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Est-on sûre d’ailleurs que les esclaves aient tellement changé et que au petit matin,
l’embauche des manœuvres dans certaines usines et sur certains chantiers n’évoque pas
davantage la foire aux accès au travail dont on dit sans rien qu’il élève l’homme.
Six cent mille garçons et filles piétinent devant les portes closes de ce marché où le
travail et marchandise. Un chômeur sur deux n’a aucune formation, aucune qualification
technique ou professionnelle. « Que faire avec un diplôme? », dit-on sur la couverture d’un
hebdomadaire. Oui, bien sûre, mais que faire sans diplôme ? »
Comment, dans un tel climat, ne pas se sentir coupable d’être chômeur ? Comment ne
pas se croire, se voir rejeté, incapable, inutile ? Et comment ne pas avoir le sentiment, dès
l’aube de la vie, que les cartes sont truquées, qu’on a été floué? Ainsi, les années d’école, tout
ce qu’on a appris, cela ne sert vraiment à rien et vous Laisse complètement démuni? S’il
fallait pousser plus loin les études, acquérir une formation, pourquoi ne pas l’avoir dit
clairement au lieu de se dérober, de tergiverser en se contentant du groupe un peu?
Pour l’avoir, ce travail, il faut quand même le chercher, se remuer, essuyer des
dizaines de refus sans se décourager, apprendre à baisser la tête, à ravaler une réplique trop
vive, à accepter l’injustice, à se faire.
Or, trois, six mois, un an et pr1bis davantage de chômage, d’inaction forcée, de honte
et de reproches, d’angoisse, cela coupe bras et jambes. « On n’a plus goût à rien, on ne
cherche même plus ... le moral, quand on est chômeur, c’est primordial » dit l’un. « On vous
traite comme un chien, encore et encore, il faut dire merci. Il faudrait presque demander «
pardon », assure l’autre.
Ce refus du travail s’explique par le fait que l’on compte aujourd’hui, alors que la
pression de la demande est si forte, cent dix mille offres d’emploi non satisfaites.
Q1 : Expliquez
a) « les cartes sont truquées », qu’est-ce qui justifie cette affirmation dans le
texte?
b) Réminiscences, donnez-en aussi le contraire.
Q3 Tous les chômeurs réagissent-ils de la même façon dans une situation caractérisée
par la rareté de l’emploi ?
Q5 comparez la situation décrite par l’auteur et celle dans laquelle se trouve la société
camerounaise.