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Les viandes et leurs dérivés 2/2

Les viandes et leurs dérivés 2/2

d. Caille (si d’élevage)


I. Les volailles C’est une toute petite volaille, pesant entre 160 et
180g. Sa chair est fine, et présente de nombreux
petits os. On la mange sous forme de cuisse et de filet,
souvent farcie (exemple : caille farcie de Noël).

e. Pigeon
On peut consommer le pigeon et le pigeonneau (le
petit du pigeon) qui est en fait gavé par ses parents au
nid pendant 4 semaines, ce qui le rend plus gras que
ses parents. La grande différence est que le pigeon-
neau a une viande très tendre et parfumée alors que
les adultes plus ou moins âgés ont une viande plus
dure qui nécessite une cuisson longue.

Fig. 1  Poulet © Magdalena urawska - Fotolia Le pigeonneau doit être cuit rosé pour garder toute
sa saveur, alors que les ailes et les cuisses demandent
Le terme « volaille » désigne tous les animaux dits de un peu plus de cuisson. Le pigeon est riche en fer et
basse-cour, vivant à l’état domestique, y compris les en protéines. Il est intéressant sur le plan nutritionnel,
oiseaux de mêmes espèces que le gibier s’ils sont nés mais mal perçu étant donné qu’il parcourt aussi les
et élevés en captivité. Le lapin domestique fait partie pavés de nos villes. Il est d’ailleurs interdit de tuer ou
de la basse-cour, il est donc rattaché à la classification de piéger un pigeon en ville pour le manger. En effet
des volailles. ces pigeons transportent des maladies et mangent
des produits souillés par la pollution (essence, gasoil,
A. La classification des volailles hydrocarbures, Les pigeons que l’on peut consommer
sont des pigeons d’élevage.
1. Les volailles à chair brune
2. Les volailles à chair blanche
a. Canard/canette
Il existe de nombreuses races de canards. La canette a. Poulet
est plutôt mangée entière, le canard de Barbarie est C’est un petit de la poule et du coq de plus de 40
plutôt découpé. On mange le foie gras et la graisse de jours.
canard. Les canards pèsent entre 2,3 kg et 3 kg, et les
canettes entre 1,2 kg et 1,7 kg. Selon la race et les pigments naturels contenus dans
les céréales qu’il consomme (maïs, blé, luzerne…), la
b. Oie couleur de sa chair est blanche ou jaune. Un poulet
On mange l’oie rôtie, en rillettes, et on mange aussi est élevé entre 42 et 110 jours, pour un poids moyen
son froid gras et sa graisse qui est riche en acides gras en prêt à cuire situé entre 1,2 kg et 1,7 kg.
mono et polyinsaturés. L’oie pèse entre 2,5 et 3,5kg.
Il existe des calibres de vente pour les poulets :
c. Pintade
Elle est reconnaissable par ses belles plumes à pois – calibre 1 : petit poulet de moins de 1,3kg vivant,
noirs et blancs. On la retrouve sur les tables des fêtes moins de 850 g éviscérés sans abattis
de fin d’année. C’est une viande blanche, très juteuse.
Le chapon de pintade est lui aussi très apprécié. – calibre 2 : moyen poulet entre 1,3 et 1,7 kg vivant,
entre 850 g et 1,1 kg éviscéré sans abattis

– calibre 3 : gros poulet entre 1,7 et 2,2 kg vivants,


entre 1,1 et 1,4 kg éviscéré sans abattis

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– calibre 4 : poulet très gros d’un poids supérieur B. La commercialisation
à 2,2 kg vivant, supérieur à 1,4 kg éviscéré sans de la volaille
abattis.
Les volailles sont issues d’œufs choisis par des sélec-
b. Poule tionneurs qui veillent à choisir les races les plus
C’est la femelle du coq âgée de 18 à 30 mois. Elle est adaptées. Les accouveurs, eux, ont pour mission la
élevée pour la ponte et tuée lorsque sa production couvaison et l’éclosion des œufs jusqu’à la livraison
d’œufs devient trop faible. Elle est économique. Mais des poussins aux éleveurs.
c’est une viande maigre, sèche, et dure, elle nécessite
une cuisson longue, d’où la fameuse poule au pot. Les bâtiments sont soumis à des règles très strictes :
durée et intensité de l’éclairage, ventilation, humi-
c. Poularde dité mesurée, température adaptée. Les sols doivent
C’est la poule qui n’a jamais pondu, et qui est être recouverts d’une litière sèche et propre. Toutes
engraissée. les désinfections et nettoyages doivent être effec-
tués régulièrement, et particulièrement quand de
d. Chapon nouveaux poussins sont accueillis. Des règles d’hy-
C’est un poulet castré qui est âgé de 6/7 mois. Du fait giène pour pénétrer dans les bâtiments sont posées.
de sa castration, il devient deux fois plus gros que le Des contrôles sont effectués sur les produits, le maté-
poulet. Il pèse environ 4kg. Il est nourri exclusivement riel et les locaux. Le registre d’élevage relate toute
aux céréales et aux produits laitiers. C’est un produit la vie de l’animal, les interventions vétérinaires,
de qualité. l’alimentation, etc. Une inspection vétérinaire a lieu
avant et après abattage ( ante et post mortem ) en s’ap-
e. Coq puyant sur la fiche d’élevage transmise à l’abattoir.
C’est le mâle de la poule qui lui aussi nécessite une
cuisson longue. Les abattoirs de volailles sont des outils agréés par les
services vétérinaires officiels (agrément européen). À
Exemple : le coq au vin. l’abattoir, les opérations s’enchaînent de cette façon :

f. Coquelet – inspection de la volaille


C’est le petit mâle de la poule et du coq qui a jusqu’à
une quarantaine de jours (au-delà c’est un poulet). Il – saignée
ressemble à un petit poulet.
– échaudage : la volaille est trempée dans un bain
g. Dinde d’eau chaude pour faciliter le plumage, c’est un
La dinde présente une belle chair d’un blanc légère- point à risque car l’eau peut être souillée et péné-
ment rosé, qui vire au rouge pour la cuisse. Elle est trer dans la chair
élevée entre 10 et 20 semaines au minimum pour un
poids moyen compris entre 2,5kg et 3,5kg. Pour les – plumage
dindes de Noël prêtes à cuire, il faut compter entre
5kg et 10kg. – lavage

h. Dindonneau – sélection, tri


C’est le petit de la dinde et du dindon.
– éviscération
i. Lapin
C’est une viande riche en collagène qui nécessite une – nouvelle inspection
cuisson longue (ragoût). La viande contient des petits
os fragiles. – lavage interne et externe

– refroidissement

– pesée et emballage.

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Volaille C. L’étiquetage de la volaille


Il n’y a pas de maturation pour les volailles.
Les volailles ont une étiquette : sur la barquette, le
Les volailles sont classées à partir de l’examen exté- sachet ou encore sur la volaille elle-même si elle
rieur de la carcasse. Elles sont classées selon leur est vendue entière. Sur cette étiquette les mentions
conformation, leur état d’engraissement, la qualité habituelles : N°de lot, DLC, estampille sanitaire,
de la plumaison et la présence éventuelle de défauts date d’emballage, mais aussi type d’alimentation.
(ecchymoses, fractures, blessures, etc.). Cette classifi- Différents labels donnent aussi des informations
cation est définie par les lettres A, B, C sur l’étiquette : supplémentaires comme le type d’alimentation, le
type d’élevage et la durée d’élevage.
– classe A animal bien conformé, masse muscu-
laire importante et bien équilibrée par rapport à Les Français semblent préférer les poulets entiers
la graisse, volaille sans fractures, ni ecchymoses labellisés à plus de 70 %.
(85 % de la consommation française)
1. Sans label : volaille dite « classique »
– classe B animal avec quelques déformations peu ou « standard »
accentuées, engraissement insuffisant, 2 déboî-
tages ou fractures tolérés (seulement si cela ne Ce sont des volailles enfermées, dites en claustration.
porte pas préjudice à sa consommation)
Critères
– classe C réservée aux transformations en indus- Critères de claustration :
trie agro-alimentaire : fonds, steaks hachés, farces – pas de lumière du jour ;
diverses. Il ne peut pas être consommé et commer- – jusqu’à 20 000 animaux par bâtiment ;
cialisé en l’état. – alimentation industrielle ;
– antibiotiques.
Les volailles peuvent être achetées sous différentes
formes : 2. Les volailles « Critère Qualité Certifiée »
CQC
– saignée, plumée, non vidées : sans garantie sani-
taire, en provenance de petits élevages, à utiliser Ce sont des volailles classiques, mais abattues plus
immédiatement tardivement, donc de meilleure qualité.

– effilées : la volaille est saignée, plumée et seuls les 3. Label Rouge


intestins sont retirés par le cloaque. Les abattis sont
maintenus : cœur, foie, gésier, rognons ainsi que la Les volailles restent jusqu’à 6 000 animaux par bâti-
tête, la crête, les ailerons, les pattes et le cou ment à fenêtres. Il y a 10 animaux par m 2 . Ils mangent
des aliments industriels au départ et 70 % de céréales
– éviscérées ou « prêtes à cuire », on parle de PAC : ensuite. L’abattage a lieu après 81 jours minimum.
entièrement vidées, mais peuvent être présentées
avec ou sans les abattis, qui seront réintroduits
(foie, gésier, cœur, et tête, cou éventuellement)

– découpées en morceaux : ailes, pilons, escalope,


cuisses, suprêmes, magrets.

Attention
Ne pas confondre abats et abattis. Fig. 2 

3
4. Label Rouge fermier Créé avec le soutien du ministère de l’Agriculture et
de l’Agroalimentaire, ce logo concrétise l’engage-
Ce label est délivré par le ministère de l’Agriculture et ment de toutes les filières carnées qui se mobilisent
contrôlé par un organisme certifié. pour proposer aux consommateurs des viandes de
qualité, en garantissant leur origine française (nées,
On peut trouver jusqu’à 4 000 animaux par bâtiments. élevées, abattues, découpées et transformées en
Ces animaux se nourrissent de 70 % de céréales au France), le goût du travail bien fait, le respect des
départ puis 75 % de céréales pour les 15 jours avant droits des salariés et l’assurance de bonnes pratiques.
abattage. Les antibiotiques sont tolérés seulement
s’ils sont jugés nécessaires pour la santé de l’animal
par le vétérinaire. L’animal a accès à un parcours
herbeux (au minimum 29 jours) ainsi qu’au bâtiment
à fenêtres. Le fermier en plein air est limité à 2m 2 par
animal. L’abattage a lieu au 81 e jour minimum.

5. A.O.C.

On peut trouver entre 500 et 1 000 animaux par bâti- Fig. 3 


ment où ils ont une liberté totale pendant 9 semaines,
ne prennent pas des antibiotiques et ont une alimen- Pour ces labels, on voit sur l’étiquette, le numéro
tation naturelle (herbes, petits mollusques, maïs, blé, d’agrément, car ces labels sont vérifiés et certifiés par
etc.). Chaque animal a 10m 2 minimum. L’abattage des organismes spécialisés.
a lieu après 112 jours soit 16 semaines. Seules les
volailles de Bresse bénéficient de l’AOC. D. Composition nutritionnelle
des volailles
6. Les volailles biologiques (AB)
L’encéphalopathie spongiforme bovine, ESB, a bien
Les volailles biologiques proviennent d’un élevage aidé à développer la consommation des volailles,
sans produits chimiques de synthèse. Elles bénéfi- le poulet et la dinde étant les 2 volailles les plus
cient également d’une alimentation 100 % végétale consommées. La volaille contient 75 % d’eau en
(céréales, légumineuses, oléagineux, minéraux), mais moyenne (69 % pour la pintade qui est la volaille qui
dont 90 % au moins sont issus de l’agriculture biolo- contient le moins d’eau). La teneur en eau varie selon
gique. Pour les soins, les antibiotiques ne sont pas le morceau, elle contient moins d’eau dans le filet
autorisés, uniquement les vaccins. Elles sont élevées que dans la cuisse. La viande de volaille est riche en
au sol mais doivent disposer d’un accès à un parcours protéines avec une moyenne de 22g/100g. Certains
herbeux extérieur (50 % de la durée de vie). morceaux vont même présenter des teneurs de plus
de 25g.
7. Les poulets Bleu-Blanc-Cœur
On y retrouve tous les AAI, avec une richesse particu-
Ils bénéficient d’une alimentation riche en oméga 3 lière en lysine et en leucine, et une faiblesse en tryp-
(lin extrudé) et pauvre en acides gras saturés (AGS). tophane et en méthionine. Le poulet est particulière-
ment riche en acide aspartate et en acide glutamique.
Les conditions de production sont définies par un
cahier des charges et impliquent l’ensemble de la Le rapport collagène et protéines est faible (2 à 8 %)
filière : éleveurs, transformateurs, distributeurs enga- (la présence de collagène est faible), ce qui les rend
gés contractuellement. très digestes et tendres (CUD = 95 % et VB = 75 %).
Au niveau lipidique, la chair de volaille est naturelle-
Volaille ment maigre. La graisse est surtout concentrée dans la
Le logo Volaille Française est le signe d’identi- peau. En moyenne, une volaille contient 5 % de gras,
fication d’un savoir-faire reconnu. en sachant que, dans l’ordre, les filets sont les plus
maigres, puis la cuisse et enfin la peau.

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Le canard, la pintade sont légèrement plus gras que la – Aptitude au découpage, facilité de mastication.
moyenne. L’oie est la plus grasse de toutes les volailles
avec 17 % en moyenne. La dinde, la moins grasse est – Possibilité d’acheter des découpes fraîches ou
de 2 %. surgelées : réduction des déchets, portions homo-
gènes pratiques pour la restauration collective,
Au niveau des Acides gras, voici les teneurs : 35 % cuisson rapide…
AGS, 45 % AGMI et 20 % AGPI. Cette teneur plus
élevée que pour les viandes de boucherie représente – Large gamme de prix.
une meilleure qualité des graisses prévenant des
maladies cérébro-vasculaires. Cette composition en E. Contaminations des volailles
AG est donc très intéressante.
Les principaux contaminants sont bactériens  :
On entend souvent des critiques contre la peau bien pseudomonas, salmonelles, staphylocoques dorés,
grillée du poulet rôti ou des volailles en général, sous campylobacter, listéria.
prétexte que c’est trop gras et mauvais pour la santé.
Ci-dessous sont présentés les plus préoccupants pour
Cependant, il se trouve que la plupart du gras présent les volailles.
dans la peau sont constitués d’AGI. Il n’est donc pas
si intéressant que ça de retirer la peau. De plus, il se 1. Campylobacter
trouve que faire cuire le poulet avec la peau donne
un résultat beaucoup plus moelleux et goûteux. Le C’est une bactérie présente dans le tube digestif des
cholestérol est en moyenne à 70-75mg/100g, le hommes et des animaux, en particulier des volailles
lapin est en dessous de la moyenne avec 50mg. Pas et dans les eaux souillées.
de glucides, tout comme les viandes de boucherie et
pour les mêmes raisons. On peut trouver cette bactérie sur la peau de la
volaille, après l’abattage mais jamais dans le muscle.
Au niveau des vitamines et minéraux, les teneurs de la L’infection du consommateur est souvent due à une
volaille sont très proches des viandes de boucherie : contamination « croisée ». En effet, cette bactérie
sensible au chaud, est détruite à la cuisson. C’est
– elle contient une proportion de 40  mg de un élément qui est entré en contact avec la peau du
magnésium ; poulet cru qui en est responsable.

– elle contient une proportion de 400  mg de Cette bactérie intestinale, une fois ingérée, peut
potassium ; provoquer des symptômes de gastro-entérites en 1
à 10 jours. La maladie provoquée par cette bactérie
– elle contient une proportion de 220 mg de phos- est la campylobacteriose. Elle est en réalité plutôt
phore avec un mauvais rapport Ca/P = 0,6 : pouvoir fréquente et bénigne (évolution très rare en Guillain-
décalcifiant ; Barré). Comme toujours, les personnes les plus
fragiles y sont les plus sensibles.
– elle contient une proportion de 70mg de sodium ;
Quelques précautions sont donc à prendre face à
– elle contient une proportion de 1 à 1,5mg de fer, fer cette bactérie :
dit héminique, CUD = 15 à 25 %. – respecter la chaîne du froid se laver les mains et
tout ce qui entre en contact avec la peau du poulet
Tout comme la viande de boucherie, elle ne contient – respecter la date limite de consommation
pas de vitamines liposolubles mais des vitamines B – consommer rapidement les produits après ouver-
bien représentées : B3 de 6 à 9 mg, B1 et B6. ture et les plats après préparation
– conserver les aliments crus séparément des autres
Intérêts des volailles : pour éviter leur contamination
– nettoyer régulièrement le réfrigérateur
– La viande de volaille correspond aux recomman- – bien cuire le poulet et surtout la peau.
dations : moins d’AGS, plus d’AGI.

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Dans les abattoirs, la procédure d’éviscération est Le gibier d’élevage
vérifiée afin qu’elle ne permette pas la prolifération Il a une viande plus tendre et moins forte en
de cette bactérie. bouche.

2. Salmonelles 1. Gibier à poils

Ces entérobactéries du genre Salmonella (dont il Ce sont notamment :


existe plusieurs formes) provoquent des salmonel- – lapin sauvage ;
loses. C’est une bactérie trouvée encore une fois dans – lièvre ;
le système digestif (intestin) et dans de l’eau souillée. – chevreuil ;
– sanglier ;
Les salmonelloses se manifestent par une fièvre, une – biche ;
diarrhée, des vomissements et des douleurs abdomi- – cerf ;
nales. La disparition se fait de manière spontanée, sauf – daim.
pour les personnes fragiles qui peuvent avoir besoin
d’un antibiotique. Dans les formes plus graves, des 2. Gibier à plumes
complications peuvent survenir au niveau de l’intes-
tin, du cœur ou de la vésicule. La fièvre typhoïde peut Ce sont les suivants :
alors être fatale en l’absence de traitement. Beaucoup – perdrix ;
d’aliments peuvent être porteurs : viande, et particu- – faisan ;
lièrement volaille, produits carnés, œufs et produits – canard sauvage ;
laitiers. – caille sauvage ;
– grive ;
Les précautions c’est de faire une bonne cuisson des – bécasse.
aliments au moins 65°C pendant 5 à 6 minutes. Pour
le steak haché congelé ou surgelé, la cuisson sans On distingue le grand gibier (cerfs, daims, chevreuils,
décongélation est conseillée. sangliers, biches, etc.) du petit gibier (lièvres, lapins de
garenne, perdrix, grives, bécasses, etc.). On distingue
3. Pseudomonas aussi le gibier d’eau (canards colvert, poules d’eau,
sarcelles, pluviers, oies cendrées, etc.) du gibier de
Infection des poumons (pneumonie) avec fièvre, plaine (faisans, lapins de garenne, lièvres, etc.) et
sueurs, dyspnée, cyanose, septicémie et quelques du gibier de passage, ou migrateur (cailles, grives,
autres symptômes possibles. pigeons, etc.).

En France, la viande de gibier commercialisée


provient de plusieurs sources : gibier sauvage ou
II. Le gibier gibier d’élevage.

A. Définition et commercialisation La viande de gibier peut venir du circuit court : le


chasseur chasse et vend son gibier frais (jamais
Le gibier de chasse congelé) à un professionnel artisan des métiers de
Le gibier de chasse constitue l’ensemble des bouche, restaurateurs, bouchers, charcutiers ou trai-
animaux non domestiques, dont la chasse est autorisée. teurs. Le chasseur n’a pas le droit de vendre plus de
La saison de la chasse commence en septembre et peut gibier qu’il ne pourrait chasser dans une journée. Le
se poursuivre jusqu’en décembre. Les saisons de chasse professionnel artisan prépare le gibier pour le vendre
sont réglementées en fonction des espèces. à un consommateur final. C’est à lui de prendre en
charge le contrôle sanitaire (examen de la trichine
Le gibier obligatoire) et la traçabilité de l’animal.
Le terme « gibier » est également utilisé pour
définir la viande provenant des animaux sauvages La viande de gibier peut aussi venir du circuit
comestibles (venaison = chair de gibier). long : le chasseur vend son gibier à un atelier agréé
Communauté européenne en passant (ou pas) par un
collecteur déclaré.

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Il n’a pas le droit de dépouiller, plumer, découper la B. Composition nutritionnelle


venaison et va livrer sa collecte à un atelier industriel
de transformation des viandes, spécialisé ou non dans La viande de gibier est plutôt riche en protéines, 25 g
le gibier. Il est agréé par les services vétérinaires dans en moyenne. Cette viande est riche en purines, ce qui
le cadre de la réglementation européenne et fran- pose des soucis dans les cas d’hyperuricémie. C’est
çaise. C’est lui qui va procéder aux examens vétéri- une viande plutôt maigre : 3 à 5 % avec une très forte
naires. Il vendra ce gibier, une fois préparé, découpé proportion d’AGPI (acides gras polyinsaturés). Les
à un grossiste, distribution. profils sont assez différents d’une espèce à une autre :
– cholestérol : 75 mg/100 g ;
Le gibier doit être estampillé, on retrouvera alors le – phosphore : 200 mg ;
numéro communautaire spécifique de l’atelier pour – potassium : 350 mg ;
toute l’Union européenne. – sodium : 60 mg ;
– fer : chevreuil : 3 mg, biche : 3,4 mg, lièvre : 5 mg ;
Pays – glucides : 1 à 1,5 g.
Numéro
d’agrément
F
02-002-02
III. Les abats et les issues
Communauté
CEE Européenne A. Définition
Sauvage
Les abats représentent toutes les parties consom-
Fig. 4  Estampillage du gibier © Skill and You mables des animaux de boucherie autres que les
muscles, et les quartiers de viande débités sur
La forme de l’estampille permet de savoir que le l’animal. On les appelle aussi « 5e  quartier » ou
gibier est sauvage. Les gibiers d’élevage connaissent « 5e viande ». Les abats sont les organes thoraciques
le même parcours et la même estampille que pour les et abdominaux : cœur, thymus (ris), foie, rognons
viandes de boucherie (estampille ovale). Seul le gibier (reins), fraise, tripes, poumons, cervelle. Les produits
d’élevage peut être proposé dans les collectivités. tripiers proviennent du bœuf, du veau, de l’agneau,
du mouton et du porc. Ils désignent les morceaux qui
La consommation de gibier en France est très faible, ne sont pas directement rattachés à la carcasse.
300 à 350 g par habitant et par an. La consommation
de gibier en France connaît un véritable paradoxe : Parmi les abats, on peut parfois inclure les issues qui
70 à 80 % du gibier consommé par les Français sont sont : tête, pieds, museau, oreilles, queue, gencives,
d’importation, alors que la France est l’un des pays les etc.
plus giboyeux d’Europe.
Les issues
La viande de gibier nécessite une maturation et elle Certaines classifications mettent les issues à
peut même subir un faisandage qui est une matura- part, à juste titre, car ce ne sont pas des organes mais
tion poussée à la limite de la putréfaction. C’est une des extrémités de l’animal.
opération très délicate qui demande une grande
maîtrise. À savoir que si le faisandage est trop poussé, B. La classification des abats
on observe le développement de substances aller-
gènes dont l’histamine. Les abats blancs : viscères ayant besoin d’une prépara-
tion importante (échaudage, blanchiment, nettoyage,
La viande de gibier est souvent marinée pour en faci- désinfection, voire précuisson avant la vente).
liter la digestion et diminuer son goût fort en bouche.
Les produits tripiers blancs nécessitent une prépara-
Il s’agit d’une viande qui est relativement à risque tion à l’abattoir. Ils sont vendus échaudés et blanchis,
sanitaire ; ainsi, elle n’apparaît pas dans les menus de à moitié cuits, ce qui leur donne une couleur blanc
collectivités et ne sera pas proposée aux enfants et aux ivoire.
personnes aux défenses immunitaires faibles.

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Quelques exemples d’abats blancs : l’estomac, les Nous allons nous concentrer sur les abats et non sur
pieds, les oreilles, les mamelles (tétines), la fraise et les issues, car les issues sont très riches en collagène
la tête de veau, les tripes (estomac, intestins), le gras- et donc en gélatine après cuisson. Ils ne sont pas très
double (panse de bœuf). intéressants sur le plan nutritionnel.

Les abats rouges : viscères richement vascularisés et 1. Protéines


n’ayant subi que le parage comme préparation avant
la vente et la consommation. Les abats contiennent une moyenne de 26 g/100 g.
Cela change d’une partie à une autre, par exemple
Les produits tripiers rouges sont donc vendus crus et le cœur contient 30  g, le foie contient 20  g, la
n’ont subi que les parages indispensables. Ils peuvent langue contient 24 g, le ris de veau contient 32 g, la
être de couleur rouge, comme le foie, les rognons, cervelle contient 12 g, et les tripes contiennent 17 g.
le cœur, le mou (poumons), la langue, le museau, la Cependant, les rognons et les ris contiennent beau-
queue, les joues, la hampe et l’onglet ou de couleur coup d’acide urique. La langue est riche en collagène,
blanche comme la cervelle, le ris, la moelle et les elle demande une cuisson longue, mais pas aussi
rognons blancs (ou animelles, qui sont les parties longue que les tripes. CUD = 96 % et VB = 77 %.
génitales). Enfin, les abats sont riches en lysine. 

Depuis la crise de l’encéphalopathie spongiforme 2. Lipides


bovine (ESB), certains abats sont considérés comme
« matériels à risques spécifiques » (MRS), c’est-à-dire Les abats contiennent une moyenne de 5 g/100 g. Par
impropres à la consommation. Une liste des MRS est exemple, le foie contient 5 g, le cœur 6 g, les tripes
mise à jour régulièrement par la législation et peut 3 g, mais la langue contient 18 g et la cervelle 12 g.
encore évoluer (exemple : la cervelle des bovins et
ovins). 3. Cholestérol

C’est elle qui permet de dire ce qui est consommable La teneur en cholestérol est importante dans les
et commercialisable. abats avec une moyenne de 300 mg. Le foie contient
250 mg environ, la langue contient 150 mg, les
Pour reconnaître la fraîcheur des abats : rognons contiennent 500 mg, la cervelle contient
– ils ne doivent pas baigner dans le sang ; 2,5 g.
– ils doivent être brillants, fermes et sans odeur ;
– ils doivent être propres et dépourvus de caillot de 4. Glucides
sang ou autre ;
– odeur agréable ; Il n’y a pas de glucides sauf pour la langue de bœuf et
– ils ne doivent pas être poisseux. pour le foie (qui est l’organe de réserve du glycogène
et qui en contient 2,5 g).
C. Composition nutritionnelle
5. Minéraux
Les teneurs varient selon les abats. Certains vont avoir
une composition proche de la viande, d’autres s’en La teneur en fer est en moyenne de 5 mg. Le foie
éloignent. contient 7 mg, les rognons 9 mg, le cœur 7 mg, la
cervelle 2 mg, la langue 3 mg.
Les abats rouges ont un bon intérêt nutritionnel. Le
foie est le plus intéressant, de part la fonction de cet 6. Sodium
organe : réserve de fer et de vitamines A, B1, B12
et autres oligoéléments. Il est cependant riche en Les abats contiennent une richesse en sodium de
cholestérol et en acides uriques. 60 mg. On retrouve le phosphore, le potassium dans
des proportions quasi équivalentes à la viande. On
Les abats sont plus sensibles que la viande aux conta- trouve aussi 4 mg de zinc.
minants, types métaux lourds, pesticides, de part leur
fonction d’organe filtrant.

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7. Vitamines Charcuterie
Les charcuteries sont les préparations réalisées
Les abats sont riches en vitamines B et notamment à partir d’abats cuits ou de viande (surtout de porc mais
B12 (42 µg) qui se trouve dans le foie, ainsi qu’en aussi de bœuf, etc.) hachée et additionnée de graisses,
vitamines A (160 µg). d’aromates, voire d’épices. Ces préparations sont cuites
ou non.
Le ris (qui est seulement présent chez les petits
comme le veau ou l’agneau) est le seul abat riche en La France propose plus de 450  variétés de
vitamine C (60 mg environ). Les abats, d’une manière charcuteries.
générale, seront à limiter, voire à éviter lors d’hyper- Il existe un Code des usages de la charcuterie, qui
cholestérolémie ou d’hyperuricémie. est un document définissant les bonnes pratiques
de fabrication des produits de charcuterie. Ce code
Filière tripière donne les caractéristiques qu’un produit doit avoir
Visitez le site spécialisé de la filière tripière pour avoir le droit à sa dénomination de vente. Ce
pour creuser le sujet : www.produitstripiers.com document est le résultat d’une concertation minu-
tieuse entre les fabricants industriels ou artisans : le
D. Qualités hygiéniques  Centre technique de la salaison, de la charcuterie et
des conserves de viande.
– Les abats sont plus altérables que les viandes de la
carcasse. Il est validé par l’administration française, par l’inter-
médiaire de la Direction générale de la consomma-
– Les règles d’hygiène doivent être rigoureuses, plus tion, de la concurrence et de la répression des fraudes
encore que dans les viandes de boucherie, car le (DGCCRF). Ainsi, ce texte permet d’assurer la protec-
foie et le rein sont d’excellents milieux de culture tion du consommateur et de garantir la loyauté des
microbiens. De plus, ils concentrent les pesticides, transactions.
métaux lourds, médicaments. La langue porte de
nombreuses espèces de germes, en particulier On distinguera plusieurs catégories de produits.
Yersinia enterocolitica.
– Des produits stables : secs, riches en sodium
(jusqu’à 150 mg par kg), avec une conservation de
plusieurs mois en atmosphère sèche et à tempé-
IV. Les charcuteries rature de + 4 °C maximum. Il s’agit des produits
conservés par salaison.
A. Définition
– Des produits semi-stables : partiellement déshy-
dratés, salés et fumés, avec une conservation de
quelques semaines en CFP. Il s’agit des produits
conservés par fumage (aliments exposés à la fumée
d’éléments végétaux pour éliminer les micro-orga-
nismes et aromatiser les denrées), par boucanage
(la viande sera fumée pendant de longues heures),
ou par saucissage (la viande sera fumée avec de la
saumure).

– Des produits instables : crus ou cuits avec une


conservation limitée dans le temps et en CFP.
Fig. 5  Charcuterie © Olivier Le Moal - stock.adobe.com
La fabrication de ces produits autorise un ou plusieurs
ingrédients d’ajout :
– ajouts d’origine animale ;
– ajouts d’origine non animale ;
– additifs alimentaires.

9
B. Classification des charcuteries 5. Jambon bio

1. Jambon cuit Il est issu de porcs labellisés bio – élevés sans anti-
biotiques et nourris sans organismes génétiquement
Sa fabrication est régie par une réglementation très modifiés (OGM) –, mais l’ajout de nitrite de sodium
stricte : seule la viande provenant du membre posté- est autorisé.
rieur du porc permet la préparation du jambon cuit,
conformément au Code des usages. Le jambon cuit, 6. Jambon de Paris
dit jambon blanc, est tout simplement un jambon
salé. Sa salaison est effectuée par saumurage. Il se Il s’agit d’une cuisse de porc désossée, salée, malaxée,
caractérise également par sa cuisson. Il peut être cuit puis mise en moule rectangulaire et cuite dans un
à la vapeur, braisé, au torchon, avec ou sans os, ou au bouillon aromatisé : genièvre, coriandre, clous de
bouillon. Il peut contenir d’autres ingrédients tels que girofle et bouquet garni. On le trouve dans la qualité
des aromates et épices, vins, alcools, liqueurs, sucres « choix » ou supérieure.
et condiments selon les recettes et, selon sa catégo-
rie, des additifs particuliers (toujours en nombre et en 7. Jambon Label rouge
quantité strictement limités).
Il doit être issu de porcs Label rouge (182 jours d’éle-
Il est commercialisé avec ou sans couenne (le jambon vage au minimum, alimentation à base de céréales)
découenné, dégraissé est aussi appelé jambon DD). et être préparé avec de belles noix. Il en existe sept
Dans ce cas précis, l’épaisseur du gras périphérique catégories : au torchon, à l’os, braisé, porc fermier, à
ne doit pas excéder 4 mm en moyenne. l’ancienne, fumé, salé au sel sec.

Les cuisses sont désossées, découennées et saumu- 8. Jambons secs/salaisons sèches


rées. Les muscles, séparés en bloc, sont malaxés pour
que les fibres se collent entre elles lors de la cuisson. Le seul véritable jambon est fait à partir du haut
Les morceaux sont ensuite disposés dans des moules, du membre postérieur du porc, et seulement cette
en suivant le sens des fibres, et cuits ; la couenne est partie. Les jambons sont frottés plusieurs fois au sel
replacée en bordure. Seuls les jambons à l’os et à l’an- et soumis à une maturation dont la durée varie. La
cienne échappent au malaxage, c’est pourquoi ils ont technique de salage, la race des porcs, leur alimen-
une texture de viande. tation, la conduite du séchage et de la maturation
donnent à chaque jambon la saveur et la couleur qui
2. Jambon cuit supérieur le caractérisent.

C’est celui qui tolère le moins d’additifs. Il n’y a ni Les jambons secs se différencient entre eux princi-
polyphosphates (qui favorisent la rétention d’eau) ni palement par leur durée de séchage. Après avoir été
gélifiants, et pas plus de 1 % de sucre. Par contre, il séchés, ils peuvent également être fumés.
peut contenir de l’ascorbate de sodium (un antioxy-
dant) et du nitrite de sodium (un conservateur), qui lui Comme pour les autres charcuteries, le Code des
donnent sa couleur rose. usages de la charcuterie définit les bonnes pratiques
de fabrication des jambons secs.
3. Jambon cuit standard
Il définit aussi certaines dénominations particulières :
Polyphosphates, gélifiants (qui donnent artificiel-
lement de la tenue à la tranche) et d’autres additifs – les mentions « authentique » et « véritable »
sont autorisés. Ils peuvent représenter jusqu’à 5 % du suivies de toute mention géographique française,
produit. peuvent accompagner la dénomination de vente
des jambons secs sous réserve que le produit soit
4. Jambon cuit « choix » fabriqué dans la région, la province, le départe-
ment ou les cantons limitrophes suivant le cas (sauf
Il peut contenir des polyphosphates, mais pas de géli- si indication géographique protégée, ou IGP) ;
fiants. Il représente 15 % de la production française.

10
Les viandes et leurs dérivés 2/2

– les mentions « à l’ancienne », « comme autrefois » préparation des viandes (aromates, marinades), mais
ou toute mention ayant la même signification également le hachage et la cuisson. Il existe trois types
peuvent accompagner la dénomination de vente de hachage : hachage fin, gros grain et mixte.
sous réserve que la matière première n’ait subi
aucun autre traitement que la réfrigération ; Exemple : le pâté de foie (20 % de foie au moins), les
pâtés de campagne.
– la mention «  de pays  » accolée à «  jambon
cru  » n’implique aucune caractéristique 11. Boudin noir
supplémentaire.
Il se compose de sang et de gras de porc, à l’exclu-
Comme pour les autres produits alimentaires, les sion de toute autre espèce, et d’oignons. Le mélange
jambons secs peuvent avoir des signes officiels de des ingrédients est ensuite contenu dans une enve-
qualité, accompagnés d’une IGP. loppe (un boyau), puis cuit. Il existe autant de types
de boudins noirs qu’il existe de fabricants qui l’assai-
Si le jambon sec fait l’objet d’une IGP, la dénomina- sonnent différemment et peuvent l’additionner d’aro-
tion de vente est réservée au produit fabriqué dans la mates, épices, condiments, ou vins.
zone concernée et répondant aux spécifications de
l’IGP, passant par le respect d’un cahier des charges 12. Boudin blanc
précis.
Le boudin blanc est considéré comme une prépa-
La dénomination « montagne » s’applique à un ration cuite de charcuterie fine qui se présente sous
produit dont toutes les matières premières et étapes de forme d’une pâte très claire à base de viande blanche,
fabrication sont situées dans une zone de montagne. maigre de porc, volaille ou veau et d’une enveloppe
de menu de porc. On y ajoute des matières grasses,
9. Rillettes en général du gras de porc, parfois de la crème, des
œufs ou du lait, par exemple. On l’aromatise avec
Les rillettes sont fabriquées à partir de viande de porc oignons, carottes, échalotes, bouquet garni à base de
cuite dans du gras de porc, mais aussi à partir d’oie ou thym, laurier, persil, clous de girofle, parfois même de
de canard (il existe aujourd’hui des rillettes de poulet vanille, fleur d’oranger ou cannelle.
rôti).
Le boudin blanc peut être également enrichi d’al-
Certains fabricants ajoutent uniquement du sel et cool ou de truffes, mais aussi de foie gras d’oie ou de
du poivre à la viande, d’autres utilisent de subtils canard. La truffe le parfume subtilement et lui donne
mélanges d’épices, d’aromates, de condiments. Du une saveur incomparable.
vin et de l’alcool peuvent être incorporés.
13. Charcuteries pâtissières
Après le rissolage, la viande cuit très lentement dans
la graisse, de 4 à 10 heures suivant les recettes, jusqu’à Ce sont notamment pâtés en croûte, bouchée à la
la dissociation des fibres. Le détachement des fibres reine, croque-monsieur, hot dog.
musculaires par la chaleur permet d’obtenir alors un
mélange onctueux et savoureux. Les rillettes en pot 14. Andouilles
peuvent être protégées par une couche de graisse
issue de la cuisson ou de saindoux. Les rillettes sont L’andouille se fabrique à partir des chaudins (partie
commercialisées fraîches, en pots ou à la coupe, du tube digestif) et de certains abats de porc, variables
elles peuvent également être pasteurisées ou mises suivant les recettes. Les autres ingrédients sont le
en conserve. gras, la viande de porc. On peut également ajouter
sel, aromates, épices, vins, alcools, liqueurs, condi-
10. Pâtés/terrines ments et arômes. Les andouilles sont embossées sous
boyaux.
La diversité des produits obtenus s’explique par la
nature des matières premières, les différents modes de

11
15. Andouillettes Le choix du boyau est important, il doit être solide
pour résister à l’embossage et perméable pour
Elles sont obtenues par assemblage ou mélange de permettre au produit de sécher convenablement.
parties du tube digestif du porc, placées sous boyau
naturel, puis cuites. Sont éventuellement ajoutés du La pellicule blanche sur la peau du saucisson s’ap-
sel, des épices, des aromates et des condiments, les pelle la fleur. Elle peut être naturelle ou le résultat d’un
seuls ingrédients et additifs autorisés. ensemencement. Le séchage et la maturation s’effec-
tuent à la température moyenne de +12 à +14 °C,
Les andouillettes sont vendues en portions de 10 à pendant quatre à dix semaines selon le diamètre du
15 cm de long, parfois enrobées de chapelure ou de produit.
saindoux.
18. Saucisses/saucissons à cuire
16. Tripes/tripous
La saucisse est un boyau rempli de viande hachée
C’est la cuisson de morceaux d’estomac (de bœuf, (porc, bœuf, veau ou volaille), salée et assaisonnée
veau, mouton ou porc) dans une gelée assaisonnée différemment selon la recette et la région. Certaines
avec des légumes, des alcools. Les tripes doivent sont crues, cuites, ou simplement étuvées et fumées.
contenir en général les quatre parties de l’estomac
dans leurs proportions naturelles : la panse, le bonnet, Il existe deux types de hachage :
le feuillet et la caillette. – hachage gros  : par exemple les saucisses de
Toulouse, Morteau, Montbéliard ;
Les tripous sont de petits paquets de tripes farcis et – hachage très fin : par exemple les saucisses de
cuits dans une sauce. Strasbourg et de Francfort.

17. Saucisses/saucissons secs Il existe quatre catégories de saucisses :

C’est un mélange de viandes (environ trois quarts de – les saucisses crues à griller, à poêler ou à frire
viandes maigres pour un quart de gras) hachées plus (exemples : la chipolata ou la merguez) ;
ou moins finement, salé (pour une bonne conserva-
tion), assaisonné et mis sous boyau. Ils sont ensuite – les saucisses à tartiner composées de viande ou
séchés. de foie ;

On distingue deux grandes variétés de saucissons – les saucisses crues étuvées, fumées ou non, qui
secs : ceux à moyen et gros hachage et à hachage fin se consomment pochées dans un plat cuisiné tel
(salami par exemple). que la potée ou la choucroute garnie, (exemples :
saucisse de Morteau et de Montbéliard) ;
Le plus souvent, le saucisson sec est à base de porc
mais on trouve aussi des saucissons à base de bœuf, – les saucisses cuites à cœur dont la plus connue
âne, cheval et chèvre. est la knack ou saucisse de Strasbourg, mais aussi
les savoureuses saucisses de Francfort et saucisses
Le saucisson sec contient également du sel (25 à 35 g/ cocktails.
kg pour les petites pièces, 35 g/kg pour les grosses
pièces). Selon les recettes, on peut ajouter différents On pourrait ajouter aujourd’hui ce qu’on appelle les
ingrédients (noisettes, épices), éventuellement des aides culinaires charcutières, qui sont les lardons,
ferments pour aider à la maturation. dés, râpé, allumettes, chiffonnades de jambons cuits
ou jambons secs, farces, tranches de chorizo, bacon,
Le boyau employé est soit naturel, soit reconstitué à saucisson ou encore les boudins et les saucisses. Ces
partir de fibres animales ou artificielles. produits se trouvent sous atmosphère modifiée, sous
vide, ou encore emballés.

12
Les viandes et leurs dérivés 2/2

C. Ingrédients – les additifs : ils sont soumis à autorisation.

1. Ingrédients d’origine carnée a. Nitrites et nitrates


Les nitrates sous l’action de bactéries libèrent un
– Maigre : le muscle. nitrate réductase (bactéries dont le développement
– Gras : gras de porc ou de bœuf ou autres animaux est favorisé par les sucres ajoutés). Ce nitrate réduc-
comme le canard. tase va permettre aux nitrates de devenir nitrites. Ces
– Gras de volaille ou végétal : certaines charcuteries nitrites, dans un milieu acide (créé par les mêmes
allégées. bactéries), vont former de l’oxyde d’azote. L’oxyde
– Abats : foie le plus souvent ou cervelle, rognons. d’azote va se fixer sur la myoglobine, ce qui forme
de la nitroso-myoglobine de couleur rouge ou du
2. Ingrédients d’origine non carnée nitroso-ferro-hémochrome de couleur rose, selon
les conditions (chaleur ou présence d’oxygène). Les
Ces ingrédients sont utilisés pour influencer le goût ou nitrates et les nitrites ont des propriétés de conserva-
pour leurs propriétés technologiques : tion. Ils empêchent le développement des bactéries
responsables du botulisme et de la salmonellose. Le
– le sel : il apporte du goût ; il fait chuter l’Aw car le problème, c’est que les nitrites peuvent se transfor-
sel fond en contact avec la viande et provoque une mer en nitrosamines dans un milieu acide et à haute
perte d’eau. Il a aussi une action bactériostatique et température, par l’action conjuguée des nitrites et
parasiticide. De plus, les bactéries que la présence d’une amine (produit de la transformation des acides
de sel sélectionnerait seraient des bactéries aminés). Les nitrosamines sont reconnues comme
lactiques qui développent des composés aroma- cancérigènes par l’OMS. La réglementation impose
tiques. L’adjonction de sel donne une couleur donc un taux de 150 mg maximum de nitrites/kg de
grisâtre à la charcuterie. On pourra y remédier par produits finis. Il s’agit d’un seuil d’incorporation et
des additifs. Il existe certains procédés de conser- non d’un seuil résiduel dans le produit fini.
vation en appui du sel (fumage/fumaison à froid
ou à chaud, saurissage [association saumurage/ Cependant, les professionnels de la boucherie/char-
fumage], séchage) ; cuterie ont d’eux-mêmes placé un seuil de 120 mg
dans leur Code des usages de la charcuterie. Les
– les sucres : on peut trouver du saccharose, du producteurs de produits bio donnent à titre indica-
lactose, du sirop de glucose. Ils ne sont pas utili- tif un maximum de 80 mg. Il est démontré que si
sés pour leur goût mais parce qu’ils favorisent la on baisse trop ces quantités, les taux de botulisme,
croissance de bactéries acidifiantes. Ces bactéries salmonelloses réaugmentent.
provoquent un pH acide qui favorise l’action des
nitrates et nitrites ; b. Les antioxygènes
La vitamine C (acide L-ascorbique) protège de l’oxy-
– l’eau : elle permet de dissoudre les composants dation des lipides en les rancissant. Elle évite aussi la
hydrosolubles et participe aux émulsions (phase conversion en nitrosamines, ce qui concourt, avec la
aqueuse des émulsions) ; baisse des quantités de nitrites, à prévenir l’exposi-
tion aux nitrosamines. C’est aussi un stabilisant, car
– les liants : ces liants sont d’origine végétale ou il assure la stabilité de la couleur de la nitroso-myo-
animale. Ils sont de nature protéique (ovoproduits, globine formée, en évitant son oxydation à la lumière
sang, gélatine, lactosérum…) et glucidique (farine et à l’air. Elle freine aussi la formation des peroxydes.
de blé, amidons de riz, maïs…). Ils peuvent donner D’autres antioxydants peuvent être ajoutés, comme
du goût mais ils sont aussi utilisés en tant qu’émul- l’acide erythorbique, réduisant eux aussi l’utilisation
sifiants, stabilisants, rétenteurs d’eau ; des nitrites.

– épices, aromates, condiments : poivre, vinaigre, c. Les agents stabilisants


herbes ; Ce sont les phosphates et polyphosphates qui sont
essentiellement présents dans le jambon. Ces agents
– des colorants, acidifiants, exhausteurs de goût, permettent de garder l’eau. Ils retardent le rancisse-
conservateurs ; ment et stabilisent la couleur.

13
Ils permettent une meilleure tenue de coupe au Quelques portions :
produit par une meilleure solubilisation des protéines – pour une tranche de jambon de 45 g, il y a 10 g de
myofibrillaires. protéines ;
– pour cinq tranches de saucisson sec de 30 g, il y a
d. Les épaississants et les gélifiants 7 g de protéines ;
Ils sont utilisés afin d’apporter plus ou moins de – pour une saucisse de Strasbourg de 35 g, il y a 4 g
consistance selon le produit. de protéines.

Exemples : alginates, caroube, guar, gommes 3. Les lipides


xanthane et carraghénane.
La teneur moyenne en lipides dans les charcuteries
e. Les colorants est de 17 % (grande variabilité : 3 à 40 %). La réparti-
Exemples : carmin de cochenille, caramel, caroté- tion des acides gras est la suivante : 40 % AGS, 40 %
noïdes, curcumine et canthaxanthine… AGMI et 20 % AGPI. Le taux de cholestérol moyen
est de 80 mg mais là encore varie : 35 mg pour du
D. Composition nutritionnelle jambon cuit, 110 mg pour du pâté, 65 mg pour de la
saucisse à cuir.
1. L’eau
Ci-dessous la teneur en lipides par catégories de
La teneur moyenne est de 50 % (variabilité qui va de charcuteries :
30 à 70 %). La concentration des nutriments est plus
grande lorsque la charcuterie est sèche. – moins de 10 % (peu gras) : jambons cuits, jambons
secs dégraissés, tripes (4 %), bacon (3 %) ;
2. Les protéines
– entre 10 et 20 % : jambons secs (19 %), andouilles,
On observe une fourchette allant de 10 à 26 g de boudin blanc (13 %) ;
protéines pour 100 g de charcuteries. La moyenne
est de 17 g mais on peut aller plus loin en utilisant le – entre 20 et 30 % : lardons (25 %), terrines de
classement suivant : campagne, andouillettes, boudins, saucisses,
cervelas (28 %), pour certains jambons secs, plus
– 20 % : jambons cuits et secs, saucissons secs, de 20 % selon le degré de déshydratation ;
saucisses sèches, lardons. Le jambon cuit standard
est moins riche en protéines ; – entre 30 et 40 % : mousses, pâtés, saucisson
sec (30 à 40 %), chorizo, saucisson cuit, rillettes
– 15 à 20 % : andouilles, saucisses de Morteau et de (40 %).
Toulouse, tripes ;
En 30 ans, la teneur en lipides a baissé de 25 %. Cela
– 10 à 15 % : pâtés et terrines, saucisses, boudins, est principalement dû à la sélection des espèces
saucissons cuits, rillettes, saucisses de Strasbourg, animales, à une alimentation plus riche en céréales
knacks. pour les animaux et à une volonté de modifier les
recettes.
Les protéines des charcuteries sont d’excellentes
qualités avec une bonne valeur biologique (bonne En novembre 2010, les fabricants signaient pour
teneur en AAI - acides aminés indispensables) et une la première fois un engagement dans le cadre du
bonne digestibilité (CUD, coefficient d’utilisation Programme national nutrition santé : baisser la teneur
digestive 94), comme celles du poisson. Elles sont en lipides de 5 % dans les charcuteries, les produits
particulièrement riches en tryptophane, méthionine les plus consommés (jambon cuit supérieur, jambons
et lysine. secs, lardons, pâtés de campagne, pâtés et mousses
de foie de porc, rillettes de porc, saucisses à pâte fine,
saucissons secs supérieurs et saucissons secs pur
porc).

14
Les viandes et leurs dérivés 2/2

En 2015, ils réitèrent : les charcutiers signent un 7. Le fer


nouvel accord collectif visant à appliquer cette réduc-
tion de 5 % à 12 nouvelles catégories de produits. Les proportions de fer sont de 1 mg à 2 mg. Le boudin
noir est de loin le plus riche en fer : un boudin noir de
La répartition en acides gras en moyenne : 125 g = 28,5 mg de fer.

– AGPI : 12 %. On trouve d’autres minéraux comme le zinc et le


On peut faire baisser la quantité de lipides pour sélénium.
certaines charcuteries : enlever le gras au-dessus des
rillettes ou la couenne du jambon par exemple. 8. Les vitamines

4. Le cholestérol Les vitamines et minéraux sont naturellement présents


dans les charcuteries, notamment les vitamines B1,
La teneur moyenne en cholestérol est de 80 mg, mais B6, B12 (moyenne 0,5 microgramme, PP).
il est possible d’aller jusqu’à 130/150 mg.
Les vitamines et minéraux sont bien sûr présents en
5. Les glucides quantité variable selon les morceaux, les recettes, les
traitements et les cuissons.
La teneur en glucides est de 0 à 1 g. Ces glucides ajou-
tés sont utilisés par les bactéries.

6. Les minéraux V. Consommation


Le sodium : il est ajouté dans les charcuteries pour ses La consommation de viande en France est en baisse
propriétés de liant (lie la chair hachée), de conserva- régulière depuis une dizaine d’années.
tion et d’exhausteur de goût. On trouve une moyenne
de 5 g de sel pour 100 g. Pour les viandes de boucherie, la consommation est
passée de 58 à 52,5 g/j/personne entre 2007 et 2013.
Grammage La consommation moyenne est d’environ 370 g/
Chaque gramme de NaCl (sel) a 400 mg de Na. semaine, soit trois à quatre portions.

Les progrès dans les modes de conservation (réfrigé- On observe une diminution régulière de la consom-
ration notamment) ont permis de baisser la teneur en mation des produits frais au profit des produits très
sel. transformés (plats composés, sandwichs, pizzas,
quiches et tartes salées).
Le sel est souvent accusé de jouer un rôle majeur dans
l’hypertension artérielle (HTA). Les fabricants de char- Mais, bien sûr, une consommation moyenne cache
cuteries ont donc décidé de réduire la teneur en sel de de grandes disparités : 37 % en mangent moins
10 à 15 % de leurs produits. Ils se sont encore engagés de 245 g par semaine, alors que 28 % en mangent
à la réduire de 5 % en signant la charte d’engage- plus de 490 g par semaine. Les écarts de quantités
ments volontaires de progrès nutritionnel. consommées peuvent entraîner des différences dans
le statut nutritionnel de la population (fer, zinc).
Apports en sel (ou chlorure de sodium) en g par
portion : La consommation de volaille de chair est en progres-
– 1 tranche de jambon cuit supérieur (45 g) = 0,7 g sion constante depuis 40 ans (cette hausse a même fait
(2 g/100 g en moyenne) ; progresser le chiffre de la consommation de viande
– 5 tranches de saucisson sec (30 g) = 1,5 g ; en France). Depuis plusieurs années, on constate
– 100 g de lardons = 3 g de sel. une forte augmentation des plats élaborés à partir de
viande transformée. La volaille entre facilement dans
la composition de ces plats. Les viandes d’agneau ne
sont pas appropriées pour ça. On observe donc, entre
autres pour cela, une baisse de la consommation de
ces dernières.

15
La consommation de viande bovine est stable après triel, notamment des ruminants. L’élevage est une
avoir baissé chaque année entre 2010 et 2013 puis source de gaspillage : 8 % de la consommation
elle a stagné en 2014. La consommation de viandes mondiale d’eau, 18 % des émissions de gaz à
ovine et caprine a, elle, baissé. effet de serre (plus que les transports), 37 % de gaz
méthane (gaz à l’effet de serre 20 fois plus élevé
Repères de consommation : que le CO2) proviennent des ruminants. On parle
du bilan carbone de la viande. On étudie à l’heure
Limiter la viande rouge (bœuf, mouton, abats, actuelle comment le faire chuter ;
agneau, veau, porc) à 500 g maximum par semaine,
soit trois à cinq portions à répartir au cours de la – les craintes pour la santé.
semaine. Privilégier la volaille.
Enfin, le lien établi entre la consommation abusive
Alterner avec les autres sources protéiques telles que de viande rouge et certains cancers a probablement
les œufs, le poisson, les légumes secs, la volaille. joué. Aussi, un grand nombre d’études montre que la
consommation de viande rouge (en quantité impor-
Favoriser les viandes de bonne qualité (de préférence tante) est liée à une augmentation de la pression
bio). artérielle, une augmentation du risque du diabète de
type 2, une augmentation du poids et du tour de taille
Limiter la consommation de charcuteries à 150 g par et une augmentation du LDL cholestérol (effets non
semaine, c’est-à-dire environ trois tranches. Favoriser retrouvés pour les viandes blanches).
le blanc de volaille ou de jambon par rapport au
bacon, saucisses, lardons, etc. riches en graisses La plupart des études montrent une association entre
saturées. la consommation de viande rouge, les maladies
coronaires et les événements cérébrovasculaires. Ni
La baisse de consommation de viande en France les acides gras, ni le cholestérol ne seraient pourtant
serait due à plusieurs facteurs : responsables de cela. En cause, parmi les dernières
hypothèses, la carnitine (composé présent en grande
– la hausse du prix ; quantité dans la viande rouge). Les bactéries du tube
digestif (le microbiote) transforment cette dernière
– la sensibilisation à l’impact sur l’environne- en oxyde de triméthylamine (TMAO), un métabolite
ment : les consommateurs citoyens deviennent connu comme facteur facilitateur de l’athérosclérose
plus soucieux de leur planète. En effet, il y a des chez l’être humain.
conséquences climatiques dues à l’élevage indus-

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