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ANALYSE DES EAUX D’ALIMENTATION

III. CHIMIE DES EAUX


Laboratoire d’Hydrologie Bromatologie

ANALYSE DES EAUX D’ALIMENTATION


III.1. ÉLÉMENTS FONDAMENTAUX LIÉS À LA QUALITÉ DE L’EAU

1.1- Introduction :
 Dans l’eau destinée à la consommation humaine, on trouve essentiellement du CO2 avec son
acide H2CO3, des bicarbonates HCO3 et des carbonates CO3 de calcium et de magnésium.
 Les sels alcalins ne se retrouvent que dans des cas très rares ( eaux du sud ).
 D’une façon générale c’est la carbonatation calcique qui prédomine, c’est pourquoi l’étude de la
carbonatation ou chimisme carbonique de l’eau ne s’intéresse qu’au rôle joué par le CO2 et les
alcalino-terreux .
1.2- Carbonatation de l’eau :
 le CO2 est retrouvé dans l’eau sous différentes formes.
 L’étude de la répartition de chacune de ces formes est appelée :
 Carbonatation de l’eau ou chimisme carbonique.
Différentes formes du CO2 :

1.2.1- Etude de la répartition du CO2 :


 Eau pure :
Le CO2 est prèsque en totalité à l’état non dissociée :
 CO2 + H2O → H2CO3 ; Ka = 10-³
( sur 1000 molécules 01 seule s’ionise )
 H2CO3 → H+ + HCO3- ; K1 = 4,6. 10-7
 HCO3 - → H+ + CO3²- ; K2 = 5,6. 10-11
*Une eau pure est très douce ( TH = 0 ),
*mais agréssive ( CO2 élevé ) .

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 Eau naturelle :
La présence de cations modifie l’état ionique de l’eau ; C’est l’ion calcium qui joûe le rôle le
plus important du fait de sa forte concentration dans l’eau et des propriétés de son sel :
• CaCO3 + H2O + CO2 Ca(HCO3)2
• De cette relation dépend tout le chimisme de l’eau, de cet équilibre résulte les propriétés
agréssives ou incrustantes de l’eau.
• Le chimisme carbonique de l’eau naturelle est totalement confondu avec le chimisme calcique et
magnésien.
1.2.2- Déterminations analytiques :
• La répartition du CO2 est liée à la détermination de l’ACIDITE et l’ALCALINITE de l’eau.
• On peut schématiser les rapports existant entre le pH de l’eau et la nature de la carbonatation :
pH et nature de la carbonatation :

P: Phénolphtaléine ; H: Héliantine.
B1- Acidité de l’eau :
le prélèvement et la conservation risquent de modifier la composition de l’eau, surtout quand celle-ci est riche en
CO2 (opérer à basse T°, ne pas agiter, ne pas conserver).
B1-1 Dosage du CO2 libre :
L’acidité carbonique est neutralisée par une solution alcaline 0,05N en présence de Phénolphtaléine ; ( la
fin de la réaction est indiquée par l’apparition de la coloration rose ).
• CO2 + H2O → H2CO3
• H2CO3 + NaOH → NaHCO3 + H2O R° c
• NaHCO3 + NaOH → Na2CO3 + H2O Pt éqt.

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Calculs :
1L NaOH 1N → 1eqg → 22 g CO2 !!! ( pourquoi ??? )
1mL NaOH 0,05N → 0,05 meqg → 1,1 mg CO2
n mL NaOH 0,05N → n. 0,05 meqg → n. 1,1 mg CO2
n. 0,05 meqg → PE mL eau à analyser
X → 1000 mL
n. 1,1 mg CO2 → PE mL eau à analyser
Y → 1000 mL
Expressions des résultats :
• PE = 100 ml d’eau à analyser ;
n ml NaOH 0,05N utilisés ;
• Acidité est égale à :
• 0,5.n méq / L d’eau à analyser ;
• 11.n mg CO2 / L d’eau à analyser
B1-2 Dosage du CO2 total :
• CO2 T = CO2 + carbonates + bicarbonates.
• On libère par acidification le CO2 combiné et semi-combiné
• On provoque le dégagement du CO2 Total ( courant d’air sans CO2 ou azote pur ) ;
• On recueille l’ensemble dans une solution alcaline en excès ( V initial ml de NaOH 0,05N );
• On titre l’excès de soude qui n’a pas réagi par l’acide chlorhydrique en présence de PP° (n’ ml NaOH
0,05N).
• La différence entre V initial et l’excès = quantité de soude qui a réagi. Soit (V – n’) mL NaOH 0,05N.
• Idem pour les calculs et expressions des résultats.

Explication
CO2T
NaOH 0,05N, VmL
HCl 0,05N, n’ mL
V – n’) mL NaOH 0,05N : Volume qui a neutralisé le CO2T
CO2 : élément de l’agréssivité ou de l’incrustation :
• Généralement les Eaux de surface ont :
• [ CO2 ] < 10 mg / l ;
• Les Eaux souterraines ont une teneur élevée ( CO2 se libère au contact de l’atmosphère ) ;
• Pour une concentration en Ca(HCO3)2 et Mg(HCO3)2 donnée il existe une concentration en
CO2 pour qu’il n’y ait pas décomposition des bicarbonates et une précipitation des carbonates
correspondant : cette quantité est le CO2 équilibrant.
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• Si une eau contient une [CO2] libre > CO2 équilibrant :
• Cet excès est appelé : CO2 Agressif, et cette eau sera aggressive ( susceptible de dissoudre des
métaux toxiques sur les surfaces en contact ) ;
• Si une eau contient une [CO2] libre < CO2 équilibrant :
• Il y aura précipitation des carbonates et incrustation.
• La présence de CO2 donne à l’eau une saveur agréable ( et ne présente aucun danger ).

B°- Alcalinité de l’eau :


1. Titre Alcalimétrique : TA
le TA correspond à la teneur de l’eau en alcalis libres ( OH- ) et en carbonates ( CO3²-) ;
2. Titre Alcalimétrique Complet : TAC
le TAC correspond à la teneur de l’eau en alcalis libres, en carbonates ( CO3²-) et bicarbonates ( HCO3-)
;
TAC = TA + [ HCO3 ]

• 2- Hydrotimétrie :
2.1- introduction :
• Certaines eaux réduisent le moussage des savons, elles sont dites : Eaux dures, à l’inverse des
eaux douces, ces eaux sont riches en cations bivalents ( calcium et magnésium ).
• les Eaux dures perturbent la cuisson des légumes par la formation de pectates de calcium et de
magnésium.
• Elles laissent un précipité à la suite d’un chauffage : C’est le phénomène d’entartrage de l’eau :

2.2- Mise en évidence :


• La notion de dureté est une notion empérique, elle est liée à l’usage domestique de l’eau,
notamment l’utilisation du savon.
• Sur le plan analytique, on distingue :
 La dureté totale ;
 La dureté permanente ;
 La dureté temporaire.
2.2.1- Dureté totale : TH : titre hydrotimétrique.
 C’est la somme des concentrations des cations métalliques à l’exception de celles des métaux
alcalins et de l’ion hydrogène .
 On pratique il est d’usage de l’assimiler aux cations majeurs : calcium et magnésium .

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 Sels de calcium :
 HCO3 ; CO3 ; Cl ; SO4 } Ca : dureté calcique ;
 Sels de magnésium :
 HCO3 ; CO3 ; Cl ; SO4 } Mg : dureté magnésienne .
2.2.2- dureté temporaire:
• DT : D. carbonatée
• Eliminée par ébullit°
• DT = TAC
• Due aux :
• Carbonates CO3
• Bicarbonates HCO3
2.2.3–dureté permanente:
• P : D.non carbonatée
• Persiste après ébullit°
• P = TH – TAC
• Due aux :
• Chlorures Cl
• Sulfates SO4
2.3- Evaluations analytiques :
• Le dosage se fait par Complexométrie .
• On dose en premier la dureté totale ( Ca + Mg );
• Puis la dureté magnésienne en précipitant le Ca sous-forme d’oxalate ( oxalate d’ammonium );
• Principe :
La somme Ca2+ + Mg2+ est dosée par complexometrie dans des conditions opératoires bien déterminées
en présence de complexonate de magnésium et de noir ériochrome T ( NET ) comme indicateur.
• Réactions :
• Echelle de Stabilité des Complexes :
EDTA-Ca > EDTA-Mg > NET-Mg >>>> NET-Ca
[Ca²+ + Mg²+] + EDTA-Mg → EDTA-Ca + Mg²+
Mg²+ + NET2- → NET-Mg
EDTA2¯ + NET-Mg → EDTA-Mg + NET2-

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• Calculs :
1L EDTA2- 1M → 2eqg → 100 g CaCO3
1mL EDTA2- M/100 → 0,02 meqg → 1 mg CaCO3
n mL EDTA2- M/100 → n. 0,02 meqg → n mg CaCO3
n. 0,02 meqg → PE mL eau
TH → 1000 mL eau
n mg CaCO3 → PE mL eau
TH → 1000 mL eau
• Dureté Magnésienne : Calculs
1L EDTA2- 1M → 2eqg → 24 g Mg
1mL EDTA2- M/100 → 0,02 meqg → 0,24 mg Mg
n1 mL EDTA2- M/100 → 0,02 n1meqg → 0,24 n1 mg Mg

0,02 n1 meqg → PER mL eau


D.Mg → 1000 mL eau
0,24 n1 mg Mg → PER mL eau
D.Mg → 1000 mL eau
2.4.Calculs et expressions :
• Dureté totale :
• PE = 50 ml d’eau ;
• n ml EDTA M / 100 ;
• TH = 0,4 n méq / l ;
• 20.n mg CaCO3 / l ;
• 2.n °HF .
Dureté magnésienne :
• 100 ml eau + Oxalate 10 ml
• Vf = 110 ml (Filtrer ;PE=50ml )
• PER = 500 / 11 ml
• n1 ml EDTA M / 100
• DMg = 0,44 n1 méq / l ;
• 5,28 n1 mg Mg / l ;
• 2,2 n1 °HF

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Explication :
• 100 mL eau + Oxalate 10 mL → Vf = 110 mL
• 110 mL → 100 mL eau
• PE = 50 mL → PER ?
• PER = 500 / 11 mL
• n1 mL EDTA M/100 versés.
• 1°HF → 1/5 meq/L
• °HF : degré hydrotimétrique français
2.6.Conséquences de la dureté :
la consommation du savon : gaspillage
© l’entartrage des chaudières
© l’incrustation des conduites
© la perturbation des procédés industriels
 la consommation du savon : gaspillage ;
 On utilise plutôt des détersifs ( sulfates organiques ou des sulfonates d’alkyl benzène );
 non précipités par les ions Ca et Mg ;
 en plus ces détergents sont additionnés de polyphosphates ou NTA ( acide nitroacétique ) qui
ont le pouvoir de séquestrer les ions Ca et Mg .
• l’entartrage des chaudières :
 Sous l’action de la chaleur, la libération de CO2 s’accompagne de la précipitation de CaCO3, ce
qui pose un problème dans:
 les chaudières à haute pression ;
 les bouilloires domestiques ;
 les fers à repasser ;
• Il faut donc procéder périodiquement à leur détartrage .
 l’incrustation des conduites :
• Une eau dure, riche en bicarbonates peut devenir sursaturée en carbonates si :
 Le pH augmente ;
 La température augmente ;
 La concentration en CO2 diminue ;
Il y aura donc incrustation avec risque d’obstruction des canalisations .

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 la perturbation des procédés industriels :
• A causes des inconvénients causés par les alcalino-terreux et les précipitations qu’ils peuvent
occasionner, beaucoup d’industries utilisent le plus souvent des eaux adoucies :
 Industrie du textiles ;
 Industrie des papiers fins ;
 Industrie des produits pharmaceutiques .
• Remarque : voir TEB.
• Les eaux douces présentent également des inconvénients :
 goût fade ;
 Corrodent d’avantage les métaux ( les métaux toxiques comme le Cadmium, risquent d’être
libérer dans les canalisations ) ;

• 2.7.Conclusion :
• Les pH plus élevés des eaux dures ( riches en HCO3 et CO3 de calcium ) réduisent leur
corrosivité.
• Les HCO3 exercent un effet tampon important.
• Une certaine dureté est donc avantageuse; et on utilise fréquemment la formation contrôlée
d’une couche de CaCO3 dans les conduites afin de les protéger contre la corrosion.

Entartrage comparatif, après 30 jours d'écoulement d'une même quantité d'eau, à 55°C.

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