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d’un siècle et demi après, lorsque débute le règne d’Alexis Ier Com-
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nène, un tel texte n’est sans doute pas oublié, mais le contexte n’est
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plus identique. D’une part, l’Empire est alors sur la défensive face
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aux Turcs et aux Normands et, d’autre part, le Grand Palais cesse
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Les gestes à la cour • SISMEL - Edizioni del Galluzzo, 2022, pp. 113-133
(ISSN 1123-2560 • ISBN 978-88-9290-128-5 © SISMEL - Edizioni del Galluzzo)
NICOLAS DROCOURT
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accueilli doit l’effectuer, une fois entré, avec l’aide des deux officiels
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bant à terre (πίπτει ἐπ᾽ ἐδάφους). La précision est de taille car une
qui l’encadrent. Il précise du reste que ce geste doit se faire en tom-
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s’incline.
Ces quatre aspects, sommairement présentés, composent une
grammaire basique des gestes et attitudes des deux parties en pré-
sence, du moins au moment de leur première rencontre. Elle est une
grille de lecture possible pour l’époque des Comnènes dont la
diplomatie fut active 9. Certes, si un Livre des cérémonies fait défaut
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nos, Belfast 1996, 68-132; A.Ş. Anca, Herrschaftliche Repräsentation und kaiserliches
Selbstverständnis. Berührung der westlichen mit der byzantinischen Welt in der Zeit
der ersten Kreuzzüge, Münster 2010; P. Magdalino, The Empire of Manuel I Kom-
nenos, 1143-1180, Cambridge 1993.
10. Thèse désormais publiée: M. M. Vučetic´, Zusammenkünfte byzantinischer
Kaiser mit fremdem Herrschern (395-1204). Vorbereitung, Gestaltung, Funktionen,
Berlin 2021, 2 vol.; voir en particulier le tableau récapitulatif et chronologique,
vol. II, 3-7. Je remercie M. M. Vučetic´ de m’en avoir transmis les épreuves.
11. Cf. N. Drocourt, «L’activité diplomatique pendant les campagnes mili-
taires de l’empereur byzantin (Xe-XIIe siècle)», in Guerre et Paix dans le Proche
Orient médiéval (X e-XV e s.), Le Caire 2019, 165-88.
12. E. Malamut, «La tente impériale à Byzance: une cour ambulante (IVe-
XIIe siècle)», in Dynamiques sociales au Moyen Âge en Occident et en Orient, Aix-
en-Provence 2010, 65-88; M. Mullett, «Tented Ceremony: ephemeral Perfor-
mances under the Komnenoi», in Court Ceremonies and Rituals of Power in
Byzantium and the Medieval Mediterranean. Comparative Perspectives, Leyde-
Boston 2013, 487-513.
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est alors conclu entre les deux souverains, connaît un témoin remar-
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13. Les gestes associés à la remise des dons ne seront pas étudiés en tant que
tels, ni d’autres gestes à d’autres moments du séjour des hôtes officiels auprès
des empereurs.
14. Malamut, Alexis I er, 397-422.
15. Anne Comnène, Alexiade, éd. B. Leib, Paris 1967, XIII, IX, 4, t. III, 119.
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Rabaisser son hôte, d’autant plus lorsqu’il est investi d’un pouvoir
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sur tous les hommes de leur temps 19. Il semblerait que cette question
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«estrade magnifique» fut édifiée sur laquelle fut installé un siège «très
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dignitaires»: la cour est donc bien présente avec ces derniers, et leur
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d’avoir gain de cause car son hôte officiel «finit par s’asseoir sur un
siège bas et près de terre» 23. On comprend mieux, par cette dernière
précision, la réticence du sultan: il lui fallait s’asseoir, siéger ainsi en
position d’inférieur face à l’empereur, son supérieur dans tous les
aspects de leur relation. Une manière d’humiliation qui a donc sus-
cité une résistance, mais cette opposition ne semble pas avoir modi-
fié le choix impérial.
Un choix tactique, au sens étymologique du terme là encore, que
l’on retrouve pour un autre invité officiel et hôte de marque
accueilli à la cour de Manuel Ier: le roi de France, Louis VII 24. Lors
de sa venue dans l’Empire, à l’occasion de la seconde croisade, les
plus grands honneurs lui furent rendus lorsqu’il pénétra dans
Constantinople. Une escorte des hauts dignitaires et des fonction-
naires les plus importants l’a ainsi conduit jusqu’au palais impérial,
d’après le même chroniqueur grec. Ce dernier ajoute qu’au palais «le
basileus occupait un trône élevé» alors qu’au roi des «Germains»,
Louis VII, «on apporta un siège bas qu’on appelle sella sur lequel il
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s’assit» 25. Du côté latin, le célèbre Eudes de Deuil tait cet aspect de
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souverains, signe manifeste que cet équilibre des dignités pèse: à part
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les vêtements et les habitudes, ils étaient tous les deux de même
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taille et sans doute de même âge, assure Eudes 26. Il faut souligner
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à celles occupées par Manuel Ier et Amaury Ier lorsque ce dernier est
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23. Jean Kinnamos, Historiae, éd. A. Meinecke, Bonn 1836, 205-6; Jean Kin-
namos, Chronique, trad. J. Rosenblum, Nice 1972, 136-37; Vučetic´, «Das Abkom-
men», 183.
24. Voir, plus largement, les exemples rassemblés par Treitinger, Die oströmi-
sche Kaiser, 94-95.
25. Jean Kinnamos, 82-83, trad. Rosenblum, 64. Anca, Herrschaftliche Reprä-
sentation, 67-68.
26. Eudes de Deuil, De Ludovici VII profectione in orientem, éd. H. Waquet,
Paris 1949, III, 44: «erant fere coevi et coequales, solis moribus et vestitu dissimiles».
27. Guillaume de Tyr, Chronicon, éd. R. B. C. Huygens, Turnhout 1986, XX,
23, 943-44.
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Notons enfin, que cette proskynèse semble plus avoir gêné les
princes et souverains latins, plusieurs fois accueillis par les basileis,
que d’autres souverains, notamment issus des terres d’Islam. Nous
manquons il est vrai de textes et d’un nombre d’exemples suffisants
de ce côté oriental des relations de la cour impériale, comparés aux
cas multiples enregistrés pour les contacts avec les souverains occi-
dentaux. Deux exemples semblent toutefois significatifs car ils tou-
chent à cette question délicate de la prosternation, quoiqu’il ne faille
pas non plus les sur-interpréter. En 1116 tout d’abord, Alexis Ier ren-
contre le sultan turc d’Ikonium au cœur de l’Asie mineure, entre
Akroinon et Augoustopolis précisément, et les deux hommes
concluent alors un traité de paix. Anne Comnène assure que les
«satrapes» qui accompagnaient alors le sultan, ses principaux chefs
choix, un cheval de prix, puis de lui donner son manteau 28. La suite
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raissent avec la nature précise des stations des hôtes en question. Être
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Xe siècle, l’empereur est a priori bien assis sur son trône lors de ces
rencontres, qu’elles se tiennent à la cour ou dans la tente impériale,
comme c’est le cas en septembre 1108 avec Bohémond. Même si
Alexis Ier tend la main à ce dernier – ce qui avait aussi été demandé
par le Normand avant l’entrevue – il semble bien que le basileus soit
resté assis pour accueillir son rival, puis le placer du reste près du
trône impérial 32. Lors des entrevues en contexte militaire, en dehors
du palais, si l’empereur n’est pas dans sa tente, il est assis sur son
cheval, ce dont témoigne la rencontre avec le sultan turc en 1116, et
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solennelle, mais pour des réelles tractations, il peut être présenté assis
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sur son trône, ainsi lorsqu’il converse avec Bohémond lors de son
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est jugée «excessive» et n’est pas acceptée 38. C’est le contraire pour
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36. Ibid., X, X, 6, t. II, 229; Treitinger, Die oströmische Kaiser, 95, n. 248; M.
Carrier, L’autre chrétien pendant les croisades: les Byzantins vus par les chroniqueurs
du monde latin (1096-1261), Saarbrücke 2012, 125, 150 et 192.
37. Albert of Aachen, Historia Ierosolimitana. History of the Journey to Jerusa-
lem, edited and translated by Susan B. Edgington, Oxford 2007, II, 16, 84-85.
Albert précise aussi qu’un certain ordre fut respecté, car chacun fut embrassé
selon son rang (osculatis denique omnibus ex ordine) – la taxis trouve ici valeur de
confirmation, d’autant plus remarquable que le témoignage est latin.
38. Anne Comnène, Alexiade, XIII, IX, 7, t. III, 119.
39. Guillaume de Tyr, XX, 23, 943, et pour ce qui suit. Je reprends la traduc-
tion de Monique Zerner dans Croisades et pèlerinages. Récits, chroniques et voyage
en Terre sainte XII e-XVI e siècle, éd. D. Régnier-Bohler, Paris 1997, 684-85.
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tion fut l’objet des pires brimades à la cour d’Isaac II Ange. Envoyés
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vers ce dernier vers le mois de juin 1189 dans le but de lui annoncer
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mal reçus car bien des inimitiés étaient apparues sur la route entre
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la cour d’Isaac II, celles qui sont décrites par Nicétas Choniatès méri-
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tent attention – sans doute moins partisanes que les sources latines
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40. Voir les exemples rassemblés par Drocourt, Diplomatie, 649 et s. Pour des
cas du XIe siècle antérieurs aux Comnènes et l’enjeu de leur mise en récit, voir
aussi T. Hoffmann, «Von verlorenen Hufeisen und brennenden Nüssen – Über
Konflikte im Rahmen des “diplomatischen” Zeremoniells des byzantinischen
Kaiserhofes», in Transcultural Approaches to the Concept of Imperial Rule in the
Middle Ages, éd. C. Scholl, T. R. Gebhardt et J. Clauss, Francfort-sur-le-Main
2017, 221-44, ici 224-25 et 234-35.
41. Sur le contexte: C. M. Brand, Byzantium Confronts the West, 1180-1204,
Cambridge Ma 1968, 176 et s.
42. Voir ainsi les relectures de S. Neocleous, «Byzantine-Muslim Conspira-
cies against the Crusades: History and Myth», Journal of Medieval History, 36
(2010), 253-74, ici 267-68.
43. Nicetae Choniatae Historia, éd. J.-L. van Dieten, Berlin, 1975, 402-3.
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leus n’aurait même pas daigné leur offrir des sièges. Le chroniqueur
grec précise que cette attitude impériale byzantine revint aux oreilles
de Frédéric Ier. Ce choix est bien sûr humiliant pour ces ambassa-
deurs, les ravalant à de simples sujets de l’empereur byzantin. En
aucun cas, ajoute-t-il, leur rang d’évêques, de comtes, ni leur statut
de proches de Frédéric Ier n’aurait donc été pris en compte 44. Ces
faits et gestes vexèrent considérablement l’empereur germanique 45.
Mais cette affaire ne s’arrête pas là. Toujours d’après le même
chroniqueur, Frédéric Ier adopta une manière de réponse en forme
de surenchère, comme l’histoire des contacts diplomatiques entre
Byzance et ses voisins en administre plusieurs fois l’exemple. Quand
les émissaires de Frédéric Ier revinrent auprès de lui, ils furent
accompagnés des propres ambassadeurs d’Isaac II et de leur suite.
Frédéric imposa non seulement aux ambassadeurs en titre de s’as-
seoir à ses côtés lors de l’entrevue, mais il fit de même avec les cui-
siniers, boulangers et palefreniers qui relevaient de la suite. Les der-
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44. Présentation des sources et des acteurs dans Drocourt, Diplomatie, 660-64.
45. Nicetae Choniatae Historia, 410, et pour ce qui suit.
46. Cf. R. J. Lilie, Byzantium and the Crusader States, 1096-1204, Oxford 1993,
passim.
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remarquable: elle s’inscrit bien dans une série de gestes qui mar-
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moment. Or, ces gestes ne sont pas pratiqués dans le monde byzan-
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tin, sinon lorsque l’empereur doit s’entendre avec des princes latins
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strator en tenant les rênes du cheval impérial 54. Ce geste et rituel est
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ancien et bien connu 55. Précisons ici toutefois que nous disposons de
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51. Nicéphore Bryennios, Histoire, IV, 10, éd. et trad. P. Gautier, Bruxelles
1975, 275.
52. Albert of Aachen, Historia Ierosolimitana, II, 16, 86-87; le lien de vassalité
entre les deux hommes demeure toutefois discuté, cf. Malamut, Alexis I er, 371,
et voir 373 pour le cas de Tancrède qui joignit sa main droite à celle
d’Alexis Ier, après bien des hésitations d’après Raoul de Caen.
53. Nicetae Choniatae Historia, 28-31; Vučetic´, «Emperor John II», 86-89; Anca,
Herrschaftliche Repräsentation, 24 et s.
54. Guillaume de Tyr, XV, 3, 676-77; sur cette rencontre: Vučetic´, Zusam-
menkünfte byzantinischer Kaiser, vol. II, 109-11.
55. A. Paravicini Bagliani, Le Bestiaire du Pape, Paris 2018, 63 et s.; Anca, Herr-
schaftliche Repräsentation, 42-46.
56. Nicephori Basilacae Orationes et Epistuale Or. no. 3, 63, 69 et 71-73; Theodore
Prodromos, Historische Gedichte, éd. W. Hörandner,Vienne 1974, 258; Michel Ita-
likos, Lettres et discours, éd. P. Gautier, Paris 1972, n°. 43, 260-61 et 265-66.
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gneur empereur». L’humiliation fut telle que tous les témoins furent
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coudes) et de la corde au cou, dans les contacts avec les princes hon-
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grois, puis serbe 64. Ils administrent la preuve que ces gestes forts ne
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sont pas réservés aux seules rencontres avec les Latins, et prennent le
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Conclusions
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qu’aux genoux et aux coudes, et qu’il a incliné sa tête face au basileus: vers 11-
18; voir aussi ibidem, 78-81 (Poem 9); ailleurs, Renaud peut y être décrit comme
tenant les brides du cheval de l’empereur: ibidem, 134-35 (Poem 10).
62. Cf. Drocourt, «Activités diplomatiques», 174-78.
63. J.-M. Mœglin, «‘Performative turn’, ‘communication politique’ et rituels
au Moyen Âge. A propos de deux ouvrages récents», Le Moyen Âge, 113, (2007),
393-406, ici 403; Id., «Le christ corde au cou», dans La dérision au Moyen Âge.
De la pratique sociale au rituel politique, Paris 2007, 275-89.
64. Jean Kinnamos, 245 et 287-88.
65. Mœglin, «‘Performative turn’», 403.
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riorité des basileis sur leurs hôtes. En ce sens, ils s’inscrivent dans la
continuité des gestes davantage décrits dans les textes normatifs
grecs du Xe siècle. On notera ainsi la volonté de maintenir la taxis
impériale: l’ordre prévaut tant dans celui des gestes précisément, que
dans la manière dont les témoins sont présents et placés auprès des
empereurs. La question du placement vaut aussi pour l’hôte
accueilli, et elle pèse souvent lourd dans le rapport de forces qui
s’instaure. Il est nécessairement favorable à l’empereur avec l’usage
d’un geste ancien, la proskynèse, signifiant tant la majesté impériale
que le rôle de lieutenant de Dieu sur terre dévolu aux basileis.
Assurément, ces gestes précis ne sont pas sans poser des pro-
blèmes, des réticences et, partant, peuvent conduire à des adapta-
tions. D’une certaine manière, la cour impériale sait se montrer plus
souple et modifier s’il le faut certaines normes protocolaires, comme
la réception d’Amaury Ier de Jérusalem le suggère…mais elle n’est
pas la seule. L’historiographie moderne a souvent noté que l’empe-
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reur d’époque des Comnènes devient plus accessible que ses prédé-
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gnages grecs comme latins. Ils démontrent que le basileus n’est pas
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toujours cette figure hiératique vissée sur son trône, encore plus
lorsque les rencontres se déroulent en marche et qu’il est à cheval 67.
Enfin, au-delà d’une posture de supériorité de l’empereur, sou-
vent louée par ses panégyristes et qui passe par des attitudes et des
66. Malamut, Alexis I er, 175-78; Shepard, “Father” or “Scorpions”?, 91-93; Car-
rier, L’autre chrétien, 124-26, 196-98, voit un cérémonial globalement moins
rigoureux qu’auparavant, et moins d’intransigeance protocolaire dès le règne
d’Alexis Ier.
67. Au Latin qui s’assied subrepticement sur le trône d’Alexis aux Bla-
chernes font écho diverses entorses lors de l’accueil et du séjour de Baudoin III
de Jérusalem à Antioche, début 1159, souvent traité par les historiens récents –
accueil marqué aussi par beaucoup d’honneur reconnu à ce roi: cf. E. Jeffreys
et M. Jeffreys, «A Constantinopolitan Poet», 135-36, vers 183-96 (Poem 10); Car-
rier, L’Autre chrétien, 124-26, 142 et 194-96; Anca, Herrschaftliche Repräsentation,
46-49, 51-52, 68-69, 72 et 117-18.
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ABSTRACT
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concerned, there was a wide variety of gestures made by the actors of these
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official encounters. For the tenth century, historians can rely on the precise
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follow a rigourous order, notably during the very first official encounter
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between foreign embassies and the basileis. Some are particular and have
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period which is being examined in this study, modern scholars miss such a
document. Such significant gestures are mentioned in narrative sources –
be they Greek or Latin – in such circumstances. Of course, the proskynesis
is still in use. It concerns each official visitor facing the emperor, either in
the Blachernae or the Great palace in Constantinople, or in the camp of
the basileus if the latter is leading a military campaign. A single word refers
to different movements. The gesture can range from full prostration to a
simple movement of the head. In all circumstances, it illustrates both the
respect of the taxis (order) and the superiority associated to the Byzantine
sovereign. This last point leads to another observation. Face to the emperor,
the exact positioning of the diplomatic guest is often very significant. It is
logically close to another delicate aspect of these encounters: the position
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of sitting down or the one of standing up. Some cases reveal thus the strate-
gic stakes of these encounters and even illustrate the geopolitical ratio of
power. At the end of the article, a special attention is devoted to the pres-
ence of John II and Manuel I Komnenos in Antioch. As we interpret it,
their presence was characterised by some highly humiliating gestures tar-
geting the Latin princes of this city.
Nicolas Drocourt
Université de Nantes
nicolas.drocourt@univ-nantes.fr
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