertaliens et les Dénisoviens.
? Idée de question : 4. D’après la réponse précédente, on peut proposer un placement de
– En quoi les résultats de l’analyse de l’ADN nuancent-ils l’Homme de Denisova de la manière suivante (réponse indiquée en
la définition de l’espèce ? rose sur le schéma de la réponse 1).
5. Les arguments utilisés sont les suivants :
5 Cet arbre propose des relations de parenté entre les représentants – Homo sapiens est plus proche des autres espèces du genre Homo
les plus connus des hominidés fossiles. Il s’agira, au cours de l’unité, que des Australopithèques car il partage avec eux les innovations
d’apporter des arguments en faveur de cette phylogénie. évolutives propres au genre Homo : bipédie prolongée, mâchoire
parabolique. Il est plus proche des Néandertaliens que des autres
6 Ce texte précise des caractéristiques utiles pour établir la plus espèces du genre Homo car il partage avec eux des innovations
étroite parenté entre Homo sapiens et Homo neanderthalensis,
évolutives particulières : volume cérébral important, outils sophistiqués ;
qu’il s’agisse de caractéristiques anatomiques (volume cérébral
– L’analyse de l’ADN des fossiles a montré une proximité génétique
supérieur à celui des autres espèces du genre Homo) ou
significative entre Homo sapiens, les Dénisoviens et Néandertaliens.
comportementales (chasse, outillage, sépultures, art).
? Idée de question : Les parcours possibles
– Dans le registre fossile, quel(s) est(sont) d’après cet arbre le(s)
plus proche(s) parent(s) d’Homo sapiens ? PARCOURS 1 Initiation
1 Exprimer les relations de parenté contenues dans l’arbre
phylogénétique (doc. 5).
2 Justifier deux relations de parenté, au choix, à l’aide de données
Les pour préparer votre séance morpho-anatomiques.
Article 3 Justifier (doc. 4) l’étroite parenté entre les Dénisoviens,
en ligne les Néandertaliens et Homo sapiens.
Nathalie Mayer, « Denisova : une phalange le rapproche de l’Homme
moderne et sème le trouble », Futura Planète, 2019 PARCOURS 2 Confirmé
https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/paleontologie- 1 Rechercher dans les documents appropriés l’(les) espèce(s) avec
denisova-phalange-rapproche-homme-moderne-seme-trouble-50382/ laquelle(lesquelles) Homo sapiens partage le plus d’innovations
évolutives.
Vidéo 2 Rechercher dans les documents appropriés l’(les) espèce(s)
avec laquelle(lesquelles) Homo sapiens a une proximité génétique.
  Les Dénisoviens, groupe frère des Néandertaliens », conférence par
«
3 Justifier l’arbre phylogénétique (doc. 5).
le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin, 2018
https://www.youtube.com/watch?v=GOnyegD7dvw
« L’émergence de notre espèce, la rencontre avec Neandertal »,
conférence par Évelyne Heyner, professeur en anthropologie génétique INDICATEURS DE RÉUSSITE NIVEAU

https://www.canal-u.tv/video/mnhn/l_emergence_de_notre_espece_ A B C D
la_rencontre_avec_neandertal.17634 La parenté entre Homo sapiens et les autres espèces
du genre Homo est attestée.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le(s) plus proche(s) parent(s) d’Homo sapiens
 ne étude publiée en 2013 dans la revue Current Biology relate
U est(sont) identifié(s) et justifié(s).
la présence, dans le génome d’Homo sapiens, de virus qui étaient
également présents dans l’ADN de l’Homme de Neandertal et de Les données sur l’ADN sont prises en compte dans
Denisova. Il s’agit de rétrovirus endogènes qui se transmettent de l’argumentation des relations de parenté entre Homo
génération en génération. sapiens et les autres espèces.

THÈME 3 ● CHAPITRE 11 ● L’évolution humaine 205


CHAPITRE 11
Livre de l’élève

4
UNITÉ

Atelier 2 Vocalisations versus langage articulé


Des caractères transmis de manière non génétique Article
en ligne
Le livre L’enfant sauvage, de Tom Aujourd’hui, les tentatives d’appren-
L’espèce humaine possède un certain nombre de caractéristiques qui lui sont propres. Coraghessan Boyle, est inspiré d’un
tissage d’un langage articulé par des
Mais toutes ne résultent pas d’une transmission génétique. fait réel. Il retrace l’histoire de Victor
de l’Aveyron, un enfant trouvé par singes se sont soldées par des échecs,
CLASSE des paysans dans une forêt. Victor est dans la mesure où l’appareil phona-
MISSION Tâche
complexe INVERSÉE toire du chimpanzé rend difficile la
sourd et muet. Le docteur Itard, qui le
Identifiez les caractéristiques transmises de manière non génétique. prend en charge, estime que le retard production de sonorités ouvertes,
Avant la classe : étudiez les informations scientifiques sur les différentes voies mental apparent de Victor résulte comme les voyelles. Lorsque dans les
de transmission d’un caractère. d’une absence prolongée de contact années 1950, Cathy et Keith Hayes
Pendant la classe : participez par équipe à différents ateliers avec les humains. Il entreprend de le élèvent un chimpanzé dénommé
afin de discuter de la modalité de transmission du caractère étudié. réinsérer dans la communauté des Vicki, ils obtiennent, après des années
hommes et lui enseigne, avec beau-
d’apprentissage, l’articulation pénible
coup de patience, et peu de succès, le
langage. Dans le livre, comme dans la
de quatre vocalisations ressemblant
Avant la classe Découvrir les différentes voies de transmission d’un caractère réalité, il est fait preuve de l’influence aux mots anglais papa, mama, cup
Article de l’apprentissage dans la communi- (« bol ») et up (« en haut »).
en ligne cation orale.
Les scientifiques connaissent différentes possibilités de D’après Jacques Vauclair,
En Afrique, certains comportements observés au sein de « Les chimpanzés et le langage »,
transmission d’un caractère :
différents groupes de chimpanzés sont propres à ces groupes. Hommage décalé du film L’Enfant sauvage Pour la science, n° 34, 2002,
– une transmission de manière génétique : par exemple, Les chimpanzés d’Afrique de l’Ouest utilisent des pierres et de François Truffaut, par Marcel Gotlib dans la bande dessinée Rubrique-à-Brac, www.pourlascience.fr.
un gène nommé ASPM est connu pour être impliqué des branches pour casser les noix. Et ceci est essentiel pour et mettant en scène les difficultés de la communication entre Victor,
dans la multiplication des cellules du cortex cérébral. La l’enfant sauvage, et le docteur Itard qui tente de l’éduquer au langage. 5 Les chimpanzés et le langage
eux. Cette technique n’est par contre utilisée ni par les chim-
durée d’expression de ce gène pendant la vie embryon-
naire est plus longue chez Homo sapiens que chez le panzés d’Afrique de l’Est, ni – ce qui est plus intéressant 4 L’histoire de « L’enfant sauvage »
chimpanzé, ce qui peut expliquer le volume cérébral plus encore – par ceux d’Afrique de l’Ouest qui vivent sur la rive
important chez l’humain. Un autre exemple est le gène Est d’une grande rivière. […] Les observations montrent que
FOXP2 qui joue un rôle déterminant dans l’élocution. la transmission du savoir d’un individu à l’autre se fait aisé-
La séquence de ce gène est très différente chez Homo ment chez les chimpanzés. En captivité lorsqu’une nouvelle
Atelier 3 Notre microbiote
sapiens et chez le chimpanzé ; connaissance est acquise, elle se transmet rapidement aux
BACTEROIDETES PROTEOBACTÉRIES FIRMICUTES ACTINOBACTÉRIES
– une transmission de manière non génétique : certains autres membres du groupe.
Bactéroides E. coli Clostridium Streptocoques Bifidobactéries
caractères sont appris au contact des congénères Protovella Lactobacilles Entérocoques AUTRES
(l’apprentissage d’une langue étrangère ou d’une tech- D’après Futura sciences, « Une utilisation encore plus sophistiquée
nique, etc.), certains peuvent résulter d’une imitation ou des outils par les chimpanzés », 2006, www.futura-sciences.com.
correspondre à une transmission
culturelle comme par exemple
2 Observation des comportements
la taille des outils en pierre par chez les chimpanzés
nos ancêtres Homo. Des études ont montré que la
porphyranase, une enzyme qui
1 Les transmissions d’un caractère Fœtus Nouveau-né Jeune enfant dégrade les glucides présents dans
Stérile Naissance par voie basse : • Diversification alimentaire la paroi de l’algue marine Porphyra
Pas de microbiote contact avec le microbiote maternel • Contacts avec les autres individus
(vaginal/intestinal) • Environnements variés
utilisée pour la confection des
• Maladies, traitements… sushis, est possédée par les bacté-
Atelier 1 Des habitudes alimentaires CROISSANCE DE LA DIVERSITÉ BACTÉRIENNE ries du microbiote intestinal des
Japonais alors qu’elle est absente
de celui des Nord-Américains.

6 Acquisition et modulation du microbiote au cours de la vie 7 Les Japonais digèrent-ils


La composition du microbiote est corrélée à certaines caractéristiques de l’individu. mieux les sushis ?
Par exemple, le ratio Firmicutes/Bacteroidetes est plus élevé chez les personnes
obèses que chez les individus qui ne sont pas en surpoids.

COUPS DE POUCE
Comparer les différentes habitudes alimentaires et argumenter
en faveur d’un déterminisme non génétique de l’alimentation.
Montrer dans quelle mesure l’apprentissage contribue au langage
Petit déjeuner à la japonaise Petit déjeuner à l’anglaise Petit déjeuner à la française
articulé.
3 Les cultures alimentaires de l’espèce humaine Trouver des arguments prouvant que la présence de notre microbiote
Au-delà des célèbres hamburgers, hot dog, chips et sodas, l’alimentation américaine est influencée par les immigrants et la particularité de sa composition ne sont pas des traits génétiques.
qui apportent des cultures alimentaires très variées.
262 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 263

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s
problèmescientifiques Les représentations de l’élève
 our les élèves, un caractère correspond souvent à une caractéristique
P
 uels sont les caractères humains qui ne résultent pas
Q physique, directement observable. La notion de caractère est ici
d’un héritage génétique ? prise au sens large du terme puisqu’on y inclut des propriétés
Comment reconnaît-on qu’un comportement est appris ? physiologiques (composition du microbiote) et des comportements
(langage, habitudes alimentaires, fabrication d’outils).

Mobilisation des acquis


 u en cycle 4 et seconde (SVT) : le microbiote humain. Les élèves
V Ce que disent les documents
savent que le microbiote intestinal est absent avant la naissance
et acquis au moment de l’accouchement et/ou de l’allaitement. 1 Ce premier document établit la distinction entre la transmission
La notion de caractère transmis autrement que par un héritage d’un caractère par voie génétique et celle qui emprunte une autre voie.
génétique est donc déjà suggérée, même si ce n’était pas un objectif Les exemples sont intentionnellement pris chez des grands singes
notionnel en seconde. dont Homo sapiens, pour faciliter le travail ultérieur lors des ateliers.
? Des idées de questions :
Les grandes idées à construire – Quels caractères sont transmis par voie génétique chez Homo
 armi les caractères que possède Homo sapiens, certains lui ont
P sapiens ? Citer deux exemples.
été transmis de manière génétique. D’autres sont des caractères – Quels caractères ne sont pas transmis par voie génétique chez
transmis d’une autre façon. Homo sapiens ? Citer deux exemples.
L es habitudes alimentaires, l’utilisation d’outils, l’apprentissage
d’une langue étrangère et le fait de savoir parler sont des caractères 2 Ce deuxième document sert à renforcer l’idée de comportement
appris chez Homo sapiens. appris au contact de congénères. Selon qu’ils vivent à l’ouest ou à
l’est de l’Afrique, les chimpanzés utilisent des techniques différentes
 otre microbiote est un autre exemple de caractère qui ne provient
N
d’outillage. Dans les deux cas, la technique utilisée se transmet
pas d’une transmission génétique.
rapidement aux autres membres du groupe.
Les compétences travaillées ? Idée de question :

Extraire et organiser des informations. – Selon quelle modalité le comportement consistant à utiliser des
pierres comme percuteurs pour casser des noix a-t-il été transmis ?
Communiquer.

206
Document
3 Ces trois photos présentent trois habitudes alimentaires de en ligne
l’espèce humaine dans des pays différents comme le Japon,
l’Angleterre ou la France. Elles peuvent d’ailleurs être influencées Affiche sur l’évolution du microbiote intestinal au cours de la vie
par les migrations : c’est le cas de l’Amérique. https://www.gutmicrobiotaforhealth.com/wp-content/uploads/2015/
11/%C3%89volution-du-microbiote-intestinal_FR.jpg
? Idée de question :
– Comparer les cultures alimentaires au Japon, en France et en
Angleterre. Comment les variations des cultures alimentaires au Vidéo
sein d’un même pays peuvent-elles être décrites ?
Zoom sur les nouvelles habitudes alimentaires dans le monde
4 « L’Enfant sauvage » de Tom Coraghessan Boyle, est un https://www.francetvinfo.fr/culture/cuisine-et-gastronomie/
ouvrage emblématique traitant de l’importance du contact video-zoom-sur-les-nouvelles-habitudes-alimentaires-dans-le-
avec les congénères pour l’apprentissage du langage articulé. monde_730725.html
L’apprentissage de Victor, après sa découverte dans une forêt, a été
Comment mange la planète ?, par le photographe Peter Menzel
rendu difficile par son isolement et son absence de contact avec les
https://www.youtube.com/watch?v=XmAkCt70TDk
humains pendant de nombreuses années.
? Des idées de questions :
– Est-il possible, chez les humains, d’apprendre seul à parler ? CORRECTION DES ATELIERS
– En quoi l’histoire de Victor montre-t-elle l’importance
de l’apprentissage ? ATELIER 1
Le contenu de l’assiette est significativement différent d’un pays
5 À de rares vocalisations près, il est impossible, même après des à un autre. En Amérique, l’alimentation est influencée par les cultures
années d’apprentissage, d’apprendre à des chimpanzés le langage alimentaires des immigrants. Cette perméabilité des pratiques
articulé. alimentaires sous l’influence des uns et des autres plaide en faveur
? Idée de question : d’un déterminisme non génétique de l’alimentation.
– Les chimpanzés peuvent-il parler ?
ATELIER 2
6 et 7 Absent chez le fœtus, le microbiote est acquis par contact D’après les documents à lire avant la classe, il existe un gène FOXP2
maternel (accouchement, allaitement) à la naissance ou peu jouant un rôle déterminant dans l’élocution. On pourrait donc penser
après. Sa composition évolue au cours de la vie. Chez certaines qu’il existe un déterminisme génétique strict du langage articulé et que
populations, par exemple les japonais, une composition particulière ce gène FOXP2, dont la séquence est très différente chez Homo sapiens
du microbiote favorise la digestion de certains aliments comme les et chez le chimpanzé, explique l’impossibilité pour les chimpanzés
sushis. d’apprendre à parler (doc. 5). Mais l’histoire de Victor, l’enfant sauvage
? Des idées de questions : (doc. 4) montre l’influence et l’importance de l’apprentissage. Isolé des
– Le microbiote est-il le même tout au long de la vie ? Est-il le même années dans une forêt sans aucun contact avec les humains, Victor est
d’un pays à l’autre ? récupéré sourd et muet. Par la suite, grâce aux leçons données par le
– Pourquoi les japonais digèrent-ils mieux les sushis que les nord- professeur Itard, il montre quelques capacités de communication orale.
américains ? On est bien en présence d’un exemple montrant que l’apprentissage,
associé au rôle joué par le gène FOXP2, contribue à la possibilité de
langage articulé.

Les pour préparer votre séance ATELIER 3


L’absence de microbiote chez le fœtus indique déjà que la présence
C ette unité étant présentée sous forme de classe inversée, il est
et la composition du microbiote ne peuvent pas être des traits
possible de proposer un QCM de vérification de la compréhension
génétiquement déterminés. Les documents indiquent ensuite que la
de ce qui était à lire avant la classe. En voici un exemple :
composition du microbiote évolue au gré de différentes influences
1. Les caractères possédés par une espèce : dont celles liées à l’environnement, y compris l’alimentation. On a donc
a. lui ont tous été transmis par voie génétique. au moins deux arguments plaidant en faveur d’un déterminisme non
b. lui ont tous été transmis par voie non génétique. génétique du microbiote.
c.  résultent pour certains d’un apprentissage.
d. résultent tous d’une transmission culturelle.
2. Le volume cérébral important d’Homo sapiens : INDICATEURS DE RÉUSSITE NIVEAU
a. est un exemple de caractère acquis au contact des congénères. A B C D
b. est un exemple de caractère commandé par un gène.
c.  correspond à une imitation. Un argumentaire est proposé pour prouver
d. correspond à une transmission culturelle. que les habitudes alimentaires ne résultent pas
d’une transmission par voie génétique.
3. La technique utilisée par les chimpanzés pour casser des noix :
a. est la même partout en Afrique. La contribution conjointe des gènes et de
b. se transmet par un apprentissage. l’apprentissage dans la pratique du langage articulé
c.  se transmet génétiquement. est démontrée.
d. ne se transmet pas.
Au moins deux arguments prouvent la transmission
4. Le gène FOXP2 impliqué dans l’élocution : et l’évolution du microbiote par voie non génétique.
a. est identique chez Homo sapiens et chez le chimpanzé.
b. prouve une possible transmission génétique d’un caractère.
c.  est inexistant chez Homo sapiens.
d. est le seul gène déterminant un caractère humain.

THÈME 3 ● CHAPITRE 11 ● L’évolution humaine 207


CHAPITRE 11
Livre de l’élève

IRE
H I S TO
X
Histoire de l’évolution humaine Le lac Turkana, au Kenya,
U
E N J E
TS
et découverte de fossiles regorge de fossiles de la
lignée humaine, apparue il y
DÉBA
par les paléontologues a 7 millions d’années. Mais
la récente découverte d’un
crâne de singe de 13 millions
d’années y est exceptionnelle !
La lignée humaine est formée d’un ensemble d’espèces qui s’est individualisé Il a été classé dans le genre
de la lignée des chimpanzés à partir du dernier ancêtre commun de Homo sapiens Nyanzapithécus, « le groupe
avec son plus proche parent, le chimpanzé. le plus proche de celui qui a donné naissance aux gibbons et
aux grands singes, donc à l’humain », précise Isaiah Nengo,
Comment la mise au jour de fossiles d’hominidés alimente-t-elle auteur de l’analyse publiée par Nature. La divergence aurait
les discussions sur l’histoire de l’évolution humaine ? eu lieu il y a 30 millions d’années dans l’Est africain.
www.science-et-vie.com, 2017.
doc
Vidéo
c Un canular scientifique : l’homme de Piltdown doc
Ce faux crâne fossile, découvert en 1912, a été présenté
d À la recherche de l’ancêtre commun
par des chercheurs comme une espèce humaine inconnue. à l’humain et aux grands singes
Il s’agissait d’une supercherie : la mandibule et une canine Ce crâne pas plus gros qu’un citron a 13 millions d’années.
ont été artificiellement fixées sur le crâne avec du mastic.

Vidéo

En 1974, le paléontologue et
paléoanthropologue français
Yves Coppens part fouiller
dans l’Afar (en Éthiopie) dans
le cadre d’une expédition 2 cm
internationale. L’équipe met
au jour 52 fragments d’osse-
ments appartenant au même
doc hominidé. En 1999, la paléontologue Brigitte Senut découvre Orrorin
a Des découvertes qui posent question tugenensis, âgé de 6 millions d’années, dans la forma-
Le crâne de Toumaï (Sahelanthropus tchadensis) daté de – 7 millions d’années, a été découvert au nord Il s’agit d’un Australopithecus
tion de Lukeino au Kenya. La morphologie de son fémur
du Tchad en juillet 2001 par l’anthropologue Michel Brunet. Sa capacité crânienne est de l’ordre de 360 afarensis, âgé de 3,2 millions
à 370 cm3. (photo ci-dessus), plus proche de celle de l’humain que
d’années. C’est parce que
du chimpanzé, prouve une marche debout.
les chercheurs chargés de
En 2012, des os fossilisés datés de – 90 000 ans sont découverts. Ils appar- marquer ses os écoutaient la doc
tiennent à une jeune fille baptisée « Denisova 11 », morte à 13 ans. Son ADN chanson des Beatles « Lucy f Le fémur d’Orrorin
a parlé : la jeune fille avait une mère Néandertalienne et un père Dénisovien. in the Sky with Diamonds »,
Néandertal Denisova qu’ils décident de surnommer
Néandertal Denisova l’hominidé Lucy.
38,6 % 42,3 %
38,6 % 42,3 %

RESSOURCES
• Dossier sur « La lignée humaine »,
doc
www.u-picardie.fr. e Lucy, un célèbre
1,2 % de son ADN
• Dossier sur l’« Évolution biologique correspond
1,2 % de
Australopithèque
et culturelle de la lignée humaine », à celui deson ADN Reconstitution du squelette
correspond
Homo sapiens,
www.edu.mnhn.fr. à celui de ainsi de Lucy à partir des 52 ossements
témoignant
• « Qui était vraiment Homo sapiens, découverts en Éthiopie en 1974.
d’une hybridation.
Lucy l’australopithèque ?, témoignant ainsi
www.sciencesetavenir.fr.
d’une hybridation.
En équipes oral
• Vidéo France Culture « Origine Denisova 11
des hommes : l’enjeu des récentes Équipe 1 Équipe 2 En commun
Phalange trouvée en 2010 dans Provenance du génome11
Denisova
découvertes », avec Jean-Jacques Discuter, à la manière des Mettre en relief des précautions, Préparer un exposé oral
la grotte de Denisova en Sibérie de Denisova 11
Hublin, #CulturePrime. doc scientifiques, de la parenté éventuelle des controverses et des débats autour de présentation de la démarche
b Des parentés révélées par l’analyse de l’ADN entre Toumaï, Orrorin et des espèces de la découverte de nouveaux fossiles. scientifique permettant de construire
Le groupe des Dénisoviens a été défini d’après l’ADN de la phalange du genre Homo. une histoire de l’évolution humaine.
plutôt que par des caractères morphologiques.
264 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 265

264
09172927_254-273_C11.indd 264 11/03/2020 20:01 09172927_254-273_C11.indd 265 11/03/2020 20:01

s
problèmescientifiques Les compétences travaillées
Exploiter des documents.
 uels débats animent la communauté scientifique à propos
Q
de l’évolution humaine ? Rédiger une argumentation scientifique.
Extraire et organiser des informations.
C omment une même découverte peut-elle susciter
des interprétations différentes ? Communiquer à l’oral.

Les représentations de l’élève


Mobilisation des acquis C ertains élèves pourraient penser que la science est figée et qu’une
 nité 2 de ce chapitre : le genre humain (= genre Homo), représenté
U nouvelle découverte ne remet pas en cause les interprétations des
par plusieurs espèces ayant cohabité dans le passé, est aujourd’hui découvertes précédentes. Les découvertes des paléoanthropologues,
restreint à une seule espèce : Homo sapiens. Le genre Homo contient riches en rebondissements et relatées dans les documents, sont
toutes les espèces ayant une capacité crânienne développée, une donc l’occasion de montrer comment se construit et évolue un savoir
mandibule parabolique, une bipédie prolongée marquée par un scientifique.
trou occipital avancé, un bassin large et de longues jambes. Des
espèces de la lignée humaine rangées en dehors du genre Homo ont
également existé (par exemple les Australopithèques). Ce que disent les documents
 nité 3 de ce chapitre : des fossiles de la lignée humaine datés de
U a Le crâne de Toumaï, découvert en 2001 au Tchad, possède
– 3 à – 7 millions d’années montrent des innovations caractéristiques des caractéristiques qui l’éloignent du genre Homo : sa face est
de la lignée humaine et renseignent sur l’histoire de nos origines. prognathe, son volume cérébral est peu important (370 cm3).
L’analyse de l’ADN des Homininés ayant vécu dans le dernier million Il faudrait connaître la position de son trou occipital pour pouvoir
d’années (Dénisoviens, Néandertaliens et Homo sapiens) indique une discuter de son degré de bipédie.
certaine proximité génétique et suggère qu’ils aient pu s’hybrider.
? Des idées de questions :
Les grandes idées à construire – En quoi Toumaï est-il différent des espèces déjà connues
de la lignée humaine au moment de sa découverte ?
L ’occasion est ici donnée de débattre autour des idées de l’évolution
– Pourquoi peut-on affirmer que Toumaï n’appartient pas au genre
humaine et d’envisager quelques éléments historiques en rapport
Homo ?
avec cette thématique.

208
b L’analyse de l’ADN de fossiles a permis aux scientifiques  rrorin tugenensis a été défini à partir de treize restes fossiles
O
de définir le groupe des Dénisoviens, pour lequel les restes fossiles correspondant à au moins cinq individus distincts et incluant
ne permettent pas de retracer de morphologie précise. Cette analyse un humérus, trois fémurs, une phalange, deux mandibules et
de l’ADN a également permis de renseigner la part d’ADN dénisovien six dents. D’après la taille des os disponibles et surtout des fémurs,
et néandertalien que l’on retrouve dans le génome d’Homo sapiens. on estime qu’Orrorin pouvait mesurer 1,40 m pour un poids
? Des idées de questions :
de 50 kg.
• Ses découvreurs estiment que c’est « le plus vieux, mais également
– En quoi le groupe des Dénisoviens est-il original ?
le seul ancêtre viable du genre Homo, les Australopithèques
– Quels intérêts peuvent trouver les paléoanthropologues à analyser
n’étant alors plus qu’une branche latérale et éteinte ».
de l’ADN des spécimens fossiles ? À partir de l’exemple des
• Ces conclusions ne sont pas consensuelles dans la communauté
Dénisoviens, proposer deux intérêts possibles.
scientifique, compte tenu du petit nombre d’os trouvés et de leur
c L’Homme de Piltdown est un bel exemple de canular scientifique. caractère fragmentaire.
En réassociant différents ossements, les « faussaires » ont fabriqué
le crâne de ce qu’ils ont fait passer pour un nouveau représentant
du genre Homo. CORRECTION DE L’UNITÉ
? Des idées de questions :
ÉQUIPE 1
– Quel peut être l’intérêt d’être le découvreur d’un nouveau
Pour mener la discussion, les ossements disponibles (crâne de Toumaï
représentant du genre Homo ?
et fémur d’Orrorin) doivent être examinés pour rechercher d’éventuelles
– Quelles sont les caractéristiques du crâne factice qui permettaient
ressemblances avec des espèces du genre Homo.
de l’apparenter à une espèce du genre Homo ?
La seule ressemblance trouvée est le fait que la morphologie du
d Si la recherche de l’ancêtre de la lignée humaine est souvent mise fémur d’Orrorin est plus proche de celle de l’humain que du chimpanzé
en avant, on entend moins souvent parler de l’ancêtre commun à et prouve une marche debout.
l’humain et aux autres grands singes. C’est chose faite avec le crâne Comme on ne voit pas dans le crâne de Toumaï de preuve formelle
de Nyanzapithécus, considéré très proche de la lignée qui a autrefois de bipédie, on peut simplement supposer qu’Orrorin est plus proche
donné naissance aux gibbons et aux autres grands singes dont des espèces du genre Homo que ne l’est Toumaï.
Homo sapiens.
? Idée de question : ÉQUIPE 2
– Qu’apporte la découverte de crânes de singes très anciens Les précautions sont illustrées par :
à la connaissance de l’histoire évolutive humaine ? – le doc. c (Homme de Piltdown) : avant d’analyser un crâne avec des
arrière-pensées évolutives, les scientifiques doivent s’assurer qu’il
e Ce document relate le contexte de la découverte des s’agit d’un crâne réel et non d’une supercherie ;
52 ossements de Lucy, la plus célèbre des Australopithèques. – le doc. f (Orrorin) : il arrive que le nombre de restes fossiles des
? Des idées de questions : spécimens d’une espèce soit insuffisant pour rattacher avec certitude
– Pourquoi Lucy est-elle si célèbre ? cette espèce à un endroit précis de l’histoire évolutive humaine.
– Pourquoi peut-on affirmer, en examinant son squelette, que Lucy Les controverses et débats sont illustrés par le doc. a (Toumaï) :
possédait de la bipédie dans son répertoire locomoteur ? le crâne trouvé n’a, selon certains chercheurs, rien de très humain :
sa face est prognathe, son volume cérébral est inférieur à celui d’un
f Le fémur d’Orrorin fait partie des célébrités de la
Australopithèque et on ne détecte pas de signe de bipédie. Pour
paléoanthropologie humaine. Son propriétaire est âgé de 6 millions
d’autres, dont ses découvreurs, il s’agit du plus ancien représentant
d’années. La forme du fémur, selon les spécialistes, témoigne d’une
du genre Homo.
certaine bipédie.
? Idée de question :
EN COMMUN
– Peut-on considérer Orrorin comme un ancêtre potentiel du genre
Il s’agit ici de montrer que la paléoanthropologie construit un récit
Homo ?
scientifique de nos origines à partir des archives fossiles. Pour cela les
scientifiques s’appuient sur :
– des restes fossiles (ossements et outils) de représentants de la
lignée humaine. À partir de leur comparaison (crânes et bassins), les
Les pour préparer votre séance scientifiques décrivent des espèces aujourd’hui disparues et dressent
 réparer un QCM de remobilisation des acquis de cycle 4 en début de
P le portrait du genre Homo et d’autres espèces d’hominidés ;
séance. [→ Annexe 3, page 214] – l’analyse de l’ADN, qui permet de préciser les parentés entre les
espèces.
LE SAVIEZ-VOUS ? Bien entendu, comme lors de la construction de tout savoir
scientifique, les savoirs se perfectionnent par la confrontation à des
Toumaï versus Orrorin faits nouvellement connus, en l’occurrence la découverte de nouveaux
 oumaï mesurait environ un mètre et pesait près de 35 kg.
T fossiles de la lignée humaine.
• Pour les chercheurs, les forts bourrelets sus-orbitaires de son
crâne indiquent qu’il s’agissait d’un mâle.
• Toumaï signifie « espoir de vie » : certains paléoanthropologues
considèrent Toumaï comme l’une des premières espèces de la
INDICATEURS DE RÉUSSITE NIVEAU

lignée humaine, probablement très proche de la divergence entre A B C D


les chimpanzés et le genre Homo. La place de Toumaï et d’Orrorin dans la lignée humaine
• D’autres anthropologues contestent la bipédie de Toumaï : est précisée et argumentée.
la morphologie de son crâne ne permettrait pas à l’individu de
garder la tête droite. À ce titre, il ne serait pas un représentant Tous les débats, controverses et précautions
de la lignée humaine. sont repérés dans les documents.

La réponse à l’exposé oral montre la pratique


d’une démarche scientifique.

THÈME 3 ● CHAPITRE 11 ● L’évolution humaine 209


CHAPITRE 11
Livre de l’élève

SYNTHÈSE L’évolution humaine SYNTHÈSE


MÉMO Podcast Texte dys
SCHÉMA
Bilan animé

Les plus proches parents d’Homo sapiens  UNITÉ 1

Pour identifier les espèces avec lesquelles l’espèce humaine actuelle est la
L’évolution humaine
A-Z
plus étroitement apparentée, les scientifiques s’appuient sur deux sortes MOTS CLÉS
de méthodes : Innovation évolutive :
Arbre phylogénétique Arbre phylogénétique de quelques
– la comparaison de caractères morpho-anatomiques, permettant de repérer nouveauté correspondant
des innovations évolutives communes témoignant d’une parenté ; à l’apparition, la disparition des primates actuels représentants fossiles de la lignée humaine
ou la transformation d’un
– la comparaison des génomes, qu’il s’agisse du nombre de gènes en commun
caractère. Des espèces
ou du degré de similitudes entre les séquences nucléotidiques des gènes. qui partagent la même

s
En s’appuyant sur ces méthodes, on détermine que l’espèce humaine actuelle

u
innovation évolutive ont en

is
ec

ns

s
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ith

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(Homo sapiens) est apparentée au groupe des primates auquel elle appartient. commun un ancêtre qui avait

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déjà cette innovation. n

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ta

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Parmi les primates, l’humain est plus particulièrement apparenté au groupe ue

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Ho

Ho

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Au
Ch
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Gib Go

H
To Ba an Hu im
des grands singes dont il fait partie. Primates : groupe d’espèces M
Or Ch

Enfin, à l’intérieur du groupe des grands singes, notre espèce partage avec possédant des pouces
opposables aux autres doigts
le chimpanzé un ancêtre commun plus récent que celui qu’elle partage avec
de la main, donc capables
les autres espèces.
de préhension, ainsi que
SAVOIR-FAIRE des doigts terminés par des
• Analyser des matrices de comparaison de caractères morpho-anatomiques ongles au lieu de griffes.
résultant d’innovations évolutives afin d’établir des liens de parenté et Grands singes : groupe Ancêtre commun
de construire un arbre phylogénétique. emboîté dans le groupe des humain/chimpanzé
• Mettre en relation la ressemblance génétique entre les espèces de primates primates et dont les espèces
et leur degré de parenté. ne possèdent pas de queue.
Hominidés : famille qui Ancêtre commun
englobe toutes les formes humain/chimpanzé
Un portrait du genre Homo  UNITÉS 2 et 3 humaines présentes et Innovation(s)
évolutive(s)
Innovation(s)
évolutive(s)
passées ainsi que les grands
Les travaux des paléontologues ont mis au jour des ossements de différentes Ancêtre commun Ancêtre commun
singes actuels et leurs
espèces d’hominidés fossiles qui ne sont identiques ni à l’espèce humaine ancêtres. Construction basée sur l’étude des caractères Construction basée sur l’étude de caractères
actuelle, ni aux autres grands singes. Des fossiles d’hominidés datés de – 3 à
Lignée humaine : ensemble morpho-anatomiques et génétiques des formes fossiles et l’ADN de fossiles
– 7 millions d’années montrent des innovations caractéristiques de la lignée
humaine et renseignent sur l’histoire de nos origines. d’espèces qui s’est
individualisé de la lignée
Les espèces du genre Homo se distinguent par une capacité crânienne déve- des chimpanzés à partir du
loppée, une mandibule parabolique, une bipédie prolongée marquée par un dernier ancêtre commun de
trou occipital avancé, un bassin large et de longues jambes. Homo sapiens avec son plus Une histoire possible de la lignée humaine
Le genre humain, représenté par plusieurs espèces ayant cohabité dans le proche parent, le chimpanzé.
passé, est aujourd’hui restreint à une seule espèce : Homo sapiens. Capacité crânienne : mesure

és
du volume de l’intérieur

id

us
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SAVOIR-FAIRE

sis
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de la boîte crânienne, qui

en
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ns
ric
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• Positionner quelques espèces fossiles dans un arbre phylogénétique, à partir

e) o

le
renseigne donc sur le volume

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Seul représentant

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de l’étude de caractères. actuel du genre Homo

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Succession

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Mandibule : mâchoire

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Période de cohabitation

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temporelle

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inférieure. Échanges génétiques

Au

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Go

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Des caractères transmis de manière non génétique  UNITÉ

H
O
4 0
Trou occipital : orifice
Parmi les caractères qui permettent de définir le portrait de l’espèce humaine, situé à la base du crâne et – 1 Ma Outils
certains sont transmis de manière non génétique. Parmi ceux-ci on peut citer : Pléistocène bifaces
permettant l’articulation de
– 2 Ma
– les comportements appris, comme l’utilisation d’outils, l’apprentissage du ce dernier avec la colonne Transmission culturelle
langage articulé (même si ce dernier nécessite des particularités anato- vertébrale. – 3 Ma
miques obtenues par voie génétique) puis celui d’une langue étrangère ;
– 4 Ma
– les habitudes alimentaires ; Pliocène
– 5 Ma
– notre microbiote, acquis par contact maternel puis modulé par l’alimentation.
– 6 Ma
SAVOIR-FAIRE
• Analyser des arguments scientifiques qui ont permis de préciser la parenté Miocène – 7 Ma
de Homo sapiens avec les autres Homo, et notamment la parenté éventuelle
– 10 Ma
avec les Néandertaliens ou les Dénisoviens.

266 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 267

266
09172927_254-273_C11.indd 266 11/03/2020 20:01 09172927_254-273.indd 267 07/06/2020 20:54

SYNTHÈSE Quelle lecture du schéma proposer à l’élève ?


Il serait souhaitable de proposer à l’élève une clé de lecture des arbres
L’essentiel phylogénétiques sous l’angle des relations de parenté, tout en leur
 e nos jours, Homo sapiens est le seul représentant du genre Homo.
D faisant profiter, grâce aux crânes vus de profil, d’un récapitulatif
Dans la nature actuelle, son plus proche parent est le chimpanzé. Le des caractères crâniens propres au genre Homo (face faiblement
genre Homo a été autrefois diversifié et plusieurs espèces de ce genre prognathe, volume cérébral important).
ont pu cohabiter dans le passé. Les caractères des fossiles retrouvés L e schéma « Une histoire possible de la lignée humaine » a plutôt
et l’étude de leur ADN permettent de proposer une histoire évolutive. vocation à montrer le chevauchement des périodes de vie des
 ur le schéma bilan, les deux arbres phylogénétiques du haut de
S différents hominidés et donc l’idée d’évolution buissonnante, et non
page, replacent d’une part, la parenté entre Homo sapiens et les linéaire.
primates actuels (plus étroite parenté avec le chimpanzé) et, d’autre
part, la parenté entre Homo sapiens et des espèces de grands singes CORRIGÉS DES EXERCICES
fossiles (plus étroite parenté avec Homo neanderthalensis et Homo
denisovensis). 2 APPLICATION
L e schéma du bas de page sur l’histoire possible de la lignée humaine  our préciser la place d’Homo sapiens parmi les espèces actuelles
P
ajoute des espèces emblématiques (Orrorin, Toumaï) et fournit un de primates, il faut trouver avec quelle(s) espèce(s) il est le plus
cadre temporel à la divergence entre des espèces à partir de leurs étroitement apparenté. Pour cela, des données morpho-anatomiques
ancêtres communs. sont utilisées, qui indiquent que parmi les primates, Homo sapiens
appartient au groupe des grands singes, caractérisé par l’absence de
L es dates de divergence ne sont pas établies avec certitude. En
queue. Des données génétiques (nombre de gènes en commun et/ou
outre, certaines espèces du genre Homo (Homo floresiensis, Homo
du degré de similitudes entre les séquences nucléotidiques des gènes)
naledi) ne figurent pas sur les schémas. À l’exception de l’idée de
sont elles aussi utilisées, et montrent qu’à l’intérieur du groupe des
transmission de comportements (confection d’outils), les caractères
grands singes, notre espèce partage avec le chimpanzé un ancêtre
humains non transmis génétiquement (microbiote, apprentissage
commun plus récent que celui qu’elle partage avec les autres espèces.
d’une langue étrangère, apprentissage du langage articulé) ne sont
pas mentionnés.  our déterminer le degré de parenté d’Homo sapiens avec les
P
espèces d’hominidés ayant autrefois existé, il faut se pencher sur
les représentants fossiles du genre Homo. Toutes les espèces de
ce genre partagent avec Homo sapiens les innovations évolutives
suivantes : une capacité crânienne développée, une mandibule

210
Livre de l’élève

MÉTHODE Analyser un squelette Vérifier ses connaissances EXERCICES

1 Exercice résolu QUIZ Parmi les affirmations suivantes, QUESTIONS FLASH


choisissez la réponse exacte. oral
8 Expliquer oralement, en deux minutes maximum,
Énoncé 3 La parenté étroite entre l’espèce humaine pourquoi l’affirmation « l’Homme descend du singe »
En prenant appui sur les squelettes d’un individu actuelle et les chimpanzés est attestée par : n’est pas correcte.
de l’espèce humaine actuelle et du chimpanzé, mener a des données morpho-anatomiques uniquement.
les observations utiles pour décrire les caractères
b des données génétiques uniquement. 9 Indiquer les caractéristiques communes
crâniens des spécimens étudiés et relier les particularités
de leur squelette à une bipédie plus ou moins prononcée. c des données morpho-anatomiques aux espèces du genre Homo.
et des données génétiques.
d des données numériques.
EXERCICES D’APPLICATION
4 Le genre Homo comporte :
10 Des restes osseux de deux spécimens de grands
a uniquement des espèces actuelles. primates fossiles, attribués par les spécialistes
b uniquement des espèces fossiles. à deux espèces connues A et B, ont été mis au jour.
Méthode Application À l’aide de vos connaissances, montrer que seul
c une seule espèce actuelle et un certain nombre
un des deux spécimens découverts appartient
ÉTAPE 1  Observation du crâne d’espèces fossiles.
à une espèce du genre Homo et que l’autre n’est
d des milliers d’espèces. pas un fossile de chimpanzé.
• Observer le crâne de profil afin de déterminer si la • Chez Homo sapiens, la face est verticale.
face est verticale (c’est-à-dire plate) ou prognathe Les mâchoires sont peu volumineuses et de forme Espèce A
(les mâchoires sont projetées vers l’avant). parabolique. Le trou occipital est en position avancée : 5 Le genre Homo se distingue par :
le crâne est « sur » la colonne vertébrale. a une capacité crânienne importante
• Observer la forme dessinée par la mandibule C’est la signature d’une bipédie affirmée. et une bipédie affirmée.
(partie osseuse sur laquelle s’implantent les dents) :
forme de U ou forme parabolique. • Chez le chimpanzé, la face est prognathe. b une capacité crânienne peu importante
Les mâchoires sont volumineuses et en forme et une bipédie affirmée.
• Estimer la position du trou occipital, qui réalise Volume cérébral :
de U. Le trou occipital est en position reculée : c une capacité crânienne importante 450 cm3 environ
l’articulation du crâne avec la colonne vertébrale : le crâne est « en avant de » la colonne vertébrale.
avancée ou reculée. et une bipédie imparfaite.
Cela ne favorise pas la bipédie. Espèce B
d une capacité crânienne faible et une bipédie
ÉTAPE 2  Observation du squelette entier Observation du squelette entier inexistante.
et du bassin • Chez Homo sapiens, le membre supérieur est plus court
que le membre inférieur (rapport MS/MI = 0,9). Ceci est
• Squelette entier : apprécier la proportion relative en relation avec la bipédie affirmée (longues jambes). 6 L’espèce humaine actuelle, Homo sapiens, est
• Chez le chimpanzé, le membre antérieur est plus long un primate car elle a une innovation évolutive
du membre inférieur (ou postérieur) par rapport
au membre supérieur (ou antérieur). que le membre postérieur (rapport MA/MP = 1,5). propre à ce groupe qui est : Volume cérébral :
850 à 1 110 cm3
C’est plutôt un indicateur de quadrupédie. a l’absence de queue.
• Bassin : observer la forme des deux os iliaques
(c’est-à-dire les os du bassin) dans les deux Observation du bassin b un trou occipital avancé.
large
dimensions (larges ou étroits, courts ou longs). • Chez Homo sapiens, c des pouces opposables. 11 À l’aide de vos connaissances et du document
Il s’agit d’un indicateur de la surface disponible les deux os iliaques ci-dessous, présenter des innovations évolutives
d un important volume crânien.
pour l‘insertion des muscles fessiers qui assurent sont courts et larges. Corrigés p. 341 propres au genre Homo.
la station debout. Ceci est en lien avec
court

– 7 Ma – 5 Ma – 4 Ma – 3 Ma – 2 Ma – 1 Ma 0
sa bipédie prolongée :
H. neanderthalensis
une grande surface
osseuse est présente
7 CONSTRUIRE UNE CARTE MENTALE H. rudolfensis

H. heidelbergensis
pour l’insertion sur le thème « le genre Homo ». H. ergaster

des muscles fessiers. A. bahrelghazali


H. sapiens

• Chez le chimpanzé, les os iliaques sont longs et étroits. L’étiquette centrale s’intitulera H. erectus

Homo sapiens Orrorin tugenensis H. habilis


H. floresiensis
A. anamensis

Associer l’étiquette centrale, par le moyen graphique P. robustus

de votre choix, à des étiquettes de votre initiative. A. africanus

2 APPLICATION Certaines peuvent être, par exemple :


Sahelanthropus tchadensis

Kenyanthropus A. garhi

Hominidés fossiles
platyops
L’espèce humaine actuelle fait partie du groupe des QUESTION  Présenter, en l’argumentant, la place Hominidés actuels P. boisei
primates. Les espèces actuelles et fossiles de primates ral
sont toutes apparentées, mais elles le sont plus ou
de Homo sapiens parmi les espèces actuelles
ai n e Développement céréb A. afarensis

de primates, puis son degré de parenté avec hum


Lignée
P. aethiopicus
moins étroitement. des espèces d’hominidés ayant autrefois existé. Bipédie prolongée
Ardipithecus ramidus

268 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 269

269
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parabolique, une bipédie prolongée marquée par un trou occipital 8 Dans la classification évolutive des êtres vivants, les espèces sont
avancé, un bassin large et de longues jambes. Parmi les espèces regroupées sur la base de caractères partagés. Homo sapiens fait
fossiles, les Néandertaliens montrent des innovations évolutives ainsi partie des grands singes, un groupe se distinguant des autres
qu’ils partagent avec Homo sapiens mais qui ne sont pas possédées primates par l’absence de queue. L’homme ne descend donc pas du
par les autres espèces du genre Homo. Il s’agit du volume cérébral singe : il est plus rigoureux de dire qu’il est étroitement apparenté
très important, des outils sophistiqués et de la pratique de rites aux autres grands singes, car on ne peut pas descendre de soi-même !
funéraires. Homo sapiens est donc plus étroitement apparenté à
Homo néanderthalensis qu’aux autres espèces. 9 Les espèces du genre Homo, qui regroupent Homo sapiens et un
certain nombre d’espèces fossiles, se distinguent par une capacité
crânienne développée, une mandibule parabolique, une bipédie
RÉPONSES DU QUIZ prolongée marquée par un trou occipital avancé, un bassin large et
3 c  4 c  5 a  6 c de longues jambes.

7 CONSTRUIRE UNE CARTE MENTALE 10 • On applique les critères d’appartenance au genre Homo pour
identifier celui des deux spécimens faisant partie de ce genre.
On observe alors que le spécimen B a une capacité crânienne
Hominidés Bipédie
fossiles prolongée relativement élevée et une face plus plate que l’espèce A. On peut
donc affirmer que l’espèce B est un Homo et que l’espèce A n’en est
pas un.
Lignée humaine Homo sapiens Genre Homo • Il reste à montrer que le spécimen A n’est pas un fossile de
chimpanzé. Cela est bien visible si l’on observe son bassin, qui
n’est pas long et étroit comme celui des chimpanzés. On peut donc
Hominidés Développement supposer que le spécimen B est un Australopithèque.
actuels cérébral
11 Le visuel proposé fait ressortir des innovations évolutives propres
au genre Homo, qui sont identifiables en comparant les crânes.
On remarque que les espèces du genre Homo (repérables par le
« H » dans leur nom) se distinguent par des propriétés crâniennes
particulières : leur face est plus verticale que celle des autres espèces
et leur volume endocrânien est plus important.

THÈME 3 ● CHAPITRE 11 ● L’évolution humaine 211


CHAPITRE 11
Livre de l’élève

EXERCICES S’entraîner S’entraîner EXERCICES

12 Marcher sur les phalanges DIFFÉRENCIATION 14 Pour ou contre l’appartenance de Homo naledi au genre Homo

OBJECTIF Analyser des matrices de comparaison de caractères morpho-anatomiques OBJECTIF Positionner une espèce fossile dans un arbre phylogénétique,
afin d’établir des liens de parenté et construire un arbre phylogénétique. à partir de l'étude de ses caractères ou de ses productions.
Le knuckle-walking, ou marche sur les phalanges, désigne QUESTIONS En 2015, le paléoanthropologue et archéologue américain QUESTIONS  
une forme très particulière de marche quadrupède dans 1. En supposant que le knuckle-walking résulte, comme Lee Berger et son équipe révèlent la découverte, dans 1. Étudier chaque document afin d’établir le portrait
laquelle l’individu utilise un appui sur les articulations l’opposabilité du pouce et la disparition de la queue, une chambre d’une grotte près de Johannesburg, de Homo naledi.
des doigts fléchis de ses membres antérieurs. d’une innovation évolutive, construire un arbre de 15 000 ossements fossilisés correspondant à une
2. Argumenter en faveur de l’une ou l’autre des deux
phylogénétique des grands singes. quinzaine de grands primates. Cette découverte divise la
hypothèses.
2. Justifier le fait que la relation de parenté obtenue communauté scientifique. Certains pensent qu’il s’agit
puisse intriguer la communauté scientifique. de représentants d’une espèce inconnue du genre Homo,
aussitôt baptisée Homo naledi. Pour d’autres, ce sont des
[Aides, p. 339] Chimpanzé Homo sapiens
fossiles d’Australopithèques.

Knuckle-walking Pouce Queue Homo heidelbergensis

Homo erectus
Bonobo Oui Opposable Absente
Homo habilis
Chimpanzé Oui Opposable Absente
Homo naledi Australopithecus afarensis Homo naledi

Gibbon Non Opposable Absente Australopithecus africanus

Gorille Oui Opposable Absente Australopithecus afarensis

Homme Non Opposable Absente 400 600 800 1 000 1 200 1 400 1 600
Volume endocrânien (en ml)
Orang-outan Non Opposable Absente
a. Squelette d’une espèce pratiquant a. Volume endocrânien de quelques espèces b. Arcade dentaire de la mandibule inférieure
le knuckle-walking b. Matrice de caractères morpho-anatomiques de quatre espèces
pour différentes espèces de grands primates

13 La bipédie plus ou moins prononcée QUESTIONS 15 Un petit homme mystérieux dans la grotte de Liang Bua DIFFÉRENCIATION

des grands singes 1. Présenter dans un tableau la diversité des modes


de locomotion des grands singes. OBJECTIF Positionner une espèce fossile dans un arbre QUESTIONS
OBJECTIF Extraire des informations 2. Rechercher dans le texte un (des) argument(s) en phylogénétique, à partir de l’étude de ses caractères
1. Justifier le fait que les chercheurs aient décidé
à propos du degré de bipédie. faveur d’une plus étroite parenté entre Homo sapiens ou de ses productions.
de placer l’Homme de Florès dans le genre Homo.
et le bonobo qu’entre Homo sapiens et les autres
Dans la grotte de Liang Bua (île de Florès en Indonésie), 2. Soutenir le point de vue de ceux qui proposent
grands singes.
une équipe australo-indonésienne a découvert en 2004 de créer une nouvelle espèce baptisée Homo
un fossile très complet de grand primate fossile (spécimen floresiensis plutôt que de rattacher l’Homme
Les orangs-outans, aux mœurs peu terrestres, sont très rare- coup plus bipèdes que tous les autres nommé LB1). Le volume crânien du fossile LB1 est de Florès à une espèce déjà connue.
d’environ 400 cm3 et sa taille dépasse à peine un mètre.
ment bipèdes. Les gorilles, aux mœurs très terrestres, sont peu grands singes connus et, en raison [Aides, p. 339]
Si l’identité et l’origine de l’Homme de Florès font
bipèdes, sauf quand ils menacent en frappant la poitrine de de leur morphologie longiligne qui actuellement l’objet de controverses dans la communauté
leurs poings. Les chimpanzés sont plus éclectiques. Ils sont rappelle celle de l’Homme, suscitent scientifique, chacun s’accorde à penser qu’il s’agit bel et
bipèdes en se déplaçant les pieds sur des grosses branches et des ressemblances étonnantes. Quant bien d’un représentant du genre Homo.
en se tenant à l’aide d’un bras saisissant une branche plus à l’Homme, il se distingue comme un
élevée. Ils marchent debout lorsqu’ils transportent des bâtons bipède exclusif qui conserve de belles
ou certaines nourritures. La bipédie fait partie de leur réper- aptitudes pour la suspension.
toire locomoteur, même si elle intervient dans à peine 5 % de
D’après un entretien de Pascal Picq,
leurs déplacements. Connus et observés que depuis peu de
Collège de France « La bipédie humaine.
temps, les bonobos ne cessent de nous surprendre. Plus arbo- Origine et évolution », 2001,
ricoles que les autres chimpanzés, ils ont une morphologie www. ens-lyon.fr.
plus longiligne. Au sol, ils utilisent aussi le « marcher sur les
phalanges » et très volontiers la bipédie. Ils se révèlent beau- a. Crâne de Homo floresiensis vu de profil, b. Outils retrouvés sur le site avec les ossements
de face et de dessous (schémas) Schémas de lames, grattoirs et poinçons (face et profil).
doc. Les répertoires locomoteurs des grands singes
270 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 271

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knuckle-walking. Autrement dit, la parenté est plus étroite entre les


CORRIGÉS DES EXERCICES
chimpanzés et le gorille qu’entre les chimpanzés et Homo sapiens.
12 Marcher sur les phalanges La relation de parenté obtenue intrigue la communauté scientifique
1. Afin de construire un arbre phylogénétique des grands singes, on puisqu’on détermine habituellement que les plus proches parents
applique la méthode d’établissement de relations de parenté à d’Homo sapiens sont les chimpanzés.
partir de caractères morpho-anatomiques. Si deux (ou plusieurs)
espèces ont une innovation évolutive en commun, on l’interprète 13 La bipédie plus ou moins prononcée des grands singes
par l’existence d’un ancêtre commun qui leur est propre, qu’elles 1. Le tableau présentant la diversité des modes de locomotion
ne partagent pas avec les autres espèces. Selon ce principe, l’arbre des grands singes pourrait être le suivant :
phylogénétique suivant est obtenu :
Espèce Mode de locomotion
e
n ain Mœurs peu terrestres.
zé ta m Orang-outan
o n ou hu Très rarement bipèdes.
b pa le ng
- ce on
no him ril ra sp
è
ibb Mœurs très terrestres.
Bo C Go O E G Gorille
Peu bipèdes sauf pour menacer.
Bipédie représentant 5 % du répertoire
Chimpanzé locomoteur : déplacement sur des branches,
transport de bâtons ou de nourriture.
Volontiers arboricoles.
Knuckle walking Bonobo Utilisent au sol le « marcher sur les phalanges ».
Très volontiers bipèdes.
Bipèdes exclusifs (avec aptitudes pour la
Pouce opposable Homo sapiens
suspension).
Queue absente
2. On sait que le partage d’innovations évolutives témoigne d’une
 rbre phylogénétique des six espèces de grands primates, établi à l’aide
A parenté. Comme les bonobos et Homo sapiens ont une bipédie plus
de comparaisons morpho-anatomiques
prononcée que celle des autres grands singes, on peut en déduire
2. Cet arbre indique que le bonobo, le chimpanzé et le gorille ont qu’Homo sapiens est plus étroitement apparenté aux bonobos
un ancêtre commun qui leur est propre et qui pratiquait déjà le qu‘aux autres grands singes.

212
Livre de l’élève

BAC EXERCICES EXERCICES BAC


16 Ranger les chimpanzés dans le genre Homo ? Squelette du pied du chimpanzé

OBJECTIFS Squelette du pied d’Homo habilis


• Mettre en relation la ressemblance génétique entre les espèces de primates   QUESTION  
et leur degré de parenté. À l’aide des informations extraites
• Positionner quelques espèces fossiles dans un arbre phylogénétique, des quatre documents proposés,
à partir de l'étude de leurs caractères ou de leurs productions. discuter de la proposition énoncée
L’espèce humaine actuelle (Homo sapiens) et le chimpanzé (Pan troglodytes) par M. Goodman et son équipe.
sont traditionnellement considérés comme des espèces faisant partie de deux
genres différents. Mais en 2003, le chercheur britannique M. Goodman et
son équipe publient les résultats de travaux consacrés à la comparaison de hallux hallux
différentes espèces chimiques présentes chez l’humain et chez le chimpanzé.
En conclusion de leurs travaux, ils font une proposition jugée iconoclaste
dans la communauté scientifique. Ils proposent en effet de réunir l’espèce
humaine et le chimpanzé dans un seul genre : Homo.

Homme Chimpanzé Gorille Macaque


Fossile OH 8 d’Olduvaï
Homme 0 65 68 117 (Homo habilis)
découvert en Tanzanie

Chimpanzé 0 64 121

Gorille 0 116

Macaque 0

a. Nombre de différences dans les séquences de nucléotides


du gène COI pour quelques primates c. Organisation comparée du pied chez Homo habilis et chez un chimpanzé
L’os nommé hallux désigne le gros orteil.

Séquences NAD_Chimpanzé NAD_Bonobo NAD_Homme NAD_Gorille NAD_Orang-outan


Fossile ER 1813, Crâne de chimpanzé
NAD_Chimpanzé 100,00 % 100,00 % 89,03 % 87,76 % 76,37 % crâne d’Homo habilis
découvert au Kenya

NAD_Bonobo 100,00 % 89,03 % 87,76 % 76,37 %

NAD_Homme 100,00 % 86,50 % 75,53 %

NAD_Gorille 100,00 % 74,68 %

NAD_Orang-outan 100,00 %

b. Pourcentage de ressemblances dans les séquences de nucléotides du gène NAD pour quelques primates

GUIDE D’EXPLOITATION
A-Z
VOCABULAIRE d. Position comparée du trou occipital chez Homo habilis et chez un chimpanzé
1. Exploiter chaque donnée génétique (doc. a et b) pour établir si la donnée Le gène COI permet la fabrication
étudiée plaide ou non en faveur de la proposition de M. Goodman. d’une enzyme, la cytochrome oxydase.
2. Procéder de même avec chaque donnée anatomique (doc. c et d). Le gène NAD permet la fabrication
d’une espèce chimique qui intervient
3. Rassembler d’une part, les arguments qui cautionnent la proposition dans les transports d’électrons lors
de M. Goodman et, d’autre part, ceux qui invalident cette proposition. du métabolisme.

272 CHAPITRE 11   L’évolution humaine 273

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14 Pour ou contre l’appartenance de Homo naledi au genre Homo 16 Ranger les chimpanzés dans le genre Homo ?
1. D’après le doc. a qui porte sur les volumes endocrâniens, Homo naledi Il est demandé de discuter de la pertinence de la proposition de
a un volume cérébral modeste (moins de 600 cm3), inférieur à celui M. Goodman, qui souhaite réunir l’espèce humaine et le chimpanzé
des autres espèces du genre Homo. D’après le doc. b qui porte sur la dans un même genre : le genre Homo. Il s’agit donc d’étudier dans
structure de la mandibule de quatre espèces, Homo naledi possède, quelle mesure les données génétiques et les données anatomiques vont
comme Homo sapiens, une mandibule parabolique alors que celle du dans le sens de cette proposition.
chimpanzé et d’Australopithecus afarensis sont en forme de U.  ans un premier temps, les données génétiques sont exploitées.
D
2. L’hypothèse de l’appartenance d’Homo naledi au genre Homo – Le doc. a donne les résultats de la comparaison des séquences de
est confirmée par le fait qu’il possède une innovation évolutive nucléotides du gène COI qui permet la fabrication d’une enzyme,
propre au genre Homo : sa mandibule parabolique. L’hypothèse la cytochrome oxydase. On observe que le plus petit nombre de
de l’appartenance d’Homo naledi aux Australopithèques est différences se situe entre le gène COI du gorille et celui du chimpanzé :
certainement liée à son petit volume cérébral. Néanmoins, il faut 64 nucléotides différents, contre 65 dans le cas de la comparaison
bien garder en tête qu’on ne devrait utiliser que des innovations Homme/Chimpanzé. Ce résultat montre une plus étroite parenté
évolutives pour apparenter des espèces. Or un faible volume entre le chimpanzé et le gorille qu’entre le chimpanzé et l’espèce
endocrânien n’est pas une innovation évolutive ! humaine. Il n’y a donc pas de raison de regrouper l’espèce humaine
et le chimpanzé dans le genre Homo (à moins d’y mettre aussi le
15 Un petit homme mystérieux dans la grotte de Liang Bua
gorille !).
1. Pour être placé dans le genre Homo, l’Homme de Florès doit posséder – Le doc. b donne les pourcentages de ressemblances dans les
au moins une innovation évolutive propre à ce genre. On note que séquences de nucléotides du gène NAD pour quelques primates.
l’Homme de Florès possède un trou occipital relativement avancé, sa On observe que les séquences de nucléotides du gène NAD du
mandibule est parabolique et ses restes osseux sont associés à des chimpanzé, du bonobo et de l’Homme sont parfaitement identiques,
outils assez perfectionnés. C’est donc bien un membre du genre Homo. tandis qu’elles montrent des différences avec celles du gorille
2. Les spécimens découverts dans la grotte de Liang Bua sur l’île et de l’orang-outan. On sait que des espèces sont d’autant plus
de Florès sont de petite taille (à peine un mètre) et leur volume apparentées que les séquences de leurs molécules homologues sont
crânien est petit : environ 400 cm3. Par ces deux caractères, ils se semblables. Ces résultats indiquent donc une plus étroite parenté
démarquent des autres représentants du genre Homo. Pour cette entre les chimpanzés et l’Homme qu’entre les chimpanzés et les
raison, certains proposent de créer une nouvelle espèce baptisée autres primates, ce qui justifierait de ranger le chimpanzé et l’Homme
Homo floresiensis plutôt que de rattacher l’Homme de Florès à une dans un même genre, et d’exclure de ce genre les autres primates
espèce déjà connue. comme le macaque ou le gorille.

THÈME 3 ● CHAPITRE 11 ● L’évolution humaine 213


CHAPITRE 11
 ans un deuxième temps, on se penche sur les données anatomiques
D  n sait que l’établissement de relations de parenté repose sur le
O
chez le chimpanzé et chez des grands primates fossiles du genre partage d’innovations évolutives : les espèces qui partagent un même
Homo. Les photographies de squelettes du doc. c permettent de caractère dérivé ont un ancêtre commun qui leur est propre et qui
comparer le pied d’Homo habilis et celui du chimpanzé. On observe possédait déjà ce caractère. Comme le chimpanzé ne partage pas
chez Homo habilis un gros orteil (hallux) court et parallèle aux avec les espèces du genre Homo les innovations évolutives associées
autres orteils. Il s’agit d’une innovation évolutive (gros orteil à une bipédie affirmée, on en déduit que les espèces du genre Homo
propulseur favorisant la bipédie et même la course à pied) propre sont plus étroitement apparentées entre elles qu’elles ne le sont avec
au genre Homo. En revanche, le pied du chimpanzé montre un gros le chimpanzé. Par conséquent, selon ces données, le chimpanzé n’a
orteil opposable aux autres doigts, donc à fonction préhensile, pas sa place dans le genre Homo.
ne favorisant pas la bipédie. Avec le doc. d, la position du trou  ne seule des deux données moléculaires plaide en faveur du
U
occipital (orifice qui réalise l’articulation du crâne avec la colonne positionnement du chimpanzé avec l’Homme dans le genre Homo.
vertébrale) peut être observée chez Homo habilis (fossile ER 1813) En revanche, l’autre donnée moléculaire ainsi que la comparaison
et chez le chimpanzé. Il apparaît que le trou occipital est en position des squelettes s’accordent plutôt avec un positionnement du
avancée chez Homo habilis alors qu’il est en position reculée chez le chimpanzé en dehors du genre Homo. Finalement, les molécules du
chimpanzé. On vient donc d’identifier une autre innovation évolutive chimpanzé ressemblent plus ou moins à celles de l’espèce humaine et
propre au genre Homo et non partagée avec le chimpanzé, en relation le squelette du chimpanzé n’a pas les innovations évolutives propres
avec une bipédie affirmée. au genre Homo. Avec toutes ces données, on ne peut pas retenir avec
certitude la proposition de M. Goodman. C’est un débat de plus dans
la communauté scientifique !

ANNEXE 1   Unité 1 [→ page 201] ANNEXE 3   Unité « Histoire, Enjeux, Débats » [→ page 209]


QCM de remobilisation des acquis de cycle 4. QCM de remobilisation des acquis de cycle 4.
1. Sur un arbre de parenté, il est possible de voir : 1. Le genre Homo :
a. les innovations évolutives. a. de tout temps, n’a été représenté que par Homo sapiens.
b. les noms des grands groupes de la classification. b. comporte plusieurs espèces dont certaines se sont hybridées.
c.  les fonctions des organes. c.  a disparu il y a 300 000 ans.
d. les espèces qui vont disparaître. d. est apparu il y a 300 000 ans.
2. Pour lire les relations de parenté exprimées dans un arbre 2. Les espèces du genre Homo :
de parenté, on doit : a. n’ont aucun lien de parenté entre elles.
a. lire les noms des espèces au bout de toutes les branches de l’arbre. b. sont apparentées puisqu’elles ont en commun des innovations
b. r epérer un nœud correspondant à l’ancêtre commun à plusieurs évolutives.
espèces qui partagent un même caractère. c.  descendent les unes des autres de manière linéaire.
c.  dessiner obligatoirement des groupes emboîtés. d. ont toutes disparu.
d. rechercher les caractères non partagés par des espèces.
3. Les Australopithèques :
3. L’espèce humaine actuelle, Homo sapiens : a. sont les ancêtres directs des Homo.
a. descend d’un singe, le chimpanzé. b. sont plus proches d’Homo sapiens que ne l’est le chimpanzé.
b. descend d’un singe, le gorille. c.  étaient des bipèdes parfaits.
c.  ne fait pas partie des singes. d. avaient un fort volume cérébral, comme Homo sapiens.
d. est issue de l’évolution d’autres espèces humaines
4. Homo erectus :
qui se sont succédées au cours du temps.
a. ne confectionnait pas d’outils.
4. La classification des êtres vivants : b. avait un volume endocrânien identique à celui d’Homo sapiens.
a. est dite évolutive car elle se fonde sur l’étude des caractères c.  était un bipède affirmé.
partagés par les espèces. d. existe encore de nos jours.
b. e st dite involutive car elle se fonde sur l’étude des caractères
partagés par les espèces.
c.  n’a rien à voir avec les arbres de parenté.
d. n’a rien à voir avec les groupes emboîtés.

ANNEXE 2   Unité 2 [→ page 203]


Tableau de comparaison des caractéristiques des différentes espèces
Genre ou espèce genre humain = genre Homo
Australopithecus Homo Homo sapiens
Caractères Homo habilis Homo erectus
neanderthalensis fossile
Volume
350-500 cm3 environ 700 cm3 800 à 1 200 cm3 environ 1 600 cm3 environ 1 500 cm3
endocrânien
faiblement pratiquement
Face prognathe verticale verticale
prognathe verticale
« CRÂNIEN »
Position
un peu avancée avancée avancée avancée avancée
du trou occipital
Forme
en U parabolique parabolique parabolique parabolique
de la mandibule
bassin légèrement
« POST-CRANIEN » bassin élargi bassin élargi bassin élargi bassin élargi
élargi

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