Vous êtes sur la page 1sur 22

- CHAPITRE I -

DEFINITION, HISTORY AND PRINCIPLES OF


ANESTHESIA

PLAN:
INTRODUCTION

Imaginez : vous n'êtes pas conscient, vous ne pouvez plus bouger, vous ne sentez plus rien...
Pourtant vous ne dormez pas et vous n'êtes pas mort. Vous êtes sous anesthésie générale. Le
chirurgien s'occupe de vous, mais vous ne souffrez pas. Malheureusement cela n'a pas
toujours été le cas. Il fut un temps où les opérations pouvaient être un vrai supplice. Retour
sur l'histoire de l'anesthésie

A- HISTOIRE DE L’ANESTHESIE

On prétend souvent que la première anesthésie de l’Histoire fut délivrée par Dieu à Adam.

( Alors l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit
une de ses côtes, et referma la chair à sa place).

Hérodote (484 - 432 av JC)

Les histoires de l’historien grec Hérodote d’halicarnasse furent écrites


entre 430 et 424 avant JC.
Le chanvre était cultivé et brûlé comme de l’encens dans des chambres closes. L’effet de
l’intoxication était l’oubli. D’après ces bases, il peut être établit que le chanvre fut le premier
anesthésique par inhalation. Autre technique supposée supprimer la douleur: les
« chirurgiens » assyriens asphyxiaient à moitié les enfants en les étranglant, avant de les
circoncire. Le geste est plus barbare que l’opération elle-même.

SUPPRIMER LA DOULEUR AVANT TOUT.

Discoride (40 - 90 av JC)

Il décrivit comment du vin issu de la mandragore pouvait induire une anesthésie, dans le
sens absence de sensation, des soldats allant subir une chirurgie ou une cautérisation de leur
blessure. Discoride avait néanmoins anticipé les recommandations linguistiques de Holmes
de quelques 1800 années.

L’utilisation simple ou combinée d’agents comme l’alcool éthylique, la mandragore, le


cannabis et l’opium pour diminuer la sensibilité était pratiquée dans l’antiquité.

Aulus Cornelius Celsus (25 av JC- 50 Ap JC)

Celse est un naturaliste encyclopédiste qui exerce la médecine à Rome au cours du Ier siècle.
Il se démarque de ses contemporains cultivés en écrivant non pas en langue grecque mais en
latin. C’est lui qui inaugure la terminologie scientifique latine.

Hua Tuo (110 - 207)


Médecin chinois à la fin de la dynastie des Han, il a la réputation de pratiquer la chirurgie
sous anesthésie générale en utilisant « une poudre narcotique mousseuse ». Rien ne définit
les constituants de la poudre: chanvre bouillit avec du vin, fleurs de datura ou rhododendron,
racine d’aconit ou de jasmin, ou bien un cocktail de tous?

Hua Tuo est probablement le premier à avoir inventé et utilisé l’anesthésie.

Pour réduire la douleur du patient durant l’opération, Hua Tuo essaya tout pour trouver une
herbe anesthésique. Un jour, alors qu’il était dans la montagne en train de cueillir des herbes,
il rencontra un bûcheron qui était gravement blessé. Le bûcheron attrapa deux feuilles, les
écrasa et les pressa contre sa blessure. Peu après, la douleur disparut. Hua Tuo était
agréablement surpris à la vue de l’herbe magique, et s’empressa de demander le nom de
l’herbe au bûcheron. Les feuilles appartenaient à une plante du nom de mandragore. Après de
nombreux essais, Huao Tuo produisit une fameuse anesthésie appelée " Ma Fei San ".

Galien (130 – 200 après JC)

la douleur est inutile à ceux qui souffrent.

Galien de Pergame était un médecin grec. Il passa quatre ans comme médecin à l’école des
gladiateurs, où sa place lui donna une grande expérience des traumatismes médicaux. Il
conseilla l’utilisation de la mandragore et de l’alcool avant toute chirurgie. Cette association
pouvait soulager la douleur. Mais il n’induisit pas l’insensibilité, sauf à employer de fortes
doses, risquant par la même, de tuer le patient. Galien découvrit que les veines et les artères
sont remplies de sang et pas d’air comme on le croyait communément. Malheureusement
Galien n’eut pas la notion de la circulation sanguine. Il croyait que le sang pouvait stagner
aux extrémités.

Saint Hilaire, évêque de Poitiers (315-367)

Exilé en Orient par l’empereur romain Constantin, décrivit les drogues comme « berçant
l’âme vers le sommeil ».mais si le dosage était inapproprié, l’âme pouvait ne pas se réveiller
dans ce monde…
Sextus Apulieus Barbarus, au 5e siècle, dressa une compilation médicale sous forme
d’herbier : Herbarius Apulei Platonici

dans laquelle il recommanda “à celui qui doit subir une amputation, ou une brûlure, laissez
le boire une demie mesure de vin. Il s’endormira et son membre pourra être coupé sans
douleur ni sensation. » Malheureusement les douleurs extrêmes tendent à exercer un effet de
sobriété.

Abu Ali al-Husain ibn Abdallah ibn Sina, dit : Avicenne (980 - 1037)

«  La médecine est l’art de conserver la santé et éventuellement, de guérir la maladie


survenue dans le corps. »

Fils d’un collecteur d’impôts, Avicenne était un médecin, philosophe, astronome et


mathématicien Perse, né dans l’actuel Ouzbékistan. Après une vie mouvementée qui
l’obligera à de fréquents voyages en Perse, en 1023 réfugié auprès de l’émir d’Ispahan, Ala
Eddin, il rédigera son plus fameux ouvrage parmi les 270 répertoriés : le "Kitab Al Qanum fi
Al-Tibb" ("Canon de la médecine"), compilation en cinq livres de tout le savoir médical de
l’époque.

Raymundus Lullius (1232 - 1315)

Lullius, connu aussi sous le nom de Raymond Lull, était un génie à multiples facettes. C’était
un poète catalan, nouvelliste, théologien, inventeur, écrivain médical, marin, missionnaire, et
aurait peut-être découvert en 1275 le "doux vitriol ": l’éther.
Toutefois, aucune description n’est retrouvée dans ses travaux existants. L’éther semblerait
avoir été synthétisé par Jebbar, savant arabe au VIIIème siècle.

Arnaud de Vileneuve (1238 - 1310)

Au 13e siècle, un médecin, alchimiste, astrologue et magicien, Arnaud de Villeneuve faisait


des recherches sur un anesthésiant efficace. Dans un de ses ouvrages, une variété de potions
étaient enseignées ainsi que différentes méthodes d’administration afin de rendre le patient
« si insensible à la douleur, qu’il puisse se couper et ne rien sentir, comme s’il était mort » .
Dans cette intention, un mélange de mandragore, d’opium et de jusquiame noire était utilisé.
Cette méthode était similaire à l’inhalation d’éponge soporifique décrite vers 1200 par
Nicolas de Salerne, et que l’on retrouve ça et là, dans diverses sources du 9e au 14e siècle.
La recette de de Villeneuve fut modifiée par un frère dominicain, Théodore de Lucce,
(1210-1298), qui ajouta du jus de laitue, de lierre, de mûres, d’oseilles et de ciguë. De cette
nouvelle décoction, une nouvelle éponge soporifique fut bouillie et réduite en poudre. En cas
de besoin, la tisane était versée dans de l’eau bouillante et appliquée dans les narines des
affligés.

D’autres techniques pour supprimer la douleur eurent la vie longue.


La saignée relève indubitablement de la douleur, car elle était utilisée de façon dangereuse et
souvent avec une issue fatale, souvent car les malades étaient en hypovolémie ou en anémie.

Avant l’invention de la suture par Ambroise Paré (1510-1590),

un chirurgien français des armées royales , les « patients » ayant recours à la chirurgie
mourraient, soit à cause de leurs blessures, soit à cause de la méthode pour fermer leur
blessure. La technique employée habituellement imposait la cautérisation par l’application
d’huile chaude ou de fers chauds.

Pour fermer les vaisseaux après amputation, le moignon sanglant pouvait être plongé dans de
la poix bouillante. Celui qui ne s’évanouissait pas de douleur, ou n’était pas saisi d’un
infarctus de stress, pouvait espérer reprendre vie peu à peu…

Points de saignée. Hans von Gersdorff, "Feldbuch der Wundarznei", 1517.


La base théorique de la saignée était la tradition de la psychologie et de la physiologie
des humeurs. Elle date de Galien de Pergame. La pratique de ce procédé fut poursuivit par les
chirurgiens barbiers et les chirurgiens jusqu’au 19e siècle.

Valerius Cordus (1515 - 1554)

La synthèse de l’éther a été décrite en 1540 par un disciple de Paracelse, un pharmacien et


botaniste allemand : Valerius Cordus. Il nomma l’éther « la douce huile de vitriol » le terme
éther était communément utilisé en référence à un composé spécifique le diéthyl éther
(CH3CH2OCH2CH3 ) connu aussi sous le nom d’ethoxyethane. Il fallait dulcifier l’acide du
vitriol (H2SO4) ou l’acide muriatique et oxygéné par l’esprit de vin (alcool) pour produire le
vitriol doux. Celui ci avait la propriété d’assoupir les poules.

L’éther sous forme liquide se vaporise facilement dans une pièce tempérée. Ainsi il peut être
inhalé ou avalé.
Le terme « éther » est aussi utilisé dans la chimie organique, où un éther est un groupe
fonctionnel qui résulte de la condensation d’alcools. Ce sont des composés organiques
contenant un atome d’oxygène accolé à deux groupes d’hydrocarbone.

Thomas Bartholin (1616 - 1680)


D’origine Danoise, Thomas Bartholin était un médecin, anatomiste, naturaliste, physiologiste
et mathématicien. En 1652, il donna la première description totale du système lymphatique. Il
décrivit aussi l’utilisation du froid pour l’anesthésie.

Un mélange de neige et de glace fut décrite par l’italien Marco Aurelio Severino (1580-
1656) dans De Novis Usa Medico (1646).

Bien plus tard, au début du 19 e siècle, Dominique Larrey,

chirurgien de Napoléon, observera que les amputations sur des membres froids, sur les
champs de batailles, ne causaient aucune douleur. Quarante ans plus tard, des solutions
salines glacées furent utilisées dans les premières cryochirurgie pour retirer les tumeurs
accessibles et supprimer la douleur.

Chistopher Wren (1632 - 1723)


Sir Christopher Wren était un astronome, mathématicien, et architecte anglais
Il est célèbre pour avoir conçu la Cathédrale Saint Paul après le grand incendie de Londres en
1666. En 1665, Wren administra une injection intraveineuse d’une teinture d’opium à un
chien par une vessie attachée à une plume affûtée.
Wren expérimenta également la transfusion sur des chiens. Cependant il faudra attendre Karl
Landsteiner (1868–1943), médecin immunologiste autrichien, naturalisé américain, et son
système ABO des groupes sanguins, pour que la transfusion devienne sûre.

Friedrich Hoffmann (1660 - 1742)

Friedrich Hoffmann était un médecin allemand. Professeur de médecine et auteur de


Dissertation de Potentia Diaboli un traité sur la sorcellerie.
Il introduisit l’éther dans la pharmacopée sous le nom “ Hoffman’s anodin”. Son médicament
était un compose de vapeur d’éther et d’alcool éthylique. Il traitait les crampes intestinales,
les maux d’oreilles, les rages de dents, les calculs rénaux et biliaires, les douleurs
menstruelles et bien d’autres choses par ailleurs.

Antoine Laurent de Lavoisier (1743 - 1794)


Il a énoncé la première version de la loi de conservation de la matière, baptisé l’oxygène et
participé à la réforme de la nomenclature chimique. Il est souvent considéré comme le père
de la chimie moderne.

Il effectue les grands travaux fondamentaux sur l’oxygène, il met en évidence l’absorption du
gaz carbonique par la potasse en réalisant avec de la chaux sodée le premier circuit fermé à
titre expérimental, mais très loin encore du cadre de l’anesthésie générale.

Seishu Hanaoka (1760 - 1835)

Médecin japonais, Seishu Hanaoka fut le père de l’anesthésie. Il développa et utilisa un


anesthésique général oral, une décoction d’herbes, connue sous le nom « Tsusensan ».
Hanaoka opéra avec succès plus de 150 patients.

Cependant d’autres savants ont su trouver des molécules nouvelles.

Joseph Priestley (1733-1804)

Pasteur anglais exerçant à Leeds, ville du comté du West Yorkshire, dans le Nord de
l’Angleterre. Philosophe et adepte de chimie, il réussit à isoler le gaz carbonique, puis
l’oxygène de l’air. Aidé dans ses recherches, par le comte de Shelburne, il parvint à produire
de l’oxyde d’azote pur, puis le oxyde nitreux (NO) qui allait rapidement être surnommé gaz
hilarant. 
Mais, toutes ces expériences chimiques dans les caves du château ne sont pas du goût de ses
concitoyens qui l’accuse rapidement de sorcellerie.

Il meurt à l’age de 71 ans, sans avoir pu appliquer les vertus anesthésiques de sa découverte
chez l’homme.

Humphrey Davy (1778-1829)

Ce jeune apprenti pharmacien reprend les travaux de Priestley sur le oxyde nitreux (NO). Il
met au point un ballonnet de soie, muni d’une tubulure, pour en faciliter l’usage. Il émet
l’hypothèse d’utiliser ce gaz pour lutter contre la douleur chirurgicale, mais son idée n’est pas
retenue.

Michael Faraday (1791-1867)

En 1818, ce jeune préparateur en pharmacie découvre les pouvoirs narcotiques des vapeurs
d’éther. Membre d’une église presbytérienne prônant que le monde du Christ n’était que
spirituel, il fut aussi un des plus grands scientifique expérimental.

Il découvrit l’induction électromagnétique, la batterie et la dynamo. Il fut le pionner des


travaux électrochimique, il isola le benzène et produisit l’aluminium par électrolyse. Il
construisit le premier moteur électrique et le premier générateur et transformateur.
Il connut l’oxyde nitreux (NO) par son mentor Humphrey Davy. Faraday reconnu que
l’inhalation d’oxyde nitreux ou de vapeurs d’éther, en dépit de leur différence chimique,
exerçaient des effets similaires sur la conscience.

Henry Hill Hickman (1801-1830)

Jeune médecin, il va se consacrer à l’étude expérimentale rigoureuse de ces différents gaz sur
l’animal. Il va alors décrire" un état d’animation suspendue", permettant d’opérer des
animaux sans aucune douleur.

Crawford Williamson Long (1815-1878)

On peut sans doute déclarer que le véritable premier anesthésiste fut ce médecin américain.

Long était un jeune diplômé de 27 ans, quand il nota que les utilisateurs d’éther ne sentaient
aucune douleur des blessures qu’ils se faisaient durant leurs « voyage ». Il en conclu que ceci
pouvait être transposé pour supprimer la douleur chirurgicale.

Malheureusement, il ne parle pas officiellement de son intervention et de son nouveau


concept, qui tombe dans l’oubli. Il publiera un article en 1849 : An account of the first use of
sulphuric ether by inhalations as an anesthetic in surgical operations. Southern Medical and
Surgical Journal 1849 ; 6 : 705-713

Horace Wells (1815-1848)


Horace Wells né en 1815 à Hartford comprit aussitôt que le protoxyde d’azote était la raison
de cette absence de réaction à la douleur. Pour vérifier cette assertion, il se fit extraire, dès le
lendemain, une molaire en train de se gâter par son ancien élève Riggs tandis que Colton lui
administrait le gaz, le fameux oxyde nitreux (NO) stocké dans un ballon de soie muni d’un
embout. C’est un franc succès, Wells n’a rien senti.

Après ces premières expériences, couronnées de succès, il se rendit à Boston où il rencontra


le Pr Warren, chirurgien du Massachusetts General Hospital. Ce dernier le présenta à ses
étudiants et lui demanda de faire une démonstration d’extraction dentaire sous anesthésie sur
l’un d’eux. La séance se déroula le 20 janvier 1845 et Wells demanda à son auditoire si
quelqu’un avait besoin de se faire extraire une dent. Un élève leva la main et après l’avoir
examiné, Wells commença sa démonstration. Mais suite à une mauvaise administration du
gaz (due vraisemblablement à un défaut matériel), l’étudiant se plaignit d’avoir très mal et les
autres étudiants se mirent à huer Wells et à hurler que tout cela n’était qu’une farce.

Cette expérience désastreuse marqua un sérieux coup d’arrêt dans l’utilisation du protoxyde
d’azote en anesthésie et discrédita même Wells aux yeux de la communauté médicale.

En 1847, sa mauvaise santé obligea Wells à suspendre ses activités professionnelles et à se


reconvertir en marchand de tableaux, activité qui l’emmena en Europe, notamment à Paris
qui était alors la Mecque de la médecine. Là, il fit la connaissance de son compatriote
Brewster, dentiste de la famille royale, qui l’introduisit auprès des deux Académies. Les
lettres annonçant des preuves établissant sa priorité non seulement dans l’inhalation de l’éther
ou du protoxyde d’azote « mais dans le principe même qui établit la possibilité de la
production de l’état d’insensibilité…» furent lues en février et mars 1847, en plein débat sur
l’éthérisation. Mais l’Académie des Sciences avait déjà donné la priorité aux travaux sur
l’anesthésie de Jackson et Morton. Rentré dépressif à Hartford, Horace Wells ne rouvrit pas
son cabinet, vivant chichement du produit de ses conférences sur l’ornithologie. Lorsque le
chloroforme fut révélé par Simpson comme un anesthésique de valeur, Wells chercha à
l’essayer sur lui-même. Funeste idée ! Il tomba rapidement dans la dépendance et le 21
janvier 1848, en plein délire, attaqua deux prostituées sur lesquelles il jeta de l’acide
sulfurique. Arrêté, il mit fin à ses jours le 24 janvier en se tranchant l’artère fémorale, laissant
une lettre pour expliquer son geste :

«   Je reprends la plume pour finir ce que j’ai à dire. Grand Dieu ! comment en suis-je arrivé
là ? Tout cela ne serait qu’un songe ? Avant minuit, j’aurais payé ma dette à la nature, et il
le faut  ; car, quand je sortirais libre demain ; je ne pourrais vivre en m’entendant appeler
un malhonnête homme. Et Dieu sait que je ne le suis pas. Ah ! ma chère mère, mon frère, ma
sœur que vous dirais-je ? Mon désespoir ne me permet que de vous dire adieu. Je vais
mourir ce soir avec la conviction que Dieu qui connaît tous les cœurs, me pardonnera cet
acte terrible. Je vais passer en prière ce qui me reste de temps à vivre. Quel malheur pour
ma famille ! Et ce qui me cause le plus d’angoisses, c’est de voir mon nom se rattacher à une
découverte scientifique qui l’a rendu familier à tout le monde savant. Et maintenant que je
puis encore tenir ma plume, il faut que je leur dise adieu à tous ! Oh ! mon Dieu pardonnez-
moi  ! Oh ! ma chère femme et mon enfant, que je laisse sans moyen d’existence, je voudrais
vivre et travailler pour vous  ; mais je ne le puis, je deviendrais fou ! Je me suis procuré
l’instrument de ma destruction lorsque la personne chargée de me garder m’a permis hier de
monter dans ma chambre. »

Bien plus tard, la France honorera Wells en reconnaissant son antériorité dans la découverte
de l’anesthésie chirurgicale et une statue fut érigée au 1 Square des Etats-Unis à Paris. Sur le
socle, on peut lire : « Au dentiste Horace Wells. Novateur de l’anesthésie chirurgicale ».

John Collins Warren (1778 -1856)

Officiant à Boston, il fut l’un des chirurgiens les plus reconnus du 19e siècle, et le premier à
montrer l’intérêt de l’anesthésie en chirurgie. 

Warren et l’anesthésie
Warren fut impliqué deux fois dans l’aube de l’histoire de l’anesthésie. Le premier incident
fut une démonstration ratée de l’oxyde nitreux (NO) par le dentiste Horace Wells le 20
Janvier 1845. Bien que le Dr. Warren ne croyait pas que cette anesthésie marcherait, il
organisa cette démonstration au Massachusetts General Hospital.

Warren présenta Wells à ses étudiants, mais le patient dont l’amputation avait été
programmée le matin, refusa d’être opéré. Warren demanda alors à ses étudiants si l’un
d’entre eux avait besoin d’une extraction dentaire, et l’un des étudiants accepta de se prêter à
l’expérience.

Malheureusement, le gaz ne fut pas administré proprement et l’on déplora un niveau de


douleur normal pour ce genre d’opération, ce qui discrédita la thèse de Wells sur l’oxyde
nitrique comme anesthésique.

Conscient de l’importance de la démonstration, le Dr. Warren invita le photographe Josiah


Johnson Hawes, de Southwork & Hawes, à immortaliser l’acte chirurgical. Le Dr. Warren
compris rapidement les avantages remarquables offerts par l’éther dans les procédures
chirurgicales, et devint un chantre de la cause de "l’étherisation" à travers ses travaux et
publications.

Une ère nouvelle s’ouvrait. Warren était réputé et une des figures les plus respectée de la
médecine. Sans sa bonne volonté à vouloir essayer de nouvelles procédures en public, la
révolution de l’anesthésie aurait pu être retardée durant des années.

Le 7 décembre, Gilbert Abbott quittait l’hôpital sain et sauf, 52 jours plus tard.

Henry J. Bigelow (1818 - 1890)


Henry Bigelow détestait toute forme de souffrance. Bigelow nota que la mandragore,
l’opium et le chanvre donnaient une insensibilité partielle, limitée et dangereuse. L’éther
n’était pas parfait, mais il était suffisamment bon pour entraîner la révolution de l’anesthésie.

William Thomas Green Morton (1819-1868)

Morton, vendeur, employé, imprimeur à Boston rejoint en 1840 le Collège de chirurgie


dentaire de Baltimore. Morton continua sa pratique dentaire pour financer ses études
médicales.

Mais à son grand étonnement, l’assistance pu constater que l’intervention se déroula à


merveille. D’habitude les opérations se déroulaient dans les cris, les gémissements et le sang.
Ici ce fut le silence. Edward Gilbert Abbott, cinquante deux ans, respira dans le Letheon,
s’endormit, et resta anesthésié durant le temps de l’ablation de la tumeur vasculaire que fit
Warren.
Morton a baptisé son inhalateur d’éther "le Letheon".

Ses multiples tentatives pour faire reconnaître l’invention comme sienne, eurent raison de lui.
Il mourra à l’âge de 48 ans d’une congestion cérébrale. Il ne put jamais faire breveter son
invention et ses rêves de fortune partirent dans une brume évanescente.

Charles Jackson (1805 - 1880)

Chimiste réputé, Jackson est une personnalité importante de Boston. Il connait bien les effets
de l’éther, notamment de l’éther sulfurique pur. Il conseille Morton pour la fabrication d’un
appareil destiné à faire inhaler le gaz miraculeux.

Fils d’un marchand influent de Plymouth, Jackson étudia la médecine à Harvard et la


géologie à Paris. Quand il rencontra Samuel Morse sur un bateau 1832, Jackson expliqua le
principe du télégraphe, comme il l’appellera plus tard. De retour à boston, Jackson installa
son propre cabinet. Mais il abandonna en 1836 pour établir un laboratoire privé dédié à
l’analyse chimique.

En 1861, Jackson a édité un manuel d’Etherisation. Par ce biais, il ne clamait pas seulement
qu’il avait instruit Morton sur les propriétés anesthésiques de l’éther, mais qu’il avait utilisé
Morton pour mettre en scène la démonstration célèbre à l’hôpital général du Massachusetts
au nom de son professeur illustre.

John Snow (1813 - 1858)


Afin de mieux contrôler la profondeur de l’anesthésie, John Snow invente un vaporisateur
avec lequel la proportion de vapeur délivrée est fonction de la température de l’air.

Il invente également un masque muni d’une valve qui permet l’administration d’air
additionnel lorsque l’anesthésie doit être allégée.

John Snow poursuivra sa carrière d’anesthésiste en pratiquant plus de 5000 anesthésies au


chloroforme sans accident.Il se fera connaître du public en administrant le chloroforme à la
reine Victoria en 1853 lors de son accouchement du prince Léopold.

La reine Victoria (1819, règne 1839 - 1901)

" Docteur Snow donna ce chloroforme béni, avec ses effets apaisant, tranquillisant et
absolument délicieux."

La reine et le prince consort Albert, montrèrent un intérêt pour le chloroforme en 1848.

Joseph Clover (1825 – 1882)


En 1862 un anesthésiste John Clover développa le premier appareil pour délivrer le
chloroforme en concentration contrôlée. Il inventa un inhalateur régulateur d’éther portable
en 1877. Il administra le chloroforme et l’éther à plusieurs milliers de patients. Un seul
succomba du fait de l’anesthésie.

Nous citerons Louis Ombredanne, chirurgien à Paris (Hôpital Necker), dont le dispositif


inhalatoire créé en 1908, sera largement utilisé jusqu’en 1960 environ.

Etherisation (Louis Figuier 1868)

Les premières tentatives d’anesthésie intraveineuse semblent dater de 1872, par le précurseur
de l’anesthésie intraveineuse, Cyprien Oré (1828 — 1889) chirurgien bordelais qui a pratiqué
l’injection intraveineuse de chloral.

L’Evipan fut le premier barbiturique intraveineux d’utilisation modeste, qui fut supplanté en
France après la guerre, par un autre barbiturique à action rapide, le thiopental utilisé pour la
première fois en 1934 par l’anesthésiste américain Lundy. Il est très largement utilisé par
l’armée américaine durant le second conflit mondial.
L’anesthésie par inhalation est l’autre façon d’endormir les patients :
Toutefois, le risque de syncope mortelle avec le chloroforme se confirme dès 1848, et on
l’abandonne au profit de l’éther, qui cède la place au protoxyde d’azote.
Puis un composé fluoré, l’halothane, est synthétisé : il allait devenir l’anesthésique par
inhalation le plus utilisé au monde dans les années 1980.

• 1965 Stovner : Valium

• 1967 Virtue : Ketamine

• 1973 Doenicke : Etomidate

• 1977 Glenn, Rolly : Propofol

Les morphiniques :
• Nubain 1968

• Temgésic 1968

• Fentanyl 1972

• Alfentanyl 1984

• Sufentanyl 1992

• Remifentanyl 1994

L’anesthésie par inhalation bénéficie de l’arrivée en 1956 de l’halothane du laboratoire


anglais ICI, best seller de l’anesthésie dans le monde anglo saxon.

• Le Forène 1965

• Le Desflurane 1960 mais commercialisé plus de 20 ans plus tard AMM 1996

• Le Sevorane 1981 AMM 1994


Les respirateurs d’anesthésie et de réanimation bénéficient d’innovations technologiques
depuis 1952, avec l’arrivée de l’Angström 150 dont la mise au point est achevée pendant la
grave épidémie de poliomyélite qui touche l’Europe du Nord.

 Le RPR et le le Bird Mark 7 sont commercialisés en 1955,

 le Fabius de Dräger en 1956,

 le Servo Ventilator 900 de Siemens en 1971,

 le Julian en 1996 et le Zeus de Dräger en 2009.


La sécurité en anesthésie a fait des progrès énormes. Les accidents d’anesthésie aux
conséquences médiatiques et judiciaires quelquefois retentissantes vont modifier
profondément les règles de bonnes pratiques.

Le monitorage se développe de façon intense.

 1950: Elam et Liston (monitoring du CO2 expiré) par absorption de l’infra rouge. 
 1953: Faulconer le premier à utiliser le spectromètre de masse en salle d’opération.  
 1955: Satomura introduit l’effet doppler dans l’exploration cardiovasculaire

1959: Holter met au point sa technique d’enregistrement continu, ambulatoire et prolongé de


l’ECG. 
 1960: Shaw développe un oxymètre d’oreille qui sera commercialisé par HP 
 1969: 2 compagnies fabriquent des analyseurs de FiO2 pour machines d’anesthésie 
 1975 : Nakajima teste l’oxymètre pulsé développé par Minolta. Développement de la SpO2

 1976 : Picard, Choffat, Bourson : informatisation de la feuille d’anesthésie  


 1990 : commercialisation du BIS pour analyse de la profondeur d’anesthésie

B- DEFINITION DES TERMES

Le terme anesthésie provient des racines grecques an (priver) et aïsthêsis (sensibilité),


Aucune structure cérébrale ne centralise la totalité des principes fondamentaux de
l’anesthésie (hypnose, amnésie, anxiolyse, analgésie et myorelaxation). On pense
actuellement que les structures télencéphaliques et diencéphaliques sont impliquées dans
la perte de conscience, l’amnésie et l’anxiolyse; tandis que la moelle épinière et le tronc
cerebral contrôlent plutôt les composantes analgésiques, motrices et végétatives.
- Anesthésie: Perte de sensibilité et/ou de la conscience permettant la réalisation d’un
acte diagnostique ou thérapeutique douloureux. C’est une privation partielle ou totale
de la sensibilité du corps à la douleur, chaleur, au toucher.
- Anesthésie générale: Acte qui induit un état comparable à un sommeil profond par
injection de médicaments et/ou par inhalation de gaz.
- Anesthésie loco-Régionale: Perte de sensibilité sans perte de la conscience
permettant la réalisation d’un acte diagnostique ou thérapeutique douloureux.
- Anesthésie locale: Perte de sensibilité sans perte de la conscience permettant la
réalisation d’un acte thérapeutique douloureux.
La réversibilité de tout acte anesthésique demeure primordial.

C- PRINCIPES DE L’ANESTHESIE

1 - Anesthésie générale

- Analgésie: Suppression de la sensibilité douloureuse (morphiniques)


- Narcose: Suppression de la conscience (narcotiques intraveineux et inhalatoires)
- Myorelaxation: Suppression de la mobilité (curares)

2 - Anesthésie loco-régionale: Suppression loco-régionale de la sensibilité douloureuse et


de la motricité.

3 - Anesthésie locale: Suppression locale de la sensibilité

CONCLUSION

Sécurité, confort et surtout zéro douleur... Des conditions optimales qui n'ont pas toujours
existé. Dans l'Antiquité, pour soulager un patient lors d'une chirurgie, on utilise surtout
des plantes : pavot, mandragore, cannabis… Présentées sous forme de décoction, leur
efficacité etait très relative et les accidents nombreux.

L’aneshésie est une procédure médicale dont le concept repose sur le confort du patient et du
chirurgien. Sa pratique et surtout sa maîtrise repose sur la connaissance de la physiologie, de
l’anatomie et de la pharmacoanesthésiologie.

Réputée pour son exigence technique, l’anesthésie reste et sera toujours une activité à risque.
Les progrès actuels et futurs aideront sans doute à accroître la sécurité anesthésique.

Vous aimerez peut-être aussi