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TRAITEMENT DE L’EAU POTABLE

Reminéralisation de l’eau

Table des matières


INTRODUCTION ...................................................................................................................... 3
I. LES ENJEUX DE LA REMINERALISATION DE L’EAU ......................................... 4
1. Définitions de l'agressivité et de la corrosivité ............................................................ 4
2. Couche protectrice de Tillmans ................................................................................... 6
3. Risques sanitaires d'une eau faiblement minéralisée ................................................... 6
II. PROCÉDÉS UTILISÉS .................................................................................................. 7
1. Neutralisation/Reminéralisation .................................................................................. 7
2. La reminéralisation ...................................................................................................... 7
3. Réactions mises en œuvre............................................................................................ 7
a. CO2 + Chaux ............................................................................................................ 7
b. CO2 + Calcaire ......................................................................................................... 8
c. Comparaison ............................................................................................................ 8
III. LES RÉACTIFS .......................................................................................................... 8
1. Le CO2 ......................................................................................................................... 8
2. La chaux ...................................................................................................................... 9
3. Le calcaire.................................................................................................................... 9
CONCLUSION ........................................................................................................................ 11

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TRAITEMENT DE L’EAU POTABLE

Reminéralisation de l’eau

Liste des tableaux


Tableau 1: Indices de caractérisation de l'agressivité et de la corrosivité de l'eau .................... 6
Tableau 2: Quantités de réactifs nécessaires à la minéralisation des eaux ............................... 8

Liste des figures


Figure 1: Procédé de reminéralisation avec ajout de CO2 + Chaux ........................................ 10

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TRAITEMENT DE L’EAU POTABLE

Reminéralisation de l’eau

INTRODUCTION
Les différents traitements destinés à purifier ou dépolluer l'eau ont souvent pour effet d'en
supprimer, de même que tous les polluants présents, les sels minéraux qui y sont dissous. Pour
être potable, et propre à la consommation, l'eau doit contenir des sels minéraux. Il est donc
nécessaire, avant de réintroduire l'eau dans les circuits d'eau potable, de la reminéraliser.

Cette synthèse sur la reminéralisation de l’eau va permettre de connaitre les enjeux de la


reminéralisation de l’eau, les procédés utilisés et les réactifs.

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Reminéralisation de l’eau

I. LES ENJEUX DE LA REMINERALISATION DE L’EAU

Ajustez les paramètres physico-chimiques de l’eau avec le CO2.

L'utilisation la plus courante du dioxyde de carbone (CO2) pour le traitement de l'eau potable
est la reminéralisation. Cette application est utilisée pour le durcissement des eaux
naturellement douces ou des eaux qui ont été adoucies au cours du processus de traitement. Les
niveaux de dureté de l'eau sont une exigence des normes pour l'eau potable. Après le
dessalement, la teneur en minéraux de l'eau devient très faible. Elle doit donc être reminéralisée
afin de réincorporer les éléments qui la rendent potable et non corrosive. L'ajout de chaux ou
de calcaire et d'un acide est une étape essentielle de la reminéralisation. L'utilisation de CO2 est
un standard presque obligatoire dans ce processus.

1. Définitions de l'agressivité et de la corrosivité

La dureté ou le titre hydrotimétrique (TH) d'une eau se manifeste, selon le Glossaire


International d'Hydrologie (1992) et la norme ISO 6107-1(1996), par une difficulté à former de
la mousse avec du savon. La dureté totale est la somme de la dureté temporaire (due à la
présence en solution de sels de calcium et de magnésium, autres que des carbonates) et de la
dureté permanente (due à la présence en solution de bicarbonates de calcium et de magnésium)
(Hubert & Carbonnel, 2000). Elle exprime la teneur de l'eau en calcium et magnésium. La
dureté ou TH s'exprime en degrés français (F). Une eau, si elle présente des valeurs de TH
inférieures à 8F, est dite douce. Elle est dure et permet le dépôt de sels insolubles et incrustants
(tartres ou incrustations) à partir de TH égal à 15F (Mayet, 1994). Nous nous intéresserons aux
eaux douces, faiblement minéralisées.

L'agressivité est l'aptitude d'une eau à dissoudre le calcaire, liée à la présence dans l'eau de
CO₂ excédentaire (ou CO, agressif). La dissolution du calcaire se poursuit jusqu'à obtention de
l'équilibre calco-carbonique. Une eau agressive ne peut pas former de dépôt calcaire.
L'agressivité d'une eau diminue à mesure que sa température s'élève. (Mayet, 1954) Elle peut
être évaluée par un test chimique appelé essai au marbre. L'eau à analyser est additionnée d'une
faible quantité de marbre finement broyé et lavé. Après 24 h. la comparaison des valeurs de pH,
TAC et TH avant et après cet ajout permet de définir les propriétés agressives ou non de l'eau.
(GLS, 2003).

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Reminéralisation de l’eau

Le modèle thermodynamique de Schock permet de calculer, à partir du pH mesuré et du TAC,


la solubilité du plomb, la teneur maximale en plomb à l'équilibre chimique, à une température
donnée.

L'équilibre calco-carbonique est l'état d'une eau dont les teneurs en Ca², CO₂ libre,
bicarbonates et carbonates sont telles que, mise en contact avec du calcaire, ses caractéristiques
ne changent pas. Il existe de nombreuses méthodes graphiques pour déterminer le pH
d'équilibre (ou pH de saturation = pH, de Langelier) d'une eau de composition chimique
déterminée. (Mayet, 1994). Le nomogramme de Hoover permet de déterminer de manière
graphique la valeur du pH de saturation (pH,) d'une eau. Les indices de Langelier, de Ryznar
(ou indice de stabilité), et de Stift-Davis permettent de caractériser si une eau est agressive ou
incrustante. (GLS, 2003).

La corrosivité est l'aptitude d'une eau à dissoudre les métaux, liée à sa composition physico-
chimique (pH, résistivité, teneur en oxygène, chlorures et sulfates). La corrosivité d'une eau
augmente avec sa température. (Mayet, 1994).

L’indice de Larson est une formule empirique basée sur les expérimentations de deux
américains, Larson et Skold. A partir de LR > 0,2 ou 0,3, l'eau a tendance à être corrosive.

(GLS, 2003). Le modèle theirmodynamique de Schock permet de calculer, à partir du pH


mesuré et du TAC, la solubilité du plomb, ie, la teneur maximale en plomb à l'équilibre
chimique, à une température donnée.

Pour les eaux très douces, les graphiques de Franquin-Marecaux et de Girard donnent de très
bons résultats Pour les eaux douces ou moyennement dures, on pourra utiliser les courbes de
Talmans, Langelier, Franquin-Marecaux ou Hallopeau-Dubin. (Gamrasni, 1982), Les logiciels
informatiques tels que Calcograph de Degrémont, LPL Win de Cifec, ou Equil de Hallopeau
sont reconnus sur le marché et validés par l'expérience, ils aident le constructeur à dimensionner
les installations de neutralisation ou reminéralisation.

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Reminéralisation de l’eau

Tableau 1: Indices de caractérisation de l'agressivité et de la corrosivité de l'eau

Indice de Langelier (ou indice de saturation) I=pH-pHs


Indice de Ryznar (ou Indice de stabilité) IR=2 pHs – pH
Indice de Stiff-Davis SDI=pH-pCa-pAlc-K
Indice de Larson LR =([Cl-]+2 [SO₄ 2- ])/ [HCO3 -]

2. Couche protectrice de Tillmans

Favoriser la formation sur les conduites acier ou fonte d'une couche protectrice carbonatée
permet de protéger les ouvrages de distribution contre la corrosion. Cette couche carbonatée est
composée d'un mélange de CaCO3, (calcite), FeCO3, (sidérite), FeOOH (goethite), Fe3O4,
(magnétite). Pour les eaux douces, la règle des « trois huit » pose les objectifs suivants afin
d’obtenir cette couche protectrice : des TAC et TCa voisins de 8 °F, un pHs voisin de 8, avec
pHs ≤ pH≤ pHs + 0,2 et O, dissous 25 mg/L. Cependant, obtenir une eau légèrement incrustante
à partir d'une eau douce et acide nécessite un surdosage que l'utilisation de filtres calcaires,
induisant une mise à l'équilibre de l'eau, ne permet pas. Pour les eaux dures et corrosives, les
objectifs à respecter sont des TAC et TH intérieurs à 16 °F, un pH≤ pHS + 0.2. Cette différence
est due au fait que la plage des eaux moyennement minéralisées s'étend de 8 à 15 °F (TAC et
TH) pour des raisons de consommation de réactifs, on se limite à la borne intérieure pour les
eaux douces et à la borne supérieure pour les eaux dures. (Duguet & al., 2006).

3. Risques sanitaires d'une eau faiblement minéralisée

Quelques publications et études épidémiologiques, peu nombreuses et majoritairement anglo-


saxonnes, font part de corrélations entre les maladies cardiovasculaires et l'acidité (Zoetman &
Brinkman, 1976) ou la très faible dureté de l'eau (Lacey, 1981; Powell & al 1982), Récemment,
27 articles du journal scientifique russe Hygiène et Sécurité sanitaire (parus entre 1965 et 2005)
ont été recensés et parviennent à des conclusions quant aux effets d'une consommation à long
terme d'une eau faiblement chargée en calcium et magnésium sur la santé (Kozisek, 2006). Ces
articles rapportent en particulier des risques d'hypertension et de maladies cardiovasculaires,
des effets directs sur la muqueuse intestinale (Kozisek, 2004).

D'autre part, la toxicité des polluants présents dans l'eau serait plus élevée dans les eaux douces
que dans les eaux dures (Gray, 1994)

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Reminéralisation de l’eau

II. PROCÉDÉS UTILISÉS

1. Neutralisation/Reminéralisation

On parle de reminéralisation s’il s’agit de CO2 ajouté et de neutralisation si le CO2 utilisé pour
produire des bicarbonates est celui de l’eau brute. L’objectif pour toute eau sortant d’une usine
de traitement est d’être à l’équilibre voire légèrement incrustante. Cependant, la valeur de pHs
étant inversement proportionnelle à la minéralisation, pour garantir l’équilibre tout en
respectant des valeurs de pH compatible avec la potabilité de l’eau (pH < 8.5) ou avec la
dissolution d’autres sels (dissolution du plomb à pH < 7.5), on est également amené à produire
une eau qui, en terme de minéralisation, ne soit ni trop douce, ni trop dure.

Dans notre cas, on parlera des procédés de reminéralisation de l’eau.

2. La reminéralisation

On utilise cette méthode lorsque l’on veut accroître le TAC et la dureté. Lorsque les eaux sont
très douces, une simple neutralisation de l’agressivité carbonique ne permet pas d’atteindre des
valeurs de TH et de TAC suffisantes et le pH de l’eau est en général très instable (faible
« pouvoir tampon »). Un traitement de reminéralisation (ou recarbonisation) est alors nécessaire
afin d’éviter des variations brutales de pH.

Les procédés utilisés sont les suivants :

- Injection de CO2 puit de chaux ;


- Injection de CO2 puis filtration à travers un lit calcaire ;
- Addition de bicarbonate de sodium et de sulfates de calcium mais sa faible solubilité le
rend peu pratique d’utilisation.

Ce dernier procédé possède un avantage en terme de traitement : il est possible de régler de


manière précise et indépendante le TAC et la dureté calcique de l’eau :

o le TAC augmente de 1°F avec un apport de 16.9 g/m3 de NaHCO3,


o le TH calcique augmente de 1°F avec l’apport de 11.1 g/m3 de CaCl2.

3. Réactions mises en œuvre

a. CO2 + Chaux

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À partir de cette équation, on peut calculer que, pour augmenter la minéralisation (TAC et TCa)
de 1 °F, il faudra apporter à l’eau 8,8 g/m3 de CO2 et 7,4 g/m3 de chaux hydratée pure (ou 5,6
g/m3 de chaux vive pure).

b. CO2 + Calcaire

Pour augmenter le TAC et le TCa de 1 °F, il faudra donc utiliser en théorie g/m3 de CO2 et 10
g/m3 de CaCO3.

c. Comparaison
La comparaison des équations précédentes (1) et (2) indique que la reminéralisation employant
la calcite exige deux fois moins d'anhydride carbonique, le coût de chaux est habituellement
plus de deux fois plus élevé que celui de la calcite. Par conséquent, l'utilisation de la calcite est
habituellement plus rentable par rapport à l'application de la chaux pour la reminéralisation.

Tableau 2: Quantités de réactifs nécessaires à la minéralisation des eaux

Réactifs Quantité de réactif par m3 et par °F de TH et de TAC à corriger


CO2 + chaux 8.8 g de CO2 7.4 g de Ca(OH)2
Bicarbonate de
sodium + 16.8 g de NaHCO3 11.1 g de Ca(Cl)2
chlorure de
calcium
Bicarbonate de
sodium + sulfate 16.8 g de NaHCO3 13.6 g de CaSO4
de calcium

III. LES RÉACTIFS

1. Le CO2

Industriellement, le gaz carbonique est livré en bouteilles sous forte pression mais plus
généralement dans des containers réfrigérés dits à « basse pression ».

Dans certaines installations à caractère industriel, le CO2 peut être obtenu par combustion de
gaz (brûleurs immergés) mais les impuretés émanant d’une combustion incomplète et/ou du
combustible d’origine en interdisent l’emploi pour la production d’eau potable.

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Reminéralisation de l’eau

En traitement d’eau de mer, le CO2 obtenu lors de la distillation de l’eau de mer peut être
récupéré et utilisé pour la reminéralisation de l’eau destinée à la consommation humaine (ex. :
Alba/Barhein, 43 000 m3·j–1).

2. La chaux

Suivant l’origine, la pureté peut varier de 80 à 95 % ; il faut évidemment en tenir compte dans
le calcul des quantités à mettre en œuvre mais également dans la façon dont on va utiliser le
produit.

À titre d’exemple, avec un produit « pur » à 90 %, si l’on souhaite augmenter la dureté d’une
eau de 8 °F, il faut injecter 59,2 mg · L–1 de chaux pure soit environ 65,8 mg · L–1 de chaux
commerciale, ce qui entraînera la pollution de l’eau par 6,6 mg · L–1 de MES si celles-ci ne
sont pas retenues dans un saturateur.

3. Le calcaire

Le carbonate de calcium utilisé couramment est une forme particulière intéressante pour sa
réactivité liée à son état physique : le lithotamne (ou maërl) vendu sous différents noms
commerciaux, dont ceux de « Neutralite », « Neutralg », « Timalite » … Il est constitué de
débris d’algues fossiles de type corallien (Lithothamnium calcareum). D’autres formes de
calcaires plus ou moins finement broyés sont utilisables.

La constitution chimique du lithotamne est assez peu variable, avec une part prédominante en
carbonate de calcium, 5 % à 10 % de carbonate de magnésium et quelques impuretés.

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Figure 1: Procédé de reminéralisation avec ajout de CO2 + Chaux

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Reminéralisation de l’eau

CONCLUSION
Au terme de notre analyse, il convient de retenir que la reminéralisation est un processus très
important afin d’éviter la corrosion des conduites et de ne pas porter atteinte à la santé des
consommateurs. Cette phase est importante dans

le traitement de certaines eaux trop douces ou déminéralisées par des traitements trop poussés
tels que l’osmose inverse. Il est important de préciser que la reminéralisation par addition de
sels combinés est très peu illustrée dans la littérature et rare en ce qui concerne les exemples
concrets quand bien même elle serait économique à l’investissement et facile à mettre en œuvre.

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