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INTRO

«La construction de l'Algérie comme nation est un phénomène à regarder». «Est-ce


qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?” Telle est la
question soulevée par Emmanuel Macron en octobre 2021. Une question qui a su
choquer un grand nombre de personne, parmi lesquelles figurent les historiens.
Pourtant, durant la Troisième république, ou du moins ses débuts, il était
commun d’affirmer que tout a véritablement pris forme suite à l’arrivée des
colons. Ainsi, les peuples colonisés devraient, selon l’historiographie coloniale,
être reconnaissants en raison de la civilisation, de l’unification de la nation et de
l'historicisation qu’ont apportées les colons européens. Cette pensée va être peu à
peu déconstruite dans les débuts du XXème siècle.

C’est ce dont traite un article de pierre singaravélou. Il s’agit d’un historien


français spécialiste des empires coloniaux et de la mondialisation. Il est
enseignant au King's College de Londres et professeur à l'université Paris I
Panthéon-Sorbonne. Il publie son article intitulé “des historiens sans histoire, la
construction de l 'historiographie coloniale en France sous la 3eme république”
en 2010 dans la revue numéro 185 d’actes de la recherche en sciences sociales.
Cet article est publié dans un contexte favorable à l’étude de l’historiographie
coloniale, avec de nombreux ouvrages publiés et de nombreuses conférences
organisées à ce sujet. Pour cause, en Octobre 2010, l’Ecole doctorale
internationale a fait une conférence sur la production de l’historiographie
coloniale.
Dès lors, on peut se demander si l'historiographie coloniale durant la troisième
république a évolué de sorte à accorder une histoire propre aux peuples colonisés
?
Premièrement, nous expliquerons la mise en place et la communauté de
l’historiographie coloniale.
Par la suite, nous nous demanderons comment est il possible d’écrire l’histoire de
peuples sans histoire ca n’a aucun sen
Enfin, nous évoquerons l’avènement de l’écriture d’une nouvelle histoire
coloniale à l’aube du nouveau siècle.
I.
II. L'historiographie coloniale, sa mise en place et sa communauté (?)

A. L’institutionnalisation de l’histoire coloniale :

Lorsqu’on parle d’institutionnalisation de l’histoire coloniale, on a tendance à se concentrer davantage sur l’échec de cette dernière dans les facultés de lettre. En effet, dans ces facultés l’institutionnalisation de l’historiographie coloniale va être une entreprise longue. Le conseil de la faculté des lettres de Paris a tenté de créer une chaire d’histoire économique et coloniale mais la procédure va être tellement longue et laborieuse qu’elle va finalement échouer avec le décès du professeur chargé de ce
cours, Henri Pigeoneau. L’histoire coloniale reste donc un cours libre et ne va pas se transformer en chaire. L’histoire coloniale va être l’objet d’une maîtrise de conférence créée par les gouvernements d’indochine et de Madagascar ou Prosper cultru, pionnier de l’histoire de la colonisation va se consacrer à l’étude de l’indochine, de l’afrique subsaharienne et des antilles françaises. En revanche, après son décès ces conférences ne vont pas durer et son cours va être transformé en chaire d’histoire
économique en 1917. Dans les instituts de Lettres de province les cours d'histoire coloniale vont être rares. En revanche, ils vont être enseignés dans d'autres institut de province tels que les instituts coloniaux de province ou encore le collège des sciences sociales.

A l’inverse, l’école libre des sciences politiques, l’école coloniale et le collège de France vont les institutions qui vont le plus se concentrer sur l’histoire coloniale.
En 1886, une section coloniale est créée à l’école libre des sciences politiques ou Emile Boutmy accorde une attention particulière à l’histoire de chaque colonie. Des cours sur l’histoire des pays d'extrême orient et d’Afrique du nord sont d’ailleurs créés.
Similairement, l’école Coloniale va également faire des cours d’histoire par zones géographiques. Une partie des enseignants vont s’accorder à montrer la cohérence géographique et éthnique des régions colonisées. D’après Pierre singaravelou, “l’enseignement de l’histoire à la “colo” possède une forte dimension hagiographique”. L’hagiographie est l'écriture de la vie des saints. En effet, les cours d’histoire coloniale auront tendance à héroiser les colons. On les considère comme supérieurs aux
peuples colonisés car d’après eux c’est grâce à la colonisation que les régions colonisées ont pu évoluer. Cette défense et héroïsation de la colonisation vont participer à la légitimation de cette dernière. On peut d'ailleurs le prouver par le sujet du concours de 1932 qui était : “De tous les héros de notre histoire coloniale, quel est celui que vous préférez ?” L’utilisation du mot “héro” dans cette énoncée montre le caractère supérieur avec lequel les colonisateurs étaient traités.
Une chaire d’histoire coloniale est créée au Collège de France en 1921. L’auteur marque le “glissement sémantique” du nom de la chaire de “l’histoire coloniale” à “l’histoire de la colonisation” pour terminer par “l’histoire de l’expansion de l’occident”. D’après Pierre Singaravélou “Cette évolution traduit une clarification du domaine recouvert par l’histoire coloniale qui officialise l’exclusion de l’histoire des “indigènes”. Cela nous renvoie à l’idée de Frantz Fanon dans les damnés de la Terre qui
dit que “la colonisation est le prolongement de l’histoire de la métropole”. Ici on va se concentrer davantage sur la métropole colonisatrice et son histoire plutôt que sur l'histoire des régions colonisées. En effet, les régions colonisées vont être considérées comme ne possédant pas d’histoire avant la colonisation. Donc écrire leur histoire pré colonisation serait vu comme impossible.
Dans les années 1890, il y a la constitution d’un nouveau fonds d’archives coloniale et cela participe à son institutionnalisation. Dans la même période, un sociologue et anthropologue français pointe du doigt la France et met en avant sa responsabilité dans le dépouillement des archives car ces dernières permettent aux peuples colonisés de connaître leur histoire.
Avant le XXe siècle, l’histoire coloniale est écrite majoritairement dans des salons et des centres de recherches de l'empire. Les ouvrages d’histoire coloniale apparaissant de plus en plus entre 1930 et 1931. Cela peut s’expliquer par le centenaire de la conquête d’Algerie qui constitue un moment important pour les historiens coloniaux. On peut citer quelques ouvrages comme histoire et historiens de l'Algérie par Charles André Julien.
Les auteurs de ces œuvres sont en majorité des historiens professionnels. En revanche, durant longtemps on pense que l’histoire coloniale était le terrain des historiens amateurs. Cela nous laisse donc nous demander de qui se compose les historiens coloniaux.

B. L’élaboration d’une communauté d’historien :

L’histoire coloniale a longtemps été considérée comme le terrain des amateurs. En effet, on l’a considéré comme “une histoire en uniforme” et qui était non pas écrite par des historiens professionnels mais par des missionnaires, des officiers ou encore des administrateurs. Ces historiens non professionnels vont être majoritaires sur la scène coloniale. D’après Georges Hardy, ancien directeur de l’école coloniale, cela est dû "à la complémentarité des pratiques administratives et du travail d’historien”.
Ces historiens amateurs étant pour la plupart des administrateurs coloniaux ou des officiers, ils étaient les plus proches de la colonisation et donc les plus à même de parler de celle-ci. Les professeurs d’histoire vont être minoritaires dans l’écriture des œuvres d’histoire coloniale et ce jusqu’au début des années 1880.

En revanche, l’histoire coloniale est composée d’une solide communauté d'historiens professionnels. Ces derniers ont pratiquement tous suivi les mêmes études, c'est-à-dire une agrégation d’histoire et géographie, un doctorat en histoire ou l’école des chartes. On est considéré historien de la colonisation lorsqu’on occupe une chaire d’histoire comme Alfred Martineau titulaire d’une chaire d’histoire coloniale au collège de France, qu’on a enseigné cette science comme sous discipline comme
Georges Hardy ou que l’on est auteur d'oeuvre en rapport à l’histoire coloniale. La communauté d'historiens de la colonisation n’est pas homogène. On peut retrouver des diplomates comme Louis Vignon ou encore des juristes comme Arthur Girault qui publie un ouvrage intitulé les colonies françaises avant et depuis 1815.

Même s’ils ne sont pas majoritaires, des historiens professionnels participent à la promotion de l’histoire coloniale à travers leurs écrits. Ces historiens sortaient pour la plupart de l’école des chartes. Pierre Singaravelou dit explicitement que les chartistes sont “détenteurs assermentés des secrets d'État, qui se font un devoir d’assurer la promotion de l’idée coloniale”. L’idéologie coloniale est un concept visant à défendre la colonisation. A travers ces œuvres, ces historiens promulguent la
colonisation. L’historiographie coloniale est utilisée afin de défendre la colonisation et de légitimer la violence de cette dernière.

Dans les écrits on ne s’intéresse pas à l’histoire des régions colonisées avant la colonisation. Cela nous renvoie à l’idée que les pays colonisés étaient des régions immobiles et sans évolution avant l'arrivée des colons. En effet, d’après l’auteur : “les historiens prétextent l'absence de sources écrites pour se focaliser sur la préhistoire qui prend fin avec l'arrivée des européens.” Cela nous laisse donc nous demander comment les historiens écrivent l’histoire d’un peuple décrit comme sans histoire ?

I) Comment écrire l’histoire des peuples sans histoires ?


A) une nécessaire colonisation en raison

Pierre singaravélou démontre dans ses écrits, par le biais de plusieurs historiens,
que l’on a longtemps considéré que les peuples colonisés n’avaient pas d’histoire
et que leur historicisation a débuté avec l’arrivée des colons, Les historiens se
demandaient donc comment écrire l’histoire des peuples sans histoire ? Il s’agit
en vérité d’un discours établi pour légitimer la colonisation. Ce discours soutient
que la colonisation était nécessaire.
James Blaut, anthropologue et géographe célèbre pour ses critiques de
l'eurocentrisme, critique le diffusionnisme eurocentrique dans son ouvrage Le
modèle des colonisateurs du monde. Diffusionnisme géographique et histoire
eurocentrique,
Il soutient la thèse selon laquelle les Européens ont justifié cette domination par
les idées, techniques, modèles sociaux et économiques qui. se diffuseraient depuis
l’Europe vers le reste du monde.
Les européens seraient ici des sauveurs qui diffusent le savoir. Pierre
Singaravélou cite d’ailleurs le discours de l’afrique prononcé en 1879 par Victor
hugo pour souligner la domination de cette pensée eurocentrée : je cite : Au 19e
siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au 20e siècle, l’Europe fera de l’Afrique
un monde. Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes !
Il y aurait donc une véritable mission civilisatrice
Dans les années 1920 à la sorbonne on enseignait que les noirs étaient de grands
enfants. Plus encore, selon Singaravélou, on va jusqu’à affirmer que les
européens ont sorti l’afrique noire de la préhistoire, soit 5300 ans après sa fin en
occident.
Arthur Giraud, dans ses principes de législation coloniales publiés en 1895,
soutient ainsi que la souffrance endurée par les noirs et peuples colonisés de
façon générale est bien minime face au progrès apporté. Il étaye sa thèse en
prenant l’exemple de l’australie où les anglo saxons éclairés ont remplacés les
sauvages illettrés, affirmant ainsi que “le résultat définitif est donc bon”
Ces modèles diffusionnistes ont été grandement inspirés par La raison dans
l’histoire de HEGEL. En effet, Hegel ne considère pas que « les mythes, les
traditions, les chants populaires et les poèmes en général » sont à même d’écrire
l’histoire, car ce sont, selon lui, « des modes confus de commémoration »3. Le
philosophe revient sur l'importance de l'écriture. Une civilisation aurait beau
ancienne, elle est « incapable d'évolution culturelle » et ne peut « écrire sa propre
histoire » si elle ne dispose de l'écriture. Or pour des peuples de l’oralité comme
l’Afrique, l’histoire se base essentiellement sur la tradition orale.

B) Des peuples véritablement dénués d’histoire ?

Mais finalement, peut on véritablement considérer que ces peuples n’ont pas
d’histoire ? Il me semble essentiel de souligner le fait que les peuples colonisés
sont eux aussi détenteurs d’une histoire.
Tout d’abord, l’afrique du nord en possède une, seulement, comme le souligne
Pierre Singaravélou, les historiens français ont tendance à minorer la
composante orientale et musulmane des locaux afin de valoriser leur identité
occidentale. Celle-ci proviendrait de la colonisation romaine. S’ils agissent de la
sorte c’est pour légitimer la présence occidentale, afin que les locaux les
considèrent comme étant les véritables successeurs des anciens habitants de leurs
terres. Les locaux d’Algérie ont d’ailleurs, semble-t-il, acceuilli avec respect et
admiration les colons français puisqu’ils parvenait à déchiffrer les écritures
romaines, s'agissant ainsi de véritables “successeurs”.
Georges Hardy, que nous évoquerons davantage par la suite, publie sa Vue
générale de l’afrique en 1932 et souligne que le continent africain détient une
histoire de longue durée.
Premièrement, l’idée reçue selon laquelle l’afrique a toujours été un continent
enclavé est fausse. Pour cause, le Sahara, loin de constituer une barrière, a
toujours représenté un espace d’échanges et le continent a entretenu des contacts
permanents avec l’Asie, le Moyen-Orient,l’Europe et les Amériques.
Deuxièmement, des archives écrites en plus des témoignages oraux recensés
témoigne de l’existence d’une histoire et d’une civilisation africaine. En effet,
l’épopée de Soudiata est la plus ancienne des épopées africaines et celle ci retrace
la formation
du grand empire du Mali à travers l’itinéraire de son fondateur Soun diata
Keïta. Il a vécu au 13e siècle et a unifié le Sahel depuis le Niger jusqu’au Sénégal.
Aussi, selon des travaux de l'Unesco réalisés conjointement avec des Etats
Africains, il reste aujourd’hui des preuves écrites de l’existence d’une sorte de
déclaration des droits de l’homme africaine. Il s’agit du serment de Mandé,
autrement appelé la charte de Kurukanfuga.
Ce serment est établit au 8ème siècle. C’est une véritable instrument de
régulation sociale, qui détermine non seulement l’étendue et les limites des
relations entre les individus, mais c’est aussi un instrument de régulation
administrative qui définit ce qui relève de la sphère publique et ce qui appartient
à la sphère privée.voici un extrai de cette charte, je cite “chacun dispose
désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des «
interdits », des lois de sa Patrie.”.
Ainsi, il est inepte d’affirmer d’une part que les peuples colonisés sont dénués
d’histoire, et d’autre part qu’il s’agit de peuples primitifs, simples indigènes et
sans civilisation.

Maintenant je vais vous montrer comment, dès le début du XXème siècle, une
nouvelle histoire coloniale a été écrite.

III) l’écriture d’une nouvelle de l’histoire coloniale à l’aube du nouveau siècle

A) Une remise en question d’une écriture de l’histoire par le prisme de


l’eurocentrisme

Jusqu'à la fin du XIXème siècle, les œuvres de propagande et les récits descriptifs
d’événements militaires (et, de fait, sans réelle profondeur ni consistance d’un
point de vue historique) composent principalement l’historiographie coloniale.
Le début du XXème siècle marque ainsi un tournant puisqu’émerge la question
de la nécessité de s’éloigner de l’eurocentrisme dans l’écriture de l’histoire
coloniale et de l’histoire de façon générale. Tout d’abord, Corriger
l’eurocentrisme est fondamental dans la mesure où cela permettrait à l’histoire
des peuples discrédités d’exister enfin en tant que telle, pour elle-même, hors des
pièges de l’histoire dite “tunnel”, comprise comme étant une histoire dont la
vision est en quelque sorte centrée, dont on ne voit pas l’extérieur et qui est de
fait piégée dans un tunnel. Cela paraît simple mais ça ne l’est absolument pas
d’autant plus que, même sans tomber dans l’histoire tunnel, nous avons tendance
à analyser l’histoire propre des autres en cherchant les différences ou similitudes
avec la trajectoire connue par l’Europe, prise implicitement comme référence.
Ainsi, dès 1913 henri Froidevaux, un historien et géographe pionnier dans la
critique des histoires coloniales, soutient que celles-ci sont jusqu’ici (donc 1913)
“très incomplètes, souvent erronées ou imprécises, dépourvues d’esprit critique,
de fil conducteur et de vues d’ensemble”.
Mais c’est principalement durant l’entre-deux guerre que plusieurs historiens
s’efforceront de stigmatiser cette histoire coloniale dépourvue d’acuité.
A titre d’exemple, Charles-André Julien, un historien et journaliste français,
spécialiste de l'Afrique du Nord et militant anticolonialiste, joue un rôle
fondamental dans la déconstruction des clichés de l’historiographie coloniale. Et
pour cause, jusque là on considérait que l’histoire de l'Algérie a commencé en
1830, il affirme que celle-ci préexistait à l’arrivée des colons.
Le militant va s’efforcer de contredire ces thèses colonialistes dans son ouvrage
HISTOIRE DE L’AFRIQUE DU NORD paru en 1931. Pour se constituer un
réseau d'informateurs, il entre en contact avec les mouvements indépendantistes,
notamment avec le groupe formé autour de Bourguiba, avec qui il se lie d'amitié.
Il étaye dans son ouvrage la thèse selon laquelle la colonisation n'est pas, comme
elle se voulait, le point de départ d'une nouvelle histoire du Maghreb, mais un
simple épisode de cette histoire. Il y a une continuité dans le passé maghrébin. Il
tâche également de montrer, de quelle manière Phéniciens, Vandales, Romains et
Arabes se sont fondus dans la pérennité berbère, témoignant donc d’une
véritable histoire solide qui a su survivre. C’est d’ailleurs cette vision nouvelle et
insolite qui lui a valu de nombreuses critiques. En effet, selon Louis Massignon,
enseignant au collège de frane et islamologue catholique français.“C’est parce
qu’il a intégré ces fautes que nous avons commi- ses, dans l’histoire générale de
la colonisation française, sur laquelle, pour porter un jugement d’ensemble [...]
nous n’avons pas le droit d’exclure les zones sombres pour n’admirer que les
zones claires “.

Aussi, en 1921, Dans Les Éléments de l’histoire coloniale, Georges Hardy met en
garde ses collègues contre une tendance à l’« européanisation de l’histoire du
monde »
Tout cela va donc à l’encontre de la vision eurocentrée de l’histoire, soutenant
que tout débute avec l’arrivée des colons.

B) Un renouveau méthodologique en faveur de l’écriture d’une histoire


propre aux peuples

L’Historiographie coloniale a donc connu une véritable évolution au cours du


début du XXème siècle. Mais plus encore, si elle a su évoluer de la sorte selon
Singaravélou, c’est en raison d’un renouveau méthodologique majeur. Georges
Hardy, que nous avons évoqués à plusieurs reprises précédemment, est un
historien et directeur de l’école coloniale de 1926 à 1932
Il est considéré par Singaravélou comme étant le héraut du renouveau de la
discipline, donc celui qui annonce la venue de nouvelles méthodes et façon de
faire l’histoire.
L’histoire coloniale n’a donc pris consistance dans notre pays que depuis le début
du XXème siècle comme l’a souligné Georges hardy et c’est précisément parce
que, je cite, “Jusque-là on s'était généralement refusé à lui reconnaître une
existence personnelle”.
Dans son ouvrage “histoire sociale de la colonisation”, il soutient que le
mouvement déclencheur a été lancé par Alfred Martineau, un historien et
colonial. La lumière sera vite mise sur les liaisons étroites de cette discipline avec
d’autres sciences, à l’instar de l’ethnographie et de la psychologie coloniale.
Pour cause, dans son ouvrage “les éléments de l’histoire” Georges hardy va
vivement critiquer les travaux des décennies passées menés par les historiens de
l’administration coloniale dans la mesure où il ne s’agirait que d’une “petite
histoire coloniale”. Autrement dit, cette histoire n'appréhende pas le corps même
de l’histoire, soit l’ethnie, l’âme et le milieu. D’où la qualification d’histoire
positiviste, une histoire qui se caractériserait donc par le refus de toute
spéculation métaphysique et l'idée que seuls les faits d'expérience et leurs
relations peuvent être objets de connaissance certaine.
Si Georges Hardy occupe une place importante dans cet article, c’est en raison de
sa place pionnière dans la proposition de nouvelles méthodes de recherche. En
effet, en souhaitant rendre les faits intelligibles, il propose de s’appuyer sur la
psychologie ehtnique ou psychologie coloniale. Ici, les pratiques de l'historien des
années précédentes ne sont plus valables, il faut désormais établir un lien étroit
entre colonisé et colonisateur, en se rendant sur le terrain même, comme ce que
Charles Julien André a fait en 1921. Dans cette nouvelle perspective, on
considère qu’il faut comprendre les colonisés ou “indigène” plutôt que de les
changer à tout prix. Si l'on souhaite s’associer à eux, il faut concevoir leur
différence et les accepter. L’historien illustre ici ses conceptions différentialistes
où, je cite, “l’âme collective est le produit du milieu géographique et de
l’histoire”.
Dans son manifeste de 1925 intitulé Mon frère le loup” georges Hardy soutient
que cette nouvelle science a pour finalité l'élaboration d’une politique coloniale
d'association. La psychologie serait la condition d’une véritable compréhension
internationale. Tout cela va, de fait, à l’encontre des visions passées.
Rappelons-nous Colbert qui affirmait qu’il fallait “changer l'esprit de libertinage
qu'ont tous les sauvages en celui d'humanité et de société que les hommes doivent
avoir naturellement”.
Désormais, la nouvelle histoire que promeut Hardy suppose des « rapports étroits
entre coloniaux et historiens, une éducation des uns par les autres, et des
recherches de psychologie ethnique préparatoires » afin de comprendre les
différences.

Par ailleurs, georges hardy mérite bien sa place de pionnier dans mise en plac de
nouvelles méthodes de recherche puisqu’il soutient l’usage d’une source
considérée comme non fiable par bon nombre d'histoires, à savoir : les
témoignages oraux, comme j’ai pu le démontrer précédemment. Le terrain
colonial est de fait plus que jamais sollicité.
L’usage de cette source est primordial dans l’écriture d’une nouvelle histoire
coloniale s’éloignant de l'eurocentrisme. Pour cause, l’histoire coloniale vue par
le prisme de l’eurocentrisme soutient qu’il n’y avait ni histoire, ni civilisation.
C’est l’usage de la source orale, véritable musée vivant, qui a permis de
déconstruire cette idée reçue.Les africains, peuples de l’oralité, sont porteurs
d’une culture aussi riche que celle des tenants de l’écriture. . La tradition orale
ne dit pas n’importe quoi, n’importe comment : c’est une parole organisée,
élaborée, structurée. C’est en somme un immense réservoir de connaissances
acquises par la collectivité. En Afrique et plus précisément en Afrique de l’Ouest,
il existe des spécialistes de la parole dont le rôle est de conserver et de
transmettre les choses du passé : ce sont les griots. Des villages entiers sont
composés de griots comme Keyla au Mali. Ce sont comme des écoles de la parole,
où l’on enseigne aux enfants dès l’âge de 7 ans l’histoire de leur lignée, en suivant
une pédagogie fondée sur la mémorisation. Cette dernière est réactivée par le
rythme du chant ou des instruments de musique.
Ainsi, Georges Hardy affirme que l’on peut très bien “agir intensément sans
écrire beaucoup”.
Il est donc indéniable que ce renouveau méthodologique majeur a contribué de
façon considérable à l’éloignement d’une histoire eurocentrée, en accordant une
véritable histoire aux peuples colonisés.

Conclusion :

Pour conclure, dans son article Pierre Singaravélou s'affaire à expliquer l’évolution
de l’historiographie coloniale avec au départ une histoire qui va être instrumentalisée
par les colons puis d’une histoire écrite qui va être de moins en moins
ethnocentrique jusqu’à laisser la place à l’histoire des peuples colonisés. Durant
longtemps les régions colonisées sont considérées comme sans histoire par les
colons. En réalité c’est une manière de légitimer la colonisation. En effet, les
colonisateurs vont être vu comme sauveur dit diffusent le savoir. Au XXe siècle, il y a
un tournant car on utilise de nouvelle méthode de travail qui ne sont pas
ethnocentristes et qui vont faire de la place à l’histoire de peuples colonisés.

(t’en penses quoi ? c’est bien je pense juste qu’il faudrait trouver une ouverture pour parfaire
la conclusion et pour pas que ça fasse qu’un simple résumé sinon top)

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