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COURS

CHIMIE DE L’EAU

Dr. Eby Ould Mohamedou

Responsable du: Laboratoire de Chimie de l’Eau et Génie de l'Environnement


(L.C.E.G.E) de l’ISET de Rosso
Objectifs
L’objectif de ce module est de fournir aux étudiants les bases

nécessaires à la compréhension des réactions en solution aqueuse en

mettent l’accent sur la chimie de l’eau. Au terme du module, l’étudiant

saura:

Les principes fondamentaux de la chimie des solutions.

* Capable de préparer des solutions par dilution ou dissolution à partir


d’une solution mère ou d’un composé solide en terme de pourcentage
et de concentration (g par litre, molarité, normalité) en tenant compte
de la solubilité des composés solides.
COURS DE CHIMIE DE L’EAU GEN –214

Capable de faire le calcul du pH d’une solution et mesurer le pH.

Les principes du dosage acido-basique et faire les courbes de


neutralisation.

Les caractéristiques physico-chimiques de l’eau et leur impact sur sa


qualité.

Normes de l’eau potable, des eaux usées, et d’eau d’irrigation, effectuer les

analyses physico-chimiques de l’eau.


COURS DE CHIMIE DE L’EAU GEN –214

Les différents types de polluants de l’eau et comprendre leurs impact sur


l’écosystème et la santé humaine.
Contrôle et représentation des résultats
Schoeller Berkaloff Diagram
Les résultats (Exemple)
Contrôle et représentation des résultats
Contrôle et représentation des résultats
Piper Diagram
Les résultats (Exemple)
Contrôle et représentation des résultats
Evaluation de la Performance
Points Pourcentage de la
note
Présence 25 5%
Participation1 15 3%
Quiz (6 - 10 quiz) 50 10 %
Travaux personnels 50 10 %
(présentations, exposés)
Examen mi-session (Décembre) 100 20 %
Examen-Final (Mars) 150 27 %
Sub Total 390 75 %
Laboratoire
Travaux pratiques ( 6 -10 TP) 55 12.5 %
Examen- final 55 12.5%
Total (Cours et TP) 500 100 %
Système de Notation
Echelle de notation Intervalle de la Mention
note %
A 100 Excellent
90
87
B 82 Très bien
80
77
C 72 Bien
70
67
D 62 Passable
60
F Inferieure à 55 Insuffisant
%
Partie I : Chimie en solution

Chapitre I. SOLUTION : DEFINITION, SOLVANT,


SOLUTE ET CONCENTRATION

La plupart des liquides que nous voyons ou utilisons ne sont pas des

corps purs constitués d’une seule espèce chimique mais des mélanges.

Suivant la composition de ces mélanges, on les appellera « mélanges »

ou « solutions » : si l’un des constituants du mélange est en gros excès

par rapport à tous les autres composants de ce mélange, alors il s’agit

d’une solution ; l’espèce chimique en excès s’appelle le solvant et toutes

les autres espèces présentes sont des solutés.

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Chimie en solution

Définition: (Solution)

Une solution est un mélange liquide homogène dans lequel un des


constituants (le solvant) est en gros excès par rapport aux autres
constituants du mélange (les solutés).

 Les quantités de chacune des espèces chimiques présentes dans

une solution sont caractérisées par leur concentration.

 La concentration est un paramètre intensif, c’est à dire qu’elle est


indépendante de la quantité de solution.

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Chimie en solution
I.2. DIFFERENTES EXPRESSIONS DE LA CONCENTRATION

 La concentration molaire est le rapport de la quantité de matière de X (en


mol) contenue dans un certain volume de solution divisée par ce volume de
solution exprimé en L.

 La concentration massique: C’est le rapport de la masse de composé


X contenu dans un certain volume de solution divisée par ce volume de
solution.

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Chimie en solution

 Le pourcentage en masse ou fraction massique : C’est le rapport


de la masse de composé X contenu dans un certain volume de
solution divisée par la masse de ce volume de solution. Ce rapport
est obligatoirement compris entre 0 et 1. On a pris l'habitude de
l'exprimer en % pour manipuler des nombres compris entre 0 et 100.

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Chimie en solution

 La fraction molaire : C’est le rapport de la quantité de matière de


X (en mol) contenue dans un certain volume de solution divisée par
la somme des quantités de matière de tous les constituants présents
dans ce volume de solution .

 La fraction molaire est peu utilisée pour exprimer les concentrations


des solutés dans des solutions diluées ; en revanche, elle sert pour
exprimer la composition des mélanges.
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Chimie en solution

 La molalité : elle correspond à la quantité de matière de X pour 1 kg


de solvant. Cette unité de concentration n’est que très rarement
utilisée.

 La normalité : cette unité de concentration qui a été largement utilisée


présente l’inconvénient de dépendre de la réaction par laquelle on va
utiliser cette solution... Ainsi, on définit la normalité d’une solution acide
dans l’eau comme le nombre de mol d’ion H3O+ susceptible d’être libérés
par un litre de solution.
Chimie en solution

 La normalité oxydo-réductrice d’une solution correspond au nombre


de mol d’électrons susceptibles d’être libérés par un litre de solution.
Dans ce dernier cas, la normalité dépend de la nature d’espèce
chimique avec laquelle on peut faire réagir la solution.

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Chimie en solution
I.3. CALCUL DU TITRE D'UNE SOLUTION

Il est important de savoir exprimer le titre (c'est à dire la

concentration) d’une solution selon les différentes possibilités

présentées au paragraphe précédent.

Pour cela, il est indispensable de savoir convertir des quantités de

matière en masses (et inversement) ou de savoir calculer la masse

d’un certain volume de solution.

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Chimie en solution
I.3. CALCUL DU TITRE D'UNE SOLUTION
Exercice :

Soit une solution aqueuse de nitrate de sodium NaNO3 de


concentration molaire C = 1,05 mol.L-1.

Déterminez sa concentration massique, son pourcentage en masse


et la fraction molaire des ions constituant NaNO3.

(Le nitrate de sodium se dissocie totalement en ions nitrate et


sodium dans l'eau).
Données : Masses molaires atomiques de :
Na = 23,0 g mol-1 ; N = 14,0 g mol-1 ; O = 16,0 g mol-1 ;
Masse volumique de la solution = 1,025 kg.L-1 ;

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Chimie en solution
I.3. CALCUL DU TITRE D'UNE SOLUTION

Solution:

1- La concentration massique Cm

M NaNO3 = (MNa + MN + 3. MO) = 23 + 14 + 3.16 = 85 g. mol-1.

La solution de concentration molaire C = 1,05 mol L-1 contient donc une masse
m de nitrate de sodium :

m = n NaNO3 . M NaNO3 = 1,05 . 85 = 89,2 g de nitrate de sodium par litre.

La concentration massique Cm = m / V de la solution est donc de 89,2 g.L-1.

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Chimie en solution
I.3. CALCUL DU TITRE D'UNE SOLUTION
2- Pourcentage en masse P :

Une approximation valable en solution diluée consiste à assimiler en première

approximation un litre de solution et un litre de solvant et donc de considérer

qu’un litre de solution correspond, si le solvant est l’eau, à une masse de 1000 g.

Dans le cas qui nous préoccupe la solution est relativement concentrée et la

masse volumique de la solution sera vraisemblablement différente de 1,000

kg.L-1. En effet, quand on mesure la masse volumique de la solution on trouve

1,025 kg.L-1 soit 1025 g pour un litre de solution.

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Chimie en solution
I.3. CALCUL DU TITRE D'UNE SOLUTION

Le pourcentage en masse est donc :

P = (masse de soluté / masse d'un L de solution)

P = m NaNO3 / m solution = 89,2 / 1025 = 0,0871 = 8,71%.

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Chimie en solution
I.3. CALCUL DU TITRE D'UNE SOLUTION

Fraction molaire :

La dissolution elle même s’accompagne d’une dissociation

ionique totale : dans la solution n’existeront que trois espèces

chimiques, le solvant H2O et les deux ions Na+ et NO3-.

On ne pourra parler que de la fraction molaire de chacun des

ions ou de celle de l’eau mais pas de celle de l’espèce NaNO3 qui

n’existe pas dans la solution.

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Chimie en solution
I.3. CALCUL DU TITRE D'UNE SOLUTION
Les quantités de matière respectives de chacune de ces espèces

Pour chacun des ions un litre de solution contient 1,05

mol; pour l’eau le calcul est plus délicat : on calcule tout d’abord la

masse d’eau présente dans un litre en soustrayant à la masse d’un litre

de solution (1025 g ) la masse de ce qui n’est pas de l’eau soit 89,2 g .

La masse d’eau dans un litre de solution est donc:

1025 - 89,2 = 936 g

24
Chimie en solution
I.3. CALCUL DU TITRE D'UNE SOLUTION

Cela correspond à 936 / 18 = 52 mol d’eau puisqu’une mole d’eau a une masse de 18 g

La fraction molaire de chacun des ions vaut donc:

x NO3- = x Na+ = n NO3- / (n NO3- + n Na+ + n H2O)

= 1,05 / (1,05 + 1,05 + 52) = 0,0194

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Chimie en solution
I.4. DILUTION, MELANGE DE PLUSIEURS SOLUTIONS

On appelle dilution le fait de diminuer la valeur de la concentration d’un

constituant X d’une solution en ajoutant à cette solution soit un certain

volume de solvant pur, soit une certaine quantité d’une autre solution

moins concentrée en X.

La nouvelle concentration molaire du composé X s’obtiendra en

additionnant les quantités de matières de X et en divisant par le volume

total de la nouvelle solution.

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Chimie en solution
I.4. DILUTION, MELANGE DE PLUSIEURS SOLUTIONS

En première approximation, ce volume total est très proche de la somme


V1 + V2 et la nouvelle concentration Cf vaut:

C f = (C1.V1 + C2.V2) / (V1 + V2)

Exemple : On mélange 500 mL d’une solution d’acide sulfurique à la

concentration C = 1 mol.L-1 et 350 mL d'une solution d’acide sulfurique à

la concentration de 0,45 mol.L-1.

Quelle est la concentration de la solution obtenue ?

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Chimie en solution
I.4. DILUTION, MELANGE DE PLUSIEURS SOLUTIONS
Solution:
La quantité d'acide contenue dans les 500 mL de la première solution est:

n1 = V1 (en L). C1 (en mol.L-1) = 0,5 mol.

La quantité d'acide contenue dans les 350 mL de la seconde solution est:


n2 = V2 (en L).C2 (en mol.L-1) = 0,35 . 0,45 = 0,157 mol.

Le volume total du mélange est V = V1 + V2 = 500 + 350 = 850 mL = 0,85 L.

La quantité d'acide contenue dans le mélange vaut :


n = n1 + n2 = 0,500 + 0,157 = 0,657 mol.

et donc la concentration obtenue est Cf = n / V = 0,657 / 0,85 = 0,773 mol.L-1.

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Chimie en solution
I.5. PREPARATION D’UNE SOLUTION PAR DISSOLUTION D’UN COMPOSE SOLIDE

A. Objectif
Préparer un volume V de solution de concentration molaire C d’un composé X (solide).

B. Choix et calculs préliminaires

Il faut tout d’abord vérifier que l’on dispose d’une fiole jaugée de volume V ;

si ce n’est pas le cas, il faut choisir la fiole disponible de volume immédiatement

supérieur. (Par exemple si vous devez préparer 400 mL de solution choisissez

une fiole de 500 mL) On ajustera les quantités à dissoudre par rapport à ce

nouveau volume.

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Chimie en solution
I.5. PREPARATION D’UNE SOLUTION PAR DISSOLUTION D’UN COMPOSE SOLIDE

Il faut ensuite calculer la masse m du composé X à dissoudre dans le volume

V de la fiole. La quantité de matière nX de X à introduire dans le volume V vaut:

nX = C.V

 Une mole de X correspond à une masse MX qui est la masse molaire de X.

 La masse m à dissoudre vaut donc : m = nX . MX = C.V.MX

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Chimie en solution
I.5. PREPARATION D’UNE SOLUTION PAR DISSOLUTION D’UN COMPOSE SOLIDE

Exemple : Si l’on doit préparer 100 mL de solution de sulfate de cuivre (II) de

concentration 0,1 mol.L-1 les étapes préliminaires sont:

 Vérifier que l’on dispose d’une fiole jaugée de 100 mL.

 Rechercher la formule chimique du sulfate de cuivre (elle est souvent écrite

sur l’étiquette du flacon).

 Cette formule est CuSO4, 5 H2O, on a donc 5 molécules d’eau pour une de

sulfate de cuivre ; il faudra veiller à en tenir compte dans notre calcul de masse

molaire.

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Chimie en solution
I.5. PREPARATION D’UNE SOLUTION PAR DISSOLUTION D’UN COMPOSE SOLIDE

 Rechercher les masses molaires atomiques des éléments Cu, S, O et H : on

trouve (en g.mol-1) respectivement pour Cu : 63,5 , S : 32,1 , O : 16 et H : 1.

 Calculer la masse molaire du composé CuSO4, 5H2O : M = 63,5 + 32,1 + 4.16 + 5.( 16

+ 2.1) = 249,6 g.mol-1.

 Enfin, calculer m = M.C.V = 249,6 . 0,1 . 0,1 = 2,496 g .

m = 2,496 g

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Chimie en solution
I.6. PREPARATION D’UNE SOLUTION PAR DILUTION
D’UNE SOLUTION DE CONCENTRATION CONNUE

A. Objectif
Préparer un volume V de solution d’un composé X à la concentration
molaire C par dilution d’une solution de X à la concentration molaire C0
connue précisément et supérieure à C. On appellera « solution mère » cette
solution plus concentrée à partir de laquelle on va fabriquer la nouvelle solution.

B. Choix et calculs préliminaires

Après avoir vérifié que l’on dispose d’une fiole jaugée de volume V ;
Il faut ensuite calculer le volume V0 de la solution mère à introduire dans la
fiole.

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Chimie en solution
I.6. PREPARATION D’UNE SOLUTION PAR DILUTION
D’UNE SOLUTION DE CONCENTRATION CONNUE

La quantité de matière de X à introduire dans le volume V vaut C.V mol. Il faut donc

introduire dans la fiole un volume V0 de solution mère qui contienne C.V mol de X ; le

volume V0 de solution mère contient C0.V0 mol donc il faut que C.V = C0.V0, soit:

V0 = C.V / C0

Exemple: Si l’on doit préparer 50 mL de solution de permanganate de potassium de

concentration 0,02 mol.L-1 par dilution d’une solution mère à 0,1 mol.L-1: les étapes

préliminaires sont:

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Chimie en solution
I.6. PREPARATION D’UNE SOLUTION PAR DILUTION
D’UNE SOLUTION DE CONCENTRATION CONNUE

 Vérifier que l’on dispose d’une fiole jaugée de 50 mL.

 Calculer le volume de solution mère V0 à partir de la relation V0 = C.V / C0.

On veillera à exprimer les concentrations dans les mêmes unités et on obtiendra

alors V0 dans l’unité utilisée pour exprimer V .

Soit V0 = 50 . 0,02 / 0,1 = 10 mL.

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Chimie de l’eau

Chapitre II : COMPOSITION DE L'EAU PURE


Chimie de l’eau
INTRODUCTION

L'eau est abondante sur terre, elle représente 1380 millions de km3. L'essentiel
toutefois est constitué d'eau de mer (97,2 %) et de glace (2,15 %) inutilisables
directement. L'eau douce, facilement disponible (lacs, fleuves, certaines eaux
souterraines), ne représente que 0,07 % de la ressource totale soit environ un
million de km3. Mais la répartition de cette eau est très inégale. En effet, dix
pays se partagent 60 % des réserves d'eau douce et vingt-neuf autres
principalement en Afrique et au Moyen-Orient, sont au contraire confrontés à
une pénurie chronique d'eau douce.

Dans ces pays, selon le Water Ressources Institut 250 millions d'individus, ne
disposent pas aujourd'hui du minimum vital d'eau défini à 1000 m3 par habitant et
par an.
Chimie de l’eau

On estime que 2,5 milliards de personnes pourraient souffrir du manque d'eau en


2050 compte-tenu de l'évolution de la démographie et de l'augmentation des
consommations d'eau .

Réaction de formation des ions H3O+ et OH-


La présence de ces deux ions résulte de la réaction dite d’auto-protolyse de
l’eau :

38
Chimie de l’eau
II. Détermination de la qualité des eaux
Les phénomènes de pollution se traduisent généralement par des modifications
des caractéristiques physicochimiques du milieu récepteur.

Un des moyens d'étude de la pollution consistera donc à mesurer, par des analyses,

ces caractéristiques (au niveau du rejet, du milieu naturel, ou du milieu pollué).

Les techniques utilisées sont celle de la chimie analytique classique, complétées par

des tests globaux spécifiques à l'étude de la pollution.

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Chimie de l’eau
II.1. Les paramètres indicateurs de pollution du milieu récepteur

Les paramètres indicateurs de pollution peuvent être mesurés de manière


continue par des sondes installées dans des stations d'observation de la qualité des
eaux.
II.1.1. Les paramètres physiques

II.1.1.1. La température

Il est important de connaître la température de l'eau avec une bonne précision.


Parce que la température est un facteur écologique important. En effet, chaque être
vivant à un référendum thermique. Cependant, certains rejets présentent des écarts de
température importants par rapport au milieu récepteur ce qui peut perturber fortement le
milieu donnant lieu à une pollution thermique.

40
Chimie de l’eau

La température agit aussi sur la solubilité de certains gaz, notamment

l'oxygène dissous. Une augmentation de la température se traduit par une diminution

de l'oxygène dissous, provoquant le processus de fermentation anaérobique.

II.1.1.2 Le pH

Le pH de l'eau représente son acidité ou son alcalinité dont le facteur le

plus important est la concentration de gaz carbonique liée à la minéralisation totale,

autrement dit, le pH diminue avec le gaz carbonique et par conséquent, augmente

avec l'oxygène dissous.

41
Chimie de l’eau

II.1.1.3. Conductivité électrique

La conductivité électrique d'une eau exprimée en µS/cm indique son degré

de salinité. La variation de ce facteur entraîne un déséquilibre écologique de la vie

aquatique.

II.1.1.4. Matières en suspension M.E.S

Elles englobent tous les éléments non dissous, d'origine minérale ou organique,
mêlés à l'eau. Elles engendrent une pollution mécanique des cours d'eau. En effet,
elles s'y déposent en formant des bancs de boues, ces bancs sont le siège de la
dégradation anaérobique des matières organiques.
Les matières en suspension quant à elles entravent la réoxygénation des
cours d'eau en diminuant la diffusion de la lumière nécessaire à la photosynthèse.
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Chimie de l’eau (S8)
II.1.2. Les paramètres chimiques

La géochimie permet de caractériser chimiquement les eaux de surface par

les paramètres physicochimiques, des éléments majeurs et des éléments traces.

L'utilisation des éléments majeurs comme traceurs naturels est une

approche géochimique appliquée aux phénomènes de surfaces liés à l'eau, (eau douce,

eau de rivières, lac..). Leurs teneurs s'expriment en mg/l.

Les éléments majeurs sont représentés par les ions suivants:

Ca2+, Mg2+, Na+, K+, Cl-, NO3-, CO32-, SO42-, HCO3-,et

SiO2 (neutre).
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Chimie de l’eau

La variabilité des teneurs des éléments majeurs qui dépendent dans la plupart des cas
des formations lithologiques drainées nous permet la caractérisation des grands types
d'eaux.

A. Les Cations
A.1. Le Calcium (Ca2+)
Le calcium est le composé principal de la dureté de l'eau, il se trouve en générale à

une concentration de 5 à 500 mg/l en CaCO3 (2 - 200mg/l en Ca2+). Il est présent dans

un grand nombre de minéraux principalement dans les calcaires et le gypse ainsi que

dans les dépôts calcaires liés à des organismes aquatiques microscopiques.

44
Chimie de l’eau

A.2. Le Sodium (Na+)


Le sodium sous forme de chlorures de sodium à une grande importance
alimentaire et industrielle. Il peut être soit d'origine marine, il est alors obtenu par
évaporation progressive des marais salantes, soit extrait à partir de sous sol ou il
existe sous forme de sel gemme.

Le sodium est un élément constant de l'eau, toutefois, les concentrations peuvent


être extrêmement variables allant de quelques dizaines de milligrammes à 500mg/l et
même plus.
Le sel peut provenir de la décomposition des sels minéraux comme les silicates
de sodium et d'aluminium, des retombées d'origine marines, de la venue de l'eau salée
dans les nappes aquifères, des nombreux usages industriels…etc.

L'OMS (Organisation Mondial de Santé) recommande une valeur limite de


200mg/l, fixée d'après des critères gustatifs.
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Chimie de l’eau
A.3. Le Magnésium (Mg2+)
Le magnésium est l’un des éléments les plus répandus dans la nature, il constitue

environ 2,1% de l'écorce terrestre, la plupart de ses sels sont très solubles dans l'eau.

Le magnésium est utilisé dans plusieurs types d'industries (chimie de la potasse,

alliage, batteries sèches…).

Les teneurs du magnésium dans l'eau peuvent être importantes, allant de quelques

milligrammes à quelques plusieurs centaines de milligrammes par litre.

La dureté maximale de l'eau présente ordinairement le tiers de dureté totale, les deux

tiers restants correspondent à la dureté calcique.

Le magnésium normalement à une concentration de 10 à 50 mg/l (environ 40 à


200mg/l) exprimé en CaCO3
46
Chimie de l’eau
A. 4. Le Potassium (K+)
Le potassium est étroitement rattaché au sodium à tel point qu'il est rarement analysé

comme un constituant à part entière dans les analyses d'eau. Sa présence est moins

répandue dans la nature, ce qui explique qu'on le trouve à des concentrations plus basses

que celle du sodium.

47
Chimie de l’eau

B. Les Anions
B.1. Chlorures (Cl-)
Puisque tous les sels de chlorures sont très solubles dans l'eau, le chlore est fréquent dans

les réserves d'eau douce à un taux de 10 à 100 mg/l.

L'eau de mer contient plus de 30000 mg/l de NaCl et certains puits d'eau salée en sous

sol peuvent être réellement saturés aux alentours de 25% NaCl.

48
Chimie de l’eau
B.2. Les sulfates
Les sulfates sont des composés naturels dissous dans l'eau. C'est la forme

inorganique la plus commune du soufre. Ils doivent leur présence dans

l'environnement à une origine naturelle liée à l'oxydation des sulfures métalliques

(fer, cuivre …) et à la dissolution de certains ions comme l'épsonite (MgSO4, 7H2O),

la barytine (BaSO4), plus particulièrement le gypse (CaSO4, H2O) et l'anhydrite

(CaSO4), qui présente une grande solubilité.

L'origine naturelle est liée aux produits phytosanitaires, la combustion des

produits fossiles (charbon fuel) et l'utilisation des hydrocarbures émettant des

composés soufrés.
49
Quiz N°1

Préparation d’une solution d’hydroxyde de sodium

1- On dissout dans 500ml d’eau 2 mg d’hydroxyde de sodium solide.


Quel est le pH de la solution obtenue ?

La dureté totale

2- Le calcium est le composé principal de la dureté de l'eau.


La dureté de l’eau est correspond …………………………………………..
Chimie de l’eau

Dans les terrains ne comportant pas de minéraux sulfatés en quantité

importante, la concentration en sulfates peut atteindre 30 à 50mg/l. Ce chiffre peut être

largement dépassé (plus de 300mg/l) dans les zones contenant le gypse ou lorsque le

temps de contact avec la roche est élevé.

B.3. Les Nitrates


Toutes les formes d'azote (azote organique, ammoniaque, nitrique, etc.…) sont
susceptibles d'être à l'origine des nitrates par un processus d'oxydation biologique.
Dans les eaux naturelles non polluées, le taux de nitrates est très variable suivant la
saison et l'origine des eaux il peut varier de 1 à 15mg/l.

51
Chimie de l’eau

Les teneurs élevées en nitrates dans les eaux naturelles non polluées sont

généralement dues au développement des élevages, à une fertilisation excessive des

zones agricoles par les engrais, fumiers divers (fientes) et les boues de stations

d'épuration.

L'accroissement particulièrement significatif dans certaines nappes, varie

en raison inverse de la profondeur. Les eaux météoriques contenant aussi des nitrates

en prévenance de l'ammoniaque et des oxydes d'azote présentent dans l'atmosphère,

dont une partie est liée à la combustion des produits fossiles (charbon, fuel) et à

l'utilisation des hydrocarbures.

52
Chimie de l’eau

Ces ions participent aussi au phénomène d'eutrophisation en jouant le rôle de

donneurs d'oxygènes et en évitant l'anaérobiose. Leur toxicité réside dans le faite

qu'ils se transforment en nitrites.

B.4. L'alcalinité

L'alcalinité est la mesure de l'aptitude d'une eau à neutraliser un acide. Elle

indique la présence de carbonates, de bicarbonates et hydroxydes et secondairement de

borates, silicates, phosphates et matière organique. Elle s'exprime sous forme

d'équivalent de carbonates de calcium (CaCO3).

53
Chimie de l’eau
La composition des espèces alcalines dépend du pH, de la composition

minérale, de la température et de la forme ionique, toutefois, l'alcalinité est

normalement interprétée comme mesure des carbonates et hydroxydes.

L'alcalinité varie avec le débit, valeurs élevées d'alcalinité sont habituellement

associées à un faible débit. L'alcalinité dépasse rarement 500mg/l dans les eaux de

surface.

54
Chimie de l’eau
III. Contrôle et représentation des résultats

III.1. Contrôle de résultat


Les résultats des analyses des paramètres physicochimiques qui caractérisent les eaux,

sont vérifiés par plusieurs méthodes parmi les quelles:

La méthode de la conductivité, la règle de l'électroneutralité (la somme des

cations est égale la somme des anions) et la balance ionique.

Dans le cas de la balance ionique (qu'est une vérification de l'échelle des anions

et des cations exprimées en méq/l, un pH voisin de 7), pour que la mesure soit acceptable

il faut que l'écart entre la somme des anions et la somme des cations ne doit pas dépasser

0,3 méq/l, pour une concentration d'anions ou de cations de l'ordre de 6méq/l, ou 1 méq/l

quand elle atteint ou dépasse 60méq/l.


55
Chimie de l’eau

Si la différance est supérieure à ces chiffres, il est indispensable de procéder à des

vérifications analytiques.

56
Chimie de l’eau
III.2. Représentation graphique des résultats d'une analyse de l'eau

Les nombreuses données physico-chimiques, utiles à la caractérisation d'une

source d'eau minérale, induisent l'utilisation de représentations graphiques. L'objectif

principal d'une représentation graphique est de permettre une approche rapide des résultats

analytiques en vue de caractériser facilement une eau, de suivre son évolution ou de la

comparer à d'autres eaux minérales de compositions physico-chimiques voisines ou de

proximité géographique.

57
Chimie de l’eau

Les deux graphiques, Schoeller-Berkaloff et Piper sont les représentations des

concentrations en ions majeurs les plus courantes. Chacune de ces représentations a

ses avantages et ses inconvénients et il convient de rester critique vis à vis de

l'interprétation qui est faite, selon que l'on cherche à caractériser un faciès particulier,

à comparer différentes eaux entre elles, ou à mettre en évidence la stabilité d'une eau

dans le temps.

58
Chimie de l’eau
III.2.1. Diagramme vertical logarithmique de Schoeller- Berkaloff

III.2.1.1. Principe

Il se compose de sept échelles verticales équidistantes, dites principales,

désignées par les symboles Ca2+, Mg2+, TH (degré hydrotimétrique), Na+, SO42-, CO32-

et une échelle de pH. La figuration sur le diagramme logarithmique de la composition

chimique d’un échantillon d’eau se fait à l’aide des éléments relevés sur le bulletin de

l’analyse. Les teneurs de ces éléments chimiques sont reportés à vue sur les échelles

correspondantes (fig.1).

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Chimie de l’eau

Fig.1: Diagramme vertical logarithmique d'analyse des eaux de Schoeller-Berkaloff


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Chimie de l’eau
III.2.1.2 Les avantages et les inconvénients du diagramme de Schoeller-Berkaloff

Le diagramme de Schoeller-Berkaloff permet la représentation de plusieurs

analyses sur le même graphique. Il y a superposition des droites obtenues si les

concentrations sont identiques et décalage relatif des droites les unes au dessus des

autres dans le cas contraire

Un inconvénient du diagramme de Schoeller-Berkaloff réside dans le fait que

la comparaison de deux eaux peut amener à considérer que les faciès physico-chimiques

sont similaires alors que les écarts de concentrations relatives en un ou plusieurs

éléments sont significatifs.

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Chimie de l’eau
III.2.2. Diagramme triangulaire de Piper

III.2.2.1. Principe
La méthode Piper classait les eaux, sur des diagrammes ternaires à partir de

leur teneur en cations [Ca2+, Mg2+, (Na++K+)] et en anions [SO42-, (HCO3- +

CO32-), (Cl- + NO3-)] exprimés en équivalents par litre. Un échantillon d'eau est

donc représenté par un point dans le diagramme triangulaire des cations et un

deuxième point dans le diagramme triangulaire des anions. De ces deux points, Piper

trace deux droites (chacune d'elles parallèle à l'un des côtés de ces triangles) qui se

coupent dans un domaine losangique (fig.2).

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Chimie de l’eau

Fig.2: Représentation de la composition chimique des eaux dans le diagramme de Piper


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Chimie de l’eau
Le diagramme de Piper permet une présentation des anions et des cations

sur deux triangles spécifiques dont les cotés témoignent des teneurs relatives de

chacun des ions majeurs par rapport au total de ces ions (cations pour le triangle de

gauche, anions pour le triangle de droite).

La position relative d'un résultat analytique sur chacun de ces deux triangles

permet de préciser en premier lieu la dominance anionique et cationique. A ces deux

triangles, est associé un losange sur lequel est reportée l'intersection des deux lignes

issues des points identifiés sur chaque triangle.

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Chimie de l’eau
Ce point d'intersection représente l'analyse globale de l'échantillon, sa position relative

permet de préciser le faciès de l'eau minérale concernée les classifications ou origines

d'eau selon Piper.

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Chimie de l’eau
III.2.2.2. Les avantages et les inconvénients de diagramme Piper

L'avantage du diagramme de Piper c'est qu'il permet de représenter sur un

même graphique de nombreuses analyses autorisant des regroupements par famille

présentant des faciès similaires. Ce point peut s'avérer particulièrement intéressant

dans le cadre du suivi qualité d'une eau minérale dans le temps, pour lequel on dispose

de plusieurs analyses physicochimiques, ou dans le cadre d'études régionales de

comparaison de divers points.

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Chimie de l’eau

Le diagramme de Piper est également intéressant pour juger de l'importance

relative de précipitations ou dissolution d'éléments majeurs entre deux analyses. Le

simple déplacement de position d'un ion parallèlement au coté d'un triangle.

Le problème majeur de représentation des analyses de l'eau par diagramme

de Piper vient du fait que les analyses sont reportées sous forme de pourcentage, ainsi

l'effet de dilution (variation de la concentration absolue) n'est pas immédiatement

perceptible. Il convient d'être prudent dans la comparaison des qualités

physicochimiques de deux échantillons distincts.

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