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Publié pour la première fois aux États-Unis par Viperion Publishing Corporation, Fountain Hills, Arizona
© 2017, MJ DeMarco
© 2020, Éditions Contre-Dires, une marque du groupe Guy Trédaniel,
pour la traduction française
ISBN : 978-2-81322-432-3
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transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique,
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LES HISTOIRES
Bon nombre d’histoires et exemples relatés dans ce livre sont tirés du
Fastlane forum, une communauté d’entrepreneurs que j’ai créée en 2007. Si
je les ai réécrits pour plus de clarté, ce n’en sont pas moins des histoires
réelles de personnes réelles.
Au cours des dernières années, j’ai eu le privilège d’échanger avec plus de
30 000 entrepreneurs dans plus de 500 000 posts totalisant des millions de
visites – depuis des millionnaires jusqu’à des aspirants entrepreneurs en
passant par des salariés de longue date faisant le grand saut vers
l’entrepreneuriat. La communauté de l’Autoroute a grandement contribué à
l’apparition de ce livre. Mais cela a surtout permis à des milliers de gens
dans le monde entier d’avoir les outils nécessaires et l’autorisation sociale
de vivre le rêve en disant : NON AU SCRIPT.
Avant-propos
Introduction
Première partie
LA DISSONANCE… N’Y A-T‑IL PAS QUELQUE
CHOSE QUI CLOCHE ?
Chapitre 1 : Un lundi comme les autres : une histoire du script
Chapitre 2 : Cette petite voix que l’on n’écoute pas
Chapitre 3 : La Matrix des temps modernes : le script
Deuxième partie
LE SCRIPT… OU COMMENT FONCTIONNE
L’ASSERVISSEMENT INVOLONTAIRE
Chapitre 4 : La vie inauthentique : pris au piège de la pensée d’autrui
Chapitre 5 : La sagesse conventionnelle : le chemin tout tracé vers une vie
conventionnelle
Chapitre 6 : Le système d’exploitation du script : le Web de la servitude
Chapitre 7 : Les semeurs : notre vie est moche, alors pourquoi pas la
tienne ?
Chapitre 8 : Les hyperréalités : vos capteurs d’illusions
Chapitre 9 : La prostitution temporelle : échanger du bon temps contre du
mauvais
Chapitre 10 : Les chemins de la vie : deux portes, un abattoir, aucune
différence
Chapitre 11 : Les distractions : le ministère des loisirs
Chapitre 12 : La citoyenneté M.O.D.E.L. Numéro de série #666-77-8888
Troisième partie
L’ALTERNATIVE : VIVRE SANS SCRIPT
Chapitre 13 : La vie sans script, c’est adopter l’esprit « rien à foutre »
Chapitre 14 : D’abord « ras-le-bol » puis « rien à foutre »
Quatrième partie
L’ÉVASION… LE CADRE DE L’ENTREPRENEUR
POUR LA VIE HORS SCRIPT
Chapitre 15 : Le Cadre de l’entrepreneur pour la vie hors script (CEVHS)
CROYANCES, BIAIS ET CONNERIES (CBC)
Chapitre 16 : La prison que nous nous imposons : croyances, biais et
conneries (CBC)
Chapitre 17 : Ces mensonges que nous croyons : les 8 croyances dues à des
escroqueries
Chapitre 18 : Croyance #1L’arnaque du raccourci : qui dit ordinaire
n’implique pas extraordinaire
Chapitre 19 : Croyance #2L’arnaque spéciale : « Je ne suis pas bon à ça »
Chapitre 20 : Croyance #3L’arnaque de la consommation : combien ça a
coûté ?
Chapitre 21 : Croyance #4L’arnaque de l’argent : « Si je le veux, je serai
riche »
Chapitre 22 : Croyance #5L’arnaque de la pauvreté : « Je suis pauvre parce
que tu es riche »
Chapitre 23 : Croyance #6L’arnaque de la chance : il n’y a que ceux qui
jouent qui peuvent gagner
Chapitre 24 : Croyance #7L’arnaque de la frugalité : vivez pauvre, mourez
riche
Chapitre 25 : Croyance #8L’arnaque de l’intérêt composé : ce n’est pas Wall
Street qui va vous enrichir
Chapitre 26 : Les biais : les illusions de votre cerveau
Chapitre 27 : Les conneries des professionnels du genre : excuses, clichés et
sectes
LA RAISON D’ÊTRE (RÊ)
Chapitre 28 : La raison d’être : l’irrépressible volonté de gagner
Chapitre 29 : Poursuivre sa passion, faire ce que l’on aime… Les deux pires
conseils qui soient
Chapitre 30 : Suscitez votre raison d’être, dynamisez votre âme
Cinquième partie
LE JOUR SE LÈVE… NE PLUS JAMAIS
TRAVAILLER
Chapitre 47 : Bienvenue dans le monde du « rien à foutre »
Chapitre 48 : Le dernier business de votre vie (si vous le voulez)
Chapitre 49 : #NonAuScript
Table des matières
AVANT-PROPOS
La vie se résume-t-elle aujourd’hui
à payer des factures
et attendre le week-end ?
Vous n’êtes pas né pour faire l’esclave de neuf heures à dix-huit heures, du
lundi au vendredi, payer des factures puis mourir. Quand votre heure aura
sonné, que vous chantera votre esprit ? Le couplet du regret et du remords ?
Ou celui de la paix et du bonheur ?
Prenez un moment pour visualiser la trajectoire de votre vie jusqu’à votre
lit de mort. Et soyez honnête. Regretterez-vous le temps perdu et les choses
que vous n’avez pas faites ? Les endroits que vous n’avez pas visités ?
Lorsque vous passerez en revue votre vie, y aura-t-il uniquement du travail et
aucune trace que vous laisserez derrière vous ? Si, lorsque vous vous
projetez dans le futur, tout a l’air affreusement peu réjouissant et que rien ne
semble mériter de figurer dans les annales de votre famille, vous voici avec
une chance de changer cet état de fait, ici et maintenant.
Les personnes âgées qui approchent de la fin de leur vie rêvent souvent de
prendre une machine à remonter le temps jusqu’à leur jeunesse afin de
pouvoir parler au jeune qu’elles étaient. Là, elles confieraient à ce jeune la
sagesse de la vie et elles le mettraient en garde contre les regrets que seules
des décennies d’expérience leur avaient révélés. En modifiant le passé, elles
espèrent modifier l’avenir qui est aujourd’hui. Hélas, ce qui reste en général
est une vie hantée par les fantômes de rêves morts depuis longtemps.
Après avoir vendu ma société Internet en 2007 et pris ma retraite jeune
alors que j’avais une trentaine d’années, plutôt que vieux après mes 60 ans,
je me suis attaqué à cette question du jeune que j’avais été parce qu’elle
concerne autant la vie que les affaires. Si je pouvais retourner en arrière et
parler à celui que j’étais à 20 ans, quelqu’un qui ramait en permanence, de
quoi l’avertirais-je ? Quel est le « sage conseil » que j’aurais eu besoin
qu’on me brandisse sous le nez ? Qu’avais-je appris de mes échecs ? Et
surtout, comment d’autres personnes pourraient-elles profiter de ce sage
conseil ?
Après trois ans de réflexion sur moi-même, j’avais mon brouillon grossier,
un pavé à côté duquel Moby Dick serait passé pour un petit livre. Oui, les
nombreuses erreurs que j’avais commises et ce que j’en avais tiré
remplissaient des pages et des pages. Mais ce qui était encore plus
significatif, je me retrouvais avec un livre qui ne ressemblait en rien à ce qui
existait sur le marché – un livre qui allait à l’encontre de la pensée
communément admise. En d’autres termes, on ne trouvait pas le bonheur en
appliquant ce que recouvrait la sagesse populaire – mais en faisant
rigoureusement le contraire.
S’il existe d’innombrables livres qui traitent de finance, de la façon de
mener sa barque dans la vie et de démarrer un business, aucun d’entre eux
n’appelle un chat un chat. Ils préfèrent de beaucoup avancer des contes de
fées réconfortants et des rêves de Wall Street – des modèles prémâchés qui
baignent dans la médiocrité et les rêves abandonnés. Je ne serais pas étonné
que vous ayez lu ces livres et que vous vous posiez les mêmes questions que
moi : existe-t-il vraiment des multimillionnaires qui vivent comme des rock
stars parce qu’ils ont travaillé comme des esclaves du lundi au vendredi et
fait des économies de bouts de chandelle qui ont débouché sur un
portefeuille équilibré de fonds communs de placement ? Ou bien : est-ce que
la richesse de ces gourous de la finance qu’on peut voir à la télévision ou
lire sur le Web provient de ce qu’ils prêchent ouvertement ou de ce qu’ils
pratiquent secrètement ? Et celle que je préfère : est-ce que je peux
réellement vivre mon rêve en vendant des produits Amway1 tout en me
mettant à dos mes amis et ma famille ?
Pendant l’écriture de ce livre, des « experts » de l’édition m’ont prévenu
qu’il ne se vendrait jamais. Ces mêmes experts ont également dit que je
commettais le sacrilège le pire qui soit pour un auteur : je ne poussais pas
mes lecteurs vers un « entonnoir de vente », vous savez : l’idée que je puisse
vous vendre un séminaire de coaching pour le prix d’une Cadillac.
Eh bien, je n’en avais rien à foutre.
J’écrivais avec mon cœur. Pas pour la gloire, la fortune ou un quelconque
motif égocentrique qui me catapulterait dans le monde privilégié des gourous
et des arnaqueurs qui vendent des séminaires.
En 2011, après une année de marathon dans le monde de l’édition, j’ai fini
par autopublier L’Autoroute du millionnaire, avec une distribution limitée et
sans fanfare. Et quand je dis « sans fanfare », je veux dire que je n’ai pas fait
appel aux services d’une entreprise de relations publiques pour pirater la
liste des best-sellers avec un pseudo-plan de lancement. Je n’ai pas tiré parti
du soutien d’« influenceurs » ou de « maîtres à penser ». Je n’ai
virtuellement rien dépensé en publicité. Les médias classiques m’ont ignoré.
Les blogueurs m’ont ignoré. La clique des « start-up » qui arpente les sacro-
saintes rues de la Silicon Valley m’a ignoré. Mais vous savez qui ne m’a pas
ignoré ? Les lecteurs qui en avaient marre des conseils médiocres de livres
médiocres qui font l’éloge d’une vie médiocre.
Au fil des mois, le livre s’est vendu régulièrement. Les dizaines de ventes
sont devenues des centaines, puis des milliers, puis des dizaines de milliers.
Les ventes ont bientôt dépassé le million de dollars, puis 2 millions. Les
demandes d’autorisation de traduction ont suivi, avec des traductions en
coréen, japonais, italien, français, etc. Mon compte Twitter a débordé de
messages de lecteurs qui ne pouvaient pas reposer le livre…
Un – script – ed 1 (adjectif)
« … Qui ne suit pas un script préétabli. »
Le dictionnaire américain Merriam-Webster
LA CONFESSION
Faire comprendre ce que veut réellement dire cette petite voix qui
vous serine : Il y a « quelque chose » qui ne tourne pas rond dans
votre vie.
1
UN LUNDI
COMME LES AUTRES :
UNE HISTOIRE DU SCRIPT
Putain.
On est lundi matin, 5 h 15.
Pour la troisième fois, mon iPhone hurle cette chanson de Nickelback que
j’ai autrefois adorée et que je déteste aujourd’hui. Si je pique encore du nez,
je serai en retard.
Oui, c’est l’heure de me réveiller.
Je me maudis de ne pas avoir changé cette chanson contre une de
Metallica, puis je m’arrache du lit, encore légèrement beurré des suites de
ma soirée d’hier. Je redoute la journée – à dire vrai, non : la semaine – qui
arrive. Pour m’aider à démarrer, je passe sous la douche, au radar, dans
l’espoir d’avoir les idées un peu plus claires. Pas de pot. Une coloscopie ne
serait pas pire que la journée qui s’annonce. Alors que je m’arme de mon
costume et serre ma cravate à m’en étrangler, le regret et la résignation
s’abattent sur mon âme.
Il y a quelque chose qui cloche.
Peut-être que c’est le costume à 800 dollars. Ou peut-être la carte de crédit
qui a servi à payer le costume. Peut-être que c’est d’avoir pris conscience
que, bon sang, le temps fort de mon week-end a été de regarder deux équipes
médiocres de football américain s’affronter lors du Las Vegas Bowl. Peut-
être que c’est parce qu’il fait noir le matin, ce qui veut dire qu’il y a encore
plusieurs mois avant ma petite semaine de congé à Cancún, hélas.
Malheureusement, l’heure n’est pas aux « révélations ».
N’ayant que très peu de temps pour manger, j’attrape un bol de céréales
pleines de sucre et de colorants artificiels. Un œil sur la pendule et l’autre
sur le programme de mes menus affiché sur le frigo – celui que je suis
supposé suivre religieusement au cours des huit prochaines semaines –, je
blâme le petit personnage ridicule sur la boîte de céréales pour la première
entorse à mon régime.
Quelques minutes plus tard, je me traîne jusqu’au garage et me glisse dans
la voiture, où je m’enferme dans l’habitacle glacé. Un nuage de vapeur sort
de ma bouche. Je grommelle : « Pouah ! » Même ma nouvelle Mercedes
Classe C et ses cinquante-sept mensualités restantes a perdu de son lustre. Je
sors du garage et me dirige vers l’autoroute.
Pendant une heure, je reste enfermé là-dedans, pare-chocs contre pare-
chocs, avec des milliers d’autres gens comme moi. Ce que je ne sais pas,
c’est que tous ces gens ne sont pas plus heureux que moi, même si certains
semblent s’en sortir mieux que moi. Comme moi, ils ont fait une entorse à
leur régime, à leurs résolutions, à leurs rêves. En conséquence de quoi, ils
ont soudoyé leur mal de vivre en s’achetant de plus grosses boîtes décorées
avec un cuir plus souple, des chromes plus brillants et des gadgets plus
extraordinaires – des boîtes marquées de sceaux prestigieux tels que Lexus,
Audi et BMW.
Leur mission, comme la mienne, c’est l’apaisement : réussir à se faire
croire à eux-mêmes qu’ils ne sont pas comme les vingt mille autres âmes
asservies par le même paradigme que celui qui m’emprisonne.
Trois kilomètres et vingt minutes plus tard (ou plutôt de moins dans ma
vie), je me demande : Un mouton qui conduit une Mercedes jusqu’à
l’abattoir est-il toujours un mouton ?
Une heure s’écoule encore avant que j’arrive à mon travail où j’ai le
privilège de payer 7 dollars pour pouvoir me garer près de mon immeuble,
un gratte-ciel de verre qui, ironie du sort, transperce le ciel comme un
poignard de cristal. Je me mêle à la foule disciplinée qui entre dans l’atrium
et, grave mais pourvu d’un café, je commence ma journée par un mensonge.
« Bonjour à vous ! » dis-je à la réceptionniste avant de me précipiter vers
un ascenseur bondé.
Le temps d’arriver au soixantième étage avec mes compagnons d’infortune,
j’ai quelques secondes pour méditer : Pour l’amour de Dieu, pourquoi
n’est-on pas vendredi ? Pas le temps de divaguer, la porte s’ouvre sur le
purgatoire – un immense étage où des dizaines de cubes lambrissés sont
cloisonnés comme des cellules de prison. Comme dans une prison, chaque
cellule est personnalisée par son occupant avec des photos de famille, des
babioles portant des proverbes bibliques ou des platitudes ignorées, ou
parfois le travail d’art plastique d’un enfant contre lequel on ne tardera pas à
pester.
Vite, je cherche à me voiler la face. OK, au moins, j’ai un boulot. Bien
essayé, mais mon cœur n’est pas dupe ; la gratitude ne devrait pas faire
penser au couloir de la mort à la prison de San Quentin, en Californie.
J’arrive à mon cube, jette mon sac par terre et m’affale sur mon siège.
Bizarre.
Manny, mon voisin de box, qui démarre sa journée une heure avant moi,
n’est pas encore arrivé. Son bureau a même été complètement nettoyé.
C’est alors que je la vois.
Perchée sur le dessus de ma corbeille à courrier, je découvre une grande
enveloppe en papier kraft de la société, barrée d’un menaçant CONFIDENTIEL.
Merde, qu’est-ce qui se passe ?
La dernière lettre d’amour « confidentielle » que j’avais reçue m’avait fait
doubler mon assurance santé parce que le Congrès avait voté une loi pourrie
que personne ne se donnait le mal de lire. Non sans appréhension, j’ouvre
l’enveloppe d’un coup.
Apparemment, Manny a été licencié ce matin au motif qu’il ne faisait pas
son travail. À vrai dire, son travail était fait, seulement ce n’était pas lui qui
le faisait. Apparemment, Manny avait sournoisement sous-traité ses tâches à
des informaticiens en Chine, ce qui lui permettait de surfer sur des réseaux
sociaux et de regarder des vidéos marrantes de chats toute la journée.
L’opération clandestine avait marché pendant des mois.
D’après la dépêche de la société, on avait « laissé partir » Manny et je me
retrouvais temporairement chargé de faire son travail. Une demande polie de
la société est un peu comme une proposition de Don Corleone : au cours des
trois prochains mois, je devrais travailler une heure de plus par jour et un
samedi par mois – sans la moindre augmentation de salaire. Purée. Eh non,
ce n’est pas une blague.
Soudain, je ressens une scène de Star Wars dans laquelle figurait un
compacteur à déchets. L’air se raréfie et j’ai les yeux qui me piquent alors
qu’un nuage étouffant s’accumule au-dessus du box 129A. Je serre les dents
tellement fort que la couronne de ma molaire se casse en deux ; au moins
mon dentiste sera content. Puis, c’est la rage. Ensuite, l’amertume et le
sentiment de trahison. Je ne suis pas sûr de celui que j’aimerais étrangler
entre mon patron, mon collègue et moi-même.
Putain, c’est ça ma vie maintenant ?
C’est pour ça que j’ai été pendant cinq ans à l’université ?
Ce n’est pas ce que j’avais en tête !
Alors que je boude comme un enfant sans sa sucette, mon coup de folie
temporaire fait place à une logique fonctionnelle : faire contre mauvaise
fortune bon cœur. Je suis pris au piège. Je ne peux pas abandonner. J’ai des
factures – des cartes de crédit, un emprunt immobilier, une voiture de luxe,
des prêts étudiants qui avoisinent les 50 K – et pas d’économies. Et puis il y
a Amanda – ma copine un peu coincée et bourgeoise comme il faut, qui a
exigé une bague de fiançailles il y a six mois. Ajoutez à cela une horloge
biologique qui bat la chamade et vous comprendrez que notre relation fait
penser aux auto-tamponneuses de la fête foraine. Je me raisonne : Ce job est
tout pour moi. Sans lui, je me pisse dessus sans avoir de couche.
Pendant les quatre heures qui suivent, je reste assis dans mon box, à
fouiller dans mon ordinateur, à souffrir au milieu des détails des bons de
commande, des factures en retard et des rapports internes – un peu comme ce
que l’on voit à l’école. Au fil de la journée, quand je prends conscience que
quatre journées de cet enfer insupportable m’attendent encore, plus la moitié
de mon samedi, j’ai un coup à l’estomac devant cette vérité déprimante :
Mes rêves sont morts. Je me retrouve avec un lot de consolation : une
voiture et un week-end.
Je me farcis tout le reste de ma journée de travail en regardant souvent la
pendule, comme un chien qui saliverait devant un os. Tic-tac après tic-tac,
minute après minute, la pendule agrandit l’incongruité qui me ronge le
cerveau. Et à chaque tic-tac, une partie de mon âme meurt un peu plus. Et
pourtant, chacun me rapproche de la liberté que j’aurai en fin de journée.
Il y a dix heures, l’heure me commandait de me réveiller, et maintenant
l’heure me commande de partir. Je saute dans ma voiture, et rejoins les
autres qui ont enduré le même genre de journée à en perdre son âme. Je suis
soulagé qu’elle soit terminée et qu’une bouée de survie m’attende : on est
lundi, et lundi, ça veut dire match de football américain de la NFL.
J’esquisse mon premier sourire de la journée, qui disparaît sept minutes plus
tard. Il y a un accident sur l’autoroute et je ne serai pas rentré avant deux
heures. Et je raterai l’essentiel du match.
Une fois chez moi, défait et démoralisé, je m’affale sur le canapé et ouvre
une Budweiser froide. On croirait de la pisse réfrigérée. Une gorgée et c’est
clair : n’utilisez pas un couteau à beurre quand il vous faut une tronçonneuse.
Quatre doses de Jack Daniels plus tard, voilà chose faite.
Tout tourne autour de moi.
Je n’en ai plus que pour la télévision et je saisis les dix dernières minutes
du match entre les Steelers et les Broncos – une raclée sans intérêt.
Je rends hommage à la télévision en passant d’une chaîne à l’autre pour
regarder d’autres réalités : je peux observer dans l’anonymat la vie de ceux
qui broient du noir comme moi ou curieusement de ceux qui ont eu de la
chance et y ont échappé.
Alors que je lève mon verre à la mort de mes rêves, je passe d’une
rediffusion de New York, police judiciaire à une pub où un excité avec un
mauvais accent britannique vend une gaine de compression en élasthanne
censée écraser la graisse. Apparemment, dix ans de biscuits à la crème
disparaissent en dix secondes, à supposer que vous ne vous mettiez pas nu
devant l’imbécile que vous avez dupé. Les bonimenteurs et leurs « bustiers
étrangleurs de gras » continuent de brailler, et moi je perds progressivement
conscience et m’endors – non pas d’un sommeil profond et réparateur mais
dans un oubli superficiel.
Les heures passent comme des minutes, brutalement interrompues par un
bruit matinal…
Putain.
C’est l’heure de recommencer tout ça…
2
CETTE PETITE VOIX
QUE L’ON N’ÉCOUTE PAS1
J’ai 19 ans et j’achève ma deuxième année de fac. Alors que je suis assis à table avec
ma famille et que j’enroule mes spaghettis sur ma fourchette, une chose est claire.
Ma mère travaille depuis quinze ans et elle déteste son boulot. Mon père a un master en
génie électrique et il a travaillé pour la NASA sur du matériel militaire. Il a été licencié
plusieurs fois et s’est retrouvé au chômage pendant des mois d’affilée. Il travaille
aujourd’hui, mais j’ai remarqué quelque chose…
Ils ne sont pas heureux. Ils sont vidés.
Pas de passion. Pas de rêves. Pas de buts.
Toujours la même chose.
Chaque.
Jour.
Qui passe.
Cet étudiant l’a bien remarqué : ces quelque chose sont souvent tangibles.
Comme ces deux parents assis devant vous, totalement absents. Mon quelque
chose à moi était affiché au mur : deux diplômes de commerce qui m’ont
coûté cinq ans et 40 000 dollars – ouais, ces diplômes qui m’ont permis de
décrocher ce super boulot à 10 dollars de l’heure où j’accrochais des tuyaux
dans les quartiers pauvres de Chicago. Votre quelque chose de tangible à
vous pourrait être votre garage, celui qui abrite votre tracteur tondeuse
23 chevaux qui fait râler les voisins de jalousie, aucun doute, et pourtant
vous n’êtes toujours pas épanoui ni heureux. Ou pire, c’est un matelas
gonflable dans le sous-sol de vos parents, celui que vous avez acheté pour le
camping et qui est devenu un lit provisoire, au moins le temps que vous y
« voyiez plus clair » avant votre trente-troisième anniversaire.
Les autres quelque chose sont intangibles et résonnent comme du bruit
blanc – une cacophonie irritante d’émotions dissonantes qui rappellent sans
cesse l’amertume de la vie.
Si vous êtes plus jeune, une de ces petites voix pourrait instiller une
certaine honte en vous sous un ersatz de gloire : vous avez atteint le statut de
rock star sur le Xbox Live, mais dans le vrai monde vous n’avez rien atteint
du tout.
Une autre petite voix pourrait vous piquer comme le dard de
l’insignifiance : si tout à coup vous étiez kidnappé et expédié sur la planète
Romulus, personne ne s’en soucierait en dehors de votre famille, à part votre
colocataire – et encore, ce n’est pas vous qui lui manqueriez, mais la moitié
du loyer que vous payez.
Les autres petites voix sont les rendez-vous hebdomadaires avec
l’angoisse : l’arrivée du dimanche soir qui annonce le lundi matin ressemble
à un jeu de cache-cache avec la Grande Faucheuse. Ou bien c’est le mépris
saupoudré de culpabilité : vous détestez votre boulot, votre patron et votre
entreprise, mais bon sang, le salaire apporte une amnésie instantanée.
Si vous êtes plus âgé, la petite voix se fait sans doute l’écho de la
frustration : vous avez tout fait dans la vie exactement selon les
recommandations et les instructions des autorités, et pourtant, vous avez beau
travailler, économiser et grappiller, il vous est impossible de progresser. Il y
a toujours une dépense urgente qui surgit – il faut faire vacciner le chien,
changer les pneus de la voiture ou donner de l’argent aux enfants pour un
projet scolaire.
D’autres petites voix se font l’écho de l’incrédulité et du scepticisme :
vous avez touché 0,07 dollar d’intérêts l’an dernier, et au rythme où va votre
compte d’épargne retraite, vous partirez à la retraite au XXIVe siècle.
Et puis il y a la petite voix peut-être la plus obsédante : le regret. Vous
alliez faire quelque chose de votre vie. Devenir riche. Célèbre. Un P.-D.G.
Quelqu’un qui réussit par ses propres moyens. Un parent qui passe du temps
avec ses enfants au lieu de simplement jeter une pizza sur la table du dîner et
ce sera tout pour aujourd’hui. Oui, vous aviez bien l’intention d’être
accompli, fier et heureux. Mais tout ça n’est plus qu’un rêve oublié, écrasé
sous une pile de factures accumulées sur un bureau, dans une vie médiocre.
Chacun de ces quelque chose qui tourmentent votre train-train quotidien
montre du doigt qu’on vous a grandement trompé. Dupé. Prise de conscience
imminente qui ne cherche qu’à être reconnue : Vous êtes en vie, mais vous
n’êtes pas vivant.
Votre cœur bat, mais il n’y a pas de pouls.
Votre esprit est empoisonné, mais les tests de toxicité sont négatifs.
Votre âme a été volée, mais il n’y a pas de voleurs.
La suspicion s’amplifie alors que les incohérences vous rongent.
C’est vrai, ce n’est pas la vie que vous aviez envisagée.
Ce n’est pas ce que vous aviez prévu.
Il y a quelque chose qui cloche.
C’est dans le calme ou lorsque les distractions sont minimales que votre âme
exprime ses désirs ou son mécontentement, par exemple lorsque vous dormez,
que vous prenez votre douche ou que vous recevez un massage.
Comment répondez-vous à la voix de votre âme ? Vous haussez les épaules ? Vous
l’ignorez ? Vous la muselez sous la pression des exigences d’un travail insignifiant ?
Vous vous laissez distraire par la télévision ? Vous la respectez ?
3
LA MATRIX
DES TEMPS MODERNES :
LE SCRIPT
ET SI JE VOUS DISAIS…
Quelque chose, ce n’est effectivement pas rien. La plupart des gens balaient
ce quelque chose comme si ça faisait partie du bruit de fond de la vie.
D’autres entendent la petite voix, mais l’enterrent sous les réjouissances du
week-end. Nous, les autres, ceux qui ne sont pas facilement manipulés, nous
nous posons des questions. Nous voulons savoir d’où ça vient, nous
n’acceptons pas comme ça sa présence et nous nous demandons : Mais
qu’est-ce qui se passe, bon sang ?
La première fois que j’ai eu le sentiment qu’il y avait quelque chose qui ne
tournait pas rond dans le monde, je me débattais comme jeune entrepreneur à
Chicago. À l’époque, j’avais un petit boulot de chauffeur de limousine qui
payait mes factures et finançait mes idées délirantes de jeune entrepreneur.
Parce qu’il me fallait un permis spécial accordé par la Ville pour obtenir ce
boulot, je devais me rendre en ville pour passer des tests. J’étais arrivé tôt et
j’avais du temps à tuer, alors je me suis assis à la table d’un café d’où je
pouvais voir dehors. Alors que j’avais les yeux fixés sur les milliers de gens
qui se rendaient à leur travail – on était lundi matin –, j’ai remarqué quelque
chose. Tous avaient la même efficacité robotique et sinistre, indifférente et
butée. Quels que soient l’âge, la race ou le sexe, tous les visages avaient cet
air uniformément vide et résigné, et un regard noir, de pierre, comme s’ils
avaient fait ça mille fois.
J’étais fasciné par cette organisation frénétique, puis cette ruée du matin
s’est transformée en un brouillard mobile sombre. Tous ces individus
uniques avec leurs objectifs, leurs rêves et leurs aspirations ; fils, filles,
femmes, maris, tous semblaient soudain comme happés par un instinct de
groupe. Est-ce que seulement l’un d’entre eux se demandait pourquoi il était
là, dans une rue verglacée, à six heures trente du matin ? Et pourquoi ils
recommenceraient tous la même folie les quatre jours suivants ? Quelqu’un
poursuivait-il son rêve ou poursuivaient-ils tous ce que la culture leur a
programmé de poursuivre ?
Cette prise de conscience soudaine m’a saisi – et effrayé : il n’y avait pas
de libre arbitre là, mais un instinct conditionné, comme une abeille qui
vrombit vers la ruche ou une fourmi qui se dirige tel un soldat vers la
fourmilière. De plus, l’habillement – la hiérarchie sociale implicite – n’avait
aucun rôle : costumes trois-pièces, jeans, bleus de travail – le troupeau se
comportait comme s’il était contrôlé par un seul marionnettiste.
Alors que je me faisais ces réflexions, j’ai su que je ne pourrais jamais
être – et ne serais jamais – normal, comme le prescrivait la routine
culturelle. Ce jour a scellé mon sort – je serai soit un entrepreneur qui
finirait par réussir, soit un entrepreneur qui échouerait et mourrait en
essayant. Heureusement pour moi (et pour vous), l’entrepreneuriat était ce
qui me permettrait de couper les ficelles du marionnettiste.
Dans Matrix, le film à succès de 1999, Neo se retrouve avec un choix :
avaler la pilule bleue et continuer à vivre médiocrement dans l’ignorance, ou
prendre la pilule rouge et se réveiller d’un coup, libre mais face à une liberté
imparfaite. Dans cette sombre dystopie, la « matrix » représente le système
d’exploitation par défaut de l’espèce humaine, une réalité virtuelle qui nous
assujettit à une race parasite de machines. Alors que nous sommes comateux
et emprisonnés, les machines abreuvent nos cerveaux d’une simulation
conçue pour détourner nos pensées, nous divertir et nous faire obéir à un
système qui nous vide de notre humanité.
Eh bien…
Et si je vous disais que notre monde souffre de la même mystification – une
mystification orchestrée non pas par l’intelligence artificielle mais par
l’intelligence conventionnelle ? Une mystification qui repose sur une
philosophie incontestée et dépassée, un dogme tueur de rêves tyrannisé par
des traditions usées, des convictions étroites, et une conformité culturelle ?
Une mystification qui représente la plus grosse arnaque du monde civilisé –
une entourloupe qui feint la liberté et le confort alors qu’en réalité son
unique objectif est l’assujettissement économique et l’homogénéisation
humaine, un système de servitude où vous devenez un instrument, non pas
d’inspiration ou d’aspiration, mais de sueur et de désespoir.
Et si je vous disais que cette mystification s’est infiltrée dans votre esprit
et s’y est implantée comme votre système d’exploitation par défaut,
programme autonome qui assombrit toute votre vie, du berceau à la tombe,
de la carrière aux relations amicales, ensemble de règles présomptueuses
quoique non écrites, selon lesquelles toutes les décisions sont tranchées,
quelles qu’en soient les conséquences pour votre cœur ou votre âme ?
Et si je vous disais que ce système d’exploitation vous a donné une vie
inauthentique conçue par quelqu’un d’autre ? Une vie que vous n’avez pas
choisie. Une vie méticuleusement préétablie et censée suivre un schéma
prévisible de médiocrité. Une vie dans laquelle on renonce à ses rêves au
profit d’un téléviseur et d’un salaire. Une vie consacrée par un modèle
obsolète, décrétée par l’autorité, sanctifiée par le système éducatif, certifiée
par les médias, et rendue obscure par le gouvernement. Une vie qui sert à
mourir, et non qui sert à servir.
Et si je vous disais que vous êtes devenu malgré vous un participant dans
un jeu obligatoire, une victime dans un génocide de rêves, un pion
institutionnellement dirigé par l’odieuse doctrine selon laquelle tout être
humain doit aller à l’université, décrocher un boulot, se marier, avoir des
enfants, utiliser des cartes de crédit, s’acheter une voiture à crédit, une
maison de même, zieuter le dernier smartphone (une obéissance de plus),
faire des économies et confier son salaire à Wall Street plutôt que de le
débourser, et vous devez faire tout ça sans arrêter de nourrir les parasites
avides de sang qui se nourrissent de votre force vitale ?
Et si je vous disais que ces petites voix qui vous susurrent à l’oreille votre
abattement, votre mal-être, tout cela, c’est votre âme qui frappe à la porte de
votre conscience, implorant d’être entendue ?
Prenez la pilule rouge, l’ami…
Vous ne vivez pas selon votre libre arbitre ; vous vivez selon un SCRIPT.
Vous voulez savoir à coup sûr si vous vivez selon un SCRIPT ? Comment vous
sentez-vous le dimanche soir ? Excité à l’idée du lundi qui arrive ? Ou renfrogné et
sombre ?
Deuxième partie
LE SCRIPT… OU COMMENT
FONCTIONNE
L’ASSERVISSEMENT
INVOLONTAIRE
UNE PROPOSITION RÉGLO EN APPARENCE
Deuxième partie : l’objectif de l’auteur
LA PRISE DE CONSCIENCE
Quelles sont les règles fondées sur des présomptions, les mœurs sociales et les
normes culturelles que vous avez suivies sans vous poser de question ? Et en
avez-vous tiré la vie dont vous rêviez ?
5
LA SAGESSE
CONVENTIONNELLE :
LE CHEMIN TOUT TRACÉ
VERS UNE VIE
CONVENTIONNELLE
Quel est l’intérêt d’un débat public dans une société où quasiment personne
n’a appris comment penser, alors que des millions de gens ont appris QUE penser ?
P ETER HITCHENS, journaliste et essayiste britannique
Qui ou qu’est-ce qui décide maintenant, si ce n’est plus vous ? Une pile de dettes à
cause d’un prêt étudiant ? Un boulot, l’achat d’une voiture ou un emprunt
immobilier ? Les attentes implicites de la famille ou de vos pairs ?
6
LE SYSTÈME
D’EXPLOITATION
DU SCRIPT : LE WEB
DE LA SERVITUDE
LE CADRE DE L’OBÉISSANCE
Une araignée tisse sa toile dans un but bien précis : celui de capturer les
proies qu’elle consommera plus tard. Comme une araignée, le SCRIPT aussi
tisse une toile, un système d’exploitation qui programme votre esprit à
accepter un asservissement volontaire conçu pour l’obéissance et la
servitude économique.
Le système d’exploitation (OS) du SCRIPT vient avec une distro (en
informatique, une « distro » est un ensemble de logiciels qui distribue un
système d’exploitation à des utilisateurs finals). La distro du SCRIPT est
responsable de la propagation, puis de l’assimilation. Et comme tous les
logiciels programmés dans un but, celui du SCRIPT a, lui aussi, un objectif :
faire de vous un citoyen M.O.D.E.L. acquis à ses préceptes.
Votre moyen de défense, c’est la connaissance.
La vie, la liberté et l’entrepreneuriat, c’est l’attaque.
Voici le système d’exploitation du SCRIPT décodé pour vous :
Les semeurs
Tel un torrent hébergé par un système informatique, les semeurs écrivent et
font respecter la doctrine du SCRIPT. Comme je l’ai expliqué plus tôt, les
semeurs sont des personnes acquises à la cause ou intéressées.
Les hyperréalités
Les illusions du SCRIPT, les hyperréalités renforcent votre obéissance et votre
captivité par le biais de tromperie, de distorsion et de diversion.
La prostitution temporelle
Les semeurs et leurs hyperréalités sacralisent un marché criminel – celui de
votre atout le plus précieux : votre temps.
Les distractions
Si vous avez des distractions, le système d’exploitation du SCRIPT reste
caché. La citoyenneté M.O.D.E.L. devient une fatalité.
La citoyenneté M.O.D.E.L.
Vous devenez malgré vous un serviteur du SCRIPT qui est (M)édiocre,
(O)béissant, (D)épendant, (E)gayé et (L)éthargique, et qui devient à son tour
un semeur, une personne acquise à la cause et qui propagera le système
d’exploitation du SCRIPT.
1. Quand j’étais petit, j’ai vu une Porsche alors que mon père venait d’acheter une
Toyota Camry. J’ai demandé à mon père : « Pourquoi est-ce que le type qui conduit une
Porsche a une plus belle voiture que nous ? » Mon père m’a dit que c’était parce qu’il
avait de la chance. Alors je me suis dit : « OK, quand je serai grand, j’espère que j’aurai
de la chance. »
2. Je déjeunais dans un Subway quand une Lamborghini est passée tout près,
déclenchant un raz-de-marée de têtes qui tournent et de commentaires. À la table d’à
côté, j’ai entendu un garçon demander à son père comment on pouvait faire pour avoir
une Lamborghini. Voici la réponse du père : « Tu sais, fiston, une Lamborghini, c’est
beaucoup d’argent ! Si tu veux t’en payer une un jour, il faudra que tu travailles dur à
l’école, que tu fasses une bonne université et que tu décroches un bon boulot dans une
boîte comme Microsoft, par exemple. Quand tu auras mon âge, tu devrais pouvoir t’en
payer une. Voilà, fiston, comment font les gens qui réussissent dans la vie. »
Si ces deux exemples montrent bien comme les voitures tape-à-l’œil sont
un critère de réussite, ils représentent plus encore : pour un enfant, ces
voitures sont l’incarnation d’un rêve, tout comme quand j’étais jeune. Hélas,
non seulement vos parents écrasent vos rêves d’enfant – vous ne posséderez
jamais une Lamborghini à moins d’avoir de la chance –, mais vous vous
retrouvez face aux conneries de la vie selon le SCRIPT : aie de bonnes notes
pour pouvoir faire une bonne université et décrocher un bon boulot, travaille
dur, finance-toi une maison et une voiture, et vis exactement comme nous.
Mais il n’y a pas que la famille pour sortir ce genre d’inepties.
Les amis et les collègues aussi sont de puissants semeurs. Oui, ceux-là
mêmes qui sont fauchés et malheureux. Ceux qui disent avec inquiétude :
« Ce n’est pas une bonne idée » ou bien : « Ça ne tient pas la route. » Ces
défaitistes ont peu de résultats et beaucoup d’excuses ; le rêve américain est
mort et il y a quelque chose d’autre à blâmer : l’économie, le patron, ces
salauds de mondialistes, de républicains, de démocrates, ou le soleil qui
brille alors qu’on est fin juin.
À moins d’avoir soigneusement sélectionné vos amis et vos collègues, il
est probable qu’ils ne veulent pas vous voir réussir mieux qu’eux. Vous avez
déjà dit autour de vous que vous aviez un nouveau boulot ? Voyez tous les
« likes » et les félicitations que vous recevez. Mais dites que vous quittez
votre boulot pour poursuivre votre rêve ? Ouvrez le parapluie ! Une tempête
d’avertissements terribles va s’abattre sur vous.
Ce qui veut dire ?
S’écarter du SCRIPT est inacceptable. Tu dois être comme nous. Tu dois
rester sur le modèle neuf heures / dix-huit heures. Si tu suggères quoi que ce
soit qui sorte de la formule, attention aux tomates qui volent. Et tu perdras
des amis. Tu verras tes proches douter de toi ou, pire, te renier.
Malheureusement, dans les cultures asiatique et indienne, le SCRIPT a une
main d’acier et le prix à payer pour s’en écarter est plus élevé. Il est arrivé
bien des fois que de jeunes étudiants immigrés évacuent leur frustration sur
mon forum parce qu’ils détestent le chemin qu’on les a forcés à prendre,
mais que leurs parents insistent pour des raisons d’attentes culturelles.
Le père ou la mère dit : « Sois médecin ! » L’enfant répond : « Non, ce
n’est pas ça qui me rendra heureux ! » Lisez, par exemple, ce commentaire
sur mon forum :
Disons, pour faire court, que j’ai quitté l’école pour démarrer un business. Là, je cherche
un boulot simplement pour payer les factures, sans pouvoir me consacrer à ma
mission. Mais mes parents ne croient pas à mes idées. Ce n’est pas le fait qu’ils
regardent de près ou qu’ils me crient dessus qui me pose un problème. C’est que les
choses ont changé : elles ont pris une tournure plus émotionnelle. Ma mère est
déprimée et dit que je dois être réaliste, sinon je vais être un raté qui va droit dans le
mur. Mon père dit : « Regarde ce que tu fais à ta mère ; elle est toute désemparée parce
que tu n’as pas fini tes études et dégotté un boulot dans une grande entreprise. » Je ne
suis plus que cet horrible bon à rien de fils. Comme pour beaucoup de familles
d’immigrants, c’est passe un diplôme et bosse de neuf heures à dix-huit heures dans
une grosse société, sinon t’es un raté.
Si vos proches ne sont PAS heureux et ne vivent pas une vie que vous aimeriez
avoir, leurs conseils sur la vie devraient être pris avec précaution.
Le but de la journée est que notre école soit réunie pour deux heures d’activités de
plaisir, et permette aux élèves, professeurs et parents, d’agir en coopération. Étant
donné que nous croyons que tous nos enfants sont des gagnants, le besoin de faire
preuve de qualités athlétiques et celui de « gagner à tout prix » sera réduit au minimum.
La véritable récompense sera le plaisir et la joie d’avoir participé8.
Aaah, « la joie d’avoir participé » – Dieu sait qu’il n’y a que ça de vrai,
n’est-ce pas ? Contentez-vous de « participer » au travail, et vous êtes viré.
C’est ça, la joie d’avoir participé ? Oh, et le besoin de « gagner à tout prix »
et de « supplanter » quelqu’un qui n’en a rien à faire ? Ça n’a certainement
aucune utilité dans la vraie vie, n’est-ce pas ? Dommage que tout ça ne soit
pas le fruit de mon imagination.
Dans le même ordre d’idée, il y a un collège de l’État de Rhode Island qui
a poussé l’injonction de médiocrité jusqu’à essayer d’annuler leur soirée
traditionnelle de remise des prix parce que récompenser les élèves qui
réussissent, c’est « discriminatoire ».
À la suite de protestations de certains parents, ils ont fait marche arrière.
Un de ces parents a demandé pompeusement à un journaliste local : « Sinon,
comment peuvent-ils apprendre les capacités d’adaptation, pas seulement sur
la base de la réussite, mais sur celle de l’échec relatif ? » Sa fille a affirmé
la même chose en précisant qu’elle travaillait plus dur pendant le semestre
afin de ne pas louper la soirée de cette année. Peut-être que l’année
prochaine, l’école de Rhode Island peut mettre à l’honneur les élèves qui
pensaient que leur travail était nul et qui ont joué à Call of Duty9 pendant
quatre mois d’affilée. Voyez-vous, il fut un temps où lorsque vous travailliez
dur, vous gagniez une récompense sur scène ; aujourd’hui, vous en gagnez
une pour vous présenter les mains dans les poches.
Les institutions du système éducatif et leurs tentacules fidèles au SCRIPT
fabriquent aujourd’hui des générations entières d’adultes sans cervelle qui
n’ont jamais échoué de leur vie et qui ont pour le prouver tout un mur de
médailles pour bonne participation. Leurs plus grandes réussites sont des
caricatures dans le monde virtuel et non dans le monde réel. Ils ont été
conditionnés à croire que la vie est juste et qu’elle protégera leurs
sentiments. Travailler dur ? Optionnel. Chercher à gagner ? Optionnel. En
faire plus ? Optionnel. Beaucoup ont peur du téléphone et de la
communication en face-à-face et préfèrent des méthodes plus impersonnelles,
comme envoyer des SMS, utiliser Snapchat et Instagram. D’autres se
retrouvent en hyperventilation et sont « sur la défensive » à la moindre
critique ou face à des opinions divergentes qui dérangent leur monde
présélectionné et prévisualisé.
Ainsi, en mai 2014, Condoleezza Rice, ancienne secrétaire d’État des
États-Unis et professeure à l’université Stanford, devait assurer le discours
de la cérémonie de remise des diplômes à l’université Rutgers10. Des
étudiants ont protesté, apparemment opposés à son orientation politique et à
son implication dans la guerre en Irak. Après quelques réactions violentes,
elle a capitulé. De même en 2017, le journaliste et écrivain britannique de
Breitbart News11 Milo Yiannopoulos a essayé d’introduire ses opinions
controversées (et souvent offensantes) à l’université de Californie, à
Berkeley. Les étudiants n’ont pas protesté, ils se sont soulevés ; ils ont brûlé
des palettes en bois, brisé des vitres et se sont comportés finalement comme
un groupe de gamins rageurs qui n’ont pas eu leur briquette de jus de fruit.
Oui, l’université qui a fait naître le mouvement de libre parole est en train
d’essayer de le tuer.
La vérité, c’est que ces « flocons de neige12 » font dans leur culotte dès que
quelque chose menace leur univers surprotégé – un point de vue contraire,
une idée d’opposition, ou quoi que ce soit qui les bouscule dans leur espace
sécurisé isolé. Oui, quand il y a conflit entre la liberté de parole et mes
« zéro année d’expérience de la vraie vie », il est temps de lancer quelques
briques à travers les fenêtres.
C’est triste, mais les campus universitaires sont hélas devenus d’onéreuses
cliniques pour lavage de cerveaux conformément au SCRIPT, des boîtes de
Petri où sont incubés des fils à papa ou à maman mal équipés pour pouvoir
remettre en question les marionnettistes qui tirent leurs ficelles.
Tout ça pour dire que non seulement le SCRIPT apprend à nos enfants à
réfléchir dans les limites des sentiers battus de la conformité médiocre, mais
il leur inculque l’idée fausse qu’on peut s’en sortir dans la vie en faisant le
minimum : se présenter, envoyer des SMS, poster des selfies… Faites ça et
vous pourrez gagner tout ce que la vie a à offrir. Le réveil est effectivement
violent.
Qui sont les semeurs qui exercent leur influence dans votre vie à l’heure actuelle ?
Une fois que votre cerveau a été exposé aux secrets qui se cachent derrière les
tours d’un magicien, l’apparence de la magie disparaît. Et avec elle, le pouvoir de
tromper du magicien.
LES CONVENTIONS BROUILLÉES DU SCRIPT :
L’HYPERRÉALITÉ
« L’allégorie de la caverne », du philosophe grec Platon, offre la meilleure
représentation de la mauvaise perception de la réalité. Il s’agit de l’histoire
de plusieurs prisonniers qui sont tenus captifs dans une grotte, leur vie
entière. Les prisonniers sont enchaînés de telle manière qu’ils ne peuvent
bouger ni leur tête ni leurs jambes, ce qui les force à fixer indéfiniment des
yeux un mur de la grotte ; derrière eux, il y a un feu qui brûle, en hauteur.
Derrière eux et devant le feu, se trouvent un passage en contrebas et un mur
bordé d’un parapet. Dans ce passage, cachés derrière le parapet, plusieurs
marionnettistes brandissent diverses figurines, des objets et des formes, qui
projettent des ombres sur le mur des prisonniers. Les prisonniers ne peuvent
pas voir les marionnettistes ni les objets qui passent derrière eux ; ils ne
peuvent que voir leurs ombres sur le mur. Étant donné que ces ombres sont la
seule réalité que les prisonniers connaissent, elles sont à tort perçues comme
réelles et substantielles, malgré la réalité qui se trame derrière elles.
Cette histoire de l’Antiquité, racontée il y a plus de deux mille ans, est
toujours aussi pertinente aujourd’hui.
Voyez-vous, le SCRIPT est aussi un ensemble d’ombres, de simulations et de
distorsions cognitives – un ensemble de faux authentiques et d’alchimie
mentale destiné à nous maintenir enchaînés dans une grotte, subjugués par
une pseudo-réalité. Et au lieu d’avoir des ombres projetées par des
marionnettistes, le SCRIPT a ses semeurs. La vérité, c’est que le SCRIPT, vous,
moi et le monde civilisé dans son ensemble, nous évoluons dans un monde de
magie qu’on appelle des hyperréalités.
D’après Wikipédia, on parle d’hyperréalité « quand la conscience perd sa
capacité à distinguer la réalité d’une simulation de la réalité », en particulier
dans les sociétés postmodernes technologiquement avancées. De plus, une
« hyperréalité est considérée comme une condition dans laquelle ce qui est
réel et ce qui est fiction sont mélangés de manière transparente, de sorte qu’il
n’y a pas de distinction claire entre le point de départ de l’un et le point
d’arrivée de l’autre ». Autrement dit, nous interagissons avec des simulations
plutôt que des vérités.
Par exemple, Las Vegas est une hyperréalité. Chaque casino présente une
expérience hyperréelle où vous avez l’impression d’être un roi, un pharaon
ou un cheikh – du moins tant qu’il vous reste de l’argent. Hélas, les
hyperréalités du SCRIPT ne sont pas aussi évidentes qu’à Las Vegas. À moins
d’activer votre SAR et d’entraîner votre cerveau à « voir » l’hyperréalité,
les ombres du SCRIPT sont perçues comme réelles. La prise de conscience est
le ticket d’entrée pour pouvoir défier le SCRIPT.
Hyperréalité #2 : le consumérisme
Le consumérisme est le mythe selon lequel la consommation peut
apporter la réussite ou le bonheur. Malgré ce magazine, Vogue, malgré
cette publicité pour Audi, malgré ce bandeau publicitaire, vous n’êtes pas ce
que vous possédez, mais vous pouvez être possédé par ce que vous
possédez.
Si le SCRIPT était une cellule de prison, le consumérisme et la dette qu’il
génère en seraient les barreaux. Cette maison avec son prêt qui s’étale sur
trente ans, cette voiture que vous devez payer sur sept ans, ce bateau, et ce
diplôme – rien que des dépenses écrasantes qui peuvent paralyser votre
existence. Le consumérisme, le matérialisme, les « choses » en général, sont
l’hyperréalité omniprésente qui domine la machine économique du monde, et
elles domineront le vôtre si vous n’arrivez pas à percer son ombre.
Les multinationales dépensent des milliers de milliards tous les ans pour
créer des hyperréalités pour consommateurs – des « marques » pour
reprendre un terme de marketing – qui sont toutes conçues pour transmettre
une perception fabriquée. La MARQUE X dit que vous êtes riche, la MARQUE Y
dit que vous êtes à la mode, la MARQUE Z dit que vous êtes solide. Si vous
avez une Toyota Prius, la perception qu’en donne la publicité est son côté
pratique et économique. Une Lamborghini fait « riche », ce qui peut ou non
être factuel.
Quand j’ai acheté ma première Lamborghini, la partie la plus dure n’était
pas le prix ; c’était le fait de succomber à une hyperréalité. D’un point de
vue utilitaire, une voiture permet d’aller d’un point A à un point B. Ma
Lamborghini était 5 % voiture et 95 % hyperréalité. Mais dans le monde
réel, les gens ne font pas la différence. Par exemple, quand j’arrivais devant
une boîte de nuit et que je confiais ma voiture à un voiturier, on me faisait
immédiatement sauter la queue et je rentrais dans le club. Si j’avais fait la
même chose avec ma Toyota, je n’aurais jamais reçu pareil traitement. Non,
mon gars, la queue c’est par ici ! En Lambo, on me supposait riche et digne
d’égards ; en Toyota, j’attends avec le reste du prolétariat. La réalité est
ridiculement déformée. Ma voiture ne change rien en moi – ni mon allure, ni
ma taille, ni les 9 dollars que j’ai en poche –, mais elle change la perception.
L’hyperréalité pour consommateurs dupe également les dames.
Vous voyez ces chaussures à talons aiguilles et semelles rouges ? Selon la
personne à qui vous posez la question, certains diront que vous êtes classe.
Nantie et chic. Lisez les ragots sur Internet, vous y serez accusée d’être une
call-girl bien payée. Quel que soit le message, ce n’est pas réel, mais le fruit
d’une perception créée de toutes pièces. Portez ces marques prestigieuses
dans un monde post-apocalyptique où la survie est la priorité, et leur
influence se résume à leur utilité. Ce qui reste est un moyen de transport et
une chaussure inconfortable qui grandit la personne qui la porte.
Le but du consumérisme, c’est de vous faire croire que l’utilité ne suffit
pas. Ce T-shirt sans marque ne fera pas l’affaire – il vous faut le Nike. Plutôt
que de vous rendre en toute sécurité du point A au point B en Honda, il vous
faut l’Infiniti dont le cuir des sièges est orné de triples coutures. Les semeurs
du SCRIPT dépensent des milliards et des milliards pour nous faire croire que
l’utilité est pour les imbéciles ; là aussi, il convient de jeter une ombre au
tableau. Ce n’est pas parce que vous avez acheté le short de basket le plus
coûteux qui soit à la boutique spécialisée que vous savez marquer un panier
comme LeBron. La procuration ne change par la réalité du consommateur.
Hyperréalité #4 : l’hyperpersonnalité
On est samedi soir à North Scottsdale, en Arizona, et je dîne dans un
restaurant japonais à la mode. Le lieu est bondé et l’excitation ambiante est
palpable. De mon temps, on aurait dit que c’était dans ce genre d’endroit
qu’on pouvait traquer la viande fraîche. Dans mon champ de vision, à côté
de ma table d’angle, se trouve une table de six belles jeunes femmes, qui ont
entre vingt et trente ans de moins que moi. Alors que la serveuse passe de
l’une à l’autre pour prendre leurs commandes de Martini au chocolat et de
saké, il est clair que c’est une « sortie entre filles ». Dans l’heure qui suit, je
me rends compte – tristement – de l’importance prise par
l’hyperpersonnalité.
Avant le dîner, pendant le dîner et après le dîner, non pas une, non pas
plusieurs, mais chacune des femmes de cette table était tout entichée de son
smartphone. C’était comme si elles dînaient avec leur smartphone et que les
vraies conversations avec les vraies amies étaient la distraction. Bien sûr,
ces jeunes femmes gloussaient et se racontaient des choses, mais il ne se
passait pas une minute sans un coup d’œil au smartphone, un texto rondement
mené ou une occasion de selfie pour les réseaux sociaux.
Cette histoire montre à quel point l’hyperpersonnalité est devenue
puissante, non seulement pour les jeunes, mais pour toute personne avec un
smartphone collé au visage. L’hyperpersonnalité est l’image publique
d’une personne, une façade projetée par la célébrité ou les réseaux
sociaux, un mirage soigneusement élaboré qui ne représente pas la version
réelle, humanisée de l’individu.
Dans le cas de la célébrité, l’hyperpersonnalité est souvent révérée et
honorée. C’est pourquoi leur opinion est considérée comme parole
d’évangile. Avec les réseaux sociaux, où les gens postent les meilleurs
moments photoshoppés de leur vie, l’hyperpersonnalité devient un point
culminant excessif et non viable, extrapolé d’instantanés organisés de
manière captieuse. Et dans de nombreux cas, comme dans l’histoire de cette
soirée entre filles, l’expression de l’hyper-soi devient plus importante que
le soi lui-même.
Quand on a une renommée, l’hyperpersonnalité et sa perception deviennent
le front de communication. Par exemple, croiriez-vous que je sois une
hyperréalité ? Quand quelqu’un m’écrit et me dit : « Vous êtes mon idole » ou
bien « Vous êtes un DIEU ! » (si si, j’ai reçu des e-mails avec ces mots dans
l’objet), cette personne me perçoit comme une hyperpersonnalité, et elle agit
avec moi comme telle, pas avec le vrai moi. J’ai des fans qui pensent que je
suis capable de prédire n’importe quoi, n’importe quand, n’importe où.
« MJ, est-ce que c’est une bonne idée ? », « Est-ce que je devrais laisser
tomber mes études après trois ans ? » C’est ça, la magie de
l’hyperpersonnalité, mais encore une fois, une telle magie est une illusion.
Quand quelqu’un se fait appeler un « gourou », cette personne s’élève au
niveau d’un hyperstandard, perception d’omnipotence. C’est pourquoi je
déteste le mot « gourou ». Je n’ai ni boule de cristal ni secret de réussite
extraordinaire. Si je m’en sors plutôt mieux en général que M. Tout le
monde, rien n’est garanti. J’ai des affaires qui foirent, je fais des erreurs, il
m’arrive de péter, je trébuche dans les escaliers et je prends de mauvaises
décisions. Je suis humain, tout comme vous.
Un autre exemple d’hyperpersonnalités, ce sont les personnes célèbres.
Pouvez-vous imaginer Warren Buffett perdre de l’argent ? Il fait de
mauvais investissements. Il a tort sur bien des choses. Pourtant, quand
« l’oracle d’Omaha » parle, les gens tombent à genoux et lui baisent les
pieds. Même chose quand une personnalité connue entre dans un restaurant.
Les gens réagissent comme s’ils voyaient Elvis réincarné. Les « oooh » et les
« aaah » fusent, suivis par : « Oh, c’est la maison qui régale. »
Tout comme les jours de la semaine avec leurs noms, ces gens sont des
hyperréalités, mais ils sont comme vous. On perçoit une célébrité comme un
samedi. Vous ? Bof, rien de plus qu’un mardi. Le fait est qu’ils mangent,
respirent et chient une merde puante exactement comme vous. Ils divorcent,
font faillite, commettent des erreurs, et oui, ils mettent même les doigts dans
leur nez. Ils sont humains.
Malgré cela, les gens sous l’emprise du SCRIPT élèvent ces célébrités (et
leurs opinions) à des niveaux stupéfiants d’idolâtrie. C’en est d’ailleurs
effrayant. Par exemple, au début du mois de septembre 2014, la Young
America Foundation5 a révélé quelques chiffres préoccupants concernant
l’hyperpersonnalité. Ces jeunes sont allés à l’université George-Washington
et ont posé quelques questions à des étudiants pris au hasard. Interrogés sur
des événements récents dont un scandale de piratage informatique avec des
photos de nus, vingt-neuf étudiants sur trente ont été capables d’identifier une
ou plusieurs célébrités impliquées, ce qui est effarant. Hélas, quand on leur a
demandé de quel anniversaire d’un événement national majeur on se
rapprochait (11-Septembre), seulement six sur les trente ont pu répondre.
Pire, seulement quatre sur trente ont pu donner le nom d’un des journalistes
décapités par l’État islamique en Irak.
Ce sont les médias qui nous jettent les plus grandes ombres. Parce que les
médias encensent les hyperpersonnalités, celles-ci reçoivent un traitement
différent des personnes sous l’emprise du SCRIPT. Quand Ray Rice, le
running back6 vedette des Ravens de Baltimore, a été filmé en train de
mettre sa fiancée K.-O., il a d’abord réintégré son équipe. Lors de sa
première apparition sur le terrain à l’occasion d’un match de présaison, les
fans ont applaudi comme des malades depuis le bord du terrain tout en
arborant comme des imbéciles leur maillot Ray Rice. Une telle idiotie ne
peut venir que de gens qui sont totalement aveuglés par l’hyperpersonnalité.
Il est clair que les points marqués par les running backs dans le cadre de la
fantasy7 sont plus importants que les points de mise K.-O. marqués dans la
réalité par des cogneurs de femmes.
Les réseaux sociaux sont un autre coupable.
Si l’hyperpersonnalité était un jour, ce serait Halloween, et les réseaux
sociaux seraient le masque. Avec la facilité d’accès des outils de réseaux
sociaux – Facebook, Instagram, Snapchat –, il est tellement facile de créer sa
propre imposture que même un homme des cavernes pourrait le faire.
Résultat : nous avons créé toute une gamme de gens qui ont soigneusement
élaboré une illusion d’importance qui a systématiquement tué la volonté et le
désir de faire effectivement l’effort que nécessite l’importance. En
choisissant et en photoshoppant ce que nous postons sur les réseaux sociaux,
chacun d’entre nous devient un puissant projeteur d’ombres, érigeant un
fantôme imaginé tout en cachant la crasse sous-jacente. En ne partageant que
les temps forts de la vie et en dissimulant le reste, nous projetons une
pseudo-réalité.
C’est sûr que la nouvelle voiture Acura de votre copine et ses dix photos
sur Facebook attireront certainement une flopée de likes et de commentaires,
mais vous savez ce qui n’apparaît pas sur Facebook ? Ses 72 paiements
mensuels de 500 dollars à 12 % d’intérêt. Et les photos des dernières
vacances aux Antilles de votre autre copain ont reçu 92 likes et
32 commentaires dithyrambiques. Pas étonnant, il n’a pas posté son dernier
relevé de carte bancaire qui a servi à payer le voyage, ce relevé qui montre
un énorme solde qu’il mettra vingt-deux ans à régler parce qu’il n’a pas les
moyens de payer plus que les versements minimums.
Avez-vous jamais essayé les sites de rencontre en ligne ? Bienvenue à
l’hyperpersonnalité : les gens postent ce qu’ils veulent être, pas ce qu’ils
sont réellement. Ces photos super sexy de Marc, que vous avez tellement
hâte de rencontrer ce soir ? Ce mec est un as de Photoshop, et il a
astucieusement fait disparaître quinze kilos de graisse, juste après avoir
utilisé l’effet flou pour effacer de son visage des rides disgracieuses qui le
vieillissaient.
Ce qui est mis en avant sur les réseaux sociaux et qui nous en met plein les
yeux est fabriqué de toutes pièces. Si c’est ce que vous utilisez pour vous
comparer à vos pairs, les jolis petits nuages blancs vont s’assombrir et vous
allez vous sentir nul et déprimé. Alors, la prochaine fois qu’un étranger poste
des photos de « style de vie » sur Instagram et que vous ressentez une pointe
d’insécurité, tâchez de vous rappeler que ces gens n’en ont rien à foutre de
vous. Non, m’sieurs-dames, rien à foutre. Et pourtant, vous vous préoccupez
d’eux ? L’hyperpersonnalité fait que vous passez plus de temps sur la vie des
autres que sur la vôtre.
Un jour, je me suis retrouvé dans une soirée avec un gars qui a passé la moitié de son
temps à vérifier son téléphone simplement pour s’assurer que son armée de Clash of
Clans se construisait dans les temps. WTF11 !
Hyperréalité #7 : l’argent
L’argent.
C’est probablement la raison pour laquelle vous lisez ce livre. Regardez
bien un billet de 100 dollars. Notez vos sentiments. Vous sentez une pointe de
liberté ? De choix, de pouvoir ou de sécurité ? Si ces sentiments peuvent être
réels, ils reposent sur un autre mirage. L’argent, l’hyperréalité dominante du
monde, est une croyance partagée que l’argent matériel (une liasse de
billets) ou l’argent numérique virtuel (un chiffre sur un écran
d’ordinateur) a de la valeur et que la personne qui le possède a également
de la valeur.
Dans les cultures anciennes, on trouvait l’expression de telles valeurs dans
les plumes d’une coiffe, un âge tribal, la taille d’un troupeau ou le nombre
d’émeraudes possédées. Peu importe l’objet ; il n’a de la valeur que parce
que notre société est d’accord pour lui en reconnaître une. Par nature, ce ne
sont que des bouts de papier sans valeur représentant des types morts. Ou
bien ce sont des pixels, un nombre numérisé sur un écran d’ordinateur. Dans
chacun de ces cas, notre culture reconnaît universellement que ces
représentations détiennent une valeur transactionnelle, tout comme nous
croyons que lundi, c’est pour travailler, et samedi pour s’amuser.
La prochaine fois que vous regarderez un film post-apocalyptique,
remarquez comme les hyperréalités s’effondrent. La monnaie papier perd
toute valeur et est utilisée comme papier toilettes. Le carburant devient plus
précieux que l’or. Par exemple, dans le film de 1992 Waterworld, un des
pires films jamais réalisés, la terre devient une monnaie d’échange. Dans Le
Livre d’Eli, l’eau et les livres deviennent des produits de valeur. Et bien
entendu, les noms des jours disparaissent : chaque jour est une nouvelle
journée pour survivre.
Malheureusement, si la croyance (ou le système qui la maintient)
s’effondre, l’hyperréalité s’effondre aussi. L’histoire regorge d’exemples où
l’argent est devenu du petit bois pour le feu : ainsi le dollar du Zimbabwe, le
mark de Weimar et le pengö hongrois, pour n’en citer que quelques-uns.
Récemment, il y a à peine quelques années, l’Islande a échappé de peu à un
tel désastre. L’argent n’est qu’une ombre de plus sur un mur de caverne, une
projection agréable acceptée comme si elle était réelle.
Hyperréalité #8 : la liberté
Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande de l’Allemagne nazie et le
plus grand menteur de tous les temps, savait que les gros mensonges devaient
être répétés pour être crus. La répétition créait un faux consensus – selon
l’idée que si beaucoup de gens croient une chose, une opinion ou une
idéologie, alors elle doit être vraie. Les faux consensus expliquent comment
des idées communes échappent à la pensée critique et deviennent des
hyperréalités, comme, par exemple : la Terre est le centre de l’univers.
L’hyperréalité la plus frauduleuse qui sévit dans les pays industrialisés,
c’est la liberté elle-même – la perception que nous venons au monde libres
et sans entraves, personnes souveraines nées avec des droits inaliénables
qui ne peuvent pas être cooptés, confisqués ou asservis par la moindre loi,
coutume ou croyance.
Pas vrai. Pas pour vous, moi ou qui que ce soit d’autre.
La vérité, c’est que nous sommes du bétail. Porteur d’un objectif
diabolique. Des esclaves élevés en liberté. Comme les poulets élevés en
liberté, nous pouvons vaquer librement dans notre enclos (un pays), on nous
donne l’illusion de la liberté, mais on nous retient captifs pour nos œufs –
notre impact économique. Si vous partez, il vous faut une autorisation (un
visa) et votre séjour est limité à ce que l’enclos (le pays) visité autorise, en
général quatre-vingt-dix jours.
Voyez-vous, à partir du moment où vos parents ont signé votre certificat de
naissance, vous êtes devenu une garantie du gouvernement. Corporatisés par
notre pays, nous ne sommes pas des individus souverains libres de toute
gouvernance, nous sommes des sociétés – sociétés soumises à la fiscalité, à
la réglementation, à un certain nombre d’inscriptions, à la concession de
licences, et à une multitude de mandats faisant autorité. Vous, la société,
appartenez au gouvernement. Tout ce que vous possédez, et tout ce que je
possède, appartient également au gouvernement.
Oui, vous avez bien lu. Tout. Et le SCRIPT ? Ce n’est guère que le gardien
de la garantie à travers son avancement hyperréaliste : l’endoctrinement des
enfants, la commercialisation, la manipulation des médias et l’ingénierie
sociale. Maintenant, je me rends compte que cela frôle la tirade de la théorie
du complot, mais je vous assure que tout cela est un fait incontestable, autant
que le soleil se couche à l’ouest.
Avec la doctrine du SCRIPT qui fascine les masses sans être remise en
question ou mise en doute, votre gouvernement tire profit tout au long de
votre vie à travers votre apport économique sous la forme de travail et de
consommation. Cela stimule la fiscalité et/ou les électeurs dépendants qui
aiment voter autant que consommer. Et avec un nombre illimité de votes et de
garanties de consommation humaine, le gouvernement peut continuer à
imprimer aujourd’hui l’argent qui rembourse l’argent imprimé hier. C’est
peut-être pour cela que la Banque fédérale s’intéresse tellement à la
promotion d’un « diplôme qui vaut des milliards et des milliards ».
Ce n’est vraiment plus l’or qui soutient l’argent, mais le sang – vous –, et
le SCRIPT administre les esclaves. En 1933, le président Franklin Roosevelt a
ouvert la voie d’une devise qui serait soutenue par une garantie humaine
plutôt que physique comme l’or. Quand vous entendez la formule
« entièrement garanti par le gouvernement américain », comprenez « garanti
par les citoyens américains ». Le système monétaire américain est financé
sur le dos de ses citoyens, et le SCRIPT maintient le poisson dans l’étang
pendant que la garantie engraisse le système. Et si nous sommes
techniquement « libres » de faire des choix, nous ne sommes PAS vraiment
« libres » en matière de souveraineté.
Je me rends compte qu’il n’est pas facile de suivre ce raisonnement.
Asservis plutôt que libres ? Tout ce qui m’appartient n’est pas vraiment à
moi ? Dieu merci, vous n’êtes pas obligé de le croire parce que,
franchement, la plupart des gens ne le croiront pas. Et ce n’est pas grave
parce que vous n’avez pas besoin de croire à l’argument de l’esclave pour
gagner la vie HORS DU SCRIPT. Cette section (ou ce livre) ne traite pas de
souveraineté, d’hommes de paille, du système bancaire fiduciaire, ou de
quelque argument sur les certificats de naissance dans le cadre du droit
maritime. Il s’agit de retirer le bandeau qu’on a devant les yeux et de poser
les questions difficiles. Par exemple : si confisquer 100 % de votre apport
économique est une forme d’esclavage, à partir de quel pourcentage cesse-t-
on de parler d’esclavage ? 80 % ? 50 % ? 39,6 % ?
Voici donc la pleine vérité concernant la liberté et les trucs que nous
croyons posséder.
En 2014, j’ai acheté cash une maison dans la belle ville de Fountain Hills
en Arizona. Je la possède, franche et quitte de toute charge, pas
d’hypothèque, pas d’emprunt bancaire. Libérateur, hein ? Mais en vérité, elle
ne m’appartient pas vraiment. Le gouvernement m’a donné un titre de
propriété, ce qui veut dire que je suis libre de l’« utiliser » tant que je
respecte certaines règles. En réalité, je loue ma maison au gouvernement
(l’État d’Arizona) et ma taxe foncière annuelle est le paiement de cette
location. Si je refuse de payer ma taxe foncière, l’État sera à nouveau en
possession de ce qui semble être à moi. Et le montant du défaut de paiement
est immatériel – que ce soit 20 dollars ou 20 000, peu importe. Si vous ne
payez pas, vous pouvez dire adieu à votre baraque. Bon sang, en
Pennsylvanie, une femme a perdu sa maison – qui a été vendue aux
enchères – parce qu’elle n’avait pas payé 6 dollars aux impôts16 !
Propriétaire ? Pas vraiment.
Il en va de même pour votre voiture. Annulez votre assurance, votre permis
de conduire et retirez votre plaque d’immatriculation. Combien de temps se
passera-t-il avant qu’on ne vous arrête et qu’on ne fasse remorquer votre
véhicule ? Dans l’Illinois, l’État où je suis né, vous tiendriez environ treize
minutes. Faire immatriculer votre voiture est simplement une liberté cooptée
que vous revend le sympathique bureaucrate de votre quartier.
Voici une nouvelle histoire qui montre l’hyperréalité de la liberté. Après
mon déménagement, mon courrier s’est perdu et n’a pas été transféré. En
conséquence de quoi, j’ai eu un arriéré d’impôts vis-à-vis de l’État, et mon
compte s’est retrouvé en souffrance. Le temps que j’entende parler de cet
arriéré, j’étais déjà menacé de saisie par l’État d’Arizona. Voici le verbiage
exact de la lettre d’amour que j’ai reçue, appelée Demande finale avant
recouvrement forcé :
Le ministère de l’Économie et des Finances s’apprête à prendre action contre vous.
Ces actions peuvent inclure une procédure de présaisie et/ou de saisie sur votre
compte en banque, vos revenus et autres actifs.
Quelles sont les hyperréalités qui jouent un rôle prépondérant dans votre vie ? Et
votre prise de conscience changera-t-elle votre façon d’interagir avec elles dans le
futur ?
9
LA PROSTITUTION
TEMPORELLE :
ÉCHANGER DU BON TEMPS
CONTRE DU MAUVAIS
Avec la prostitution temporelle, les choses que vous achetez coûtent plus que
simplement de l’argent – elles coûtent des fragments de votre vie future, car elles
transforment du temps LIBRE en temps SOUS CONTRAT.
Imaginez deux vies : Bob et MJ, qui se voient chacun attribuer soixante-
quinze années à vivre. Tous les deux bénéficient des journées classiques de
vingt-quatre heures. La différence entre les deux est la façon dont ils font
honneur – ou pas – au temps. Bob investit le travail de sa vie dans un
système où le temps est prostitué. Il connaît soixante-trois ans de temps sous
contrat contre seulement douze de temps libre : trois années difficiles sur le
plan de la santé après sa retraite et neuf années de jeunesse paresseuse. Il
n’écrira jamais ce livre dont il rêvait. Il n’ira jamais faire de la plongée dans
les Caraïbes car son cardiologue le lui déconseillera. Il n’aura jamais fait
cette croisière de deux mois sur la Méditerranée. Il n’aura jamais vu son fils
remporter le championnat de lacrosse. Jamais, jamais, et jamais. Mais eh, ne
vous inquiétez pas – il a accumulé un sacré portefeuille et il a figuré à la une
de Business Insider comme modèle pour la richesse de portefeuille ; peu
importe qu’il ait détruit une richesse pour en poursuivre une autre.
Vivez pauvre et mourez riche. C’est diaboliquement typique du SCRIPT.
De l’autre côté, il y a MJ qui investit le travail de sa vie dans un système
qui fait honneur au temps. Il connaît vingt-trois années de temps sous contrat
et bénéficie de quarante-deux – oui, quarante-deux ! – années de temps libre,
essentiellement après sa retraite à 30 ans et quelques. « Jamais » ne fait pas
partie de son vocabulaire. En revanche, « quand », « où » et « comment », si.
D’après vous, lequel des deux aura vécu une vie riche en expériences :
amitié, art, voyages, contribution et épanouissement spirituel ? Quand la
dernière portion de vie s’écoulera et que le compte à rebours tapera la
grande faucheuse sur l’épaule, quel écho trouvera votre esprit humain – le
regret ou la paix ?
Le chemin : Le Trottoir
La promesse : Le bonheur via la consommation
La laisse : La consommation et les droits sociaux
Le collier : L’endettement et la dépendance
L’esclavagiste : Les sociétés et/ou le gouvernement
La course du quotidien : Consommer, s’endetter, travailler (ou voter), répéter
Privation et espoir
Au cœur de la Voie lente, il y a une idée raisonnable : arrêter de
consommer.
Cela dit, appliqué dans le cadre du système d’exploitation du SCRIPT,
arrêter de consommer signifie arrêter de vivre. Spécifiquement, commencez
à vous priver. Contentez-vous de moins. Réduisez vos attentes. Différez vos
dépenses, différez vos expériences – les vacances, les restaurants, le cinéma
– et différez votre vie jusqu’à votre retraite.
Si, quand on suit le Trottoir, la laisse et le collier sont la consommation et
l’endettement, quand on suit la Voie lente, ce sont la privation et l’espoir.
J’appelle cela le plan ESPÉREZ, ARRÊTEZ ET ATTENDEZ.
Hélas, lorsque vous changez de voie, il n’y a guère que votre esclavagiste
qui change. Si un piéton du Trottoir est en gros possédé horizontalement par
diverses sociétés (banques, médias, produits de consommation), celui qui
suit la Voie lente est possédé verticalement par un seul maître : la Bourse.
Voyez-vous, chaque fois que vous placez votre avenir financier entre les
mains de la Bourse, c’est comme si vous disiez : « L’espoir et le temps
représentent mon plan pour atteindre la liberté financière. » Pour que le plan
marche effectivement, pensez à tous les astres qui doivent s’aligner à la
perfection :
L’espoir d’avoir un boulot – pas seulement un boulot, mais un bon boulot.
L’espoir que l’économie me donnera ce bon boulot pour les cinquante
prochaines années.
L’espoir que le marché boursier rapportera 10 % par an et qu’il n’y aura
pas de krach boursier.
L’espoir que le marché immobilier n’effacera pas la valeur de mon bien en
implosant.
L’espoir que je serai vivant au moment de prendre ma retraite.
L’espoir que je serai en bonne santé.
L’espoir que le gouvernement ne déclenchera pas une hyperinflation pour
mes économies ou la devise dans laquelle elles sont libellées.
L’espoir que le gouvernement pourra continuer à financer un programme de
sécurité sociale en faillite.
Oui, l’espoir est le collier qui vous serre le cou, le temps votre prison et la
Bourse votre esclavagiste.
Mais le pire, c’est la laisse. Avant de pouvoir tester le plan, il vous faut
supporter la privation pingre de la laisse. Chaque dollar doit être mis de
côté, convoité et investi. Les dépenses doivent être réduites au strict
minimum : annulez votre abonnement TV. Découpez les bons de réduction.
Achetez vos vêtements d’occasion. Prenez la navette pour aller à l’aéroport
pour économiser 8 dollars, même si cela signifie rallonger votre trajet de
deux heures. Arrêtez d’aller voir des films en exclusivité et attendez que le
film soit disponible à la location. Arrêtez de partir en vacances. Arrêtez de
commander des vins onéreux au restaurant (restaurant ? Vous ne devriez pas
être au restaurant, nigaud. Économisez cet argent ; il vaudra peut-être
1 000 dollars dans cinquante ans !).
Arrêtez ceci. Arrêtez cela. Arrêtez de vivre et commencez à mourir.
ESPÉREZ, ARRÊTEZ ET ATTENDEZ. Ça a l’air super, hein ? Les gens qui
profitent de l’entourloupe vous disent que c’est super. La Voie lente est une
industrie de plusieurs milliers de milliards de dollars, vantée par des lèche-
bottes tels que des auteurs célèbres, des personnalités de la radio, des
planificateurs financiers, des gérants de fonds et tout un tas de gens qui y ont
un intérêt. Rien d’étonnant à ce que ces prostitués de la finance ne
s’enrichissent pas en suivant leurs conseils, mais s’enrichissent en les
prodiguant.
Prenez n’importe quel livre de finances personnelles et vous lirez
probablement 200 pages d’inepties sur la nécessité de se serrer la ceinture.
Bien sûr, ces livres ne disent pas ouvertement : « Serrez-vous la ceinture »,
mais ils se cachent derrière des formules glissantes telles que « la vie
simple » ou « vivre de manière frugale ». Il y a des blogueurs qui gagnent
leur vie sur ce seul concept, comme si plonger dans les ordures derrière
votre supermarché pour récupérer de la viande avariée était une riche idée.
Quelles que soient les paroles dont on vous matraque, le concept est ridicule
et ces expressions des oxymores.
La rareté ne crée pas l’abondance. Remplacer la pauvreté financière par
la pauvreté de ce que l’on vit, c’est comme remplacer les protéines de votre
régime alimentaire par des féculents et s’attendre à prendre du muscle. Et
malgré cela, des millions de gens croient que sur le menu d’une vie
extraordinaire, « se contenter de moins » est une des entrées. Ce n’est pas le
cas.
Pensez à tout cela du point de vue du semeur. Si vous vendiez 10 millions
de livres sur la façon d’économiser quelques centimes, croyez-vous que vous
vous soucieriez du marché boursier ? De la même manière, si vous aviez
1 milliard de dollars entre les mains d’un gestionnaire de fonds spéculatif,
pensez-vous que vous vous soucieriez de retours sur investissement ? Dans
tous les cas, vous encaissez.
Malgré tout, ça continue : 100 dollars épargnés tous les mois pourraient
valoir 5 millions dans cinquante ans ! Inflation ? Krachs boursiers ?
Espérance de vie ? Biais du survivant ? Taux d’intérêt à 0 % ? Dévaluation
de la monnaie ? Mes amis, ne prêtez aucune attention à la réalité probable
parce que, comme au loto, la réalité probable ne joue aucun rôle dans les
fantasmes réconfortants ! Vous allez être riche !
Malheureusement, les gens sur la Voie lente gobent ces conneries comme si
c’était de la cocaïne gratis à sniffer dans le penthouse d’un milliardaire. Et là
encore, on enfourche la prostitution temporelle pour aller droit à la mort. Il
n’y a pas de liberté sans vitalité. Six pieds sous terre, ce n’est pas la liberté,
pas plus qu’une prothèse de la hanche ou un fauteuil roulant. Le temps, la
Bourse, l’économie, le marché de l’emploi, le marché immobilier,
l’incompétence du gouvernement – tout cela ne vaut pas mieux que de lancer
le dé dans un casino de Las Vegas, et au moins là-bas vous vous sentirez
comme un roi en profitant du buffet gratuit.
Les amis, si quelqu’un vous dit qu’il vous faut quatre ou cinq décennies
pour « gagner » votre liberté, fermez votre navigateur, désabonnez-vous ou
demandez à être remboursé. Le SCRIPT veut que vous ESPÉRIEZ, que vous vous
ARRÊTIEZ et que vous ATTENDIEZ parce que d’ici que vous découvriez que
vous avez autant de chances de gagner ce rodéo qu’un double à la table de
craps, ce sera trop tard.
Beaucoup de gens qui ont du mal sur le plan financier ont une forte éthique
professionnelle – le problème, c’est que leur « dur travail » est canalisé dans un
système inefficace et obsolète.
Quelle est la porte du SCRIPT qui représente le mieux votre chemin de vie actuel ? Et
vous mènera-t-elle à la vie de rêve que vous désirez ?
11
LES DISTRACTIONS :
LE MINISTÈRE DES
LOISIRS
LA VISION
Illustrer ce qui est possible quand votre vie est libérée de toute attente
liée au SCRIPT, et comment commencer à vous forger votre propre
vision de cette existence.
13
LA VIE SANS SCRIPT,
C’EST ADOPTER L’ESPRIT
« RIEN À FOUTRE »
Essayez d’imaginer une existence riche de ces cinq libertés. Que feriez-vous et
où ? Qu’est-ce que vous ne feriez PAS, ne porteriez PAS, ne regarderiez PAS ?
14
D’ABORD « RAS-LE-BOL »
PUIS « RIEN À FOUTRE »
Vous pouvez éviter la réalité, mais vous ne pouvez éviter les conséquences d’éviter la réalité.
AYN RAND , philosophe et écrivaine américaine
Les ÉRLB sont mémorables et souvent évidents. Si vous n’êtes pas sûr du
vôtre, il est très vraisemblable que c’est que vous ne l’avez pas encore connu.
C’est l’influence des loisirs sur la consommation qui rend [la semaine de travail de cinq
jours] si nécessaire. Les personnes qui consomment la majeure partie des produits
sont celles qui les fabriquent. C’est un fait que nous ne devons jamais oublier, c’est le
secret de notre prospérité.
Et de continuer :
Les personnes ayant une semaine de cinq jours consommeront plus de biens que les
personnes avec une semaine de six jours. Les personnes qui ont plus de loisirs doivent
avoir plus de vêtements. Elles doivent avoir une plus grande variété de nourriture. Elles
doivent avoir un meilleur accès au transport. Elles doivent naturellement avoir accès à
plus de services de toutes sortes. Cette consommation accrue nécessitera une plus
grande production que celle que nous avons actuellement. Au lieu d’être ralenti parce
que les gens ne sont pas « au travail », le commerce en sera accéléré… Cela conduira
à plus de travail. Et de là, à plus de bénéfices 4.
Encore acceptée, la semaine moderne de cinq jours avec ses quarante
heures de travail est un outil du SCRIPT pour obtenir l’obéissance, vous
maintenir occupé, vêtu et nourri, et c’est juste suffisant pour que les week-
ends soient bien réservés à une célébration du temps libre accomplie par la
consommation. Tant que vous avez la tête légèrement au-dessus du niveau de
l’eau, l’appât du week-end perdure et vous continuez de sucer la pilule rouge
comme un bonbon.
Je vois ça tous les jours, et non, je n’exagère pas. Si mon premier livre a
créé quelques « événements ras-le-bol » qui ont transformé la vie de certains
lecteurs, en toute honnêteté, il a aussi créé de nombreux « moments ras-le-
bol ». Allez voir la section « Introduction » sur TheFastlaneForum.com, et
vous en verrez des pages et des pages.
Et ensuite, vlan ! Vingt-quatre heures plus tard, ils ont disparu et on n’en a
plus jamais entendu parler. Leurs déclarations grandioses ne rimaient à rien.
Au lieu de déconnecter réellement du SCRIPT, ils se reconnectent : ils
reprennent leur boulot, leur paradigme existant et leur week-end
spectaculaire. Le problème, c’est que ces gens « aiment » l’idée de
l’entrepreneuriat exactement comme ils aiment l’idée de gagner de l’argent
gratuitement. Mais ils ne sont pas prêts à faire les efforts ou ce qu’il convient
pour la rendre réelle. Ainsi, j’avais un copain à la fac, qui parlait toujours
d’entrepreneuriat. Appelons-le Willie.
Willie prend un boulot qui l’aidera à financer ses rêves d’entrepreneur –
vous savez, pour qu’il puisse « payer ses factures » et faire face à ses
obligations. Quand il a eu un boulot qui payait correctement, Willie a
commencé à accumuler de l’argent en excédent. Au lieu de l’économiser ou
de l’investir dans son business, il s’achète une nouvelle Jeep et une maison
de ville dans un quartier en vogue. Résultat : Willie se retrouve prisonnier de
son boulot, car il en a besoin pour financer son style de vie. Dès son premier
salaire, il bénéficie d’un confort médiocre, justifié et pris au piège par « J’ai
des responsabilités ». Le prix à payer est le rêve d’entrepreneuriat de Willie.
Mais eh, au moins il a une belle Jeep avec seulement quarante-cinq
versements restants à payer.
Traduction #1 ? Willie est possédé par son bazar et le médiocre confort
qu’il lui procure. Il ne veut pas risquer ou sacrifier ce confort dans l’espoir
de quelque chose de mieux.
Traduction #2 ? Willie a plus besoin de confort que d’entrepreneuriat. Et
l’entrepreneuriat n’a pas besoin de lui.
De la même manière, de nombreux pères expriment leur souci sur mon
forum que leurs enfants adolescents ne manifestent pas d’intérêt pour
l’entrepreneuriat. Même l’ado dans ma vie n’est pas intéressé par
l’entrepreneuriat et ça ne m’étonne pas. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas
connu un patron de merde, un boulot de merde ou des conditions de merde
pour aller au boulot. C’est quand vous voyez par vous-même à quel point le
système craint que le désir apparaît. Ça ne sert à rien de prévenir les gens
que le feu, ça brûle – il faut qu’ils ressentent la brûlure eux-mêmes.
Le problème dans ces cas-là, c’est le confort médiocre – assez pour vous
empêcher de vous lever pour vous écarter du clou. La belle voiture, le
salaire régulier, les matchs de football sympas le week-end – tout cela vous
maintient à la table de poker avec la même stratégie, les mêmes paris, et les
mêmes cartes. Au bout du compte, il ne se passe rien à part que le temps
passe. À un moment donné, vous devez décider : qu’est-ce qui est le plus
important ? Vos rêves de vous détacher du SCRIPT ? Ou regarder le troisième
match à domicile des Yankees quand il y en a dix autres de prévus ? Votre
bonheur à long terme ? Ou votre abrutissement d’ivrogne le samedi après-
midi ?
Menace #4 : la peur
Un véritable « événement ras-le-bol » n’a peur de rien.
Un ÉRLB épiphanique comprend que le monde ne s’arrête pas de tourner
quand vous perdez votre emploi. Cela dit, on n’imaginerait pas ça, à voir le
nombre de gens qui restent dans un boulot qu’ils détestent. Au fin fond d’eux-
mêmes, ils sont rongés par la peur. Peur de l’inconnu, de l’humiliation, de
l’échec et de ce que vont dire leurs amis. Peur d’être laissé sur place, à
conduire une voiture de merde plutôt que ce qui se fait de mieux. Peur des
clowns poltergeists. Toutes peurs déraisonnables, exagérées et totalement
incapacitantes.
Quelle que soit la peur qui vous empêche de vous engager, demandez-
vous : « Qu’est-ce qui peut arriver de pire ? » Et si ça arrive, est-ce que ce
sera la fin du monde pour vous ? Est-ce que ça menace votre vie ? Perdrez-
vous la vue ou un membre ?
Derrière une peur déraisonnable, il y a une estimation déraisonnable des
conséquences. Devoir vivre avec vos parents pendant quelques mois n’est
pas si grave. Ce n’est pas en faisant les frites au Burger King que vous signez
votre arrêt de mort. Rater le dernier épisode de The Walking Dead n’est pas
la fin du monde. Vous survivrez.
RÉVEILLER LE RÊVE
Mon rêve est ressuscité un jour de bourrasques de vent froid, alors que
j’étais coincé sur le bord d’une route nationale. Je ne peux pas expliquer ce
qui s’est passé. Peut-être que c’étaient mes pensées suicidaires, ou bien le
traumatisme d’avoir touché le fond.
J’avais beau avoir étudié l’entrepreneuriat pendant des années, j’étais resté
un aspirant entrepreneur jusqu’au jour de mon « événement ras-le-bol ».
L’engagement est devenu plus fort que l’intérêt. Dans mon cas, la peur a été
balayée. Et le confort médiocre s’est transformé en douleur. Je ne supportais
plus le clou.
Au bout du compte, mon ÉRLB m’a permis de comprendre que je n’étais
pas né pour être quelqu’un de raté, mais pour être quelqu’un qui choisit.
J’étais ce que je choisissais d’être. Ce soir-là, j’ai reconnu que toutes les
circonstances de ma vie – mon boulot, mes finances, mon environnement,
mes échecs d’entrepreneur – étaient simplement tissées avec le fil de mes
choix. À partir de ce jour-là, j’ai accepté mes responsabilités. J’ai
commencé à réfléchir à la façon dont je pense et dont je fais mes choix.
Quelques mois après mon ÉRBL, sans avoir peur, j’ai abandonné Chicago
pour déménager à l’autre bout du pays, à Phoenix en Arizona. Je voyageais
léger : j’avais en tout et pour tout 900 dollars en poche, une Buick toute
rouillée et quelques affaires personnelles. Je m’engageais à réussir comme
entrepreneur et je ferais tout pour que ça arrive.
Et ce boulot de chauffeur de limousine serait le dernier que je n’aurais
jamais.
Mon dernier salaire.
Mon dernier patron.
Mon dernier « lundi à vendredi ».
Avec le recul, cette prise de conscience suivie d’un profond « événement
ras-le-bol » a marqué une inauguration, le jour où mes rêves ont ressuscité,
passant d’une impossibilité mathématique à une forte probabilité (je raconte
en détail mes premières journées d’entrepreneur dans mon premier livre,
L’Autoroute du millionnaire).
Un de mes détracteurs m’a récemment accusé de « vendre du rêve ». Oh là
là ! Comment des génies d’Internet anonymes vivant dans des greniers
peuvent-ils être aussi perspicaces ? Pour ce qui est de « vendre du rêve »,
c’est exactement ce que je fais.
Voyez-vous, la plupart des gens vivent leur vie suivis par des ombres
macabres, les cadavres pourris de leurs rêves morts. Ces ombres se
matérialisent tôt dans la vie, en général juste après que vos professeurs, vos
parents ou peu importe qui, vous ont dit : « Ce n’est pas réaliste. » À partir
de là, les rêves de jeunesse se décomposent pour devenir des contes de
fées : gagner le gros lot, être découvert grâce à Nouvelle Star ou gagner un
énorme procès parce qu’on vous a renversé du café brûlant sur les genoux.
Vous voulez savoir pourquoi tout le monde est si misérable ?
La réponse est simple : ces gens ont abandonné.
Les gens qui disent « il vend du rêve » ne sont pas en droit de parler de
quoi que ce soit à part de leur propre médiocrité. C’est comme jouer au
poker avec des cartes transparentes – la main est perdue dès la donne, alors
pourquoi se donner du mal ? Non, m’sieurs-dames, je me couche. En
attendant, votre vie a servi de mise mais ce sont les autres qui la jouent.
Oui, le vaste cimetière des rêves morts des médiocres adore la compagnie.
Tout comme les médias, les casinos et les caisses des loteries d’État. Ce que
ces pauvres fous ne voient pas, c’est que poursuivre leur rêve, c’est rêver.
C’est le processus. Les échecs, les tentatives et les tribulations. Quand on
poursuit un rêve, on grandit, on prend conscience de soi, on se découvre.
Vendre du rêve, c’est réveiller le rêve – et une fois qu’il est vivant, vous
êtes vivant.
Certains des plus grands entrepreneurs, inventeurs et innovateurs du monde
vivent leur rêve, détachés du SCRIPT. Parmi ceux qui ont investi le monde de
leurs passions, citons Elon Musk, Lori Greiner, Bill Gates, Arnold
Schwarzenegger et Sylvester Stallone. Au cours de l’histoire, il y a eu, entre
autres : Benjamin Franklin, Henry Ford, Sam Walton et Ray Kroc. Purée,
vous pourriez même dire que Jésus-Christ avait dit NON AU SCRIPT. Tous ces
personnages ont un point commun : ils ont cassé les règles de leur époque. Ils
ne sont pas restés collés au SCRIPT et ne se sont pas recroquevillés de peur
face aux normes culturelles et aux pharisiens qui les repoussaient.
Cela dit, ne laissez pas ces noms célèbres et ces magnifiques biographies
vous effrayer ; vous n’avez pas besoin de fonder une religion ou d’être
l’homme le plus riche de la planète pour vous détacher du SCRIPT. Une fois
que vous avez la formule, vous pouvez parfaitement vivre détaché du SCRIPT
sans la notoriété, et assurément sans la crucifixion. Vous n’aurez pas besoin
d’une start-up avec 20 millions de dollars de financement initial ou d’un
compte Instagram avec des dizaines de millions de personnes qui vous
suivent avec ferveur.
Ce dont vous avez besoin, en revanche, c’est de meilleures probabilités et
d’un meilleur système pour mener votre combat. Si le système d’exploitation
du SCRIPT est l’ours à affronter, nous avons une arme secrète qui peut changer
vos chances de réussite : le CADRE DE L’ENTREPRENEUR POUR LA VIE HORS
SCRIPT (CEVHS). Apportons maintenant ce changement qui change les
résultats.
Une vie extraordinaire demandera une histoire extraordinaire. Les difficultés, les
échecs et les épreuves que vous rencontrerez ne sont que le premier jet de
votre histoire.
Quatrième partie
L’ÉVASION… LE CADRE DE
L’ENTREPRENEUR POUR
LA VIE HORS SCRIPT
CERTAINS ANGES PEUVENT ÊTRE EN TONGS
ET EN SHORT
Quatrième partie : l’objectif de l’auteur
LA MISE EN ŒUVRE
(L’EXÉCUTION)
Aujourd’hui, je passe presque toute l’année sous le soleil de Phoenix, face à un golf. Et
quand il commence à faire trop chaud en Arizona, je vais dans ma maison de l’État de
New York au bord de l’océan Atlantique. En un mot, ma femme et moi vivons notre rêve.
Nous avons tenu la promesse que nous nous étions faite – nous retirer du monde
stressant des affaires avant nos 50 ans, puis aider les autres à faire la même chose.
LE CADRE DE L’ENTREPRENEUR
POUR LA VIE HORS SCRIPT (CEVHS)
La base du triangle du bas désigne votre « événement ras-le-bol » (ÉRLB)
et déclenche le processus pour une vie HORS SCRIPT. En remontant vers le
haut, on voit que chaque variable représente un élément du processus pour
une vie HORS SCRIPT. Dans le triangle juste au-dessus de votre ÉRLB,
figurent les « CBC » qui représentent les Croyances, Biais et Conneries sur
lesquels viendra se plaquer une nouvelle architecture mentale pour
neutraliser le système d’exploitation du SCRIPT. Les trois cercles qui se
chevauchent (diagramme de Venn) symbolisent l’entrepreneuriat, qui contient
trois ensembles de variables : AE, RÊ et EC. Le triangle du haut, les « 4D »,
représente les quatre disciplines pour une vie HORS SCRIPT. L’extrémité
supérieure de ce triangle constitue la vie après la mort du SCRIPT – ou
l’accomplissement de soi.
Si on le définit par une formule mathématique, le cadre ressemble donc à
ceci :
Le cadre pour une vie HORS SCRIPT = [CBC > (RÊ > AE > EC) > 4D] / ÉRLB
Formule que l’on lira de la manière suivante : CBC inter RÊ inter AE inter
EC inter 4D, divisé par ÉRLB. ÉRLB est une valeur booléenne : elle est soit
VRAIE (1), soit FAUSSE (0). Eh oui, un faux ÉRLB crée une division par 0. À
part donner des boutons aux mathématiciens, cela invalide également le
processus. Si vous n’avez jamais été bon en maths, ne vous inquiétez pas : on
n’ira pas plus loin. Quant à chacune des variables, nous les passerons en
revue dans les chapitres suivants. Pour ceux qui aiment les choses bien
ordonnées, le CEVHS est une progression en escalier à six paliers.
Abordez le monde en pensant que l’argent, c’est mal, et que tous les riches
ont menti et triché pour parvenir à s’enrichir, et vos actions refléteront ce
schéma de pensée, et soit vous ne ferez rien, soit vous n’obtiendrez aucun
résultat. En d’autres termes, celui que vous êtes à l’intérieur l’emporte sur
celui que vous êtes à l’extérieur.
Les microprocessus réécrits entraînent de véritables changements, si bien
que les macroprocessus peuvent suivre. Il faut les deux, et le CEVHS
contient les deux. De plus, j’ai fait attention à ce que tous les processus de ce
livre soient intemporels – leur effectivité aujourd’hui sera la même dans
dix ans.
Après votre événement ras-le-bol (ÉRLB), l’étape qui suit pour une vie
HORS SCRIPT consiste à s’attaquer à vos microprocessus – vos CBC :
Croyances, Biais et Conneries. Changez ce que vous avez dans la tête et
vous changerez vos résultats.
Nous sommes nombreux à traverser la vie en pensant que nous sommes les
artisans de notre volonté, que nous vivons d’une manière unique et brillante,
avec une raison d’être. Mais la vérité, c’est que c’est faux. En réalité, notre
cerveau recycle des actions impulsives et instinctives fondées sur nos CBC
préprogrammés. Ces croyances, ces biais et ces conneries maintiennent à flot
le système d’exploitation du SCRIPT en nous disant que penser, que dire et que
faire.
Votre vie est enlisée ? Les CBC sont les pelles qui creusent l’ornière. Vous
avez du mal à commencer ou à terminer ? Regardez par terre – vous vous
êtes pris les pieds dans vos CBC. Tant que vous ne reprogrammerez pas ces
blocs de code véreux, poursuivre la vie HORS SCRIPT ressemblera à rouler
avec quatre pneus à plat.
Fin 2011, les médias ont fait fermenter la puanteur qu’était le mouvement
Occupy Wall Street (OWS)1. Fondé par un groupe canadien
anticonsommation et anti-entreprises, le mouvement s’élevait contre les
inégalités sociales et économiques causées par la corruption, notamment le
corporatisme, le système bancaire et le gouvernement. Quand j’ai entendu
parler du mouvement, je me suis dit : anti-Wall Street ? Anticonsommation ?
Bon sang, mais ce sont des vertus de la vie HORS SCRIPT, voyons de quoi il
retourne !
Malheureusement, après avoir regardé de près leurs griefs favoris, à mon
avis ce n’était rien qu’une orgie de socialisme dans un parc infesté de
matières fécales, un rassemblement pour susciter l’apitoiement sur le sort
des paresseux, des inemployables et des déficients intellectuels. Bien sûr,
leurs problèmes n’étaient pas l’inégalité économique, mais la redistribution
de la richesse et l’obtention de quelque chose en échange de rien. Je suis
diplômé en littérature médiévale ! N’ai-je pas droit à un salaire de
250 000 dollars maintenant que j’ai mon diplôme ?
Ce qui est triste avec le mouvement Occupy, c’est qu’il aurait pu être
spécial – un mouvement de prise de conscience et de rébellion face au
SCRIPT. Au lieu de ça, c’est un ramassis de porte-parole marxistes qui ont
échoué en économie et en histoire du monde. Et malgré leur ridicule liste au
père Noël, digne d’un conte de fées, les médias leur ont érigé leur propre
tribune gravée dans l’or du SCRIPT.
Quoi qu’il en soit, OWS ne mérite pas que je parle davantage d’eux ; cela
dit, un point positif lié à leur mouvement mérite d’être mentionné : ils ont fait
passer leur slogan dans la langue vernaculaire du pays : « Nous sommes les
99 %. » Assurément ! Ce joli petit ratio 99/1 résume une vérité de la vie
HORS SCRIPT : une pensée commune à 99 % ne peut pas vous apporter les
résultats exceptionnels de 1 %. Laissez la foule penser pour vous et vous
vous retrouverez effectivement avec les mêmes résultats que la foule. Ce
lavage de cerveau systématique explique comment la médiocrité naît, vit,
puis est enterrée.
La vérité inconfortable, c’est que nos croyances ont été peintes et vernies
pendant des années avec un pinceau que nous ne nous sommes pas approprié.
Comme sur une chaise ancienne qui a été repeinte à de multiples reprises, la
décaper pour y appliquer une nouvelle couche n’est pas aussi facile qu’avoir
un livre dans une main et un verre de merlot dans l’autre.
Pour commencer, les vieilles croyances doivent être remises en question de
façon à éliminer un aveuglement dû à un manque d’attention. Une fois que les
graines de la méfiance sont plantées, elles peuvent se reproduire comme des
virus et reprogrammer les vieilles idées et les vieux schémas de pensée du
SCRIPT, et les remplacer par de nouvelles révélations et de nouvelles idées,
déclenchant par là même de nouvelles actions. Et une fois que les graines
prennent racine, votre système d’activation réticulaire (SAR) vous donnera
un coup de main.
Pour réécrire le système d’exploitation du SCRIPT, il faut exposer, puis
polariser ses huit croyances dichotomiques. Plus précisément, quand le
monde pense BLANC, vous pensez NOIR. Quand le monde ACHÈTE, vous
VENDEZ. Il s’agit de passer de l’équipe des éternels perdants, les 99 %, à
celle des éternels gagnants, le 1 %. Eh oui, c’est à peu près aussi difficile
que de jeter, pour un fan inconditionnel des Chicago Bears, son maillot
Ditka2 afin d’endosser celui des Packers3 du Wisconsin.
Comme les hyperréalités du SCRIPT, ces huit croyances dichotomiques sont
trompeuses par nature. Pour moi, ce sont ni plus ni moins des escroqueries.
Culturellement élaborées et universellement imposées, ces escroqueries
ritualisent les chemins de vie du SCRIPT (Voie lente/Trottoir), engendrant
99 % des résultats auxquels personne n’aspire. Exposez puis polarisez les
croyances dichotomiques, et soudain vos résultats pourront frayer avec ceux
du royaume du 1 % restant.
18
CROYANCE #1
L’ARNAQUE
DU RACCOURCI :
QUI DIT ORDINAIRE
N’IMPLIQUE PAS
EXTRAORDINAIRE
LA DICHOTOMIE :
ÉVÉNEMENTS (99 %) VS PROCESSUS (1 %)
Au cours d’une nuit blanche en 2015, j’ai finalement téléchargé Words with
Friends1, le célèbre jeu de Scrabble joué par des millions de gens.
Considérant que les « mots » sont mon moyen d’existence aujourd’hui, je me
suis dit que j’allais tenter. Après avoir subi défaite sur défaite de façon
écrasante, ça sentait le pourri. Mes adversaires semblaient parler
couramment génétique, biologie moléculaire et horticulture niveau doctorat.
On me sortait des mots comme « amitose », « auxine » et « zoé ». Après une
courte recherche en ligne, j’ai découvert la source de la pestilence : le jeu
est envahi de tricheurs.
Il s’avère qu’il existe de nombreuses applications qui donnent aux
« joueurs » (pour utiliser ce terme) le meilleur mot à jouer compte tenu des
différentes options. Après cette découverte, je ne pouvais que secouer la tête
de dégoût vis-à-vis de mes semblables.
Je partage avec vous cette histoire parce qu’elle illustre bien la paresse qui
ronge la société, à la fois mentalement et physiquement. Elle illustre
comment l’arnaque du raccourci liée à la dichotomie événement/processus
maintient des vies médiocres dans la médiocrité tout en étouffant
l’accomplissement et l’épanouissement personnels. L’arnaque du raccourci
est l’idée selon laquelle des résultats extraordinaires peuvent être obtenus
en découvrant un contournement secret ou une arme miracle, lesquelles
permettent de passer outre le vrai travail ardu qui crée en réalité les
résultats extraordinaires.
Ainsi, la plupart des infopublicités sont basées sur cette arnaque du
raccourci.
Vous ne tenez plus dans vos caleçons Calvin Klein ? Vous avez les
bourrelets qui dépassent de votre jean taille basse ? Pas de problème, voici
une gaine amincissante qui peut comprimer cet énorme bide que vous avez.
Vos amis penseront que vous avez perdu dix kilos en une nuit ! Ou mieux
encore, pourquoi s’ennuyer avec des gaines quand il y a la pilule brûle-
graisse XL-960 ! Peu importe le spectacle écœurant dans le cellier, à
commencer par cette réserve de biscuits Oreo. Rien ne peut résister à la
pilule brûle-graisse XL-960 ! Merde alors, en plus elle est approuvée par le
Dr Truc !
Et tant qu’on est sur le sujet, avez-vous remarqué comme, chaque année, il
y a un gourou de la diététique qui prétend avoir découvert un nouvel
« ingrédient secret » du tonnerre qui, en seulement quelques semaines, vous
fera perdre des décennies de négligence alimentaire et ressembler à un top-
modèle ? Et puis, une fois qu’on découvre que ça ne marche pas et que la
mode passe, on découvre l’année suivante un autre super ingrédient. Grain de
café ! Garcinia cambogia ! Urine de girafe !
Le même genre de jeu est appliqué à la réussite et à l’indépendance
financière. Il suffit que vous commandiez mon nouveau programme
incroyable de « secrets Internet » pour seulement trois versements de
39,95 dollars, et vous roulerez bientôt sur l’or. Mais attendez, ce n’est pas
tout. Agissez dès maintenant et vous aurez droit, en plus, à un site Web
gratuit ! Une fois que vous aurez lancé ce site Web prêt à l’emploi
véritablement prémâché, l’argent coulera à flots ! Mais attendez, ce n’est pas
tout ! Commandez dès aujourd’hui et vous aurez un mois gratuit d’accès
secret à notre hotline secrète gratuite avec nos super coachs secrets. Oh, pas
de soucis, ces « coachs » ne sont pas des types trouvés dans la rue et payés
au SMIC. Non, m’sieurs-dames, ce sont de véritables millionnaires qui ont
tellement de temps libre qu’ils sont désireux de passer huit heures par jour
dans un centre d’appel pour répondre aux fous qui y croient !
Oh ! et le raccourci que je préfère ? Ce sont les laboratoires
pharmaceutiques qui ne sont pas là pour guérir des maladies ; ils sont là pour
voiler les symptômes. Mince alors, j’ai tellement subi de pubs pour des
médicaments que je pense que les médicaments sur ordonnance sont le secret
transformationnel pour passer d’une existence sédentaire à une vie pleine
d’action. Dépression modérée à sévère ? Demandez à votre médecin de
l’Axapraxacoris : d’ici peu vous ferez du VTT en Italie et de la tyrolienne au
Costa Rica ! Effets secondaires ? Fuites anales, diarrhée, insuffisance
hépatique, palpitations cardiaques, AVC et parfois mort. C’est clair que le
produit marche : les gars qui font dans leur froc et meurent en faisant de
l’équitation viennent à bout de leur dépression.
Pour en revenir à mon histoire de Words with Friends, les implications de
l’arnaque du raccourci sont claires : mes adversaires ne cherchaient pas à
développer leurs compétences au jeu, leur vocabulaire ou leurs perceptions
visuelles (le macroprocessus). Au lieu de ça, l’arnaque du raccourci les
poussait à installer un programme de triche de façon à pouvoir crier victoire
sans effort (l’événement), tout en donnant la fausse impression qu’ils sont
brillants.
Pas étonnant. Les abeilles sont attirées par le miel comme le monde par les
raccourcis. Regardez partout autour de vous, Buzz l’Éclair, la promesse de
raccourcis, raccourcis, raccourcis. Ce gourou, la boîte pharmaceutique, ce
planificateur financier, ce chirurgien esthétique, le coach personnel – tout le
monde prétend détenir le raccourci secret qui vous permettra d’être plein aux
as, de perdre ce double menton, d’éliminer ce poids de grossesse, ou de
devenir instantanément un Casanova au lit. Vous n’avez qu’à payer et le
secret est à vous.
Nous vivons dans une culture des micro-ondes qui exige des résultats
rapides – pas la semaine prochaine, pas demain, pas après le petit déjeuner,
mais MAINTENANT. Nous voulons ce que nous voulons et nous le voulons
rapidement et facilement.
La vérité, c’est que beaucoup de gens qui lisent ce livre cherchent un
raccourci. Et quand ils auront découvert qu’il n’y a pas de raccourci apporté
sur un plateau d’argent, mais plutôt beaucoup de travail et des nuits
écourtées, ils enverront un tweet aux dix-sept personnes qui les suivent pour
dire que ce livre est nul.
Snif, snif, MJ ne m’a pas dit sur quel bouton simplement appuyer !
Dans cette histoire, les roses sont l’événement (la réussite) et la rivière
déchaînée est l’obstacle : les sacrifices, les efforts, et les échecs (le
processus). Les conseils (les outils) donnés montrent que ça n’a l’air ni
facile, ni amusant, ni rapide, alors l’aspirant entrepreneur se concentre sur
des choses qui n’ont rien à voir, à savoir une recherche continuelle de
raccourcis pour atteindre l’événement savoureux (donne-moi ton bateau,
donne-moi de l’argent), dont l’importance est justifiée par l’amour et la
passion. Et au bout du compte, le cornet de glace est la pseudo-action – elle
fait du bien maintenant ; elle ne sert pas à obtenir ce qu’on veut et elle
disparaît en quelques minutes.
POLARISEUR : LE PRINCIPE DE PROCESSUS
J’ai mis trois ans à écrire mon premier livre. Celui-ci pas loin de trois
également. Dans les deux cas, j’ai vraiment eu envie de laisser tomber. Bien
des fois. J’écrivais six chapitres, les lisais et les flanquais au broyeur. Je
levais les mains au ciel et pleurnichais comme un bébé parce que mon esprit
perfectionniste tranchait : c’était nul. Parfois, je postais mes frustrations sur
mon forum pour que tout le monde puisse voir que le processus, ce n’est pas
quelque chose de facile. Et chaque fois que mon anxiété bouillonnait, je la
mettais de côté et me réaffirmais que si c’était facile, ça n’en vaudrait pas
la peine.
Voilà ce qui se passe lorsque vous quittez l’idéalisme événementiel pour
adopter un principe de processus. La frustration et l’anxiété, même si elles
sont ressenties, sont étouffées. On se prépare à devoir affronter des choses
difficiles, et non quelque chose de facile. On s’attend à des obstacles et on
les surmonte. Et surtout… on fait les merdes qu’il y a à faire, même si ça
prend du temps. Voici neuf étapes qui vous aideront à vous orienter plutôt
vers l’idée de processus de la dichotomie événement/processus :
1. Vous avez une prise de conscience intelligente.
2. Vous modifiez vos attentes/réévaluez la difficulté.
3. Vous identifiez et visualisez la cible à changer.
4. Vous affectez un chiffre à votre objectif.
5. Vous segmentez votre objectif en actions quotidiennes.
6. Vous identifiez ce qui menace votre cible.
7. Vous identifiez le bon champ de bataille.
8. Vous attaquez vos mauvaises habitudes en les liant à quelque chose de
pénible.
9. Vous agissez jusqu’à obtenir un retour.
Désolé, mais vous avez déjà perdu avant même d’entrer dans la cuisine : la
bataille ne se joue pas dans la cuisine mais au supermarché. Dès le
moment où vous mettez ces cochonneries dans votre Caddie, vous avez perdu
la guerre. De même, si vous passez des heures à vous abrutir devant de la
téléréalité, la bataille ne se joue pas sur votre canapé avec la
télécommande ; elle se joue sur votre téléphone. Décrochez le téléphone et
annulez votre satané abonnement à toutes ces chaînes inutiles. Trompez-vous
de champ de bataille et vous vous retrouverez armé de bâtons et de pierres à
lutter contre un ennemi qui dispose d’un AR-15.
Ça fait à peu près un mois que j’utilise cette appli, et je suis devenu instantanément l’un
des meilleurs joueurs de mon groupe !
Quasiment tous mes amis me battent à plate couture. Alors avoir cette appli, ou
n’importe quoi du genre que je puisse utiliser pour rééquilibrer un peu les chances, ça
me rend vraiment heureux8.
Eh oui, ce sont de véritables commentaires postés à propos de
l’application de triche. Je me demande combien de félicitations fixes ces
joueurs ont reçues quand ils étaient enfants. Maman a dit que j’étais un génie.
Maîtresse a dit que j’étais spécial ! Et maintenant que le monde réel a mis au
jour le mensonge, ce n’est pas la peine de se tuer au travail pour surmonter
les difficultés, c’est mieux de tricher. Remarquez les mots utilisés aussi :
« meilleurs joueurs » et « rééquilibrer un peu les chances ». Euh, non. Vous
n’êtes pas le meilleur joueur et vous n’avez même pas rééquilibré les
chances – vous avez triché, bon sang.
Les gens qui ont un état d’esprit fixe ne passent pas de temps à améliorer
ou à développer leurs compétences ; ils préfèrent faire en sorte de
démontrer, de trouver, ou de prouver leur talent ou leur intelligence.
(Quelqu’un veut faire un commentaire ?) Et dans bien des cas, comme dans
mon exemple de Words with Friends, de cacher le fait qu’ils n’en ont pas.
Les critiques ? Elles ne sont pas essentielles, on les rejette. Les obstacles ?
On les évite. Dans les faits, lorsqu’on présente une erreur à un état d’esprit
fixe, leur activité cérébrale est virtuellement morte, alors que le cerveau de
ceux qui s’épanouissent face aux difficultés bouillonne. Et la réussite des
autres ? C’est là qu’on entend des âneries du type « de la chance » ou bien
« il connaissait les bonnes personnes ».
La réalité, c’est qu’un état d’esprit fixe détruit la capacité à faire face de
nos jeunes. Quel que soit le nom qu’on lui donne, la « construction de
l’estime de soi » ne construit rien mais mutile les rêves, créant de fragiles
bambins qui ne peuvent faire face aux dures réalités de la vie. Il n’y a qu’à
voir ce qui s’est passé après l’élection présidentielle de Donald Trump en
2016. Après sa victoire, des milliers de gens sont descendus dans la rue pour
geindre, pleurnicher et manifester. Des professeurs ont annulé des examens.
Partout dans le pays, les campus universitaires ont offert aux étudiants une
aide psychologique gratuite, des chiens de thérapie et de la pâte à modeler.
Bruce Tulgan, l’auteur de Not Everyone Gets a Trophy9 (que je vous
recommande), mentionne les faiblesses de la génération des millennials
telles qu’elles sont vécues par les employeurs d’aujourd’hui, et il raconte la
vision d’un employeur qui a dit : « C’est très difficile de leur faire un retour
négatif sans anéantir leur ego… Ils arrivent en pensant qu’ils en savent plus
que ce qu’ils savent10. » Une fois qu’ils prennent conscience que, eh non, ce
n’est pas parce que tu t’es pointé que tu es spécial – être spécial, ça se
mérite –, alors ils sont anéantis.
DICHOTOMIE :
CONSOMMATEUR (99 %) VS PRODUCTEUR (1 %)
Un jour où j’allais à la décharge municipale, j’ai garé mon camion devant un
tas d’ordures et j’ai regardé. Alors que je méditais sur ce tas de déchets haut
comme un immeuble qu’on aurait démoli, j’ai été frappé par l’idée que tout
ce qui était dans cette masse gigantesque d’objets enchevêtrés avait été neuf
un jour. À la pointe du progrès. Un objet de convoitise. Il y avait des grilles
de barbecue, des vélos, des jouets, du matériel de jardinage, des fourneaux,
des cadres, des casiers à vin ; c’était un cimetière pour désirs du passé, un
amoncellement de ferraille et de vieux produits de consommation. Et puis
une pensée m’est venue : un jour, quelqu’un a ouvert son porte-monnaie, sorti
sa carte bancaire pour acheter ces trucs. Et maintenant ils gisent là,
camelotes sans valeur, alors que la dette pour les payer perdure sans doute.
L’hyperréalité du consumérisme a des conséquences. Derrière les dettes et
la décharge, ces conséquences sont dues à l’image fausse donnée par
l’arnaque de la consommation – croyance selon laquelle le consumérisme
est perçu comme strictement indépendant de la production. Je m’explique :
on lie rarement notre consommation à la nécessité de production égale ou
équivalente et au temps qu’il a fallu pour la produire.
La déconnexion cognitive de l’arnaque de la consommation commence dès
notre enfance. Petits, nous sommes programmés pour associer consommation
et émotions, que ce soit l’amusement, la joie ou un état particulier. Au fil des
années, nous harcelons nos parents pour avoir des jouets et autres objets
d’amusement. Sous ces désirs innocents se forge une malheureuse connexion
neuronale : l’idée que les « choses » peuvent déclencher des émotions
positives sans conséquence. Et parce que ce sont nos parents qui paient la
note, de telles connexions mentales ont un coût destructeur : il n’y a pas de
corrélation entre consommation et production.
Dans le grand classique A Christmas Story1, Ralphie cherche par tous les
moyens à avoir la carabine à double action de Red Ryder. Pour Ralphie,
cette carabine représente beaucoup de choses : le bonheur, l’épanouissement,
l’entrée dans l’âge adulte avec ses responsabilités, et même le rejet de
l’autorité (« Tu te crèveras un œil ! »). Comme Ralphie pour la carabine à
double action, les adultes attachent la même ferveur aux objets de leur désir.
Si j’achète cette voiture, j’aurai l’impression que « j’y suis arrivé ! ». Ce sac
à main me donne le sentiment d’être nantie et d’avoir la classe ! S’il n’y a
aucun mal à vouloir posséder une Porsche tout en étant vêtu d’Armani, ce qui
se perd en fin de compte dans ces désirs, c’est la production. Pour être
précis, quel est le véritable coût en termes d’endettement pour posséder ces
choses ? De rations de vie ? Est-ce que cette mignonne petite maison de
banlieue avec ses quatre chambres et ses remboursements étalés sur
trente ans prendra réellement trente ans à être totalement payée ?
D’après une étude de l’Urban Institute, 35 % des Américains sont en retard
pour le paiement d’au moins une de leurs dettes. Plus d’une personne sur
trois doit de l’argent, ou sera défaillante dans son remboursement. En fait,
d’après un sondage de CreditCards.com, plus de 18 % des gens qui sont
endettés n’ont nulle intention de jamais rembourser ce qu’ils doivent2. Non,
m’sieurs-dames, ils traîneront ça jusque dans la tombe.
Derrière cette folie américaine se cache l’arnaque du consommateur – la
notion que la consommation est clairement inconditionnelle et qu’elle n’a
aucune corrélation avec la production. Les gens vivent et travaillent pour
consommer aujourd’hui et n’accordent aucune importance à demain.
En 2008, des millions de maisons ont été saisies parce que les acheteurs se
contrefichaient d’acheter avec de l’argent qu’ils n’avaient pas gagné une
maison qui était au-dessus de leurs moyens. Dans le même ordre d’idées, je
vois l’arnaque du consommateur et ses acheteurs qui échangent leur
enthousiasme enflammé sur des forums de voitures exotiques. Ces gens
claquent tout leur argent pour s’acheter une voiture de sport qui coûte les
yeux de la tête mais n’ont plus de quoi se payer l’entretien de routine,
l’assurance et l’essence, hilarant. Euh… vous ne saviez pas que l’embrayage
d’une Lamborghini coûte 12 000 dollars ? Sans blague ! Mais bon, au moins
quand vous roulez, vous en jetez plein la vue.
Oh, et la prochaine fois que vous vous sentez déplacé au volant de votre
vieux tas de ferraille alors que vous êtes doublé par une Mustang racée,
relax ! Il y a des chances pour que ce conducteur ne soit pas aussi stylé (ou
intelligent) que vous le pensez. Près de 85 % des voitures sur la route sont
achetées à crédit3. Eh oui, cette Audi est assortie de remboursements
ridicules. Non seulement ça, mais le prêt moyen s’étale aujourd’hui sur plus
de 65 mois – plus de cinq ans ! Ce qui veut dire ? Les gens paient plus pour
leur voiture que ce qu’ils peuvent se permettre. Alors, la prochaine fois que
vous serez coincé dans les embouteillages au milieu de voitures neuves,
repensez à ces chiffres : 85 % et 65 mois. Ce ne sont pas des gagnants de la
vie, mais des victimes de l’arnaque du consommateur.
Le SCRIPT est écrit dans la langue du consumérisme et lié à une production
aliénante. Prenez un billet de 1 dollar et regardez-le bien. La différence entre
une vie d’esclavage salarié et la liberté est intimement liée à cette petite
hyperréalité de papier et à sa relation avec son acolyte, la consommation.
L’arnaque du consommateur est LA RAISON POUR LAQUELLE l’autoroute est
bouchée le lundi à sept heures du matin. C’est LA RAISON POUR LAQUELLE les
gens n’ont pas de choix. Et c’est LA RAISON POUR LAQUELLE les gens sont
asservis jusqu’à leur mort – du moins tant qu’ils continueront à être des
consommateurs avant d’être des producteurs.
Le plus grand impact de l’arnaque du consommateur est sur le Trottoir dans
le système d’exploitation du SCRIPT. La relation déformée entre la
consommation et la production explique pourquoi certaines personnes, même
celles qui semblent nanties, ne sont qu’à deux doigts de l’insolvabilité.
Kanye West a, paraît-il, 53 millions de dollars de dettes et il envoie des
tweets à Mark Zuckerberg pour que celui-ci l’aide financièrement. Le
rappeur 50 Cent a déclaré faillite. Comment de telles célébrités fortunées
peuvent-elles finir fauchées ? À cause de l’arnaque de la consommation, qui
réduit la production à néant. Les gros cachets et les énormes bénéfices
commerciaux ne peuvent rivaliser avec le consommateur accompli : il lui
faut chaque pièce gagnée, et même, vive le crédit, plus que chaque pièce.
Essayez de voir les choses de la manière suivante. L’endettement, le fait
de dépenser plus que ce que l’on gagne, c’est lorsque la consommation
dépasse la production. Ce n’est pas de l’argent dû ; c’est un déficit de
production.
ENDETTEMENT = PRODUCTION – CONSOMMATION
Si vous avez une valeur nette négative de 500 000 dollars, vous avez
effectivement consommé pour 500 000 dollars de plus que vous n’avez
produit. Par la dette, vous vous engagez à une production future.
L’endettement vous oblige à un travail futur – même si vous n’arrivez pas
à trouver de travail.
Prenons l’exemple d’Antoine Walker, joueur de basket de la NBA qui a
gagné plus de 110 millions de dollars au cours de ses dix ans de carrière.
Pourtant, malgré cet impressionnant niveau de production, il s’est quand
même fait rattraper par sa consommation. D’après une histoire relatée sur
Yahoo Finance, Antoine a dépensé ses millions dans des propriétés de luxe
pour des membres de sa famille, des voitures exotiques (Bentley, Maybach,
BMW), des cadeaux et des vacances de luxe pour son entourage et même la
plus chic garde-robe de grand couturier que l’argent puisse acheter. Purée, il
consommait de manière tellement irresponsable qu’il ne portait pas deux fois
le même costume de grand couturier. Quand la crise de l’immobilier a touché
ses investissements, ça a été la fin de la fête. Sans filet de sécurité, Walker a
déclaré faillite en 2010. Plus de 110 millions partis en fumée pour des
« choses » – pour finir, il a consommé 8 millions de plus qu’il n’a produit4.
Je suis au regret de le dire, mais M. Walker a gagné comme 1 % de la
population et consommé à la manière des autres 99 %. Il a produit avec
succès dans un domaine d’activité pointu où la demande est exigeante, mais
il avait une soif intarissable de consommation qui a fini par dépasser sa
production elle-même. Au bout du compte, cela lui a coûté sa bague de
champion de la NBA et, ce qui est plus grave, sa capacité à vivre
définitivement HORS SCRIPT.
Les gagnants du loto et les sportifs professionnels qui dépensent trop et font
faillite sont symptomatiques du problème sous-jacent d’un état d’esprit dicté par le
SCRIPT et ancré dans la CONSOMMATION .
POLARISEUR : PRODUCTEURISME
Quelles sont les conséquences de l’arnaque du consommateur et de
l’endettement sur votre vie ? Pouvez-vous abandonner votre travail et
poursuivre votre rêve ? Le train-train quotidien a-t-il négativement affecté
votre santé ? Chaque fois que vous entendez une histoire où quelqu’un est
passé de la richesse à la misère, comme dans le cas d’Antoine Walker,
examinez-la sous l’angle de la dichotomie consommateur/producteur. Faites
attention à la façon dont le poids de la consommation peut déséquilibrer de
manière permanente celui de la production.
Si j’examinais les libertés que j’ai eues dans ma vie, c’est grâce à une
vérité : j’ai rejeté le consumérisme et touché le point G entrepreneurial en
honorant la production à travers le producteurisme. La production écrase la
consommation. Disproportion plutôt qu’équilibre. Et c’est pour ça que je
n’ai pas de dettes. C’est pour ça que je possède ma maison franche et quitte
de toute charge. Et c’est pour ça que je possède ce qu’il y a de plus
précieux : mon temps. Grâce au producteurisme, je profite également de
luxes matériels non négligeables : je peux m’acheter toutes les voitures
exotiques que je veux, je dîne dans de grands restaurants, j’ai les meilleures
places pour voir le Cirque du soleil et je voyage toujours en première classe.
Et je suis loin de me priver comme ce qui est régulièrement prôné sur
certains sites et dans des magazines sur les finances personnelles.
Le producteurisme respecte la relation bilatérale qui existe entre la
consommation et la production. Si vous voulez vivre bien, produisez bien.
Plus ce que vous produisez a de valeur pour la société, plus votre maison
sera grosse, votre voiture rapide et votre steak tendre. Autrement dit :
arrêtez de chercher ce que vous pouvez prendre et commencez à chercher
ce que vous pouvez donner.
Comme bien des croyances qui tournent le dos au SCRIPT, se réorienter
comme producteur exige un changement de polarisation. Attendez-vous
d’abord à voir vos efforts d’entrepreneur produire bien plus que vous ne
consommerez. Je vous montrerai comment plus loin dans ce livre.
Ensuite, pour passer de consommateur à producteur, vous devez vous
comporter comme tel. Cela signifie :
• Vous menez le troupeau au lieu de le suivre.
• Vous ouvrez de nouvelles voies au lieu de tasser celles qui ont déjà été bien
battues.
• Vous créez et vendez des franchises au lieu de les acheter.
• Vous touchez des loyers ou des royalties au lieu de les payer.
• Vous prêtez au lieu d’emprunter.
• Vous créez et vendez une marque au lieu d’en acheter une.
• Vous engagez des employés au lieu de chercher à vous faire employer.
• Vous vendez des produits dont on parle dans les infopublicités du soir au
lieu de les acheter.
• Le jour du Black Friday, vous êtes celui qui vend, pas celui qui achète.
En tant que producteur, tout est inversé. Ce ne sont pas les producteurs qui
claquent de l’argent sur la dernière tendance du moment ; ce sont eux qui
lancent la dernière tendance et en tirent profit.
Enfin, en tant que membre d’une équipe, mettez-vous constamment dans la
peau d’un patron d’entreprise. Vous regardez une infopublicité ? Pensez au
processus qui a permis de passer de l’idée au processus pour finir par en
arriver là. Cette publicité vous a-t-elle donné envie d’acheter ? Vous a-t-elle
agacé ? Si vous étiez propriétaire de ce produit, qu’auriez-vous fait
différemment ? La prochaine fois que vous achetez quelque chose,
réfléchissez à pourquoi vous l’achetez. Est-ce l’idée de rareté vendue par la
publicité elle-même ? Les photos ? Les super commentaires de clients ?
Votre échange avec le service clients ? Le produit était-il livré selon le
principe « essayez avant d’acheter » ?
Le producteurisme, c’est être un étudiant à vie de la production. Réglez
votre système d’activation réticulaire (SAR) pour voir ce que personne
d’autre ne peut voir. Et vite vous ferez ce que personne d’autre ne peut faire.
L’argent n’a pas de cerveau mais ses possesseurs si. C’est pourquoi l’argent
réagit indirectement à un stimulus associé à la valeur, mais il peut également
avoir des biais et des préjugés.
Une vie n’est pas importante excepté pour l’impact qu’elle a sur d’autres vies.
JACKIE ROBINSON , ancien joueur de baseball américain
Il était une fois un vieil homme qui avait un vœu. Il pria Dieu de lui donner la chance,
avant de mourir, de voir la différence entre le paradis et l’enfer. Un soir, un ange se
présenta au chevet du vieil homme et lui accorda son vœu. L’ange mit un bandeau
autour des yeux de l’homme et dit : « D’abord, tu vas voir l’enfer. »
Le vieil homme ressentit une apesanteur passagère puis l’ange lui retira son bandeau.
Le vieil homme se retrouva dans une salle à manger immense avec de grandes tables
rondes parées d’or. Sur chaque table, on pouvait voir un amoncellement des mets les
plus délicieux : fruits, légumes, pains, fromages, viandes, desserts – tout ce qu’on peut
imaginer se trouvait là, merveilleusement préparé. L’homme avait l’eau à la bouche de
voir tout cela, et les arômes lui montaient à la tête.
Cependant, le vieil homme remarqua que tous les gens qui étaient assis à ces tables
avaient l’air maladifs, le visage émacié et morose, empreint de frustration. Chaque
convive disposait d’une longue cuillère. Ces cuillères devaient mesurer plus d’un mètre.
Si ces gens voués à l’enfer pouvaient atteindre tous les mets tentants qu’ils voulaient, ils
ne pouvaient les approcher de leur bouche parce que les cuillères étaient trop longues.
Ces habitants de l’enfer étaient dans un état permanent de supplice, mourant de faim et
désespérés de pouvoir goûter ce qui était seulement à quelques centimètres d’eux.
Écœuré, le vieil homme s’écria : « Par pitié, arrêtez – emmenez-moi au paradis. »
Alors, l’homme eut à nouveau les yeux bandés. « Maintenant, tu vas découvrir le
paradis », dit l’ange. Après une apesanteur familière, on lui retira à nouveau son
bandeau. Le vieil homme se sentit perplexe. C’était comme s’il n’était jamais parti. Il se
trouvait à nouveau dans une immense salle à manger avec les mêmes tables rondes
sur lesquelles s’amoncelait la même prodigalité culinaire. Et exactement comme en
enfer, il vit que ces gens disposaient aussi de longues cuillères qui les empêchaient de
se nourrir. Mais en y regardant de plus près, il remarqua que les gens de ce réfectoire
étaient bien en chair, enjoués et souriants. L’air résonnait de leurs rires et de leur joie.
Alors qu’il parcourait le réfectoire du regard pour comprendre d’où venait l’allégresse
ambiante, la différence entre le paradis et l’enfer le frappa d’un seul coup : les gens qui
étaient au paradis utilisaient ces longues cuillères pour se nourrir les uns les autres.
La façon dont nous gérons notre égoïsme détermine si nous opérons notre
business dans les eaux troubles de la triche sur la valeur ou sous les cieux
ensoleillés de la vraie valeur.
Votre relation à l’argent est définie selon l’une des trois identités monétaires
suivantes : 1) la traque à l’argent, 2) la triche sur la valeur, ou 3) les chèques-valeur.
Quelle est la vôtre ?
23
CROYANCE #6
L’ARNAQUE DE LA
CHANCE : IL N’Y A QUE
CEUX QUI JOUENT
QUI PEUVENT GAGNER
DICHOTOMIE :
LA CHANCE (99 %) VS LA PROBABILITÉ (1 %)
La chance. Derrière le credo superstitieux des perdants, des rêveurs et de
ceux qui ne font rien, il y a l’arnaque de la chance – la croyance que tout ce
qui arrive dans la vie, que ce soit positif ou négatif, est avant tout une
question de pur hasard. Si ce n’est du hasard, il y a une fée bipolaire
shootée au Prozac qui supervise la répartition de la chance dans l’univers,
arbitre mystique qui, sur coup de tête, décide qui reçoit la fortune et qui
n’aura droit à rien.
Si je ne prête pas attention aux gens qui me détestent, il m’arrive de tomber
sur leurs bêtises. Forgés sur le Trottoir, ils ont un thème commun qui revient
dans leurs opinions hallucinogènes : la chance. MJ a eu de la chance ! Et
vous savez quoi ? Ils ont raison.
À dire vrai, ça fait vingt ans que je connais ce curieux phénomène de « la
chance ».
Ainsi, j’ai eu de la chance quand j’ai choisi d’étudier quand j’étais à
l’université plutôt que me défoncer tous les week-ends comme mes copains.
J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de ne pas prendre un emploi dans une
entreprise après l’université et de me concentrer plutôt sur l’entrepreneuriat.
J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de me lancer, puis d’échouer, dans
l’industrie des compléments alimentaires, des bijoux, puis des hypothèques.
J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de me lancer, puis d’échouer, dans
quatre programmes de marketing de réseau. J’ai eu de la chance quand j’ai
choisi de persévérer dans mes rêves d’entrepreneur malgré trois échecs
commerciaux supplémentaires par la suite. J’ai eu de la chance quand j’ai
choisi de ravaler mon ego et d’accepter des boulots nuls plus appropriés à
un élève qui aurait abandonné l’école : livreur de pizzas, de fleurs, de
journaux, tout ça pendant que mes copains avaient de confortables emplois
en entreprise. J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de travailler comme
chauffeur de limousine parce que peut-être un jour, sait-on jamais, j’aimerais
avoir un business de limousines. J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de
lire des livres sur les technologies Internet émergentes pendant que je faisais
le poireau dans des aéroports, à des mariages ou devant des bars. J’ai eu de
la chance quand j’ai choisi de faire quelque chose quand j’ai repéré un
besoin dans l’industrie des limousines. J’ai eu de la chance quand j’ai choisi
de travailler sur ce business tous les jours plutôt que de faire la fête ou de
me noyer dans des rediffusions de Seinfeld. J’ai eu de la chance quand j’ai
choisi de gagner une négociation pour un grand nom de domaine (URL) à une
époque où les URL premium se vendaient pour des sommes à six ou sept
chiffres. J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de vendre ma société, en
2001, à une start-up de la Silicon Valley. J’ai eu de la chance quand j’ai
choisi de racheter ma société pour une bouchée de pain lors de l’éclatement
de la bulle Internet, me disant que les financiers surestimaient la peur
irrationnelle qui étouffait les marchés. J’ai eu de la chance quand j’ai choisi
non seulement de survivre à la crise technologique, mais de prospérer. J’ai
eu de la chance quand j’ai choisi de faire exploser mes bénéfices tout en
minimisant les dépenses et les frais généraux des employés, ce qui m’a
donné plus de soixante mois d’affilée de profitabilité, à raison de sept
chiffres par an presque chaque fois. J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de
placer l’essentiel de ce que j’avais gagné dans des actifs sûrs, qui
rapportaient plus que l’inflation, plutôt que de les investir dans des actifs
risqués très médiatisés. J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de vendre des
biens immobiliers juste avant la crise du marché immobilier, alors que tout
le monde – y compris la National Association of Realtors1 – disait : « C’est
le moment d’acheter. » J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de vendre (à
nouveau) mon entreprise, en 2007, à une société d’investissement privé pour
plusieurs millions de dollars. J’ai eu de la chance quand j’ai choisi de créer
un forum sur l’entrepreneuriat, avec près d’un million de pages vues par
mois, parce que, vous savez, créer une énorme communauté, c’est aussi
facile que d’avaler une pilule – téléchargez le logiciel et badaboum : trafic,
utilisateurs et engagement.
Je pourrais continuer comme ça sur encore cinq pages sur la vente de
livres pour des millions de dollars, des décisions d’investissement, des
choix en matière de santé, etc. Mais j’espère que vous avez remarqué une
tendance dans ma diatribe, et ce n’était pas une série de gros coups de bol :
j’ai eu de la chance quand j’ai choisi, puis agi. Puis continué d’agir.
Si vous croyez que vous n’avez pas de chance, je n’ai aucun doute : vous
n’avez pas de chance. Au lieu de voir le lien entre l’action et une probabilité
incommensurable, vous voyez un génie cosmique qui tire les ficelles de la
chance. Vous n’aurez jamais de chance si vous ne déplacez pas la
probabilité en votre faveur. En fait, le mysticisme de la chance est une autre
hyperréalité, une ombre vue comme réelle quand elle est projetée par la
probabilité statistique. L’idée maîtresse de ce concept si rejeté du
déplacement de la probabilité ? C’est à vous de la déplacer. Vous devez
choisir, agir, et recommencer. Ah, revoilà le principe de processus. À
nouveau.
Alors, pour être sûr qu’on parle bien de la même chose, quand je dis
« chance », je ne parle pas des gens qui ont eu un mauvais départ dans la vie.
Si vous pensez que c’est votre cas, je suis désolé ; ce n’est probablement pas
vrai. Avoir un mauvais départ dans la vie, c’est être né dans un pays du tiers-
monde sans éducation, hygiène ou eau potable. Avoir un mauvais départ dans
la vie, c’est être né dans un État tyran où on vous jetterait au goulag parce
que vous lisez Non au script. Avoir un mauvais départ dans la vie, c’est être
né avec une maladie débilitante, comme la mucoviscidose ou une infirmité
motrice cérébrale. Ce qui est triste, c’est que la plupart des gens pensent
qu’ils ont eu un mauvais départ dans la vie quand, en fait, ils ont eu l’un des
meilleurs départs qui soient au monde. Si vous êtes né en Amérique ou dans
une autre démocratie industrialisée, bravo ; on vous a distribué une paire de
rois2.
Si vous lisez ce livre, vous êtes plutôt riche par rapport aux normes
mondiales. Vous avez probablement aussi de multiples téléviseurs,
chaussures, appareils électroniques, et plus d’une chemise par semaine. Si
vous aviez les moyens d’acheter ce livre (merci) ou de le voler (voleur),
dans les deux cas vous avez beaucoup de chance. Vous avez la liberté de
choisir. Vous pouvez voir, lire, et faire des recherches sur Internet. Et cerise
sur le gâteau : vous n’êtes pas en train de mourir de faim ni à la rue parce
que vous pouvez vous réaliser à travers un livre. Vous voyez, vous êtes un
sacré veinard, tout comme moi.
Tester sa chance
Pour disperser le nuage qui fait de l’ombre à la chance, essayez cette
expérience. Et soyez honnête.
Choisissez pile ou face. Le gagnant gagne un sourire et une tape dans le
dos. Prêt ?
C’est pile.
C’est ce que vous aviez choisi ? Si c’est le cas, prenez le temps de
réfléchir à la justesse de votre prédiction. Diriez-vous à présent que vous
« avez de la chance » ? Et si vous aviez choisi face, penseriez-vous soudain
que vous n’avez pas de chance dans la vie ? Probablement ni l’un ni l’autre
parce que vous connaissez la probabilité ; à pile ou face, c’est fifty-fifty, on a
autant de chances de perdre que de gagner.
Maintenant, passons à la vitesse supérieure.
Et si en jouant à pile ou face, vous pouviez gagner 10 millions de dollars ?
Soudain on parlerait peut-être de chance ici simplement parce que les
conséquences sont importantes. Et pourtant les statistiques sont toujours les
mêmes. Qu’est-ce qui change ? Votre perception. Dans sa pureté, c’est
l’essence de la probabilité. Quand le chaos de la vie s’en mêle, la
probabilité devient obscurcie et les explications superstitieuses ont plus
tendance à apparaître.
Allons plus loin.
Et si vous aviez DIX chances de tomber juste, pour gagner les 10 millions ?
Continueriez-vous à tenter le coup ? Ou vous vous arrêteriez en disant : « Eh,
je ne suis pas du genre à avoir de la chance. » Voyez-vous, pour déplacer la
probabilité, il faut tenter sa chance. On a 50 % de chance de tomber sur face
quand on joue à pile ou face, mais quand on joue dix fois, cette probabilité
monte à 99,4 %. Cela signifie que ce n’est pas parce que personne n’a fait de
commentaire sur le super article que vous avez posté sur votre blog que le
jeu s’arrête. Ce n’est pas parce que votre invention n’a pas trouvé de
financement ou que les 2 000 dollars partis en fumée pour des publicités sur
Facebook n’ont apporté aucune vente que vous devez creuser votre tombe.
Continuez à tenter votre chance, bon sang !
L’arnaque de la chance handicape votre pouvoir personnel. Votre
motivation s’anémie. Si vous croyez qu’il existe une force karmique
mythique qui s’oppose à votre volonté, vous vous trouverez plein d’excuses
bidon. Sérieusement, pourquoi essayer si on est la personne la moins
chanceuse du monde ? Quand cela arrive, la probabilité n’est pas déplacée
et, c’est vrai… vous n’avez pas de chance.
Le psychologue Richard Wiseman de l’université du Hertfordshire, auteur
de 59 secondes pour prendre les bonnes décisions (que je vous
recommande) et fondateur de « l’école de la chance », a étudié la chance
pendant des années. « Les gens qui n’ont pas de chance n’ont quasiment
aucune idée des causes réelles de leur bonne ou mauvaise fortune, leurs
pensées et leur comportement y ont une grande part de responsabilité. » Il
continue plus loin : « La chance – ou la malchance – n’est que ce que vous
appelez les conséquences de l’interaction consciente d’un être humain avec
le hasard, et certaines personnes sont meilleures que d’autres pour interagir
avec le hasard3. » Alors, comment déplace-t-on les probabilités ? Vous
modifiez votre univers statistique.
Eh, mon cousin s’est fait 100 000 dollars sur le marché de
l’immobilier l’an dernier avec des prêts in fine. Je vais faire pareil !
(Euh, mais il n’est pas chauffeur de bus, ton cousin ?)
Eh, ce restaurant de Las Vegas est un super investissement. Ce type-
là si célèbre a investi ; et Untel et Untel aussi. Tu devrais en faire
autant ! (Ça fait beaucoup de risques par rapport au rendement, non ?)
Contrairement à l’argent, la chance n’a pas de cerveau, elle n’est pas rancunière
et n’a pas de préjugés. Elle ne fait que réagir aux probabilités mathématiques
d’un stimulus appliqué.
Dans votre vie aujourd’hui, quels sont les comportements, les actions ou les
inactions qui handicapent les probabilités et musellent vos chances ?
24
CROYANCE #7
L’ARNAQUE
DE LA FRUGALITÉ :
VIVEZ PAUVRE,
MOUREZ RICHE
L’objectif principal de la Bourse est de rendre idiots autant d’hommes que possible.
BERNARD BARUCH , hommes d’affaires américain
Et puis ça vous saute aux yeux. Ils sont possédés par l’arnaque de la
frugalité – ils sont ridiculement obsédés par l’argent, les bons de réduction et
le sens de l’économie, mais ils dilapident le temps. Des Gollum sur la
défensive. Ce sont ceux qui vont demander au caissier du supermarché de
vérifier que les bananes ne sont pas 35 cents moins chères que ce qu’il a
tapé, ce qui leur vole sept minutes de vie qu’ils ne récupéreront jamais.
Ou pire, certains articles sur des « survivants » sont des canulars.
En octobre 2014, Yahoo Finance a fait paraître un article sur un
millionnaire de 27 ans (du nom d’Anton), qui clamait l’arnaque de l’intérêt
composé. Après avoir lu l’histoire et les chiffres à la hâte, j’ai
immédiatement pensé qu’il y avait quelque chose de louche. Je connais les
revenus et les retours sur investissement, mais rien à faire : ces chiffres ne
collaient pas. J’ai exprimé mon scepticisme sur mon forum. Une semaine
plus tard, mes soupçons étaient confirmés : l’histoire était contrefaite, et
« Anton » avait acquis l’essentiel de sa richesse par héritage et non via des
investissements sur le marché.
Grâce au biais du survivant, on ne vous donne pas la vraie histoire. Ce que
vous ne pourrez pas lire, ce sont les échecs financiers. Vous n’entendrez pas
parler de Ted, qui a perdu la moitié de ses économies dans le krach boursier
de 2008. Vous n’entendrez pas parler de Martha, qui a perdu sa pension à
cause d’une mauvaise gestion financière. Vous n’entendrez pas parler
d’Harold, qui a fait confiance à l’entourloupe de l’intérêt composé pendant
trente-deux ans et est mort à 52 ans seulement, et n’a donc jamais profité des
fruits de son épargne scrupuleuse – encore un mort qui voulait être riche en
argent mais sera resté pauvre en expérience.
Voyez-vous, le biais du survivant mettra toujours en valeur les réussites
tout en enterrant les échecs. Il met en avant les quelques-uns qui gagnent et
ignorent les autres. Les statistiques de ceux qui échouent ? Bonne chance
pour les trouver. Et si on cherchait de telles statistiques, qui les
financeraient ? Le gouvernement ? Vanguard ? JP Morgan Chase ? Non,
m’sieurs-dames. La vérité ne maintient pas en esclavage les esclaves du
SCRIPT.
Et puis il y a les parties intéressées à l’intérêt composé ; les gens qui
vendent plus de contes de fées que Disney. Il s’avère que ces hypocrites de
la finance ne sont pas riches à cause de l’intérêt composé, mais ils sont
riches parce qu’ils l’enseignent. Par le biais de livres à succès qui relatent
des « survivants », d’émissions de radio qui sont payées pour ça, et de
produits financiers assortis de mesures incitatives, les gourous de la finance
se font des millions en propageant l’arnaque.
En 2015, Tony Robbins a publié le livre L’Argent : l’art de le maîtriser.
Avant que j’achète le livre, ma boîte de réception explosait d’e-mails de
gens qui fulminaient sur le fait que son nouveau livre sentait la conspiration
pour l’intérêt composé à plein nez. Du génial coach motivationnel qu’il était,
Tony était apparemment devenu un autre compère de Wall Street. Il suffit
d’une once d’intelligence pour savoir que M. Robbins a amassé une fortune
en vendant des livres et des séminaires à prix élevé, pas des fonds communs
de placement. Ce livre pouvait-il vraiment être un « piège » ? Un outil pour
faire trébucher les idolâtres aux étoiles plein les yeux dans un entonnoir de
ventes, qui génère des millions en frais de gestion, parrainages, séminaires
ou n’importe quoi qui coûte cher ? La duplicité a coûté un fan à Tony, mais je
doute que ça le préoccupe. Quant au livre, des lecteurs m’ont dit de l’éviter,
ce qui m’a épargné la douleur de me crever les yeux avec un pic à glace.
Enfin, le fait de croire à l’intérêt composé ignore la chose la plus
importante qui soit : la jeunesse et l’abondance. De mémoire d’économiste,
il n’y a pas une seule personne qui soit passée de 0 à 50 millions de dollars
en dix ans pour avoir investi dans le S&P 500. Avez-vous jamais entendu
l’histoire du milliardaire de 30 ans qui s’est enrichi en découpant des bons
de réduction et en investissant dans des fonds communs de placement ? Ha,
non m’sieurs-dames, moi non plus. Pourtant, il y a plein de
millionnaires/milliardaires de Wall Street qui ont moins de 30 ans, et des
entrepreneurs aussi. Un entrepreneur multimillionnaire de 18 ans existe –
mais pas un multimillionnaire de 18 ans pingre qui découpe les bons de
réduction et investit en Bourse. Oh, attendez, je me trompe ?
En décembre 2014, le magazine The New Yorker a publié un article sur un
dénommé Mohammed Islam de 18 ans qui prétendait avoir gagné 72 millions
de dollars par des opérations boursières dans des actions, des FNB et sur le
marché à terme du pétrole. À en croire Islam, il aurait touché ce montant
faramineux en investissant pendant sa pause déjeuner. En lisant ça, j’ai
encore conclu que c’était n’importe quoi. J’en ai parlé (là aussi) sur mon
forum. Mon raisonnement ? Mathématiquement impossible. Sans surprise,
vingt-quatre heures plus tard, on apprenait que cette histoire était un canular.
Islam l’avait montée de toutes pièces. Il s’est avéré que lui aussi était un
jeune homme facilement impressionné, fasciné par l’hyperculture de Wall
Street. Vous savez, le genre d’endroit où des personnages sordides comme
Gordon Gekko et Jordan Belfort7 sont vénérés comme des héros par des
sycophantes assoiffés d’argent.
En bref, seules quelques exceptions font fortune à Las Vegas ; mais ce n’est
pas le cas pour la plupart des gens. Au lieu de ça, on voit apparaître de plus
en plus d’abattoirs tape-à-l’œil, qui assurent aux escrocs une manne
régulière d’argent pendant que les moutons qu’ils impressionnent sont
abattus. L’arnaque de l’intérêt composé est le maquereau de la prostitution
temporelle – un jeu de hasard où vos jeunes années sont sacrifiées sur l’autel
de la médiocrité patiente pendant que vous espérez être payé sous forme de
« vieilles années » plus tard. Brillant, hein ?
Vérité #1 : le temps
Les millionnaires morts ne racontent pas d’histoires.
Pas plus qu’ils ne font de croisières de luxe sur le Rhin, qu’ils ne font
l’amour à leur femme sexy ou qu’ils ne se détendent sur la Côte d’Azur, un
verre de cognac à la main. Le temps ne peut pas être arrêté, évité ou vaincu.
C’est l’ultime faucheuse de l’être humain, et c’est pourquoi le temps est la
première hache qui mutile l’intérêt composé.
Pour commencer, Il n’y a pas d’issue pour « buy and hold8 ». Personne ne
parle jamais de vendre parce que c’est « acheter et mourir ». Le
dénominateur commun dans toutes les extrapolations du Graphique utopique,
c’est le temps, un gros monceau de temps. Non pas des mois ou des années,
mais des décennies, jusqu’à plus de 83 % de votre vie si vous commencez à
18 ans. Le Graphique utopique typique montre un investissement nominal qui
croît sur cinquante ans, placé généralement à l’âge de 18 ans. Je ne sais pas
en ce qui vous concerne, mais moi, à 18 ans, je n’économisais rien de rien.
Au contraire, je dépensais tout ce que j’avais et j’accumulais des dettes.
La vérité, c’est qu’il est rare que les gens économisent avant d’avoir plus
de 30 ans (ici, ça se recoupe avec la « réalité », mais n’anticipons pas).
D’après un sondage de BankRate.com, 27 % des Américains n’ont AUCUNES
économies, et 76 % vivent au jour le jour avec assez d’économies pour
survivre seulement six mois9. Six mois ? L’Américain moyen ne peut
économiser un fonds d’urgence sur plusieurs mois, encore moins pour sa
retraite pendant plusieurs années. Cela signifie qu’il est impossible d’imiter
le Graphique utopique omniprésent parce qu’il s’est déjà écoulé trop de
temps. Le S&P 500 ne vous fera pas gagner 2 millions de dollars en vingt ans
à partir de 1 000 dollars. Et si les fanfarons de l’intérêt composé préconisent
de commencer à n’importe quel âge, les portefeuilles n’en ont rien à cirer. Ils
ne montrent aucun intérêt pour votre espérance de vie, votre situation ou
votre santé. Comme le ratel10, les marchés s’en foutent.
Un millionnaire mort est toujours, eh bien, mort.
Voici, par exemple, le titre d’un article que j’ai tiré du Web et qui montre
comme les gens peuvent être aveuglés quand il s’agit de l’arnaque de
l’intérêt composé :
Et l’article de poursuivre :
Vérité #2 : la réalité
Une autre chose qui maintient l’intérêt composé, c’est un déni de la réalité.
Derrière ces Graphiques utopiques et l’illusion de richesse qu’ils montrent,
il y a un taux d’intérêt magique, ou un taux de croissance que personne ne
peut imiter, du moins dans une application pratique du monde réel. Plus
précisément, il y a une illusion de taux d’intérêt, qui est toujours maintenue
« comme si de rien n’était » – un nombre arbitraire impliquant un
investissement dénué de stress et dénué de risque. Un Graphique utopique
typique fixe ses taux d’intérêt à 8, 10 et même parfois 12 %, puis attribue
cette croissance à une classe d’actifs risqués choisie avec le recul.
Encore une fois, ces rendements sont basés sur le recul et ne sont pas
dénués de risques. Pour toute Apple, il y a une Enron. Pour toute envolée du
prix des matières premières, il y a un effondrement du prix des matières
premières. Les bulles spéculatives vont et viennent, les banquiers sont
renfloués, mais c’est tant pis pour vous. Courir après un taux de croissance
est un jeu de dupes, et la dernière fois qu’un rendement de 12 % a été
proposé par un organisme financier, celui-ci était géré par un gars qui est
aujourd’hui derrière les barreaux. Les risques associés à des taux de
croissance de 10 % conviennent surtout à des cascadeurs de Hollywood.
Deuxièmement, les calculs arbitraires des intérêts composés établis au
cœur des marchés financiers sont une autre ombre trompeuse. Un calcul
simple permettant de résoudre des problèmes d’intérêt composé est réel – un
taux d’intérêt hypothétique est couplé avec une période de temps et voilà,
vous vous retrouvez avec une grosse somme qui semble valoir la peine.
Malheureusement, la vérité cachée est différente.
Sur les marchés financiers, un taux d’intérêt (ou un taux de croissance)
doit être lié à un instrument financier, tel qu’une action, une obligation ou
une classe d’actifs. Des taux d’intérêt (ou de croissance) ne peuvent pas
exister s’ils ne sont pas assortis d’un instrument financier ou d’une classe
d’actifs correspondante. C’est ce qui crée le taux ! Et chaque instrument
comporte des risques, ce qui veut dire que vous pourriez perdre une partie,
voire l’intégralité de votre argent.
Sur quoi les Graphiques utopiques devraient-ils être vraiment basés ?
Le taux de croissance sans risques. Après tout, quand vous choisissez de
mettre un nombre arbitraire dans une formule, et que vous voyez vos milliers
de dollars se transformer miraculeusement en millions, vous ne prenez pas
de risques. Ce ne sont que des mathématiques simples et sans risques.
Alors, quel est le taux sans risques ? Il est indexé sur le taux des bons du
Trésor américain à trois mois, ce qui, à mon avis, n’est pas dénué de risques,
mais ça, c’est un autre livre. Quoi qu’il en soit, depuis octobre 2015, ce taux
est…
De 0,03 %. Impressionnant !
C’est trois centièmes d’un pour cent. Si on utilise ce taux dans notre
Graphique utopique, 100 dollars deviendront 101,51 dollars au bout de
cinquante ans ! Profitez-en bien ! Pour des investissements mensuels de
100 dollars, le total s’élèvera à 60 000 dollars, ce qui correspond à 8 000 de
nos dollars d’aujourd’hui, compte tenu de l’inflation. C’est le fruit attendu
d’une approche « dénuée de risques ».
Ça vous dit de prendre plus de risques ? C’est en tout cas ce qu’espère
Billy Banquier !
Quand on essaie de faire marcher les Graphiques utopiques sur la base de
simples taux de croissance prémâchés, les conséquences sont parfois
catastrophiques. Traque au rendement. Risques inacceptables. Cupidité. Tout
brouille votre jugement. Quand votre épargne vous rapporte à peine 0,02 %,
il est facile de se sentir frustré. Et tout d’un coup, les menteurs, les tricheurs
et les scélérats ont toute votre attention. Derrière toute arnaque financière, il
y a une victime qui cherche un taux de croissance mis en valeur par un
Graphique utopique et un opportuniste qui le propose.
Prenez le cas de David Fleet. Dans un certain nombre de lettres
d’informations et de publicités placées dans des publications paroissiales,
Fleet donnait des conseils à des investisseurs potentiels en utilisant un
message similaire au mien : le marché boursier est risqué. Il recommandait
plutôt d’investir dans son entreprise immobilière, offrant aux investisseurs un
retour sur investissement garanti de 10 % par an. Il a ainsi levé plus de
17 millions de dollars, essentiellement d’investisseurs d’un certain âge, puis,
comble de l’ironie, a tout perdu en Bourse. En décembre 2014, la SEC12 a
inculpé Fleet de diverses fraudes en valeurs mobilières, preuve encore une
fois de deux choses : 1) le marché n’est pas plus un endroit pour créer de la
richesse qu’un club de strip-tease un endroit pour trouver votre future épouse
vierge ; et 2) pour chaque dupe à la recherche de rendement, il y a un
arnaqueur qui offre ce rendement. Et dans ce cas-là, ce n’était même pas
outrancier, comme 20 % par an, mais simplement 10 % !
Dans un autre exemple, F-Squared Investments, société d’investissement
dont le siège est situé près de Boston, montre d’autres cas de retour à la
réalité par rapport aux Graphiques utopiques. Cette entreprise prétendait
posséder un modèle informatique sophistiqué capable de minuter les entrées
et les sorties du marché. Les investisseurs ont gobé l’histoire et investi plus
de 28 milliards de dollars. F-Squared prétendait avoir des rendements de
plus de 198 % depuis 2001. En décembre 2014, la SEC n’a pas trouvé les
mêmes résultats et émis que les rendements étaient totalement inventés par le
P.-D.G. de la société. Comme d’habitude, les investisseurs se sont retrouvés
avec moins que ce qu’ils pensaient.
Aucun Graphique utopique n’a été mis à jour.
Et ce ne sont là que quelques exemples récents.
Le monde financier regorge d’investisseurs qui se sont fait escroquer, alors
que tous recherchaient du rendement et l’illusion concrète de richesse lue sur
les graphiques. L’exemple le plus flagrant de destruction de la richesse par le
marché boursier a été la crise de 2008, qui a d’ailleurs failli provoquer
l’effondrement de l’ensemble du système financier. Alors, est-ce que ça vous
a l’air d’un endroit « sûr » pour vos économies de toute une vie ? Alors que
le marché noyait des portefeuilles et que des aspirations à une retraite
précoce mouraient, la réalité a pris le dessus. Et quelle est cette réalité ?
La peur.
La plupart des gens ont vendu, et soudain les Graphiques utopiques sont
devenus une dystopie. Et à ce jour, beaucoup n’ont pas réintégré le marché.
D’après une analyse menée par l’université du Michigan à partir des
rapports de la FED, la participation sur les marchés n’était que de 16 % en
2013, par rapport à 30 % en 200113.
À l’heure où j’écris ces lignes, les marchés atteignent des records. Malgré
cela, la classe moyenne n’est pas mieux lotie. La croissance soudaine du
marché boursier aurait dû élever le niveau de prospérité de l’Amérique
profonde, pourtant une telle prospérité est curieusement absente. Par rapport
à l’exubérance du marché à la fin des années 1990 pendant le boom Internet,
on ne voit pas l’effet de la richesse avec la reprise du marché parce que les
gens ont peur. Et sont suspicieux. Ils ont appris que le calcul de l’intérêt
composé sur une serviette en papier et le calcul de l’intérêt composé lié à un
instrument financier ne sont pas la même chose, tout comme parier avec de
l’argent du Monopoly et parier la vie de votre enfant. Les Graphiques
utopiques ne prennent jamais en compte la PEUR.
Ces deux scénarios d’arnaque illustrent bien quand la réalité de l’émotion
humaine, la peur et la cupidité gâchent les équations simples de l’intérêt
composé qui soutiennent les Graphiques utopiques. Les investisseurs
traquent le rendement. Ils deviennent cupides. Et ils se font avoir. Pendant ce
temps, Billy Banquier encaisse.
Dans l’ensemble, les calculs de l’intérêt composé basés sur les simples
mathématiques ne tiennent compte ni de la ténacité, ni de la peur, ni de
l’évolution des marchés, ni du besoin de gestion des risques. Les calculs de
l’intérêt composé basés sur la réalité ? Les véritables instruments financiers
capables de vous faire passer au statut de super-héros en quelques jours ?
Cela demande des nerfs d’acier, un goût du risque, et aussi une énorme
somme d’argent gagnée à la sueur de son front. Le monde financier regorge
de pronostiqueurs du marché qui promettent des retours mythiques annoncés
par des graphiques mythiques. N’importe quel jour, il vous suffit d’écouter
les nouvelles financières et vous entendrez un expert prédire des marchés qui
s’envolent pendant qu’un autre prédit le début de la catastrophe. L’un
recommandera : « Achetez de l’or ! » pendant que l’autre conseillera
vivement : « Vendez de l’or ! » La réalité, c’est que personne n’en sait rien,
bon sang ! Mais vous savez ce qu’ils savent ? C’est que vos suppositions,
qu’elles soient correctes ou non, leur rapportera des millions.
Vérité #3 : l’inflation
L’intérêt composé a un double maléfique, un double qui ne recherche pas
l’attention ou ne tire pas gloire de la une des blogs financiers. Il reste tapi
pendant des années, ravageant en silence les portefeuilles comme des
termites dans une vieille grange. Le troisième et dernier mutilateur de
l’intérêt composé a également le même pouvoir que son double : l’inflation
composée.
Tous les Graphiques utopiques ignorent les taux de croissance plausibles,
la peur plausible et l’inflation plausible. Quelle est la réalité de votre
gouvernement qui imprime l’argent ? C’est qu’un dollar aujourd’hui vaudra
beaucoup moins demain. Et avec l’appétit continu de notre gouvernement
pour les dettes, vos dollars finiront peut-être par ne plus rien valoir du tout.
Si on reprend notre calcul initial de l’intérêt composé pour des
investissements mensuels de 100 dollars, 1,5 million de dollars « dans
cinquante ans » vous permettront peut-être seulement d’acheter une nouvelle
Chevrolet. Ou cela ne sera peut-être que l’acompte pour un double
emplacement pour mobile home dans un camping résidentiel. Ce sera peut-
être l’équivalent de 50 000 de nos dollars d’aujourd’hui, ce qui n’est pas
énorme pour vivre, du moins si l’on veut vivre dans l’opulence et la liberté.
Les défenseurs des Graphiques utopiques veulent vous empêcher de voir
l’inflation. Ils veulent que vous ne vous voyiez que le résultat final :
x millions dans cinquante ans avec le raisonnement d’aujourd’hui. Le
raisonnement d’aujourd’hui projette ces millions avec la santé d’aujourd’hui,
le pouvoir d’achat d’aujourd’hui et la situation d’aujourd’hui. Oh mon Dieu,
il suffit que je suive ce plan de 100 dollars, et j’aurai 7 millions de dollars ?
Je pourrai voyager de par le monde et acheter un hôtel particulier en
banlieue avec une Lamborghini garée dans l’allée !
La réalité de l’inflation est bien plus sombre. Il y a cent ans, on achetait
beaucoup de choses avec 25 cents : plusieurs miches de pain, un paquet de
café ou 500 g de faux-filet. Avec 25 cents, quand j’étais enfant, je pouvais
m’acheter un paquet de chewing-gums et jouer à Pac-Man pendant dix
minutes. Avec 25 cents aujourd’hui, on n’a rien. Entre 1913 et 1940,
l’inflation s’est élevée à 43,8 %, soit une moyenne annuelle de 1,6 % ;
c’était donc un non-sujet. Mais entre 1940 et 2013, elle a dépassé les
2 000 %14. Cela veut dire que le Graphique utopique omniprésent devrait
avoir une croissance de 2 000 % rien que pour atteindre le seuil de
rentabilité !
Les médias ont beau affirmer que l’inflation est sous contrôle, ce n’est pas
l’avis des familles américaines. De février 2000 à avril 2014, le coût de la
vie a explosé. Services publics, en hausse de 81 %. Assurance auto, en
hausse de 69 %. Médicaments et fournitures médicales, en hausse de 60 %.
Produits frais pour le réfrigérateur, en hausse de 43 %. Essence pour la
voiture, en hausse de 70 %. Pendant ce temps, les salaires et les traitements
n’ont pas suivi15. D’après Pew Research, le salaire moyen a culminé il y a
plus de quarante ans, quand 4 dollars de l’heure avaient le même pouvoir
d’achat que 22 dollars aujourd’hui16.
On ne peut pas se fier aux Graphiques utopiques parce que la confiance
ne fait pas partie du calcul. Pouvez-vous vous fier au gouvernement pour
qu’il soit un bon gestionnaire de l’argent des contribuables ? Pouvez-vous
vous fier aux décideurs en matière de finances pour qu’ils empêchent
l’inflation d’exploser ? Pouvez-vous croire à une économie en croissance
pendant cinq décennies ? Répondez honnêtement à ces questions et vous vous
rendrez compte que l’inflation est un pari et que votre pari repose sur des
personnes qui, par le passé, n’ont pas été prudentes. Personnellement, je ne
suis pas disposé à faire un pari sur plusieurs décennies qui repose sur des
économistes dans leur tour d’ivoire, des méga-organisations de la finance, et
un gouvernement menteur qui ne peut pas arrêter de mentir lorsqu’il imprime
des billets. L’inflation composée est aussi puissante que l’intérêt composé.
Vous avez 25 ans ? Bon sang, vous devez vous RÉVEILLER et regarder
QUI FAIT LA PROMOTION de ce graphique !
Et puis tout d’un coup, vous voyez ce qui cloche. C’est un cinglé de la
pénurie frappé par l’arnaque de la frugalité, qui coud ses propres vêtements,
refuse d’aller dîner dehors avec ses amis et utilise son vélo pour faire ses
courses. Pour dire les choses simplement, il a une vie de merde. C’est
comme si ces gens étaient possédés par l’argent qui les transformait en
fanatiques « religieux », en adoration non pas devant Dieu mais devant les
pièces et les billets. Tels des pantins qui pendouillent, ces pauvres pigeons
sont restreints par les fils de marionnettes que l’argent tire – ou, devrais-je
dire, ne tire pas.
C’est Forbes, un magazine que pourtant j’aime vraiment, qui a donné un
autre exemple énervant. En 2013, Forbes a sponsorisé une vidéo
judicieusement intitulée « Comment devenir riche ». Cette vidéo
encourageait le « fantasme de la richesse », avec les chauvins ordinaires de
la finance, comme les deux personnalités américaines Jack Bogle et
Meredith Whitney, chacun soutenant les marchés financiers, l’intérêt
composé et tout le fatras typique de la doctrine du SCRIPT. Après avoir
regardé la vidéo, je n’ai pas pu m’empêcher de rire de l’hypocrisie
inexprimée.
Alors j’ai fait une petite recherche sur les modèles de couverture de
Forbes. Je me demandais avec curiosité combien des millionnaires et
milliardaires de Forbes suivaient effectivement ces conseils tels qu’ils
étaient recommandés dans la vidéo.
Cherchez vous-même. Essayez de trouver UNE SEULE personnalité ayant fait
la une de couverture de Forbes et qui a créé sa fortune en investissant
consciencieusement dans Wall Street, comme il est suggéré aux investisseurs
de détail, autrement dit, à Iggy Investisseur. Allez-y. J’attends.
Ah, vous voilà de retour ! Qu’avez-vous trouvé ?
Laissez-moi deviner – rien.
Déduisez les entrepreneurs, les héritiers, les titans du sport et du monde du
spectacle, les initiés d’entreprise et ceux qui sont au service de l’industrie
financière et non ceux qui y investissent, et vous trouverez exactement ce que
j’ai trouvé : le marché boursier n’enrichit pas les investisseurs ; il enrichit
ses serviteurs.
Comme on pouvait s’y attendre et comme il est judicieusement ignoré, pas
une seule des personnes ayant fait la couverture de Forbes ne s’est enrichi en
suivant « le fantasme de la richesse », mais un très grand nombre d’entre eux
se sont enrichis en perpétuant ces conseils. Autrement dit, si vous voulez être
sur la couverture de Forbes, ne suivez pas les conseils de Forbes.
En septembre 2012, la SEC a inculpé Ray Lucia, personnalité de la radio,
pour avoir prétendument diffusé des informations trompeuses à propos de
son plan d’investissement favori, les « Buckets of Money17 ». Pour gagner
des clients à qui il facturerait des frais pour ses conseils, Lucia prétendait
auprès des traqueurs de rendement que sa stratégie était empiriquement
revérifiée par des contrôles ex post, même quand les marchés étaient à la
baisse.
La SEC n’était apparemment pas du même avis. D’après la SEC, Lucia
utilisait un taux d’inflation inférieur de 3 % dans sa méthodologie de
contrôles ex post, alors que l’inflation historique était bien plus élevée. De
plus, la SEC a allégué que « les contrôles ex post » ne tenaient pas compte
de l’impact négatif que ses tarifs de conseiller auraient eu sur la stratégie,
stratégie dans laquelle les fonds n’étaient même pas alloués par la stratégie
qu’il revendiquait18 ! Et certes, aucun Graphique utopique n’était mis à jour.
Encore une fois, cela ne devrait pas vous choquer. La meilleure chose à
faire ne consiste pas à investir dans les marchés mais à gérer l’argent de
ceux qui le font. M. Lucia sera peut-être le prochain grand sourire affiché à
la couverture de Forbes.
Quoi ? Qui ? J’entends du remue-ménage du côté des sièges bon marché.
Et Warren Buffett alors ? Carl Icahn ? Bill Ackman ?
Ils se sont enrichis via la Bourse, n’est-ce pas ?
Désolé, malgré tout ce que vous avez entendu de la bouche de ce bon vieux
Warren, il N’EST PAS un investisseur en Bourse traditionnel comme vous et
moi mais un investisseur activiste. Je sais, je sais – quand Warren Buffett
parle, les moutons de Panurge n’entendent que l’or couler de sa bouche. Cela
dit, au lieu de tomber à genoux dans les transes d’un orgasme affolé, vous
devriez revêtir votre blouse de chercheur et examiner ce que Warren dit et ce
qu’il fait – est-ce toujours la même chose ?
Quoi qu’il en soit, si vous n’êtes par un familier des activistes, sachez que
ce sont des investisseurs fortunés qui achètent d’énormes quantités d’actions
dans le but d’influencer la stratégie de l’entreprise. Assurément, Buffett
n’achète pas des actions en « espérant » qu’elles vont prendre de la valeur.
Les activistes prennent des positions importantes là où ils peuvent influencer
les marchés, acquérir un droit de vote et nommer les membres du conseil
d’administration. Ils exercent un contrôle et influencent la politique de
l’entreprise, c’est ce qui fait la grande différence entre VOUS, Iggy
Investisseur, et Buffett l’activiste.
En conclusion, les gens comme Warren Buffett et ceux qui poussent à
l’utilisation de l’intérêt composé n’utilisent pas la sagesse d’investissement
classique de Warren Buffett ; ce sont ceux qui en tirent profit. Alors que le
peuple sous SCRIPT achète les fonds, ce sont les apôtres de l’intérêt composé
qui gèrent ces fonds. Et pour finir, sachez qu’il n’existe pas d’expert des
marchés financiers. Un expert va dire « le Dow Jones va atteindre 30 000 »
pendant qu’un autre va dire « le Dow Jones va tomber à 10 000 » – aucun
des deux n’en a la moindre idée, ils ont tous les deux autant de chances
d’avoir raison et ils espèrent tous les deux que vous allez gober ce qu’ils
disent. L’orientation d’un marché ne peut pas être prédite, mais vous savez ce
qui peut l’être ? Les frais de gestion juteux appliqués aux citoyens M.O.D.E.L.
Si votre stratégie pour vous enrichir est l’intérêt composé, quelles sont les variables
incontrôlables qui repoussent et mettent en danger votre retraite ? Le rendement
des marchés ? Le taux d’épargne ? La stabilité de l’emploi ? L’économie ?
L’espérance de vie ? L’inflation ?
26
LES BIAIS : LES ILLUSIONS
DE VOTRE CERVEAU
Dieu merci pour les esprits sérieux, un biais reconnu est un biais stérilisé.
BENJAM IN HAYDON , peintre anglais du XIX e siècle
Quelles que soient vos raisons, cela vous pousse à ne pas changer et à
garder un rythme de croisière déplaisant. Et plus ça dure, plus le rythme est
difficile à briser. Et ensuite l’excuse devient : « Mais ça fait douze ans qu’on
est ensemble ! »
Derrière la paralysie de l’élan, la machination cognitive est une idée
fausse de coûts irrécupérables. Les coûts irrécupérables sont le temps et les
placements d’argent qu’on ne peut pas récupérer. Ces coûts, avec la peine
ressentie à accepter leur perte, sont ce qui vous fait continuer à faire des
trucs que vous ne devriez pas faire.
Par exemple, imaginons que vous ayez tragiquement suivi le conseil :
« Faites ce que vous aimez », et que vous ayez ouvert un restaurant dans le
quartier historique de votre ville. Au bout de six ans et d’innombrables
opérations de repositionnement de l’entreprise et d’initiatives marketing, une
chose est claire : votre restaurant est à peine rentable et vous rapporte
6 dollars nets de l’heure, sans le moindre jour de repos, à raison de quatre-
vingt-quatre heures par semaine. Mais c’est sûr : vous « faites ce que vous
aimez », n’est-ce pas ? Alors, est-il temps d’arrêter et de passer à autre
chose ?
Logiquement oui. Mais la paralysie de l’élan dit non. Elle dit : « Accroche-
toi », et vous rappelle sans pitié les coûts irrécupérables : vous vous
souvenez comme vous avez dû vous battre avec la mairie pour obtenir cet
emplacement ? Vous vous souvenez comme ça a été dur d’engager Chavez,
l’un des meilleurs chefs de la ville ? Vous vous souvenez quand vous avez
gagné le titre du Meilleur nouveau restaurant dans le journal local il y a
six ans ? À cause de tous ces souvenirs, les coûts irrécupérables, vous
continuez à ronger un frein qui ne devrait plus être rongé depuis longtemps.
Au chapitre 40, nous explorerons le côté business de cette décision
d’arrêter, mais du point de vue de l’esprit, la paralysie de l’élan vous
maintient enchaîné à votre passé tout en gâchant votre avenir. C’est
quelque chose d’important, tout particulièrement pour les nouveaux
entrepreneurs, parce que de nombreux échecs précèdent la réussite. Si la
paralysie de l’élan vous fait mariner dans votre premier échec
d’entrepreneur pendant dix ans, vous allez être à court de vie.
C’est aussi à cause de la paralysie de l’élan et des coûts irrécupérables
que les aspirants entrepreneurs restent aspirants. Il y a sur mon forum
plusieurs médecins qui sont fatigués de la médecine et de sa domination par
les compagnies d’assurance et les réglementations gouvernementales. Le
jour, ils sont à la tête de services d’urgences. La nuit, ils créent des
entreprises. Dans mes échanges avec ces professionnels, je vois bien que
leur plus grand défi ne sera pas les difficultés liées à l’entreprise mais le fait
de faire une croix sur les coûts irrécupérables associés à la médecine.
Nos choix du passé sont profondément marqués d’un attachement
émotionnel. Et plus ces attachements émotionnels sont importants – les
années d’école, d’internat, de clinicat –, plus il devient difficile
d’abandonner, c’est pourquoi on ne choisit pas ce qu’il y aurait de mieux
pour notre avenir et on préfère ne pas voir les investissements du passé
gâchés.
Finalement, la paralysie de l’élan est une réaction illogique à l’aversion de
la perte. Je le répète, penser à la façon dont vous pensez vous donne la
logique de diffuser les émotions qui ravivent le feu. Si vous deviez marcher
sur trente kilomètres pour aller voir votre musicien préféré et que vous
appreniez au bout de vingt kilomètres que le concert n’est que la semaine
prochaine, finiriez-vous les dix prochains kilomètres ? Ou est-ce que vous
admettriez en toute logique que vous vous êtes trompé et vous retourneriez
sur vos pas ? Bien sûr que c’est ce que vous feriez, mais la paralysie de
l’inertie nous pousse à continuer à marcher vers un endroit vide. Vers quels
résultats vides êtes-vous en train de marcher ?
27
LES CONNERIES
DES PROFESSIONNELS
DU GENRE : EXCUSES,
CLICHÉS ET SECTES
Comment je peux le savoir ? Parce que j’ai fait ça ! Eh oui, c’étaient les
excuses que je sortais. Grâce à des blessures au basket et un accident de
moto, il y avait un peu de vrai dans mes deux explications. Mais les deux
étaient des excuses bidon : des justifications superficielles qui me
permettaient d’éviter les douleurs dues au cadre guidé. Cette histoire illustre
la première des conneries classiques.
Connerie #1 : les excuses. Nous nous racontons une pile d’excuses et de
contes de fées pour justifier notre inertie. D’autres fois, nous les utilisons
pour expliquer nos échecs ou les circonstances. Et tant que nous nous
cramponnons à ces fantasmes bien commodes, la résistance au changement et
la volonté d’avoir toujours raison nous font gober l’idée que nous sommes
des victimes.
Connerie #2 : les clichés. Il s’agit de mantras et de proverbes insignifiants
que nous vénérons comme paroles d’évangile ; slogans concis, doux et
apaisants, rassurants et, malheureusement, invitant à toujours plus d’inertie.
Et connerie #3 : les sectes et leurs chefs – gourous et pantins sournois qui
vous mettront dans la tête tout ce que vous voulez.
Dans d’autres cas, le dogme cérébral honore les vaches sacrées que nous
immolons nous-mêmes : des déclarations brèves et concises considérées
comme des obstacles solides quand elles sont tout sauf ça. Des choses
comme :
Oh, je déteste vivre à Chicago, mais on ne peut pas déménager –
c’est là qu’habite ma famille.
Nous partons en vacances tous les ans – les finances ne peuvent pas
se mettre en travers d’une tradition familiale.
Les meilleurs jobs sont dans la Silicon Valley – on ne trouve pas de
bons emplois dans le secteur de la technologie ailleurs.
Et comme vos vaches sacrées sont considérées comme des faits, vous êtes
tout excusé. Inaction, médiocrité, échec… il y a une bonne raison pour tout !
Travailler les jambes ? Grand Dieu non, j’ai les chevilles foutues !
Telle une béquille, le dogme cérébral soutient votre ego et vos biais :
volonté d’avoir toujours raison, apathie antithétique, résistance au
changement, et le reste. Comme un petit diable perché sur votre épaule, votre
dogme narratif prône le statu quo. Tant que nous ne surveillerons pas nos
pensées, notre cerveau risque de rester indompté et incapable de commander
aux troupes.
Peu après le départ de l’Américain, les choses changent. Le gouvernement, dans une
volonté désespérée d’obtenir plus d’argent des contribuables, prélève un certain nombre
d’impôts sous la forme de redevances et de licences, notamment pour les activités
liées à la navigation et à la pêche : pour continuer à pêcher, le Mexicain doit payer
400 dollars pour un permis de pêche, 200 dollars comme taxe environnementale,
350 dollars pour le droit de pêcher le thon albacore et 1 800 dollars de frais d’amarrage.
S’il ne paie pas dans les plus brefs délais, le Mexicain sera interdit de pêche.
Malheureusement, après avoir payé tous les frais, le Mexicain n’a plus que très peu
d’argent pour pouvoir payer l’assurance et le permis du bateau. Ne pouvant plus exercer
légalement dans la ville côtière de son choix, le pêcheur mexicain doit se rendre à trois
heures de route au sud jusqu’à une autre ville, où la qualité du poisson est médiocre. Le
long trajet a des conséquences sur la voiture du Mexicain, qui finit par tomber en panne.
Pour réparer sa voiture, il lui faut 200 dollars pour une pompe à eau et 400 dollars pour
un radiateur. Et c’est sans compter les 600 dollars pour que sa voiture soit remorquée
jusqu’à son village. Mais les choses vont de mal en pis. N’ayant pas payé les frais
d’amarrage au capitaine du port, le Mexicain perd son bateau. Le pêcheur mexicain, qui
a passé l’essentiel de son temps à gratter la guitare avec ses amis et à siroter du vin,
n’était pas préparé à ça, et il se retrouve incapable de subvenir aux besoins de sa
famille. Sa femme demande le divorce. Maintenant, le Mexicain fredonne un nouvel air
avec ses amigos… quelque chose du genre « l’argent fait le bonheur ».
Laquelle de ces deux histoires vous paraît la plus réaliste ? Dans chacune,
le Mexicain a le même objectif : profiter de la liberté avec ses amis et sa
famille. C’est ce qui a de la valeur. Malheureusement, quand on retire
l’argent d’une existence dans le monde réel, l’idéalisme se transforme en
cauchemar – une réalité qui se répète et qu’on trouve dans tous les pays
civilisés du monde : factures, redevances, impôts, frais généraux et
problèmes d’argent.
Le problème n’est pas l’objectif du Mexicain – la liberté ; le problème est
qu’il était paresseux et a négligé le rôle de l’agent. Il n’a pas fait
d’économies, ne s’est pas préparé ou n’a pas produit plus que sa
consommation directe. L’argent fait le bonheur quand vous lui permettez
d’acheter votre liberté.
La politique est la seule chose qui peut empoisonner les décisions d’achat du
consommateur, transformant les acheteurs en boycotteurs. Plus le besoin ou le
désir est urgent, plus la défense est solide.
LE CADRE DE L’ENTREPRENEUR
POUR LA VIE HORS SCRIPT
RAISON D’ÊTRE (RÊ)
28
LA RAISON D’ÊTRE :
L’IRRÉPRESSIBLE
VOLONTÉ DE GAGNER
LA RAISON D’ÊTRE
LE CYCLE DE MOTIVATION
Le pourquoi : votre moteur principal
On ne doit jamais sous-estimer le pouvoir d’un moment. Pour moi, ça a été
une conversation en apparence insignifiante. Mais ma mémoire prouverait le
contraire. J’étais dans le hall de notre résidence universitaire et je parlais
avec trois autres étudiants. On était à seulement quelques jours de la remise
des diplômes et, avec mes amis, on discutait des boulots qu’ils auraient une
fois le diplôme en poche. Quand j’ai parlé de mon futur emploi, qui se
résumait à néant, j’ai reconnu : je ne passais pas d’entretien pour avoir un
boulot parce que j’étais un entrepreneur (remarquez mon identité !). L’un
d’eux a ricané et dit avec suffisance et sans raison : « Ouais, je suis sûr que
ça va marcher pour toi. » Ensuite, il s’est targué de se faire embaucher à un
poste de comptable de base dans l’une des « trois grandes1 », prédisant avec
vantardise que dans quelques années, il gagnerait un salaire à six chiffres. Je
lui ai rétorqué, avec la même suffisance : « Super, peut-être qu’un jour je
t’embaucherai. »
Cette conversation n’a duré que quelques minutes. Mais pour une raison
inexpliquée, elle a marqué mon esprit à jamais. C’était quelque chose dont je
me souviendrais et à quoi je repenserais souvent. Ça m’avait échauffé,
énervé et renforcé dans mes convictions. Et si je n’ai jamais revu ce copain
de fac, son commentaire dévalorisant m’a servi pendant des années et il a été
l’un des éléments déclencheurs d’une de mes nombreuses raisons – les
motivations spécifiques derrière une action passionnée.
À part le propos de ce prétentieux copain de fac, voici la liste de mes
RAISONS :
• Je détestais les costumes et je ne supportais pas l’idée d’avoir à en porter
un.
• Je voulais posséder une Lamborghini.
• Je voulais alléger le fardeau de ma mère célibataire.
• Je voulais prendre ma retraite tôt et écrire un livre sur le fait de prendre sa
retraite tôt !
• Je ne voulais pas que des « problèmes d’argent » puissent gâcher un
mariage.
Quelles que soient vos RAISONS, elles doivent être assez solides pour
inciter à une action qui frise l’obsession. Quelles sont les « raisons » qui
vous pousseront à travailler le samedi soir pendant que vos copains font la
fête ? Quelles sont les « raisons » qui vous pousseront à conduire cette
Honda qui affiche 250 000 kilomètres au compteur quand votre pote conduit
une Camaro toute neuve ? Et ces « raisons » sont-elles assez bouillonnantes
pour transformer l’eau en vapeur quand la situation semble plutôt gelée ? Les
RAISONS ardentes l’emportent sur une volonté qui s’essouffle et une passion
qui se tarit. Les RAISONS tièdes ne donneront jamais cette raison d’être, mais
des pseudo-actions. Sans de solides RAISONS, les efforts s’envolent à la
première tempête.
Par exemple, la première tempête courante que rencontrent les nouveaux
entrepreneurs est ce qu’on appelle la traversée du désert. La traversée du
désert, c’est le temps entre l’idée et votre première vente. C’est l’absence de
boucle de rétroaction dans le cycle de motivation (et à l’intérieur du principe
de processus), et cela peut durer des mois, peut-être des années. Ainsi en
est-il d’un entrepreneur de mon forum qui a créé sa propre marque de
lunettes de soleil de luxe. De l’idée à la première vente en passant par la
création, il s’est passé presque deux ans. Cette période de deux ans où il y a
une activité intense et zéro retour est le désert aride. Sans renforcement, il
est facile de laisser tomber. Trop facile. La vie s’en mêle : votre boulot, les
enfants, ou l’attrait d’une autre super opportunité.
Sans confirmations depuis l’extérieur, il est facile de trouver l’herbe plus
verte ailleurs : « Eh, ça ne va pas marcher » ou, « Personne ne va acheter
ça » ou « Il doit y avoir quelque chose de plus facile à faire ».
La raison d’être est le chameau que vous voulez dans ce désert – pas la
volonté.
Une autre tempête dont la raison d’être vient à bout, c’est la peine et le
ridicule.
Il y a plusieurs années, un jeune homme a proclamé sur mon forum qu’il
serait millionnaire à 25 ans. Malheureusement, sa (très) longue déclaration
manquait de substance, et les habitués du forum l’ont tourné en ridicule.
Cependant, au fur et à mesure des années et des échecs, j’ai remarqué
quelque chose : même s’il avait été publiquement tourné en ridicule, cet
entrepreneur persévérait, au vu et au su de tout le monde, essayant différentes
choses et, en gros, inondant le monde de ses efforts. Soudain, il ne semblait
plus être un amateur lambda qui aimerait bien s’enrichir. Quand j’ai relu son
premier message (qui date d’il y a quelques années maintenant), quelque
chose m’avait échappé la première fois : Il a dit que son but était de libérer
sa mère de la pauvreté. Instantanément j’ai commencé à croire en lui. Même
s’il a déjà échoué et qu’il échouera peut-être encore, un jour, il sera couvert
d’or. Il atteindra le sommet de la montagne parce qu’il porte en lui une
formidable RAISON étayée par une raison d’être – une arme capable de clouer
le bec aux sceptiques du forum et aux pessimistes qui le traitent de fou.
Comme vous pouvez le voir, j’entretiens avec mon forum une relation
d’amour mêlé de haine. Pendant plus de huit ans, j’ai observé des
entrepreneurs (et des entrepreneurs en faillite) depuis les gradins. J’adore
pouvoir aller sur le terrain à l’occasion et apporter une vraie contribution. Et
je déteste le fait que, quels que soient mes efforts, il y ait toujours un
troupeau d’aspirants entrepreneurs qui déboulent avec la conviction que des
résultats extraordinaires peuvent s’obtenir avec un effort ordinaire. Les gens
qui veulent réussir depuis leur chaise longue, la télécommande à la main, ne
sont pas ce qui manque dans le monde – ils veulent tout ce que la vie a à
offrir –, du moment que ça ne perturbe pas leur confort harmonieux. Ce jeune
homme qui veut sauver sa mère de la pauvreté ? C’est un chevalier du Jedi
porteur de la Force au milieu d’une légion de soldats de l’Empire dénués
d’âme.
Hélas, l’entrepreneuriat, avec la vie et la liberté, est une histoire de
douleurs intermittentes maintenant ou de regret perpétuel plus tard. Jusqu’où
êtes-vous prêt à aller pour ça ? Qu’est-ce que vous êtes disposé à
abandonner ?
Tout le monde veut la parfaite épouse, mais peu sont prêts à faire les
efforts nécessaires pour devenir le parfait époux. Tout le monde veut le
corps de l’homme en couverture des magazines de sport, mais peu veulent
s’entraîner tous les jours et dire « non merci » quand on propose de la pizza
à la pause. Tout le monde veut le gros compte en banque et le business qui
rapporte un revenu passif, mais peu veulent les risques, les horaires lourds
ou les revenus imprévisibles. Sans RAISONS suffisantes, vous n’irez pas plus
loin que tout le monde, et « tout le monde » n’est pas un échelon sur l’échelle
de l’aspiration. Pour être quelqu’un, vous ne pouvez pas avoir les mêmes
motivations que tout le monde.
Dans les faits, il n’est pas rare que les personnes qui partent à la retraite
tard, les gens qui ont été des salariés toute leur vie, meurent peu après. Sans
leur travail et le sens de leur contribution, ils perdent leur raison d’être. Sans
un objectif chevillé à vous comme votre identité, vous ne survivrez pas. Pour
vous frayer un chemin dans la jungle de la vie, il vous faut un coupe-coupe
bien tranchant – votre raison d’être est la meule à aiguiser.
Oh, vous aimez faire du snowboard, alors vous allez créer une entreprise de
snowboards ? Votre passion N ’EST PAS une raison pour vous lancer dans les affaires.
J’ai perdu huit mois et fait ZÉRO vente à essayer de « poursuivre ma passion » alors que
je ne savais rien de la façon d’apporter de la valeur à ce marché en particulier.
Quasiment chaque semaine, on est assailli sur mon forum par un cossard
corrompu par l’idée de « faire ce que l’on aime », qui pose des questions
typiques du genre : « Est-ce que je devrais me lancer dans un blog de
fitness ? » ou « Est-ce que je commence un réseau social axé sur les
voitures ? ». Quand je sonde un peu et que je demande : « Quelle valeur
apportez-vous ? » ou « Que faites-vous de différent qui n’a pas été déjà
rebattu mille fois ailleurs ? », la réponse est toujours la même : rien. Pour
ceux qui sont perdus, « faites ce que vous aimez » et « poursuivez votre
passion » deviennent soudain un modèle d’entreprise insensible à
l’économie de marché.
Prenez par exemple le milieu des coachs sportifs – carrière pleine de gens
venus « faire ce qu’ils aiment » et « poursuivre leur passion ». La personne
qui aime s’entraîner pense : « Eh, j’adore le fitness, alors je vais être
entraîneur personnel ! » Super, sauf que vous êtes une fourmi dans une
fourmilière. Il y a des milliers d’autres personnes qui font le même
raisonnement que vous. Résultat : on pourrait remplir cinquante stades avec
des entraîneurs sportifs. Des milliers d’entre eux sont prêts à casser leurs
prix – et donc vos revenus. Et quand ils le font, devinez ce qui arrive ? Vous
vous mettez à détester ce que vous aimiez jusque-là.
Un autre effet néfaste de ce duo dynamique de mauvais conseils, c’est la
compression d’opportunités. La compression d’opportunités limite votre
exposition à de nouvelles opportunités dans d’autres industries qui
n’attendent que de nouvelles propositions de valeur. Par exemple, si vous
êtes passionné par la couture et la plongée sous-marine, vous comprimez les
opportunités qui s’offrent à vous à ces seules industries. Si ces industries ne
représentent que 0,00002 % du PIB, vous vous limitez à cette toute petite
zone d’opportunité. Ne vous restreignez pas à une flaque d’eau quand vous
pourriez investiguer tout l’océan.
L’entrepreneur de snowboard mentionné ci-dessus qui n’a fait aucune vente
lorsqu’il a suivi sa passion ? Il a ensuite lancé une entreprise dans le secteur
des animaux domestiques qui a bien prospéré, il l’a revendue après quelques
années, et – la dernière fois que j’ai vérifié – il partait pour trois mois de
vacances en Thaïlande. Et comprenez bien ceci : il n’avait pas de chien et
n’était pas passionné par cette industrie-là. Quant à moi, je suis resté dans
l’industrie de la limousine pendant plus de dix ans, même si je n’avais pas
d’intérêt pour ce secteur en particulier, autre que le processus consistant à lui
apporter de la valeur.
La quatrième raison pour laquelle « l’amour » et « la passion » ne
devraient pas être ce qui vous permet de gagner votre vie s’appelle l’effet de
surjustification. L’effet de surjustification est un phénomène étudié en
psychologie qui confère une certaine crédibilité à l’idée que « faites ce que
vous aimez » et « poursuivez votre passion » sont des conseils de carrière
destructeurs. À savoir, lorsque vous touchez une récompense extrinsèque
pour quelque chose que vous avez un jour fait gratuitement en raison de
motivations purement intrinsèques, votre intérêt pour cette activité en pâtit.
D’après Wikipédia, l’effet de surjustification se manifeste…
Alors, si vous faites quelque chose gratuitement parce que cela vous
passionne, être tout à coup rétribué pour ça risque d’empoisonner votre
passion. J’entends régulièrement des passionnés qui ont échoué raconter
cette même histoire, et j’en ai moi-même fait l’expérience. J’ai commencé à
faire le chauffeur parce que j’adorais conduire. Quand j’ai arrêté ce travail,
je détestais conduire. Faisons un bond vingt ans plus tard et que découvre-t-
on ? Je déteste toujours conduire.
« Faites ce que vous aimez » peut tuer votre amour.
La même histoire a été répétée sur mon forum, mais cette fois par un
utilisateur qui, comme moi, était passionné de voitures de sport à six
chiffres. « Faites ce que vous aimez » a tué son amour. Voici ce qu’il a écrit :
Du plus loin que je me souvienne, j’étais obsédé par les voitures. Je pouvais manger,
dormir, boire, je n’avais d’yeux que pour les voitures. Bien sûr je n’avais qu’une envie,
c’était d’apprendre à conduire, et j’ai passé mon permis à 17 ans. Deux semaines plus
tard, je passais mon permis de pilote de course. J’adorais ça ; au cours des douze
mois qui ont suivi, j’ai parcouru 40 000 kilomètres pour le simple plaisir.
Après avoir réussi mon permis de pilote de course, j’ai obtenu ma carte d’instructeur et
je suis devenu pilote de course indépendant à 18 ans. Je travaillais pour deux
entreprises locales qui proposaient des expériences de conduite à leurs clients. On me
payait pour conduire des Ferrari et des Lamborghini sur circuit. Oui, on me payait pour
conduire des voitures exotiques dans lesquelles la plupart des gens rêvent de s’asseoir,
pour ne pas dire qu’ils rêveraient de posséder. Et on me payait bien pour ça.
Dans les trois ans qui ont suivi mon permis, j’ai possédé quatorze voitures différentes,
parfois trois à la fois. Je mettais tout ce que je gagnais dans mes voitures, et j’adorais la
vie. Je pouvais travailler sur le circuit que je voulais. On dirait plutôt une histoire de
réussite, non ?
J’ai travaillé dans cette industrie pendant quatre ans, et à la fin de ces quatre ans, je
DÉTESTAIS conduire. La seule chose qui me définissait – mon amour des voitures – a été
absolument anéantie par ce travail. Tous ceux qui montaient en voiture avec moi
disaient que j’avais le meilleur boulot du monde, et pendant un certain temps, j’étais
d’accord avec eux. Mais après trente mille tours du même circuit, je peux vous dire que
je ne veux plus rien avoir à faire avec ça.
Ne faites pas « ce que vous aimez », parce que même si vous avez la chance d’en
vivre, vous n’aimerez plus ça bien longtemps. Vous devriez aimer la valeur que vous
créez. Le processus est dur, mais il est justifié par votre amour de la valeur que vous
créez via ce processus.
« Faites ce que vous aimez » peut tuer votre amour.
Un des rares vices (ou amours) hyperréalistes que j’ai, c’est le football
américain. Pendant un match, mon ami m’a dit en plaisantant qu’il adorerait
devenir arbitre pour la NFL parce qu’ils travaillent un jour par semaine et
touchent un paquet de pognon – des salaires à six chiffres et plus. Je lui ai dit
que, pour un grand fan de foot, c’était une idée abominable. Comme arbitre,
l’amour du jeu serait systématiquement détruit, au point de ne plus pouvoir
regarder un match. Au lieu de suivre un match à titre de divertissement, il
serait contraint de l’observer sous l’angle d’unités d’action séparées afin de
repérer des penalties. Il ne pourrait plus jamais regarder un match de la
même manière.
Enfin, la dernière raison pour laquelle « faites ce que vous aimez » et
« poursuivez votre passion » sont des conseils à deux balles est peut-être la
plus puissante et la plus destructrice : ce sont des chevaux de Troie dans un
état d’esprit fixe, une justification pour éviter de sortir de sa zone de confort
et donc qui inhibe le développement. Permettez-moi de m’expliquer.
Au chapitre 18, j’ai reconnu que j’étais quelqu’un d’introverti. Cela veut
dire que si je ne vous connais de nulle part et que vous me proposez par e-
mail qu’on se retrouve pour un café, je déclinerai. Ce n’est pas que je ne
vous aime pas ; c’est simplement que je préférerais me plonger dans un bon
bouquin, entouré de solitude. L’introversion signifie également que je n’ai
aucun désir d’être célèbre (ni aucune passion pour ça). Je déteste parler en
public, répondre à des interviews ou faire des podcasts. Malgré cela, je m’y
adonne parce que ça correspond à ma raison d’être. Pour répandre le
message de la vie HORS SCRIPT, il faut que je me montre, que je parle et que
je répande la bonne parole. Si je saisissais la mentalité qui consiste à « faire
ce que l’on aime » et « poursuivre sa passion », je ne ferais jamais ces
choses-là puisque je les déteste. Parler en public ? Oh là là, j’ai horreur de
ça ! Je n’ai ni amour ni passion pour ça ! Je passe mon tour !
Et cela souligne le comble de l’ironie : le secret de la réussite, ce n’est
pas « Faites ce que vous aimez » mais « Faites ce que vous détestez ».
Dans la peine et l’anxiété que vous endurerez, je vois la réussite que vous
voulez atteindre. Voyez-vous, ce n’est pas la passion qui me fait faire des
podcasts ou des interviews en direct à la radio. Et ce n’est certainement pas
la passion qui me met sur une estrade devant un public pendant deux heures –
c’est ma raison d’être qui me fait faire tout ça.
Pour conclure, les Wonder Twins des pires conseils vous donnent
fielleusement de bonnes raisons de décliner tout ce qui ressemble à du
travail, paraît pénible et n’est pas en lien avec votre passion. Autrement dit,
vous ne deviendrez jamais la personne qu’il vous faut devenir parce que
vous êtes trop occupé par l’idée d’éviter une peine transformative. Et dans
le monde des passionnés, c’est parfaitement justifiable car, après tout, Steve
Jobs dit bien : « Aimez ce que vous faites. »
TWEET #1 : « Faites ce que vous aimez » / « Poursuivez votre passion » : voilà deux
conseils de carrière dangereux et destructeurs 6.
J’ai eu de la chance : j’ai trouvé de bonne heure dans la vie ce que j’aimais faire. J’avais
20 ans lorsque Woz et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous
avons travaillé dur, et dix ans plus tard, Apple était passée de nous deux à une société
de plus de quatre mille employés et 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires 9.
J’ai regardé autour de moi pour voir où tout le monde se dirigeait, et puis j’ai pris le sens
inverse. Ensuite, je suis devenu bon dans ce que je faisais. Alors, j’ai commencé à
prospérer. Et puis un jour, je me suis rendu compte que j’étais passionné par la merde
des autres 11.
Quand on poursuit une vie détachée du SCRIPT, le quotidien est difficile et souvent
pénible – attendez-vous à voir votre passion s’émousser dans les moments
laborieux mais revenir quand la boucle de rétroaction se déclenche.
Avoir le sentiment très net de contrôler sa vie est un indicateur plus fiable des
sentiments positifs de bien-être que n’importe laquelle des conditions de vie objectives
que nous avons envisagées 10.
Si vous n’êtes pas heureux, quel rôle a joué l’autonomie ? Quels choix avez-vous
faits (ou n’avez-vous pas faits) qui ont érodé votre capacité à vivre dans
l’autonomie ?
Refuser le contrôle de votre vie, c’est refuser votre véritable liberté et émousser
votre autonomie et votre bonheur. Vous pouvez toujours contrôler ce que vous
faites et la façon dont vous pensez.
LE CADRE DE L’ENTREPRENEUR
POUR LA VIE HORS SCRIPT
AUTOROUTE DE L’ENTREPRENEUR (AE)
31
COMMENT CRÉER UNE
ENTREPRISE
QUI TRANSFORME
VOTRE VIE
Il suffit d’imaginer un meilleur piège à souris pour avoir le monde à ses pieds.
RALPH WALDO EM ERSON , poète américain
Cher MJ,
J’ai 29 ans et je suis de Santiago du Chili. Je suis diplômé en génie logiciel. J’ai toujours
été intéressé par les livres de développement personnel, de business et
d’entrepreneuriat. Il y a quelques mois, je cherchais quelque chose à lire et je suis
tombé sur un article à propos du livre L’Argent : l’art de le maîtriser, de Tony Robbins. Je
n’étais pas convaincu, mais ce serait certainement le prochain livre que je lirais…
jusqu’à ce que je lise un commentaire d’un utilisateur nommé Chris, dans ce même
article.
Chris disait : « Avant même de penser à acheter ce livre, jetez un coup d’œil à
L’Autoroute du millionnaire, de MJ DeMarco. C’est le seul livre de business honnête que
j’aie lu et qui appelle un chat un chat. Pas du n’importe quoi, juste la vérité pure. Si vous
voulez être riche, c’est par là qu’il faut commencer. C’est comme ça que je suis devenu
libre financièrement, et j’ai 30 ans, pas 70… »
Une publicité omniprésente est une preuve accrue qu’une productocratie – une
entreprise incroyable qui fonctionne par le bouche-à-oreille – n’est pas flagrante.
Pour mettre ma théorie à l’épreuve, j’ai mis sur pied une étude non
scientifique. De mémoire, j’ai noté sur le papier le nom de toutes les
entreprises qui font beaucoup de publicité à la radio. Comme j’écoute
beaucoup d’émissions de radio sur le sport, c’était facile. Quand une
entreprise fait tellement de publicité que je ne peux m’empêcher de
fredonner son jingle publicitaire, elle imprime sa marque dans mon esprit –
mais pas favorablement. C’est ainsi qu’en quelques minutes, cinq noms se
sont détachés. J’ai gardé leur industrie mais retiré leur nom spécifique. Les
voici :
1. AAA – Revêtement de sol
2. BBB – Réparateur de climatisation
3. CCC – Toitures
4. DDD – Élimination des nuisibles
5. EEE & fils – Chauffage et climatisation
Après cela, je me suis connecté sur le site Yelp pour voir les avis
d’utilisateurs. Remarquez bien que je n’ai pas fait de recherches concrètes :
j’ai simplement écrit le nom des entreprises qui me « venaient à l’esprit » en
matière de publicité. Voici les résultats :
Pensez aux cinq dernières choses que vous avez achetées en dehors des
courses du quotidien. Voici les miennes et ce qui m’a poussé à acheter :
• barres protéinées Quest (recommandées par un ami de la salle de sport) ;
• enceintes stéréo sans fil Sonos (recommandées par des milliers d’avis
positifs sur le Web) ;
• café Bulletproof (recommandé par de nombreux amis) ;
• saumon fumé norvégien (échantillon gratuit, Costco) ;
• complément alimentaire Myoplex (recommandé par un ami médecin).
Comme vous pouvez le voir, je n’ai fait aucun de ces achats parce qu’on
m’avait collé une annonce publicitaire sous le nez. Aucune de ces entreprises
ne m’avait envoyé une publicité mielleuse ou n’avait interrompu mon dîner
par un appel de télémarketing. Leur produit se vendait parce qu’il était
recommandable. Et dans le cas de l’échantillon gratuit, assez savoureux pour
qu’on ait envie de l’acheter. Vous voyez, les entreprises se développent
géométriquement et parfois exponentiellement en fonction de ce que nos
voisins et nos pairs en disent, pas de ce que la publicité en dit.
Il est fort possible que la meilleure preuve de la propension d’une
productocratie à faire exploser une entreprise soit n’importe quelle opération
illégale – prenons le cas des trafiquants de drogue. Ces entreprises, quoique
très risquées pour leurs propriétaires, génèrent aussi de grands bénéfices,
rendant souvent les dealers immensément riches. Vous êtes-vous jamais
demandé pourquoi ? C’est parce qu’ils sont dans le pull.
N’importe quelle profession illégale est implicitement une productocratie,
soit à cause d’une équation déformée de la valeur, soit à cause d’un
déséquilibre économique. Le produit est difficile à obtenir ou représenté de
façon trompeuse comme remarquablement supérieur. Alors, si vous êtes dans
le trafic de drogues, vous avez un avantage économique parce que votre
produit est à la fois rare et terriblement addictif. Les utilisateurs engendrent
d’autres utilisateurs, chacun très susceptible de recommencer. Une
productocratie serait aussi le mécanisme de pull derrière la pyramide de
Ponzi de 30 milliards de dollars de Bernard Madoff. Pendant des années, il a
apporté à ses investisseurs des rendements supérieurs au marché. Au lieu de
gagner chichement 5 % par des fonds classiques, ils pouvaient obtenir 10,
voire 15 % de Madoff ! Quand ces investisseurs ont vu ces retours sur
investissement sur le papier, et parfois dans la réalité, ils ont commencé à en
parler à des amis. Et ces amis en ont parlé à leurs amis, et voilà comment on
se retrouve avec une arnaque qui fait boule de neige. La principale arme
d’un arnaqueur pour se développer de manière explosive, c’est une fausse
productocratie !
Rappelez-vous : la valeur perçue est la seule chose qui compte dans un
échange d’argent, pas la valeur réelle.
Malheureusement, il y a trop d’entrepreneurs qui ne sont pas intéressés par
l’idée de créer un business qui soit dans le pull. Ils préfèrent opérer selon un
axe de « push », où la priorité n’est pas de résoudre des problèmes ou de
créer de la valeur – mais de faire la traque à l’argent ou de tricher sur la
valeur.
Ces gens qui poussent à l’achat ne comblent pas des besoins et ne facilitent
pas quoi que ce soit ; ils se contentent de chercher un produit « clé en
mains » – quelque chose qui peut rapporter de l’argent par le biais d’un
marketing malin et de publicité. Sur mon forum, ce genre d’entrepreneurs
révèlent leur mentalité « push » en posant des questions telles que :
J’aimerais écrire un livre numérique ; quels sont les sujets qui
rapportent le plus ?
J’aimerais commencer à vendre des produits sur Amazon ; que me
recommandez-vous ?
Quelles sont les entreprises qui livrent directement au client, que je
puisse lancer mon empire de e-commerce ?
Une productocratie vient après coup. Les produits qui mettent le sourire au
visage des clients et résolvent des problèmes sont un non sequitur. En face
de ça, le produit n’est qu’un rayon de la roue, quasiment aussi peu important
que le choix de la couleur de votre papier toilette. On ne voit nulle part ni
création de valeur ni amélioration de la mise en œuvre. Dans un système de
push ou de « BRO-marketing », les produits vendus sont de qualité médiocre
ou des produits de substitution qui ne servent qu’à faire rentrer de l’argent.
Une productocratie est ensuite supplantée par une publicité et un marketing
habiles.
La sous-culture du marketing sur Internet regorge de ces professionnels du
marketing push qui cherchent à faire d’un âne un cheval de course,
reconditionnant des informations obsolètes et inefficaces en programmes de
coaching, PDF et tout ce qui peut rapporter gros. Derrière les belles
formules, les grandes promesses et les primes bidon, ce que vous ne voyez
pas, ce sont les indicateurs lamentables : 0 nouvelle commande, 25 % de
remboursement, et 10 % de rétrofacturation. Comme on dit, que de la gueule.
Ce n’est pas du business ; c’est du racket.
Lorsque votre produit est nul et que personne ne repasse de commande ou
que la plupart des clients laissent des avis mauvais, faire de la publicité est
la seule carte qui vous reste en main. Et quand la publicité s’arrête, il en est
de même des ventes, et de l’entreprise. Dans ce cas-là, il n’y a pas de feu,
juste l’étincelle du marketing pour forcer (push) un produit de qualité
inférieure à la moyenne dans les mains de gens trompés sur la marchandise.
Au lieu de vendre une valeur réelle, les entrepreneurs push vendent une
valeur perçue.
À ce stade, vous pourriez penser que vous détestez la publicité, les ventes
ou le marketing. Ou que c’est inutile.
Tout cela est faux.
En fait, les ventes, la publicité, le marketing et la rédaction publicitaire
sont probablement les compétences de base les plus essentielles que vous
puissiez avoir.
Si je peste contre la publicité, ce n’est pas pour repousser ses impératifs
organisationnels mais pour montrer sa relation avec l’attraction d’une
productocratie. Dans une organisation centrée sur le produit, la publicité
n’est pas ce qui permet au bateau de flotter ; c’est ce qui lui permet
d’avancer.
Alors, si vous possédez déjà une entreprise, combien de temps survivriez-
vous si vous arrêtiez de faire de la publicité ? Si la réponse est quelques
semaines ou quelques mois, vous avez un problème de produit. Et avec un
problème de produit, vous finirez par avoir un problème d’entreprise.
C’est écrit en toutes lettres dans le livre. Noir sur blanc. LES CINQ COMMANDEMENTS.
Quiconque a un business dont il n’a pas le contrôle peut se faire du souci – beaucoup
de souci ; rectifiez tout de suite la situation. Je viens d’avoir 60 % de mes revenus
mensuels balayés par un seul e-mail. Cet e-mail dit simplement : « Vos privilèges de
vendeur sur Amazon ont été révoqués », suivi par une raison qui n’a ni queue ni tête.
Voici ce qui se passe après. J’adresse une réclamation et un plan d’action justifiant
pourquoi le problème n’arrivera plus. Ce qui est absolument extraordinaire compte tenu
du fait qu’ils ne m’ont pas dit quel était le problème. Juste un curseur renvoyant à une
liste de liens de recommandations. Alors, j’ai passé toute la matinée à rédiger ma
réclamation, et ça représente mon unique chance d’empêcher 60 % de mon business
de s’effondrer en une malheureuse matinée. Oh, et puis imaginez un peu : ces gars
sympas à Amazon, ils vont garder pendant quatre-vingt-dix jours mes 15 000 dollars sur
lesquels ils touchent un intérêt.
Il y a quelques semaines, mon ami a lancé sa toute nouvelle entreprise. Il a fait équipe
avec un développeur pro pour créer un produit qui comblerait le vide lorsque Google
arrêterait ses alertes RSS. Ma sonnette d’alarme s’est déclenchée ; il élaborait un
service directement lié à la plate-forme de Google, sur laquelle il n’avait aucun contrôle !
De plus, il violait leurs conditions de service.
Après deux mois de travail intense de sa part et de celle de son cofondateur (après dix-
huit heures car ils avaient un travail salarié le jour), ils ont mis sur pied un super produit.
La conception était sans faille ; cinq cents personnes s’étaient inscrites pour le
lancement. Le jour du lancement se rapprochait, et un e-mail de masse avait été envoyé
la veille pour prévenir les utilisateurs.
Et puis le jour du lancement, j’ai reçu un e-mail disant que le produit avait été arrêté –
arrêté parce que Google venait de remettre en place des alertes pour les RSS le jour du
lancement. Quel dommage qu’il n’ait pas lu le livre de MJ, que je lui avais suggéré des
mois plus tôt. Il avait préféré lire un autre livre sur le lancement de produit à la place.
Réfléchissez.
Si Amazon refusait de vendre le dernier roman de J. K. Rowling, pensez-
vous que ses ventes passeraient de plusieurs millions à quelques centaines ?
Bien sûr que non. Elle est totalement détachée de son influence car elle
contrôle sa marque et sa plate-forme avec le pouvoir d’une productocratie :
les lecteurs sont des fans, les fans sont des disciples et les disciples vous
sont loyaux, et non fidèles au canal par lequel ils achètent votre travail.
Ce qui nous amène au dernier élément du contrôle…
Votre marque.
Si vous prenez des risques et passez un temps précieux à monter une
entreprise, pour l’amour du ciel, assurez-vous que vous investissiez bien
dans votre marque et pas dans celle de quelqu’un d’autre. Si vous vendez
Avon, Herbalife, Amway ou tout autre produit de marque que vous n’avez
pas inventé, vous violez le commandement du Contrôle.
NON AU SCRIPT est ma marque de fabrique, et vous pourriez même dire ça
de l’Autoroute – dans les deux cas, quand ces termes sont utilisés dans un
contexte d’entrepreneuriat, les gens savent qu’ils font référence à quelque
chose que je possède : la philosophie de la vie HORS SCRIPT.
Si l’investisseur type de Graham & Dodd achète des titres sous-évalués et attend des
résultats, nous nous engageons souvent activement dans les entreprises que nous
visons. Cette activité peut représenter un large éventail d’approches, que ce soit
influencer la direction à prendre des mesures dans le but d’améliorer la valeur pour
l’actionnaire, ou d’acquérir une participation majoritaire ou carrément l’acquisition de la
société ciblée de façon à mettre en œuvre des changements que nous jugeons
nécessaires pour améliorer les affaires, puis pour exploiter et développer cette
entreprise. Cet activisme a généré de très bons rendements au fil des ans 11.
Pour pouvoir influencer vos résultats et réduire les risques dans le cadre
d’une recherche de vie HORS SCRIPT, vous devez avoir le contrôle. C’est ce
qui fait la différence entre un rendement « pas mal » et un rendement
explosif, « du feu de Dieu ».
Dans le cas d’Icahn, son fonds d’investissement, Icahn Enterprises L. P.
(IEP) a eu un rendement de 1 674 % depuis le 1er janvier 2000, contre 82 %
pour le S&P 500. Si vous comptez ignorer l’arnaque de l’intérêt composé et
de son principe du capital décrit dans le chapitre 25, je vous en prie, faites-
le en investissant dans un fonds activiste où le contrôle fait partie de la
philosophie d’investissement.
Au bout du compte, décidez si vous voulez mener ou suivre. Diriger ou être
dirigé.
Si vous choisissez plutôt de mener et de diriger, bravo, vous avez l’ADN
pour faire de grandes choses. C’est que, sérieusement, pourquoi voulez-vous
vous lancer dans l’entrepreneuriat ? Pour que quelqu’un vous dise quoi faire,
quoi vendre et comment le vendre ? Voulez-vous prendre le risque de vous
retrouver éjecté (« formulaire noir ») pour une raison inconnue ?
Lorsque vous violez le commandement du Contrôle, cela revient à museler
l’entrepreneuriat avec le masque de l’emploi – quelqu’un dans une tour
dorée peut vous renvoyer d’une simple décision. Ce n’est pas de
l’entrepreneuriat, c’est du panurgisme : vous êtes un guppy parmi les autres.
Dites à Dieu que vous voulez être un requin.
34
LE COMMANDEMENT DE
L’ENTRÉE :
QUI DIT DIFFICULTÉ
DIT OPPORTUNITÉ !
Cela est une requête qui a réellement été faite sur mon forum. Ça semble
assez innocent, mais quand vous y réfléchissez, c’est ridicule. Et laissez-moi
mentionner que dans un autre fil, cet homme a prétendu que le succès d’une
entreprise consistait simplement à « copier/coller les entreprises les plus
rentables qu’on puisse trouver ». Demandez-vous donc ceci : si vous
possédiez une entreprise de produits pour animaux de compagnie à forte
marge et que vous faisiez fortune, menaceriez-vous le gagne-pain de votre
propre famille et votre liberté pour donner à un étranger sur un forum votre
liste tant « convoitée » ? Bien sûr, voici le nom et le numéro du fabricant que
j’ai utilisé pour me faire 3 millions de dollars l’an dernier. Et pendant que
j’y suis, voici les clés de ma McLaren et ma carte de crédit, code 3-0-3-0.
En fin de compte, les drapeaux annonçant une facilitation sont des
handicaps alors que les difficultés sont des atouts. La difficulté reflète la
profondeur du problème et la magnitude de la valeur. Mais surtout, les
barrières à l’entrée difficiles à lever représentent un fossé naturel qui
maintient À L’ÉCART les entrepreneurs à la recherche de facilitation.
Je commence ce fil pour toute personne qui désire suivre mon voyage par l’Autoroute. Il
sera, j’espère, utile à quiconque suit la voie de l’invention et de la fabrication. Ces gens-
là pourront apprendre à partir de tout ce que je ferai et de toutes les erreurs que je
commettrai en cours de route. Je suis nouveau là-dedans. Je sais que j’ai beaucoup à
apprendre et que j’apprendrai beaucoup.
Mon projet est de me lancer avec une de mes idées qui s’avère nécessaire dans ma
profession actuelle mais n’est toujours pas disponible après toutes ces années. Je me
suis toujours demandé pourquoi ce produit n’existait toujours pas et l’ai toujours
regretté. Mes collègues et d’autres personnes de mon secteur d’activité se posent
souvent la même question. C’est quelque chose que toutes les personnes qui travaillent
dans mon secteur voudraient avoir, et l’acheter ne serait pas une question de vie ou de
mort car ce n’est pas coûteux. Au minimum, ils voudraient l’essayer, et s’ils l’essayaient,
je sais qu’ils en revoudraient.
Je dois admettre que la vie est belle. On ne travaille quasiment plus maintenant. Les
revenus continuent de déferler. Je suis libre de faire tout ce que je veux. Je peux aller à
la salle de sport tous les jours. Aller courir. Faire des jeux. Passer du temps avec ma
femme et mon gosse. Conduire mon Audi R8.
Combien d’occasions ou d’idées avez-vous laissé passer parce que « C’est trop
difficile ! » pour finir par voir quelqu’un résoudre le problème et se faire des
millions ?
35
LE COMMANDEMENT
DU BESOIN :
COMMENT CRÉER
UNE OPPORTUNITÉ DANS
N’IMPORTE QUEL SECTEUR
Chaque jour, je lis quelque chose comme les phrases ci-dessus. Si vous êtes
quelqu’un qui a vraiment du mal à avoir des idées, ce que vous dites
réellement, c’est que vous créez des excuses convaincantes. Rappelez-vous :
les entrepreneurs résolvent des problèmes. Chaque fois que vous dites : « Je
ne trouve aucune idée ! », ce que vous dites réellement, c’est : « Le monde
est parfait et n’a besoin de rien. »
Il n’y a que dans un monde utopique qu’il n’y a pas de problèmes, de
besoins ou de désirs. Tout le monde est heureux. « Tout le monde il est
gentil, tout le monde il est content. » Se lamenter de ne pas avoir d’idée,
c’est admettre la perfection du monde. Ou la réponse n’est-elle pas plutôt
qu’il n’y a pas de problèmes, de besoins ou de désirs auxquels on puisse
facilement répondre ?
Les gens qui ne voient pas les opportunités ne les voient pas parce qu’ils
ne veulent pas voir ce qu’ils doivent voir : les inconnues, les compétences à
acquérir, le travail laborieux, les tâtonnements, les risques et les échecs. Ils
préfèrent chercher quelque chose qui n’existe pas : la voie toute tracée, le
schéma directeur détaillé complété par un mentor millionnaire, un compte
bancaire alimenté par du capital-risque et un emploi de salarié qui les attend
en cas d’échec, comme filet de sécurité. Ce n’est pas étonnant que la plupart
des gens manquent d’idées. Pour reprendre la formule célèbre de Thomas
Edison : « L’opportunité passe sous le nez de la plupart des gens parce
qu’elle se pare d’un bleu de travail et qu’elle ressemble à du travail. »
J’ai assisté récemment à une nouvelle réunion du club d’entrepreneurs de mon école.
Le sujet était : les étapes essentielles pour une start-up. Je me suis volontairement tu
pour pouvoir observer ce que les autres pensaient. À ma grande surprise, personne n’a
mentionné l’idée de trouver une solution à un problème. Parmi les exemples donnés, il y
avait : trouver des partenaires, trouver quelque chose pour faire de l’argent, s’assurer
qu’on a assez de capital, et le marketing. J’ai été choqué que personne ne dise qu’il
fallait créer un produit ou un service dont quelqu’un ait effectivement besoin.
Un critère de valeur bien manipulé élargit les marchés sans en fermer d’autres.
Quand, par exemple, votre entreprise ratifie une idéologie politique, à la fois vous
élargissez vos marchés (les gens qui sont pour) et vous vous en fermez d’autres
(les gens qui sont contre).
2. Le mythe de l’isolement
La deuxième erreur est la plus courante : le mythe de l’isolement. Dans le
cas des rencontres amoureuses, c’est le fait d’isoler un critère (l’attrait
physique) tout en ignorant le reste (le fait qu’elle est jalouse, qu’elle a 82 de
QI et qu’elle est obsédée par elle-même vu ses trois mille selfies sur
Instagram). Pendant ce temps, la fille qui crève les plafonds par son
intelligence, qui a la personnalité de Jennifer Aniston et regarde un match de
sport avec vous tout en buvant de la bière n’a aucune chance parce qu’elle
n’a pas 10 sur 10 mais seulement 8,5. Dans les affaires, le mythe de
l’isolement est l’équivalent imagé de celui qui se rend à une fusillade avec
une seule balle dans son revolver, estimant que la valeur et l’occasion ne
dépendent que d’une variable : le prix.
Si je propose le prix le plus bas, j’aurai la vente ! Quand le business est
isolé par un critère de valeur unique, le prix, il devient standardisé. Pensez
aux stations-service. Aux rames de papier, aux clés USB et au transport
aérien. En tant que consommateurs, nous achetons généralement ces produits
en fonction du meilleur prix parce que le résultat reste uniformément
prévisible. Un tarif en classe économique sur Southwest Airlines et United
Airlines vous amènera à Denver avec le même manque de confort – alors
c’est le meilleur prix qui l’emporte. La fidélité ? Elle est achetée par
quelques malheureux dollars.
Dans une industrie standardisée, votre client est indifférent à votre
existence, comme une piscine olympique se ficherait qu’on lui vole une tasse
d’eau. Je ne serais pas étonné que la moitié des cochonneries qui sont sur
Alibaba (et ensuite vendues sur Amazon) soient des biens standardisés qui
attendent patiemment qu’un autre aspirant entrepreneur se joigne aux rangs
surchargés des « pousseurs de produits de base » qui vendent la même chose
et espèrent remporter la palme du « prix le plus bas du jour ». Opérer dans
un climat de produits standardisés est une course vers le fond car plus il y a
de joueurs, plus les marges se détériorent. « Jusqu’à quel petit bénéfice suis-
je prêt à aller pour survivre ? »
Comme l’a dit Peter Drucker4 : « Dans un marché de produits de base, on
ne peut jamais être meilleur que son concurrent le plus bête. » Voici une
histoire de standardisation (et de traque à l’argent) publiée sur mon forum :
3. Le mythe du blockbuster
La troisième étape de la manipulation de valeur est le mythe du blockbuster.
C’est lorsque vous faites l’erreur d’isoler le critère de valeur en vous
fondant uniquement sur votre capacité à concevoir un produit unique, encore
jamais vu. « Il faut que je trouve quelque chose que personne d’autre ne
fait ! » Autrement dit, vous attendez patiemment que l’éclair vous frappe de
cette idée légendaire à laquelle personne, sur sept milliards d’êtres humains,
n’a jamais pensé.
Derrière le mythe de l’idée de blockbuster, on trouve la croyance selon
laquelle, si vous êtes le premier sur le marché, il n’y aura pas de
concurrence. Et si la concurrence n’existe pas, vous pouvez dicter la
manipulation de valeur et les marges : donc à vous les millions !
Malheureusement, être le premier sur le marché n’est pas avoir une paire
d’as au poker, pas même une paire d’autre chose d’assez correct. Vous
n’avez qu’à demander à ces braves gens qui ont démarré Friendster,
Netscape, Palm, TiVo et Betamax.
Conséquence du mythe du blockbuster : vous ne faites jamais rien parce
que l’éclair ne frappe jamais. Je n’arrive pas à avoir de bonnes idées, alors
je ne fais rien.
Les deux mythes de valeur qui suivent correspondent étroitement au mythe
du blockbuster et, ironiquement, viennent en général après. Le premier est le
mythe de la salle bondée.
6. Le mythe de l’utilisation
Vous avez entendu parler de cet athée qui a vendu des bibles pour des
milliers de dollars ? Sortez le champagne – histoire véridique. Et John
Sylvan, le fondateur des dosettes de café Keurig K-Cups ? Il a récemment dit
qu’il n’en utilisait pas.
Moi ? J’ai passé dix ans dans l’industrie de la limousine. Vous savez
combien de fois j’ai loué une limousine ? Une fois. Mon ami possède une
entreprise de chasse. Vous savez combien de fois il est allé à la chasse ?
Jamais. Un autre ami ? Celui-là possède un business d’animaux de
compagnie ; malgré ça, il n’en possède pas lui-même. Voyez-vous, il n’est
écrit nulle part dans le manuel de l’entrepreneur que vous devez être un
utilisateur avide de votre produit dans son secteur. Oui, vous devez croire en
votre produit et en sa supériorité. Vous devez être un fan de sa valeur pour le
monde, mais vous-même ? Selon le mythe de l’utilisation, seules les autres
personnes ont besoin de lui trouver de la valeur, pas vous.
Les opportunités n’ont aucun préjugé. Les problèmes résolus et les besoins satisfaits
se moquent bien de savoir si vous aimez une industrie ou utilisez le produit. Les
femmes peuvent vendre des produits pour hommes et vice versa.
Ces jérémiades devraient vous sembler familières parce qu’on les entend
partout. Cherchez ces phrases clés sur les réseaux sociaux et vous trouverez
une mine d’or d’idées potentielles. Chaque fois que je fais une telle
recherche, je trouve plusieurs opportunités potentielles en quelques
secondes. Sur Instagram, je vois des sportifs en salle de musculation qui se
plaignent de gens qui leur piquent leur machine entre deux séries
d’exercices. Sur Twitter, il y avait une personne qui se plaignait d’avoir à
faire des cartons, manifestement avant un déménagement imminent. Une autre
personne regrettait que les cinémas en plein air ne soient plus aussi
populaires qu’autrefois. Une autre encore regrettait que les appareils de type
Babyphone n’offrent pas d’analyse de données. J’ai trouvé quatre idées
potentielles en trente-cinq secondes. Que pourriez-vous trouver si vous étiez
vraiment sérieux et cherchiez pendant une heure ?
Mon ami va encore plus loin. Il cherche sur Amazon des produits qui se
vendent bien mais ont de mauvaises critiques. Ensuite, il se plonge dans les
plaintes et détermine s’il peut les résoudre au niveau de la fabrication. Si
c’est le cas, il développe ses propres produits.
Les réclamations et les douleurs offrent aussi des opportunités.
Sérieusement, il y a à peine une heure, je nettoyais une poêle collante dans
laquelle avait séché de la graisse de bacon et je grommelais : « J’ai horreur
de ça… » Prêtez attention à ce dont vous avez horreur, que cela semble subtil
ou stupide. Qu’aimeriez-vous qui soit plus facile ? Plus pratique ? Moins
douloureux ?
#2 : Le côté pratique
Tout ce qui n’est pas pratique représente une opportunité. Que ce soit au
niveau du produit lui-même ou du processus qui entoure le produit. Par
exemple, dans notre « entreprise monétaire », un processus de vente
impliquait un envoi par courrier tandis que l’autre traitait les commandes en
ligne. Pour un même produit, une livraison pratique l’emportera toujours.
L’autre option consiste à prendre quelque chose de peu pratique et de le
rendre pratique. Theranos, la compagnie de tests sanguins controversée (et
discutable), est une tentative remarquable de faire des tests sanguins
pratiques. Dans le passé, les tests sanguins impliquaient généralement un
médecin et un rendez-vous. Chaque fois que des inconvénients sont résolus
grâce à un meilleur processus ou à une technologie plus récente, ou en
améliorant le gadget, on a habilement « manipulé la valeur ».
#4 : Les désirs
Les désirs sont le type de besoin le plus ambigu. Un désir est quelque chose
que l’on souhaite mais dont on n’a pas nécessairement besoin. L’utilité et la
fonctionnalité sont secondaires. Dans le passé, toutes les Lamborghini,
Corvette et Viper que j’ai possédées étaient toutes des désirs ; je n’en avais
pas besoin. J’ai dépensé de l’argent sur ces voitures pour symboliser l’ego,
la réussite et une expérience exaltante. De même, le dernier iPhone, le
dernier jeu vidéo et une paire de Louboutin répondent tous à des désirs : tout
ce qui constitue une envie. La plupart des désirs relèvent de la vanité, du
divertissement ou de la mode, là où l’utilité est secondaire. Les opportunités
liées aux désirs sont nombreuses, car la demande peut être influencée par le
marketing.
#8 : L’arbitrage de valeur
L’arbitrage de valeur, l’approche simple et directe de la création de valeur,
est un autre chemin vers la nécessité. Avec l’arbitrage de valeur,
1 + 1 + 1 + 1 n’est pas égal à quatre mais à cinq. L’unité incrémentale
manquante est votre bénéfice. La somme des parties n’est pas égale à la
totalité.
Le mécanisme derrière l’arbitrage de valeur consiste simplement à ajouter
de la valeur. Par exemple, lorsqu’un investisseur immobilier achète et retape
une maison – en posant des moquettes, en accrochant des placards de
cuisine, en refaisant la peinture et l’aménagement paysager –, les parties
ajoutées auront une valeur supérieure à la somme totale.
De la même manière, j’ai un ami qui achète des sites Web mal
commercialisés et mal conçus. Une fois qu’il les acquiert, il les remanie et
en assure la refonte jusqu’à en augmenter le résultat net. Une fois que le
résultat net remonte, il les revend pour une coquette somme.
Bien sûr, l’arbitrage de valeur peut être n’importe quoi où la valeur est
ajoutée par paliers. Tous les magasins vendant des articles de seconde main,
en particulier ceux situés dans des quartiers riches, constituent une
opportunité unique pour quiconque est disposé à travailler et à utiliser son
cerveau. Cette vieille commode abîmée dont la peinture s’écaille et dont un
pied est cassé ? Réparez le pied, décapez et repeignez-la et soudain voilà
une commode à 10 dollars qui en vaut 90. On peut dire la même chose des
vieilles voitures. Il y a des personnes sur mon forum qui font ça pour
arrondir leurs fins de mois. Elles remettent à neuf de vieilles autos sales et
les revendent ensuite moyennant des centaines de dollars de bénéfice.
#9 : La réaffectation
En nettoyant mon garage, je suis tombé sur de vieux bouts de moquette et un
tas de bois. J’avais beau ne pas en avoir l’utilité, ça me chiffonnait de devoir
mettre ça à la poubelle. La plupart des gens voient de la camelote bonne à
jeter là où je vois de la valeur potentielle. Lorsque vous associez du bois et
de la moquette, vous avez de quoi faire un arbre à chat de luxe. Le dernier
que j’ai acheté m’a coûté un paquet de billets. J’avais là de quoi
probablement faire quatre arbres à chat. Ce tas de camelote sans valeur
n’était pas sans valeur.
Bien que la leçon de cette histoire ne soit pas de faire fortune dans les
arbres à chats haut de gamme, c’est une façon de faire voir des opportunités
de réaffectation. Si j’étais jeune et fauché, j’aurais passé quelques jours à
réutiliser ces matières premières pour en faire de la valeur. Ainsi, au lieu de
les jeter à la poubelle, je les ai proposées GRATUITEMENT sur un site
d’annonces et je les ai données.
La réaffectation consiste à récupérer diverses matières premières et à les
réutiliser à d’autres fins, difficiles à reconnaître. Saviez-vous, par exemple,
que les vieux jeans dont on ne veut plus ont une utilité industrielle ? Blue-to-
Green (BtG) a collecté plus de deux cents tonnes de jean non désiré et en a
fait de l’isolant pour logement respectueux de l’environnement. Au lieu
d’avoir de la fibre de verre pour préserver la chaleur de votre maison, vous
pourriez avoir de vieux Levis8 ! Dans la même veine, Lucrecia Lovera,
entrepreneuse à Berlin, en Allemagne, transforme de vieilles cassettes VHS
en sacs à main et elle les vend sur son site Web retape.de.
On ne sait jamais quand et où des idées de réaffectation peuvent se
présenter. À part quand je bois beaucoup de vodka, c’est au cours de longs
trajets en voiture que mon esprit vagabonde de manière créative. Un jour, en
rentrant chez moi par l’Interstate 10 après un été en Californie, j’ai repéré
deux occasions de réaffectation. Les routes étaient jonchées de lambeaux de
pneus déchiquetés. Tous les quelques mètres, c’était une chape de pneu ou un
autre débris qui traînait sur la route – certains incroyablement dangereux. Je
pensais, évidemment, que c’était un problème. Et qui dit problème dit
opportunité. D’après les chiffres sur la sécurité routière de la National
Highway Traffic Safety Administration9, plus de 25 000 accidents sont
causés par des débris sur la route, dont 800 mortels. Je me demandais
pourquoi il n’y avait personne pour nettoyer tout ça. Le gouvernement fédéral
ou l’État de Californie pourrait-il embaucher quelqu’un pour maintenir la
propreté de nos autoroutes, tout en réduisant les accidents coûteux ? Si ces
entités gouvernementales sont virtuellement fauchées, les deux dépensent
sans compter avec de vraies machines à imprimer les billets.
Cependant, l’idée des débris de la route céda bientôt la place à une autre
vision. Alors que je filais sur l’autoroute (respectant bien entendu les
limitations de vitesse), et que des centaines de débris passaient à droite et à
gauche, c’est de l’argent que je voyais. Quelques semaines plus tôt, j’ai
décoré ma cour arrière avec du paillis de paysage en caoutchouc et j’ai
dépensé une fortune pour le faire. Devinez en quoi était fait ce paillis ? En
vieux pneus déchiquetés réaffectés.
Et à 50 cents la livre, ces pneus déchiquetés qui jonchent l’autoroute sont
de l’argent sale qui dérive dans le vent.
Un entrepreneur qui voit le problème et surmonte les difficultés inhérentes
aura une super petite affaire avec une offre de valeur incroyable : récupérer,
recycler et réutiliser. Eh ! peut-être même pourrait-on combiner les deux
opportunités.
J’ai lu un article sur une petite entreprise de produits matériels, qui rapportait quelques
centaines de dollars par mois et a plus tard été vendue pour 5 000 dollars à quelqu’un
d’autre. Ce nouveau propriétaire a modifié le site Web, ajouté quelques produits,
amélioré les photos, le conditionnement, le traitement des commandes, changé les prix
et le chiffre d’affaires est monté à 50 000-100 000 dollars par mois en six mois.
#11 : Le surcapitalisme
Ne vous y trompez pas, je suis un capitaliste. Mais ne confondez pas
« capitalisme » avec « tirer profit de tout ce qui bouge » et détruire
l’environnement au passage. En tant qu’entrepreneurs HORS SCRIPT, nous
sommes d’abord des fiduciaires, des hommes de confiance, et ensuite des
capitalistes. Faites passer l’intérêt de vos clients avant le vôtre. Apportez la
valeur que vous avez promise. Faites de notre monde un monde meilleur, et
l’argent suivra.
Malheureusement, grâce aux médias modernes et à leurs revendications
politiques citoyennes pour une victimologie politiquement mandatée, le
terme « capitalisme » est devenu un vilain mot. Après tout, les riches
capitalistes s’enrichissent parce qu’ils portent des Glocks12 et forcent les
gens sous la menace des armes à acheter leurs trucs. C’est comme si les
gens, convaincus que « l’argent, c’est mal », préféraient faire leurs courses
dans un magasin vide plutôt que de reconnaître ce qu’apportent les
producteurs. Le capitalisme est le meilleur système économique de la
planète, et les chiffres du PIB, les progrès de la technologie et de la
médecine ainsi que la mobilité sociale sont là pour le prouver.
Oui, il a beaucoup de défauts.
Outre les lobbyistes, les capitalistes de copinage et les politiciens à louer,
le surcapitalisme est l’un de ces défauts – et c’est une excellente opportunité
pour vous et moi.
Le surcapitalisme, c’est lorsque toute organisation commerciale
abandonne sa mission initiale de création de valeur pour donner la
priorité aux bénéfices – à tel point que c’en est d’une évidence
repoussante. Ouais, oubliez cette définition mielleuse de la mission
placardée sur le mur, celle qui prône l’honnêteté, l’intégrité et la qualité,
parce que tout ça, c’est des conneries.
Le surcapitalisme n’est pas un système fiduciaire, et sa meilleure analogie
est une serviette mouillée.
La serviette représente le produit et sa valeur intrinsèque, tandis que l’eau
imbibée dans la serviette représente le profit potentiel qu’on peut en
« extorquer ». Au lieu de se concentrer sur la serviette et sur la façon de
l’améliorer, l’entreprise qui ne pense qu’au profit se concentre sur la façon
d’« extorquer » – elle extorque de manière systématique et mesurée de
l’argent de ses clients par la réduction des coûts, la réduction de la qualité
des produits et l’augmentation des prix sans augmentation de la valeur.
Pensez aux entreprises de l’alimentation, du câble, de l’assurance et de
l’électricité. Lorsqu’une société « extorque » de l’argent, cela apparaît
généralement dans le courrier sous forme d’une lettre d’excuses qui
commence par « Cher client, chère cliente… » Ou alors votre boîte de
céréales de 450 g n’en fait plus, tout à coup, que 370, mais elle est toujours
au même prix. Alors, si vous pensez : bon sang, elles sont toutes pareilles,
les sociétés ! Eh bien, pas exactement, mais ouais, ça représente un bon
pourcentage.
Prenons l’exemple du secteur de l’agriculture et de l’alimentation, une
industrie en proie au surcapitalisme. Avec son utilisation d’OGM,
d’édulcorants/colorants artificiels, d’agents de remplissage, de sucralose et
de divers autres ingrédients douteux, l’industrie a lentement transformé nos
corps replets en zombis accros au sucre gavés d’une franken-nourriture
méconnaissable composée de Dieu sait quoi. Est-ce que le nom Monsanto
évoque en vous un sentiment de bien-être ? Et cette barre granola dite
« bonne pour la santé », celle dont la liste des ingrédients est aussi longue
que Guerre et Paix ?
Certaines de mes entreprises préférées d’aliments naturels ont vu le jour et
se sont développées à cause du surcapitalisme. Par exemple, je paie une
fortune pour des œufs issus de poules élevées en plein air et sans cruauté.
Les œufs ordinaires, produits en masse, sont un surcapitalisme exécuté avec
une inhumanité scandaleuse. Et ne me lancez pas sur l’arnaque des œufs de
poules élevées « sans cage ». Tasser cent poules dans dix mètres carrés peut
donner droit à la désignation percutante « sans cage », mais je ne me laisse
pas avoir. Si vous appréciez les œufs au petit déjeuner, je vous mets au défi
de comparer visuellement un œuf de poule élevée en plein air à un œuf
produit en masse. Les œufs heureux sont clairs et soyeux ; l’œuf issu du
surcapitalisme est laiteux et gluant. Quoi qu’il en soit, le fait est que
l’opportunité et la demande existent parce que d’autres n’ont pas les yeux sur
ce qui est le mieux pour vous ; ils ont les yeux sur votre portefeuille.
L’industrie des aliments biologiques et naturels, qui vaut des milliards de
dollars, est une conséquence directe de la pression exercée par les
entreprises. Les consommateurs en ont assez des déchets et exigent des
alternatives naturelles et bonnes pour la santé. Bien sûr, il n’y a pas que dans
l’alimentation et l’agriculture que l’on trouve le surcapitalisme ; mais partout
où des sociétés bien implantées ont perdu de vue leur raison d’être.
Une entreprise se retrouve dans le cercle vicieux du surcapitalisme dès
lors que son client principal et principale partie prenante passe du statut de
roi du château à celui de serviteur qui passe la serpillière.
Obtenir un emploi et être responsable n’est jamais un échec. Lorsque vous vous
identifiez comme entrepreneur, avoir un emploi est simplement un moyen
d’atteindre un but, une partie de votre histoire qui se déroule.
Ne restez pas au lit, à moins que vous puissiez gagner de l’argent au lit.
GEORGE BURNS, comédien américain
Encore une fois, toutes ces structures durables mettent en œuvre mes
systèmes de valeur durable. Mon système durable se substitue à mon temps,
tout comme les systèmes qui le promeuvent ! Un système autonome vend le
système autonome. Qui aurait pu l’imaginer ? Ce que ça me « coûte » dans
ces systèmes, c’est le temps d’administration du canal, c’est-à-dire
généralement quelques minutes.
Ainsi, le system Amazon FBA vend mes livres. J’ai mesuré combien de
temps ça me prend de préparer et d’envoyer un carton de livres. Temps de
préparation + livraison au point de vente UPS7 du coin : dix-sept minutes.
Une fois que je l’envoie à Amazon, je ne m’en occupe plus : pas
d’emballage, pas d’expédition, plus besoin de temps. Avec trente-deux livres
par carton à raison de 6 dollars de bénéfice par unité, je gagne 192 dollars
par carton.
Maintenant 192 dollars, ce n’est peut-être pas impressionnant, mais là n’est
pas la question. Ce qui est important ici, c’est le retour sur temps investi
(ROTI8) qui est impressionnant. Ramené à un taux horaire, mon temps est
payé 677 dollars de l’heure ([60/17] × 192). Vous objecteriez à l’idée de
gagner presque 700 dollars de l’heure ?
Le coût de la durabilité
Faire la grasse matinée et gagner de l’argent – 700 dollars de l’heure.
Contrôles réguliers pour ne rien faire. Oui, les pseudo-entrepreneurs (qui
rêvent) en ont l’eau à la bouche. Hélas, la création de durabilité a un coût. Et
je ne parle pas de dollars. Aussi drôle que cela puisse paraître, le prix à
payer pour avoir de la durabilité, c’est votre temps. Si vous ne pouvez pas
dire NON à ce que vous voulez aujourd’hui, vous ne pourrez pas dire OUI à ce
que vous voulez demain. Le problème en ce qui concerne le commandement
du Temps est de penser que le temps peut être acheté en ne lui consacrant pas
de temps. Vous ne pouvez pas passer trois heures à écrire un livre de merde
et vous attendre à faire un tas de revenus passifs simplement parce que ce
livre de merde existe à perpétuité. Les cochonneries survivent au temps tout
comme l’or. La seule question est : y aura-t-il quelqu’un pour acheter ce que
vous aurez créé ? Et pour en parler aux autres ?
N’ayez pas peur de passer plein de temps à construire votre système.
La vérité foncière qui sous-tend tout ce livre est que nous voulons finir par
être rémunérés à la fois en temps et en argent.
« Finir par » est l’expression fondamentale.
De nombreuses entreprises, en particulier celles de services, requièrent
une attention sans faille au début. Si vous créez un nouveau restaurant bio
avec le franchisage comme vision à long terme, les avantages de durabilité
ne seront pas acquis pendant des années tant que le système ne sera pas
parfait. Telles des graines, la création de valeur durable nécessite d’être
cultivée avant de pouvoir pousser et donner des fruits. Et c’est quand elle
donne plein de fruits qu’on en fait un système d’argent.
Lorsque vous créez une valeur durable via un système d’entreprise, votre
objectif est de gagner immédiatement DE L ’ARGENT, mais plus tard DU TEMPS
LIBRE.
Un style de vie HORS SCRIPT devrait être régulièrement mis au défi. Chaque fois
que la vie devient routinière ou banale, cela indique potentiellement qu’il est temps
de se lancer à nouveau.
37
LE COMMANDEMENT
DE L’ÉCHELLE : GAGNEZ
LA VIE ET LA LIBERTÉ,
PAS UN REPAS ET UN FILM
Meilleur cas de figure, jeu laser Meilleur cas de figure, société de logiciels
5 000 $/mois 1 000 000 $/mois
Si vous avez échoué de multiples fois dans vos affaires, essayez d’analyser vos
faillites sous le microscope des commandements de l’Autoroute pour découvrir la
source de vos échecs.
LE CADRE DE L’ENTREPRENEUR
POUR LA VIE HORS SCRIPT (CEVHS)
EXÉCUTION CINÉTIQUE (EC)
38
EXCELLER
DANS LA MISE EN ŒUVRE :
IL EST IMPOSSIBLE
DE PRÉVOIR
L’IMPRÉVISIBLE
Vous n’êtes jamais un perdant tant que vous n’arrêtez pas d’essayer.
MIKE DITKA , entraîneur de football américain
L’EXÉCUTION CINÉTIQUE
L’ESPRIT DU MARCHÉ – LES 3 A – LES 7 P
L’ESPRIT DU MARCHÉ
Le premier composant de l’exécution cinétique est représenté par le cercle
extérieur – l’esprit du marché –, la compréhension que le marché ne peut
être ni annoncé, ni prévu, ni maîtrisé. Personne ne peut dire avec précision
quels sont les défis qui vous attendent dans la forêt tant que vous n’y êtes
pas. L’esprit du marché est comme le marché boursier ; personne ne peut
prédire les mouvements du marché – ni les conseillers de Wall Street, ni les
planificateurs financiers, et certainement pas les petits porteurs moyens. En
tant qu’entrepreneur, ce qu’on peut faire de mieux avec l’esprit du marché,
c’est se frotter à lui.
C’est pourquoi les « concours de business plan » sont à peu près aussi
précis que si des singes lançaient des fléchettes sur des pages de cotation.
Puisqu’on ne peut pas contraindre les marchés à réagir selon les prédictions,
pourquoi perdre du temps à essayer de les maîtriser dans un exposé de
cinquante pages ? Gates, Dell et Jobs n’ont jamais eu de business plan. Et
moi non plus, et l’exécution cinétique non plus.
Enlevez les tableaux et graphiques pleins de couleurs du business plan, et
ce qui reste est un ramassis de spéculations fantaisistes transcrites sur
papier, la version pour le monde des affaires de l’équation de Drake, plus
quelques variables ajoutées pour le fun. C’est le fruit de l’amour entre des
devinettes et des rêves, une agrégation d’irréfutables variables du marché
édulcorées et considérées comme constantes. Il est certain que lorsque vous
prenez de nombreuses inconnues et que vous les mettez arbitrairement en
chiffres, vous obtenez une feuille de route sans valeur pour le pays des
merveilles. Sérieusement, votre business plan en dit à peu près autant que
Jim Cramer1 quand il prédit l’indice du S&P 500 l’année prochaine. Mais,
eh ! au moins vous avez passé six semaines sur un mignon petit classeur qui
rend vraiment bien sur l’étagère du bas.
Quoi qu’il en soit, le business plan relève plus de la pseudo-action que de
l’exécution parce que le marché est un esprit collectif qui représente des
millions de gens. Personne ne peut prédire comment ce groupe va réagir à un
stimulus donné : votre publicité, votre produit, l’utilisation par vos clients de
votre produit, votre service client, votre marque, votre conditionnement,
votre tout ! Ce groupe imprévisible se rit de ses prévisionnistes.
Par exemple, je lis parfois des reportages sur de nouvelles entreprises et
j’émets un rapide jugement sur la viabilité. Parce que l’esprit du marché se
contrefiche de mon opinion isolée, j’ai vite la preuve que je me suis trompé.
Exemple : Turo (anciennement RelayRides.com) est un réseau d’autopartage
de voitures grâce auquel votre voiture peut être louée à un étranger.
Personnellement, je ne l’utiliserais jamais, et ma réaction spontanée est :
« Jamais de la vie. » Pourtant, je me retrouve à me gratter la tête parce que
des milliers de gens l’utilisent et qu’il est financé à hauteur de 48 millions de
dollars.
Et bien sûr, mon exemple préféré est mon premier livre, L’Autoroute du
millionnaire. Plusieurs « experts du monde de l’édition » ont dit qu’il ne se
vendrait jamais, sous prétexte qu’il était trop long et trop large pour un genre
spécifique. D’autres personnes issues de la plèbe ont comparé L’Autoroute à
ce que je pense de Cinquante Nuances de Grey : le livre est nul, tout juste
bon à être mis sur le fond de la cage des oiseaux. L’esprit du marché a fini
par leur prouver qu’ils avaient radicalement tort, puisque j’en ai vendu pour
des millions. On peut critiquer très fort, l’esprit du marché ne se laisse pas
impressionner.
L’histoire regorge d’exemples d’opinions isolées écrasées par l’esprit du
marché. Le tout premier livre de Stephen King, Carrie, a été refusé une
impressionnante trentaine de fois avant qu’on en fasse plusieurs films plus
tard. En fait, King pensait qu’il était si mauvais qu’il l’a flanqué à la
poubelle, et c’est sa femme qui l’y a récupéré2. De la même manière, avant la
sortie de Star Wars, plusieurs acteurs, y compris le conseil d’administration
de la société de production, ont déclaré qu’ils détestaient le film3.
Même Steven Spielberg n’était pas à l’abri d’opinions individuelles car il
a été rejeté par l’école de cinéma USC, non pas une ou deux fois, mais TROIS
FOIS. Plus tard, USC lui décernera un titre honorifique sous réserve d’une
condition explicite énoncée par Spielberg : celui qui l’avait rejeté devait le
signer4 ! Si c’est pas la revanche d’une productocratie, ça !
Je pourrais écrire un livre entier d’histoires similaires dans lesquelles
l’esprit du marché étouffe les opinions individuelles. Tapez « famous
singers rejected5 » sur Google, et vous trouverez des heures de lecture qui
valent la peine. Voyez-vous, l’esprit du marché a le pouvoir de veto final sur
l’opinion personnelle d’individus indépendants, y compris sur la mienne.
Cette imprévisibilité explique pourquoi les auteurs de business plans ne
peuvent pas prédire quelles seront les réactions du marché, que ce soit par
rapport à une nouvelle start-up ou à un cours de clôture. L’ultime juge et jury
de vos idées, ce n’est pas votre mère, vos amis ou vos collègues – c’est
l’esprit du marché tel qu’il y réagit. Et en tant qu’entrepreneur de
l’Autoroute qui s’inscrit dans le cadre de la vie HORS SCRIPT, la première
tâche qui vous incombe pour votre mise en œuvre n’est pas de spéculer sur
la façon dont le marché pourrait réagir ; c’est de vous y frotter (dans les
meilleures conditions financières possibles) pour vous rendre compte.
LES 3 A : AGISSEZ, APPRÉCIEZ, AJUSTEZ
Bruce Lee a dit un jour : « L’arbre le plus robuste cède facilement tandis que
le bambou ou le saule survit en pliant sous le vent. » Dans les affaires, vous
devez être comme le bambou, c’est le principe de base de l’exécution
cinétique : agissez, appréciez et ajustez.
Les 3 A servent à diriger l’effort comme un moteur (l’action), un compte-
tours (l’appréciation, l’évaluation) et un gouvernail (qui ajuste la direction).
Rappelez-vous, l’exécution cinétique, c’est le fait d’agir avant d’avoir les
réponses, la résolution de problèmes situationnels et progressifs qui permet
de résoudre graduellement un plus grand problème, auquel votre entreprise
apporte la solution finale. « Agir avant d’avoir les réponses », ça veut dire
commencer maintenant – avant d’être prêt, avant le bon moment et avant de
connaître toutes les bonnes étapes. Encore une fois, dans l’exécution
cinétique, il ne s’agit pas de rédiger des business plans ou des schémas
directeurs qui décrivent tout en détail. Au contraire, c’est un plongeon dans
l’abîme, où l’on sait que l’on devra faire face à plein de problèmes et de
défis. Certains appellent ça « improviser », et ce n’est pas grave parce que
l’esprit du marché donne des indices sur la direction que vous devriez
prendre.
Mieux vaut une semaine où l’on se frotte au vrai marché qu’un mois à faire
des recherches et des analyses du marché.
Agir
Agir, c’est titiller le chat difficile qu’est le marché et voir ce qui se passe. La
plupart du temps, le chat vous ignore ; parfois vous entendrez un
miaulement ; et puis parfois, très occasionnellement, c’est le rêve de tout
entrepreneur : le rugissement sonore de la demande.
Malheureusement, la plupart des gens ne titillent jamais le chat. Trop
souvent, ces rêveurs d’entreprise restent des rêveurs parce qu’ils se
préoccupent trop de connaître toutes les réponses et toutes les étapes. Ils
jettent un œil à la forêt sombre et demandent nerveusement en se
recroquevillant : « Vous pouvez me dire exactement à quoi je dois m’attendre
là-dedans ? » Rappelez-vous, il n’y a pas de putain de liste, pas de plan où il
suffit de peindre selon les numéros, et pas de bonne fée-mentor. En
conséquence, ces gens tournent en rond pendant des années, à lire des livres
et à jouer les inspecteurs des travaux finis pour d’autres entrepreneurs depuis
leur fauteuil. Lisez, par exemple, ce ridicule commentaire paru sur mon
forum :
J’ai un concept que j’aimerais essayer, mais je n’ai aucune idée de la façon dont on
construit un site Web, alors j’ai besoin qu’on me conseille sur ce que je dois chercher et
où. Première question : quel bon prix peut-on faire payer pour une publicité ? Et un bon
taux pour de nouveaux leads ?
Apprécier
Début 2011, environ deux mois après la sortie de mon livre, une chose est
devenue douloureusement claire : ma couverture, que j’avais
personnellement créée et aimée, était nulle. À la moindre occasion – tweets,
e-mails, FB –, je l’entendais.
Ajuster
Il ne sert à rien d’agir et d’évaluer si vous ne vous AJUSTEZ pas. Tout
l’intérêt de se coltiner les deux premiers A réside dans l’idée de découvrir
comment réagir. J’ai entendu d’autres gens parler de cet AJUSTEMENT en
l’appelant « pivot ». Eh bien, j’ai commencé à pivoter quand la plupart des
nouveaux entrepreneurs étaient encore en culotte courte. Quel que soit le nom
que vous lui donnez, l’ajustement est une redirection de la stratégie en
fonction d’échos du marché corrélés et combinés.
La clé pour découvrir des commentaires exploitables provient de la
reconnaissance d’échos répétitifs.
J’avais l’habitude d’enregistrer tous les échos du marché dans un cahier,
que j’appelais affectueusement mon « livre noir ». Chaque fois qu’un écho se
répétait, j’agissais en conséquence. Si plusieurs personnes trouvent que votre
UI6 est nulle, vous pouvez parier que le marché pense la même chose. Par
exemple, chaque nouvelle fonctionnalité ajoutée à votre site Web doit
provenir d’échos répétitifs. Quand plusieurs personnes demandent quelque
chose qui manque à ce que vous proposez, vous pouvez parier que le marché
pense de la même manière. Il en va de même pour les produits : si vous avez
vingt clients qui demandent une couleur que vous n’offrez pas, vous voilà
avec une nouvelle opportunité et une nouvelle source de revenu. Tenez
compte de ces échos, ajoutez/supprimez là où c’est nécessaire et vous aurez
manipulé la valeur que vous offrez au marché. Et une valeur manipulée
signifie plus de concurrence gagnée, ce qui signifie plus de bénéfices.
En ce qui me concerne, une fois que j’ai appris que la couverture de mon
livre était un échec cuisant, je me suis ajusté : j’ai fait redessiner la
couverture malgré les 8 000 exemplaires déjà imprimés (si vous avez une
édition avec la première couverture, gardez-la précieusement : ce sera peut-
être un article de collection un jour). Et vous savez quoi ? Depuis que j’ai
apporté ce changement, je n’ai plus JAMAIS entendu de commentaire sur la
couverture. Et surtout, de quelques centaines de ventes, le livre est passé à
plus de 300 000 exemplaires vendus. Grâce à l’action, l’appréciation, puis
l’ajustement.
Dans les affaires, quels échecs avez-vous connus qui peuvent être expliqués par le
fait de ne pas avoir su APPRÉCIER puis AJUSTER ?
40
LES 7 P DU PROCESSUS :
PASSEZ DE L’IDÉE
À LA PRODUCTOCRATIE
LES 7 P
#1) Le plan : planifiez, mais ne vous prenez pas
trop la tête !
L’exécution cinétique consiste essentiellement à « improviser » selon le
principe des 3 A (Agir, Apprécier, Ajuster). Mais ne confondez pas ça avec
le fait d’être mal préparé. La phase de planification de l’exécution cinétique
est relativement courte et confirme la force de votre occasion par une
évaluation des cinq commandements.
Le contrôle
• Votre solution dépend-elle principalement de certains canaux pour sa mise
en œuvre ? Exemple : produit vendu exclusivement dans des hypermarchés,
distribué sur Facebook, etc.
• Si c’est le cas, quels sont les risques qui peuvent être réduits par rapport au
contrôle ?
• Votre solution dépend-elle d’autres canaux ? Partenaires, fournisseurs,
fabricants, importateurs, chaînes ?
L’entrée
• Quelles sont les barrières à l’entrée de votre solution ?
• Quelles sont les ressources, les actifs ou les relations clés qui renforcent, et
peuvent renforcer, les murs de votre entrée ?
• Votre solution nécessite-t-elle des ressources substantielles et/ou une
coordination particulière pour pouvoir être mise en œuvre ? Du concept au
lancement, faut-il compter deux jours ? Ou deux mois ?
• Comment vos concurrents vont-ils réagir à votre solution ? Et pouvez-vous
faire face à leur ajustement ?
Le besoin
• Avez-vous identifié TOUS les attributs de valeur de votre secteur ?
• Avez-vous manipulé suffisamment bien les attributs de votre proposition
pour avoir un argument clé de vente (USP1) solide et adapté à la clientèle
que vous ciblez ?
• Pouvez-vous efficacement communiquer cette manipulation de valeur à
votre clientèle cible ?
• Comment votre solution est-elle monétisée ? Quels sont vos modèles de
revenu primaires et secondaires ?
Le temps
• De quelles ressources, le cas échéant, avez-vous besoin pour détacher
votre solution de VOTRE temps ?
• De quoi dépendez-vous pour pouvoir détacher votre solution de VOTRE
temps ?
• Quels sont les défis futurs pour répondre à ce dont vous avez besoin ?
L’échelle
• Existe-t-il des supports, des canaux ou des partenaires qui peuvent toucher
un grand pourcentage de votre clientèle cible ?
• Quelles sont l’économie d’échelle de votre solution et les ressources
nécessaires – financement, infrastructure et capital humain – pour atteindre
l’échelle ?
• Y a-t-il des défis d’échelle dans la structure des coûts et/ou la chaîne
logistique ?
Une fois que votre concept a été passé au crible des cinq commandements
et qu’il en est ressorti vivant, il est temps de prouver sa valeur.
3. Le volume de recherches
La beauté de la publicité par mot clé, au coût par clic (CPC), c’est que
vous pouvez avoir un aperçu de l’esprit du marché et quantifier le volume de
recherche pour à peu près n’importe quoi. Même s’il y a d’autres moteurs de
recherche qui fonctionnent par mots clés, Google est le meilleur. Créez un
compte AdWords2 et connectez-vous à leur outil Keyword Planner3. Entrez
votre produit, service ou solution et découvrez combien de personnes sont en
train de chercher votre offre visionnaire. Par exemple, si vous rêvez de créer
un outil de planification de mariage unique, un examen rapide du mot clé
« planification de mariage » révèle qu’il contient plus de 30 000 recherches
par mois. De plus, votre marché cible (les couples qui se marient) est inondé
de recherches, en moyenne dix millions par mois.
5. La simulation du marché
La dernière variation de la preuve de principe est la simulation du marché.
Ici, vous présentez votre produit ou service au marché, comme s’il existait
déjà. Les tests de marché et leurs simulations peuvent être coûteux et prendre
beaucoup de temps, mais les données recueillies sont incomparables. Les
deux types de simulations de marché sont les pages de destination et les
prototypes factices.
La page de destination
La preuve de principe la plus efficace est une adresse électronique
provenant d’une feuille de vente d’une page, couramment appelée page de
destination. Créez une page Web uniquement dans le but de collecter des
adresses électroniques ou des précommandes. Votre page de destination se
vend – l’adresse électronique (ou la précommande) confirme l’intérêt de
l’utilisateur.
Une autre méthode déviante consiste à créer une page de vente impossible
à fermer. L’objectif ici est de suivre les clics sur la page de commande. Si
cela se produit, un avis de rupture de stock ou une autre explication est
présenté à l’acheteur. Bien que cela soit efficace pour apporter une preuve
de principe, cela repousse les frontières de l’éthique et ce n’est pas quelque
chose que j’essaierais, à moins d’aborder ça de manière authentique.
Malheureusement, la capture de clics sur le bouton de commande ou
d’adresses électroniques n’est PAS une preuve prééminente : elle confirme
simplement que l’esprit du marché est intéressé par votre offre. Intérêt et
engagement sont deux choses différentes : « Voici mon adresse e-mail » est
une chose, « voici mon argent » en est une autre. Par exemple, avant de
publier mon premier livre, j’avais capturé les adresses électroniques sur une
page de destination de précommande. Au moment de la publication, j’avais
environ trois mille adresses électroniques de gens qui avaient manifesté leur
intérêt pour l’achat de mon livre. Mais quand il s’est agi d’ouvrir le porte-
monnaie pour cracher au bassinet, près des deux tiers se sont ravisés. La
capture d’adresses électroniques est une preuve de principe ; l’argent est un
verdict et une preuve tangible.
2. La création de contenu
• conception graphique, thématisation et stratégie de marque ;
• création des cartes (apprendre) ;
• création du plateau de jeu (apprendre) ;
• test d’humour ;
• prototype.
3. Les opérations
• préparer paperasserie pour une entreprise à responsabilité limitée ;
• s’assurer d’avoir un compte marchand ;
• ouvrir un compte bancaire ;
• prévoir une assurance (si nécessaire).
5. Le lancement
• disperser les communiqués de presse (externaliser) ;
• portée de l’influenceur, recherche ;
• actions marketing.
#4) Le prototype
Après avoir élaboré le parcours de votre processus et obtenu votre preuve
de principe, il vous faut probablement un prototype fonctionnel. Dans le cas
de services numériques, il s’agit de votre version bêta.
Au stade du prototype, votre objectif n’est pas un chef-d’œuvre riche en
fonctionnalités, mais un élément simple mais précieux et économiquement
exigible pour l’esprit du marché. En fin de compte, il doit faire ce que vous
prétendez qu’il fait.
Tout d’abord, attendez-vous à ce que de nombreuses actions de prototypage
soient un apprentissage, en particulier l’apprentissage juste-à-temps (JAT5).
L’apprentissage juste-à-temps consiste à apprendre en fonction du défi qui se
dresse devant vous. En substance, il s’agit de sauter du haut d’une falaise et
d’apprendre à voler pendant la chute. Vous n’apprenez le code PHP que si :
(A) le défi que vous avez devant vous justifie le PHP, et (B) vous pouvez
l’apprendre. Plus de la moitié de la phase de construction implique
probablement d’apprendre quelque chose de nouveau. Il faut vous y attendre.
Deuxièmement, construisez le bon prototype. Idéalement, il devrait être
obtenu par rétro-ingénierie à partir de la solution que vous avez en tête.
Pour être précis, commencez par la fin. Commencez par l’expérience du
client. Visualisez EXACTEMENT comment vous, en tant que client, souhaitez
que votre produit fonctionne, puis revenez en arrière en utilisant le modèle
« Agir, Apprécier, Ajuster ». Quelles sont les actions qui permettront à votre
solution de se matérialiser ? Quelles sont les compétences nécessaires, et
peuvent-elles être apprises, louées ou externalisées ? Quels sont les défis qui
se dressent en travers du chemin ? Concentrez-vous exclusivement sur les
actions à entreprendre pour les caractéristiques nécessaires. Les petits
éléments de déco viendront plus tard, et seulement si le marché en fait la
demande.
#6) La productocratie :
utilisation → engagement → et fidélisation
Une vente prouve que vous avez communiqué efficacement la valeur perçue.
Votre marketing fonctionne. Mais avez-vous livré la valeur réelle ? Seul
votre client le sait. Cette inconnue fait toute la différence entre une
productocratie et un programme de BRO-marketing.
Il y a quelques années, je me suis lié d’amitié avec un « entrepreneur »
rencontré sur un forum de voitures exotiques. Nous avions un amour commun
pour les Lamborghini. Au fur et à mesure de ma découverte de ce gars-là, je
me suis rendu compte que son modèle d’entreprise était fondé entièrement
sur le marketing et le fait attendu que les clients allaient oublier. C’était un
tricheur sur la valeur qui vendait et livrait une valeur perçue, non une valeur
réelle. Ses produits n’étaient que des ersatz. Au bout du compte, j’ai appris
que c’était quelqu’un qui n’avait ni morale ni scrupules, qui déployait tous
les outils de persuasion efficace : message publicitaire puissant, faux
témoignages, pseudo-endossement par des personnalités connues, et toute
autre chose qui convainquait le client d’acheter. Après avoir acheté, le client
ne savait pas que son contrat incluait une clause de continuité, évidemment
savamment inscrite au milieu d’un gros bloc de texte que personne ne lit.
Si vous ne connaissez pas bien les programmes de continuité, c’est lorsque
votre carte de crédit est automatiquement prélevée tous les mois pour des
renouvellements de produit ou d’adhésion. Eh oui, ce sont des mines d’or
pour les entrepreneurs. Mais il y a souvent abus. La plupart des gens ne font
pas attention à leurs relevés de carte de crédit et lorsqu’ils découvrent ce
que ça leur coûte (et que le produit est nul), plusieurs paiements mensuels
ont déjà été effectués. Pire, comprendre sa politique de remboursement et
d’annulation, c’était comme s’y retrouver dans le Code général des impôts.
Permettez-moi d’être clair : si vous avez un service entier dédié aux
remboursements, vous avez un problème de produit – et probablement un
problème de sommeil également. Malgré ça, à en croire sa flotte de voitures
exotiques, je pense qu’il devait se faire une fortune, et il n’allait
certainement pas avoir un prix pour bonne moralité.
Dans le cycle de vie client, l’étape de la productocratie couvre
l’utilisation, l’engagement et la fidélisation. Votre objectif au stade de la
productocratie est de confirmer les gravitons – de rechercher si la valeur
réelle est délivrée (digne de la fidélité du client) par rapport à la valeur
perçue (digne de rien). Si vos clients n’apprécient pas votre produit,
l’objectif devient de faire évoluer sa valeur jusqu’à ce qu’ils l’aiment, ce qui
établit une productocratie. Vous ne pouvez le faire qu’en écoutant, en
observant et en engageant vos clients. Est-ce qu’ils se plaignent ou n’utilisent
pas votre produit comme prévu ? Est-ce qu’ils repassent commande ou
commandent-ils une fois et après on n’en entend plus parler ? Est-ce qu’ils
commentent vos envois d’e-mails en masse ? Recommandent-ils vos produits
sur les médias sociaux ? Les réponses à ces questions déterminent le pouvoir
de votre produit potentiel pour transformer des clients en fidèles disciples.
Là encore, il faut agir, apprécier et ajuster. Quand j’avais mon entreprise
Internet, je m’efforçais de refondre entièrement le site tous les dix-huit mois.
Pourquoi ? J’étais proactif et j’ajoutais de la valeur à mon service en
adoptant des fonctionnalités dont j’entendais l’écho répétitif de mes clients.
Il est possible que « l’écho répétitif » de clients le plus célèbre qui soit
explique la croissance fulgurante d’Instagram. Lors des premiers temps
d’Instagram (à l’époque on parlait de Burbn), son fondateur Kevin Systrom
et son programmeur Mike Krieger ont remarqué que personne n’utilisait
vraiment la fonctionnalité « check in » alors que tout le monde utilisait le
partage de photos. Ils ont agi, apprécié et ajusté, et voilà : ils ont simplifié et
laissé tomber Burbn, Instagram était né6.
Chaque fois que vous testez l’esprit du marché, soyez totalement concentré
et voyez ce qui vous est renvoyé. Les trois gravitons qui suivent pourraient
être un signe de productocratie :
1. Deuxièmes commandes ou renouvellements : toujours un signe que
« Oui, vous avez bien livré ce que vous aviez promis ».
2. E-mails privés : éloges ou témoignages écrits sont synonymes de
réussite.
3. Commentaires ou éloges publics de la part d’inconnus : un texte positif
(blogs/médias sociaux) de la part d’un inconnu est signe d’une
productocratie.
« Ce n’est pas CE QUE vous connaissez mais QUI vous connaissez qui importe »
est une formule en partie vraie, mais trompeuse. De CE QUE vous connaissez
(connaissances et expérience) dépend QUI vous connaissez…
Financez la propagation
En 2007, après avoir vendu mon entreprise pour la deuxième fois, les
nouveaux propriétaires ont déplacé le siège social de Phoenix, Arizona, à un
quartier tendance pour start-up de la high tech à San Francisco. Je suis sûr
que le loyer a augmenté de 30 000 dollars par mois, sans parler du coût de la
main-d’œuvre et de tout le reste, du café aux cloisons de bureau. Comme je
connaissais les rouages internes de mon ancienne entreprise, je n’ai jamais
compris leur raisonnement, si ce n’est le désir d’« avoir l’air dans le coup »
en tant qu’entreprise technologique. Je sais que Phoenix n’est pas dépourvue
d’espaces de bureaux ni de gens talentueux qui savent programmer.
Quoi qu’il en soit, ça donnait une impression de déjà-vu. Voyez-vous, la
première fois que j’avais vendu l’entreprise presque six ans auparavant, il
s’était déjà passé la même chose exactement : un déménagement rapide vers
San Francisco, une augmentation des coûts, et une visibilité accrue pour des
choses qui ne semblent pas importantes. Je sais que les baby-foot et les
Pringles à disposition à la cantine, c’est bon pour le moral des employés,
mais vous savez ce qui n’est pas bon pour le moral des employés ? Le
chômage technique, les lettres de licenciement, et la faillite.
Hélas, des années plus tard, malgré une économie différente, une équipe
différente et une vision différente, le résultat serait le même : la faillite.
J’espère que mon propos est clair. L’argent est roi quand il s’agit de
propagation. Chaque dollar devrait être investi dans cette direction. Si tel
effort ne va pas augmenter votre résultat, il devrait être évité. Il y a une
différence entre un bail commercial de classe B de 4 000 dollars par mois à
Phoenix et un bail de 50 000 dollars par mois pour un espace de classe A
dans le quartier financier de San Francisco. Les dépenses auxiliaires, telles
que les sols en marbre, les tapis de souris personnalisés et le chic néon de
votre logo, peuvent attendre. La préservation des liquidités et leur
réorientation ultime vers la croissance sont les seules choses qui
comptent.
Lorsqu’on doit se serrer la ceinture, il est impossible de développer une
entreprise. Davantage de ventes, de trafic et d’utilisateurs demandent
davantage de ressources. Chaque centime de chiffre d’affaires (et de
bénéfices) devrait être réinvesti dans l’entreprise pour financer les défis de
croissance à venir.
Votre rôle de P.-D.G. ne consiste pas à aller de New York à Los Angeles en
classe affaires. Ce n’est pas non plus d’avoir un bureau en acajou, mais un
bureau IKEA qui sent l’étudiant à plein nez. Ce n’est pas une augmentation
de salaire chaque fois que le chiffre d’affaires augmente d’un iota. Il y aura
un temps et un endroit pour récolter les fruits ; mais la phase de propagation
de votre entreprise n’est ni ce moment ni ce lieu.
Enfin, mon dernier conseil pour faire croître votre entreprise, c’est de
rejeter tout financement à moins que ce ne soit nécessaire. Pourquoi ? Parce
que dès qu’on fait appel à du capital, la priorité passe du client aux
investisseurs. Si vous pouvez financer la croissance tout en gardant 100 %
du contrôle de votre entreprise, faites-le.
Une autre option est un type de financement participatif différent : le
financement participatif en fonds propres. Si le financement participatif à
base de récompenses/dons offre une contrepartie aux contributeurs sous la
forme de produits ou de récompenses, le financement participatif en fonds
propres vend un morceau de votre entreprise. Des sites Web tels que Circle-
Up, Crowdfunder et Fundable vous donnent l’occasion d’obtenir un
financement participatif en fonds propres, des titres convertibles et d’autres
options de financement pour votre développement. Cela dit, soyez prévenu :
mieux vaut déployer ces services une fois que vous avez eu la preuve de
principe de votre concept et que les ventes se développent. Le financement
participatif en fonds propres est comme un Shark Tank12 en ligne : on ne s’y
présente pas avec zéro vente, une idée et un rêve.
41
QUE VOTRE MISE
EN ŒUVRE
SOIT IMPORTANTE :
13 TRÈS BONNES
PRATIQUES
J’ai passé cinq ans complètement obsédé par les affaires. J’ai sacrifié ma vie sociale et
j’ai presque perdu la capacité de savoir même comment s’amuser. Cela a toutefois fini
par porter ses fruits, et je peux aujourd’hui à nouveau profiter de la vie avec beaucoup
plus de liberté et beaucoup plus d’argent. Comme tout ce qui est difficile, ça vaut la
peine à la fin. Donc, soyez obsédé par votre entreprise… Si vous vous retrouvez à y
penser 24 heures sur 24, il vous sera quasiment impossible d’échouer parce qu’il est
clair que vous en voulez tellement que vous feriez n’importe quoi pour arriver à vos fins.
Et tout est là1.
Comme M. DeLong, je mène aujourd’hui une vie incroyablement
équilibrée, grâce aux déséquilibres du passé. Ah ! Le comble de l’équilibre
à long terme, c’est que ce sont les déséquilibres à court terme qui nous
permettent d’y arriver. Si je veux à nouveau développer une entreprise de
plusieurs millions de dollars, je sais implicitement que ce sera au détriment
de l’équilibre. Décidez ce qui a le plus d’importance pour vous : être dans le
médiocre et l’équilibre permanent ou dans l’exceptionnel et le déséquilibre
temporaire ?
Stur a été créé alors que ma femme était enceinte de nos jumelles. Le médecin lui avait
conseillé de boire huit à dix verres d’eau par jour – mais comme la plupart des
Américains, elle n’en buvait même pas la moitié ! Et elle se déshydratait. Alors pour
l’aider, j’ai commencé à chercher une méthode saine pour aromatiser son eau. Je suis
allé chercher des boissons aromatisées en magasin, pour constater que toutes
contenaient des éléments chimiques. Nous ne voulions pas que le ventre porteur de
mon épouse en soit contaminé. Enfin, j’ai demandé à un ami nutritionniste de m’aider à
créer un liquide aux saveurs de fruits naturels, contenant des extraits de feuilles de
stevia pressées. Ça nous a pris plus d’une année et de nombreuses formulations
différentes avant de réussir un mélange qui avait meilleur goût que la plupart des
boissons sucrées 13 !
La réaction de ma famille et de mes proches amis, quand je leur ai parlé de Stur pour la
première fois, a été de me traiter de fou de vouloir lancer un produit dans cette
catégorie, déjà encombrée de sociétés multimillionnaires et bien établies.
Y a-t-il un doute sur les raisons pour lesquelles un client devrait acheter ?
Vous avez quelques secondes pour faire appel à l’intérêt personnel, et tout
se passe avec votre titre. Qu’il soit grand, audacieux, concis, mais
suffisamment long pour exprimer l’avantage fondamental. Par exemple, voici
le titre que j’utilise depuis des années pour L’Autoroute : « Y a-t-il en vous
un entrepreneur millionnaire ? » Ce titre indique clairement que mon livre
parle d’argent et d’entrepreneuriat. Nul besoin d’autre chose que de poser la
question au client et de le laisser y réfléchir.
Une autre stratégie consiste à faire appel à la raison d’être de votre client,
ou à son absence s’il n’en a pas. Une grande partie de l’humanité des pays
industrialisés n’a d’autre objectif que de payer ses factures puis de mourir.
Lorsqu’un modèle d’entreprise transmet un fort sentiment d’inclusion
sociale, il présente un avantage sur les autres. Pourquoi ? Parce que des
études prouvent que l’inclusion sociale chez l’homme est liée au sens de la
vie14. Lorsque nous avons le sentiment de faire partie d’un groupe ou d’une
sous-culture, cela donne un sens à notre vie. C’est pourquoi les équipes
sportives professionnelles et leurs membres sont portés aux nues : les
équipes sportives professionnelles et leurs fervents supporters tirent parti de
ce désir de sens de la vie – c’est pourquoi des hommes adultes se sentent
parfaitement à l’aise à porter le nom d’un autre homme au dos de leur
maillot.
Quand un client potentiel n’a pas de raison d’être dans la vie, on lui en
donne une. Le même concept s’applique aux partis politiques, aux
universités, et même à certaines des plus puissantes sociétés de la planète,
telles qu’Apple.
Si votre produit ou votre service peut insuffler une raison d’être à votre
client, vous faites bien. À vrai dire, j’espère que ce livre fera quelque chose
de similaire : en réveillant votre désir intime d’une raison d’être détachée du
SCRIPT.
Les business fondés sur les modes sont peut-être de mauvaises entreprises à
poursuivre mais elles peuvent apporter une expérience professionnelle précieuse,
surtout pour ceux qui commencent tout juste.
LE CADRE DE L’ENTREPRENEUR
POUR LA VIE HORS SCRIPT (CEVHS)
LES 4 DISCIPLINES (4D)
42
LES 4 DISCIPLINES
DU MONDE HORS SCRIPT :
CRÉEZ PUIS ASSUREZ
VOTRE AVENIR
La comparaison est orientée vers le futur et se concentre sur ce que l’on n’a pas,
ce qui est générateur d’angoisse. La gratitude est orientée vers le présent et se
concentre sur ce que l’on a, ce qui est générateur de paix.
De la chirurgie plastique
Vos seins sont trop petits et votre nez est de travers ! Faites-vous opérer
et soyez heureuse !
Dans les dix minutes que j’ai passé à regarder ces robes à 12 000 dollars
et ces lustres à 42 000 dollars, le message de ce magazine sur « l’art de
vivre » était clair : vous n’êtes pas à la hauteur et pour remédier à ça,
dépensez tout ce que vous avez de façon à surpasser le voisin.
Cela m’a fait réfléchir.
Bien que je puisse me payer la plupart des futilités hors de prix qui sont
dans ce magazine, ce n’est pas le cas pour la plupart des gens, même à North
Scottsdale. Pourtant, quelqu’un achète ces produits. Et c’est une bonne
nouvelle pour nous, les entrepreneurs HORS SCRIPT – dépenser pour rivaliser
avec le voisin n’est pas près de s’arrêter.
Avec l’immunité comparative, vous êtes affranchi de la propagande de la
comparaison. Vous savez que vous êtes en adéquation. Vous savez que votre
estime de vous-même et votre valeur personnelle ne sont pas définies par une
paire de chaussures à 1 000 dollars fabriquée dans un atelier clandestin en
Indonésie.
Tant pis pour les imbéciles dupés par les messages d’inadéquation,
laissez-les succomber : dette, avenir incertain et travail jusqu’à la mort. Ne
perdez pas de temps précieux à décorer votre cercueil de diamants.
Quelle partie de votre vie est exposée à des rituels de comparaison ? Quand vous
êtes au bureau ? À la salle de sport ou en boîte ? Au parking de l’école ? Et
comment y réagissez-vous ?
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L’ÉPARGNE
INTENTIONNELLE :
SE PRÉPARER À UN
REVENU PASSIF À VIE
Tu ne peux pas essayer de faire les choses ; tu dois simplement les faire.
RAY BRADBURY, écrivain américain
#NEVERWORKAGAIN1
Enfant, j’avais un livret d’épargne. À cette époque datant d’avant l’âge de
l’ordinateur, l’employé de banque mettait à jour votre carnet (qu’on appelait
« livret ») avec des entrées qui montraient votre solde bancaire. Un jour, j’ai
fait un dépôt à l’occasion de mon anniversaire (merci grand-maman !) et j’ai
découvert une nouvelle entrée. En face de mon dépôt, il y avait un autre
dépôt que je n’avais pas fait : c’étaient des intérêts.
Si le montant en dollars était terriblement petit, je me souviens
parfaitement : « Ouah, mon argent a gagné de l’argent et je n’ai fait que
laisser le temps passer ! » C’était fascinant et ça a semé une graine qui a plus
tard donné un fruit qui m’a transformé la vie. En vieillissant, je n’ai jamais
oublié ce concept simple : l’argent rapporte de l’argent pendant que le temps
passe.
Malheureusement, une fois que j’ai obtenu mon diplôme et que les
tentations de la vie réelle se sont manifestées, j’ai négligé la nouveauté du
système d’argent et l’ai enterré derrière de nombreuses dépenses insensées
« pour mon bien-être ». Je suis jeune ! Je vais vivre ! Même après avoir
vendu ma société pour la première fois, l’élévation de mon style de vie a
relégué l’idée de système d’argent au second plan de mes préoccupations.
Savoir et faire sont devenus deux choses différentes.
Et puis le marché boursier s’est effondré. Une fois que j’ai vu le produit de
la vente s’amenuiser sous le poids des dépenses hédonistes et de la chute des
valeurs technologiques (et on parlera de Wall Street comme d’un
investissement sûr, hein ?), c’est à ce moment-là que savoir et faire sont
devenus une seule et même chose. Après avoir été un panier percé, je suis
devenu un épargnant intentionnel.
La deuxième discipline du monde HORS SCRIPT, l’épargne intentionnelle, est
CELLE qui ouvre la voie à la terre promise : la fin de la servitude forcée, des
factures d’électricité en souffrance, des versements pour la voiture et de la
vérification du prix d’une boîte de corn flakes. La fin des trucs de merde que
vous détestez faire pour un salaire qui ne vous permet pas de survivre. Plus.
Jamais. Travailler.
Dans le cadre de la discipline de l’épargne intentionnelle, vos trois
objectifs sont :
1. un revenu passif à vie ;
2. une « retraite » de bonne heure et la poursuite de votre rêve ;
3. un dégrèvement d’impôts.
LA RECONSTRUCTION FINANCIÈRE :
ÉPARGNE INTENTIONNELLE
Peu importe l’âge que vous avez ou le stade auquel vous en êtes dans la vie.
Je me fiche de savoir si vous possédez déjà une entreprise, si vous souhaitez
en créer une ou si vous cherchez toujours un emploi – vous pouvez être un
épargnant intentionnel dès maintenant. Une reconstruction financière totale
comprend cinq phases. Les voici :
1. recadrer ;
2. réformer ;
3. réduire ;
4. réallouer et se rappeler ;
5. récompenser.
Étape #1 : recadrez
Il s’agit de modifier votre perception de l’argent.
Pour commencer, ne parlez plus d’argent, mais de chèques-valeur. Relisez
le chapitre 21 si vous avez besoin d’un rappel.
Deuxièmement, voyez un dollar épargné comme une petite machine à
revenu passif produisant un nickel de revenu passif à vie. Un dollar
d’économisé aujourd’hui est autant que vous n’aurez pas besoin de gagner
demain. Si le rendement des revenus passifs fluctue avec les conditions
économiques, l’argent fait toujours des petits. Dans l’économie actuelle, un
dollar économisé génère environ 3,5 à 5,5 cents par an. Dans le passé, ça a
même représenté jusqu’à 10 cents par dollar économisé. Une fois que vous
avez économisé suffisamment de chèques-valeur au point de dépasser vos
dépenses mensuelles, le besoin de travail s’évapore.
La définition du recadrage de l’argent que je préfère, c’est de le comparer
à un conquérant impitoyable : chaque dollar économisé est un autre
combattant de la liberté que vous ajoutez à votre armée d’esclaves. Votre
armée également procrée plus de soldats. Au total, vos soldats épargnés se
battent pour votre liberté. Au contraire, chaque dollar dépensé pour la
dernière mode est un combattant tué.
Étape #2 : réformez
La deuxième étape consiste à réformer les dépenses et les sorties d’argent.
Cela implique d’éliminer toute dépense qui n’est pas en ligne avec un
objectif de la vie HORS SCRIPT. On peut dire que réformer, c’est faire preuve
d’une frugalité temporaire. Cette pile de magazines que vous ne lisez
jamais ? Résiliez-les. Votre McMansion6 vous empêche de prendre des
risques et d’allouer du temps et de l’argent à de meilleures opportunités ?
Laissez tomber la maison. Votre Cadillac Escalade est trop chère à entretenir
avec l’assurance, les réparations et l’essence ? Peut-être est-il temps
d’acheter une Prius d’occasion – ou de prendre le bus ou le vélo, ou de
marcher. Eh oui, je sais, rien de tout ça n’est attirant ou facile, mais la
discipline est-elle jamais facile ? Rappelez-vous : qui dit luxe non mérité
dit souffrance méritée. Vous pouvez faire partie des 99 % indisciplinés ou
vous en tenir au standard du 1 % qui reste.
Étape #3 : réduisez
La troisième étape de l’attaque consiste à réduire les dettes, pour finir par
rembourser tout ce que vous devez. Vous devez attaquer vos dettes comme un
ennemi de l’État. Ici, j’encourage le pragmatisme plutôt que le fanatisme. Le
fanatisme, c’est une frugalité extrême, c’est se contenter de moins et
découper tout ce qu’on peut comme bons de réduction. L’approche
pragmatique pour s’attaquer à vos dettes dans le cadre d’une mentalité
d’épargne intentionnelle consiste à pouvoir classer chaque dollar dépensé
dans l’une des trois catégories suivantes : 1) Dépenses d’entreprise ;
l’accélération de la valeur nette est ancrée dans votre entreprise. Ne craignez
pas de dépenser de l’argent ici. Si un dollar dépensé se traduit par 10 dollars
demain, le risque et les rendements en valent la peine. 2) Dépenses de la vie
courante ; nourriture, logement, transport, assurance – votre ménage devrait
être géré comme une machine bien réglée. 3) Réduction de vos dettes ; s’il
n’est pas nécessaire pour les dépenses de base de la vie courante ou s’il ne
peut pas être réinvesti dans votre entreprise, il devrait servir à payer vos
remboursements. Remboursez vos crédits à la consommation ou réduisez le
capital de vos prêts, tels que les emprunts immobiliers ou les prêts étudiants.
La première étape de l’attaque de vos dettes consiste à empêcher votre
fardeau financier de s’alourdir. Payer un supplément de 200 dollars sur votre
carte de crédit n’est pas insignifiant quand le mois prochain vous ajouterez
500 dollars. Arrêtez de dépenser, bon sang. Et lorsque vous dépensez, payez
uniquement en argent liquide ou ayez une carte bancaire « dépenses » liée à
un compte bancaire séparé du reste, budgété et distinct. Cette carte pour les
dépenses est destinée aux choses non essentielles : boissons, repas au
restaurant, divertissements, vêtements, etc. Chaque mois, attribuez un budget
à votre carte pour les dépenses, créant ainsi un environnement financier
propice à la réduction de vos dettes. Lorsque le budget de la carte pour les
dépenses est épuisé, c’est fini. Carte refusée. Vous serez peut-être gêné au
passage en caisse, mais vous vous en tenez au programme.
Une autre tactique, c’est de ne pas avoir du tout d’argent liquide sur vous.
Le but ici est de tout mettre sur une carte de crédit qui offre des points de
fidélité, puis de payer le solde tous les mois. Si vous n’êtes pas discipliné,
ne vous embêtez pas. C’est une excellente stratégie pour accumuler des
points de fidélité pour des choses que vous achetez toujours. Tout ce que
j’achète va sur ma carte de crédit, des charges à l’alimentation. En
conséquence, je reçois une tonne de trucs gratuits (cartes cadeaux, voyages)
comme récompenses accumulées.
Vues sous l’angle du conquérant, les dettes sont une autre armée, sauf que
c’est contre vous que celle-ci fait la guerre ! Et certes, cette armée possède
également l’arme de l’intérêt, procréant plus de combattants déterminés à
vous piéger dans un système de servitude. La question est de savoir quelle
armée vous financez ? Celle qui s’efforce de vous libérer ? (J’ai économisé
500 dollars la semaine dernière !) Ou celle qui s’efforce de vous asservir ?
(J’ai payé une tournée de boissons avec ma Visa !)
Si vous êtes en prison, une CLÉ représente votre liberté. Si vous êtes
emprisonné par le dogme du SCRIPT, une bonne gestion de votre ARGENT est
votre clé pour la liberté.
Étape #5 : récompensez
La récompense est la phase finale de la reconstruction financière en vue
d’une épargne intentionnelle : vous faire un cadeau pour les étapes franchies.
Cela pourrait être un dîner dans un restaurant cher, des vacances, un gadget
amusant, tout ce qui vous fait très envie. Par exemple, mon premier achat de
Lamborghini était une récompense pour une étape franchie sur le plan
financier. Même aujourd’hui, alors que je vis à l’apogée du monde HORS
SCRIPT, je m’offre des récompenses pour de nouvelles réalisations : gadgets
coûteux, jouets et – eh oui – même des heures d’abrutissement devant la
télévision.
Outre les dépenses liées à l’entreprise, à la vie courante et au
remboursement de vos dettes, la récompense est la seule exception aux trois
dépenses décrites ci-dessus. Bien entendu, aucune récompense ne devrait
menacer l’objectif à long terme d’une vie HORS SCRIPT. Un bateau à moteur
n’est pas une récompense s’il augmente vos dettes et les dépenses de la vie
courante et nuit à la phase de réallocation de la reconstruction financière.
Avoir le choix et les moyens financiers d’acheter tout ce que vous voulez réduit
en réalité l’envie de poursuivre et d’acheter la cible de votre affection.
Y a-t-il déjà eu un produit que vous vouliez désespérément acheter, et quand vous
avez finalement eu les moyens, vous n’en avez plus voulu ? Qu’est-ce qui a
changé ?
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LA PENSÉE
CONSÉQUENTIELLE :
PROTÉGEZ VOTRE
VIE GÉNIALE
Quels sont les comportements à risque (du genre « on ne vit qu’une fois ») dans
lesquels vous (ou vos pairs) vous engagez et qui vous amènent invariablement à
jouer avec votre avenir ?
Cinquième partie
LE JOUR SE LÈVE… NE
PLUS JAMAIS TRAVAILLER
L’artiste n’est rien sans le don, mais le don n’est rien sans le travail.
ÉM ILE ZOLA , écrivain français
LA TERRE PROMISE
Bienvenue, vous êtes arrivé.
Vous êtes libéré du SCRIPT. C’est un nouveau chapitre. Vous pensez peut-
être que c’est une destination, une fin, mais en réalité c’est un
commencement. C’est à partir de là que le « rien à foutre » peut s’épanouir :
faire ce que vous voulez, quand vous voulez, où vous voulez. C’est le rite
officiel à partir duquel la vie ne vous mène pas, c’est vous qui la menez.
Un crédit immobilier proposé à 6 % plus 2 % de frais ? Rien à foutre, je
paierai comptant.
On vous a prévenu que votre livre ne se vendrait jamais parce qu’il est
trop brut de décoffrage et pas assez orienté « concept » ? Rien à foutre, je le
publie quand même.
Vous avez toujours voulu posséder une Ferrari malgré son manque
d’utilité ? Rien à foutre, je l’achète et je paie comptant.
« Rien à foutre », c’est quelque chose de magnifique.
Combinez les cinq unions : la croyance, la raison d’être, une
productocratie de l’Autoroute, la mise en œuvre et la discipline. Mélangez
tous les ingrédients, et vous vous retrouvez avec un « rien à foutre » puissant
immunisé contre le SCRIPT. Pas de métro-boulot-dodo. Pas de pointeuses. Pas
de sièges de sardines dans les avions.
Malheureusement, oubliez de mettre dans la combinaison un des éléments
pour fuir le SCRIPT, et vous resterez prisonnier du SCRIPT. Ces cinq éléments
sont comme les ingrédients d’une recette pour un gâteau. Impossible de dire :
« Bof, sautons le sucre et on verra bien ce que ça donne. » Oubliez un
ingrédient (ou plus), et votre résultat sera acide. Désolé, mais les cinq
ingrédients pour s’évader du SCRIPT ne sont pas des suggestions – ce sont des
obligations.
Oubliez-en un seul, et voici ce qui se passe :
L’AUTODESTRUCTEUR COMPÉTENT
Compétences : la raison d’être, un business qui respecte les cinq
commandements, la mise en œuvre, la discipline.
Faiblesses : la croyance.
Résultat
Vous êtes motivé et avez d’excellentes idées plus toutes les compétences
pour réussir en tant qu’entrepreneur, mais votre esprit est votre pire ennemi.
À cause de toutes les croyances, les idées biaisées et les conneries que vous
tenez pour vraies, vous balayez rapidement vos idées. Vous avez beau avoir
les compétences (intelligence et talent) pour mettre en œuvre vos idées, vos
croyances autodestructrices se mettent en travers de vos résultats. Du coup,
vous vous retrouverez sans doute avec un emploi salarié toute votre vie,
simplement parce que vos idées de business et vos actions ne se coordonnent
jamais pour se transformer en processus efficace. Ou pire, vous suivez un
chemin qui n’est pas éthique ou moral, où la réussite, l’argent et
l’entrepreneuriat sont associés avec un changement d’identité négatif, une
ligne de pensée selon laquelle, pour réussir, il faut être cupide ou escroc.
L’INCONSTANT
Compétences : la croyance, un business qui respecte les cinq
commandements, la mise en œuvre, la discipline.
Faiblesses : la raison d’être.
Résultat
Un processus HORS SCRIPT dépourvu de raison d’être est privé d’initiative,
de motivation et de persévérance. En conséquence de quoi l’entrepreneur
rate le cycle de motivation, abandonne trop tôt et ne réussit pas à finir, en
l’occurrence parce que le cycle de mise en œuvre n’a pas été épuisé. Quand
il lui manque la raison d’être, un entrepreneur peut avoir la connaissance, les
outils et les moyens de mettre en œuvre mais il ne frappe pas la piñata assez
fort pour qu’elle casse. Des obstacles se mettent en travers de sa
progression. La difficulté n’est pas surmontée. En conséquence de quoi, vous
vous lassez, vous vous laissez distraire ou décourager trop facilement, et
vous retournez en général à un travail salarié ou passez à l’idée suivante, qui
sera également juste effleurée. Quand il manque la raison d’être, on s’arrête
de creuser à deux doigts d’atteindre l’or.
Résultat
L’entrepreneur qui ne respecte pas les cinq commandements a du mal à se
créer une richesse ou une liberté extraordinaire. Il touchera peut-être des
bénéfices, mais il ne connaîtra jamais une accélération de sa valeur nette ou
une expansion de sa liberté. Parce que votre entreprise ne répond pas aux
cinq commandements de base, les résultats positifs sont soit éphémères, soit
très moyens. Une poule aux œufs d’or ne pond pas vraiment d’œufs en or si
vous êtes marié avec elle, si tout le monde en a une, s’il n’y a pas de
demande pour les œufs ou si la poule est louée. Les résultats les plus
courants ici peuvent être très divers, mais tous montrent un trait commun : un
manque de croissance et de rentabilité ; l’entreprise, en fin de compte, survit
plus qu’elle ne prospère. Votre business paie peut-être vos factures, mais il
n’achètera pas votre liberté.
L’ENTREPRENEUR À IDÉES
Compétences : la croyance, la raison d’être, les cinq commandements, la
discipline.
Faiblesses : la mise en œuvre.
Résultat
Les entrepreneurs qui n’arrivent pas à mettre en œuvre sont des gars à idées.
Ce sont les cuistots qui essaient de concurrencer les chefs cuisiniers.
C’est quelqu’un qui a de grandes idées mais qui en fait rarement quelque
chose. À leur place, quelqu’un d’autre fera fortune en mettant en œuvre les
mêmes idées.
Pour le gars à idées, les super idées vont et viennent quotidiennement, mais
pas la volonté d’agir, d’apprécier et d’ajuster. En conséquence de quoi, on
trouve souvent ces gars à idées sur les forums, où ils offrent leurs super
idées – qui valent des millions – du moment que vous vous chargez du sale
boulot et du financement.
Dans quelques rares cas, un gars à idées essaiera de mettre en œuvre son
idée mais sera dépassé par des concurrents pour qui la mise en œuvre est
moins difficile. Ou pire, il copiera ses concurrents pour le principe, sans
rien apporter d’unique ou de différent. Les gars à idées peuvent avoir un
produit (ou une idée) fantastique dont les gens ont besoin, mais peu de gens
en entendent parler. Et encore moins achètent.
Parce qu’il leur manque les compétences nécessaires pour les affaires,
qu’il s’agisse de marketing, de gestion ou d’exploitation, leur entreprise
laisse une fortune sur la table, pendant que des entrepreneurs plus adaptés
entrent en jeu et prennent des parts de marché.
En règle générale, les gars à idées sont attachés à l’idée de richesse mais
pas à sa mise en œuvre concrète. S’ils ont une solide raison d’être, ils ne
l’orientent pas vers la bonne cible, cherchant généralement plutôt à passer
d’une idée à l’autre et à trouver des remèdes miracles et des raccourcis. En
conséquence de quoi, leur solide raison d’être aboutit à une inertie
permanente : sollicitant des milliardaires pour les guider, lisant des livres et
achetant à prix fort des cours de gourou. Au lieu de blâmer leur mise en
œuvre, ils blâment leurs idées – « ce n’est pas assez révolutionnaire » ou
« bon sang, quelqu’un d’autre fait déjà ça ».
Parce qu’il leur manque la mise en œuvre, les entrepreneurs à idées sont
souvent du genre à demander « toutes les étapes », cherchant les secrets et
les listes de choses à faire pour savoir exactement que faire, comment et où
pour mettre en œuvre leurs idées.
En fin de compte, ces entrepreneurs à idées n’ont pas de problème pour
entrer dans le cycle de motivation, ils ont un problème pour relier la boucle
de valeur, source ultime d’un véritable engrenage.
Résultat
Vous êtes un maître dans l’art de mettre en œuvre votre business et vous avez
accumulé plein d’argent.
Malheureusement, telle une « rock star qui joue et tombe de son état de
grâce », vous ne savez guère prendre de bonnes décisions quand il s’agit de
votre vie personnelle, et vous adoptez un comportement irréfléchi : vous
sautez sur tout ce qui bouge, dépensez sans compter, tombez dans la drogue,
vous vous associez n’importe comment, que ce soit pour les affaires ou
même votre mariage.
À cause de l’iniquité des conséquences, votre succès est sur la corde raide.
Certaines « rock stars » (comme ma connaissance avec les Lamborghini)
poussent les limites de l’éthique et de la morale.
D’autres jouent avec la vie elle-même.
C’est en général dans le secteur du divertissement qu’on entend le plus
parler de « chutes de l’état de grâce ».
Je pense, par exemple, à Amy Winehouse, à Kurt Cobain et à Heath Ledger.
Dans le monde des affaires, Felix Dennis, entrepreneur britannique
extravagant mort à 67 ans, pourrait être considéré comme une rock star
tombée de son état de grâce. Dans ses écrits, il exprime clairement le fait
qu’il brûlait la vie par les deux bouts, avec de multiples maîtresses et l’abus
de drogues illicites. Si l’on ne sait pas vraiment si son comportement a eu un
lien avec sa mort prématurée (il est mort d’un cancer de la gorge), on sait en
revanche que Felix vivait selon la devise « on ne vit qu’une fois » – la
discipline n’était pas sa priorité.
Chaque fois que des personnes célèbres « tombent de leur état de grâce »,
on peut attribuer de telles tragédies à un manque de discipline qui entraîne
une faillite, une révélation, ou pire, une mort prématurée.
Les richesses sont surtout bonnes parce qu’elles nous donnent du temps.
CHARLES LAM B, écrivain britannique
L’intérêt obligataire
L’intérêt obligataire est le paiement de prêts ou de titres de créance émis
par un gouvernement, une société ou des municipalités. Pour accorder un
crédit à un débiteur, vous recevez un « coupon » ou un paiement d’intérêts à
intervalles prédéterminés. Par exemple, un prêt de 100 dollars à la société
ABC pourrait rapporter 3 dollars par trimestre pour les cinq prochaines
années, générant un rendement du capital de 12 %. À la fin des cinq ans,
ABC vous rend vos 100 dollars. La taille, le taux, la durée et la régularité
dépendent de l’offre obligataire. Les titres de créance suivants vous
permettent de prêter de l’argent et de gagner des intérêts réguliers, ce qui
revient à toucher une paye régulière, le travail en moins :
• Obligations de sociétés : les entreprises émettent des dettes pour procéder
à un arbitrage de la croissance de l’entreprise, empruntant à un taux
inférieur dans l’espoir d’obtenir un taux de rendement plus élevé via des
opérations commerciales.
• Dette souveraine : la dette souveraine, c’est-à-dire les obligations et
autres emprunts d’État, sont des prêts émis par des nations souveraines
pour financer des opérations du gouvernement.
• Obligations municipales : les gouvernements locaux, les comtés et les
municipalités empruntent de l’argent pour financer leurs dépenses en
capital et les projets publics. Si les obligations municipales offrent des
taux d’intérêt plus bas que les obligations de sociétés, elles sont très
attrayantes pour les hauts revenus parce que le paiement de leurs intérêts
est exonéré de l’impôt fédéral. En outre, si vous achetez une obligation
émise par votre État, vous êtes également exonéré de l’impôt dans votre
État et des impôts locaux.
Malheureusement, l’achat d’obligations individuelles peut être coûteux, en
fonction de leur type et du lieu d’achat. Les marchés obligataires ne sont pas
liquides et, par conséquent, l’écart offre/demande (achat/vente) peut peser
lourdement sur votre rendement effectif. En outre, la valeur marchande des
obligations augmente et diminue inversement avec les taux d’intérêt. Si vous
devez revendre une obligation avant échéance et dans un environnement de
taux en hausse, attendez-vous à recevoir moins que la valeur nominale,
tellement moins que tout votre investissement pourrait se solder par une
perte. De plus, les obligations individuelles comportent un risque de défaut
de paiement : si l’émetteur fait faillite, les détenteurs d’obligations passent
après les détenteurs d’actions…
Règle #6 : la règle du 1 %
Quand vous atteindrez le sommet du monde HORS SCRIPT, vous ferez partie du
1 %. Vous ne serez peut-être pas dans le 1 % le plus riche en matière de
richesse monétaire, mais vous le serez pour ce qui est du temps. Jusqu’ici,
les règles sont conçues pour protéger votre investissement en capital, ce qui
protège votre position dans le 1 %. Outre la dévaluation des actifs, il existe
une autre menace moins évidente pour votre argent : les frais de gestion.
Comme notre but n’est pas d’enrichir Wall Street ou les banquiers, nous
nous trouvons face à une autre règle : lorsqu’il s’agit de distributions gérées
par des fonds gérés, évitez tout fonds dont les frais de gestion sont supérieurs
à 1 %, frais d’intérêt non compris.
Cette règle signifie que vous devez éviter tout investissement dont le total
des frais de gestion, y compris les commissions, les frais d’entrée et/ou les
frais 12b-1, dépasse 1 %. Ce 1 %, cependant, devrait exclure les charges
d’intérêt, ce qui est commun avec les fonds qui utilisent un effet de levier.
Par exemple, si le total des frais du fonds d’obligations ZZZ est de 1,2 %,
mais que la moitié de ces frais, soit 0,6 %, correspond à des charges
d’intérêt, ce fonds respecterait toujours notre règle du 1 %.
Dans tous les cas où les frais, nets d’intérêts, dépassent 1 %, vous pouvez
crier SUIVANT ! Il y a simplement trop d’autres choix. Ça ne nous intéresse
pas de financer la maison dans les Hamptons d’un gars qui travaille dans la
finance. Personnellement, j’opte plutôt quand c’est moins de 0,5 %, mais
parfois je m’amuse dans des fonds qui frisent le seuil de 1 %. J’évite
également tout investissement qui comporte des frais d’entrée ou une
commission.
Une fois les fonds de plus de 1 % supprimés, il reste de nombreuses
options et catégories d’actifs. Voici, par exemple, quelques investissements
pour mon pot pour la paye que j’utilise maintenant ou que j’ai utilisés
autrefois (les frais de gestion indiqués sont ceux de décembre 2015 et
peuvent être différents au moment où vous lirez ce livre).
• Obligations T. Rowe Price des marchés émergents (PREMX), frais :
0,97 %
• Obligations de société à rendement élevé Vanguard (VWEHX), frais :
0,23 %
• Vanguard GNMA (VFIIX), frais : 0,21 %
• FNB d’appréciation du dividende Vanguard (VIG), frais : 0,10 %
• Fonds de revenu municipal Fidelity (FHIGX), frais : 0,47 %
• Fiducie de revenu BlackRock (BKT), frais : 0,88 %
• Putnam Managed Municipal (PMM), frais : 0,86 %
Règle # 7 : la règle de l’autruche
À la mi-mai 2012, RadioShack, détaillant de produits électroniques des
centres commerciaux existant depuis longtemps, affichait un dividende
attrayant de 11 %8. Si vous avez sauté la règle Ackbar, j’espère que vous ne
sauterez pas celle qui suit : la règle de l’autruche. Les deux peuvent vous
sauver d’une ruine financière calamiteuse.
La règle de l’autruche stipule que vous devez éviter les investissements
lorsque l’entreprise ne respecte plus le climat culturel ou économique. Ne
vous contentez pas d’un dividende sans tenir compte du jaguar qui dort à côté
de vous. Dans le cas de RadioShack, l’action était en baisse depuis des
années, d’où le gros dividende. En outre, chaque fois que j’allais dans un
RadioShack, c’était comme si j’entrais dans une morgue. RadioShack était
clairement en train de mourir parce que le commerce de détail se
transformait ; leurs produits étaient vendus en ligne et moins cher. Malgré
des tentatives de soutien de l’action à travers des rachats, RadioShack a
déclaré faillite en 2013, coûtant des millions de dollars aux investisseurs.
Avec la règle de l’autruche, vous évitez les investissements qui peuvent
créer des problèmes. Cela inclut les investissements dans les dinosaures
(RadioShack, Kodak) ou les effets de mode (Crocs, Krispy Kreme
Doughnuts). Pour sensibiliser le marché, voici quelques questions sur
lesquelles repose la règle de l’autruche :
• L’industrie de l’entreprise concernée est-elle en train de mourir ?
(RadioShack, Kodak)
• L’activité de l’entreprise est-elle perturbée ? (Barnes & Noble,
Blackberry)
• L’industrie de la société traverse-t-elle un changement cyclique qui pourrait
mettre en danger l’actif sous-jacent ? (Linn Energy, Chesapeake Energy)
• L’entreprise est-elle assimilée à une mode ou à une tendance ? (Crocs,
Krispy Kreme Doughnuts, Mossimo)
Je le répète, les investissements pour le pot pour la paye sont ennuyeux. Si
l’investissement est « brûlant » ou que le dividende est « gros », vous jouez
probablement à un jeu de passe-passe avec un monsieur qui a un gros
parachute en guise de gobelet. Si vous demandez à cor et à cri de gros
rendements, vous finirez par demander à cor et à cri une boîte de Kleenex.
ACHETER DES ACTIFS POUR LE POT POUR LA PAYE
Si vous suivez la règle du claquement de doigts, l’achat d’actifs pour le pot
pour la paye est un jeu d’enfant. Tout d’abord, ouvrez un compte dans une
grande entreprise financière. Gardez à l’esprit la règle de l’apocalypse et
restez fidèle aux grandes entreprises. Vous ne devriez pas déposer des
millions de dollars auprès d’un mec prétendant être un conseiller financier
qui vient de créer sa société il y a dix-huit mois. Mes fournisseurs financiers
préférés sont les suivants :
• Vanguard (vanguard.com)
• T. Rowe Price (troweprice.com)
• TD Ameritrade (tdameritrade.com)
• Charles Schwab (charlesschwab.com)
• Fidelity (fidelity.com)
Une fois votre compte créé, commencez vos recherches sur les actifs pour
le pot pour la paye. Les fonds en interne proposés par de nombreuses
entreprises constituent un bon point de départ. Vanguard, de loin mon préféré,
propose une grande variété de fonds de distribution gérés à des frais
extrêmement bas. T. Rowe Price et Fidelity ont également un grand choix.
Gardez à l’esprit la règle du 1 %, ainsi que les éventuels « frais de rachat »,
à savoir les frais facturés pour les actions vendues après une courte période
de temps. Par exemple, l’obligation sur les marchés émergents de T. Rowe
Price (PREMX) a un rendement annuel de 5,6 %, avec des paiements
mensuels et des frais inférieurs à 1 %. Il comporte également des frais de
rachat de 2 %. Ce fonds est un actif acceptable pour votre pot pour la paye,
mais seulement si vous ne revendez pas dans les deux mois qui suivent votre
achat.
Si vous négociez activement les actifs pour votre pot pour la paye via un
compte de courtage, tel que TD Ameritrade, E-Trade ou Schwab, concentrez-
vous sur les FNB, les REIT, les MLP, les actions à dividende et les fonds à
capital fixe.
Outre les sept règles ci-dessus, voici quelques lignes directrices simples
(quelles que soient les conditions économiques) que j’utilise pour cibler les
bons actifs :
TOTAUX ANNUALISÉS
Capital investi : 9 964 910 $
Total des dividendes : 499 525 $ par an
Rendement du portefeuille : 5,01 %
Revenu mensuel moyen : 41 627 $ (moyenne)
Dans cet exemple, vous touchez (en moyenne) environ 41 000 dollars par
mois. Vendez des options d’achat couvertes à partir de ces positions et vous
pourriez facilement augmenter ce rendement et recevoir 100 000 dollars
supplémentaires par an. Bien sûr, votre capital investi sera soumis aux
fluctuations du marché, mais il devrait rester aux alentours de 10 millions de
dollars.
De plus, les actions à dividendes détenues depuis plus de quatre mois
bénéficient d’un traitement fiscal favorable10. Ainsi, vous obtenez non
seulement un revenu passif à vie, mais également un traitement fiscal spécial.
Ça paraît presque trop beau pour être vrai, non ?!
Vous voulez voir comment le revenu de vos placements change avec un
changement de capital ? Divisez simplement les chiffres par le changement
de capital. Avec un portefeuille de 20 millions de dollars (deux fois le
capital), multipliez simplement par deux : au lieu de 40 000 dollars par
mois, vous toucherez 80 000 dollars par mois et un million de dollars par an.
Avec un portefeuille d’un million de dollars, divisez les résultats par dix : au
lieu de 40 000 dollars par mois, vous vivrez confortablement avec
4 000 dollars de revenu passif par mois et près de 50 000 dollars par an.
Maintenant, essayez de vous représenter la vie que vous auriez avec
N’IMPORTE LEQUEL de ces niveaux de revenus. Même avec 50 000 dollars
par an – sans remboursement immobilier et sans dettes –, à quoi
ressemblerait votre vie ? Rappelez-vous qu’il s’agit d’un revenu mensuel
sans rien faire d’autre que de jeter un coup d’œil périodique à vos actifs
pour déterminer d’éventuelles menaces cataclysmiques ou cycliques.
Comment vivriez-vous avec 40 000 dollars par mois ? Mieux encore : que
feriez-vous de votre temps libre si vous saviez que vos factures étaient
payées et que vous viviez déjà dans le luxe ? Peut-être écririez-vous un livre
sur la manière de faire la même chose ? Peut-être mettriez-vous au grand jour
la méga-imposture connue sous le nom de SCRIPT ?
Avec un système d’argent, l’argent travaille pour vous au fil du temps,
indépendamment de vous. Et vous n’épuisez pas votre capital – vous pouvez
faire ça pendant des décennies, en déplaçant des actifs ici et là, et au bout du
compte, votre capital est toujours là.
Mon ami, ce rêve existe.
Il est juste là.
J’en suis la preuve vivante, et je ne suis personne de spécial.
Recentrez votre travail sur le bon système plutôt que sur le mauvais
système : il ne tient qu’à vous de jouer ! Je vous le rappelle : lorsque j’ai
commencé, il y avait beaucoup de gens dans ce monde qui travaillaient
beaucoup plus dur que moi. J’ai simplement orienté mes efforts vers un
système dans lequel les résultats pourraient être exploités de manière
illimitée plutôt que plafonnée et donc limitée.
Quand j’étais en mode accumulation de fonds, je n’ai pas changé mon style
d’investissement et j’ai investi en fonction du principe du capital : j’ai économisé
pour le revenu, pas pour la croissance.
Des notions de base de la finance sont une compétence nécessaire pour sortir
du SCRIPT, aussi importantes que la vente ou la communication. Appliquez le
principe de Kaizen dans ces domaines.
49
#NONAUSCRIPT
MERCI
Les nombreuses heures que vous avez passées à lire ce livre représentent
beaucoup pour moi. Probablement plus que vous ne l’imaginez. Parce que le
temps tisse notre expérience humaine, qu’on ne pourra ni renouveler ni
rendre, me donner le vôtre est un privilège qui me touche au plus profond de
mon cœur. Je vous remercie de me l’avoir confié.
J’espère que Non au script aura été pour vous un schéma directeur
visionnaire précieux sur la manière de récupérer votre vie et vos rêves. Une
carrière d’entrepreneur est bien plus qu’un travail sans patron ; c’est une vie
que l’on aime au quotidien, pas une vie que l’on repousse à samedi et où l’on
hiberne du lundi au vendredi. Cela signifie vivre libre du culte macabre de la
conformité avec les pairs, destructeur de l’âme, libre de la médiocrité
imposée par les médias et libre du conditionnement culturel du SCRIPT. Mais
par-dessus tout, cela signifie que vous vous possédez : vous et vos choix,
votre temps et votre vie.
Que ce livre soit vos points de repère : des poteaux indicateurs flexibles,
non pas écrits à l’encre d’un absolutisme fervent, mais écrits dans une encre
effaçable et reliés par votre propre expérience au fur et à mesure que vous
agissez, appréciez et ajustez.
Pour finir, je ne peux pas relier ces points de repère pour vous : je ne peux
que les faire ressortir pour améliorer la probabilité. Je ne peux qu’éclairer
le gouffre qui les sépare, tout en vous mettant en garde : la traversée sera
éprouvante et transformatrice, mais incroyablement enrichissante.
S’affranchir du SCRIPT provient d’une simple graine plantée dans votre
esprit. Cultivée avec détermination et sagesse, vous prenez conscience que
vous n’êtes pas l’esclave d’une voiture, d’une télévision ou du
gouvernement. Intégrez cette graine dans un style de vie, et vous trouverez
abondance et bonheur quand elle éclora, quelle que soit la façon dont vous la
définissez.
Au bout du compte, nous partageons tous une humanité qui ne peut pas être
rembobinée. Certains écrivent l’histoire de cette expérience, tandis que
d’autres permettent au SCRIPT de voler le stylo. Les premières pages de notre
temps se fichent de savoir si vous reconnaissez les vérités universelles de
notre civilisation. Le temps saigne sans solennité et ne devient solennel que
lorsqu’un diagnostic de santé en phase terminale est établi, ou pire, quand il
n’y en a plus : il n’y a plus rien d’autre qu’un enterrement.
Ne soyez pas cette personne.
Ne soyez pas la personne qui rêve de repartir de zéro.
Votre machine de temps est là, et elle vous dit de changer l’histoire de ce
qui peut arriver. Commencez aujourd’hui, pas demain, pas la semaine
prochaine après avoir été payé, et pas quand vous aurez cette super idée.
Mon ami, ceci est le premier jour du reste de votre vie. Il est précieux et IL
EST À VOUS. Ne laissez pas le SCRIPT décider de votre vie – battez-vous
contre lui, déchirez-le et réécrivez votre propre histoire HORS SCRIPT.
Bonne chance, et que Dieu, Jésus, Allah, Yahweh, Bouddha, les aliens
intelligents, la loterie génétique, le dieu médiatique du moment, ou quiconque
a conçu notre brève existence sur ce minuscule point de l’univers, vous
bénissent.
#TimeMachine
#StartToday
#RipUpTheScript
#UNSCRIPTED
#TheEnd.
:-)
TABLE DES MATIÈRES
Sommaire
Avant-propos : La vie se résume-t‑elle aujourd’hui à payer des factures et
attendre le week-end ?
Introduction
Première partie
LA DISSONANCE… N’Y A-T‑IL PAS QUELQUE
CHOSE QUI CLOCHE ?
Chapitre 1 : Un lundi comme les autres : une histoire du
script
Même merde, autre jour
Chapitre 2 : Cette petite voix que l’on n’écoute pas
Ce « quelque chose » n’est pas rien…
Chapitre 3 : La Matrix des temps modernes : le script
Et si je vous disais…
Deuxième partie
LE SCRIPT… OU COMMENT FONCTIONNE
L’ASSERVISSEMENT INVOLONTAIRE
Chapitre 4 : La vie inauthentique : pris au piège de la
pensée d’autrui
Le paradigme, c’est de la merde…
Comment j’ai échappé à la médiocrité manufacturée
Chapitre 5 : La sagesse conventionnelle : le chemin tout
tracé vers une vie conventionnelle
Conventionnel = ordinaire = médiocrité
Quelqu’un d’acquis au système (la foule)
Le partisan intéressé (l’argent)
« Non, c’est moi qui décide ! »
Chapitre 6 : Le système d’exploitation du script : le Web
de la servitude
Le cadre de l’obéissance
Les semeurs
Les hyperréalités
La prostitution temporelle
Les chemins de la vie
Les distractions
La citoyenneté M.O.D.E.L.
Chapitre 7 : Les semeurs : notre vie est moche, alors
pourquoi pas la tienne ?
Les 6 semeurs qui programment votre endoctrinement
#1) Les proches : notre vie est moche, alors pourquoi pas la tienne ?
#2) Le système éducatif : mettez-vous en rang par deux, levez la main,
suivez la consigne
#3) Les semeurs du monde des entreprises : à cœur vaillant, rien
d’impossible
#4) Le semeur de la finance : faites confiance à ceux en qui on ne peut
pas avoir confiance
#5) Le gouvernement : le père Noël pour les adultes qui vivent comme
des enfants
#6) Les médias : nous sommes objectifs dans notre subjectivité
Chapitre 8 : Les hyperréalités : vos capteurs d’illusions
Retirez le bandeau de vos yeux
Les conventions brouillées du script : l’hyperréalité
Les illusions conventionnelles : les 9 hyperréalités du script
Hyperréalité #1 : les jours de la semaine
Hyperréalité #2 : le consumérisme
Hyperréalité #3 : un diplôme d’études supérieures
Hyperréalité #4 : l’hyperpersonnalité
Hyperréalité #5 : la réalité virtuelle
Hyperréalité #6 : les loisirs
Hyperréalité #7 : l’argent
Hyperréalité #8 : la liberté
Hyperréalité #9 : les entreprises
Chapitre 9 : La prostitution temporelle : échanger du
bon temps contre du mauvais
Vendez du temps de jeunesse maintenant ; achetez du temps de vieillesse
plus tard
Chapitre 10 : Les chemins de la vie : deux portes, un
abattoir, aucune différence
L’illusion du choix : qui sera votre esclavagiste ?
Porte #1 : le Trottoir (vendez demain en échange d’aujourd’hui)
La culture du « vous paierez plus tard »
Consommation, sociétés et endettement, oh là là !
Porte #2 : la Voie lente (vendez aujourd’hui en échange de demain)
Changer de laisse et de collier…
Privation et espoir
Chapitre 11 : Les distractions : le ministère des loisirs
Circulez, y a rien à voir
Chapitre 12 : La citoyenneté M.O.D.E.L. Numéro de
série #666-77-8888
Le boulevard des rêves brisés
Troisième partie
L’ALTERNATIVE : VIVRE SANS SCRIPT
Chapitre 13 : La vie sans script, c’est adopter l’esprit «
rien à foutre »
Décrire l’indescriptible : les 5 libertés « rien à foutre »
#1) Libéré du travail
#2) Libéré de la rareté et des contraintes financières
#3) Libéré de l’influence des hyperréalités
#4) Libéré de l’espoir et de la dépendance
#5) Libéré de l’ordinaire et de la routine
Chapitre 14 : D’abord « ras-le-bol » puis « rien à foutre »
Le début de la fin : l’événement ras-le-bol (ÉRLB)
Les illusions d’« événements ras-le-bol »
Menace #1 : un confort médiocre
Menace #2 : garder votre fierté et votre ego
Menace #3 : j’ai des responsabilités
Menace #4 : la peur
Réveiller le rêve
Quatrième partie
L’ÉVASION… LE CADRE DE L’ENTREPRENEUR
POUR LA VIE HORS SCRIPT
Chapitre 15 : Le Cadre de l’entrepreneur pour la vie
hors script (CEVHS)
Vous voulez réussir ? Apprenez comment on échoue
Le Cadre de l’entrepreneur pour la vie hors script (CEVHS)
Le cadre de l’entrepreneur pour la vie hors script : creusons
Là où la vie change : le point G de l’entrepreneuriat
Microprocessus + macroprocessus = réussite
Le syndrome de la solution miracle
CROYANCES, BIAIS ET CONNERIES (CBC)
Chapitre 16 : La prison que nous nous imposons :
croyances, biais et conneries (CBC)
Envoyer bouler tout ce qui vous empêche d’y voir clair
L’ennemi intérieur : votre cerveau
Chapitre 17 : Ces mensonges que nous croyons : les 8
croyances dues à des escroqueries
Trois hommes donnent naissance à un tigre
Chapitre 18 : Croyance #1L’arnaque du raccourci : qui
dit ordinaire n’implique pas extraordinaire
La dichotomie : événements (99 %) vs processus (1 %)
L’idéalisme de l’événement : ou comment être déçu
Entrepreneuriat motivé par l’événement : un échec du processus
Polariseur : le principe de processus
Étape #1 : vous avez une prise de conscience intelligente des défauts
neurologiques
Étape #2 : vous modifiez vos attentes et réévaluez la source de la
difficulté
Étape #3 : vous identifiez et visualisez la cible à changer
Étape #4 : vous affectez un chiffre à votre objectif
Étape #5 : vous identifiez l’action-cible du jour
Étape #6 : vous identifiez ce qui menace votre cible quotidienne
Étape #7 : vous identifiez les bons champs de bataille
Étape #8 : vous attaquez vos mauvaises habitudes en les liant à quelque
chose de pénible
Étape #9 : vous agissez jusqu’à recevoir un écho
Chapitre 19 : Croyance #2L’arnaque spéciale : « Je ne
suis pas bon à ça »
Dichotomie : fixe (99 %) vs développement (1 %)
Polariseur : le principe Kaizen
Chapitre 20 : Croyance #3L’arnaque de la
consommation : combien ça a coûté ?
Dichotomie : consommateur (99 %) vs producteur (1 %)
Polariseur : producteurisme
Chapitre 21 : Croyance #4L’arnaque de l’argent : « Si je
le veux, je serai riche »
Dichotomie : argent (99 %) vs valeur (1 %)
Polariseur : le principe du chèque-valeur
Chapitre 22 : Croyance #5L’arnaque de la pauvreté : «
Je suis pauvre parce que tu es riche »
Dichotomie : égoïste (99 %) vs désintéressé (1 %)
L’arnaque de la pauvreté : l’histoire du méchant
L’histoire du méchant : Hollywood, la politique et les grosses
entreprises
Polariseur : le principe fiduciaire
Chapitre 23 : Croyance #6L’arnaque de la chance : il n’y
a que ceux qui jouent qui peuvent gagner
Dichotomie : la chance (99 %) vs la probabilité (1 %)
Tester sa chance
Le distributeur de chewing-gums de la vie
Polariseur : le principe de probabilité
Chapitre 24 : Croyance #7L’arnaque de la frugalité :
vivez pauvre, mourez riche
Dichotomie : la défense (99 %) vs l’attaque (1 %)
Polariseur : le levier illimité contrôlable (LIC)
Chapitre 25 : Croyance #8L’arnaque de l’intérêt
composé : ce n’est pas Wall Street qui va vous enrichir
Dichotomie : richesse (99 %) vs revenus (1 %)
Wall Street ne va pas vous rendre riche
Le tiercé gagnant de la vérité : tuer l’intérêt composé par son propre
sang
Vérité #1 : le temps
Vérité #2 : la réalité
Vérité #3 : l’inflation
Faites attention à la source dont émanent vos informations
Polariseur : le principe du capital
Chapitre 26 : Les biais : les illusions de votre cerveau
Le « vous » authentique vs votre cerveau
La résistance au changement : pourquoi refuser le changement, c’est
refuser l’excellence
La volonté d’avoir toujours raison : pourquoi vous préféreriez avoir
raison plutôt qu’être riche
L’apathie antithétique : ceux qui suffoquent ne devraient pas détester
l’air
Le lavage à la Semmel : le non-conventionnel déclenche des réactions
conventionnelles
Le culte des podiums : pourquoi quelqu’un d’autre ne peut pas écrire
votre histoire
Le coup de projecteur sur les survivants : les ratés n’ouvrent pas la
bouche
La paralysie de l’élan : pourquoi vous ne pouvez pas bouger alors que
vous bougez
Chapitre 27 : Les conneries des professionnels du
genre : excuses, clichés et sectes
Les trois catégories de conneries
Connerie #1 : les excuses – votre dogme cérébral
Connerie #2 : langage du script et frankenphrases
Quand Frankenstein parle, il dit des frankenphrases
Connerie #3 : les sectes : attention aux gourous qui vous font des
cadeaux
Enterrer les conneries : trois bulldozers
Technique #1 : le questionnement socratique
Technique #2 : le corollaire du cancer
Technique #3 : cataclysmes de l’identité
L’entrepreneuriat vit et meurt dans la tête
LA RAISON D’ÊTRE (RÊ)
Chapitre 28 : La raison d’être : l’irrépressible volonté de
gagner
Le cycle de motivation : comment accomplir de grandes choses
Le pourquoi : votre moteur principal
Chapitre 29 : Poursuivre sa passion, faire ce que l’on
aime… Les deux pires conseils qui soient
Le miroir aux alouettes : « faites ce que vous aimez » et « poursuivez
votre passion »
La boucle de rétroaction : la clé de la passion (et des grands résultats)
Chapitre 30 : Suscitez votre raison d’être, dynamisez
votre âme
Trouver sa raison d’être
Le défi de la valeur : peut-être votre but dans la vie est-il aussi simple
que cela ?
Le secret du bonheur (tout en faisant ce que vous détestez)
Choisissez la vie en choisissant le contrôle
AUTOROUTE DE L’ENTREPRENEUR (AE)
Chapitre 31 : Comment créer une entreprise qui
transforme votre vie
Ceux qui atteignent le panthéon échouent 70 % du temps
Les stéroïdes de l’entrepreneur : l’autoroute de l’entrepreneur
Chapitre 32 : La productocratie : comment faire
marcher la planche à billets (et bien dormir)
La publicité, c’est pour les perdants (je blague !)
Le push (achetez mon truc) vs le pull (vous voulez mon truc)
Construire une productocratie : les cinq commandements à respecter
Chapitre 33 : Le commandement du Contrôle : possédez
ce que vous construisez
Les requins mangent ; les guppys se font manger
Le « formulaire noir » – adieu à l’entrepreneuriat
Chapitre 34 : Le commandement de l’Entrée : qui dit
difficulté dit opportunité !
Facilitation : qui dit facile dit inutile
L’opportunité de la difficulté : il n’y a pas de putain de liste
Barrières à l’entrée : les règles du processus
Comment neutraliser une entrée facile : par une mise en œuvre
excellente
Chapitre 35 : Le commandement du Besoin : comment
créer une opportunité dans n’importe quel secteur
Qui dit monde imparfait dit opportunité parfaite
Travailler la valeur (et le besoin)
Le pull d’une productocratie : la manipulation de la valeur et le
concours des valeurs
Comment circule l’argent : l’éventail des valeurs et leurs attributs
Manipulez la valeur, abattez la concurrence
Comment manipuler la valeur
Comment le fait de manipuler vos critères de valeur agrandit votre
marché
La manipulation de valeur : les 6 mythes/pièges à éviter
1. Le mythe du marché
2. Le mythe de l’isolement
3. Le mythe du blockbuster
4. Le mythe de la salle bondée
5. Le mythe de la salle vide
6. Le mythe de l’utilisation
13 façons de trouver des idées d’« autoroute »
#1 : La langue
#2 : Le côté pratique
#3 : La simplification et/ou la facilitation
#4 : Les désirs
#5 : Les lacunes dans un service
#6 : L’arbitrage géographique (changer de crémerie)
#7 : Nourrir les foules qui violent le commandement de l’entrée
#8 : L’arbitrage de valeur
#9 : La réaffectation
#10 : L’arbitrage marketing
#11 : Le surcapitalisme
#12 : La rétrogradation des parties prenantes
#13 : L’amélioration (et la suppression)
Pourquoi ce que vous pensez être bien pour trouver un besoin est peut-être
très mauvais
La vente de solution : sauter l’expérience du secteur
Chapitre 36 : Le commandement du Temps : gagnez
plus que de l’argent, gagnez du temps
Alors, vous voulez toucher un revenu passif ? comme 7 milliards d’autres
personnes
Le mythe du revenu passif
Honorer le temps : créer de la valeur durable
Les 6 systèmes de valeur durable
Les systèmes d’argent
Les systèmes de produits numériques
Les logiciels/systèmes Internet
Les systèmes de produits
Les systèmes de location
Les systèmes de ressources humaines
Les structures de durabilité : comment vendre sans vendre
Le coût de la durabilité
Pourquoi vendre la poule aux œufs d’or ?
Chapitre 37 : Le commandement de l’Échelle : gagnez la
vie et la liberté, pas un repas et un film
L’échelle : faire exploser ses revenus
La valeur attendue (viser des milliards, pas des centaines)
Comment tuer l’échelle (et la valeur attendue !)
Gagner au loto : premier prix ? 100 dollars
Jouer gros ne veut pas dire oublier ce qui est petit
Les trois systèmes de passage à l’échelle
#1) La stratégie client
#2) Une stratégie unitaire
#3) La stratégie de canal
2 740 dollars : les mathématiques d’échelle
L'EXÉCUTION CINÉTIQUE (EC)
Chapitre 38 : Exceller dans la mise en œuvre : il est
impossible de prévoir l’imprévisible
Occupé à mettre en œuvre ? ou simplement occupé ?
La mise en œuvre d’un projet d’entreprise : les hunger games du monde
des affaires
Chapitre 39 : L’Exécution cinétique : tout ce qui est
significatif a commencé de manière insignifiante
Faire le boulot de merde : l’exécution cinétique
L’esprit du marché
Les 3 A : agissez, appréciez, ajustez
Agir
Apprécier
La diffusion (le chewing-gum blanc)
L’écho du marché (le chewing-gum orange)
Ajuster
Chapitre 40 : Les 7 P du processus : passez de l’idée à
la productocratie
Mettre en œuvre une productocratie à partir d’un processus
#1) Le plan : planifiez, mais ne vous prenez pas trop la tête !
Le contrôle
L’entrée
Le besoin
Le temps
L’échelle
#2) La preuve (de principe)
1. Les symptômes langagiers
2. La recherche via un canal
3. Le volume de recherches
4. Les questions posées à votre marché
5. La simulation du marché
6. Le test sur le marché : les prototypes factices
#3) Le parcours de votre processus
1. La recherche d’un fabricant de plateaux de jeux
2. La création de contenu
3. Les opérations
4. La création de site Web
5. Le lancement
#4) Le prototype
« Vous ne passerez pas ! »
Le cycle de vie client
#5) La preuve tangible
Sensibilisation > évaluation > intégration
L’écho : la voix du marché
#6) La productocratie : utilisation → engagement → et fidélisation
Comment j’ai trouvé un million de dollars caché dans mon forum
#7) La propagation : pénétration et échelle
Étendez votre portée
Élargissez vos canaux
Étendez votre réseau
Financez la propagation
Chapitre 41 : Que votre mise en œuvre soit importante :
13 très bonnes pratiques
#1) Attendez-vous à des difficultés et des déviations
#2) Soyez fidèlement monogame
#3) L’équilibre ? Mon cul !
#4) L’environnement fait toute la différence
#5) Les cerbères se meurent ; ne demandez pas la permission
#6) Construisez une marque assimilée à une personnalité
#7) On construit une marque avec de la cohérence
#8) Vendez ou soyez vendu
Racontez une histoire
Humanisez votre société
Faites appel à l’intérêt personnel, à la raison d’être
Donnez la priorité à la preuve sociale
#9) Mettez vos biais de côté
#10) Au diable le SEO (search engine optimization )
#11) Évitez les modes ou les tendances (sauf s’il vous faut de
l’expérience)
#12) Évitez la politique en affaires
#13) Tout le monde n’aime pas le café
LES 4 DISCIPLINES (4D)
Chapitre 42 : Les 4 disciplines du monde hors script :
créez puis assurez votre avenir
Le prestige : la magie du monde hors script
Chapitre 43 : L’immunité comparative : des esclaves
bien habillés sont toujours des esclaves
Rien à foutre des voisins
Le sentiment de ne pas être à la hauteur
Chapitre 44 : L’épargne intentionnelle : se préparer à un
revenu passif à vie
#NeverWorkAgain
#1. Un revenu passif à vie
#2. Une retraite de bonne heure et la poursuite de votre rêve
#3. Un dégrèvement d’impôts
La reconstruction financière : épargne intentionnelle
Étape #1 : recadrez
Étape #2 : réformez
Étape #3 : réduisez
Étape #4 : réallouez (et rappelez-vous)
Étape #5 : récompensez
Chapitre 45 : L’élévation mesurée : récompensez-vous
et profitez de la balade !
Mener la grande vie sans compromettre l’avenir
Chapitre 46 : La pensée conséquentielle : protégez
votre vie géniale
Comment 2 minutes et 20 secondes peuvent détruire une vie
Devenir un penseur conséquentiel
L’argent ne peut pas acheter la discipline
Cinquième partie
LE JOUR SE LÈVE… NE PLUS JAMAIS
TRAVAILLER
Chapitre 47 : Bienvenue dans le monde du « rien à
foutre »
La terre promise
L’autodestructeur compétent
Résultat
L’inconstant
Résultat
L’entrepreneur qui « paie les factures »
Résultat
L’entrepreneur à idées
Résultat
La rock star qui joue et tombe de son état de grâce
Résultat
Chapitre 48 : Le dernier business de votre vie (si vous
le voulez)
Le système d’argent hors script
Les trois pots de répartition de l’argent
Le pot « rien à foutre »
Le pot pour la maison
Le pot pour la paye
Le pot pour la paye (dit « système d’argent »)
Les dividendes d’actions
Les dividendes de REIT
Les revenus de partenariat dans des MLP
L’intérêt obligataire
Les intérêts sur des prêts
Les distributions gérées
Mes 7 règles pour le pot pour la paye
Règle #1 : la règle du loyer
Règle #2 : la règle du claquement de doigts
Règle #3 : la règle de l’apocalypse
Règle #4 : la règle des « trois années en trois mois »
Southern Company (SO)
Le fonds de revenu Aberdeen Asia-Pacific (FAX)
Règle #5 : la règle de l’amiral Ackbar
Règle #6 : la règle du 1 %
Règle # 7 : la règle de l’autruche
Acheter des actifs pour le pot pour la paye
Les fonds négociés en bourse (FNB)
Les actions à dividendes (à l’exclusion des REIT et des MLP)
Les real estate investment trusts (REIT)
Les master limited partnerships (MLP)
Les fonds à capital fixe (FCF)
Le pot pour la paye : un exemple réel
10 000 000 dollars
Chapitre 49 : #NonAuScript
Merci
Si vous avez aimé Non au script et que vous aimeriez en savoir plus sur
la philosophie « antiscript », merci de vous reporter à mon premier livre,
L’Autoroute du millionnaire, ou rendez-nous visite sur
TheFastlaneForum.com ! 1