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Mécanique Physique 1 (LU1MEPY1 &

LU1MEPY3)
Notes de cours (NoC) — version du 31 août 2023

Rédaction coordonnée par Christophe Balland et Quentin Grimal

Ce document est le produit du travail des groupes de travail auxquels de nombreux enseignants chercheurs
des UFR de Physique et Mécanique ont participé, et plus particulièrement des rédacteurs. Chapitre 1 :
Jean-Michel Courty ; Chapitre 2 Jean Hare, Nathalie Jedrecy, Anne Mongruel ; Chapitre 3 : Eric Brunet,
Pascale Hannoun ; Chapitre 4 : Eric Brunet, Ludovic Pricoupenko.

Sorbonne Université
UFR de Physique ; UFR de Mécanique
Année universitaire 2023-24
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Introduction générale
Ce document contient les notes de cours de l’enseignement Mécanique-Physique du pre-
mier semestre. Cet enseignement est dispensé à tous les étudiants se destinant à des cursus en
ingénierie, informatique, physique, mathématique, et à une partie des étudiants se destinant
à la biologie, les géosciences et la chimie. La vocation de cet enseignement est de fournir des
connaissances de base en physique à tous les étudiants. Il est un pré-requis pour continuer
en physique ou mécanique à l’université.
L’enseignement n’utilise que des notions de mathématiques simples, déjà vues au lycée
(à l’exception du produit vectoriel qui sera introduit dans ce cours). Il présente de manière
structurée les lois de la physique permettant d’étudier l’équilibre mécanique et thermodyna-
mique de solides ou de fluides. Les principes fondamentaux (axiomes) sont d’abord énoncés,
avant de démontrer, de manière aussi rigoureuse que possible avec des outils mathématiques
limités, un ensemble de lois qui en découle. Ces lois constituent des outils pour interpréter
les observations expérimentales et pour résoudre des problèmes concrets.
Le sujet de ce cours est l’équilibre mécanique et thermodynamique de systèmes macro-
scopiques « immobiles » (ou animés d’un mouvement rectiligne uniforme). Nous verrons que
les lois de Newton constituent les principes à partir desquels on peut définir les conditions
d’équilibre mécanique de systèmes quelconques (solide ou fluide). Ces conditions seront mises
en œuvre pour étudier l’équilibre d’objets de notre environnement, des systèmes naturels et
des objets technologiques (luge, outils, vérin, bateau, avion, gaz et liquide, etc). Nous ver-
rons que les équilibres mécaniques et thermiques, les transferts de chaleur, peuvent être
étudiés à partir du principe de conservation de l’énergie et du premier principe de la ther-
modynamique. Là encore, le comportement d’objets familiers sera étudié, du point de vue
thermodynamique : bouilloire, glaçon, réfrigérateur, étincelle, etc.
Le cours est divisé en quatre chapitres.
1. Les dimensions en mécanique et en physique. Ce chapitre présente les notions
de grandeurs physiques, de dimensions et d’unités. Il constitue aussi une introduction
à la démarche du physicien et du mécanicien.
2. Équilibre d’un système mécanique. Ce chapitre présente les concepts et méthodes
pour étudier l’équilibre d’un système mécanique (par exemple, des solides ou des por-
tions de fluide) : lois de Newton, notion de forces, équilibre en rotation et translation.
3. Statique des fluides. Ce chapitre présente les équations particulières, qui découlent
des principes énoncés au chapitre précédent, qui sont utiles pour étudier l’équilibre des
fluides (gaz ou liquides) et des solides immergés.
4. Thermodynamique. Ce chapitre présente les grandeurs permettant de décrire l’état
thermodynamique d’un système, introduisant les notions de température et de chaleur.
Les loi fondamentales permettant d’étudier les équilibres thermodynamique simples
sont données.
En suivant cet enseignement, les étudiants vont également s’approprier la « démarche du
physicien ». Nous insisterons sur le sens physique des équations, l’analyse des dimensions
des grandeurs en jeux et les ordres de grandeurs. Nous souhaitons qu’à la suite de cet

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enseignement – dans lequel nous prendrons comme sujet d’étude des objets du quotidien –
les étudiants regardent le monde qui les entoure avec une curiosité renouvelée ; face à un
phénomène familier, on pourra se demander : au fait, comment explique-t-on cela ?

Utilisation du document et conventions. Ce document, appelé « notes de cours »


(NoC), contient les éléments du cours qu’il faut connaître, et qui sont nécessaires et suf-
fisants pour résoudre les exercices faits en travaux dirigés. Ces NoC sont complétées par
un documement « polycopié détaillé », qui regroupe les éléments des NoC, et des éléments
permettant d’approfondir les notions mais qui ne sont pas exigibles (« hors programme).
Le présent document « notes de cours » (NoC) est un outil de travail incontournable
pour cette UE. Le « polycopié détaillé » est destiné aux étudiants qui veulent approfondir les
notions. La lecture du « polycopié détaillé » n’est pas rigoureusement nécessaire pour faire
les exercices de TD et passer l’examen (avoir la moyenne) avec succès.

Les NoC contiennent des encadrés :


Chose importante
Un encadré présente une définition, un concept ou une loi particulièrement importante
dans le cours, et qu’il faut savoir manipuler pour faire les TDs. Il n’est pas nécessaire
d’en apprendre par coeur le contenu. En revanche, il est indispensable de comprendre
et de retenir les notions qui y sont exposées, afin de pouvoir les utiliser, notamment
lors de la résolution d’exercices.

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CHAPITRE 1. LES DIMENSIONS EN MÉCANIQUE ET EN PHYSIQUE 5

Chapitre 1 | Les dimensions en mécanique


et en physique

1 Introduction
Comme les autres sciences, la physique repose sur des observations expérimen-
tales et des mesures quantitatives. L’objectif principal de la physique est de déterminer
les lois qui gouvernent les phénomènes naturels et de développer des théories qui permettent
de prédire le résultat d’expériences futures. Les lois fondamentales utilisées en physique sont
exprimées dans le langage des mathématiques, l’outil qui permet de connecter théorie et
expérience. L’application des principes de la physique à la résolution de problèmes d’ingé-
nierie permet notamment les développements technologiques que connaissent nos sociétés
aujourd’hui.

Des lois universelles pour un monde divers


Les lois de la physique sont exprimées comme des relations mathématiques
entre des grandeurs physiques. Ces lois sont universelles et s’appliquent à toutes les
échelles, à la matière inerte, tout comme à la matière vivante. L’attraction gravitationnelle
agit de la même manière sur les atomes, les animaux, les planètes ou les galaxies. Toutefois, les
conséquences de ces lois peuvent être fort diverses selon les valeurs des grandeurs considérées.
Comme l’explique par exemple Galilée, lors d’une chute d’une grande hauteur, une fourmi
restera indemne, une souris sera assommée et un cheval périra.

Les mondes de la mécanique et de la physique


A chaque échelle de longueur correspond un « monde » dans lequel les rapports entre les
divers effets physiques sont différents. Donnons-en un aperçu pour les effets de « mécanique ».
- A l’échelle du système solaire, il suffit de l’attraction gravitationnelle pour expliquer
complètement le mouvement des planètes (en incluant des effets de relativité générale). En
première approximation, les orbites des planètes sont des orbites qui se répètent de manière
immuable. Pour le mouvement des satellites, les trajectoires sont toujours elliptiques, mais
les frottements de l’air conduisent à une perte d’énergie et, lentement mais sûrement, à une
chute sur terre. Pour tous ces phénomènes, peu importe la nature de la matière qui compose
les objets considérés.
- A l’échelle de la planète, pour comprendre les grands mouvements de l’atmosphère ou
des océans, nous sommes confrontés à des milieux déformables dont il faut connaître les
propriétés. Les variations de densité dues à la température ou à la composition conduisent
à des écoulements à grande échelle, verticaux comme horizontaux. Ce sont la gravitation et
les effets physiques dûs à la rotation de la terre qui structurent ces écoulements, donnant
naissance aux alizés ou mettant en rotation dépressions et anticyclones.

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6 CHAPITRE 1. LES DIMENSIONS EN MÉCANIQUE ET EN PHYSIQUE

- Cela se complexifie encore à notre échelle. La gravitation est une accélération verticale
constante, produisant des trajectoires qui sont des paraboles. Les effets des frottements (on
parle de dissipation) sont bien souvent dominants. Les forces de cohésion doivent être prises
en compte pour comprendre le comportement de la matière.

2 Grandeurs physiques
Le travail du physicien et du mécanicien consiste à analyser, puis à modéliser, les diffé-
rentes grandeurs en jeu pour expliquer les phénomènes physiques.
Grandeur Physique
Une grandeur physique est une propriété d’un phénomène, d’un corps ou d’une sub-
stance, que l’on peut exprimer quantitativement sous forme d’un nombre et d’une
unité de mesure.

Exemples La position, la vitesse et l’énergie d’un mobile sont des grandeurs physiques,
tout comme la pression ou la température d’un gaz.
Grandeurs de base
Parmi toutes les grandeurs physiques, on peut identifier des grandeurs physiques par-
ticulières, qu’on appelle « les grandeurs de base ». Elles ont la propriété d’être mutuel-
lement indépendantes, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas être exprimées en fonction
des autres.

Exemple Les grandeurs de base choisies par convention dans le Système International
d’Unités (voir plus bas) sont données dans le tableau avec leur dimension :

Grandeur de base Symbole de la dimension


longueur L
masse M
temps T
courant électrique I
température thermodynamique Θ
quantité de matière N
intensité lumineuse J

On appelle « grandeurs dérivées » toutes les autres grandeurs qui sont définies en fonction
des grandeurs de base.

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CHAPITRE 1. LES DIMENSIONS EN MÉCANIQUE ET EN PHYSIQUE 7

3 Dimension d’une grandeur physique


Dimension
La dimension d’une grandeur physique caractérise la nature de cette grandeur. Hormis
les grandeurs de base, on peut toujours exprimer la dimension d’une grandeur physique
X, notée [X], par un produit de puissances de dimensions de base (en omettant tout
facteur numérique).
Exemple : [X] = La M b T c où a, b et c sont des nombres réels.

La notion de dimension est indépendante de l’unité utilisée pour mesurer la grandeur


! considérée : qu’une distance soit exprimée en mètres, pieds ou furlongs (unités anglo-
saxones de longueur), il s’agit toujours d’une longueur.

La nature d’une grandeur physique est un aspect commun à deux grandeurs


mutuellement comparables. Par exemple, les grandeurs chaleur, énergie cinétique et éner-
gie potentielle sont généralement considérées comme des grandeurs de même nature, à savoir
une énergie. Deux grandeurs de même nature ont la même dimension. En revanche, des gran-
deurs qui ont la même dimension n’ont pas nécessairement la même nature (par exemple, le
moment d’une force et le travail d’une force sont des grandeurs de dimension M L2 T −2 ).
Pour déterminer la dimension d’une grandeur, il suffit d’utiliser une relation (définition ou
loi physique) qui fait intervenir cette grandeur, ainsi que des grandeurs dont les dimensions
sont déjà connues. On utilise ensuite les propriétés suivantes : La dimension du produit
(resp : du quotient) de deux grandeurs est le produit (resp : le quotient) de
leur dimension ; la dimension associée à la dérivée d’une grandeur est le quotient de la
dimension de la grandeur et de la dimension de la variable de dérivation, par exemple la
dérivée par rapport au temps introduit une dimension T −1 . Exemples :
• Un nombre : la dimension des facteurs numériques est 1 (ils sont sans dimension)
• Volume V : [V ] = L3
• Vitesse v : on sait que la vitesse est le quotient d’une distance d et d’un temps t, d’où
[v] = [l/t] = [l]/[t] = L/T = L T −1
• Force F : Le principe fondamental de la dynamique permet d’écrire la force en fonction
de grandeurs de base [F ] = [m a] = [m] [v] / [t] = M L T −2
• Énergie : on peut utiliser l’expression de n’importe quelle énergie pour l’exprimer  en
fonction des grandeurs de base. On choisit ici l’énergie cinétique [Ec ] = 2 m v =
1 2

[m] [v]2 = M L2 T −2

Grandeurs sans dimension


Certaines grandeurs physiques sont « sans dimension », c’est-à-dire que leur dimension
est 1 ou encore que tous les exposants des dimensions de base sont zéro. Ces grandeurs
jouent souvent un rôle important et certaines se sont vues attribuer un nom. On peut
souvent les interpréter comme le rapport de deux grandeurs physiques intervenant
dans la situation étudiée : deux longueurs, deux vitesses, deux forces, deux énergies ...

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8 CHAPITRE 1. LES DIMENSIONS EN MÉCANIQUE ET EN PHYSIQUE

Exemple L’indice optique n = c0/c d’un matériau est le rapport entre la célérité c0 de
la lumière dans le vide et la vitesse c dans le milieu. Ce nombre caractérise la réfraction du
milieu.

Dimension et lois physiques


Dans l’écriture mathématique d’une loi physique, tous les termes de l’équation sont de
même dimension. On dit alors que l’équation est homogène.

! Une équation qui n’est pas homogène est nécessairement fausse !


Pour vérifier l’homogénéité d’une expression, on utilise les propriétés suivantes des fonc-
tions mathématiques :
• Propriété 1 Les différents termes d’une relation mathématique entre gran-
deurs physiques doivent avoir la même dimension. Ainsi, les deux termes d’une
égalité ont même dimension. De même, tous les termes d’une somme ont même dimen-
sion.
• Propriété 2 Toutes les fonctions mathématiques, autres que les puissances,
ne s’appliquent qu’à des nombres sans dimension. La dimension du résultat de
ces fonctions est aussi sans dimension (c’est un nombre). C’est le cas notamment des
fonctions trigonométriques, de l’exponentielle et du logarithme. Par exemple, si dans
une loi physique est présent l’expression sin (x) la grandeur x est nécessairement sans
dimension, et sin (x), est aussi sans dimension.

4 Unité de mesure
Unité de mesure
Une unité de mesure est une grandeur scalaire réelle, définie et adoptée par convention,
à laquelle on peut comparer toute autre grandeur de même nature, pour exprimer le
rapport des deux grandeurs sous la forme d’un nombre.

Système d’unités
Un système d’unités est un ensemble d’unités de base et d’unités dérivées, de leurs
multiples et sous-multiples, définis conformément à des règles données, pour un système
de grandeurs donné.

Le Système International d’Unités (SI) est le système dans lequel nous travaillerons
systématiquement. Pour des éléments historiques sur la naissance de ce système, voir le poly
détaillé. Ce système a évolué depuis sa création en 1960 ; en 2019 toutes les unités ont été
redéfinies comme des fonctions de constantes fondamentales.
Les unités de base sont des unités de mesure adoptées par convention pour une grandeur
de base. Dans chaque système cohérent d’unités, il y a une seule unité de base pour chaque
grandeur de base. Le tableau suivant indique les unités de base dans le SI.

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CHAPITRE 1. LES DIMENSIONS EN MÉCANIQUE ET EN PHYSIQUE 9

Grandeur de base Unité de base


Nom Nom Symbole
longueur mètre m
masse kilogramme kg
temps seconde s
courant électrique ampère A
température thermodynamique kelvin K
quantité de matière mole mol
intensité lumineuse candela cd

Une unité dérivée est une unité de mesure d’une grandeur dérivée. Par exemple, le
mètre par seconde, symbole m/s, et le centimètre par seconde, symbole cm/s, sont des unités
dérivées de vitesse dans le SI. Le kilomètre par heure, symbole km/h, est une unité de vitesse
en dehors du SI mais dont l’usage est accepté avec le SI. Le nœud, égal à un mille marin
(1852 m) par heure, est une unité de vitesse en dehors du SI.
Valeur d’une grandeur
La valeur d’une grandeur est l’ensemble d’un nombre et d’une unité. Cette valeur
constitue l’expression quantitative de la grandeur. En notation scientifique, la valeur
d’une grandeur sera notée de la manière suivante :

v = 2, 53 × 105 m s−1

c’est-à-dire le produit du nombre décimal (2, 53) et d’une puissance de 10 (105 ) séparés
par le symbole × et suivi par l’unité (m s−1 )

On veillera à ajuster le nombre de chiffres significatifs à la précision attendue et à rester


cohérent avec l’ensemble des autres valeurs utilisées.

5 Conseils pour mener les calculs et les évaluations nu-


mériques
Lorsque l’on mène des calculs, le remplacement des grandeurs physiques par leur
valeur numérique se fait uniquement à la fin et non pas progressivement. Les expres-
sions que l’on écrit sont soit complètement analytiques (c’est à dire avec les symboles des
grandeurs), soit complètement numériques (c’est-à-dire avec les valeurs des grandeurs). Il ne
faut pas mélanger chiffres et lettres. (En physique, c’est « les chiffres OU les lettres » !)
La procédure générale (sauf exception) est la suivante :
1. Mener les calculs analytiques jusqu’au bout.
2. Convertir toutes les valeurs numériques dans le système international.
3. Remplacer les symboles par les valeurs numériques sans indiquer les unités.
4. Effectuer le calcul numérique. Donner le résultat final avec son unité et en ayant ajusté
le nombre de chiffres significatifs. D’abord dans l’unité de base du SI, puis éventuelle-
ment dans une unité multiple.

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10 CHAPITRE 1. LES DIMENSIONS EN MÉCANIQUE ET EN PHYSIQUE

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 11

Chapitre 2 | Équilibre d’un système


mécanique

1 Introduction
L’objectif de ce chapitre est de présenter les concepts et les méthodes pour étudier l’équi-
libre d’un système mécanique. Les lois de Newton forment le cœur de ce chapitre : elles
formulent les principes qui permettent d’étudier les équilibres. Ces lois introduisent la no-
tion de force dont on verra de nombreux exemples dans ce chapitre et les suivants. Ce cours
traitera uniquement de l’équilibre de systèmes « immobiles » (équilibre statique), ou ani-
més d’un mouvement rectiligne uniforme en l’absence de rotation. Les chapitres suivants
s’appuieront largement sur le contenu de ce chapitre : le chapitre 3 traite d’équilibres où le
système étudié est un milieu matériel fluide (liquide ou gaz) ; dans le chapitre 4, un nouveau
principe sera utilisé en plus des lois de Newton pour traiter de l’équilibre thermodynamique
d’un système.

Objet de l’étude : le système


On appelle « système » l’objet de l’étude, c’est-à-dire ce dont on va étudier l’équilibre.
Ce système est « isolé » par la pensée du reste de son environnement, de sorte que l’on peut
faire le bilan des forces qui s’appliquent sur le système. Le système étudié peut être :
• un fluide (un système étendu, déformable et qui peut s’écouler), une portion de fluide
ou un solide ;
• un « solide rigide », c’est-à-dire un système étendu considéré comme indéformable ;
• un « point matériel », c’est-à-dire un objet d’extension nulle (ponctuel). Ce modèle
peut être utilisé pour l’étude d’objets étendus dans la mesure où on ne s’intéresse
qu’au mouvement du centre de masse, et pas à la rotation de l’objet ;
• un ensemble d’éléments ponctuels ou un ensemble de solides rigides.
Le « solide rigide » et le « point matériel » correspondent à des modélisations, puis-
qu’aucun solide n’est parfaitement rigide et le solide ponctuel n’existe pas vraiment :
! même les particules qui composent le noyau atomique (nucléons) ont une extension
finie. Ces modèles « idéalisent » la nature, mais permettent néanmoins de résoudre de
nombreux problèmes d’intérêt pratique.

Choix du système. Lorsque l’on traite un problème d’équilibre mécanique, on commence


en général par choisir le système. On dit aussi qu’on « isole » le système par la pensée
pour faire l’analyse des actions mécaniques auxquelles il est soumis. Ce choix dépend de ce
que l’on cherche à calculer. Par exemple :
1. Si l’on s’intéresse à l’équilibre de la Terre et son atmosphère, le système sera formé de
la Terre, de tous les objets sur la Terre et de l’atmosphère.

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12 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

2. Si l’on s’intéresse à l’équilibre d’un objet sur la Terre, alors on pourra considérer la
Terre et l’atmosphère comme éléments extérieurs à l’objet, exerçant sur celui-ci une
action extérieure.

Description du mouvement
L’étude de la dynamique ou de la statique d’un système s’effectue dans un référentiel.
Définitions : référentiel et repère

Un référentiel est un ensemble de points fixes les uns par rapport aux autres (comme
dans un solide indéformable) auquel on se réfère pour décrire une position, une orien-
tation ou un mouvement. Un référentiel est généralement associé à un système de
coordonnées, ou repère. Par exemple, le repère cartésien est défini par un point
fixe, dit origine, et un système de 3 axes perpendiculaires entre eux.

Dans ce cours, on utilisera souvent le référentiel terrestre ou le « référentiel du labo-


ratoire » qui est une structure fixe par rapport à la Terre (toutefois la Terre tourne sur
elle-même et autour du Soleil, le référentiel terrestre n’est donc pas immobile !). Dans cer-
tains cas, on pourra utiliser un référentiel en mouvement par rapport au référentiel terrestre,
par exemple le référentiel de l’avion pour étudier les forces exercées par l’air sur les ailes
d’un avion.
Dans un référentiel donné, le mouvement d’un système est conditionné par ses degrés
de liberté.
Définition : degrés de liberté (ddl)

Un solide rigide dans l’espace à trois dimensions (3D) possède 6 degrés de liberté :
3 degrés de liberté de translation et 3 de rotation. En d’autres termes, la position
du solide est repérée par les 3 coordonnées d’un point fixe du solide et son orientation
est repérée par 3 angles. Dans un espace à deux dimensions (2D), un seul angle suffit,
le solide n’est alors doté que de 2 + 1 = 3 degrés de liberté.

Exemples z θ Lacet
z
• Un point matériel possède 3 degrés de li-
berté dans l’espace 3D et 2 dans l’espace
2D. Roulis
• Une feuille de carton est posée sur une table θx
(espace 2D). Une fois fixé un point de la
feuille avec une épingle, on peut seulement x
la faire tourner autour de l’axe de l’épingle
(1 ddl), soit 3 ddl au total.
• Le mouvement d’un avion, en plus de la
Tangage θy
position de son centre de masse (décrite par y
3 ddl), est décrit par 3 angles de rotation (3 ddl) autour de 3 axes liés au solide (Figure).

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 13

Définitions : position, vitesse et accélération


La position d’un point M dans un repère cartésien est donnée par les coordonnées du
vecteur position
# » # »
2D : OM = x #»
u x + y #»
uy , ou 3D : OM = x #»
u x + y #»
u y + z #»
uz

où O, #»
u x , #»
u y , #»
u z sont le point origine et les vecteurs unitaires de base du repère car-
tésien. La position de M est décrite par ses 2 ou 3 coordonnées cartésiennes (x, y, z)
en 2D et 3D respectivement.
La vitesse #» v M et l’accélération #» a M d’un point M , dans un référentiel donné, sont
définies par les dérivées successives du vecteur position par rapport au temps :

#» d# » #» d d2 # »
v M = OM et a M = #»v M = 2 OM
dt dt dt

Dans ce cours, on étudiera des systèmes mécaniques en équilibre statique ou dont le


centre de masse (voir définition plus bas) a un mouvement rectiligne uniforme.

Définitions
Mouvement rectiligne uniforme : c’est le mouvement d’un point M qui a une
vitesse non nulle #»
v M indépendante du temps.
Équilibre statique : état d’un système dont tous les points M ont une vitesse nulle
à chaque instant.

Centre de masse
Le centre de masse est un point particulier du système qui intervient naturellement
lorsque l’on étudie un équilibre mécanique. Il est utilisé pour formuler les lois de Newton
(voir plus bas) et il est confondu avec le centre de gravité (voir p. 23) dans la plupart des
cas d’intérêt pratique.

Définition : Centre de masse


Le centre de masse (ou barycentre) d’un système S est la moyenne des positions,
avec une pondération donnée par la distribution des masses. On peut considérer des
masses ponctuelles mi , ou distribuées et décrites par la masse volumique ρ(M ), qui
peut dépendre du point M . Du point de vue mathématique, le centre de masse C est
défini par :
P # » RRR # »
mi OMi ρ(M ) OM dV
# »
OC = i P ≡ V RRR ,
mi ρ(M ) dV
i V

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14 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

ou, en d’autres termes, en reconnaissant au dénominateur la masse totale mtot :


# » X # » RRR # »
mtot OC = mi OMi ≡ ρ(M ) OM dV .
i V

On peut montrer que cette relation s’écrit aussi


X # » #» RRR # »
mi CMi = 0 ≡ ρ(M ) CM dV .
i V

On a introduit le symbole qui désigne la sommation de quantités indexées par i, dV


P
i
qui est l’élément de volume infinitésimal et le symbole qui désigne l’intégration
RRR
V
sur le volume (c’est-à-dire la somme sur les volumes élémentaires dV ).

Exemple 3 boules homogènes (traitées comme des


points matériels) de même masse : le barycentre est
au point de concours des 3 médianes du triangle. C’est
aussi le cas si, au lieu de trois boules, on considère une
plaque triangulaire de densité surfacique homogène (cf.
figure ci-contre).

2 Notion de force
L’équilibre mécanique d’un système résulte d’un certain nombre d’influences subies par ce
système de la part du monde extérieur. Ces influences, ou actions mécaniques, sont modélisées
par des forces.
Définition : forces
Une force est un modèle mathématique caractérisé par un un vecteur et un point
d’application. La norme du vecteur force est de dimension M.L.T −2 et son unité est
le newton (symbole N), avec 1 N = 1 kg.m.s−2 .
On appelle droite d’action d’une force la droite passant par le point d’application de
la force et dont la direction est celle du vecteur force. Cette notion est indispensable
pour étudier l’équilibre rotationnel d’un système.

Pour un système donné, il est utile de distinguer les forces internes, c’est-à-dire celles
qui sont exercées entre des sous-parties du système, et n’influencent que la position
relative de ses différentes parties, des forces externes, qui sont exercées sur le système
! par le monde extérieur. Ce statut dépend du système ; par exemple, la force de pesanteur
terrestre est une force interne si le système inclut la Terre, et une force externe dans le
cas contraire.

Des exemples de forces sont étudiées au § 9, page 22 et suivantes.

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 15


On utilisera en général la notation F ext→S pour expliciter que les forces sont exercées par
le monde extérieur sur le système S. Dans certains cas, la notation → S pourra être omise
si il n’y a pas d’ambiguïté, pour alléger les notations.
Lorsqu’un système S est soumis à un ensemble de forces, numérotées 1, 2, . . . jusqu’à n,
on appelle résultante des forces s’exerçant sur S, ou force « totale », la somme vectorielle
des vecteurs force impliqués :
#» n #»
P #» #» #»
F tot→S = Fj = F1 + F2 + · ·· + Fn
j=1

3 Les lois de Newton


Nous les énonçons ici dans leur forme la plus générale pour un système quelconque.
1re loi : Principe d’inertie
Il existe une famille de référentiels, appelés référentiels galiléens ou référentiels inertiels,
dans lesquels le centre de masse de tout système matériel isolé ou quasi-isolé a un
mouvement rectiligne uniforme par rapport à chacun de ces référentiels.

Le principe d’inertie est en fait la définition des référentiels inertiels.


Un système S est dit isolé lorsqu’il n’est soumis à aucune force ou quasi-isolé si la
résultante des forces auxquelles il est soumis est nulle.
2e loi : Principe fondamental de la dynamique
Dans un référentiel inertiel, le produit de la masse totale et de l’accélération du centre

de masse du système est égale à la résultante des forces extérieures F tot qui s’appliquent
sur le système :
d #»
vC #»
mtot = F tot .
dt

L’égalité peut être vue comme une définition mathématique de la force. Elle implique
aussi que la masse peut être considérée comme une résistance au changement du mouvement
(masse dite « inertielle »).
Ce principe permet donc, connaissant les forces qui s’appliquent sur un système, de
déterminer le mouvement du centre de masse C du système. Lorsqu’on se limite à l’étude
de l’équilibre statique, ou à un mouvement de translation uniforme, la résultante des forces
#» #»
extérieures est nulle ( F tot = 0 ) et cette égalité permet souvent de déterminer ces forces
extérieures (assurant l’absence de mouvement). Dans ce cours, nous nous limiterons
au cas où la résultante des forces extérieures est nulle.
3e loi : Principe des actions réciproques (ou principe de l’action-réaction)

Les actions mutuelles de deux systèmes l’un sur l’autre sont d’intensité égale, de même
direction et de sens opposé, ce qui s’écrit pour deux systèmes notés (1) et (2) :
#» #»
F 1→2 = − F 2→1 .

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16 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

Ce principe implique notamment que la somme des forces internes est nulle, et ne doivent
donc pas figurer dans la somme des forces.

4 Équilibre translationnel
Condition d’équilibre translationnel
#» #»
On appelle ainsi la condition d’annulation de la résultante des forces : F tot = 0 .

Ainsi le système est quasi-isolé et se comporte tel que le prévoit le principe d’inertie :
immobilité ou mouvement rectiligne uniforme pour le centre de masse.

5 Moment d’une force


Insuffisance de la condition d’équilibre translationnel
D2 #» D1
#» #» M
Pour un solide, si la condition d’équilibre translationnel F tot = 0
est vérifiée, nous sommes assurés que le centre de masse du système #»
F2
est en translation uniforme ou immobile. Par contre, nous n’avons
pas d’information sur la rotation éventuelle du système. Il peut en P2 O+ P1
effet y avoir un mouvement de rotation, par exemple dans le cas où #»
un « couple » est appliqué. F1

Définition : couple
On appelle « couple » un ensemble de deux forces de somme
vectorielle nulle mais de droites d’action distinctes.

Par exemple, sur un volant (le système considéré), un conducteur applique deux forces
opposées de part et d’autre de façon à induire une rotation sans exercer de force sur l’axe
(la résultante des forces est nulle). Dans ce cas, on remarque que les « droites d’action » D1
et D2 sont distinctes. Il faut donc ajouter une conditions à l’équilibre translationnel.

Notion de moment d’une force


D #»
Dans l’exemple du volant ci-dessus, on a vu qu’une force F
y
peut avoir pour effet d’engendrer un mouvement de rotation.
Cet effet est décrit quantitativement par le « moment » de la # » #»
force. Pour introduire cette notion, considérons par exemple MJ 0 (F )
P
une barre mobile OP , articulée en un point fixe O. Une force

F appliquée à l’extrémité P de la barre ne peut engendrer de
# »
mouvement de rotation que si elle n’est pas parallèle à OP , au- P′
trement dit elle doit posséder une composante perpendiculaire O
# » levier
x
au vecteur OP . L’efficacité de cette force pour faire tourner la Bras de

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 17

barre sera d’autant plus grande que cette composante perpen-


diculaire sera grande. Par ailleurs, le mouvement de rotation sera d’autant plus efficace que
le « bras de levier » (c’est-à-dire la distance OP ′ de la droite d’action D de la force par
rapport au point O) est grand.

Définition : Moment d’une force par rapport à un point O



Si une force est caractérisée par un vecteur F et un point d’application P , on appelle
moment de cette force par rapport à un point de référence O quelconque le vecteur :
# » #» # » #» # » #»
MO ( F ) = OP ∧ F = ∥OP ∥ ∥ F ∥| sin(α)| #»
u z,

#\» #» # » #»
où α = (OP , F ) et #»
u z est tel que le trièdre (OP , F , #»
u z ) est direct (c’est-à-dire qu’il
suit la « règle de la main droite » exposée dans l’encadré mathématique de fin de
chapitre).
#» # »
On a posé ici que F et OP sont dans le plan ( #»
u x , #»
u y ), de sorte que le moment est

suivant u z .
# » #»
Le moment MO ( F ) mesure la capacité de la force considérée à produire la rotation
d’un objet autour d’un axe passant par O.

La dimension du moment est M L2 T −2 et son unité dans le SI est le N.m (newton


mètre).

La définition explicite du produit vectoriel et ses propriétés sont détaillées dans l’encadré
mathématique de fin de chapitre.
• Un moment est toujours défini par rapport à un point de référence, et dépend en
général de ce point.
! • La direction du moment définit l’axe de la rotation que celui-ci tend à induire.
• Le sens du moment définit le sens de la rotation que celui-ci tend à induire.

# » #»
Cas où OP et F sont colinéaires Le calcul donne sin(α) = 0, d’où on déduit que le

moment est nul. On remarque que dans ce cas la droite d’action de F passe par le point
de référence O.
# » #»
Cas où OP et F sont perpendiculaires Le calcul donne sin(α) = ±1 : le moment
prend, en module, sa valeur extrémale, donc l’effet de rotation est maximal. Dans le cas du
volant, pour lequel cette condition est réalisée (voir la Figure), le sens de rotation induit est
trigonométrique inverse : le vecteur moment
N est dirigé dans le sens entrant dans le plan de
la figure (comme indiqué par
J le symbole ) et Mz < 0 . Pour des forces de sens opposé, on
aurait Mz > 0, (symbole ).

Notion de bras de levier L’effet de la force à faire tourner un système autour d’un point
O est d’autant plus important que la distance (le « bras de levier ») entre O et la droite

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18 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

d’action D de la force est grande. Ceci se démontre à partir de la définition du moment :


# » #» # » #» # » # » #» # » #» # » #»
MO ( F ) = OP ∧ F = OP ′ + P ′ P ∧ F = OP ′ ∧ F = ∥OP ′ ∥ ∥ F ∥ sin(±π/2) #» uz .
# » #» # » #» # » #»
D’où ∥ MO ( F )∥ = ∥OP ′ ∥ ∥ F ∥ = ∥OP ∥ | sin(α)|∥ F ∥. La distance OP ′ est le « bras de
levier ».

6 Conditions d’équilibre d’un solide


Un système est à l’équilibre si la condition d’équilibre translationnel et la condition
d’équilibre rotationnel sont toutes deux vérifiées. Si les deux conditions sont vérifiées :
d’une part le mouvement du centre de masse est assuré d’être rectiligne uniforme (c’est
l’équilibre translationnel) ; d’autre part il n’y a pas de rotation (c’est l’équilibre rotationnel).
Condition d’équilibre rotationnel
L’équilibre rotationnel d’un système constitué d’un ou plusieurs solides rigides impose
que la résultante des moments des forces extérieures s’appliquant sur système est nulle
#» X # » #» #»
MO,tot = MO ( F i ) = 0 .
i

Précision : La nullité de la somme des moments implique précisément qu’il n’y a pas de
mise en rotation ou de modification de la rotation. Dans les applications traitées, on suppose
implicitement que le système n’est pas initialement en rotation.
Remarques
• Les moments dont on fait la somme doivent tous être calculés au même point de
référence.
• À l’équilibre, la somme des moments ne dépend pas du point de calcul O.
Attention, ce n’est pas vrai pour un moment en particulier, mais seulement pour leur
somme. Pour démontrer cela, on change le point de calcul de O en O′ , on a :
P # » #» P # ′ » #» P # ′ » # » #» # ′ » P #» P # » #»
i MO′ ( F i ) = i O Pi ∧ F i = i O O + OPi ∧ F i = O O ∧ i Fi + i OP ∧F .
| i{z }i
#» # » #»
| {z }
0 MO ( F i )

En conséquence, pour résoudre un problème donné, on pourra choisir librement le point


de calcul des moments pour écrire l’équilibre rotationnel – souvent, il y a un « bon »
choix qui permet de simplifier les calculs.
Nous avons maintenant vu tous les éléments permettant de formuler la démarche générale
pour étudier l’équilibre :
Démarche générale pour étudier l’équilibre mécanique d’un système

1. Choisir (isoler a ) le système S dont on veut étudier l’équilibre ;


2. Faire le bilan des forces extérieures qui s’appliquent sur S ;
3. Écrire la condition d’équilibre translationnel, ce qui revient à écrire une équation
vectorielle ;

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 19

4. Écrire la condition d’équilibre rotationnel, qui est une autre équation vectorielle ;
5. Projeter ces deux équations vectorielles selon les axes d’un repère bien choisi
pour obtenir un système d’équations scalaires ;
6. Si le problème est bien posé, la résolution du système d’équations permet de
déterminer les propriétés (norme, droite d’action) de toutes les forces inconnues
impliquées dans l’équilibre.
a. On utilise souvent le verbe « isoler » lorsque l’on fait le choix du système à étudier. Il ne faut pas
confondre avec un autre usage du même verbe lorsque l’on écrit que le système est isolé ou quasi-isolé
en référence à la 1re loi de Newton.

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20 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

7 Équilibre d’un solide soumis à deux forces


De nombreux systèmes sont soumis à deux forces, c’est donc un cas particulier très
#» #»
important. Soit un système soumis à deux forces F 1 et F 2 , de points d’application P1 et P2 .
#» #»
La condition d’équilibre translationnel implique F 1 = − F 2 .
Si la condition d’équilibre rotationnel est vérifiée, on montre que les droites d’action
# »
de ces deux forces sont confondues, c’est-à-dire que le vecteur P1 P2 est colinéaire aux
#» #»
deux vecteurs forces F 1 et F 2 .

Exemple Si un solide pesant est suspendu à un fil, la droite d’action de la traction du fil
doit coïncider avec celle du poids. Il en résulte que le centre de gravité s’aligne verticalement
avec le point d’accrochage. On peut alors utiliser cette propriété pour déterminer le centre
de gravité en variant le point d’accrochage. Voir la figure ci-dessous, où l’on admet que le
poids m #»
g s’applique au centre de masse C.
#» #»
F2 = T #» #»
F2 = T
B
M

C C
C C
M
B

#» + #» #»
F1 = m g F 1 = m #»
g
(a) Un équilibre (b) Autre équilibre

Fig. 2.1 – Deux situations d’équilibre à deux forces : (a) suspension à la position de Metz, (b)
suspension à la position de Brest. On observe que dans les deux cas C est à la verticale du point
de suspension. Sur (b), on voit que C est au point d’intersection de la verticale passant par Brest
et de celle que l’on avait (en pointilles), passant par Metz, dans le cas (a).

8 Équilibre d’un solide soumis à trois forces



L’équilibre d’un solide soumis à trois forces F i de points d’application Pi distincts impose :
P #» #»
• l’équilibre translationnel : 3i=1F i = 0
# » #» # » #» # » #» #»
• l’équilibre rotationnel : MA ( F 1 ) + MA ( F 2 ) + MA ( F 3 ) = 0 (A étant arbitraire).
On peut montrer que les 3 forces sont nécessairement coplanaires (conséquence de l’équilibre
rotationnel). On distingue ci-dessous deux situations : (1) les droites d’action sont quel-
conques et non parallèles (forces non colinéaires) ou (2) les droites d’action sont parallèles
(forces colinéaires).

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 21

1–Cas de trois forces non colinéaires


Un solide soumis à trois forces non colinéaires est en équilibre lorsque l’équilibre trans-
lationnel est réalisé ET que les 3 droites d’action sont concourantes en un point I
# »
(équilibre rotationnel). Il en résulte que chacun des 3 vecteurs IPi est colinéaire avec

le vecteur force F i correspondant, pour i = 1, 2 ou 3.

y #»
Exemple : équilibre d’une échelle Le système S est une FB
échelle posée sur le sol horizontal en A et sur un mur vertical en B I
B. Le contact avec le mur en B est supposé sans frottement, la ré-
action est donc normale au mur. La réaction du sol en A implique α

un frottement statique, donc FA fait un angle θ inconnu avec la

verticale (le contact avec frottement est présenté page 23). FA
Ce système est soumis à trois forces (le poids et les 2 réactions) m #»
g θ
dont les droites d’action doivent être concourantes pour obtenir
l’équilibre rotationnel. Après avoir déterminé l’intersection I des

droites d’action de FB et m #»
x
g , on déduit l’angle θ. Les normes de A
#» #»
F A et F !B peuvent alors être calculées en utilisant la condition d’équilibre translationnel.
2–Cas des forces colinéaires
L’équilibre rotationnel impose que les trois droites d’action soient parallèles et copla-
naires, et que les rapports entre les bras de levier soient inversement proportionnels
aux rapports des forces correspondantes.

Exemple : la balance romaine Cette balance


est constituée d’une barre S, de masse négligeable,
suspendue en un point fixe P (le pivot). On ac-
croche en M1 , près d’une extrémité, la charge m1 à #»
peser. Le contrepoids ou peson (à droite de l’image), R
de masse m2 , est attaché au point mobile M2 qui
M1 M2
peut se déplacer le long de la barre. La mesure est
réalisée en recherchant l’équilibre de S qui est sou-
mise à trois forces parallèles : les poids des deux
#» m2 #»
g
P
masses et la réaction R du pivot. Ainsi, en prenant
par exemple P comme point de référence, on peut m1 #»
g
obtenir à partir de l’équilibre rotationnel l’expres-
sion :
m1 /m2 = P M2 /P M1 .
Pour P M1 = 1 cm et m2 = 1 kg, par exemple, on peut graduer la partie à droite de P : la
position d’équilibre de M2 en cm donne la masse m1 en kg.

Notion de levier La balance ci-dessus est un exemple de « levier ». De manière générale un


levier est un axe sur lequel on distingue trois points : le point pivot P autour duquel s’effectue

la rotation, le point d’application M de la force d’entrée F m (la force motrice exercée par

un opérateur) et le point d’application R de la force de sortie F r (la force résistante). À

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22 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

l’équilibre, les moments de ces forces par rapport au point pivot se compensent. Sur les
figures ci-dessous, ces deux forces appliquées à la barre sont tracées en rouge, tandis que la

force réellement « utile », appliquée par la barre sur le système extérieur, est − F r , tracée
en bleu. On peut classer les leviers selon les positions respectives de ces trois points, et les
nommer en fonction du point qui se trouve au milieu :
Levier inter appui Le point de pivot (pointe du triangle) est si-
tué entre les points d’application des deux autres forces. Pour #»


−F r #»
que l’équilibre rotationnel soit réalisé, ces forces sont néces- P Fm
sairement de même sens. C’est le cas de la balance romaine #» R M
Fr
ci-dessus, de la balançoire à bascule, mais aussi de certains ou-
tils usuels comme des ciseaux ou un pied de biche. Il sont généralement utilisés pour
obtenir des forces résistantes utiles importantes (du coté de bras de levier le plus court)
pour une force motrice plus faible exercée à l’extrémité opposée.
Levier inter résistant C’est le point d’application de la force ré-
sistante qui est au milieu, tandis que le point de pivot et la #»


Fr #»
force motrice sont de part et d’autre de celui-ci. À l’équilibre, P Fm
les forces motrice et résistante ont des directions opposées. R #» M
−F r
Comme le point d’appui de la force résistante est entre l’axe
et la force motrice, son bras de levier est nécessairement plus faible et, donc, à l’équi-
libre, la force utile est plus grande que la force motrice. Si le bras de levier de le force
résistante est très court, on peut obtenir un effet d’amplification important comme dans
le cas précédent. C’est notamment le cas du casse-noix, de la brouette, du décapsuleur
ou encore du massicot à levier.
Levier inter moteur La force motrice s’exerce entre le point de


pivot et la force résistante. À l’équilibre, ces forces sont de sens #»
opposé. Cette fois, la force résistante est inférieure à la force F
P m #»
motrice. Ce levier est souvent utile pour obtenir un déplace- F#»r
−F r R
ment plus important (du coté résistant) au prix d’une force M
motrice plus grande. De nombreux muscles agissent sur nos membres de cette ma-
nière, par exemple, l’action du biceps sur notre avant bras. Une petite contraction de
ce muscle provoque une mouvement ample de notre main. A l’opposé, ce type de le-
vier peut être utilisé lorsque l’on veut réduire une force pour agir avec délicatesse, par
exemple lorsque l’on mange avec des baguettes ou que l’on utilise une pince de type
brucelles (de même configuration que la pince à épiler.)

9 Exemples de forces
Il existe dans le monde physique macroscopique une grande variété de forces (ou « actions
mécaniques » ou « efforts ») dont quelque-unes sont étudiées ici.
De nombreuses forces sont associées à un contact entre deux objets, par exemple :
les forces de réaction (normale et tangentielle) ; la force de traction d’une corde sur un objet ;
la force élastique d’un ressort ; les forces de traînée et de portance exercées sur un objet en
mouvement dans un fluide (comme un avion dans l’air).
D’autres forces s’exercent à distance (sans contact). C’est notamment le cas de l’inter-
action électrostatique entre deux charges et de l’interaction gravitationnelle.

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 23

9.1 Gravitation et pesanteur


Attraction universelle
Deux particules ponctuelles A et B de masses respectives mA et mB exercent l’une sur
l’autre une force attractive dont l’intensité est proportionnelle au produit des masses
et inversement proportionnelle au carré de la distance AB. Ce qui s’écrit :
# »
#» mA mB AB
F A→B = −G # » 2 #»
u AB avec #»
u AB = (vecteur unitaire)
AB AB

et où G ≈ 6,674 × 10−11 m3 kg−1 s−2 est la constante gravitationnelle.

Remarques
• Le signe − explicite la caractère attractif de la force.
• Ces forces vérifient de façon évidente le principe des actions réciproques, puisque si on
échange le rôle de A et de B, seul change le vecteur unitaire #»u BA = − #»
u AB .
Pesanteur
Pour un système S de masse m placé à proximité de la surface terrestre, l’attraction
universelle de la part de la Terre donne lieu à la force de pesanteur (communément
appelée « poids ». Dans un modèle simplifié, qui est suffisant pour interpréter la plupart
des phénomènes, cette force à les propriétés suivantes :
• elle est dirigée vers le centre de la Terre (G) ;
• elle est proportionnelle à chacune des masses MT de la Terre et m de S ;
• son point d’application (ou « centre de gravité ») est le centre de masse C de S ;
• et qui s’écrit :
#» m MT
F T →S = −G # » 2 #» u GC ≡ m #»g
GC

Le vecteur #»
u GC est par définition la verticale ascendante du lieu où se trouve le système,

usuellement noté #»
u z . On obtient ainsi F T →S = m #»
g où #»
g = −g #»
u z , avec :

G MT
g = ∥ #»
g∥ = 2
≈ 9, 816 m.s−2 ,
RT

qui est très proche de la valeur « usuelle » de l’accélération de la pesanteur 1 . Ci-dessus, on


a approché la distance GC entre les centres de masse par le rayon terrestre RT .

9.2 Forces de contact entre deux solides


Lorsque deux solides sont en contact, il apparaît une force dite « de réaction » qui rend
compte du fait que les solides ne peuvent pas s’interpénétrer, et éventuellement résistent à un
1. MT ≈ 5, 972 × 1024 kg et RT ≈ 6371 km. La valeur dite « normale » de g, à savoir sa valeur à Paris,
est 9, 80665 m.s−2 .

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24 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

glissement de l’un sur l’autre. Elles peuvent être caractérisées simplement par les lois phéno-
ménologiques de Coulomb (à ne pas confondre avec la force de Coulomb en électrostatique)
exposées ci-après.
Réactions normale et tangentielle
Lorsqu’un solide S1 est en contact avec un solide S2 , ils exercent l’un sur l’autre une
#» #»
force de réaction RS1 →S2 = − RS2 →S1 . Choisissons (arbitrairement) S2 comme système
S et S1 comme support, supposé fixe. On introduit alors la normale sortante #» n qui
est le vecteur unitaire perpendiculaire à la surface de contact et dirigé de S2 vers S1 .
#» #»
On peut décomposer la force RS1 →S2 (notée simplement R dans ce qui suit) en ses
#» #»
composantes normale N et tangentielle T , telles que :
#» #» #» #» #»
R = N + T avec N ∝ − #»
n et T ⊥ #»
n .

• La réaction normale N est toujours de sens opposé à #» n (c’est une force en-
trante car exercée du support S1 vers le système S2 ). Son intensité n’est fixée
que par la condition de compenser la force exercée par S2 sur S1 , laquelle dépend
des autres forces que S2 subit.

• La réaction tangentielle T , rend compte des frottements éventuels, elle est
toujours dans le sens opposé au mouvement relatif. Pour l’intensité (la norme)

de T , on distingue deux cas selon qu’il y a ou non glissement :
#» #»
– Frottement dynamique : (glissement) ∥ T ∥ = µD ∥N ∥,
#» #»
– Frottement statique : (absence de glissement) ∥ T ∥ ⩽ µS ∥N ∥,
où µD et µS sont les coefficients de frottement dynamique et statique, néces-
sairement positifs, et vérifiant généralement 0 ⩽ µD ⩽ µS ⩽ 1.

Exemple : solide sur un plan incliné Il s’agit d’un #»


R
problème à deux forces. L’équilibre rotationnel implique #»
N
que les droites d’action sont confondues et le point d’ap- θ
#» +
plication P de la réaction R, a priori inconnu, est donc à
l’intersection de la droite d’action du poids et de la sur-
C #»
face de contact. D’après la condition d’équilibre trans-
#» T
lationnel, la force R compense le poids et fait donc P
avec la normale un angle de θ, qui est l’inclinaison du m #»
g
plan par rapport à l’horizontale. Cet angle est borné par θ
θc = arctan(µS ), matérialisé par les pointillés. L’équilibre
n’est possible que tant que |θ| ⩽ arctan(µS ). Au-delà de
cet angle limite, le solide va glisser sur le plan incliné.

9.3 Fil, corde ou câble


On se limite à un modèle de fil (ou corde, ou câble) inextensible, de masse négli-
geable, et dépourvu de raideur. Les deux extrémités du fil sont notée A et B. On suppose
qu’un système est accroché au point A.

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 25

Force de traction d’un fil



La force de traction exercée par le fil sur le système en A s’écrit T A = T #» u AB où
#» # » # » #»
u AB = AB/∥AB∥ (vecteur unitaire) et où T = ∥ T ∥ est appelée la tension du fil qui

est positive ou nulle. Dans ce modèle, le fil est rectiligne, et la force T A est colinéaire
avec le fil.

Fil
Poulie Une poulie est constituée d’un disque, qui peut tour-
ner librement autour de son axe de symétrie (liaison pivot).
Elle est généralement dotée d’une gorge à sa périphérie, dans Axe
laquelle peut s’enrouler un fil (ou une corde, un câble, une
chaîne, une courroie, etc.). Fil
Une association de plusieurs poulies sur un même support #»
#» T2
est appelée « moufle », et une association de deux moufles dans T1
lesquelles passe le même fil constitue un « palan ».

Poulie idéale à l’équilibre

A l’équilibre statique, une poulie idéale (c’est-à-dire dépourvue de masse et de frotte-


ments) conserve la tension du fil. La direction (ou le sens) de la traction dans les deux
brins du fil (de part et d’autre de la poulie) peut être différente. Ce résultat peut être
établi en considérant l’équilibre rotationnel du fil.
La poulie est donc un dispositif qui permet de transmettre la force de traction en
changeant sa direction.

Ressort
Lorsqu’on accroche un objet à un ressort xA xB
horizontal, on observe que la force de rappel
a une intensité proportionnelle à l’étirement #» ℓ #»
FA A BF B
ou à la compression du ressort. La force qui x
s’exerce sur l’objet tend à ramener le ressort A0 ℓ0 B0
vers sa position initiale, c’est une force élas-
tique ou de rappel.
Force de rappel d’un ressort
Si on appelle A et B les deux extrémités du ressort, la force exercée par le ressort sur
#» # » # »
le système accroché au point B s’écrit F B = −k (ℓ − ℓ0 ) #»u AB où #»
u AB = AB/∥AB∥
(vecteur unitaire), k est la « constante de raideur du ressort » positive par définition,
# »
ℓ = ∥AB∥ la longueur du ressort, et ℓ0 sa longueur « à vide ». Ici (ℓ − ℓ0 ) est une
grandeur algébrique : positive pour un allongement, négative pour une compression.

La force F B est bien dirigée vers A lorsque l’allongement est positif et à l’opposé
lorsqu’il est négatif.

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26 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

Cas simplifié à une dimension (1D) : Lorsque le mouvement s’effectue suivant un


# »
axe x, on peut se limiter aux projections sur cet axe. Si l’axe x est orienté selon AB, et
que les origines de xA et de xB sont les positions de repos (A0 et B0 respectivement sur
la figure ci-dessous), l’allongement est donné par xB − xA et la formule générale devient
FB = −k (xB − xA ).

Traînée et portance
Lorsqu’un avion se déplace, il se crée un mouvement relatif entre l’air environnant et
l’avion. Si on se place dans le référentiel de l’avion, on observe un écoulement d’air autour
de l’avion. Les forces engendrées par cet écoulement d’air, notamment au niveau des ailes,
sous l’effet de la pression et de la viscosité, ont pour résultante la « force aérodynamique ».
Traînée et portance
On décompose la force aérodynamique en deux composantes :

– Force de traînée F t , parallèle et de même direction que le vent relatif et que
la trajectoire. C’est essentiellement une force analogue aux frottements, et elle
est donc de sens opposé à celui du mouvement.

– Force de portance F p , c’est la partie utile perpendiculaire au vent relatif et à
la trajectoire, et dirigée vers le haut lorsque le profil de l’aile et son inclinaison
par rapport au vent relatif sont adaptés. C’est grâce à elle que l’avion peut voler.
L’analyse dimensionnelle et les expériences permettent d’établir que les intensités de
ces forces s’expriment sous la forme :
1 1
Fp = ρ Cz S V 2 et Ft = ρ Cx S V 2
2 2
où ρ est la masse volumique de l’air, V la vitesse du vent relatif, c’est-à-dire, au signe
près, celle de l’avion dans le référentiel terrestre, S la surface des ailes.

Les quantités Cx et Cz sont des coefficients sans dimension, qui dépendent de la géométrie
de l’aile et de l’avion, de l’angle que fait l’aile avec le vent relatif (« incidence » de l’aile) et des
caractéristiques hydrodynamiques de l’écoulement (dont la vitesse du vente relatif). On peut
#» #»
caractériser les qualités d’une aile par le paramètre appelé « finesse » : f = ∥ F p ∥/∥ F t ∥ =
Cz /Cx , qui peut atteindre des valeurs supérieures à 70 pour un planeur.

10 Travail et énergie
Travail
Le travail d’une force est une grandeur scalaire qui quantifie l’action qu’elle a pu avoir
sur un objet en le déplaçant sur une certaine distance. Pour un déplacement infinitésimal
#» #» #»
d ℓ du point d’application de F , le travail élémentaire de F s’écrit :
#» #»
δW = F · d ℓ

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 27

Remarque : la notation δ dans δW signifie que le travail élémentaire dépend a priori du


chemin suivi.
Pour un déplacement d’un point A à un point B il faut intégrer δW sur le chemin
emprunté.
Définition : Travail d’une force entre deux points

Le travail de la force F s’exerçant sur un système lors de son déplacement d’un point
A à un point B est
#» #»
Z B
WA→B = F ·dℓ .
A

La dimension du travail est M.L .T 2 −2


et l’unité SI est le joule, de symbole J.

Un cas particulier important est obtenu lorsque F est constante, car alors le travail ne
dépend plus du chemin suivi.

Cas particulier important : F constante

Si F est constante, on peut la sortir de l’intégrale, et on a :

#» #» #» #» #» # »
Z B Z B
WA→B = F ·dℓ = F · d ℓ = F · AB
A A

On notera que le travail est positif lorsque le déplacement se fait dans le sens
de la force (force motrice), et négatif dans le cas contraire (force résistante).

Énergie
On appelle énergie 2 la capacité à produire du travail qui a (ou aurait) été emmagasiné. Ses
dimension et unité sont donc les mêmes que celle du travail. Il existe de nombreuses formes
d’énergie (énergie élastique dans un ressort, énergie électrique, énergie chimique, etc.). Dans
ce cours, nous étudierons les formes d’énergies mécaniques définies ci-dessous.
Définition : Énergie cinétique 3
Un système possède de l’énergie cinétique, notée Ec , du fait de son mouvement. Elle
est nulle au repos et dépend uniquement de la masse et de la vitesse. Pour un ensemble
de points matériel de masses mi et de vitesses #»
vi :
X1
Ec = mi #»
v i2 .
i
2

La notion d’énergie potentielle Epot est associée à la notion de force conservative. Par
définition, les forces dites « conservatives » sont celles dont le travail entre deux points ne

2. du grec ancien έν έργεια.


3. Du grec ancien κινησις.

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28 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

dépend pas du chemin suivi 4 .


Définition : Énergie potentielle

La variation d’énergie potentielle associée à une force conservative F s’exerçant sur
un système lors de son déplacement d’un point A à un point B est :

#» #»
Z B
Epot (B) − Epot (A) = −WA→B = − F ·dℓ ,
A

Pour un système à un degré de liberté x, la force conservative f⃗ et l’énergie potentielle


associée vérifient la relation :
dEpot
f⃗(x) · ⃗ex = − ,
dx
où ⃗ex est le vecteur unitaire de l’axe x. En raison de cette relation, on dit que la force
dérive du potentiel Epot .

On présente ci-dessous deux exemples importants.

Énergie potentielle de pesanteur Pour un objet de masse m qui est déplacé, suivant la
verticale, dans un champ de pesanteur #» g d’une altitude zA à une altitude zB (l’axe z étant
choisi vertical ascendant), la variation d’énergie potentielle s’écrit :

Epot (B) − Epot (A) = mg(zB − zA ).



Ce résultat peut être démontré simplement. En partant de F = m #»
g , on a

B

Z
WA→B = m #»
g ·dℓ,
A


qui ne dépend que de la composante de d ℓ dans la direction de #»
g . Avec #»
g = −g #»
u z (où

g = ∥ g ∥), on a :

B
#» zB
Z Z
WA→B = −mg #»
uz · d ℓ = −mgdz = −mg(zB − zA ).
A zA

Énergie potentielle élastique pour un ressort de raideur k agissant sur un axe x, où la


k
force de rappel élastique s’écrit f⃗ = −k x ⃗ex , l’énergie potentielle est Epot (x) = x2 + K,
2
où K est une constante arbitraire qu’il est commode de supposer nulle (la force dérive du
potentiel).

4. Les forces de frottement solide, qui dépendent non seulement de la position mais surtout du sens de
la vitesse ne sont pas conservatives. Il en est de même de la traînée et de la portance, qui dépendent de la
vitesse. Ces forces sont dites « forces dissipatives ».

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CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE 29

Théorème de l’énergie cinétique


L’énergie cinétique d’un système peut être modifiée sous l’effet d’actions mécaniques.
C’est ce qu’exprime le théorème de l’énergie cinétique (qui est une conséquence directe du
principe fondamental de la dynamique).
Théorème de l’énergie cinétique
La variation de l’énergie cinétique totale d’un système S entre un état initial A et un

état final B est égale à la somme des travaux de toutes les forces Fi (internes comme
externes) subies par S lors de son déplacement de A à B. En termes mathématiques,
cela s’écrit : X #» 
∆EC = EC (B) − EC (A) = WA→B F i

forces F i

Conservation de l’énergie mécanique


Conservation de l’énergie mécanique
Lorsqu’un système n’est soumis qu’à des forces conservatives et si Epot est la somme
des énergies potentielles associées à ces forces, on appelle « énergie mécanique » du
système la quantité : Em = Ec + Epot . Cette quantité se conserve au cours du temps.

Ce résultat se démontre à partir du théorème de l’énergie cinétique, qui, appliqué entre


deux points A et B, s’écrit :

Ec (B) − Ec (A) = WA→B = − Epot (B) − Epot (A)

soit
Ec (B) + Epot (B) = Ec (A) + Epot (A) = Em .

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30 CHAPITRE 2. ÉQUILIBRE D’UN SYSTÈME MÉCANIQUE

Point de mathématiques : produit vectoriel

Définition : Si ⃗u et ⃗v sont deux vecteurs de R3 , le produit vectoriel ⃗u ∧ ⃗v est lui-même un


vecteur de R3 dont l’expression des cordonnées est
     
ux vx uy vz − uz vy
⃗u ∧ ⃗v = uy  ∧ vy  = uz vx − ux vz 
uz vz ux vy − uy vx

Il résulte immédiatement de cette définition que :


• le produit vectoriel est bilinéaire (comme le produit scalaire)
• le produit vectoriel est antisymétrique (contrairement au produit scalaire), c’est-à-dire
que u⃗ ∧⃗ v = −⃗ v∧u ⃗ et donc ⃗u ∧ ⃗u = ⃗0
• le produit vectoriel u ⃗ ∧⃗v est orthogonal à u ⃗ et à ⃗ v
En termes géométriques, le produit ⃗u ∧ ⃗v est un vecteur :
• qui est orthogonal au plan engendré par ⃗u et ⃗v
• dont la longueur vérifie ∥⃗ u∧⃗ v ∥ = ∥⃗ u∥ ∥⃗v ∥ | sin( u ⃗d,⃗
v )| ⃗u ∧ ⃗v
⃗u
• dont le sens est obtenu en utilisant la règle des trois doigts
de la main droite a : si l’index pointe dans la direction de
⃗u et le majeur dans celle de ⃗v , le produit ⃗u ∧ ⃗v est dans
la direction du pouce.
Le facteur sin( ⃗u d, ⃗v ) résulte du raisonnement simple suivant :
lorsqu’on forme ⃗u ∧⃗v , on peut toujours décomposer ⃗v comme la
⃗v
somme une composante ⃗v∥ parallèle à ⃗u, qui disparaît, et d’une
composante ⃗v⊥ , perpendiculaire à ⃗u, qui seule contribue à ⃗u ∧⃗v Fig. 2.2 – Règle de la main
et dont la norme est précisément ∥⃗v⊥ ∥ = ∥⃗v ∥ | sin( ⃗u d , ⃗v )|. droite

On peut noter que ∥⃗u ∧⃗v ∥ est aussi l’aire du triangle dont deux
des cotés sont ⃗u et ⃗v .

Autre approche : ux vx #»
ex
Le produit ⃗u ∧ ⃗v est le développement par rapport à la dernière colonne de uy vy #»
ey .
uz vz #»
e
z

a. On peut aussi utiliser le trièdre orthonormé direct ( #»


u x , #»
u y , #»
u z ) tel que :
#» #» #» #» #» #» #» #» #»
u x ∧ u y = e z , u y ∧ u z = u x et u z ∧ u x = u y .

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CHAPITRE 3. STATIQUE DES FLUIDES 31

Chapitre 3 | Statique des fluides

1 Introduction
L’objectif de ce chapitre est de présenter les concepts et méthodes pour étudier l’équilibre
statique d’un volume de fluide, ou d’un objet solide plongé dans un fluide. Ce chapitre exploite
les notions de force et d’équilibre mécanique vues au chapitre 2. Ce chapitre introduit les
notions de pression et de force de pression qui seront également utilisées au chapitre 4.
Définition : fluide
Un fluide est un milieu continu, déformable et qui peut s’écouler. Un fluide n’a
pas de forme propre ; au repos, il prend la forme du récipient dans lequel il est placé. On
distingue les gaz, qui occupent tout le volume du récipient, des liquides, qui peuvent
n’en occuper une partie et présenter une surface libre.

Un milieu continu est un modèle de milieu matériel pour lequel on définit, à chaque ins-
tant t et en chaque point M , la particule matérielle présente en M à l’instant t. Cette
particule est un volume élémentaire de matière assez petit pour être considéré comme ponc-
tuel (pour un observateur à l’échelle macroscopique), mais qui contient assez de molécules (à
l’échelle microscopique) pour qu’on puisse lui attribuer une masse volumique, une pression,
une température, etc. Ces quantités sont décrites par des fonctions continues de l’espace et
de temps : par exemple p(M, t) est la pression au point M à l’instant t.
• Une quantité est dite « uniforme » si sa valeur ne dépend pas de la position.
• Une quantité est dite « stationnaire » si elle n’évolue pas au cours du temps.
Par exemple, dans un verre d’eau au repos, la pression est stationnaire, mais pas uniforme
(elle est plus importante au fond). Cette pression est décrite par une fonction de l’espace
p(M ), que l’on explicitera dans la section 4. Dans le même verre d’eau, la masse volumique
est stationnaire et uniforme, et on la décrit par un nombre, ρeau , valable pour tous les points
M dans le verre et égal à la masse de l’eau divisée par son volume.
Masses volumiques de l’eau et de l’air
Il faut connaître les masses volumiques de l’eau et de l’air dans les conditions usuelles :

ρeau ≈ 1 kg · ℓ−1 = 1 000 kg · m−3 , ρair ≈ 1,2 kg · m−3 .

Compressibilité. Pour un problème donné, on peut ou non considérer la masse volumique


du fluide comme variable. Un fluide est dit compressible si sa masse volumique peut changer
et incompressible si sa masse volumique ne varie pas (en particulier, elle ne dépend pas de
la pression).
Les gaz sont compressibles, et on peut habituellement considérer que les liquides sont in-
compressibles. Cependant, aucun fluide n’est parfaitement incompressible. Pour caractériser
à quel point un fluide peut être comprimé, on introduit la compressibilité isotherme χT ,

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32 CHAPITRE 3. STATIQUE DES FLUIDES

définie de la manière suivante : quand la pression dans un fluide augmente de ∆p sans que la
température ne change, alors la masse volumique de ce fluide subit une augmentation relative
égale à ∆ρ/ρ = χT ∆p. L’air a une compressibilité χT,air = 10−5 Pa−1 ; une augmentation
de pression ∆p = 5 000 Pa = 0,05 bar est suffisante pour que la masse volumique de l’air
augmente de 5% = 10−5 × 5 000. L’eau a une compressibilité χT,eau = 5,10−10 Pa−1 ; une aug-
mentation de pression de 108 Pa = 1000 bar serait nécessaire pour que la masse volumique
de l’eau augmente de 5 % = 5 10−10 × 108 . Dans la plupart des situations usuelles, de telles
pressions sont inenvisageables ; on peut donc assimiler l’eau à un fluide incompressible.

2 Pression et force de pression


Tout système plongé dans un fluide ressent des forces de pression exercées par le fluide.
Ces forces (des vecteurs) sont caractérisées par un nombre (un scalaire) appelée pression.
Considérons d’abord un cas simple
Définitions : pression et force de pression
Lorsqu’un système a une surface plane S en contact avec un fluide ayant une pression
uniforme p, ce système subit une force de pression F⃗p perpendiculaire à la surface,
dirigée du fluide vers le système, et de norme p S.
On introduit la normale sortante ⃗n à la surface, qui est qui
est le vecteur unitaire (∥⃗n∥ = 1) perpendiculaire à la surface et F⃗p
dirigé du système vers l’extérieur. La force de pression exercée
par le fluide sur cette surface s’écrit
⃗n
système
F⃗p = −p S ⃗n. fluide

La pression s’exprime en pascal (Pa), avec 1 Pa = 1 N/m2 . Sa dimension est ML−1 T−2 .

La pression dans un fluide dépend en général de la position M , et les surfaces ne sont pas
toujours planes. Pour traiter le cas général, on introduit la force de pression infinitésimale
dF⃗p qui s’exerce sur un élément de surface infinitésimal dS.
Définitions : pression et force de pression infinitésimales

En tout point M de la surface du système, on introduit la nor-


⃗n(M ′ )
male sortante ⃗n = ⃗n(M ) qui est le vecteur unitaire (∥⃗n∥ = 1) ⃗n(M )
perpendiculaire à la surface et dirigé du système vers l’extérieur. ′
M
La force de pression dF⃗p sur un élément dS de la surface du M
système autour d’un point M peut alors s’écrire système fluide

dF⃗p = −p dS ⃗n, dF⃗p


dS
où p = p(M ) est la pression du fluide au point M .

La force de pression est due aux chocs des molécules du fluide sur la surface. L’intensité
de ces chocs ne dépend pas de la direction de la paroi : on dit que la pression est isotrope.

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CHAPITRE 3. STATIQUE DES FLUIDES 33

Dans la définition ci-dessus, les « d » signifient « quantité infiniment petite » : sur la


surface infiniment petite dS s’exerce une force infiniment petite dF⃗p . Pour calculer la force
de pression sur une surface S qui n’est pas infiniment petite, il faut en général :
• décomposer la surface S en petites surfaces élémentaires dS,
• calculer la force de pression infinitésimale dF⃗p sur chacune de ces surfaces,
• sommer (vectoriellement) toutes les forces de pression ainsi obtenues. On n’oublie pas
que la normale sortante ⃗n dépend du point M choisi.
La force de pression qui s’applique sur une surface S peut donc toujours s’écrire comme
l’intégrale (la somme) des efforts élémentaires de pression qui s’exercent sur chaque partie
dS de la surface S : ZZ
F⃗p = −p dS ⃗n.
S

Dans le cas d’une surface plane et d’une pression uniforme, p et ⃗n sont constants et on
retrouve bien F⃗p = −p S ⃗n.

• La force de pression est un vecteur et s’exprime en newton (N).


! • La pression est un scalaire (c’est-à-dire un nombre) qui s’exprime en pascal (Pa).

Autres unités. Des unités qui ne font pas partie du S.I., le bar et l’atmosphère, sont
encore utilisées car elles représentent la pression moyenne de l’atmosphère au niveau de la
mer : 1 atm = 1,013 bar et 1 bar = 105 Pa.

Mesures. Un baromètre permet de mesurer la pression atmosphérique (mesure absolue


par rapport au vide). Un manomètre permet de mesurer la surpression (par rapport à la
pression atmosphérique) dans un pneu ou un circuit de chauffage. En médecine, la surpression
artérielle est appelée tension.

Exemple. L’air dans le tube exerce une force de pression bouchon


verticale vers le haut sur le bouchon, et une force verticale vers
le bas sur l’eau. La norme de ces forces est pS, avec S la section
du tube et p la pression de l’air. L’air dans le tube exerce aussi air
des forces de pression horizontales (non représentées) sur les
parois. eau

Les forces de pression existent partout dans le fluide. Dans le tuyau partie partie
(de section S) dessiné ci-contre, l’air de la partie droite exerce sur gauche droite
! l’air de la partie gauche une force de pression −Sp⃗ex . De même, l’air
de la partie gauche exerce une force de pression −Sp(−⃗ex ) = Sp⃗ex ⃗ex
sur l’air de la partie droite.

Continuité de la pression. On considère une interface plane A air


entre deux fluides (par exemple, de l’eau et de l’air). Le point A,
dans l’air, juste au dessus de l’interface, a une pression pA et le
B eau
point B, dans l’eau, juste en dessous de l’interface a une pression pB .

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34 CHAPITRE 3. STATIQUE DES FLUIDES

Continuité de la pression
Lorsque l’interface entre deux fluides est plane, la pression de chaque côté de l’interface
est la même : pA = pB . On dit que la pression est continue.

Pour démontrer ce résultat, considérons les deux systèmes 1 et 2 1


de la figure ; ces deux systèmes sont séparés par un élément de surface ⃗n21 A air
dS situé sur l’interface. La force exercée par 1 sur 2 est dF⃗12 =
−pA dS ⃗n21 (avec ⃗n21 le vecteur unitaire orienté de 2 vers 1), et la dS B eau
force exercée par 2 sur 1 est dF⃗21 = −pB dS ⃗n12 (avec ⃗n12 le vecteur 2
unitaire orienté de 1 vers 2). D’après la troisième loi de Newton, on
a dF⃗12 = −dF⃗21 . Mais comme ⃗n12 = −⃗n21 , on en déduit pA = pB .

3 Poussée d’Archimède
Théorème : poussée d’Archimède
Quand un système est plongé dans un fluide à l’équilibre, la résultante de toutes les
forces extérieures de pression subies par le système s’appelle la Poussée d’Archi-
mède, notée Π ⃗ A . Cette résultante est égale à l’opposée (vectorielle) du poids du fluide
déplacé :
⃗ A = −−
Π
−−−−−−−−−−−−−−−−→
Poids du fluide déplacé.
Si le corps est plongé dans un fluide de masse volumique uniforme, on obtient donc
⃗ A = −ρfluide Vfluide déplacé ⃗g ,
Π

avec Vfluide deplacé le volume de fluide qui a été déplacé (ou remplacé) par le système,
ρfluide la masse volumique du fluide et ⃗g l’accélération de la pesanteur. On note que
⃗ A est toujours verticale et orientée de bas en haut.
Π
Le point d’application de la poussée d’Archimède est le centre de gravité du fluide
déplacé. On l’appelle aussi centre de poussée.

Démonstration. Trois objets sont re-


présentés : le premier est plein, le second Π⃗A ⃗A
Π Π⃗A
comprend un creux rectangulaire et le troi-
sième est un volume de fluide délimité par
une surface virtuelle. Les trois objets pré-
sentent une surface de même forme à l’extérieur et sont plongés dans le même fluide. Les
trois objets ressentent donc les mêmes forces de pression (les petites flèches) de la part du
fluide environnant. La résultante de ces forces (la grande flèche) est donc la même dans les
trois cas ; c’est ce qu’on appelle la poussée d’Archimède Π ⃗ A.
Dans le troisième cas, le système (à l’intérieur des pointillés) est un volume de fluide au
repos, de masse mfluide . Puisque ce système est à l’équilibre, la somme des forces extérieures
qui s’exercent dessus est nulle, et on obtient Π⃗ A + mfluide⃗g = ⃗0. La poussée d’Archimède est

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CHAPITRE 3. STATIQUE DES FLUIDES 35

donc opposée au poids de ce système : Π ⃗ A = −mfluide⃗g . De plus, le point d’application de


la poussée d’Archimède est le même que le point d’application du poids du fluide déplacé,
c’est-à-dire le centre de gravité de ce volume de fluide.
La poussée d’Archimède qui s’exerce sur un système donné dépend seulement
1. du volume du système (et pas de sa masse ou de sa composition)
2. de la masse volumique du fluide dans lequel il est plongé.
! 3. de l’accélération de la pesanteur
La poussée d’Archimède étant la résultante des forces de pression, il ne faut pas lister
dans le bilan des forces à la fois la poussée d’Archimède et les forces de pression.

Exemple : poussées d’Archimède due à l’air et l’eau.


Lorsqu’un système est plongé dans deux fluides, par exemple
dans de l’eau et de l’air comme dans le schéma à gauche, la
poussée d’Archimède est toujours opposée au poids du fluide déplacé, c’est-à-dire au poids
des fluides qui occuperaient la place de l’objet si on enlevait l’objet, comme dans le cercle
en pointillés. Dans ce cas, l’expression exacte est Π⃗ A = −(ρeau Vimmergé + ρair Vémergé )⃗g , avec
Vimmergé le volume du système en dessous de l’eau, et Vémergé le volume au dessus de l’eau. Mais
comme ρeau est environ 800 fois plus grand que ρair , on peut habituellement négliger la force
d’Archimède due à l’air et écrire simplement Π⃗ A ≈ −ρeau Vimmergé ⃗g . Le point d’application de
la force d’Archimède est toujours le centre de gravité du fluide déplacé ; dans ce cas précis,
il se confond presque avec le centre de gravité de l’eau déplacée. En particulier, le point
d’application de la poussée d’Archimède n’est pas le centre du système !

4 Relation fondamentale de la statique des fluides


Soit (Oz) l’axe vertical, orienté vers le haut. L’altitude est notée z.
Loi de Pascal
Dans un fluide à l’équilibre, la pression p(z) diminue quand l’altitude z
z
augmente. Lorsque le fluide a une masse volumique uniforme, la loi de
variation de la pression peut s’écrire :
p(z) = p(0) − ρfluide gz, ou p(z) + ρfluide gz = Constante,
avec ρfluide la masse volumique du fluide, g l’accélération de la pesanteur et
p(0) la pression à l’altitude z = 0.
En posant ∆z = zB − zA la différence d’altitude entre deux points A et B, et
∆p = pB − pA la différence de pression entre ces mêmes points, la relation peut ⃗ez
O
également s’écrire, toujours en supposant la masse volumique uniforme,
∆p = −ρfluide g ∆z.
Pour une variation infinitésimale dz de l’altitude, la variation infinitésimale de pression
est
dp = −ρfluide g dz.
Cette dernière expression reste vraie si la masse volumique du fluide n’est pas uniforme.

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36 CHAPITRE 3. STATIQUE DES FLUIDES

Démonstration. Dans un fluide au repos, on choisit comme sys- z + a


tème la portion de fluide comprise dans un cube de côté a situé
entre les altitudes z et z + a. On suppose la masse volumique ρfluide
constante dans le cube. z
• La somme des forces de pression (représentées en rouge) s’ap- ⃗ez
pliquant sur les parois du cube est égale à la poussée d’Archi- O
mède Π ⃗ A = −ρfluide a3⃗g = ρfluide a3 g ⃗ez . ⃗ex x x+a
On en déduit que
• Les forces de pression horizontales s’annulent deux à deux. Cela implique que la pression
ne dépend ni de x, ni de y. Elle dépend donc seulement de z, et on la note p(z).
• La force de pression sur le bas du cube étant p(z)a2 ⃗ez et celle sur le haut du cube
étant −p(z + a)a2 ⃗ez , on obtient

⃗ A = ρfluide a3 g ⃗ez .
p(z)a2 ⃗ez − p(z + a)a2 ⃗ez = Π

En projetant sur l’axe z, en simplifiant par −a2 , on trouve p(z + a) − p(z) = −ρfluide g a, qui
est équivalent à ∆p = −ρfluide g ∆z comme on le voit en considérant un point A à l’altitude
z et un point B à l’altitude z + a. Les autres expressions de l’encadré s’en déduisent.

Remarques. Pour écrire la loi de Pascal, on a également supposé implicitement que le


champ de pesanteur ⃗g était uniforme. Si ce n’est pas le cas, seule la forme infinitésimale de
la loi est correcte.
Si la masse volumique (ou le champ de pesanteur...) n’est pas uniforme, la variation de
pression ∆p entre deux points A et B s’écrit comme une intégrale
Z zB Z zB
∆p = dp = − ρfluide g dz.
zA zA

Exemple. En prenant z orienté vers le haut, le point A est à A


l’altitude zA = 10 m et le point B à l’altitude zB = −10 m. On a air 10 m
donc, en notant pA , pB et pO les pressions aux points A, B et O, O
eau 10 m
pA − pO = −ρair gzA ≈ −1,2 × 9,8 × 10 ≈ −120 Pa, B
pB − pO = −ρeau gzB ≈ −103 × 9,8 × (−10) ≈ 9,8 104 Pa.

En supposant pO = 1 atm ≈ 105 Pa, on voit que pA reste presque égale à pO . Par contre, pB
est presque le double de pO .

Si l’axe des z est orienté vers le bas, c’est-à-dire si z est la profondeur et non O
l’altitude, alors il faut adapter les formules : p augmente quand z augmente et ⃗ez

! ∆p = + ρfluide g ∆z, p(z) = p(0) + ρfluide g z, dp = + ρfluide g dz.

Attention ! z
Dans ce module, on orientera toujours l’axe des z vers le haut.

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CHAPITRE 3. STATIQUE DES FLUIDES 37

Pression et altitude On parlera de milieu fluide homogène lorsque le milieu étudié est
constitué d’un unique fluide, par exemple uniquement de l’eau. Une conséquence importante
de loi de Pascal est que, dans un fluide homogène, tous les points à la même altitude
(ou même profondeur) sont à la même pression. En particulier, la surface d’un li-
quide qui est en contact à l’air libre est plane et horizontale. C’est le principe des vases
communicants.
Par exemple, on considère le récipient de forme étrange repré-
senté ci-contre. Les trois points dessinés sont à la même profon-
deur. Les pressions en ces points sont donc égales.

Si maintenant on isole la partie centrale, les pressions des points


à gauche et à droite sont toujours identiques, mais celle du point
central pourrait être différente.

On suppose maintenant que le fluide n’est pas homogène ; par


exemple, on a commencé par remplir le récipient d’eau, puis on a
versé de l’huile dans la branche de droite. La pression du point de
droite est alors différente de la pression des deux autres points.

5 Résultante des forces de pression


La force de pression qui s’applique sur une surface peut toujours s’écrire comme l’inté-
grale
RR (la somme) des efforts élémentaires de pression qui s’exercent sur une surface, Fp =

S
−p dS ⃗n.
Par exemple, considérons une retenue d’eau à paroi verticale de z=0
hauteur h et de largeur L (hors plan). D’après la loi de la statique
⃗ez
des fluides, la pression vaut p = p(z) = patm − ρeau gz. La normale ⃗ex
sortante à la paroi est ⃗n = ⃗ex . Le calcul de l’intégrale permet
d’obtenir la résultante F⃗p des actions de l’eau sur cette paroi ; on z = −h
trouve  1 
F⃗p = −Lh patm + ρeau gh ⃗ex .
2

Dans certains cas, on arrive à éviter le calcul de l’intégrale en utilisant


le résultat de la poussée d’Archimède. Prenons l’exemple d’un bouchon
fermant le fond d’un récipient rempli d’eau ; on veut calculer la résultante
F⃗p des forces de pression (les flèches rouges) s’appliquant sur le bouchon.
Pour cela, on considère le système constitué de la partie immergée
du bouchon dans une cuve identique (mais non trouée). Les forces de
pressions sur la partie supérieure et la partie latérale sont les mêmes que
pour le système précédent et ont pour résultante F⃗p . Les forces de pression
sur la partie inférieure sont F⃗bas = −S.pfond (−⃗ez ), avec S la section du
bouchon au fond de la cuve, pfond la pression de l’eau au fond de la cuve
et ⃗ez le vecteur unitaire dirigé vers le haut (la normale sortante au bas du bouchon est donc

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38 CHAPITRE 3. STATIQUE DES FLUIDES

⃗n = −⃗ez ). La résultante des forces de pression est donnée par la poussée d’Archimède Π
⃗A ;
on en déduit
F⃗p + S.pfond ⃗ez = Π
⃗ A = ρfluide V g ⃗ez ,

avec V le volume du bouchon dans la cuve et ρfluide la masse volumique du fluide. On en


déduit F⃗p .

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CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE 39

Chapitre 4 | Thermodynamique

1 Introduction
La thermodynamique est la science qui décrit l’équilibre de systèmes macroscopiques (gaz,
liquide, solide, etc) constitués d’un très grand nombre d’éléments (atomes, molécules, ...).
Il n’est pas possible de prédire l’évolution individuelle de chaque constituant du système,
par contre la thermodynamique permet de prédire son comportement d’ensemble. Notre
compréhension du comportement de la matière et de ses transformations repose sur les
prédictions de la thermodynamique. L’objectif de ce chapitre est de présenter des grandeurs
et des lois fondamentales qui permettent de décrire l’état thermodynamique d’un système
simple. La thermodynamique est un domaine de la physique, dont l’étude sera largement
approfondie en Licence de Physique ou de Mécanique.
Ce chapitre exploite les notions de force, de pression, de travail et d’énergie vues dans
les chapitres précédents, et introduit de nouvelles notions, principalement : température,
transfert thermique, énergie interne, cycle, états de la matière et changement d’état. Comme
dans les chapitres précédents, nous définirons un système thermodynamique, pour pouvoir
ensuite étudier ses états d’équilibre.

2 Systèmes, états, variables et transformations

Définition : système
En thermodynamique, comme en mécanique, on étudie un système contenant une
quantité macroscopique de matière bien définie. Ce qui n’est pas dans le système
s’appelle l’extérieur. Un système peut être
• ouvert, s’il peut échanger de la matière avec l’extérieur,
• fermé, s’il ne peut pas échanger de la matière avec l’extérieur,
• isolé, s’il ne peut échanger ni matière ni énergie avec l’extérieur,
• déformable, si sa géométrie peut changer (piston, paroi souple. . .).
On parle aussi de paroi diatherme (qui autorise les transferts thermiques), paroi
adiabatique (qui ne laisse pas passer la chaleur), de paroi mobile ou immobile, etc.

Remarques Comme en mécanique, il faut toujours commencer par définir le système. Par
exemple : « on étudie l’air contenu dans la bouteille ». Dans ce cours, on ne considérera
que des systèmes fermés. Un système thermodynamique doit contenir un grand nombre de
particules (c’est le sens de « macroscopique »). On rappelle (voir ordres de grandeur) que
1 μm3 de matière contient typiquement 3 107 molécules dans un gaz et 3 1010 dans un liquide
ou un solide ; il est donc facile pour un système d’être macroscopique.

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40 CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE

Définition : équilibre thermodynamique et variables d’état


Un système est dit « à l’équilibre thermodynamique » s’il ne subit aucune évolution
macroscopique et s’il n’est traversé par aucun courant (de matière, d’énergie, etc.)
Deux conditions nécessaires (mais pas suffisantes !) pour être à l’équilibre thermody-
namique sont :
• Le système doit être à l’équilibre mécanique,
• Si les parois sont diathermes, le système doit être à la même température que
l’extérieur.
Un système à l’équilibre thermodynamique peut être décrit par un petit nombre de
paramètres (pression, volume, température, quantité de matière, . . .). Les proprié-
tés du système ne dépendant que de ces paramètres sont appelées variables d’état
ou fonctions d’état. Une relation entre les variables d’état s’appelle une équation
d’état.

Remarques Un fil de cuivre parcouru par un courant électrique n’est pas à l’équilibre
thermodynamique ; le mur d’une maison chauffée en hiver n’est pas à l’équilibre thermody-
namique puisqu’une partie de l’énergie quitte la maison en traversant ce mur.
Exemples de variables d’état (certaines seront définies plus tard) : quantité de ma-
tière, nombre de particules, masse, volume, masse volumique, énergie interne, température,
capacité thermique, pression, compressibilité isotherme, entropie, . . . Les premières de la
liste (jusqu’à l’énergie interne incluse) sont également bien définies hors équilibre thermody-
namique, mais pas les suivantes. En pratique, cependant, on peut continuer à parler de la
température, de la pression, etc. d’un système qui est proche de l’équilibre thermodynamique.
Définition : intensivité, extensivité et additivité
Une variable d’état X est dite
• intensive si elle est indépendante de la taille du système.
• extensive et additive si elle est proportionnelle à la taille du système et si,
pour un système constitué de deux parties A et B, on a Xtotal = XA + XB .

Exemple : si on prélève un verre d’eau (10 cℓ) dans une baignoire (100 ℓ), alors la quantité
d’eau, la masse, le volume, l’énergie interne, la capacité thermique de l’eau du verre sont 1 000
fois moindre que dans la baignoire ; ces variables sont extensives et additives. Par contre, la
pression, la température, la masse volumique sont les mêmes pour l’eau du verre et de la
baignoire ; ces variables sont intensives.
Définition : transformations
Une transformation thermodynamique est le passage d’un état d’équilibre à un
autre état d’équilibre.
On considère en particulier les transformations quasi-statiques, suffisamment lentes
pour que le système soit en permanence proche d’un état d’équilibre interne (mais
pas forcément avec l’extérieur). On peut alors définir les variables d’état à chaque
instant de la transformation, et elles vérifient les équations d’état.

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CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE 41

Exemple Une bouteille d’eau glacée (4°C) est posé sur une table. Elle se réchauffe jusqu’à
la température ambiante (15°C). La transformation est lente et quasi-statique, et on peut
définir la température de l’eau à tout instant. Le système n’est pas à l’équilibre avec son
environnement, puisqu’il n’y a pas égalité des températures.

3 L’énergie interne
Rappels : l’énergie
• L’énergie d’un système isolé est une quantité conservée. Elle ne peut être ni créée,
ni détruite. On parle de « l’énergie d’un système » Etotale .
• On décompose l’énergie d’un système fermé en deux parties : une partie macro-
scopique Emacro et une partie microscopique que l’on appelle l’énergie interne
U.
Etotale = Emacro + U.

Remarques L’énergie macroscopique Emacro est celle définie en mécanique pour les degrés
de liberté macroscopiques (coordonnées du centre de masse, élongation d’un ressort, etc . . .).
Même si le système considéré est isolé, en général, cette énergie macroscopique n’est pas
nécessairement conservée (notamment en présence de frottements au sein même du système).
Par exemple, on considère un objet initialement en mouvement sur une table ; l’objet glisse
un peu puis s’arrête à cause des frottements. L’énergie macroscopique Emacro du système
table+objet diminue. Cependant, l’énergie totale Etotale du système est bien conservée parce
que l’énergie interne U a augmenté.
Définition : énergie interne
L’énergie interne U d’un système est l’énergie stockée au niveau microscopique dans
un système. On comprend bien intuitivement que puisque la température est une me-
sure de l’agitation des constituants d’un matériau, à volume fixé, l’énergie interne
est d’autant plus grande que la température est élevée. Pour traduire cela mathémati-
quement, on peut écrire qu’une variation infinitésimale d’énergie interne dU est reliée
à une variation infinitésimale de température dT :

dU = CV dT,

où CV est la capacité thermique à volume constant, en J/K. C’est une quantité positive.

Explications Au niveau microscopique, les molécules se déplacent (même pour un sys-


tème au repos !) et ont donc une énergie cinétique de translation Ec . Elles peuvent aussi
tourner sur elles-mêmes (et donc avoir une énergie cinétique de rotation Erot ), vibrer (et
donc avoir une énergie de vibration Evib ) ; les forces entre molécules se traduisent par une
énergie d’interaction Eint ; il existe aussi une énergie interne des noyaux et une énergie des
nuages électroniques des atomes et molécules Enoyaux et électrons (ce terme est constant, indé-
pendant de la température, en-dessous de quelques milliers de kelvin) ; etc. L’énergie interne

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42 CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE

est alors la somme de toutes ces énergies microscopiques :


U = Ec + Erot + Evib + Eint + Enoyaux et électrons + · · ·
Pour certains systèmes, l’énergie interne ne dépend que d’une seule variable d’état (la
température) ; on donne ci-dessous trois exemples (les formules ci-dessous ne sont pas à
connaître par cœur).
Gaz parfait monoatomique Gaz parfait diatomique Solide
(pas trop chaud) (pas trop froid)
3 5
U = nRT + Cste U = nRT + Cste U = 3nRT + Cste
2 2
où R est la constante des gaz parfaits et n est la quantité de matière (voir dans la section 6
la présentation du gaz parfait).
Remaques :
• Pour un système quelconque (solide, liquide, gaz) pas trop froid, on montre que Ec =
3
2
nRT .
• Pour un gaz parfait monoatomique, U = Ec = 32 nRT + Cste parce que l’énergie
cinétique de translation est la seule manière de stocker l’énergie (pas d’interaction !).
• Pour un gaz parfait diatomique, il n’y a toujours pas d’interaction mais les molécules
peuvent tourner sur elles-mêmes et avoir ainsi une énergie cinétique de rotation Erot .
On montre que Erot = nRT + Cste et donc U = Ec + Erot + Cste = 52 nRT + Cste.
Cette expression n’est valable que jusqu’à environ 1 500°C ; au-delà, les molécules se
mettent à stocker en plus une énergie Evib sous forme de vibration de la distance entre
les deux atomes de la molécule.
• Pour un solide pas trop froid, dans une bonne approximation, l’énergie d’interaction
est Eint = 23 nRT + Cste On obtient donc U = Ec + Eint = 3nRT + Cste.

4 Le premier principe
Premier principe

L’énergie interne est une fonction (ou variable) d’état.


Pour une transformation quelconque d’un système,
• La variation d’énergie totale d’un système fermé est égale à l’énergie qu’il reçoit
lors de la transformation :
∆Etotale = ∆Emacro + ∆U = énergie reçue lors de la transformation = W + Q.
 

• On peut décomposer l’énergie reçue en deux termes, W et Q qui sont


— Le travail reçu W , qui est le travail (comme défini en mécanique) des forces
macroscopiques extérieures qui s’exercent sur le système,
— Le transfert thermique (ou chaleur reçue) Q, qui est un transfert d’éner-
gie vers le système au niveau microscopique.
• Si l’énergie macroscopique Emacro du système reste constante, on a donc
∆U = W + Q ou dU = δW + δQ.

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CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE 43

• L’énergie interne U est une variable d’état, c’est-à-dire une propriété d’un sys-
tème à un instant donné, et on a ∆U = Ufinale − Uinitiale . En particulier, ∆U ne
dépend pas de la nature de la transformation entre l’état initial et l’état final.
• Le travail reçu W et la chaleur reçue Q sont des propriétés de la transformation
! entre deux états. Ce ne sont pas des variables d’états, on n’a pas le droit de parler
de la chaleur dans le système, ni a fortiori de la variation de chaleur ∆Q. W et
Q dépendent de toute la transformation (le chemin suivi) et pas seulement des
états initial et final.

Remarques Quand le système perd de l’énergie sous forme de travail, alors le travail reçu
W est négatif. On pourrait parler du « travail fourni par le système », mais il vaut mieux
s’abstenir pour éviter les confusions.
Pour une transformation infinitésimale, dU est toujours la différence entre Ufinale et
Uinitiale . La chaleur reçue infinitésimale se note δQ avec un « δ » et non un « d » pour
se souvenir que ce n’est pas une différence.
On peut toujours décomposer une transformation finie entre un état initial i et un état
final f en une succession d’étapes infinitésimales (qu’on appelle le « chemin »). On a alors
Z Z Z
∆U = dU = Ufinale − Uinitiale , W = δW, Q= δQ,
i→f i→f i→f

où les intégrales suivent le chemin de la transformation. Cependant, rappelons que la première


intégrale ne dépend pas du chemin suivi, mais seulement des points de départ et d’arrivée.

5 Travail reçu par un système


Le travail reçu par un système thermodynamique se calcule comme en mécanique :
pour une force F⃗ donnée dont le point d’application se déplace de d⃗ℓ, on a δWF⃗ = F⃗ · d⃗ℓ.
En thermodynamique, on regarde souvent des transformations où l’équilibre mécanique
est assuré à chaque instant ; le travail reçu a alors une forme simple
Théorème : travail des forces mécanique
Lors d’une transformation quasi-statique où l’équilibre mécanique est assuré à
chaque instant, le travail des forces mécaniques reçu par un système (on l’écrit ici
pour un fluide) est
Z f
δW = −p dV, ou W =− p dV.
i
avec p la pression du système et V son volume. La première forme est pour une
transformation infinitésimale, et la deuxième pour une transformation allant d’un état
initial i à un état final f .
• Lors d’une détente (quand V augmente), le travail reçu est négatif.
• Lors d’une compression (quand V diminue), le travail reçu est positif.

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44 CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE

Démonstration Dans la géométrie de la figure, le piston se dé-


place de la position x (en haut) à la position x + dx (en bas) sous F⃗ ⃗n
l’action de la force extérieure F⃗ . (Cette force peut être une force de
pression, l’opérateur qui appuie avec son doigt, etc.). Le déplacement
F⃗ ⃗n
du piston est dx ⃗ex . Le travail exercé par l’extérieur sur le système
{gaz+piston}, qui est aussi le travail reçu par le système, est donc x x + dx ⃗ex
δW = (F · ⃗ex ) dx. La condition d’équilibre mécanique du piston est

F⃗ − pS ⃗ex = ⃗0, où −pS ⃗ex est la force de pression exercée par le fluide sur le piston. (En
effet, ⃗n = ⃗ex est la normale sortante de la face que le piston présente au gaz.) On obtient
donc F⃗ · ⃗ex = pS et δW = pS dx. La variation de volume du système est dV = −S dx, et on
retrouve l’expression indiquée.

Formule plus générale Lorsque la transformation n’est pas quasi-statique ou que l’équi-
libre mécanique n’est pas assuré à tout instant, on doit garder l’expression δW = F⃗ · d⃗ℓ =
(F⃗ · ⃗ex ) dx. Par exemple, si F⃗ est une force de pression exercée par un fluide à l’extérieur du
système à la pression pext , on obtient δW = pext S dx = −pext dV .

Diagramme pV On peut représenter une transfor- p p


mation quasi-statique sur un diagramme pV, avec la B B
pression p en ordonnée et le volume V en abscisse ;
W >0
c’est le diagramme de Watt. On peut aussi mettre A
W <0 V A V
le volume molaire v = V /n en abscisse ; c’est alors le
diagramme de Clapeyron. Si la transformation est suffisamment lente pour que l’équi-
libre mécanique soit à tout instant assuré, alors δW = −p dV et, par définition de
l’intégrale, l’aire sous la courbe est égale à |W |, la valeur absolue du travail des forces
mécaniques reçu par le système. Ainsi, dans les deux schémas ci-contre (une détente, une
compression), l’aire de la région colorée est égale à |W |.
On considère maintenant un cycle, c’est-à-dire une p p
B B
transformation qui revient à son point de départ ; la
W >0 W <0
figure représente deux cycles A → B → A. En combi-
A V A
nant les résultats précédents, on voit que V
• La norme du travail reçu est égale à l’aire du cycle,
• Le travail reçu est positif si le cycle tourne dans le sens trigonométrique,
• Le travail reçu est négatif si le cycle tourne dans le sens anti-trigonométrique.
Par ailleurs, sur un cycle, on a ∆U = UA − UA = 0, et donc Q = −W .

6 États de la matière
Un corps pur tel que l’eau peut se présenter sous plusieurs états ou phases : liquide,
solide, gazeuse. Le diagramme de phases indique, pour chaque pression et température
quelle phase est stable thermodynamiquement ; par exemple, l’eau seule est stable sous
forme liquide à T = 20°C et p = 1 atm. (Cependant, si de l’eau liquide n’est pas seule mais
en contact avec de l’air à p = 1 atm, il y aura également de la vapeur d’eau dans l’air !)

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CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE 45

106
Sur les lignes de séparation entre ré-
105
gions, deux phases peuvent coexister. Par
104 Point critique:
exemple, l’eau liquide et la glace coexistent 103
p = 220 atm
pour 0,006 atm < p < 200 atm vers T ≈ 0°C. T = 374◦ C

Fluide supercritique
100
L’eau liquide et la vapeur d’eau coexistent p
10 Eau liquide
(atm)
si p = pLV (T ) avec pLV (20°C) ≈ 0,023 atm, 1 Glace

pLV (50°C) ≈ 0,12 atm et pLV (100°C) ≈ 0,1


Vapeur
1 atm. On appelle pLV (T ) la pression de 0,01 Point triple:
vapeur saturante à la température T . 10−3 p = 0,006 atm
T = 0,01◦ C
Nota : ces valeurs numériques ne sont pas à 10−4
−100 −50 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
mémoriser. T (◦ C)

Au point triple, les phases liquide, vapeur et gazeuse coexistent : en ce point, l’eau peut
bouillir et geler en même temps.
Au delà du point critique, la distinction entre liquide et gaz disparaît ; il n’y a plus
qu’une phase fluide, appelée fluide supercritique.
À haute pression, il existe en fait plusieurs phases solides (correspondant à des arrange-
ments microscopiques différents des molécules).
liquide

va
Un changement d’état est une transformation où le sys-

p
n

ori
ion

liq
sio
tème passe d’un état de la matière à un autre. Une vaporisa-

sat

at
fu
tion qui se fait lentement à la surface s’appelle une évapora-
ific

fac

ion
lid

tio
tion. Une vaporisation qui se fait brutalement avec apparition sublimation
so

n
de bulles dans le volume s’appelle une ébullition. solide gaz
condensation

Les propriétés d’un corps dépendent de sa phase, de sa pression et de sa température.


Sous forme gazeuse, un corps est compressible. On rappelle l’équation d’état du gaz parfait :

Définition : gaz parfait


Un gaz parfait est un gaz constitué de particules qui n’interagissent pas entre elles
(autrement que par collision). À l’équilibre, il vérifie l’équation d’état
p : pression (Pa) T : température (K)
pV = nRT n : quantité de matière (mol) V : volume (m3 )
R = 8,314 J.K−1 .mol−1 : constante des gaz parfaits

Remarque Le gaz parfait est une idéalisation de la réalité qui devient valable dans la
limite des faibles densités. Dans un gaz réel, les molécules sont éloignées les unes des autres
et les interactions sont faibles, mais jamais nulles. Les gaz usuels sont néanmoins d’assez
bons gaz parfaits : pour l’air, l’équation d’état pV = nRT est correcte à environ 0,1%.

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46 CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE

C’est bien la température en kelvin qui rentre dans l’équation d’état du gaz parfait, pas
la température Celsius. On rappelle que
(température en kelvin) = (température en degré Celsius) + 273,15.
! Par ailleurs, une variation de température a la même valeur numérique en degrés
Celsius et en kelvin :
(∆T en kelvin) = (∆T en degré Celsius)
(par exemple, si la température augmente de 20°C, c’est qu’elle augmente de 20 K.)

Exemple On considère de l’eau liquide et gazeuse à l’équilibre, sans air ni autre gaz. À
20°C, la pression d’équilibre est pLV (20°C) ≈ 0,023 atm ≈ 2 330 Pa. Une mole de vapeur d’eau
occupe alors un volume V = nRT /p ≈ 1 × 8,31 × 293/2330 ≈ 1,04 m3 . (L’approximation
des gaz parfaits décrit bien la vapeur d’eau pour de telles pressions.) La masse volumique de
l’eau liquide est ρeau ≈ 1 000 kg/m3 ; ce nombre est presque indépendant de la pression (l’eau
est un liquide incompressible) et dépend légèrement de la température. Une mole d’eau, qui
pèse 18 g, occupe donc sous forme liquide un volume 18 10−3 /1 000 = 18 10−6 m3 = 18 mℓ,
soit un volume 58 000 fois moins important que celui occupé par l’eau gazeuse !

7 Transferts thermiques, enthalpie


Définition : enthalpie, capacités thermiques
On définit la fonction d’état enthalpie H d’un système par
H = U + pV.
• Lors d’une transformation à volume constant, on a
Z f
dU = δQ = CV dT ou ∆U = Q = CV dT,
i
où CV , en J/K, est la capacité thermique à volume constant du système.
• Lors d’une transformation à pression extérieure constante, on a
Z f
dH = δQ = Cp dT ou ∆H = Q = Cp dT,
i
où Cp , en J/K, est la capacité thermique à pression constante du système.
On introduit aussi cV,m et cp,m les capacités thermiques massiques (en J.K−1 .kg−1 ),
ainsi que cV,n et cp,n les capacités thermiques molaires (en J.K−1 .mol−1 ) par

CV = mcV,m = ncV,n , Cp = mcp,m = ncp,n ,

avec m la masse et n la quantité de matière dans le système.

Remarques et explications
• À volume constant, W = 0 et donc ∆U = Q.
• À pression constante, W = −p ∆V = −∆(pV ), et donc ∆U = Q − ∆(pV ), ce qui
donne finalement ∆H = Q.

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CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE 47

• Les capacités thermiques s’appellent aussi capacités calorifiques.


• Souvent, on écrit simplement cp et cV pour les capacités thermiques massiques ou
molaires. On sait de laquelle il s’agit en regardant le contexte ou l’unité.
• Pour les solides et les liquides, on écrit encore plus simplement c au lieu de cp,m . La
capacité thermique massique à volume constant cV,m est moins intéressante que cp,m ,
et souvent assez proche numériquement. Pour l’eau, on a

ceau ≈ 4 200 J.K−1 .kg−1 .

• Les c sont intensifs et les C extensifs. Pour 100 ℓ d’eau dans une baignoire, on a
Cbaignoire ≈ 420 000 J/K, et pour un verre de 10 cℓ on a Cverre ≈ 420 J/K : Chauf-
fer de 1 K l’eau de la baignoire nécessite 1 000 fois plus d’énergie que chauffer l’eau du
verre !
• Si CV ou Cp sont indépendants de la température, les intégrales deviennent

À V constant : ∆U = Q = CV ∆T, à pext constante : ∆H = Q = Cp ∆T,

• L’expression dU = CV dT est valable pour


— Une transformation à volume constant d’un système fermé quelconque,
— N’importe quelle transformation d’un gaz parfait (première loi de Joule).
Enthalpie de changement d’état
On définit l’enthalpie de changement d’état ∆h, ou chaleur latente L, comme
la chaleur à fournir par mole ou par kg pour qu’un système donné puisse changer de
phase. On parlera donc de
• l’enthalpie de vaporisation (chaleur à fournir pour passer de liquide à gaz)
• l’enthalpie de fusion (chaleur à fournir pour passer de solide à liquide)
• l’enthalpie de sublimation (chaleur à fournir pour passer de solide à gaz)
Ces trois enthalpies sont positives et s’expriment en J/mol ou en J/kg.

Remarques
• Le changement d’état d’un corps pur à pression constante se fait à l’unique température
où les deux phases peuvent coexister (voir le diagramme de phases). Pour de l’eau sous
une atmosphère, la fusion se fait à 0°C et l’ébullition à 100°C.
• Pour traiter les applications dans cette UE nous utiliserons en particulier

∆heau
vap ≈ 2 250 kJ/kg, ∆heau
fusion ≈ 330 kJ/kg.

• Pour effectuer une liquéfaction (par exemple), le système doit perdre de l’enthalpie. La
chaleur à fournir par mole est alors −∆hvap .

Lorsqu’un corps pur change de phase sous une pression constante, il reçoit de la chaleur,
! mais sa température n’évolue pas !
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48 CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE

Exemple Un calorimètre contient une masse m1 = 100 g d’eau à la température T1 = 20°C.


On rajoute un glaçon de masse m2 = 5 g à la température T2 = −5°C. Le glaçon fond ; quelle
est la température d’équilibre Tf ? La valeur en eau du calorimètre (masse d’eau fictive ayant
même capacité thermique que le calorimètre) est µ = 30 g.
Le calorimètre permet d’empêcher les échanges de chaleur avec l’extérieur ; on peut consi-
dérer que le système {eau+glaçon+face intérieure du calorimètre} est isolé, et donc ∆U = 0,
W = 0 et Q = 0. Il y a cependant des échanges de chaleur entre les parties du système ; on
pose Qeau , Qcal et Qglaçon les chaleurs reçues respectivement par l’eau, le calorimètre et le
glaçon. La capacité thermique du calorimètre est Ccal = µceau ; par conservation de l’énergie

Q = 0 = Qeau + Qcal + Qglaçon , avec Qeau = m1 ceau (Tf − T1 ) et Qcal = µceau (Tf − T1 ).

L’expression de Qglaçon est plus compliquée ; en posant T0 = 0°C le point de fusion de l’eau :

Qglaçon = m2 cglace (T0 − T2 ) + m2 ∆heau


fusion + m2 ceau (Tf − T0 ).

Le premier terme est la chaleur nécessaire pour passer le glaçon de T2 à T0 , le deuxième la


chaleur pour fondre le glaçon, et le troisième la chaleur pour mener l’eau fondue de T0 à Tf .
Avec ∆heau −1
fusion ≈ 330 kJ/kg, ceau ≈ 4 200 J.K .kg
−1
et cglace ≈ 2 100 J.K−1 .kg−1 , on trouve
(m1 + µ)ceau T1 + m2 cglace (T2 − T0 ) − m2 ∆heau
fusion + m2 ceau T0
Tf = ≈ 16,3°C.
(m1 + µ + m2 )ceau

8 Transformations élémentaires
Définition
Une transformation est dite
• isochore si elle se déroule à volume constant
• isobare si elle se déroule à pression constante
• isotherme si elle se déroule à température constante
• adiabatique si elle se déroule sans échange de chaleur

Transformation isochore Il n’y a pas de travail mécanique p isochore


des forces extérieures, et donc δW = 0 et dU = δQ = CV dT .
Transformation isobare En intégrant δW = −p dV , on ob- isobare
tient W = −p ∆V . Par ailleurs, dH = δQ = Cp dT .
isotherm
e
Transformation isotherme ∆T = 0, mais en général Q ̸= 0 ! adiabatique V
Pour un gaz parfait Partant de δW = −p dV et T constant, on peut démontrer
que W = −nRT ln(Vf /Vi ). De plus ∆T = 0 implique ∆U = 0 (pour le gaz parfait
seulement !) et donc Q = −W .
Transformation adiabatique Q = 0, mais en général ∆T ̸= 0 !
Pour un gaz parfait Partant de dU = ncV dT = δW = −p dV , on peut démontrer
la relation de Laplace : pV γ = Cste, où γ est l’indice adiabatique. On a γ = 35 pour le
gaz parfait monoatomique et γ = 57 pour le gaz parfait diatomique.

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CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE 49

9 Exemple de transformation : détente de Joule Gay-


Lussac
Il peut y avoir des transformations sans transfert thermique et sans travail extérieur (la
chaleur reçue Q et le travail reçu W sont nuls). Par exemple, dans la détente de Joule
Gay-Lussac, on considère un système composé de deux compartiments séparés par un
robinet. Initialement, l’un des compartiments contient un gaz, l’autre ne contient rien. Quand
on ouvre le robinet, le gaz se répartit dans les deux compartiments. Il y a donc bien eu
transformation, mais sans variation d’énergie interne.

Gaz Vide Gaz Gaz

En effet, le système est calorifugé, la transformation est donc adiabatique, et Q = 0. Aucune


paroi n’est mobile, le travail reçu est donc nul, W = 0. D’après le premier principe, on a
donc
∆U = W + Q = 0.
Pour un gaz parfait, on observe que la température initiale est égale à la température finale
et ceci, quelque soit le volume du compartiment initialement vide. Ceci implique que l’énergie
interne d’un gaz parfait ne dépend que de la température. Cette propriété constitutive des
gaz parfaits est appelée la première loi de Joule.

10 Machines thermiques et rendement


Dans une machine thermique, un fluide répète à longueur de temps le même cycle. Le ren-
dement (ou efficacité) η de la machine est défini de manière générale par :

[Énergie utile gagnée]


η= .
[Énergie dépensée pour faire marcher la machine]

Cycle moteur Si le travail reçu W est négatif, le cycle est un mo- Source chaude
teur puisque le système (= la machine) fournit du travail à l’extérieur. chaleur
Dans une telle machine, le fluide reçoit une chaleur Qc > 0 d’une
source chaude, souvent maintenue à une haute température Tc en travail
brûlant de l’essence, du charbon, de l’uranium, etc. On démontre qu’il Système
doit y avoir une source froide, à une température Tf < Tc (atmo-
sphère, rivière, . . .), dans laquelle la machine rejette de la chaleur ; chaleur
la chaleur Qf reçue de la source froide est donc négative. Le premier
principe s’écrit alors Source froide

W + Qf + Qc = 0. (pour un moteur)
<0 <0 >0

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50 CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE

L’énergie utile récupérée est −W , on doit fournir la chaleur Qc , le rendement est donc
−W
η= < 1.
Qc
Cycle récepteur Si le travail reçu W est positif, le cycle est un Source chaude
récepteur puisque le système reçoit du travail de l’extérieur ; ce travail
est souvent fourni par une pompe consommant de l’électricité. Une telle chaleur
machine fonctionne à l’envers du moteur ; elle reçoit de la chaleur de travail
la source froide et fournit de la chaleur à la source chaude. On a donc Système

W + Qf + Qc = 0. (pour un récepteur)
>0 >0 <0 chaleur
L’énergie dépensée pour faire fonctionner la machine est W . L’énergie Source froide
utile récupérée dépend du but de la machine :
• si l’objectif est de refroidir la source froide, la machine est un réfrigérateur, et
l’énergie utile gagnée est Qf .
• si l’objectif est de réchauffer la source chaude, la machine est une pompe à cha-
leur, et l’énergie utile gagnée est −Qc .
Le rendement est alors, selon le cas :
Qf −Qc
η= (pour un réfrigérateur) η= (pour une pompe à chaleur).
W W

11 Température et vitesse quadratique moyenne


On considère un système macroscopiquement au repos, à l’équilibre, constitué de n moles.
Au niveau microscopique, les particules ne sont pas immobiles ; elles bougent et ont une
énergie cinétique de translation.
Définition : Température et vitesse quadratique moyenne
Dans un système macroscopiquement au repos à l’équilibre, on définit la température
T et la vitesse quadratique moyenne vq à partir de Ec , l’énergie cinétique de
translation microscopique du système, par les égalités suivantes 1 :
3 1
Ec = nRT = nM vq2 . (M : masse molaire)
2 2

Remarques En posant N = nNA le nombre de particules, m la masseP d’une particule


et ⃗vi la vitesse de la particule i, l’égalité définissant vq peut s’écrire Ec = N 1
vi ∥2 =
i=1 2 m∥⃗
N × 12 mvq2 . (On utilise nM = N m = [masse totale du système].) On comprend donc vq ainsi :
« si toutes les particules avaient la même vitesse en norme, celle-ci devrait être égale à vq
pour que le système ait l’énergie Ec . » P
Comme le système est au repos, on a i ⃗vi = ⃗0. La vitesse vq s’interprète alors comme
la vitesse typique des particules. À T = 15°C = 288,15 K pour une molécule de dioxygène
1. Cette définition de la température n’est valable que pour des systèmes pas trop froids, que l’on peut
traiter avec la mécanique classique. Une autre définition de la température, toujours valable même pour des
systèmes quantiques, sera donnée en L2 ou en L3.

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CHAPITRE 4. THERMODYNAMIQUE 51

(MO2 = 32 g/mol), on trouve vq = 3RT /M = 474 m/s. L’ordre de grandeur est le bon ; un
p

calcul précis montre que 78 % des molécules a une vitesse de norme entre 0,5vq et 1,5vq .
Les expressions pour Ec et vq en fonction de T sont valables pour les gaz, les liquides et
les solides pas trop froids. Dans le cas des solides, les atomes vibrent autour d’une position
d’équilibre fixe à une vitesse typique vq .

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