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Décembre 2018
RAPPEL-COOP
A-350 rue Laval, Sherbrooke (Québec) J1C 0R1
Tél. : 819.636.0092
www.rappel.qc.ca
SUIVI DE QUALITÉ DE L’EAU – LAC À LA TRUITE D’IRLANDE– 2018
Trois campagnes ont eu lieu à la fosse du lac à la Truite d’Irlande (les 13 juin, 16
juillet et 24 août) pour procéder à des mesures de chlorophylle a, de phosphore
total et de transparence de l’eau (disque de Secchi).
Une campagne a eu lieu en temps de forte pluie (le 17 juillet) aux stations :
Cinq campagnes ont eu lieu lorsque le niveau de la rivière était bas et qu’il n’y
avait pas eu de précipitation dans les 24 h précédent la campagne. Celles-ci ont
eu lieu les 13 juin, 16 juillet, 24 aout, 13 septembre et 17 septembre aux stations :
Paramètre Description
Chlorophylle a • Pigment présent chez tous les organismes qui font de la
photosynthèse, dont notamment les algues microscopiques
en suspension dans l’eau (phytoplancton).
• Reflet indirect de la quantité de phytoplanctons dans l’eau
d’un lac.
• Paramètre permettant de déterminer le niveau trophique des
eaux d’un lac.
• Paramètre lié à l’abondance du phosphore dans l’eau.
Chrome • Présent surtout sous forme de dérivés dans l’environnement.
• Utilisé dans l’industrie métallurgique, notamment pour la
fabrication des alliages d’acier.
• Très hydrosoluble.
• Source : principalement les rejets industriels.
Cobalt • Atome central de la vitamine B12 et oligo-élément important.
• Souvent présent avec d’autres éléments dont le cuivre, le
nickel, le manganèse et l’arsenic.
• Les risques émanant des dérivés du cobalt sont faibles par
rapport à ceux que présentent d'autres métaux lourds.
• Source : lessivage des sols acides, extraction minière, gaz
d’échappement.
Coliformes • Bactéries intestinales provenant des excréments produits par
fécaux les animaux à sang chaud, incluant l’humain et les oiseaux.
(CF) • Paramètre indiquant une contamination fécale et la présence
potentielle de microorganismes pathogènes susceptibles
d’affecter la santé animale et humaine.
• Sources : rejets municipaux, épandages agricoles (fumier ou
lisier), installations septiques et fosses à purin non
conformes, débordements des stations d’épuration et des
trop-pleins d’égout.
Fer • Métal très courant sous forme d’alliage, il est notamment
essentiel à la formation de l’hémoglobine.
• Présent naturellement dans l’environnement et dans l’eau.
• Source : sols ferreux, rejets de l’industrie métallurgique,
incinérateurs et centrales thermiques.
Tableau 2. Classement des niveaux trophiques des lacs en fonction des valeurs
de phosphore total, de chlorophylle a et de transparence de l’eau
(MELCC, 2018a)
Phosphore Chlorophylle Transparence de
total a l’eau
(µg/l) (µg/l) (m)
Lac jeune et en santé Oligotrophe < 10 <3 >5
Oligo-
Apparition des signes de 7 - 13 2,5 - 3,5 4–6
vieillissement mésotrophe
Mésotrophe 10 - 30 3-8 2,5 – 5
Méso-
Signes de vieillissement 20 - 35 6,5 -10 2-3
évidents eutrophe
Eutrophe > 30 >8 < 2,5
Un lac oligotrophe est un lac jeune caractérisé par des eaux pauvres en
nutriments, transparentes et bien oxygénées ainsi que par une faible production
de végétaux aquatiques.
À l’inverse, un lac eutrophe est riche en nutriments et en végétaux aquatiques. Il
s’agit d’un stade avancé d’eutrophisation qui conduit, entre autres, à une
modification des communautés animales, à un accroissement de la matière
organique ainsi qu’à un déficit d’oxygène dans les eaux profondes.
Un lac mésotrophe se situe quant à lui à un niveau intermédiaire de
vieillissement. Aussi, lorsque les valeurs obtenues pour les différents paramètres
se situent à cheval entre deux niveaux trophiques, on utilise les appellations
oligo-mésotrophe et méso-eutrophe.
Critère de
Paramètre 2.3.1.1.1 Explication
qualité
Ce critère s'applique aux cours d'eau s'écoulant vers des
lacs dont le contexte environnemental n'est pas
20 µg/l problématique. Il vise à éviter la modification d'habitats
dans ces lacs, notamment en y limitant la croissance
Phosphore d'algues et de plantes aquatiques.
total Vise à limiter la croissance excessive d'algues et de plantes
aquatiques dans les ruisseaux et les rivières. Il y a des
30 µg/l risques d’effets chroniques néfastes à long terme pour la
protection de la vie aquatique si la valeur mesurée excède
ce seuil.
< 200 UFC / S'applique aux activités de contact primaire comme la
Coliformes 100 ml d’eau baignade et la planche à voile.
fécaux < 1000 UFC / S'applique aux activités de contact secondaire comme la
100 ml d’eau pêche sportive et le canotage.
En période de temps sec, le critère de qualité est défini par
une augmentation moyenne maximale de 5 mg/L par
rapport à la concentration naturelle ou ambiante (non
influencée par une source ponctuelle de matières en
5 mg/l
suspension, par une pluie importante ou par la fonte) selon
le contexte. Lorsque ce seuil est dépassé, il y a des risques
Matières en d’effets chroniques néfastes à long terme pour la
suspension protection de la vie aquatique.
Le critère de qualité est défini par une augmentation
maximale de 25 mg/L par rapport à la concentration
naturelle ou ambiante (non influencée par une source
25 mg/l ponctuelle de matières en suspension, par une pluie
importante ou par la fonte) selon le contexte. Lorsque ce
seuil est dépassé, il y a des risques d’effets aigus néfastes
à court terme pour la protection de la vie aquatique.
Altération du goût et de l’apparence de l’eau.
0,3 mg/l
Fer
Chronique : Critère provisoire pour la protection de la vie
1,3 mg/l
aquatique. Il faut prendre en compte la proportion de fer
Note : µg/l : microgramme par litre ; mg/l : milligramme par litre ; UFC : unités formatrices de colonies.
2.4 Critères de qualité bactériologique des eaux pour les usages récréatifs
Coliformes fécaux
Qualité de l’eau Explication
UFC/100 ml
3 CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Les précipitations qui tombent sur un bassin versant peuvent avoir un impact
important sur la qualité de l’eau des tributaires et du lac situé en aval. Les sites
sensibles à l’érosion et au lessivage (lorsqu’ils sont, par exemple, dénués de
végétation) seront affectés par les gouttes de pluie qui, telles de petites bombes,
détachent les particules de sol et les emportent vers les cours d’eau. Les terrains
en pente sont aussi très sensibles à l’érosion causée par le ruissellement. Les
particules en suspension ainsi entraînées vers le lac contribuent à diminuer la
clarté des eaux et transportent également des nutriments, tel le phosphore. De la
même façon, les précipitations ont également un impact sur les concentrations
en coliformes fécaux dans les cours d’eau.
Le tableau suivant présente les précipitations totales enregistrées au cours des
trois jours précédant les campagnes de prélèvements de 2018.
Tableau 6. Total des précipitations au cours des trois jours précédant les
campagnes de prélèvements (Météomédia, 2018)
NT
NT
Transparence de Secchi
1,4 Niveau trophique (NT)
Transparence (m)
1,2
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
NT
Pour l’année 2018, l’indice d’état trophique (IET) moyen calculé est de 60,12. Ce
résultat classe le lac au stade eutrophe (tableau 3), ce qui correspond aux
résultats de 2017. Tous les indicateurs de l’IET, pris indépendamment, placent
également le lac dans cette catégorie.
La concentration moyenne en phosphore total pour 2018 est de 72 µg/l. Bien que
cette moyenne soit moins élevée qu’en 2017, elle demeure très élevée et
contribue à l’accélération de l’eutrophisation du lac.
100
90
80
60
50
40
30
20
10
0
2018-06-13 2018-08-24 2018-09-13 2018-09-17
5000
4500
4000
Coliformes fécaux (UFC / 100 ml)
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
2018-06-13 2018-07-16 2018-07-17 2018-08-24 2018-09-13 2018-09-17
5 DISCUSSION
Les sources de phosphore, dont la concentration est très élevée dans le lac,
peuvent être identifiées en grande partie à partir des analyses des prélèvements
sur la rivière Bécancour et de la rivière au Pin (voir le point 5.2 plus bas). En
somme, les deux affluents contribuent à cette problématique de manière
significative. La rivière Bécancour est la source la plus importante de cet élément,
avec sur son tracé la station d’épuration qui émet une grande quantité de
phosphore dans le cours d’eau. Du côté de la rivière au Pin, l’émission de
phosphore est probablement plutôt d’origine agricole comme nous le
mentionnions en 2017.
Les mesures de coliformes fécaux prises sur la rivière Bécancour sont tout aussi
inquiétantes. En effet, pour 15 des 24 prélèvements en 2018, on observe des
dépassements des normes pour les contacts directs (> 200 UFC/100 ml) et dans
10 de ces cas, il s’agit d’un dépassement de la norme la plus élevée limitant tous
les usages (> 1000 UFC/100 ml). La figure 3 montre bien l’impact du milieu urbain
sur la qualité bactériologique de l’eau avec des mesures très élevées en aval de
Thetford Mines autant en temps de pluie qu’en temps sec, mais montre aussi
l’amplification de la problématique des coliformes fécaux par la station
d’épuration. Les concentrations obtenues en aval de la station sont
systématiquement plus élevées qu’en amont, indiquant possiblement un
problème de performance de la station. De plus, en temps de pluie, les niveaux
de concentration explosent pour atteindre parfois plus de 6000 UFC / 100 ml. Il
va sans dire qu’il faut éviter tout contact avec l’eau de la rivière Bécancour dans
ce secteur en cas de pluie abondante, probablement plus de 20 mm en 24 h. Les
données obtenues du Réseau Rivières pour la station Marcheterre montrent
encore une fois l’impact négatif de la station d’épuration sur la qualité d’eau de
la rivière, avec des dépassements systématiques de la norme de 200 UFC/100 ml
tout au long de l’année, les niveaux atteignant des sommets inquiétants (jusqu’à
plus de 6000 UFC/100 ml) en dehors de la période estivale.
Pour ce qui est des analyses de métaux en temps de pluie effectuées à la station
Marcheterre le 17 juillet, le RAPPEL à consulté un expert afin de déterminer les
analyses pertinentes, dans ce cas-ci près de haldes de résidus miniers de type
basique. Résultat encourageant, les analyses n’ont révélé aucun dépassement
des normes pour l’eau potable pour l’ensemble des paramètres où une telle
norme existe. Les niveaux de fer respectent la norme, mais sont relativement
élevés, ce qui peut avoir une incidence sur la coloration et le goût de l’eau. Le pH
est également assez élevé (basic), tout en demeurant à l’intérieur des limites
acceptables pour la protection de la vie aquatique (entre 6,5 et 9). Les apports
provenant des haldes pourraient influencer le pH de l’eau de la rivière, mais nous
ne disposons pas des données nécessaires pour le confirmer.
6 RECOMMANDATIONS
7 RÉFÉRENCES
Hade A. (2002). Nos lacs : les connaitre pour mieux les protéger. Éditions FIDES, 359 p.
Hébert S. et Légaré S. (2000). Suivi de la qualité des rivières et petits cours d’eau. MELCC,
24 p.