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Pour un
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Article 3: Francis Ngannou, la cage est sa maison - Le Temps


MMA: le Camerounais Francis
Ngannou, sacré à force de volonté
Publié le : 28/03/2021 - 07:25

Le Camerounais Francis Ngannou. Getty Images via AFP - DOUGLAS P. DEFELICE

Texte par :David KalfaSuivre


8 mn

Francis Ngannou est devenu champion du monde des poids lourd de l’Ultimate
Fighting Championship (UFC), la plus prestigieuse ligue d’arts martiaux mixtes
(MMA) au monde, dans la nuit du 27 au 28 mars 2021 à Las Vegas, face à
l’Américain Stipe Miocic. Une revanche pour ce Camerounais dont la vie a été une
longue série d’épreuves. Portrait.

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Francis Ngannou est champion du monde d’arts martiaux mixtes (MMA) et c’est un exploit
inimaginable, tant le parcours de ce Camerounais a été semé d’embûches. « Je sais où je suis né
mais je ne pourrais pas dire où j’ai grandi », explique souvent celui qui a vu le jour à Batié, dans
l’Ouest du Cameroun, en 1986.

Une jeunesse difficile

Son enfance ? Un père accusé d'être brutal, des parents qui se déchirent et divorcent, des
passages d’un foyer à l’autre. Durant adolescence, il commence à travailler dans une sablière
pour payer sa scolarité… Sa vie est alors très loin de ressembler à la success story que tout le
monde connaît.

Un jour, le mototaxi se prend de passion pour la boxe anglaise. À 22 ans, l’intéressé plaque tout
pour ce sport, à la grande stupeur de sa famille.

Ce fan de Mike Tyson croit dur comme fer en son destin. Mais à 25 ans, il est cloué au lit durant
plusieurs semaines par une hépatite B. « J’étais seul à me prendre en charge. Ça s’est arrangé,
heureusement. Mais psychologiquement, j’ai gardé les séquelles de cette période », glisse-t-il en
2016.
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Sept tentatives avant d’arriver en Europe


Francis Ngannou n’est toutefois pas au bout de ses peines. Convaincu qu’un meilleur sort l’attend
en Europe, il se lance dans un périlleux voyage vers le Vieux continent, en 2012 : Niger, Algérie,
Maroc…

« Les barbelés de Melilla, je ne pourrai jamais les oublier », confesse-t-il en 2018 à InfoMigrants.


De ces tentatives, il conserve des cicatrices. « J’en ai partout : sur les côtes, les jambes, les
pieds… » Ce n’est qu’au bout de sa septième tentative qu’il parvient à traverser la Méditerranée
jusqu’en Espagne.

Sans domicile fixe à Paris

En 2013, Francis Ngannou se retrouve en France un peu par défaut, lui qui visait plutôt
l’Allemagne ou le Royaume-Uni. À Paris, il dort souvent dans un parking, mange très rarement à
sa faim. Mais il refuse de s’apitoyer sur son sort. « À un moment, j'ai décidé de ne plus être la
victime de la vie, de ne plus subir mais de faire face, de combattre, et j'ai pris des initiatives. Quand
je suis arrivé en France, c'était l'occasion tant rêvée de me réaliser », affirme-t-il à l’AFP en 2018.
Le sans domicile fixe cherche alors une salle de boxe et atterrit dans une salle de l’est parisien. Il
y rencontre Didier Carmont qui, ému par son histoire, décide de l’aider. Ce dernier, qui pressent le
potentiel du Camerounais l’encourage toutefois à sa lancer en MMA. Mais lui ne jure que par la
boxe anglaise.

Des débuts fracassants en MMA

Quelques mois plus tard, Francis Ngannou finit cependant par s’y essayer. Il débarque à la MMA
Factory où Fernand Lopez Owonyebe conduit des champion(ne)s. « Il voulait s’entraîner mais
n’avait pas les moyens de payer un abonnement, raconte le coach. Il était déjà sûr de lui et de ses
performances. J'ai pensé que c'était encore un beau parleur, comme les autres. Puis, je l’ai regardé
combattre et j’ai été impressionné ».

En 2015, en moins de deux ans et au bout de 6 combats (5 victoires et 1 défaite), celui qui a pris
pour surnom « The Predator » est repéré par l’Ultimate Fighting Championship (UFC). L’UFC est
au MMA, ce que la NBA est au basket-ball. Dans cette ligue valorisée plusieurs milliards de
dollars, Francis Ngannou étale pourtant ses adversaires à la suite, avec une puissance sidérante.
En décembre 2017, il met KO le Néerlandais Alistair Overeem d’un uppercut devenu légendaire.

Deux défaites qui font mal

Quelques semaines plus tard, l’UFC lui offre donc un combat pour le titre de champion du monde
des poids lourds face à l’Américain Stipe Miocic. Francis Ngannou aborde ce « title shot » gorgé
de confiance et d’espoirs. « Être champion du monde serait l’occasion de mettre derrière moi la
frustration de mon enfance, d’enterrer cette triste enfance, lance-t-il en janvier 2018 à RFI. C’est
en partie pour cela que ce rêve est né : se proclamer, se reconnaître, revendiquer sa place… »
Quelques jours plus tard, le prétendant s’incline pourtant par décision unanime. Dominé par ses
émotions, il se lance sur Miocic comme un taureau furieux dans une arène. Épuisé au bout du
premier round, le challenger subit ensuite le récital du tenant du titre, qui le met au sol à de
nombreuses reprises durant les quatre rounds suivants. Consternation.
Six mois plus tard, le Camerounais se retrouve à nouveau dans l’octogone. Face à lui se trouve
cette fois l’Américain Derrick Lewis, réputé pour sa (seule) capacité à éteindre ses adversaires
d’un seul coup. Ce choc des titans accouche néanmoins d’une parodie de combat. Personne
n’ose rien et surtout pas le Lion indomptable, encore marqué par son revers face à Miocic.

Un problème d’ego ?

Dana White, le tout-puissant patron de l’UFC, en profite pour se lâcher : il qualifie la prestation
« d’abomination » et fustige le caractère de Francis Ngannou. « J’ai eu des entretiens privés avec
lui, tout comme d’autres membres de l’organisation et l’ego de ce type était tellement
incontrôlable », tacle-t-il.

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Le visé a du mal à encaisser ces remarques. D’autant que Fernand Lopez partage cet avis. « Dana
White a dit que Francis Ngannou avait un problème d’ego. Et on m’a posé la question, j’ai répondu
que oui, il en avait un,  rappelle le coach dans un podcast du site La Sueur. Francis m’a alors
demandé : ‘Comment peux-tu soutenir ce que Dana dit par rapport à mon ego ?’ Je lui ai
répondu :  ‘Francis, être ton coach, signifie que je dois t’apporter la vérité. Tout le monde qui
t’entoure a peur de toi. Tout le monde veut être proche de toi, veut profiter de ta lumière, de ta
hype. Moi, je m’en fous. Si je sens que tu as un problème d’ego, je dis que tu as un problème
d’ego. Et c’est la vérité. Tu as un problème d’ego, tu deviens ton propre coach, tu deviens ton
propre manager.' ».

Guerre froide avec l’UFC

La collaboration entre les deux hommes cesse alors. Francis Ngannou part à Las Vegas,
rejoindre l’écurie Xtreme Couture. Sous la direction d’Eric Nicksick, l’Africain reprend son
ascension. L’Américain Curtis Blaydes ? Écrasé en 45 secondes, en novembre 2018. L’ancien
champion du monde Cain Velasquez ? Pulvérisé en 26 secondes, en février 2019. Le Brésilien
Junior Dos Santos, autre ancien roi des lourds ? Dominé en 71 secondes, en juin 2019. Le
Surinamien Jairzinho Rozenstruik ? KO au bout de 20 secondes, après une charge aussi rageuse
que désordonnée.

Nous sommes en mai 2020 et le colosse fulmine. Il attend en fait sa revanche face à Stipe Miocic
depuis plus de deux ans. Mais l’UFC s’est lancée dans une série de trois combats entre Miocic et
l’Américain Daniel Cormier, entre juillet 2018 et août 2020. « Le problème, c’est que l’UFC fait ce
qu’elle veut, déplore-t-il. Il n’y a pas de règles ou de justice. Toi, en tant qu’athlète, tu ne peux que
suivre ».

Le roi sans couronne enfin consacré


En coulisses, les relations entre le « roi sans couronne » et les dirigeants de l’Ultimate Fighting
Championship semblent glaciales. L’organisation ne peut toutefois plus lui refuser un deuxième
« title shot ». Le 27 mars 2021, Francis Ngannou s’impose avec brio. Il prend sa revanche sur
Miocic, sur l’UFC, sur son parcours.

En 2018, il assurait : « Je dis toujours que je n’ai pas eu l’occasion d’aller au bout de ma scolarité et
de faire de grandes études. Mais la vie s’est chargée de me préparer à vivre ce que je vis
actuellement. La vie m’a renversé, bousculé, pour me permettre de faire face aux situations les
plus extrêmes. Au point qu’aujourd’hui, je n’ai plus peur d’un obstacle.  »

Francis Ngannou, la cage est sa maison

Fuyant une existence miséreuse et rêvant sur le tard d’une carrière de boxeur, le Camerounais
Francis Ngannou s’est retrouvé SDF à Paris avant de trouver sa voie dans le MMA. Champion de
la catégorie poids lourds, il a atteint son paradis samedi à Las Vegas

Le MMA (Mixed Martial Arts) est le sport de combat qui englobe tous les autres. Petit à petit,
soumission après soumission, K.O. après K.O., cette discipline longtemps perçue comme barbare
prend l’ascendant sur toutes les autres. Dans la cage de l’octogone (la surface, grillagée, des
combats de MMA) comme sur tous les rings, tapis et tatamis, les poids lourds sont la catégorie
reine. Depuis samedi soir et sa victoire par K.O. au deuxième round sur l’Américain Stipe Miocic
pour le titre mondial de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), on est en droit de considérer le
Camerounais Francis Ngannou comme le meilleur combattant du monde.

Ce colosse (1 m 93, 113 kg) apparu sur le tard (il a déjà 34 ans) comptabilise 16 victoires, la
plupart expéditives, et trois défaites. Il est surnommé «Predator», ce qui ne correspond pas à sa
nature plutôt paisible au repos. Pour lui, le MMA est un moyen avant d’être une fin et il s’enquiert
toujours de la santé de son adversaire avant de fêter ses triomphes. Si Francis Ngannou est bien
un «Predator», c’est davantage en référence au film culte de John McTiernan (1987), dans lequel
une armée de gros bras (le catcheur Jesse Ventura, Arnold Schwarzenegger et Carl Weathers,
l'Apollo Creed des Rocky) se prennent une branlée dans la jungle par un guerrier doté d’une force
surhumaine et venu d’une autre planète.

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Francis Ngannou est bien ce combattant solitaire, issu de la planète misère et errant dans une
jungle qui s’appelle la vie. Lorsqu’il se prépare mentalement avant ses combats, il repense à ce
qu’il a vécu «et tout alors [lui] apparaît alors moins dur». Même s’il n’a débuté le MMA qu’en 2015,
à 29 ans, il constate: «J’ai été un combattant toute ma vie.»
La sienne débute en 1986 à Batié, un bourg de l’ouest du Cameroun, en pays bamiléké, sur la
route nationale qui relie Douala et Bafoussam. Batié est célèbre pour sa carrière de sable. «Je
sais où je suis né mais je ne pourrais pas dire où j’ai grandi», résume Francis Ngannou pour parler
de son enfance, interrompue à l’âge de 6 ans par le divorce de ses parents. Brinquebalé d’une
famille à l’autre, d’une école à l’autre, il voit le conflit de ses géniteurs dilapider le peu de fortune
familiale et ses maigres chances de réussite scolaire. Bien que doué à l’école, il commence à
travailler à 12 ans à la carrière de sable.

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Un corps sculpté à la barre à mine

Le travail, à la barre à mine, est exténuant en plus d’être dangereux. C’est en plantant sa tige de
fonte dans les flancs de la montagne rouge qu’il se sculpte une musculature de colosse. Plus
tard, il développe son explosivité et sa coordination en chargeant des ballots de vêtements de 55
kilos. A 22 ans, il a un corps d’athlète mais n’a jamais fait de sport de sa vie lorsqu’il entre dans
une salle de boxe. Il veut échapper à sa condition, s’inventer un avenir, lui qui se rêvait avocat ou
architecte. Ou Mike Tyson. Mais le noble art aussi nécessite de longues études. Il a la force, mais
pas la vitesse, ni la technique.

En 2012, à 26 ans, Francis Ngannou devient l’un de ces migrants anonymes qui risquent leur vie
pour traverser la Méditerranée. Un épisode sur lequel il se refuse à donner des détails. Il arrive à
Paris avec 100 euros en poche. Personne ne l’attend, il ne connaît personne, il n’a pas d’amis, pas
de papiers. Il dort dans la rue ou dans les parkings publics, est SDF, et trouve ça normal. «Je ne
m’attendais pas à autre chose, explique-t-il dans le documentaire que L’Equipe Explore lui
consacre en 2018. Beaucoup pensent que la France est un paradis, mais moi je savais que mon
paradis je devais me le construire.»

Porte de la Villette, son gabarit hors norme ne passe pas inaperçu. L’association d’aide aux sans-
abris La Chorba («la soupe») lui offre des repas, puis de les distribuer aux autres. Elle est située à
côté d’une salle de boxe, la MMA Factory. Francis Ngannou a 28 ans mais il rêve toujours de
forcer les portes de son paradis avec ses poings. A la salle, où il s’entraîne avec sa seule paire de
chaussures qu’il porte partout, ses lacunes techniques sont les mêmes qu’au Cameroun mais sa
force de frappe phénoménale impressionne. On lui conseille de s’orienter vers le MMA, ce qu’il
accepte en 2013, un peu contraint et forcé et après un détour infructueux par le pancrace.

Victoire expéditive à Genève

Les rudiments techniques acquis, il domine vite ses partenaires d’entraînement par son punch
hors norme. Le Predator est lâché. Il dispute son premier combat en novembre 2013, perd le
suivant un mois plus tard, puis enchaîne dix victoires qui le font grimper dans la hiérarchie et
connaître aux Etats-Unis. Son cinquième combat a lieu à Genève, le 20 septembre 2014 au
Théâtre du Léman, contre le Lausannois Luc Ngeleka, à qui il inflige une «guillotine debout»
(étranglement) après 44 secondes.
En janvier 2018, il obtient une première chance mondiale contre Stipe Miocic, qui fait durer le
combat et s’impose sur décision. Francis Ngannou se dit alors qu’il est souvent tombé mais qu’il
s’est toujours relevé. Il revient, plus fort, plus déterminé. «Dans la cage, je me sens chez moi.» Les
intrus sont vite expédiés. Ses quatre derniers combats avant sa revanche sur Stipe Miocic durent
44 secondes (Curtis Blaydes en septembre 2018), 26 secondes (Cain Velasquez en février 2019),
71 secondes (Junior Dos Santos en juin 2019), 20 secondes (Jairzinho Rozenstruik en mai 2020).

Batié est désormais célèbre pour Francis Ngannou, qui a fait fortune à Las Vegas et atteint son
paradis. Il est le Tyson du MMA. Avec, ironie de l’histoire, un style que Jon Jones, la légende de
l’octogone et possible prochain adversaire, juge trop inspiré de la boxe anglaise pour lui résister.

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