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PHÉNOMÈNES PHYSIQUES,
THÉORIES ET MODÈLES

Hendrik-Jan HILHORST
LA PHYSIQUE THÉORIQUE :
Président
L’UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ

Jean-Claude Adam
La section 02 Phénomènes physiques, théo-
Patrick Aurenche ries et modèles – souvent brièvement appelée
Jean-François Berger Physique théorique – regroupe des théoriciens
Francis Bernardeau des domaines les plus divers de la physique ;
Sergio Ciliberto les méthodes issues de chaque branche de la
Nathalie Deruelle
physique étant ainsi utilisées pour faire progresser
d’autres thématiques. Si la physique des particules
Emilian Dudas
élémentaires constitue son noyau historique, ses
Peter Forgacs contours d’aujourd’hui incluent des champs
Daniel Gandolfo de recherche beaucoup plus vastes. Dans un
Krzysztof Gawedzki schéma très simplifié, on peut considérer que
Antoine Georges c’est la théorie des champs qui fait le lien entre le
Thierry Gousset noyau traditionnel et les autres domaines, pour la
Odile Heckenauer
plupart plus phénoménologiques, de la Section.
Marc Knecht La recherche en physique théorique peut
Marie-Christine Levy-Noel être analysée selon plusieurs critères :
Jacques Magnen – son spectre va des théoriciens des parti-
Henri Orland cules élémentaires, qui étudient la matière à
Philippe Roche son niveau le plus microscopique, jusqu’à ceux
Michel Vittot dont les recherches portent sur la cosmologie
Marie-Christine Levy-Noel
à l’échelle de l’univers ;
– certains chercheurs font des recherches
sur les lois fondamentales (gravitation, interac-
tions électrofaibles et fortes, chromodynamique
quantique, théorie des cordes), d’autres s’inté-
ressent aux systèmes à grand nombre de degrés

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RAPPORT DE CONJONCTURE 2004

de liberté comme on en rencontre en physique 1 – DISCIPLINES ET THÈMES


du solide ou dans les fluides et plasmas,
d’autres encore aux systèmes complexes que
l’on trouve à l’interface de la physique avec la
biologie. La section comprend aussi des spécia- 1.1 PHYSIQUE DES PARTICULES
listes, d’une part, des modèles numériques et,
d’autre part, des modèles expérimentaux ;
Les objectifs en physique des particules
– finalement, dans toutes ces branches de visent, d’une part, à fournir un cadre théo-
la physique, il y a des chercheurs qui travaillent rique pour les programmes expérimentaux en
au plus près de la réalité et qui comparent leurs cours ou en projet, et, d’autre part, à étudier
conclusions aux données expérimentales et les conséquences phénoménologiques et les
observationnelles, et d’autres qui prennent plus possibilités de tester de nouvelles idées sur la
de recul et essayent de dégager des principes structure des interactions fondamentales aux
généraux, ou de consolider les bases mathé- très petites échelles. Plusieurs thèmes prin-
matiques de la théorie là où cela est néces- cipaux, qui présentent souvent des aspects
saire. L’éloignement relatif de ces derniers par communs, peuvent être distingués :
rapport aux expériences, et leurs travaux plus
abstraits, doivent être respectés au même titre
qu’il le sont dans le cas d’un mathématicien.
La physique des saveurs lourdes
L’unité dans toute cette diversité réside
dans les méthodes employées ; dans l’approche (Voir § 1.3 La compréhension de l’interac-
qui consiste à oser formuler des théories de tion forte (physique hadronique))
premier ordre (qu’elles soient fondamentales,
de type champ moyen, variationnelles, ou autre Plusieurs expériences, BaBar au SLAC,
encore) captant les mécanismes essentiels et Belle à KEK et LHCb au CERN fourniront
rendant compte des phénomènes dominants, une palette complète de données permettant
et puis à traiter les très nombreuses compli- d’affiner nos connaissances sur le secteur des
cations qui restent par une vaste gamme de quarks du modèle standard : violation de CP
techniques d’approximation. dans le secteur des mésons B, nombre de
générations de quarks. L’exploitation de ces
Dans ce qui suit, on présente d’abord données expérimentales implique que nos
la physique théorique par thématiques (§ 1), connaissances théoriques, notamment en ce
étant entendu qu’il est impossible d’être qui concerne les aspects non-perturbatifs des
exhaustif et que ce découpage est artificiel, interactions fortes, soient encore améliorées,
les mêmes objets d’études pouvant aparaître à la fois par le développement de méthodes
dans plusieurs thématiques. Ensuite on consi- analytiques et de méthodes pour la réalisation
dère les aspects interdisciplinaires (§ 2) de la de calculs numériques de grande ampleur pour
physique théorique, ainsi que ses échanges les théories de jauge sur réseau. L’expérience
internationaux et avec l’université (§ 3). Suivra acquise de ce point de vue dans le traitement
une conclusion générale (§ 4). de problèmes théoriques similaires dans le secteur
des kaons fournira un point de départ utile.

Tests du modèle standard


auprès des collisionneurs

Le point focal de la physique des parti-


cules pour les années à venir concerne le
secteur de brisure de la symétrie électro-faible

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02 – PHÉNOMÈNES PHYSIQUES, THÉORIES ET MODÈLES

et les tests directs du modèle standard. En Phénoménologie des supercordes


particulier, la recherche du boson de Higgs sera
poursuivie, au Tevatron d’abord, puis au LHC. (Voir § 1.4 Théorie des champs et des
cordes, gravité quantique)
Un aspect important lié à la physique
auprès de ces collisionneurs concerne le La théorie des supercordes a connu, ces
contrôle du fond hadronique des interactions dernières années, des développements concep-
fortes, élément crucial pour l’interprétation des tuels importants. Une étude systématique de
données. Le calcul précis de tels processus ses conséquences pour la physique à basse
nécessite le développement de nouveaux énergie ainsi que les implications cosmolo-
outils analytiques et numériques adaptés au giques (dimensions supplémentaires, univers
domaine cinématique ouvert par les futurs branaires, etc.) constituent une direction de
collisionneurs. recherche à explorer davantage.
La plupart de ces thèmes comportent un
lien étroit avec les activités expérimentales en
physique des particules ou en cosmologie et
Extensions du modèle standard en astrophysique. Dans les années à venir, on
s’attend à une arrivée massive de résultats de
De nombreux indices laissent à penser que grande précision aussi bien dans les expé-
le modèle standard de physique des particules riences hors accélérateurs, en astroparticules
n’est qu’une partie valable à basse énergie d’une et en cosmologie observationnelle, qu’auprès
théorie beaucoup plus complète. L’extension des collisionneurs avec la mise en service
supersymétrique minimale du modèle standard du LHC. Une participation importante de la
a constitué jusqu’à récemment le cadre favori communauté des théoriciens à la réflexion sur
pour étudier la nouvelle physique. Il convient les projets d’accélérateurs futurs (collisionneur
cependant d’explorer plus avant d’autres linéaire, usines à neutrinos, etc.) ou des expé-
possibilités, versions supersymétriques non- riences hors accélérateurs doit être maintenue,
minimales, théories non-supersymétriques, avec voire développée.
secteur fort de brisure de la symétrie électro
faible, ou secteur de Higgs étendu, théories
et modèles avec dimensions supplémentaires,
Plasma quark-gluon
par exemple. Ce domaine de recherche fait
preuve d’une très grande vitalité au niveau
(Voir § 1.3 Les états de la matière à des
international. Les résultats expérimentaux
pressions et des densités extrêmes)
attendus au LHC devraient permettre de valider
certaines de ces nouvelles idées théoriques. À l’interface avec la physique nucléaire,
De même, les observations astrophysiques ce thème concerne l’étude des interactions
(matière noire, rayons cosmiques de très hautes fortes dans des régimes de températures et
énergies) apportent des contraintes cruciales de densité où une phase de déconfinement
sur la nouvelle physique (Voir § 1.2 Nature et est attendue. Le développement de méthodes
propriétés de la matière noire et Phénomènes de théorie des champs à température finie
cosmiques de haute énergie). et leurs applications au calcul d’observables
pertinentes permettant de signer la formation
Les premières indications expérimentales d’un plasma de quarks et de gluons sont indis-
d’oscillations de neutrinos ouvrent également pensables pour l’interprétation des résultats des
une fenêtre sur de la physique au-delà du futures expériences de collisions d’ions lourds
modèle standard. Les approches théoriques à Brookhaven (RHIC) ou au CERN (ALICE,
visant à mieux comprendre la structure du CMS). Le développement de méthodes pour
secteur leptonique et à interpréter les résultats l’étude de systèmes quantiques hors équilibre
expérimentaux seront développées. est aussi nécessaire.

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RAPPORT DE CONJONCTURE 2004

1.2 COSMOLOGIE la découverte de la supersymétrie. Cela étant


l’identification de la matière noire dans les
ET ASTROPHYSIQUE DES HAUTES
cadres actuels des modèles physiques au-delà
ÉNERGIES du modèle standard et la détermination de
ses propriétés fines, interaction éventuelle de
celle-ci avec elle-même ou avec la matière
Cosmologie et physique baryonique, sont des enjeux de physique
de l’univers primordial théorique qui intéressent aussi bien les physi-
ciens des particules que les astrophysiciens
Avec la mesure détaillée des propriétés (Voir § 1.1 Extensions du modèle standard et
statistiques des fluctuations de température Phénoménologie des supercordes).
du fond diffus cosmologique à 3 K, la cosmo-
logie observationnelle ouvre une nouvelle
fenêtre sur la physique des hautes énergies.
Les résultats des expériences satellites en Nature et propriétés de l’énergie noire
cours (MAP) ou à venir (Planck) devraient
permettre de contraindre de plus en plus Les mesures récentes de la manière
directement les propriétés de l’univers primor- dont la luminosité de supernovae lointaines
dial au moment de la phase inflationnaire. De décroît avec le redshift, montrent de façon
nombreux travaux théoriques ont été menés de plus en plus convaincante que l’expan-
pour examiner les propriétés physiques d’un sion de l’univers est actuellement accélérée.
univers inflationnaire. Il reste que l’identifi- Ce résultat, combiné aux observations des
cation de l’inflaton (s’il existe vraiment), et anisotropies du rayonnement de fond à 3 K,
de ses couplages éventuels avec les autres conduit à conclure que 70 % du contenu
champs, est sans doute, avec l’élucidation du matériel de l’univers serait sous forme
problème de la constante cosmologique (Voir d’« énergie noire », constante cosmologique
la suite), un des chantiers les plus importants ou champ de « quintessence ». Expliquer cette
de la cosmologie théorique. « énergie noire » dans le contexte de théories
fondamentales est devenu un enjeu majeur
Il faut aussi noter qu’un nouveau cadre de la cosmologie.
théorique est apparu ces dernières années, la
cosmologie branaire, issu de la phénoméno-
logie des super-cordes. On peut s’attendre à
une poursuite active de travaux d’investigation Les ondes gravitationnelles
autour de ce nouveau paradigme qui peut
potentiellement bouleverser notre conception La recherche des ondes gravitation-
de l’univers primordial. nelles est un enjeu majeur de physique
fondamentale. Les projets LIGO et VIRGO
visent à la détection directe des trains
d’onde émis au moment de la covalescence
Nature et propriétés de binaires compactes. La préparation de
de la matière noire ces détections est un travail d’investigations
aussi bien analytiques (développement de
La cosmologie franchirait incontesta- schémas d’approximation adéquats permet-
blement une étape décisive si les particules tant d’obtenir des résultats en champ gravi-
qui composent la matière noire pouvaient tationnel fort) que numériques.
être détectées et identifiées ! Des instru-
ments de détection pourraient apporter une Ce domaine d’étude est amené à se
réponse à cette question dans les années à développer avec la montée en puissance
venir, Edelweiss pour la recherche directe de VIRGO et surtout grâce aux perspectives
de matière noire, ou le LHC en permettant ouvertes par le projet LISA.

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02 – PHÉNOMÈNES PHYSIQUES, THÉORIES ET MODÈLES

Phénomènes cosmiques approches quantitatives de structure nucléaire


de haute énergie et la théorie de la chromodynamique quantique
(QCD). L’une des méthodes les plus puissantes
Les études phénomènes cosmiques de utilisée à l’heure actuelle est la théorie chirale
hautes énergie peuvent aider à comprendre des perturbations, une théorie effective des
la physique des neutrinos (Antares), avec des hadrons décrivant le secteur à basse énergie
retombées potentiellement importantes pour de la QCD dans le régime du confinement des
la cosmologie, tandis qu’une étude expérimen- quarks. Abondamment appliquée à l’analyse
tale systématique des rayons cosmiques de des systèmes mésoniques et à de nombreux
très haute énergie (expérience AUGER) peut processus faisant intervenir un seul nucléon,
fournir des indications sur la physique au-delà cette approche est en cours d’extension aux
du modèle standard (Voir § 1.1 Extensions du
systèmes de plusieurs nucléons, avec comme
modèle standard).
objectifs la structure des hadrons au sein du
Des travaux théoriques se développent milieu nucléaire et la nature de leurs interac-
qui cherchent à comprendre les mécanismes tions mutuelles. Il s’agit d’un thème à caractère
d’émission de ces particules ainsi que les interdisciplinaire où les interlocuteurs sont les
propriétés de propagation ou de diffusion de théoriciens du Modèle Standard et les physi-
ces particules dans le milieu inter-galactique ciens des particules.
ou inter-stellaire.

La structure des noyaux et des états


1.3 PHYSIQUE NUCLÉAIRE nucléaires loin de la stabilité

La mesure des propriétés d’un nombre


Le noyau atomique reste l’un des labo- croissant de noyaux et d’états nucléaires
ratoires privilégiés où sont testées les théories « exotiques » a fait apparaître des phénomènes
fondamentales de la physique comme la chro- inattendus : déplacement ou disparition des
modynamique quantique, et les techniques nombres magiques, inversion de parité, halos
de résolution du problème à N corps. Les et peaux de neutrons, molécules nucléaires,
théoriciens nucléaires, tout en continuant à brisures spontanées de nouvelles symétries,
fournir le cadre théorique des programmes nouveaux types de radioactivité, tétraneutron,
expérimentaux de physique nucléaire, appli- qui remettent en cause les idées traditionnelles
quent fréquemment les techniques qu’ils
de la structure des noyaux. De nouvelles
développent à d’autres systèmes quantiques
approches ont été développées : Shell Model
de taille finie et à l’astrophysique. Les grands
thèmes de recherche en physique nucléaire Monte Carlo, Quantum Molecular Dynamics,
sont aujourd’hui : méthodes de couplage des états liés au conti-
nuum, hamiltoniens aléatoires, afin de décrire
les noyaux exotiques et répondre à des ques-
tions de fond concernant la nature de la force
La compréhension de l’interaction nucléon-nucléon effective, l’évolution des
forte (physique hadronique) corrélations – appariement, sous-structures a
– avec l’« exoticité » du système et les limites
(Voir § 1.1 La physique des saveurs d’existence des noyaux. Ce thème est en
lourdes) relation étroite avec l’astrophysique : genèse
Cette ligne de recherche a pour objectif des éléments chimiques par les processus
de réaliser la transition entre les modèles d’inter- « r » et « rp », nature de la croûte des étoiles à
action effective non relativiste utilisés dans les neutrons, interactions neutrino-noyaux.

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RAPPORT DE CONJONCTURE 2004

Les états de la matière à des pressions physique statistique – hamiltoniens et matrices


et des densités extrêmes aléatoires, approches spectrales et transition
vers le chaos – ont fourni récemment une vue
(Voir § 1.1 Phénoménologie des super- nouvelle des propriétés globales des systèmes
cordes) nucléaires. Ces courants de fertilisation croisée
entre la physique nucléaire et les autres disci-
La connaissance du diagramme des phases plines ont également suscité une nouvelle
de la matière nucléaire dense et chaude est approche des corrélations dans les systèmes
l’un des grands défis de la physique nucléaire finis. Ils participent également à l’amélioration de
actuelle. Elle nécessite d’explorer les propriétés techniques numériques comme la diagonalisation
de l’interaction forte à des échelles de distances de grandes matrices.
très différentes et intervient de façon essen-
tielle dans la compréhension de phénomènes
de l’astrophysique – dynamique des explosions
de novae et de supernovae, limite en masse des L’interface avec les applications
étoiles à neutrons, nature de la matière noire
– et de la cosmologie : description de l’univers Grâce aux progrès réalisés dans les appro-
primordial, structures à grande échelle de l’uni- ches de la structure des noyaux, les prédictions
vers. Ce programme de recherche s’appuie sur théoriques sont de plus en plus utilisées dans
les résultats des expériences de collisions d’ions l’évaluation de données nucléaires inacces-
lourds depuis l’énergie de Fermi (~ 100 AMeV) sibles à l’expérience. Par ailleurs, un certain
jusqu’au domaine ultra-relativiste (> 100 AGeV). nombre de théoriciens nucléaires participent
Les approches théoriques sont fortement aux groupes de réflexion concernant les dispo-
interdisciplinaire : dynamique de l’interaction sitifs de production électronucléaire innovants
entre deux noyaux, modélisations thermo- et et les techniques d’incinération des déchets
hydrodynamique des systèmes mésoscopiques nucléaires. Le domaine bio-médical, avec les
denses et chauds, QCD sur réseau. Des phéno- techniques d’imagerie et les traitements par
mènes critiques prédits par la théorie tels que faisceaux de particules, bénéficie également
la transition de « déconfinement » conduisant des apports de la physique nucléaire aussi
à un plasma de quarks et de gluons à des bien théorique qu’expérimentale.
températures de l’ordre de 160-175 MeV, ainsi
que la transition liquide – gaz et l’instabilité On s’attend à ce que les axes de recherche
spinodale à basse température ont été observés vers la compréhension de l’interaction forte
expérimentalement. (physique hadronique, la structure des noyaux
et des états nucléaires loin de la stabilité, et les
états de la matière à des pressions et des densités
extrêmes (Voir ci-dessus) se poursuivent d’une
Le noyau vu comme un système façon soutenue dans les années qui viennent,
quantique fortement corrélé incités en partie par l’intense activité expéri-
de taille finie mentale à prévoir auprès de grands intruments
actuellement en service tels que RHIC, CEBAF,
Il s’agit d’une activité nouvelle, en inter- GSI, RIKEN, les lignes SPIRAL au GANIL et REX-
action avec la physique de la matière condensée, ISOLDE au CERN, ou en projet : futur détecteur
la physique atomique et la physique statistique. ALICE aupres du LHC, projets ISOL en Europe
D’une part, les concepts et les techniques du et outre Atlantique, futurs accélérateurs ELFE en
problème à N corps nucléaire sont appliquées Europe et JFH au Japon, notamment. Le thème
à d’autres systèmes finis que le noyau parmi du noyau vu comme un système quantique forte-
lesquels on peut citer : les agrégats atomiques, ment corrélé de taille finie, le plus récent, est en
les « clusters » et gouttelettes d’hélium, les atomes plein développement grâce à l’implication de plus
bosoniques et fermioniques dans des pièges en plus grande des physiciens nucléaires à des
magnétiques. Inversement, les méthodes de la activités à caractère interdisciplinaire. Le domaine

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02 – PHÉNOMÈNES PHYSIQUES, THÉORIES ET MODÈLES

des applications est sans doute promis à un bel sur la théorie des cordes continue d’être un
avenir étant donnés le contexte politicoenergé- sujet d’activité soutenue. Elle influence forte-
tique international et la demande sociale dans le ment les domaines plus traditionnels comme
domaine biomédical. la théorie des champs ou la relativité. La
découverte des vides branaires et du réseau
de dualités entre les théories des cordes et des
champs dans des dimensions différentes ont
1.4 PHYSIQUE MATHÉMATIQUE bouleversé le paysage connu. Les recherches
récentes sur les aspects fondamentaux de la
théorie se concentrent sur la géométrie non
Traditionnellement, la physique mathé- commutative sous-jacente, sur la stabilité des
matique traitait les questions physiques qui vides et les effets dynamiques et sur les rela-
pouvaient être reformulées comme des problèmes tions entre supercordes et théories de jauge.
mathématiques dont les solutions permettaient Une autre tendance marquant la théorie des
une interprétation physique. Plus récemment, on cordes, bien représentée en France, est l’effort
étend ce nom à tous les domaines de la physique de trouver des implication testables au-delà
théorique à fort contenu mathématique. Selon du modèle standard et/ou cosmologiques.
les mathématiques utilisées, on peut distinguer Cet effort, essentiel pour l’avenir de la théorie,
dans la physique mathématique une direction ne devrait pas reléguer au second plan les
plus géométrique et algébrique et une autre recherches sur les aspects fondamentaux des
plus analytique. Dans la première direction les (super-)cordes car le progrès de ces dernières
grandes lignes de recherche restent : conditionne les applications physiques possi-
bles. L’outil principal de la théorie des cordes
– théorie des champs et des cordes, reste toujours la théorie conforme des champs,
gravité quantique ; aussi largement appliquée dans la physique
– systèmes intégrables. de la matière condensée et reliée à l’approche
récente dite « SLE » dans la théorie de probabi-
Et dans la deuxième : lité promise à un bel avenir. Les approches plus
directes à la quantification de gravité, basées
– mécanique quantique non relativiste ;
sur des modèles discrets (comme « mousses
– mécanique statistique à l’équilibre et de spin ») continuent aussi d’être développés
hors équilibre ; intensivement et meritent d’être soutenues.
– systèmes dynamiques et équations non
linéaires aux dérivées partielles.
Ces lignes traditionnelles continuent de se Systèmes intégrables
développer, de s’interpénétrer, et de trouver des
applications nouvelles en physique et en mathé- Les progrès récents dans la théorie
matiques, illustrant bien le caractère intrinsèque- de systèmes intégrables, l’autre domaine
ment interdisciplinaire de la physique théorique. important d’une coloration algébrique de
la physique mathématique, viennent surtout
du développement des modèles de (grandes)
Théorie des champs et des cordes, matrices et de l’étude du rôle des symé-
gravité quantique tries quantiques de dimension infinie. Une
percée importante, en bonne partie réalisée
en France, dans la recherche de formules
(Voir § 1.1 Phénoménologie des super-
exactes pour les fonctions de corrélation des
cordes)
modèles intégrables a ouvert une direction
La recherche d’une théorie quantique de prometteuse. Les systèmes intégrables ont
toutes les interactions (gravité incluse) basée récemment trouvé des applications nouvelles

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RAPPORT DE CONJONCTURE 2004

dans la physique de la matière condensée, simplifiés servent aussi pour élucider le


dans la théorie des cordes et des champs et comportement des systèmes loin de l’équi-
en physique des hautes énergies (en QCD). libre, sujet important de la physique théorique
(les matériaux amorphes et leur vieillissement,
les milieux granulaires, fractures, la matière
molle) ainsi que la turbulence hydrodyna-
Mécanique quantique non relativiste mique. Ces sujets promettent de devenir des
sources importantes de problèmes pour la
Dans l’étude mathématique de systèmes physique mathématique.
quantiques non relativistes, les recherches
sur le chaos quantique et l’analyse des
systèmes étendus à basse température conti-
nuent d’occuper une place importante, avec Systèmes dynamiques et équations
des applications aux systèmes mésoscopi- non linéaires aux dérivées partielles
ques et désordonnés et, de plus en plus, à
l’informatique quantique. Les méthodes de Des progrès importants ont été accom-
la théorie des systèmes intégrables, comme plis dans l’étude des systèmes non linéaires
indiqué plus haut, permettent d’étudier une étendus classiques, déterministes ou statis-
série de problèmes en dimension un (inte- tiques. Les idées de la théorie de systèmes
raction avec des impuretés, point quantique, dynamiques chaotiques adaptés à certains
chaînes quantiques, problèmes de transport). systèmes de nombre infini de degrés de liberté
Même ici on retrouve des applications de permettent d’expliquer des comportements
la géométrie non commutative (effet Hall, spatio-temporels de plus en plus compliqués
charges fractionnaires, etc.). Les méthodes des systèmes réels, surtout en dimensions
analytiques multiéchelles apportent d’impor- basses. Ils ont trouvé aussi des applications
tants résultats sur les systèmes en dimension importantes dans la relativité générale. Ces
plus élevées (liquide de Fermi, condensa- recherches sont promises à un bel avenir.
tion de paires, etc.). Toutes ces méthodes
permettent d’avancer dans la compréhension En général, on note l’importance gran-
du comportement des systèmes réels. dissante dans la physique mathématique des
outils non commutatifs (symétries quantiques,
très grandes matrices, algèbres d’opérateurs).
Dans beaucoup de sujets analytiques de la
Mécanique statistique à l’équilibre physique mathématique on observe aussi le
et hors équilibre rôle croissant de l’analyse numérique. Même
utilisé comme un outil secondaire, l’ordinateur
De nouveaux progrès sont enregistrés est en train de changer durablement le profil
dans le domaine de la mécanique statistique typique du physicien-mathématicien.
à l’équilibre : systèmes frustrés, états non
Gibbsiens, statistique des objets étendus
(percolation, polymères, interfaces, etc.). Mais
dans la dernière période l’étude mathématique
des modèles de la mécanique statistique à l’ap-
1.5 SYSTÈMES À GRAND NOMBRE
proche de l’équilibre ou hors équilibre s’est DE DEGRÉS DE LIBERTÉ
particulièrement développée et commence
à dégager quelques principes généraux qui
déterminent la physique de tels systèmes et Cadre général
permettent de mieux comprendre comment
les lois macroscopiques de la physique des Les lois fondamentales de la physique sont
milieux continus surgissent de la description souvent à l’œuvre ensemble et en interaction les
microscopique. Les modèles mathématiques unes avec les autres dans des environnements

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02 – PHÉNOMÈNES PHYSIQUES, THÉORIES ET MODÈLES

complexes : le noyau de l’atome, la matière ont trouvé des applications à d’autres disciplines
supraconductrice, la cellule en biologie, etc. Il (géologie, biologie, finances). L’ensemble de
s’agit dès lors d’inventer de nouvelles méthodes ces développements a été très important tant
théoriques : des arguments statistiques, la simu- en France qu’au niveau international ; ils ont
lations numérique, des extensions de la théorie, conduit à des rapprochements entre labora-
etc. Les études de ces systèmes ont pour trait toires et équipes, à la création d’instituts de
commun de faire surgir des phénomènes recherche pluridisciplinaires, ainsi qu’à la mise
nouveaux dont l’existence n’était pas a priori en place de nouveaux enseignements.
prévue par les lois fondamentales. Dans ces cas,
on parle aujourd’hui de systèmes complexes et
de lois émergentes.
Problèmes à N corps quantiques
De nombreuses thématiques nouvelles et physique du solide
ont leur origine dans trois domaines tradition-
nels de la physique théorique : (Voir § 1.3 Le noyau vu comme un système
– (i) la théorie des champs, développée quantique fortement corrélé de taille finie)
à l’origine pour des problèmes quantiques en
L’étude des systèmes de particules quan-
interaction ;
tiques en interaction reste un problème majeur
– (ii) la mécanique statistique ; dont l’importance pour la physique nucléaire a
été soulignée au § 1.3 (Le noyau vu comme un
– (iii) la physique non linéaire, qui
système quantique fortement corrélé de taille
concerne plusieurs disciplines scientifiques
finie). C’est également une question centrale en
souvent très différentes, et qui trouve son
théorie de la matière condensée. Cette théma-
unité dans des concepts mathématiques tels
tique a connu de nombreux développements
que ceux d’instabilité, ceux issus de la théorie
depuis une dizaine d’années en raison des
des équations différentielles (ordinaires et aux
questions soulevées par la découverte et l’étude
dérivées partielles) et de la théorie des bifur-
expérimentale de matériaux comme les oxydes
cations.
de cuivre supraconducteurs, les composés de
Ces trois domaines de la physique théo- fermions lourds, les conducteurs organiques,
rique ont, ensemble, largement dépassé leurs les composés magnétiques présentant une frus-
cadres théoriques originels, si bien que leurs tration géométrique, etc. Le domaine connait
frontières sont devenues floues. actuellement une forte croissance, avec l’élabo-
ration de nano-objets comme les fils quanti-
De nombreux sujets de recherche sont ques, les points quantiques, les nanotubes de
maintenant ancrés dans deux voire trois de carbone, les conducteurs moléculaires ou les
ces thématiques. bio-molécules (ADN).
Ainsi, par exemple :
Dans tous ces matériaux, la dimensionalité
– (i) les problèmes de fermions en inter- réduite renforce les effets des interactions entre
action dans les systèmes macroscopiques ou électrons et rend le problème particulièrement
mésoscopiques sont à cheval entre la théorie ardu. Il est donc impératif de disposer d’outils
des champs et la mécanique statistique ; théoriques performants, tant analytiques que
numériques. Ce domaine a connu des succès
– (ii) la dynamique de systèmes désor-
théoriques spectaculaires. On peut citer par
donnés, les problèmes hors équilibre (comme
exemple : la compréhension des systèmes
fracture, flambage, friction), et la physique des
unidimensionnels (liquides de Luttinger) par
milieux granulaires relèvent de la mécanique
des méthodes de théorie des champs (boso-
statistique et de la physique non linéaire.
nisation, intégrabilité), la théorie de l’effet
Souvent, les recherches dans ces théma- Hall quantique fractionnaire, l’application des
tiques ont dépassé le cadre de la physique et théories conformes aux problèmes d’impuretés

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RAPPORT DE CONJONCTURE 2004

quantiques (systèmes Kondo, points quanti- sistance, thermoélectricité), de l’électronique


ques, etc.), et le développement de nouvelles de spin ou des applications potentielles des
théories de champ moyen (bosons « esclaves », nanotubes de carbone.
champ moyen dynamique) pour traiter les inter-
actions (ces dernières méthodes ont en parti- Enfin, de nouveaux champs d’applica-
culier conduit à une compréhension détaillée tion de ce domaine de la physique théorique
de la transition métal-isolant de Mott). semblent s’ouvrir avec le développement d’une
« physique de la matière condensée » dans la
Ces succès ne doivent pas masquer l’am- physique des condensats de Bose et des atomes
pleur des progrès qui restent à faire, et l’impor- froids. En témoigne la réalisation expérimen-
tance et la difficulté des questions ouvertes tale récente d’un isolant de Mott de bosons
dans ce domaine. Il n’existe pas à ce jour de par piégeage dans des réseaux optiques. Ces
théorie des cuprates supraconducteurs qui nouveaux développements expérimentaux ne
fasse l’objet d’un consensus, et sans doute de manqueront pas d’ouvrir de nouveaux champs
nouvelles méthodes doivent-elles être inven- de recherches théoriques.
tées pour y parvenir. Les méthodes numériques
(algorithmes de Monte Carlo quantique de
diverses formes, algorithmes de Lanczos, etc.),
Physique statistique
qui jouent un rôle croissant dans le domaine,
se heurtent aux gigantesques tailles des espaces
(Voir § 1.4 Mécanique statistique à l’équi-
de Hilbert et aux problèmes de signe dans le
libre et hors équilibre, et ci-dessus Problèmes à
cas des fermions. En ce qui concerne les
N corps quantiques et physique du solide)
calculs de structure électronique des solides,
les méthodes de fonctionnelle de densité utili- La physique statistique, développée il y a
sant l’approximation de la densité locale sont plus de cent ans pour expliquer les propriétés des
satisfaisantes, mais sont mises en échec dans fluides en termes de leurs constituants micros-
le cas de fortes corrélations électroniques. Très copiques, a traversé plus d’un siècle tout en se
récemment, un effort interdisciplinaire entre trouvant à chaque fois de nouveaux domaines
spécialistes de ces méthodes et théoriciens d’application. Une véritable révolution est inter-
des fermions fortement corrélés a permis des venue à partir du début des années 1970 avec
progrès significatifs dans ce domaine, rappro- l’étude des transitions de phases à l’aide des
chant ainsi les modèles théoriques des appli- méthodes de renormalisation et de la théorie
cations aux matériaux réels. Dans le domaine statistique des champs (Voir § 1.4). La physique
des nano-systèmes, la flexibilité des dispositifs statistique interpénètre aujourd’hui tous les
expérimentaux permet l’étude des corrélations domaines de la physique où des considérations
électroniques dans des régimes fortement hors statistiques sont nécessaires. Ses apports à ces
d’équilibre qui restent largement à explorer du disciplines sont relevés, entre autres, aux § 1.4
point de vue théorique. Mécanique statistique à l’équilibre et hors équi-
libre, et ci-dessus problèmes à N corps quanti-
L’étude théorique des fortes corrélations ques en physique du solide, ainsi que Physique
électroniques est ainsi un domaine extrê- non linéaire, et on n’y reviendra pas ici.
mement actif, et il importe de souligner que
c’est l’expérience, et, en amont, la découverte Parallèlement, depuis deux décennies,
de nouveaux matériaux et l’élaboration de une énorme diversification des applications
nouveaux dispositifs qui assure cette vitalité. de la physique statistique a vu le jour. Au
Dans de nombreux cas, les enjeux technolo- paragraphe suivant (puis § 2) on indiquera la
giques de cette interface entre la physique des portée de cette diversification, qui a fait que
solides et la physique théorique sont considé- la physique statistique joue aujourd’hui un rôle
rables, qu’il s’agisse des propriétés électroniques de pivot entre la physique et plusieurs autres
remarquables de certains oxydes de métaux sciences. La physique statistique comme une voie
de transition (supraconductivité, magnétoré- de l’interdisciplinarité.

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0137-0154-Chap02 146 17/08/05, 16:24:30


02 – PHÉNOMÈNES PHYSIQUES, THÉORIES ET MODÈLES

L’extension des applications de la phy- Physique non linéaire


sique statistique a concerné dans un premier
temps l’étude de toutes sortes de phénomènes Plasmas
dynamiques : c’est la physique statistique dite
hors d’équilibre. Elle comprend des sujets
aussi divers que la description particulaire de En physique des plasmas, la théorie est en
systèmes de réaction-diffusion, l’écoulement interaction forte avec les expériences ; elle se
de granulaires (Voir ci-dessous Physique non met, entre autres, au service des grands projets
linéaire), la croissance d’agrégats, etc. (ITER, LMJ). Outre des plasmas créés au labo-
ratoire, elle s’occupe des plasmas spatiaux et
Une impulsion très importante est ensuite astrophysiques. Dans cette discipline, l’outil
venue de l’étude de systèmes dits « désor- numérique est très développé. Des codes
donnés », c’est-à-dire dont de nombreux sont nécessaires, selon les situations, à tous
degrés de liberté sont gelés aléatoirement. Un les niveaux de description, allant des codes
exemple en est constitué par le problème du particulaires aux codes fluides. Le calcul
verre de spin, qui a surgi dans des expériences massivement parallèle est indispensable pour
en physique du solide et devenu le paradigme les applications les plus avancées.
le plus célèbre en théorie des systèmes désor-
donnés.
À partir de là, il a été découvert que les Turbulence
nouvelles méthodes développées pouvaient être
appliquées à des questions surgissant dans des La turbulence hydrodynamique a reçu et
domaines sans rapport direct avec la physique. reçoit encore beaucoup d’attention de la part
La physique statistique est ainsi devenue un de la communauté, intérêt en partie influencé
pont, voire une superstructure, qui relie la par une tendance internationale, mais qui
physique à de nombreux autres domaines est aussi une suite thématiquement logique
scientifiques. Quelques-uns des liens inter- à l’étude des instabilités hydrodynamiques.
disciplinaires qui ont résulté de ces nouveaux Pendant les années passées plusieurs aspects
développements sont mentionnés § 2. de la turbulence ont été étudiés et ont permis
d’établir des collaborations non seulement
entre expérimentateurs et théoriciens mais
Liens avec la physique expérimentale aussi entre les membres de communautés
différentes. Par exemple la visualisation de
Les progrès récents dans notre compré- structures cohérentes est un succès reconnu
hension de la physique des systèmes vitreux de cette activité. L’importance de ces structures
sont d’un intérêt pratique direct pour des sur les propriétés statistiques de la turbulence
systèmes physiques tels que les réseaux de est un problème très étudié, mais encore
vortex dans les supraconducteurs ou les parois très mal compris. Sur le plan théorique des
de domaines dans les systèmes magnétiques. modèles simplifiés (modèle en couche, modèle
Des questions ouvertes dans ce domaine de Kraichnan) ont permis d’éclaircir plusieurs
concernent les connections entre ces concepts problèmes de la statistique de la turbu-
et ceux développés pour d’autres systèmes tels lence (exposants anormaux, flux d’énergie).
que les vrais verres, les milieux granulaires, la Toutefois beaucoup de problèmes restent
fracture, la friction. Il ne fait aucun doute que encore ouverts et des nouvelles directions de
cet effort doit être poursuivi dans les années recherche (théoriques et expérimentale) sont
futures et que l’on sent un domaine qui est prêt en train de se développer grâce à la mise au
à murir et à donner d’importants résultats. point de nouvelles techniques expérimentales.
C’est le cas de la turbulence Lagrangienne,
de la turbulence anisotrope, de la magnéto-
hydrodynamique et de l’effet dynamo.

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0137-0154-Chap02 147 17/08/05, 16:24:31


RAPPORT DE CONJONCTURE 2004

Milieux granulaire méthodes de simulation, optimisation combi-


natoire, algorithmique et complexité, codes de
L’étude des fluctuations de grandeurs correction d’erreurs, cognisciences, biophysique,
globales (puissance injectée, flux de chaleur) éconophysige, etc.
dans les milieux granulaires et en turbulence
La physique théorique au CNRS continue
et dans les systèmes non linéaires est un
de contribuer, à un essaimage thématique : la
sujet de grande importance et d’actualité
Section 02 a vu des départs de ses chercheurs,
parce qu’elle permet de vérifier sur des
ces cinq dernières années, vers des laboratoires
systèmes plus réalistes les nouvelles théo-
des sections 03, 04, 05, 06, 13, 14 et 30. Des
ries qui relient, sous certains conditions
arrivées, moins nombreuses ont eu lieu. Ces
très restrictives, les propriétés de la distri-
trois dernières années, cinq nouveaux labora-
bution de probabilité de grandeurs globales
toires ont demandé d’être désormais évalués,
à la dynamique chaotique du système non
pour ce qui est de leurs activités théoriques,
linéaire. L’étude des milieux granulaires doit
par la 02 comme section secondaire. Les physi-
son importante à ce qu’elle relie plusieurs
ciens théoriques jouent ainsi pleinement leur
aspects de la physique non linéaire (dyna-
rôle dans le tissu de la recherche française : la
mique dissipative, formation des motifs)
modification continue de ses contours est la
à des aspects proches à ceux de la méca-
preuve de sa vitalité.
nique statistique et à des problèmes de
micromécanique (lois des contacts, ponts
capillaires). Enfin la propagation des ondes
dans ces milieux désordonnés est encore un
problème ouvert. 2.1 THÉMATIQUES
INTERDISCIPLINAIRES
Chaos
Les grands champs interdisciplinaires
La théorie du chaos à basse dimensio-
nalité est une thématique importante qui
continue de connaître des développements Le développement de la physique au
importants en physique et en mathématique. cours du XXe siècle s’est accompagné de sa
Par exemple on essaie de développer des spécialisation dans diverses branches. On peut
codes numériques fiables pour le calcul de la dès lors parler d’interdisciplinarité au sein
stabilité de systèmes complexes (e.g. système même de la physique.
solaire) et d’avoir une meilleure compréhen-
sion des techniques de contrôle du chaos qui
peuvent avoir des applications technologiques L’interdisciplinarité
importantes. au sein de la physique théorique

Même si nombre de ses chercheurs


sont effectivement spécialisés, la physique
théorique sait toujours faire fructifier dans
ses divers champs disciplinaires les avancées
2 – INTERFACES obtenues dans l’un d’eux. Les échanges entre
elle et la physique nucléaire et l’astrophysique
en sont un exemple : étude de l’équation
L’interdisciplinarité de la physique théo- d’état de la matière nucléaire et structure des
rique apparaît quand on considère la longue étoiles à neutrons ; étude de la matière à des
liste de thèmes d’interface qui y sont étudiés, densités extrêmes et dynamique des explosions
même si certains de ceux-ci ne regroupent que de supernovae. D’autres études comme celle
de très petites équipes : information quantique, des fermions en interaction dans les systèmes

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0137-0154-Chap02 148 17/08/05, 16:24:32


02 – PHÉNOMÈNES PHYSIQUES, THÉORIES ET MODÈLES

macroscopiques ou mésoscopiques, qui marie exemple est l’étude des équations aux dérivées
théorie des champs et mécanique statistique, partielles qui constituent un sujet traditionnel
ou celles de la dynamique des systèmes désor- d’importance scientifique durable au contact
donnés, des systèmes hors équilibre (fracture, de l’analyse et des mathématiques appliquées.
flambage, friction) ou de la physique des Ces équations interviennent principalement en
milieux granulaires qui marient la mécanique mécanique classique (équations de Boltzmann,
statistique et la physique non linéaire, s’ap- d’Euler, de Navier-Stokes) et en mécanique
puient sur des sous-disciplines qui avaient par quantique (équation de Schroedinger).
le passé des domaines d’application distincts. L’équation de Schroedinger dans un potentiel
aléatoire est un bon exemple de problèmes
à la frontière de l’analyse et de la théorie des
Physique expérimentale probabilités qui peut aussi bénéficier de l’ap-
port de la théorie des champs. Même si une
La théorie est indissociable des expé- stratégie unique d’approche des équations de
riences. La physique non linéaire, la physique la physique mathématique n’existe pas, on
du solide et la physique des interactions fonda- observe un rôle croissant des méthodes d’ana-
mentales sont des domaines où l’échange entre lyse micro-locale ou multi-échelles proches
les deux est très fort. Les théoriciens de ces des idées du groupe de renormalisation de la
domaines se trouvent d’ailleurs répartis sur mécanique statistique.
la Section 02 et les sections expérimentales
correspondantes. L’appartenance à une même
unité de recherche, ainsi que les rencontres Nouvelles interfaces
dans le cadre d’autres structures (type GDR),
favorisent naturellement le développement des Algorithmique et complexité ;
deux facettes de la discipline. La reconnais- cognisciences
sance et l’évaluation de tels échanges ne sont
pas toujours faciles. Il semblerait ainsi utile,
L’optimisation combinatoire est l’un des
par exemple, d’installer entre les sections 02
domaines où se rencontrent l’informatique, les
et 03 une structure commune permettant aux
mathématiques et la physique statistique. Cette
théoriciens nucléaires et des particules d’être
dernière discipline a contribué, en particulier,
évalués par leurs pairs.
des méthodes développées dans l’étude des
« verres de spin ». Typiquement, elles permet-
tent de reformuler un problème d’optimisation
Mathématiques
comme un problème de recherche de l’état
fondamental d’un hamiltonien. Les multiples
La physique théorique entretient des applications feront l’objet de recherches aussi
relations privilégiées avec les mathémati- dans les années à venir.
ques. Un premier exemple est la théorie
des cordes qui continue d’être une source En cognisciences, l’étude de réseaux de
d’idées mathématiques originales, en topo- neurones formels a hautement bénéficié des
logie, en géométrie différentielle, en théorie mêmes méthodes.
des algèbres d’opérateurs. Son outil principal
reste la théorie conforme bidimensionnelle
des champs, mais l’accent s’est déplacé vers Informatique quantique
la théorie conforme à bord. La nouvelle
tendance, qui va certainement s’accentuer à Il s’agit d’un domaine dont personne
l’avenir, est le développement de l’interface ne peut encore cerner les promesses, et où
entre les cordes et la géométrie non commu- la physique théorique devra avancer main
tative (qui décrit la géométrie des « branes » où dans la main avec les expérimentateurs et
vivent les extrémités des cordes). Un second les informaticiens.

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0137-0154-Chap02 149 17/08/05, 16:24:33


RAPPORT DE CONJONCTURE 2004

Éconophysique tique, tels que les modèles à paysage neutre


ou la théorie des quasi-espèces, aux modèles
Dans le domaine de la finance, la modé- de dynamique stochastique en génétique des
lisation des fluctuations des produits financiers populations, ou à la coévolution dans les
profite de nouvelles approches qui ont leur modèles d’écologie. De même, la théorie des
origine dans la physique statistique. réseaux s’applique aux réseaux génétiques et
métaboliques.
Finalement, citons l’application de
Biologie concepts de matière condensée aux études
des moteurs moléculaires, du repliement des
La physique statistique trouve de protéines, de la mécanique des longues molé-
nombreuses applications dans les sciences cules (protéines et ADN) ou au problème du
biologiques. Les domaines tels que la théorie codage dans l’ADN. Une approche plus macro-
et la modélisation du repliement des protéines, scopique permet aussi de considérer des entités
le lien entre les théories de l’évolution et les complexes (organismes entiers, ensemble de
problèmes d’optimisation, ainsi que l’étude cellules) et de caractériser leur comportement
des réseaux de neurones sont maintenant à grande échelle : philotaxie, propagation des
bien établis. De plus, les biologistes sont ondes dans un nerf et fibrillation.
confrontés aux problèmes des très grandes
bases de données provenant du séquençage L’impact de la physique sur la biologie,
des génômes et des méthodes expérimentales limité il y a encore quelques années en raison
à très haut débit. La physique statistique peut de barrières de langage et de culture, est en
contribuer à la résolution de ces problèmes train d’avoir des conséquences importantes et
en développant de nouvelles méthodes visibles sur son développement.
d’analyse et d’interprétation des données et
en proposant de nouveaux modèles et théo-
ries pour comprendre les systèmes biologiques
complexes. 2.2 ÉVALUATION ET RECRUTEMENT
Ainsi, en biologie structurale, la physique
statistique a permis des avancées importantes
dans la compréhension du repliement et de la L’évaluation d’une recherche bi- ou multi-
dynamique des molécules biologiques, telles disciplinaire est souvent difficile. La méthode
que les protéines, l’ADN ou l’ARN, ainsi que la plus simple et la plus directe pour une
dans l’assemblage de ces biomolécules dans section du Comité National semble consister
des structures plus grandes telles que les à faire appel aux compétences de membres
membranes ou le cytosquelette. d’autres sections. D’autres procédures seraient
imaginables, mais ne devraient pas alourdir le
En bioinformatique, la physique statistique fonctionnement des diverses instances.
a permis de reformuler les problèmes d’analyse
de séquences et les algorithmes d’alignement Ce problème apparaît de la même façon
et de recherche dans les bases de données en lors d’un recrutement sur poste interdisciplinaire.
terme de problèmes de polymères dans des Les Commissions InterDisciplinaires récemment
milieux désordonnés. De même, la compré- installées, qui concernent des interfaces spéci-
hension des puces à ADN est liée au problème fiques, n’aident en rien aux recrutements inter-
du « clustering » en optimisation, lequel a une disciplinaires ponctuels, assez fréquents, entre
formulation simple en mécanique statistique. la physique théorique et telle ou telle autre
discipline. Les jurys mixtes, non autorisés par
Enfin, la mécanique statistique et la les textes aujourd’hui en vigueur, seraient sans
physique du non-linéaire s’appliquent naturel- doute dans certains cas la meilleure garantie
lement aux modèles d’évolution et de géné- d’un bon recrutement.

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02 – PHÉNOMÈNES PHYSIQUES, THÉORIES ET MODÈLES

3 – PARTENARIATS, demande de délégation équivaut parfois à un cri


d’alarme. Les postes d’accueil CNRS accordés à
ÉCHANGES, RECRUTEMENTS ces jeunes auront pour effet de libérer un poten-
tiel de recherche des plus vigoreux.

La « conjoncture » de la physique théo- Les universités font souvent état de


rique est codéterminée par l’environnement difficultés causées par ces délégations et
dans lequel la recherche scientifique est détachements : perturbation de la continuité
effectuée. Si la direction du CNRS ne peut de l’enseignement, impossibilité d’attirer
pas influer directement sur les découvertes des vacataires, faiblesse du remboursement
scientifiques, elle le peut par contre sur cet par le CNRS, etc. Ces difficultés doivent être
environnement. C’est pourquoi, dans ce troi- prises au sérieux ; cependant, ce n’est pas
sième chapitre, on abordera quelques aspects dans l’interêt des universités de les prendre
concrets et importants pour la recherche scien- comme prétexte pour empêcher cette mobi-
tifique au quotidien. lité temporaire. Le recul que prend un ensei-
gnant par rapport à son enseignement, sera
à la fin bénéfique à celui-ci.

3.1 CNRS ET UNIVERSITÉ


CNRS → Université

Les physiciens théoriques au CNRS sont De nombreux chercheurs CNRS souhai-


au nombre de 250 à 300 ; ceux dans les univer- tent participer à l’enseignement universitaire.
sités sont en nombre à peu près comparable. Il semblerait donc logique que des échanges
de service entre universitaires et chercheurs
Il y a beaucoup à dire sur les liens entre CNRS soient fréquents. Il n’en est rien, et les
le CNRS et l’Université. Les plans quadriennaux difficultés déjà relevées ci-dessus méritent
permettent sans doute une meilleure coordina- de faire l’objet de discussions entre le CNRS
tion entre les deux organismes. On se limitera et l’Université.
ici aux échanges que sont les accueils tempo-
raires d’enseignants-chercheurs au CNRS, ou Pour ce qui est de la mobilité « perma-
de chercheurs à l’Université. nente » du CNRS vers l’Université en section 02,
celle-ci est tout d’abord limitée par le faible
nombre de postes de professeur mis au
concours en physique théorique. Rien ne
Université → CNRS permet de s’attendre à ce que cette situation
change profondément dans les années à venir.
On peut constater qu’en physique théo-
rique le nombre de demandes faites par des
universitaires pour une délégation ou un déta-
chement auprès du CNRS dépasse (d’un facteur
deux, typiquement) la capacité d’accueil de ce 3.2 DIMENSIONS EUROPÉENNE
dernier. Il faut s’attendre à ce que le nombre de ET INTERNATIONALE
ces demandes augmente de façon importante
dans les années à venir. L’une des raisons en
est le recrutement, ces dernières années, de Il convient d’insister très fortement sur
jeunes maîtres de conférences dont la vocation l’importance pour les laboratoires de recherche
d’enseignant va de pair avec une forte ambition des postes d’accueil pour des visiteurs étran-
en recherche. Les conditions de travail actuelles gers. L’obtention et le financement de ces
à l’université ne permettent guère l’épanouisse- échanges est une tâche qui coûte cher en temps
ment de ces jeunes scientifiques, pour qui une et en énergie aux laboratoires, qui, cependant,

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0137-0154-Chap02 151 17/08/05, 16:24:34


RAPPORT DE CONJONCTURE 2004

n’ont d’autre choix que de payer ce prix. On de 18 mois est très bienvenue ; encore faut-il
pense à l’émiettement des sources financières, que le calendrier de la procédure soit adapté
chacune avec ses contraintes (Europe de l’Est, pour permettre de recruter les meilleurs candi-
Russie, pays du tiers monde, francophonie, dats sur ces postes : les offres de postdoc sont,
région, département, etc.), et chacune distri- au niveau international, faites en janvier pour
buant de petites sommes mais avec de longs des contrats débutant en septembre/octobre de
dossiers à remplir. La simplification des procé- la même année.
dures devrait être un but constant.
Somme toute, il est indispensable qu’une
fraction des postes CNRS reste disponible pour
des accueils à tous les niveaux : postdocs et
Accueil de chercheurs confirmés visiteurs senior de courte et longue durée. Si
une position de principe amenait le CNRS à
Il existe des besoins à la fois en accueil ne pas vouloir multiplier et gérer, au sein de
de courte durée et en accueil de longue durée. l’organisme, les postes « précaires » que sont les
En physique théorique, domaine où l’absence postdoc, il faudrait que l’existence de ceux-ci
d’investissements en équipement expérimental soit assurée d’une autre manière, à discuter
confère aux chercheurs une grande flexibilité entre les organismes de tutelle.
thématique, ces accueils constituent l’artère
par laquelle un laboratoire reçoit de nouvelles La politique du Département SPM consis-
idées et commence de nouvelles collaborations tant à favoriser des structures comme les GDR,
internationales. Le fait que les dotations attri- aide à satisfaire de façon tout à fait complémen-
buées à un laboratoire se mesurent en mois taire au besoin d’échanges sur le plan national
– visiteur plutôt qu’en années – visiteur par an, et, depuis peu, européen.
indique la pénurie de ces possibilités d’accueil.
Évidemment, ce problème implique également
les universités, dont les contributions aux Recrutements
postes d’accueil varient, suivant le cas, entre et départs internationaux
raisonnables et quasi-nulles.
Recrutements

Accueil de chercheurs postdoctoraux Il ne saurait être question d’« excellence »


dans quelque domaine que ce soit de la
Tout aussi important est l’échange de physique théorique, que par référence à un
postdoc. Les liens scientifiques et personnels cadre mondial. Aujourd’hui, en section 02
noués par les jeunes chercheurs postdoctoraux du CNRS, cette dimension internationale est
français partis à l’étranger continuent dans manifeste dans l’origine des candidats recrutés,
beaucoup de cas à leur profiter encore très à tous les niveaux (CR2, CRI, DR). Précisons
longtemps après leur retour en France. Les qu’il n’est pas question ici de la nationalité de
jeunes docteurs français profitent beaucoup des ces candidats, mais des pays où ils ont effectué
postes postdoctoraux disponibles à l’étranger, leurs études, doctorat compris. Au niveau
sans que leur pays offre les mêmes possibilités « jeunes chercheurs » (CR2) l’européanisation
aux étrangers. La règle, dans la communauté progresse fortement ces dernières années. Les
internationale de la physique des particules, conséquences de cette évolution demandent
est l’attribution de postes postdoc d’une à être analysées en détail, par exemple en
durée de deux ans ; la section souhaite que ce qui concerne l’impact sur la fréquentation
ce même type de poste puisse être offert aux des filières « recherche » (DEA et thèse) des
jeunes docteurs venant de l’étranger. L’initiative universités françaises : quel attrait auront les
récente du Ministère qui consiste à rendre filières recherche françaises si les postes CNRS
disponible au CNRS des postes postdoctoraux sont offerts à de jeunes brillants physiciens

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0137-0154-Chap02 152 17/08/05, 16:24:35


02 – PHÉNOMÈNES PHYSIQUES, THÉORIES ET MODÈLES

formés à l’étranger et dont le pays d’origine La section a progressé, au cours de la


ne pratique pas la même politique d’ouverture dernière décennie, à tel point sur la voie
que la France ? de l’interdisciplinarité que, au début de
la mandature en cours, elle s’est rendue
compte de son devoir d’assurer aussi le
Départs rajeunissement de son noyau traditionnel, la
physique des particules, où, avec la mise en
Si les départs à l’étranger de chercheurs service prochaine du Large Hadron Collider,
CNRS ne frappent pas par leur nombre, ils le on peut prévoir que de nombreux résul-
font, quand ils ont lieu, par le haut niveau des tats expérimentaux auront bientôt besoin
scientifiques concernés. Alors que, jusqu’à d’interprétation.
un certain point, ces départs font partie de Un résumé des thèmes porteurs pour
la vie normale, ils sont aussi motivés, en le futur évoqués dans ce rapport, peut être
physique théorique, par le nombre beaucoup le suivant :
trop restreint de promotions à haut niveau,
comme le signale avec insistance, et depuis – cadres théoriques pour les expériences
de nombreuses années, la Section 02. auprès des grands collisionneurs ;
– théorie au-delà du modèle standard et
conséquences phénoménologiques ;
– interface entre la physique nucléaire et
ses applications ;
4 – L’AVENIR DE LA – physique mathématique ;
PHYSIQUE THÉORIQUE
– problèmes à N corps quantiques ;
– physique non linéaire proche des
Le périmètre de la section 02 change assez expériences ;
rapidement, accompagnant en cela l’évolution
de la physique. La section s’en félicite. En ce – diversification interdisciplinaire de la
moment, les poids relatifs de l’astrophysique et physique statistique ;
de la physique du solide sont en augmentation. – etc.
La physique statistique joue pleinement son rôle
de véhicule interdisciplinaire d’idées. La section La dernière entrée de cette liste sert à
s’est ouverte depuis de nombreuses années à ne pas faire oublier au lecteur qu’en dépit
des expérimentateurs. Elle s’est ouverte aussi de toute politique scientifique, la recherche
vers les mathématiques, elle cherche à nouer fondamentale continuera à nous réserver des
des relations avec la biologie, etc. tournants imprévus.

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