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Elodie Delmarès

40 ERREURS À ÉVITER
quand on veut
ECRIRE UN ROMAN

Le Lion Noir Editions


TABLE DES MATIÈRES

Introduction

Erreurs liées à la recherche des idées et à leur ancrage


Erreurs liées à la nature de votre projet ou à votre identité d’écrivain
Les erreurs relatives à la construction de l’histoire
Erreurs relatives aux éléments de fond
Les erreurs relatives aux personnages
Les erreurs liées à l’organisation de votre projet, à son écriture et à sa
correction
INTRODUCTION

Vous avez très envie de vous lancer dans un projet littéraire mais ne savez pas par quoi
commencer? Ou bien peut-être avez-vous déjà écrit une dizaine ou une centaine de
pages mais avez mis en suspens votre projet, faute de savoir où vous allez? Ou
peut-être avez vous mené votre projet à son terme, mais vous n’osez le présenter car il
vous semble trop imparfait, ou qu’il lui manque certaines qualités? Ou alors vous l’avez
présenté, mais c’est un échec cuisant soit au niveau des ventes, soit parce qu’il n’a pas
su séduire l’éditeur, pour une raison qui vous est inconnue.

Les questions que vous vous posez sont légitimes, naturelles, classiques. Pour avoir
commencé -et abandonné- une bonne dizaine de romans à partir du moment où j’ai
réalisé que je voulais écrire, j’ai, comme vous, été confrontée à bien des obstacles. Ce
n’est que bien plus tard, en voulant participer à un concours littéraire, que le déclic
s’est produit. Vous découvrirez certainement mon parcours, en vous plongeant dans les
pages de mon site, si cela vous intéresse. En attendant, l’heure est à la résolution de
VOS problèmes.

Au cours de mon expérience, j’ai listé les erreurs que l’on peut commettre quand on se
lance dans l’écriture. Et elles sont nombreuses. J’en ai répertorié 40 mais je sais qu’il y
en a d’autres. Certainement, le nombre croîtra au fil du temps, de mes lectures et des
critiques reçues ou des défauts que j’aurais moi-même décelés.

Pour que vous vous y retrouviez facilement, je les ai classées en 5 rubriques distinctes,
dont deux sous-rubriques réunies sous la même thématique prépondérante qui est la
construction du roman. Ces rubriques répondent à la chronologie naturelle de la
construction d’un roman: la recherche des idées, la construction, l’écriture, la relecture
et la correction.

Je vous laisse découvrir ces 40 erreurs. Je serais bien tentée de vous dire que vous n’en
reconnaîtrez qu’un petit nombre, mais ne dit-on pas que la prise de conscience est le
début incontournable de la “guérison”? Or, si l’imperfection et son acceptation sont le
contraire d’une maladie, et même la marque d’un esprit sain, je vous souhaite de
trouver des indications qui vous aideront dans votre cheminement.
Erreurs liées à la recherche des idées et à leur ancrage
1/ Attendre que l’inspiration vienne d’elle-même
Certains écrivains chevronnés traitent d’amateurs ou “d’écrivains ratés” ceux
qui attendent d’avoir une bonne idée pour commencer à écrire.
Je serais beaucoup moins radicale, ayant comme vous, peut être, commis
cette erreur. Plusieurs fois, même.
L’inspiration innée, est, en fait, rarissime. Ce qui explique que vous devez
vous ouvrir l’esprit pour la trouver. L’idée d’un écrivain reclus sur une île déserte ou au
fin fond d’un bois, l’écharpe autour du cou et le nez au vent, pour trouver l'inspiration,
est une image d’Epinal. Pour créer, le créateur en général et, en l’espèce, l’écrivain en
herbe a absolument besoin d’éléments qui stimulent son imagination, enrichissent sa
vie: une vie professionnelle, associative, sportive, où les situations, collègues,
coéquipiers ou des collaborateurs “hauts en couleurs” (et en verbes) fourniront des
intrigues, des répliques, des “crises” venant perturber le long fleuve tranquille d’un
personnage plus ou moins romancé. C’est ce qu’on appelle “l’inspiration acquise ou
provoquée”.

2/ L’absence de carnet dédié à votre activité littéraire


Quand on tient une idée, il ne faut pas la laisser filer. La vie fait que votre
cerveau est quotidiennement assailli par des milliers d’informations, et par la lourdeur
des obligations professionnelles, familiales que nous devons accomplir. Ne pas noter
votre idée, c’est prendre le risque de l’oublier. Même si vous n’êtes pas certain(e)
qu’elle soit bonne, notez la: soit vous l’améliorerez, soit vous l’intégrerez différemment
dans votre projet présent, soit vous l’abandonnerez, ou alors, elle sera une base pour
un autre projet, mais au moins, vous l’aurez sous le coude. Il se peut qu’elle ne vous
convainque pas sur le moment et que dans quelques mois, quelques années, vous la
trouviez très intéressante. Donc notez, noircissez du papier, ce sera toujours un
possible capital très intéressant

3/ Ne lire qu’un style de livre (classique, ou romance ou


uniquement en lien avec le thème principal de l’histoire)
On est parfois tenté, quand on se lance dans une thématique bien particulière,
de ne lire que ce qui se rapporte à cette thématique.
C’est une démarche qui vous place immanquablement dans une sorte de
tunnel, avec en plus le risque de vouloir inconsciemment imiter ce qui s’est déjà lu ou a
rencontré un certain succès.
Or, certains romans, même si leur thème n’a rien à voir avec le vôtre,
pourraient vous ouvrir l’esprit sur d’autres possibilités de constructions, une manière
particulière de conduire vos dialogues ou de construire un personnage avec des reliefs
particuliers, ou sur la façon de lancer “de fausses pistes” ou d’intégrer des histoires
parallèles, qui viendront rejoindre votre thème central. Multipliez vos lectures en
ouvrant votre esprit sur des thématiques qui vous inspirent l’envie de les lire, bien
entendu, mais qui sont différentes de votre thématique de prédilection.

Erreurs liées à la nature de votre projet ou à votre identité


d’écrivain
4/ Ne pas choisir de genre de départ (romance, polar,
historique…),
Quel type de roman voulez-vous écrire? Avez vous envie de faire peur, de
happer votre lecteur dans la noirceur de l’âme humaine? Ce serait alors plutôt un
thriller. Avez-vous plutôt envie de faire rêver, de décrire les relations humaines sous un
aspect plus angélique, plus doux, plus romantique, même si certains personnages sont
antipathiques, voire diaboliques? Allez plutôt vers la romance. Si vous aimez le
mystère, le milieu policier, la criminologie, assurément vous êtes fait(e) pour écrire un
polar. Vous pouvez aussi être attiré(e) par l’Histoire, de France ou d’ailleurs, où vous
trouverez pléthore d’intrigues de cour et de guerre à reconstituer ou à romancer. Vous
serez peut être tenté(e) par les romans à messages, ésotériques ou non, ou s’appuyant
sur des règles de bien être, du type “feel good”? C’est peut être ce qui vous
correspondra le mieux…

Ce sont ici les principales ramifications. Ne pas choisir la ramification


majeure de votre œuvre, c’est vous condamner à vous perdre dans des digressions
inutiles lors de la construction de votre roman. Vous vous perdrez, vous, mais vous
perdrez aussi le lecteur, qui, ne parvenant pas à vous suivre, abandonnera sa lecture et
n’achètera plus vos romans. Posez-vous donc en premier lieu la question suivante:
“quelle thématique est ma préférée”?

Mais vous pouvez “mixer les genres” ce qui vous permettra à la fois de réunir
et concilier plusieurs facettes de votre créativité, et aussi d’éviter l’erreur n°5.

5/ Ne pas savoir pour qui vous écrivez ou au contraire, par un


choix trop restrictif, vous couper d’une autre partie du lectorat potentiel.
Le “hic” de ces ramifications principales, si vous vous y tenez strictement,
c’est de n’intéresser qu’une infime partie de votre lectorat potentiel, et de vous couper
du reste.
En mixant les genres, vous pouvez réunir plusieurs lectorats
- Policier/thriller
- Policier/aventure
- Policier/historique
- Romance/policier/historique
- Romance/historique
- Romance/feel good
- Aventure/historique
- Etc…

Vous pourrez donc réunir dans votre public les femmes attirées à la fois par
le romantisme, l’histoire (châteaux, princesses, etc…) et les intrigues de
cour. Les hommes pourront être attirés par les mix entre le polar et
l’histoire. Femmes et hommes pourront avoir envie de lire un policier
historique avec une romance liant le tout, à la Belle Epoque.

L’autre avantage de ce “mix” est que, si vous vous auto-éditez, vous pourrez
choisir des rubriques diverses pendant le référencement de votre œuvre sur
les plateformes d’impression à la demande. Nous y reviendrons
certainement dans un autre tutoriel.

6/ Céder à une mode (“les templiers”, les sorciers, les avatars, les
préhistoriques…)
Si vous cédez à une mode, comment tirer votre épingle du jeu au milieu de
toutes les productions d’un autre genre? Comment vous démarquer et faire valoir votre
identité d’écrivain? C’est le phénomène qui a été observé après l’explosion des ventes
de DA VINCI CODE: une montagne de romans tournant autour de l’histoire des
Templiers. Idem pour les Avatars ou les sorciers (Harry Potter). Ce n’est pas Dan
Brown ou J.K. Rowlings qu’il faut blâmer, mais plutôt les maisons d’édition qui ont
imposé ce thème à leurs auteurs? Qui y a gagné, dans l’histoire? Les maisons
d’édition… peut-être. Pas les auteurs, qui sont resté noyés dans la masse.

7/ Vouloir faire rire à tout prix, employer des expressions à la


mode (elles le sont un temps mais deviennent vite “ringardes”.
Éviter les scènes “comiques” si vous n’êtes pas confortable avec le maniement
du style humoristique. Mieux vaut passer pour “trop sérieux” plutôt que vos réparties
“comiques” tombent à plat. Et surtout choisissez un style où vous êtes “chez vous”.
Les erreurs relatives à la construction de l’histoire
Erreurs relatives aux éléments de fond

8/ Commencer à écrire l’histoire au fil de la plume sans avoir bâti


l’architecture de leur histoire…
…ou commencer la trame, mais ne pas la finir. Pas d’objectif donc pas de
destination, donc arrêt de la rédaction.
C’est humain, de vouloir écrire ce qui vous passe par la tête pour ne pas
risquer de le laisser perdre. Mais vous devez faire le distingo entre écrire des scènes qui
vous obsèdent, mais isolées du reste, avec le fait d’écrire tout un roman sans fil
directeur.
S’il vous prend l’envie d’écrire une scène, écrivez là. Mais une fois que vous
l’aurez posée sur le papier, engagez vous à élaborer au moins la trame ou l’idée
directrice de l'œuvre dans laquelle vous voulez intégrer cette scène, avant de vous
mettre à écrire le reste.
Votre trame, c’est votre GPS: vous avez la destination, et le chemin à suivre…
Apprenez à réfléchir comme un GPS pour mener votre projet à son terme.

9/ Changer radicalement votre objectif d’arrivée (le dénouement)


en cours de route
Il est important de bien réfléchir au dénouement que vous voulez donner à
votre roman, et de le mûrir: une fois qu’il sera déterminé, si vous en changez, vous
courrez le risque de bâtir un roman sans queue ni tête et de susciter l’incompréhension
de vos lecteurs.
Pour autant, les digressions enrichissent une histoire: les erreurs commises
par les personnages leur font subir des situations particulières qui vont changer le
cours de leur vie et leur approche philosophique ou spirituelle, les fausses pistes vont
entraîner votre enquêteur (ou enquêtrice) vers d’autres voies, découvrir d’autres
scandales ou crimes qui vont rejoindre le premier ou permettre la résolution de tous,
etc…).
Distinguez donc l’issue de votre histoire des digressions qui lui sont
nécessaires, voire indispensables.

10/ Ne pas décomposer votre histoire: absence de synopsis


Avoir la trame de votre roman, c’est bien, mais vous devez aller plus loin dans
la construction de votre roman, sous peine “d’ouvrir des portes” qui ne seront pas
refermées, ou de perdre beaucoup de temps. C’est l’importance du synopsis général et
des synopsis de subdivisions, qui seront un repère précieux dans la progression de
votre histoire et de vos personnages.
11/ Ne pas identifier ou mal identifier les points de vue sous
lesquels l’histoire va être abordée.
Il n’y a pas que la première ou la troisième personne du singulier, en tant que
narrateur unique de l’histoire. Il peut y avoir plusieurs narrateurs, qui racontent la
même histoire, mais différemment, ou qui racontent chacun un morceau de l’histoire,
de sorte qu’en joignant tous les points de vue, votre lecteur reconstituera le puzzle de
votre intrigue. Plusieurs positions, angles de vues, sont possibles.

12/ Ne pas savoir différencier ce qui est utile/indispensable à


l’histoire de ce qui est accessoire
Certains détails seront incontournables, car, de leur découverte dépend la
résolution de l’énigme. D’autres ne seront pas indispensables, mais utiles, car ils
ajoutent quelque chose de singulier à l’atmosphère de votre histoire et aident votre
lecteur à s’y plonger. D’autres détails (ou descriptions), enfin, n’ajouteront rien. A vous
de faire la différence et de voir ce qu’ils ajoutent ou non.
Gardez en tête cette phrase de Saint-Exupéry: “La perfection est atteinte non
pas quand il n’y a rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher”.

13/ Méconnaître les articulations, les pivots, les événements


marquants de votre histoire/intrigue
Votre scénario, je l’espère, ne sera pas un long fleuve tranquille. Ou s’il l’est
pendant un temps, ce cours sera perturbé par des “crises”. Ce sont ces événements que
vous devez déterminer à l’avance, ainsi que les changements ou les éclaircissements
qu’ils apporteront à l’intrigue.

14/ Rester dans les constructions “bâteau” de roman:


chronologique, flash-back
Il n’y a pas que la narration chronologique de A à Z, ou le flash-back, ou la
“boucle”. Il existe bien d’autres schémas de construction. Je pourrai bientôt vous en
partager quelques-uns mais vous devez, de vous même, lire des livres et apprendre à en
extraire le squelette pour étudier leur construction.

15/ Vouloir privilégier la quantité (un manuscrit long) au


détriment de la qualité (un manuscrit plus court mais où il n’y a
rien à retrancher car chaque phrase est utile à l’histoire.
D’où l’importance d’élaborer une trame, avec un synopsis général et un
synopsis subdivisionnaire, pour permettre au lecteur de comprendre les décisions ou le
comportement de vos personnages par rapport aux épreuves qu’il a endurées et
dépassées (ou pas).
Si, par exemple, le fait que votre personnage ait fait de l’équitation dans sa
jeunesse n’est pas exploité à la faveur d’une épreuve où il aura à faire appel à ses talents
de cavalier, rien ne sert de l’évoquer. Si, au contraire, il devient professeur d’équitation
ou participe, comme conseiller équestre, au tournage d’un film, cela aura un sens. Bref,
l’évocation des expériences auxquelles vous faites référence doit être justifiée par un
“rappel”, c'est-à-dire l’exploitation de cette expérience dans un contexte similaire ou
différent, mais qui fait appel aux mêmes bases.

16/ Se perdre dans les répétitions d’actions, dans les hésitations du


personnage: des pages et chapitres entiers où il ne se passe rien et
qui passent pour du “remplissage”.
Il pourra arriver à vos personnages de “tourner en rond” jusqu’à ce qu’un
événement, émanant d’eux ou de l’extérieur, vienne débloquer leur situation. Cela est
concevable, quand cette démarche n’est appliquée que pour souligner le dilemme
auquel ils sont soumis. Cependant, il ne faut pas que cela dure trop longtemps non
plus, car vous risquez de lasser le lecteur, qui prendra votre démarche pour du
remplissage. Mieux vaut un récit un peu plus court, mais dans lequel il sera difficile de
retrancher un passage sans dénaturer l’ambiance, le contexte ou l’intrigue, plutôt qu’un
roman où l’on peut sans difficulté enlever un tiers des pages.

17/ Noyer un événement important (et même primordial) au


milieu d’actions de moindre importance quand il faut le mettre en
valeur:
Nombreux sont les romanciers qui exploitent mal un élément -
pourtant prépondérant- de leur intrigue:
- Soit ils le mettent trop en valeur, ce qui donne au lecteur de
“deviner” ce qui va se dire, se passer ou qui est le meurtrier
- Soit il tombe à plat car il est noyé au milieu d’autres
événements, le lecteur ne peut que passer à côté et s’ennuie et
ne finit pas sa lecture.
Il est donc important de jauger le bon moment pour le placer, et faire
les coupures de chapitres adéquates pour le mettre en valeur ou
amener le lecteur à douter…

18/ S’adresser seulement à un ou deux sens de l'être humain


Tous les lecteurs ne privilégient pas la vue ou le toucher. Certains
seront plus sensibles au vocabulaire correspondant aux autres sens
de l’être humain. Si vous faites une description “colorée” à un lecteur
plus sensible au toucher, vous êtes presque certain qu’il “décrochera”.
Soyez polyvalent dans votre communication verbale.
19/ Abondance de scènes sans rapport avec l’intrigue ou avec le
genre initial du roman. Exemple: scènes érotiques à gogo si ce
n’est pas un livre où le sexe a sa place.
Si l’action de votre roman se déroule dans les milieux mafieux, de la
prostitution, ou du film X, il sera logique que votre lecteur rencontre des scènes
érotiques ou même pornographiques, même si celles-ci ne sont pas indispensables. Si
votre histoire est plus “romantique” ou traite d’un tout autre milieu, elles risquent de
choquer, ou de déranger votre lecteur qui ne recherche pas les détails “crus” d’une
relation.
Par ailleurs, vous devez, pour l’aborder, être à l’aise avec le thème et le
langage de la sensualité.

20/ Ne pas adapter le langage au contexte


Excepté les histoires romantiques, les romans historiques, où les phrases sont
souvent plus longues et le langage plus soutenu, il est superflu de faire emprunter à vos
personnages un langage trop littéraire, qui pourra paraître redondant ou pompeux. A
plus forte raison dans les dialogues d’action ou d’aventure où tout va vite, mais de
manière plus générale, dans les romans où l’action est contemporaine, laissez à vos
protagonistes un langage simple et direct, à la limite parfois du vulgaire, selon les
situations, si elles s’y prêtent.

21/ Ne pas adapter la phrase au rythme que l’on veut donner à


l'action, au passage du livre.
Difficile de donner à un dialogue cette impression de rapidité dans la
succession des répliques si les phrases sont longues, alambiquées. A l’inverse, un
dialogue romantique supportera difficilement un enchaînement de phrases courtes,
abruptes (sauf si votre personnage est timide ou maladroit), quand il faut “arrondir les
angles” et présenter votre personnage sous un angle agréable.
Une forme inadaptée cassera très probablement l’effet que vous voulez
donner à votre dialogue.

22/ Dialogue qui ne fait pas avancer l’intrigue, qui n’ajoute rien, ne
fait pas ressortir les personnalités ou les divergences d’opinion. Il
doit avoir une utilité.
Un dialogue, aussi, est là pour faire évoluer l’action, apprendre à vos
personnages à ses connaître les uns les autres, se réconcilier ou déclarer une guerre. Un
dialogue est donc un “tournant” dans votre histoire. S’il n’ajoute rien, si vous le
supprimez et que cela ne change rien à la suite, alors il est inutile.
23/ Vous attarder sur un passage ou un chapitre dès le premier jet
dans l’espoir de le rendre parfait, au lieu de continuer votre
manuscrit.
Partez du principe que votre roman ne sera jamais parfait, et qu’il est donc
inutile de revenir sur une scène ou un chapitre tant que vous n’avez pas écrit la suite,
ou le reste de votre roman, car c’est l’ensemble qui vous donnera les bonnes indications
sur les éléments à rajouter ou à retrancher dans chaque chapître ou scène.
Sans compter que, derrière votre possible obstination à vouloir parfaire une
scène ou un chapitre avant d’écrire le reste du roman, se cache certainement une peur
inconsciente de sortir de votre “zone de confort” et de vous confronter à la véritable
difficulté: construire une histoire ambitieuse et structurée dans son ensemble, entrer
dans les détails et les contradictions de vos personnages (et des vôtres, peut être)...

Les erreurs relatives aux personnages


24/ Absence de fiche personnage
Certains auteurs râlent contre les fiches personnages qu’ils présentent comme
une béquille. Elles sont peut être inutiles, voire une gêne pour l’auteur expérimenté
dans le sens où elles seraient susceptibles d’imposer une limite à la créativité de
l’auteur. En revanche, un auteur en devenir prendra le risque de produire un
personnage aux contours psychologiques très flous, au caractère et au destin
incertains, s’il s’épargne l’effort de faire une fiche personnage. Cet exercice peut
d’ailleurs constituer un moteur d’inspiration: même si vous n’avez pas encore défini la
trame de votre roman, travailler sur cette fiche peut vous aider à débloquer votre
inspiration.

25/ Personnages insuffisamment décrits dans leur personnalité,


leurs actes, mais trop dans leur aspect physique ou leur style
vestimentaire, les tics verbaux etc… qui les rend reconnaissables.
Votre lecteur apprécie, plus ou moins consciemment, de pouvoir s’identifier à
votre personnage ou à l’un des personnages de son entourage. Même en l’absence
d’identification, son imagination, libre et souvent indépendante de sa volonté, imagine
le personnage “à sa manière”. Décrire votre personnage de façon trop précise restreint
cette liberté et de ce fait, entame son plaisir à lire. Ne laissez donc entrevoir du
personnage que ce qui est utile à l’histoire et à son dénouement, et laissez un maximum
de liberté à l’imagination de votre lecteur. Celui-ci préfèrera connaître votre
protagoniste à travers ses paroles et ses actes.

27/ Descriptions trop longues et inutiles des lieux, des objets, du


ciel.
Cela rejoint un peu le paragraphe précédent. Le caractère glauque d’un lieu
(nuit pluvieuse voire orageuse) sera appuyée par les coups de tonnerre ou la pluie
battante le soir d’un meurtre dans les ruelles sombres et sales d’une grande ville se
situant dans un pays ou une région sujet aux intempéries ou d’un village abandonné.
En l’absence de la nécessité de souligner une ambiance, ou d’expliquer que le
meurtrier y voit clair presque comme en plein jour (pleine lune) il est inutile de décrire
la couleur et la forme de la lune, des étoiles et des arbres.

26/ Emergence de personnages ou de situations inutiles dans


l’histoire: si on les enlève, cela n’aura aucune incidence dans le
déroulé des événements.
Vous avez, logiquement, un “message” à faire passer à travers votre intrigue et
vos personnages. Si vous ajoutez des événements ou des personnages qui n’ont aucune
utilité dans l’intrigue, cela alourdira votre récit et surtout polluera votre message.
Attention donc aux caractères qui n’ont aucune véritable fonction.

28/ Paroles explicitant trop consciemment un état d’esprit


Un personnage paranoïaque ne sera que très rarement conscient de sa
paranoïa. Il sera donc vécu comme un non sens le fait de le lui faire dire. Ce qui
n’empêche pas un autre personnage de le lui faire remarquer. Idem pour le manque de
confiance. Montrez davantage les traits de caractère de vos protagonistes à travers des
formulations ou des actes trahissant cet état d’esprit: hésitations dans le langage
verbal, bégaiement, regard fuyant, gestes soudain interrompus…

29/ Personnages trop parfaits, trop lisses (gentils) trop


“équilibrés” ou trop fous ou méchants.
Les oppositions manichéennes sont adaptées à certains types d’histoires où le
bien et le mal s’affrontent, ou lorsqu’un personnage est en butte à un dilemme: choisir
son égo ou son sens de ce qui est juste et bien. Une démarche parfaite pour les romans
fantastiques ou traitant de sorcellerie, ou même de chevalerie.
En revanche, cette démarche sera inadaptée pour un roman “réaliste” où les
personnages sont complexes et qu’en eux, bien qu’ils ne soient pas obligatoirement
schizophrènes, se jouent des cas de conscience subtils.

30/ Décrire le parcours d’un personnage alors qu’il n’a aucun


impact sur la suite des événements.
Le parcours d’un personnage n’est intéressant pour le lecteur qu’à partir du
moment où il explique l’évolution de votre personnage, ses réactions et ses décisions.
En revanche, détailler son “CV” sera superflu si ce personnage n’a qu’un rôle mineur
dans le déroulement de l’intrigue. Concentrez vous, par conséquent, sur les quelques
éléments du passé de votre personnage qui expliquent son intervention et les
conséquences qui en découlent.

31/ Garder le même style d'écriture ou d'expression, quel que soit


le personnage.
C’est toujours tentant de prêter son amour du beau langage à chacun de ses
personnages. Pourtant, dans le roman comme dans la vie, chaque personne a son
identité propre, et donc un langage qui se détache de celui de son entourage. Travaillez
les caractéristiques de vos personnages de façon à déterminer leur langage, tout en leur
réservant la possibilité d’évoluer, à tous les niveaux: un héro qui se cultive va évoluer
dans son langage, faire des phrases plus élaborées, choisir un autre vocabulaire,
améliorer sa syntaxe.

32/ Faire parler le personnage de façon trop littéraire. (un peu de


naturel, même chez les “aristos”, sauf si la façon de parler est
caractéristique d’un personnage et permet de l’identifier par la
suite.
Ce n’est pas parce que votre personnage est issu de l’aristocratie qu’il faut lui
prêter un langage ou une syntaxe résolument littéraire, sauf, bien sûr, si sa
personnalité se prête facilement aux expressions (un peu) pédantes ou totalement
superfétatoires. Cela peut être présenté comme un aspect romantique, naïf,
sympathique, ou, au contraire, grossier et prétentieux, orgueilleux, même. Tout dépend
comment vous voyez votre protagoniste, héro ou anti-héro, et comment vous voulez le
présenter à votre lecteur. Il faut cependant que celui-ci comprenne que ce choix est
voulu et que ce langage n’est pas celui de tous les personnages, mais d’un seul ou d’un
très petit groupe.

33/ Faire des personnages trop marqués sans expliquer l’origine


de leur caractère et sans leur accorder de qualités ou de défauts
atténuants.
A moins qu’il ne s’appelle “Lord VolDeMort” (et encore, J.K. Rowlings a, en
partie, expliqué l’humeur profondément malfaisante de Tom Jedusor dans Harry
Potter), les méchants ont des raisons d’être méchants: ils sont passés par des épreuves
qui les ont endurci voire annihilé leurs valeurs humaines. C’est le cas d’Hannibal Lecter
dans Le silence des agneaux. Or cette explication, cette rétrospective qui éclaire tout,
sera parfois la clé ou l’une des clés de la résolution des énigmes de votre roman. Évitez
donc les “méchants qui le sont gratuitement”, expliquez leur démarche (insécurité,
jalousie, manque d’assurance, peur du rejet et/ou de l’abandon) et prêtez leur des
qualités. De même, faites en sorte que vos “gentils” commettent des erreurs de
jugement, ou aient des sautes d’humeurs, des colères noires de temps à autre. Cela ne
les rendra que plus humains.
Les erreurs liées à l’organisation de votre projet, à son écriture, à
sa correction
34/ L’absence d’agenda et de programmation sur le
court/moyen/long terme
Si vous ne vous fixez pas d’objectif, vous ne risquez pas de les atteindre.
Autrement dit: si vous ne vous astreignez pas à une discipline quotidienne
dans votre écriture, il y a peu de chance que vous veniez à bout de votre roman. C’est là
qu’intervient la planification de votre écriture et de votre activité en général.

35/ Écrire beaucoup pendant un temps court puis abandonner son


écrit pendant des mois sans même le lire.
Cela aura le même effet que si vous n’aviez rien écrit: vous perdrez le fil de ce
que vous avez écrit, et serez obligé d’y revenir, ce qui occasionnera une perte de temps.
Mieux vaut écrire moins chaque jour, mais tenir le marathon jusqu’au bout.

36/ Ne pas s’imposer de cadencement (écrire au nombre de mots,


de pages, de chapitres), ne pas avoir de rythme.
Le mode “machine de guerre” décrit par Aurélie Valogne, qui consiste à
s’isoler pendant des jours entiers, voire des semaines ou des mois comme Guillaume
Musso n’est applicable qu’aux personnes qui sont payées pour écrire, n’ont pas
d’enfants à s’occuper (ou ont un conjoint avec qui il est entendu qu’il “assure” pendant
cette période), qui sont à la retraite ou vivent de leurs rentes.
Ces personnes ne constituent qu’une part infime du monde des auteurs.
Comme, probablement, vous n’en faites pas partie, imposez vous un
cadencement qui conviendra: au nombre de mots, de chapitres, de pages, ou par étape
importante du roman, etc…

37/ Ne pas relire son texte après écriture.


Ne pas relire votre texte, c’est prendre le risque de laisser passer des fautes
d’orthographe, de syntaxe, de concordance des temps, des lourdeurs de style, et, pire,
des incohérences matérielles.

38/ Ne pas laisser suffisamment de temps entre l’écriture du


premier jet et la réécriture
Vouloir corriger dès votre premier jet de roman rédigé ne vous fera pas
gagner du temps. Pire, il vous en fera perdre, car votre cerveau sera encore concentré
sur l’intrigue et les éléments “matériels” de l’histoire.
Prenez donc le temps de vous reposer, allez jardiner, faites un voyage. Laissez
passez au minimum 1 semaine. deux c’est mieux, et 3 encore mieux.

39/ Vouloir tout corriger en même temps (fond et forme), au lieu


de procéder par étapes.
Si vous prenez le pari de corriger tout en même temps, vous êtes certain de
ne rien corriger du tout, ou si peu, et de laisser sur le carreau bien des détails à
améliorer. Concentrez vous d’abord sur votre histoire, ses détails, sa chronologie, puis
enfin sur la forme. Même ce second aspect de la correction fera l’objet de plusieurs
étapes.

40/ Ne pas accepter les critiques


Les premières critiques sont les plus difficiles à encaisser. Mais elle est un
passage obligé, car, dans n’importe quelle discipline, vous aurez des détracteurs.
Autant vous y préparer?
Pour autant, vous devez faire la différence entre les critiques bienveillantes,
accompagnées de conseils, les reproches, qui peuvent parfois cacher une indication sur
ce que le critique aurait voulu trouver dans votre roman, et la “mise en boîte gratuite”,
qui ne vous donne aucune indication sur ce qu’il convient d’améliorer, et qui est bien
plus le fait de frustrés qui n’ont pas persévéré dans leur activité d’écrivain ou de
personnes qui auraient voulu écrire mais n’en ont jamais eu le courage ou ne sont pas
arrivé à mener leurs projets à terme. Ces derniers ne méritent qu’une chose: votre
silence.
Vous aurez l’occasion de vous prêter à ce tri quand vous soumettrez votre
manuscrit à votre entourage pour recueillir des conseils ou des impressions.

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Vous venez de parcourir déjà une liste assez abondantes d’erreurs à éviter
quand on veut écrire un roman. A vous de creuser et d’enrichir cette liste, suivant ce
que vous observez dans vos habitudes et dans les oeuvres d’autres auteurs.

Si vous voulez en savoir plus sur les basses de la narration écrite, je vous
recommande mon livre “COMMENT ECRIRE UN ROMAN”. Il est disponible:
- En ebook en format epub
- En ebook en format PDF
- En version brochée, si vous appréciez de mettre quelques annotations sur le
papier.

En tous les cas, je vous souhaite de réussir tous vos projets littéraires et surtout une
longue et belle carrière d’écrivain.

Bien à vous

Elodie Delmarès

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