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Diagraphies
1 Introduction
Les diagraphies (well logging ou logging en Anglais) constituent une méthode géophysique
effectuant des mesures dans un forage afin de recueillir certaines propriétés du terrain tels que
la lithologie, la stratigraphie, la porosité, la perméabilité, la densité, les propriétés élastiques,
la fracturation, la porosité secondaire, la qualité des fluides (eau, hydrocarbures, gaz), les
panaches de contaminants ou le contrôle de qualité de forage.
Les diagraphies sont très utilisées dans l’industrie pétrolière, en hydrogéologie. Récemment
une utilisation plus importante est notée dans l’environnement ou les sciences de l’ingénieur.
De façon générale, on fait une différence entre les diagraphies instantanées et les digraphies
différées.
Les diagraphies différées par contre ne sont enregistrées que lors d’un arrêt ou en fin de
forage. Dans tous les cas, les paramètres mesurés sont obtenus avec un certain retard sur
l’exécution du forage, d’où leur nom.
2 Aspects théoriques
2.1 Le forage
Un forage est une cavité tubulaire ayant un diamètre défini pouvant varier énormément. On
parle de forage de petit diamètre pour des diamètres inférieures à 250mm, au delà on parle de
forages à gros diamètre.
Le forage est généralement rempli d’un fluide de nature variable (boue de forage, eau,
mousse, boue à l’huile, air, etc.). Le fluide qui remplit le forage joue différents rôles :
- Nettoyage du forage en remontant les déblais (utilisés par les géologues)
- Maintien des parois du forage et des fluides contenus dans les formations en exerçant
une contre-pression. Cette contre pression se fait en déposant une épaisseur de boue ou
mud-cake.
- Lubrification et refroidissement des outils de forage (outil de creusement).
Pour que la boue de forage puisse jouer son rôle de contre pression, la pression hydrostatique
qu’elle exerce doit être supérieure à la pression des fluides dans la formation. Cette pression
élevée du fluide de forage génère des perturbations dans la formation.
En effet, la phase liquide et les substances dissoutes du fluide de forage filtrent dans la
formation : c’est le filtrat. Les autres particules du fluide de forage s’accumulent sur la paroi
du forage pour former le mudcake.
La zone s’étendant de la paroi jusqu’à la limite atteinte par le filtrat est la zone envahie de
résistivité Ri, son extension est symbolisée par le diamètre d’invasion di.
Parmi les paramètres mesurés en diagraphie celui qui intervient le plus est la résistivité
électrique des roches. Nous savons qu’elle dépend :
- De la quantité d’électrolytes contenue dans les vides de la roche
- De la qualité de l’électrolyte (types de sels dissous)
- Du mode de distribution de l’électrolyte.
La loi d’Archie permet de faire la relation entre la résistivité d’une roche et la résistivité de
son eau d’imbibition via un facteur F appelé facteur de formation :
Rt = F Rw.
F peut être déterminé à partir d’abaques.
La résistivité dans la zone lavée peut s’écrire
Rxo = F Rmf
Où Rxo est la résistivité de la roche dans la zone lavée, Rmf est la résistivité du filtrat qui
remplit les pores de la roche, F est le facteur de formation.
Les logs électriques utilisent le même principe qu’en prospection électrique de surface pour
mesurer la résistivité en forage. On utilise généralement la relation :
∆𝑉
𝜌𝑎𝑝𝑝 = 𝐾
𝐼
K qui correspond au facteur géométrique, comme dans la prospection électrique de surface,
dépend du dispositif utilisé. Il est également appelé facteur de sonde.
On désigne par L la distance entre l’électrode émettrice et l’électrode réceptrice. Plus L est
grand plus la profondeur d’investigation sera importante. Dans le cas de terrains homogènes
isotropes et de dimension infinies, la résistivité apparente mesurée avec un grand espacement
des électrodes serait proche de la résistivité réelle. Mais les terrains naturels ne sont
généralement ni isotropes ni homogènes. Ainsi pour avoir une bonne idée des résistivités qui
nous intéressent, nous allons faire une combinaison d’outils ayant des profondeurs
d’investigation très variées.
Petite normale et grande normale forment le groupe des logs normales (ou courbes normales).
Elle sont acquises à l’aide d’une sonde normale. Le fonctionnement de sonde normale est
semblable au dispositif de prospection électrique de surface et utilise quatre électrodes
ABMN.
Figure 5 : Réponse théorique (trait plein) et rélle en (tirets) de la sonde normale dans le cas d’un banc épais ét
résistant
Le log latéral est acquise grace à la sonde latérale. La sonde latérale est caractérisée par des
électrodes M et N très proches dans le trou de forage. La rayon d’investigation AO vaut 18’8’
(5.7m).
La réponse de la sonde latérale est dissimétrique quelle que soit la résistivité des couches.
La limite inférieure du banc est en général nette.
Dans le cas des bancs épais et résistants l’épaisseur lue est plus petite que l’épaisseur vraie
d’une longueur AO.
Dans le cas des bancs conducteurs épais, l’epaisseur lue est exagérée de AO.
La résistivité mesurée est proche de Rt si les bancs sont épais. Dans le cas des bancs minces il
existe des règles empiriques pour déduire la résistivité.
Remarques :
les outils normal et latéral sont très affectés par les conditions du trou de forage et les
épaisseurs des formations. Cette situation a motivé le développement d’outils dit focalisés qui
tendent à réduire ces effets en envoyant le courant perpendiculairement à la formation.
3.1.3 Le latérolog
Remarques :
Tous les logs électriques nécessitent une certaine correction pour les effets de trou (diamètre,
résistivité des épontes). La correction se fait à l’aide d’abaques fournies par le constructeur.
Exercice d’application
Sur le graphique de la figure ci-dessous, dessiner les courbes P.S., N 16’’, GN 64’’, Latérale
18’8’’
Le log PS utilise une électrode de référence fixe placée en surface et une électrode se
déplaçant le long du forage pour mesurer une différence de potentiel qui existe naturellement
dans les terrains.
Le log PS donne des informations sur :
• La présence ou non de bancs poreux et perméables
• Le pourcentage d’argile contenu dans une roche
• La qualité chimique de l’eau contenue dans un réservoir
La PS provient de la mise en contact du fluide de forage avec l’eau de formation. Ces deux
fluides ayant presque toujours des compositions chimiques différentes.
3.2.1 Paramètres enregistrés
3.2.1.1 Le potentiel de membrane ou shale potential
Lorsqu’une formation poreuse perméable est traversée par le forage, l’électrolyte qu’elle
contient, de résistivité Rw, est mis en contact avec le filtrat de résistivité Rmf. L’eau de la
formation étant généralement plus saline que la boue de forage on aura Rmf > Rw.
Les argiles, en présence de ces deux fluides se comportent comme une membrane cationique
qui laisse passer les Na+ et retient les Cl-.
L’ensemble forme une pile de concentration dont le pôle positif correspond à la formation la
moins saline. Il y a naissance d’une force électromotrice Em. Si on est en présence d’une
solution de NaCl, nous avons la relation :
𝑅𝑚𝑓
𝐸𝑚 = 𝐾1 𝐿𝑜𝑔 ( )
𝑅𝑤
K1 = 59 pour une solution de NaCl à 25°C.
Le potentiel de jonction liquide est une autre force électromotrice qui prend naissance à la
jonction entre le filtrat et l’eau de la formation au niveau de la limite de la zone envahie.
De façon générale nous avons un potentiel positif en face des formations argileuses et un
potentiel négatif en face des formations poreuses et perméables.
Figure 12 : Représentation schématique de la distribution des courants de PS. A gauche, la courbe en trait plein
représente le voltage théorique ou voltage statique et la courbe en trait discontinu correspond au voltage réellement
enregistré. Le voltage enregistré est toujours inférieur au voltage statique.
3.2.2 Mesure de la PS
On peut observer, dans le cas le plus général, qu’en face des couches d’argile les
potentiels restent plus ou moins constants : l’enregistrement s’apporche d’une droite
appelée ligne de base des argiles (shale base line ou shale line).
En face des bancs poreux perméables, la courbe montre une réflexion vers la gauche.
Lorsque ces bancs sont suffisamment épais, il est possible de tracer une ligne de base
des sables (sand line).
La limite des bancs correspond à l’inflexion de la courbe.
3.2.4.1 Facteurs influençant la PS
La forme et l'amplitude des déflexions P.S. peuvent être influencées par différents facteurs qui
sont les suivants :
• Influence de la salinité des fluides en présence
La P.S. dépend essentiellement de la différence de salinité entre les fluides en présence, du
filtrat de boue et eau de formation. Divers cas peuvent se présenter.
- Eau de formation est plus salée que le filtrat de boue Rmf > Rw. La P.S. est dite
normale c'est le cas que nous avons envisagé jusqu'à présent. Le positif est alors en
face des argiles et le négatif en face des formations propres. La déflexion est d'autant
plus marquée que le contraste des salinités est important.
Influence de l’épaisseur des Influence de la présence d’argile Effet des formations compactes
bancs sur la PS sur la PS sur la PS
Figure 15 : Influence de l’épaisseur des bancs, de la présence d’argile ou de bancs compacts sur la PS
Un log PS bien développé peut servir à calculer la résistivité de l’eau de formation R w (voir
TP ou démonstration). L’interprétation classique de la PS part des suppositions ci-dessous :
- L’eau de formation et la boue sont des solutions de NaCl
- Dans la zone considérée les sables sont propres et les formations argileuses sont de
vrais bancs d’argile
- La résistivité du filtrat est supérieure à la résistivité de l’eau d’imbibition Rmf > Rw
3.2.6 Calcul du pourcentage d’argile
Nous avons vu que l’on peut dans certains cas tracer sur la PS la ligne de base des argiles
correspondant à une teneur de 100% d’argile. Il est également possible de tracer la ligne de
base des sables correspondant à 0% d’argile. Cette particularité permet d’estimer la teneur en
argile en un point donné.
La teneur en argile au point x se calcule de la façon suivante :
𝑃𝑆𝑆 − 𝑃𝑆 𝑎𝑢 𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡 𝑋
𝑉𝑠ℎ =
𝑃𝑆𝑆
PSS est la valeur maximum de la déflexion PS dans l’intervalle considéré, valeur jusqu’à la
ligne des sables.
PS au point X est la valeur de la déflexion PS à la profondeur choisie.