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L’évolution psychiatrique xxx (2014) xxx–xxx

Article original
Vers une clinique de l’éveil : une émersiologie de la
conscience ?夽
Towards a clinic of awareness: An emersiology of consciousness?
Bernard Andrieu (Professeur d’écologie et philosophie du corps) ∗
Cetaps EA3832, université de Rouen, 4, boulevard Siegfried, 76821 Mont Saint Aignan, France
Reçu le 16 février 2014

Résumé
Objectifs. – Le progrès des techniques d’imagerie in vivo révèle combien la clinique de la conscience
comporte désormais plusieurs niveaux d’activité. Mais ces différences d’activité sont-elles autant des
dimensions de la conscience ou ne faut-il pas distinguer la conscience de son éveil par les techniques
d’activation ? L’article démontre la différence entre l’éveil par l’activation de la conscience de la conscience
par représentation de soi pour étendre le domaine de la clinique au corps vivant.
Méthode. – La méthode distingue successivement les quatre niveaux de la conscience en allant de la cons-
cience représentationnelle à l’activité d’éveil du cerveau : l’analyse décrit l’automaticité des niveaux
d’inconscience afin de préciser les possibilités d’une activation du vivant. À travers des tableaux nous
mesurons les différences de degré dans ce domaine global de la conscience.
Résultats. – Les résultats distinguent l’émersiologie de la neuroamélioration en utilisant l’activation exogène
seulement comme un signe d’activité du vivant. La différence entre awareness et consciouness est démontrée
ici dans un espace global de conscience dont la clinique de l’éveil est le nouveau domaine d’analyse des cas
limites comme celui du coma.
Discussion. – La discussion porte sur les conséquences éthiques de cette clinique de l’éveil conformément à
l’avis n◦ 122, rendu public le mercredi 12 février 2014 du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui
a examiné les enjeux du « recours aux techniques biomédicales en vue de “neuro-amélioration” chez la per-
sonne non malade ». Il convient de distinguer un éveil clinique du champ de conscience de la neurostimulation
intrusive et invasive.

夽 Toute référence à cet article doit porter mention : Andrieu B. Vers une clinique de l’éveil : une émersiologie de la

conscience ? Evol psychiatr 2015 ; 80 (1) : pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version
électronique).
∗ Auteur correspondant.

Adresses e-mail : bandrieu59@orange.fr, bernard.andrieu@univ-rouen.fr

http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2014.09.001
0014-3855/© 2014 Publié par Elsevier Masson SAS.

EVOPSY-866; No. of Pages 10


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Conclusions. – La clinique de l’éveil est une extension du champ de la conscience et la prise en compte des
états d’inconscience comme le signe d’une activité. La difficulté d’interpréter cette activité, même si nous
parvenons à la localiser, nous oblige à considérer le sujet dans toutes ses dimensions psychophysiologiques.
© 2014 Publié par Elsevier Masson SAS.

Mots clés : Psychophysiologie ; Neurophysiologie ; Eveil ; Activation ; Conscience ; Espace global

Abstract
Objectives. – The progress of in-vivo imaging techniques reveals to what extent the clinic of consciousness
now includes several levels of activity. However, are these differences in activity so many dimensions of
the consciousness, or should one not distinguish the consciousness of awareness through the techniques of
activation? This paper demonstrates the difference between the awareness through representation of oneself
and hence to extend the clinical domain to that of the consciously experienced body.
Method. – The method distinguishes successively four levels of consciousness from representational
consciousness to awareness of the brain: the analysis describes the automaticity of the levels of non-
consciousness to specify the possibilities of an activation of the consciously experienced body. Using tables
we measured the differences in degree in the global domain of consciousness.
Results. – The results distinguish the “emersiology” of the brain enhancement by using the exogenous acti-
vation only as a sign of activity of the consciously experienced body. The difference between awareness and
consciousness is demonstrated here in a global space of consciousness: the clinic of awareness that is the
new domain of analysis of borderline cases such as comas.
Discussion. – The discussion concerns the ethical consequences of this clinic of awareness according to the
decree no 122, made public on Wednesday, February 12th, 2014 of the National Consultative Committee of
Ethics who examined the stakes in the use of biomedical techniques with the aim of “brain enhancement”
of the non-sick person. It is advisable to distinguish a clinical awareness of the field of consciousness from
an intrusive and invasive neuro-stimulation.
Conclusions. – The clinic of awareness is an extension of the field of the consciousness and the consideration
of the states of unconsciousness as the sign of an activity. The difficulty in interpreting the activity, even if
we succeed in locating it, obliges us to consider the subject in all its psycho-physiological dimensions.
© 2014 Published by Elsevier Masson SAS.

Keywords: Psychophysiology; Neurophysiology; Awareness; Activation; Consciousness; Global space

1. Introduction

Dans la langue française « prendre conscience de » suppose que le sujet, selon le modèle du
cogito cartésien, soit en capacité de distinguer ce par quoi il pense de ce à quoi il pense. Avec
l’étude de la cognition l’extension du domaine de la conscience ne relève plus seulement d’une
pensée désincarnée et abstraite : si l’analyse du langage ne nous livre que le récit conscient du vécu
corporel, les neurosciences de l’action ont démontré in vivo combien l’activation du cerveau était
sous-jacente à l’activité de la conscience. L’activité du corps vivant, que vient relever l’activation
mesurée par nos instruments, éveille dans son cerveau des zones jusque là inactives.
Ainsi un récit clinique de vie, si utile soit-il à la compréhension du sujet par l’expert, dit encore
incomplètement l’activité du vivant dans son corps. En effet, le corps vivant s’immerge dans les
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espaces, les milieux et les corps, parfois jusqu’à l’immersion (en s’insérant entièrement dans le
cours de l’immersion sans parvenir à s’en délivrer) comme dans la dépendance et l’addiction,
sans qu’une personnalité n’y dirige consciemment ces mouvements. Il convient d’éviter ici un
vitalisme finaliste qui attribuerait une intentionnalité représentationnelle au corps vivant. Car une
écologie prémotrice ([1], p. 93) est toutefois sentie immédiatement par le corps dans sa relation au
monde. Le corps vivant agit en personne, et non comme une personne, sans intermédiaire moins
par une réflexivité consciente mais avec un éveil et une activation qui seront ressentis ensuite au
niveau de la conscience.

2. L’espace global de la conscience

L’espace de travail neuronal conscient, qui sert de réseau global au fonctionnement de la


conscience [2], permet au sujet de se percevoir comme un sujet qui pense ; le sujet parvient
à distinguer le sujet de ses objets de conscience par une représentation mentale de lui-même.
Comme métaconscience la connaissance de soi engage une représentation de son agir par une
réflexion intériorisée. Le corps peut être ainsi objectivé par la conscience qui dédouble la relation
sujet-objet : la conscience est devenue un objet mesurable et objectivable par une expertise en
3e personne (Tableau 1).
Mais, comme le démontre Yves Agid, la conscience réflexive n’est que la partie émergée d’une
activité implicite, sous-jacente et constante : par une intelligence tacite du corps qui s’écologise et
s’adapte à chaque instant dans le monde, la subconscience est « un pilote automatique » ([3], p. 50)
qui assure une adaptation motrice et affective aux évènements de l’environnement. Les techniques
du corps sont ainsi incorporées et deviennent, selon Marcel Mauss, comme des habitus psycho-
physiologiques qui sont autant de routines. Cette mémoire automatique peut être altérée comme
la clinique des automatismes comportementaux comme les patients atteints de TOC, chez certains
cas de schizophrénie, de maladie d’Alzheimer et d’autisme.
La subconscience intentionnelle est une activité mentale automatique qui est l’action de ce que
Marc Jeannerod appelle le cerveau volontaire ([4], p. 65). Le savoir faire apparaît spontané mais
est une réponse automatisée par un apprentissage répétitif qui est conservée dans les techniques
du corps. Avec la subconscience non intentionnelle, en passant d’une clinique de la conscience
du vécu à celle de la conscience du vivant, l’activation manifeste le corps vivant en personne :
le vivant émerge dans la conscience par l’effet de l’activation suscitée dans le corps par une
stimulation extérieure.
L’inconscience, à la différence de l’inconscient freudien, définit une clinique de l’éveil intérieur
mais sans conscience de cette intériorité par le rêve ou la verbalisation. Le vivant est actif en
dessous du seuil de conscience et cette activité est désormais mesurée. Pourtant le corps et l’esprit
peuvent être entièrement immergés, ce que nous appelons l’immersion dans des expériences de

Tableau 1
L’espace global de la conscience.
Le corps objectivé par une 3e personne (Corps objectif)
(Meta)CONSCIENCE RÉFLEXION cogito self-consciouness
Le corps vécu en 1er personne (Image du Corps subjectif)
SUBCONSCIENCE ÉMERSION par ACTIVATION
Le corps vivant en personne (Schéma corporel in vivo)
INCONSCIENCE INSERTION dans les expériences
Écologie du corps entier
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délire, d’addiction, de coma dont la technique ne favorisait pas jusqu’aux travaux récents la preuve
d’une activité à des sollicitations exogènes.
Ce décalage entre l’activité du vivant cérébral et le seuil de conscience réfléchie définit une
impossibilité d’être en direct avec notre cerveau [5] si nous fondions la clinique uniquement sur
la conscience représentationnelle. Mais, en raison du temps de transmission nerveuse de 450 m
jusqu’à la conscience du corps vécu, le corps vivant n’est connu, Herbert Feigl [6] le décrit dans
l’impossible autocérébroscopie dès 1958 à Rudolf Carnap [7], qu’avec retard par la conscience
du corps vécu. Cette perception phénoménologique qui définit le corps vécu, dans la tradition
psychiatrique, comme une image du corps est qualitativement moins intense que le vif du schéma
corporel immergé dans le corps qui semblait échapper aux expériences sensibles.
Une clinique de l’éveil peut nous faire apercevoir les rythmes, réseaux et activations et intégrer
la conscience dans une triple dimension de hiérarchie de niveaux [8] :

• la méta-conscience fournit des représentations cognitives pour le cogito capable ainsi de


s’apercevoir comme sujet pensant ;
• la sub-conscience est cette activité automatique de la conscience qui active ces habitudes et
ces routines en les laissant émerger, d’où le sens d’émersion par activation, afin de favoriser
les actions et les adaptations motrices ;
• L’inconscience est une activité du vivant imperceptible par la conscience mais cette incons-
cience n’est pas une conscience par l’éveil suscité par l’activité du vivant ou par l’activation
des stimulations exogènes. L’inconscience est un éveil dans le vivant par activation exogène
mais aussi par l’activité même du vivant.

Le corps vivant est éveillé par son écologie spontanée avec le monde tandis que son réveil
clinique est suscité par l’activation exogène. Mais les lésions neuropathologiques rendent diffi-
ciles cet éveil spontané au point de susciter cet éveil par un réveil clinique que nous décrivons
maintenant.

3. Une science de l’éveil intérieur : l’émersiologie

L’émersiologie est cette science réflexive née de l’émersion, par éveil spontané ou par réveil
clinique, des sensibles vivants dans la conscience du corps vécu. L’émersion est le mouvement
involontaire dans notre corps des réseaux, humeurs et images dont notre conscience ne connaît que
la partie émergée. Le corps vivant produit des sensibles par son écologisation spontanée avec le
monde et avec les autres. Dans son avis no 122, rendu public le mercredi 12 février 2014, le Comité
consultatif national d’éthique (CCNE) a examiné les enjeux du « recours aux techniques biomédi-
cales en vue de ‘neuro-amélioration’ chez la personne non malade : La neuro-amélioration, brain
enhancement, comme les stimulations cérébrales transcrâniennes non invasives, est utilisée en
psychiatrie (dépression, troubles de l’attention et hyperactivité), mais, selon le CCNE n’agirait
pas sur « le fonctionnement psycho-cognitif global de la personne humaine ». L’émersiologie
n’est pas une neuro-amélioration volontaire de la sensibilité comme les médicaments neuro-
optimisateurs : car elle (r)éveille l’activité de la sensibilité du vivant pour la vérifier et (ré)activer
des réseaux.
Le corps peut certes être objectivé par la conscience qui dédouble mentalement la relation sujet-
objet : le corps en devenant un objet mesurable et objectivable par une expertise en 3e personne est
complété dans la connaissance de lui-même par les sciences du corps conscient, phénoménologie,
psychologie et psychiatrie, qui s’appuient ainsi sur le verbatim et les symptômes pour établir la
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signification spirituelle pour le sujet. Le corps vécu en 1re personne établit cette clinique du corps
subjectif en décrivant ce que ressent le sujet de son point de vue : le sujet décrit les sensations dont
il est conscient, les images qui l’associent ou dont il se souvient de son sommeil paradoxal lors du
rêve. La psychanalyse, la phénoménologie et la psychologie introspective sont des disciplines qui
donnent au sujet les moyens de cette expression en 1re personne par la parole, le langage corporel
ou l’art brut. Mais l’activité du corps vivant peut déborder la maîtrise que le sujet pense avoir
par la seule conscience du corps vécu comme dans le délire, la douleur, l’extase ou la maladie
chronique.
Ainsi, le sentant de notre corps vivant n’est pas entièrement le senti perçu par la conscience.
Par sa sensibilité, le corps vivant est sans intentionnalité attribuable à une personne au sens où le
sujet n’en contrôle pas l’activité organique ni l’activation cérébrale. La vicariance de son cerveau
lors de son écologie immersive dans ses environnements lui fait créer des réseaux et des formes
avant la conscience : ainsi, selon Alain Berthoz le « schéma corporel constitué par des réseaux
neuronaux simulant des propriétés du corps propre » ([9], p. 71). Le corps vivant nous immerge
dans les conditions de son organisme écologisant ses interactions avec le monde, au point de nous
y maintenir en immersion dans les sensations internes comme la douleur, l’extase, la maladie ou
la fatigue. Notre corps vivant souffre, jouit ou décide avant-même que nous ne le sachions dans
notre corps vécu sans que les autres s’en aperçoivent.

4. La différence entre « awareness » et « consciousness »

La différence entre « awareness » et « consciousness », que nous traduisons en celle entre


« éveil » et « conscience de », démontre dans cet article comment une clinique de l’éveil est en
train de se développer en suscitant l’activation de potentiel évoqué chez les patients dans le coma,
la sollicitation de la mémoire chez les malades Alzheimer et l’action motrice chez les personnes
tétraplégiques commandée par des implants intracérébraux (Tableau 2).
Il faut distinguer ici quatre niveaux d’activité de la conscience : les deux premiers (conscious-
ness) reposent sur la conscience [2] du sujet soit de son vécu soit de son vivant ; les deux plus
profonds reposent sur l’éveil (awareness) suscité du vivant cérébral et sensible ou sur l’activité
spontanée du vivant qui s’accomplit malgré les disfonctionnements identitaires de la conscience et
de la mémoire. Les trois premiers niveaux impliquent un mouvement volontaire du sujet lui-même
ou par l’intermédiaire d’un dispositif.
Tant que la conscience du vécu reste représentationnelle, elle distingue le sujet pensant
du cogitatum comme la fonction représentationnelle de son contenu représentatif. Ce dualisme

Tableau 2
Quatre niveaux cliniques.
Techniques de conscience Niveau de conscience Clinique

Cogito pensée Conscience du vécu Représentation


Brain TV. Implants Conscience du vivant Attention, Self-regulation
Neurofeedback (IMC, Épilepsie)
Autocérébroscopie
Potentiel évoqué Éveiller le vivant Activation exogène
(Alzheimer)
Empathie Activité du vivant Emersion endogène par écologisation
(Coma)
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fonctionnaliste garantit à la clinique d’analyser le langage et les symptômes à partir de la consci-


ence cognitive qu’en a le sujet pensant, plus ou moins consciemment. L’aide à la verbalisation par
le retour réflexif d’un expert qui l’écoute définit une clinique de la conscience : conscientisation
de soi, établissement des niveaux de conscience, distinction entre le délire imaginaire et la des-
cription réelle, rectification des logiques d’attribution, distinction entre soi et l’autre, situation du
trouble bipolaire, invasion de l’imaginaire dans la logique schizophrénique en 1re personne [10].
Le travail sur les représentations de soi dans le langage favorise une remédiation cognitive [11] par
la mise en lien social de son image de soi avec les autres. La clinique de la conscience vécue est
confrontée à l’empêtrement subjectif de la personne dans ses déficits cognitifs : mais elle propose
une remédiation cognitive efficace. La conscience du vécu peut devenir conscience du vivant par
l’attention du sujet à sa respiration, aux sensations internes, par la diminution des bruits extérieurs
en concentrant le mental sur le vide, en mettant entre parenthèses, comme l’épochè husserlienne,
le monde extérieur.
Cette conscience du vivant n’est pourtant pas si immédiate tant la conscience du vécu peut
détourner le sujet de l’activité de son corps vivant par une focalisation de la conscience sur la
seule activité pensante. Le neuro-feedback [12] est une autorégulation efficace pour autant que le
sujet puisse apercevoir l’activité de son vivant : pour cela Jean-Philippe Lachaux [13], chercheur
dans l’unité dynamique cérébrale et cognition de l’Inserm à Lyon a créé une télévision du cerveau
ou de Brain TV sur le même principe. Ses travaux portent sur la visualisation en temps réel des
activités cérébrales pour le sujet épileptique. À la différence des dispositifs ludiques qui n’en font
que récolter l’activité EEG du cerveau, une neuroprothèse est implémentée dans le cerveau du
patient. Avec le Brain TV, le sujet implanté peut voir, contrôler et moduler l’activité de son cerveau
sur les bases du neuro-feedback et des interfaces cerveau-machine (BCI). Le cerveau est attentif
[14] à l’interaction avec le monde en activant, en dessous du seuil de conscience sans que le sujet
s’en rende compte sur le moment mais dont les effets vont venir modifier l’état, l’intensité et la
nature de ses représentations. Mais ici la conscience de l’activité vivante de son cerveau diminue
l’impact et la fréquence des crises d’épilepsie, preuve d’une efficacité de l’autocérébroscopie.
Éveiller le vivant n’est pas l’éveil du vivant par son activité même qui ne cesse en nous.
C’est un réveil. L’activation est ici exogène par la stimulation du cerveau ou du système nerveux
afin de provoquer une réaction réflexe ou une intensité mesurable par les outils. Les potentiels
évoqués sont obtenus par la mise en série de données d’électroencéphalogramme (EEG). Les
potentiels évoqués sont la sommation des potentiels d’action par stimulation sensorielle de la
vue, de l’audition, du toucher. Georges D. Dawson, dans les années 40, enregistra par la pose
d’électrodes sur le scalp les effets d’amplitude évoqués par la stimulation électrique du cortex. À
partir de 1950, la généralisation de l’utilisation des microélectrodes intracellulaires a été décisive
dans la compréhension des potentiels d’action, des potentiels synaptiques et des potentiels de
récepteurs. Méthode de stimulation cérébrale, cette technique permet de faire surgir des conver-
gences neurocognitives par l’observation des résultats. L’objectif est de morceler l’observation
des états neurobiologiques afin de donner de manière détaillée le degré, la nature et la fréquence
de l’activité étudiée. Le potentiel évoqué repose sur la détection de la réponse évoquée au niveau
du cortex cérébral chez l’homme par la stimulation d’un récepteur sensoriel ou d’un nerf péri-
phérique à l’aide d’électrodes placées à la surface du scalp. Les états neurobiologiques sont mis
en valeur par les réponses aux stimulations : l’idée d’évocation de potentiel renforce la critique
de la théorie selon laquelle la conscience serait pleinement actuelle par le travail de la pensée.
La confirmation et la reconnaissance des travaux de Berger seront dues à deux physiologistes
anglais, Edgar Douglas Adrian (1889–1977), prix Nobel 1932, et Brian Matthews. Au début des
années 1930, travaillant au laboratoire de physiologie de l’université de Cambridge, ils mirent
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au point le prototype de ce que l’on appelle aujourd’hui un oscilloscope. Cet enregistrement des
potentiels d’action individuels, en utilisant des microélectrodes, a permis l’inventaire des ondes de
leurs propres cerveaux. Ce progrès technique se porte sur l’amélioration de la qualité de détection :
avec l’EEG de Berger, on pouvait seulement enregistrer des rythmes dont les fréquences atteignent
30 cycles par seconde avec des amplitudes de 50 microvolts. Avec l’oscilloscope d’Adrian et
Matthew, on parvient à détecter des fréquences de 150 cycles par seconde. Cet approfondissement
dans la réduction méthodologique des potentiels d’action aura facilité le développement de la
découverte du potentiel d’action : Bernstein en était resté à une stimulation externe du nerf afin
d’en calculer par le galvanomètre le temps de réponse ; cette mesure constituait une indication
sur la vitesse de conduction lors de la stimulation dès lors que le sens du courant nerveux pouvait
apparaître dans ses variations. En confirmant l’enregistrement interne des potentiels d’action de
Berger, Adrian précipite l’électrophysiologie dans la description de la transmission cellulaire de
l’information nerveuse.
Les méthodes électrophysiologiques ont été et restent les méthodes de choix pour l’analyse
des signaux nerveux à des échelles allant de la milliseconde à la seconde. Après la découverte
de Richard Caton (1875), l’invention de EEG à travers l’enregistrement, en 1928, des rythmes
alpha par H. Berger (1873–1941), la démonstration, en 1933, par Edgar Adrian (1889–1977) et
Brian Matthews (1933) a permis de mettre au point un oscilloscope : au lieu que le signal venant
du nerf déplace un très fin ressort, c’est la position d’un faisceau d’électrons de masse quasi
nulle qui, dans l’oscilloscope, sert d’indicateur de tension. Chaque cellule possède un potentiel
d’énergie constant. Ce potentiel, appelé potentiel de membrane, est de l’ordre du dixième de volt
(90 millivolts). L’intérieur de la cellule est négatif par rapport à l’extérieur. Si la perméabilité de
la membrane change, le potentiel de membrane change rapidement. Quand la cellule reçoit un
signal électrique qui l’excite, les ions sodium se précipitent à l’intérieur et les ions potassium à
l’extérieur de la cellule. Ce rapide changement de l’équilibre ionique est la source du potentiel
d’action. La technique d’enregistrement intracellulaire (1953) permet à des scientifiques comme
Alan Hodgkin, Andrew Fiedling Huxley (1917-) et Bernard Katz (1911-) de démontrer que le
potentiel d’action [15] a pour cause le flux rapide d’ions élémentaires à travers la membrane
semi-perméable de la cellule.
Ici l’échoïsation est une écologisation de la sensibilité cérébrale à la situation sous le contrôle
de la volonté. L’émersion du vivant est la présence de son activité qui s’éveille en nous et sous
une stimulation exogène. Le vivant s’éveille ainsi en nous sans que nous en ayons conscience et
poursuit son activité même lorsque dans le coma ou la perte d’identité. La conscience du vécu
n’est plus ici le critère de la clinique de l’éveil : car le corps peut être vivant et actif sans que le
vécu conscient soit nécessaire pour s’en ressaisir.
Avec la TEP (Tomographies à émission à positons) l’IRM fonctionnelle, Adrian Owen [16]
et son équipe ont démontré que le traitement approprié des stimuli sensoriels repose sur des
paradigmes passifs : l’activité cérébrale est alors induite par des stimuli en agissant sur l’intégrité
des fonctions automatiques à la différence d’un paradigme actif qui relève un signe de conscience
par la réponse à une commande de l’activité cérébrale. Ces techniques distinguent les patients en
état végétatifs-inconscients des patients en conscience minimale ([17], p. 32).
L’activation est ici le résultat de l’éveil par la stimulation exogène. L’état de conscience qui
repose sur la prise de conscience suppose une différence entre le sujet qui prend conscience
et l’objet de la conscience. Pour toute activation le modèle devient interactif, sans conscience
volontaire, par une interface technologique qui stimule l’activité du cerveau. Jacques Vignal
introduit ainsi le terme « interface cerveau-ordinateur » en 1973 dans son article pionnier « Toward
direct brain-computer communication ». Il suppose possible d’établir une « correspondance »
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([18], p. 159) entre les ondes individuelles des signaux sous EEG et l’activité mentale ou corporelle
du sujet. Ainsi, l’EEG spontané et la réponse des potentiels évoqués montrent pour la première fois
l’activation in neuro de ce qui est immergé dans le cerveau en le rendant visible pour le sujet lui-
même. L’expérimentation est inductive à partir d’une architecture BCI du laboratoire de l’UCLA
où l’interface est une émersion involontaire des ondes à partir de stimulations exogènes qui activent
dans le cerveau des réponses de potentiels évoqués. Une cartographie peut ainsi être effectuée
par les corrélations entre zone activée et taches sollicitées. Avec les neuroprothèses implémentées
dans le cerveau des personnes tétraplégiques, le premier fut Matthew Nagle (1980–2007) Implanté
en 2004 le contrôle à distance d’un robot ou d’un ordinateur connecté en wifi devient possible.
Le résultat du déplacement est représenté graphiquement sur un moniteur qui montre l’activité
cérébrale.

5. L’activité vivante sans conscience

Le cas d’un état de coma [19] peut évoluer d’un état végétatif chronique ou en état paucire-
lationnel à un état qualifié de conscience minimale [20]. La distinction entre ces états cliniques
est essentielle pour la prise en charge thérapeutique dans un travail éthique pluridisciplinaire.
Pourtant, cette évaluation du niveau de conscience s’effectue aujourd’hui par l’observation cli-
nique des malades par l’analyse de leur activité cérébrale. Grâce à de récentes expériences [21]
menées au sein du centre de neuroimagerie Neurospin (Stanislas Dehaene) en collaboration avec
des cliniciens-chercheurs de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (Lionel Naccache),
Jean-Rémi King et Jacobo Sitt ont mis au point un dispositif de mesure du partage d’information
dans le cerveau appelé wSMI (weighted Symbolic Mutual Information).
La preuve scientifique d’une activité du cerveau suffit-elle à abolir le critère de la conscience ?
Le cas du maintien par la justice contre la décision des médecins dans le coma avec une réactivité
minimale de Vincent Lambert pose le problème de l’évaluation des critères de l’activité du vivant.
Faute d’avoir manifesté par écrit ses intentions, Vincent Lambert doit attendre que la justice valide
ou non la décision médicale d’interrompre l’alimentation et l’hydratation de son corps vivant.
Éveiller son cerveau ou relever l’activité de celui-ci ne suffiraient pas à lui accorder une dignité
consciente : cette différence morale entre éveil du cerveau par stimulation exogène et capacité de
la conscience à se faire reconnaître de manière autonome est ici posée.
Comment distinguer dès lors un état végétatif sans réaction d’un état de consci-
ence minimal chez les personnes plongées dans le coma ? L’étude de 181 enregistrements
d’électroencéphalogrammes de haute densité, effectuée par des chercheurs du CEA-I2BM et
de l’ICM, établit la relation entre activité cérébrale et niveau de conscience. L’activation de
mouvements subliminaux dans le cerveau [22] autour des travaux de Stanislas Dehaene, Lionel
Naccache, Laurent Cohen, et Claire Sergent trouve dans une signature neurologique la preuve
qu’on peut être éveillé ou en éveil sans être conscient d’une perception donnée faute de fixer suf-
fisamment son attention. La communication explicite n’est plus ici la définition de la conscience
mais repose sur l’émersion de signes dans le cerveau éveillé.
Les régions du cerveau s’activent en demandant à la personne inconsciente dans le coma
d’imaginer des personnes ou des situations. Pour Adrian Owen du Medical Research Council’s
Cognition and Brain Sciences Unit de Cambridge l’imagination neuromentale est visible par
l’imagerie et peut servir d’indicateur objectif sur la capacité de son cerveau à communiquer
une information de son activité avec l’environnement stimulateur. La conscience est définie ici
comme une propriété émergente car le résultat de l’activation indique que le cerveau résonne à
la stimulation. Un canal de communication [23] par une activation du cortex moteur lors d’une
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imagination de tennis sollicitée des patients en état végétatifs, il est vrai pour seulement 17 %, a
été établie. Mais cette activation est-elle de la communication ou une réponse neurophysiologique
à une demande d’information de l’environnement extérieur ? La conscience serait ainsi activée
mais c’est plutôt une méthode pour réveiller, si l’apprentissage a déjà été réalisé, ou éveiller un
mode d’association à travers un réseau neuronal. Ce jeu de question-réponse, qui se réalise dans et
par le cerveau d’un sujet non conscient, est un éveil du cerveau sans être un réveil de la conscience
réfléchie.
Cette résonance motrice est, depuis la découverte en 1991 des neurones miroirs, prouvée
comme un mimétisme écologique du cerveau activé avec ce qu’il en perçoit inconsciemment.
Ainsi, le cerveau s’éveille immédiatement par l’activation des neurones-miroirs devant une action
goal-related (objectif-but réel) [24] imperceptible pour la conscience du sujet. Éveillé le cerveau
est plus attentif que la conscience à des objets dont une vitesse et une réponse immédiate attestent
du monde incorporé.
Le terrain du rêve fait aussi l’objet d’une clinique de l’éveil cérébral par le relevé d’une codifi-
cation neuroinformatique : celle-ci peut prévoir à une proportion de 60 % ce que produit le cerveau
vivant durant le rêve comme images produites 9 s avant le réveil indépendamment du souvenir
conscient que le sujet en aura. Ainsi, Yukiyasu Kamitani[25] et ses collègues du Advanced Tele-
communications Research Computational Neuroscience Labs de Kyoto au Japon ont scanné le
cerveau de trois jeunes hommes pendant leur sommeil par l’imagerie fonctionnelle tout en enre-
gistrant par EEG l’activité du cerveau. En les réveillant de 7 à 10 fois dans une séance de sommeil
de trois heures, ils ont demandé aux rêveurs de leur décrire les images de ces rêves, soit envi-
ron 200 rêves pour chaque participant. Puis identifiant les images racontées à des photographies
réelles, une codification numérique a pu permettre la reconnaissance anticipée des images dans le
cerveau du rêveur avant même qu’il s’en souvienne. Ce qui permettrait d’anticiper dans le cerveau
rêveur l’éveil d’une activité imaginaire indépendante du récit conscient du sujet. La psychanalyse
n’aura retenu qu’une herméneutique de l’inconscient émergé.

6. Conclusion

Le cerveau vivant est immergé dans des images dont notre conscience ne perçoit que la partie
visible de l’iceberg. Cette forme chaotique [26] des différents niveaux d’activité n’interdit pas
de vérifier l’activation du vivant cérébral [27] pour s’assurer que l’éveil est encore possible. En
découvrant cette activité du vivant, la clinique de l’éveil doit tenir compte de la qualité de cette
activité dans le cadre global de la conscience. La potentialité de l’activité cérébrale définit une
émersiologie par une attention aux mouvements involontaires de son corps.
Une herméneutique neurosensible [28] se construit dans des ateliers neuroexpérentiels [29]
animé en 2011 par Claire Petitmengin, Natalie Depraz [30] et Michel Bitbol en collaboration avec
le service de neurologie du Professeur Jean Vion-Dury de la faculté de médecine de Marseille, en
complément de la description de l’activité psychique. La méthode pour communiquer avec son
corps vivant [31] reconnaît, ainsi une profondeur et une discontinuité qui ne sont pas incompatibles
ni avec le mouvement d’émersion du corps vivant dans la conscience du corps vécu ni dans
l’attention de la conscience de ce qui est vivant en nous.

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
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10 B. Andrieu / L’évolution psychiatrique xxx (2014) xxx–xxx

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