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Chapitre V
DES DEPENS
Art. 43 1 - Il est statué sur les dépens dans l'arrêt qui met fin à l'instance.
2 - Sont considérées comme dépens récupérables :
a) les droits de Greffe ;
b) les frais indispensables exposés par les Parties aux fins de la procédure, notamment les frais de
déplacement et de séjour et la rémunération des avocats, selon le tarif fixé par la Cour ;
c) les frais qu'une partie a dû exposer aux fins d'exécution forcée suivant le tarif en vigueur dans l'Etat
où l'exécution forcée a lieu.
3 - La Partie qui succombe est condamnée aux dépens, à moins que la Cour, pour des motifs
exceptionnels, n'en décide autrement.
Si plusieurs Parties succombent, la Cour décide du partage des dépens.
A défaut de conclusions sur les dépens, chaque Partie supporte ses propres dépens.
A. Modalités de fixation
Dans la fixation de la rémunération des conseils (avocats) ayant participé à une procédure devant la
CCJA :
- les dépens sont liquidés en précisant, entre autres, les honoraires, les frais de déplacement et de
séjour de l'avocat, et les frais de greffe. En l'espèce, la demande ayant été déclarée partiellement
justifiée, les dépens ont été liquidés à la somme de trente-six millions deux cent dix mille (36 210 000)
francs CFA décomposée comme suit :
- honoraires de l'avocat : 35 000 000 FCFA
- déplacement de l'avocat : 675 000 FCFA
- séjour de l'avocat : 500 000 FCFA
- frais de greffe : 35 000 FCFA (CCJA, Ord. n° 002, 15-2-2013 ; req. 166/2012/PC du 29-11-2012 :
Maître EMADAK Touko Eliane c/ Sté Mobile Telephone Network Solutions (MTN NS), Rec. jur. CCJA
n° 20, vol. 2, janv.-déc. 2013, p. 145, Ohadata J-15-88) ;
- il peut être tenu compte de la complexité du dossier, du temps qui y a été consacré par le conseil,
du montant du taux du litige et du gain qui en résulte pour le client du conseil. En l'espèce, eu égard
aux élémentx indiqués ci-dessus et en considération du gain de deux milliards cent quatre-vingt-trois
millions quatre cent quarante-deux mille soixante-quatre (2 183 442 064) francs CFA qui en résulte
pour la société mandante, il convient, en application de l'article 1 er alinéa 2 de la décision n°
001/2000/CCJA du 16 février 2000 susvisée, de déclarer la demande partiellement justifiée et d'y faire
droit à hauteur de cent cinquante millions (150 000 000) de francs CFA au titre de tous frais confondus
(CCJA, ord. n° 001, 14-1-2013 ; req. du 21-11-2012 : Elh Harouna MALLAM c/ Seydou BOUKARI,
Rec. jur. CCJA n° 20, vol. 2, janv.-déc. 2013, p. 143-144, Ohadata J-15-87).
Pour un autre exemple, voir CCJA, ord. n° 003, 15-2-2013 ; req. 165/2012/PC du 29-11-2012 : Maître
EMADAK Touko Eliane c/ Sté Mobile Telephone Cameroon Limited (MTNC), Rec. jur. CCJA n° 20,
vol. 2, janv.-déc. 2013, p. 146, Ohadata J-15-89. En l'espèce, la demande ayant été déclarée
partiellement justifiée, les dépens ont été liquidés à la somme de trente-six millions deux cent dix mille
(36 210 000) francs CFA décomposée comme suit : honoraires de l'avocat : 35 000 000 FCFA,
déplacement de l'avocat : 675 000 FCFA, séjour de l'avocat : 500 000 FCFA et frais de greffe : 35 000
FCFA).
B. Demandes irrecevables
1° Demande prématurée
La demande de liquidation des dépens présentée dans une instance est irrecevable en l'état, dès lors
qu'en application de l'article 43 du Règlement de procédure de la CCJA les dépens sont liquidés non
pas dans l'arrêt mettant fin à l'instance, mais après le prononcé de celui-ci (CCJA, 1e ch., n° 012, 24-1-
2019 : Sté Générale Burkina-Faso c/ NARE Guibrina).
En prévoyant, parmi les dépens récupérables, les frais qu'une partie a dû exposer aux fins d'exécution
forcée, l'article 43 du Règlement de procédure de la CCJA n'exclut point la détermination de la nature
et du montant des frais entrant en dépens par une décision ultérieure, l'exécution forcée de la décision
mettant fin à l'instance ne pouvant intervenir avant son prononcé. Est donc infondée et doit être
rejetée l'exception d'irrecevabilité d'une requête en liquidation des dépens soulevée au motif que,
conformément aux dispositions de l'article 43 précité, la détermination de la nature et du montant des
frais entrant en dépens, par les parties, doit se faire à l'occasion du recours en cassation, faute de
quoi, chaque partie supportera ses propres dépens, la loi exigeant que la Cour se prononce sur lesdits
dépens dans l'arrêt qui met fin à l'audience et non dans un arrêt différent ou séparé (CCJA, 1 e ch.,
235, 29-11-2018 : Sté UNITED BANK OF AFRICA (UBA) c/ Sté GRASSFIELDS HOLDING LIMITED
(GBL)).
4° Demande déposée par un avocat différent de celui qui avait représenté la partie devant la
CCJA
Il appartient à l'avocat ayant assisté une partie devant la CCJA de demander la liquidation des dépens
relatifs aux honoraires et frais de déplacement et de séjour. Est irrecevable la requête présentée par
un autre avocat au nom d'une personne au profit de laquelle l'arrêt de la CCJA générateur des dépens
a été rendu (CCJA, 1e ch., 185, 25-10-2018 : Nguessi Jean Pierre c/ Wanmo Martin).
C. Rejet de la demande
1° Absence de justificatifs
Il résulte de l'article 43 du Règlement de procédure de la CCJA que les dépens récupérables sont les
sommes d'argent exposées par la partie qui en demande le remboursement, ce qui nécessite des
justificatifs ; la requérante, qui n'a produit aucune pièce justificative de ses réclamations par rapport
aux différentes rubriques des dépens récupérables, doit être déboutée (CCJA, 3 e ch., 215, 22-11-2018
: Afriland First Bank c/ Kamo Gamo Ruben, Minoterie de l'Ouest Cameroun SARL). Dans le même
sens : CCJA, 2e ch., n° 125, 23-6-2016 : ASCOT COMMODITIES c/ Bocar Samba Dieye, Ohadata J-
17-66 ; CCJA, 3e ch., 217, 22-11-2018 : Afriland First Bank c/ CACIC SA, Ayants droit Garba Aoudou ;
CCJA, 3e ch., 204, 22-11-2018 : Woappi Zacharie c/ Talezang ; CCJA, ass. plén., n° 159, 1-12-2016 :
1) Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles dite CMDT, 2) Groupement des
Syndicats de Producteurs de Coton et Vivriers du Mali dit GSCVM c/ Sté Inter Africaine de Distribution
dite IAD, Ohadata J-17-99.
Lorsque les deux parties réclament des sommes au titre des frais non compris dans les dépens mais
ne versent aucune preuve justificative de ces dépenses, elles doivent être déboutées (CCJA, 2 e ch., n°
126, 23-6-2016 : Tessougue Madou c/ Sankara Issouf, Ohadata J-17-67).
3° Demande infondée
Conformément à l'article 43 du Règlement de procédure de la CCJA et l'article 1 de la décision n°
001/2000/CCJA du 16 février 2000 du président de la CCJA, fixant la rémunération, les frais de
déplacement et de séjour des avocats, qui ne prévoit quant à elle en son article 1 er que la
rémunération due à l'avocat, les demandes qui n'entrent pas dans le cadre des dispositions précitées
sont infondées. Tel est le cas en l'espèce :
- de l'intérêt du litige qui porte non sur le montant de 64 500 000 FCFA mais plutôt sur celui de 44 500
000 FCFA, qui correspond à la valeur d'acquisition du véhicule selon la motivation de l'arrêt n° 204 de
la CCJA ;
- des frais de domiciliation versés au second avocat, alors même que la domiciliation n'est pas
obligatoire et que le requérant a fait deux fois le voyage Douala-Abidjan et Abidjan-Douala ;
- de la majoration du fait de « circonstances exceptionnelles » qui n'entre pas dans le cadre de la
décision susvisée ;
- du « reçu provisoire » du 4 juin 2014 portant sur la somme de 70 000 FCFA, pièce sous seing privé
ne présentant pas les caractères d'un justificatif (CCJA, 3 e ch., n° 160/2018, 18-10-2018 : Stanislas
Wouam Nkounchou c/ Sté Tractafric Motors Cameroun SA).
VI. Dépens d'une partie attraite devant la CCJA et mise hors de cause
La partie attraite devant la CCJA et contre laquelle aucun moyen du pourvoi n'est dirigé doit être mise
de cause par la décision à intervenir et est fondée à obtenir la condamnation de la partie succombante
à lui répéter les dépens engagés pour se défendre (CCJA, 1 e ch., n° 035, 2-5-2013 : Banque
Internationale du Burkina dite BIB c/ 1) Compagnie AXA Côte d'Ivoire dite AXA-CI, 2) Sté Citibank dite
CITIBANK SA, 3) Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie de la Côte d'Ivoire dite
BICICI, 4) Sté Générale de Banque en Côte d'Ivoire dite SGBCI, Rec. jur. CCJA n° 20, vol. 1, janv.-
déc. 2013, p. 105-111, Ohadata J-15-35).