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30.

Les Trois Furies

Parlons maintenant des trois Furies aux nombreux venins de


Gorgones, qui sont toujours entourées d’hydres verdâtres et
qui ont pour chevelure de petits serpents et cérastes qui
ceignent leurs horribles tempes.

Écoutez tous : sachez une fois pour toutes que ces Furies
sont les trois traîtres d’Hiram-Abif.

Celle de gauche est Mégère, toujours épouvantable et


horrible. Celle qui pleure, à sa droite, est Alecto ; elle cache
dans son cœur la discorde, les fraudes qui produisent le
désordre et les méchancetés qui bousculent la paix. Celle de
droite est Tisiphoné.

Les Furies se déchirent la poitrine de leurs serres


répugnantes, elles se frappent toujours avec les mains et
s’exclament avec force : « Viens, Méduse, et nous te
transformerons en pierre ; nous avons eu tort de ne pas nous
venger de l’entrée audacieuse de Thésée. »

Rappelez-vous Mara, mes frères gnostiques, le seigneur des


cinq désirs, facteur de mort et ennemi de la vérité. Qui est-ce
qui l’accompagnait toujours ? N’était-ce pas ses trois filles,
les horribles Furies ? N’était-ce pas ces tentatrices qui
assaillirent le Bouddha avec toutes leurs légions
ténébreuses ?

En effet, serait-il possible que Judas, Pilate et Caïphe soient


absents du drame cosmique ? Dans le neuvième cercle de
l’enfer, Dante rencontre Judas, Brutus et Cassius.

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Judas a la tête enfoncée dans la bouche de Lucifer et il agite
ses jambes hors de celle-ci. Celui qui pend de la deuxième
bouche luciférienne, la tête en bas, c’est Brutus, qui se tord
sans dire un mot. Le troisième traître est Cassius ; il a l’air
très robuste, mais au fond il est très faible.

Les trois aspects de Judas, les trois Furies, sont le démon du


désir, le démon du mental et le démon de la mauvaise
volonté ; trois upadhis, trois bases, trois fondements lunaires
à l’intérieur de chaque être humain.

Pensons aux trois présences du gardien du seuil à l’intérieur


de chaque personne.

L’Apocalypse dit : « Et je vis sortir de la bouche du dragon,


de la bouche de la Bête et de la bouche du faux prophète,
trois esprits immondes qui ressemblaient à des grenouilles.
Car ce sont des esprits de démons qui font des signes et qui
vont de par le monde chez tous les rois de la terre pour les
réunir dans la bataille de ce grand jour du Dieu tout-
puissant. »

Et qui est ce dragon ? Qui est cette Bête ? Qui est ce faux
prophète ? Dites-moi, ô dieux !, où sont-ils ?

Si nous comprenons que Mara, Lucifer, est la force fohatique


aveugle de l’abominable organe Kundartigateur, le feu sexuel
négatif, père des trois Furies, alors nous ne pouvons pas
nous tromper.

Ce vil ver de terre qui transperce le cœur du monde est la


racine du moi pluralisé, le fondement des trois Furies.

Lucifer-Mara, le tentateur, avec toute cette légion de mois-


diables que chaque mortel porte à l’intérieur de lui, est

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l’origine des trois douleurs : la vieillesse, la maladie et la
mort.

Ah !, si l’aspect négatif de la déesse Junon n’était pas


intervenu dans le Latium en invoquant Alecto, la plus
exécrable des Furies, alors le mariage d’Énée, l’illustre
Troyen, et de la fille du bon roi Latinus n’aurait pas été
précédé d’une guerre épouvantable.

« Lève-toi, jeune fille de la nuit !, dit Junon. Assiste-moi et ne


permets pas que mon honneur soit lésé par la volonté d’un
mortel ! Latinus veut donner sa fille au Troyen. Toi qui peux
monter deux frères l’un contre l’autre et le fils contre le père,
toi qui peux déchaîner les coups de la colère et allumer les
torches funèbres, surgis de l’abîme ! Montre-toi docile à ma
volonté ! Enflamme la jeunesse du Latium pour qu’elle
réclame les armes à cor et à cri et qu’elle se précipite à la
mort ! »

Ah !, mon Dieu, quel malheur ! L’épouvantable Furie du


mental se présente alors dans les habitations royales de la
reine Amata pour lui suggérer des idées de protestation et
de rébellion contre la volonté du roi Latinus.

Sous l’influence perfide d’Alecto, la reine désespérée sort du


palais, court par les montagnes italiques, danse et saute
comme une bacchante, semblable à une ménade furieuse
animée comme une folle par l’élan de Bacchus.

Indignée, la souveraine proteste devant le monarque, elle


refuse de faire la volonté du seigneur et elle prend la défense
de Turnus, jeune prétendant grec de sa fille, fils de ce peuple
qui assaillit autrefois les murs glorieux de Troie.

La reine craint qu’Énée ne fuie avec sa fille loin du Latium ;


elle ressent de la douleur à l’idée de la perdre, elle pleure.

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Le travail d’Alecto ne s’arrête pas là : elle se transporte à
présent jusqu’à la demeure du vaillant Turnus, elle prend la
forme d’une vieille à la langue de vipère et elle parle, elle lui
raconte tout ce qui est en train de se passer au palais du roi
et elle éveille d’une manière insinuante et maléfique la
jalousie du jeune homme.

Puis vient la guerre : le jeune homme se bat pour sa dame, la


belle Lavinia, la jolie fille du bon roi Latinus.

Le monarque ne voulait pas la guerre, et ce ne fut pas lui qui


ouvrit en personne les portes du temple de Janus (I.A.O.), le
dieu à deux visages ; c’est son peuple irrité qui les ouvrit
pour lui.

Dans ce temple de Janus, on conservait en secret la doctrine


de Saturne, la révélation primitive et originelle des Jinas, et
on ne l’ouvrait qu’en temps de guerre.

C’est ainsi que la guerre se déclencha contre les Rutules.


Après avoir terminé son travail, la répugnante Furie Alecto
pénétra dans les entrailles de l’abîme épouvantable par la
bouche d’un volcan éteint qui laissait échapper de temps à
autre les vapeurs fétides de la mort, et elle parvint bientôt au
rivage sinistre qui borde les eaux du Cocyte.

Turnus, ce nouvel Achille, mourut des mains d’Énée, et ce


dernier épousa finalement Lavinia, la fille du roi Latinus.

Quoi qu’il en soit, ô mon Dieu ! Alecto continue comme


toujours à allumer n’importe où des foyers de discorde, et
des millions d’êtres humains se lancent en guerre.

Ah !, si seulement les gens comprenaient que chacun porte


Alecto à l’intérieur de lui-même.

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Malheureusement, les créatures humaines dorment
profondément, elles ne comprennent rien. Hélas !

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