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autres une rigoureuse absence à soi, l’ignorance de cette puissance commune mais
devenue inqualifiable, car anonyme” (2000: 17).
D’une part, elle régit toutes les manifestations de notre existence –le Spectacle; de
l’autre, elle gère les conditions de celleci – le Biopouvoir.
Le Spectacle, c’est le pouvoir qui veut que vous parliez, qui veut que vous soyez
quelqu’un.
Le Bloom signifie donc cela: que nous ne nous appartenons pas, que ce monde n’est
pas notre monde… Cette étrangeté serait bien aimable si elle pouvait impliquer
une extériorité de principe entre lui et nous. Mais il n’en est rien. Notre étrangeté
au monde consiste en ce que l’étranger est en nous, en ce que, dans le monde de la
marchandise autoritaire, nous devenons régulièrement à nousmêmes des
étrangers. Le cercle des situations où nous sommes forcés de nous regarder agir,
de contempler l’action d’un moi dans lequel nous ne nous reconnaissons pas, se
resserre et nous assiège dé sormais jusque dans ce que la société bourgeoise
appelait encore l’«intimité». L’Autre nous possède ; il est ce corps dissocié, simple
artefact périphérique aux mains du Biopouvoir, il est notre désir brut de survivre
dans l’intolérable réseau de sujétions minuscules, de pressions granulées qui nous
corsète au plus près, il est l’ensemble des calculs, des humiliations, des
mesquineries, l’ensemble des tactiques que nous devons déployer. Il est toute la
mécanique objective à laquelle nous sacrifions intérieurement.