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APPORT DE LA TÉLÉDÉTECTION
À L’ÉTUDE STRUCTURALE DE LA RÉGION
DU MAYO KEBBI (SUD-OUEST DU TCHAD).
ABSTRACT
The analysis and processing of SPOT and Landsat images revealed some linear struc-
tures or lineaments. Some different geological formations of Léré have been identified. These
data are used to draw a geological and structural map of Mayo-Kebbi. In fact, the geology
of this area is not well known although this part of Chad is rich in mining.
Keys Words - Remote sensing - Processing - SPOT - Landsat - Cartography - Geology - structural
map - Léré - Mayo Kebbi - Chad.
*Département de Géologie, Faculté des Sciences Exactes et Appliquées, B.P. 1027, N’Djaména, Tchad.
**Centre de Recherches Géologiques et Minières, Garoua, Cameroun.
***Faculté des Sciences, Université de Dschang, Cameroun.
****Institut des Sciences de la Terre, Université d’Orléans, Rue de Chartres, 45100 Orléans, France.
- Manuscrit déposé le 29 Mars 2009, accepté après révision le 13 Janvier 2010.
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J.-C. D OUMNANG M BAIGANE , J. P ENAYE , A. K AGOU ,
S. M BAGUEDJE D IONDOH , M. V IDAL ET A. P OUCLET
vrier 2002 Path 184 row 53. Les observations Concernant les images SPOT, une composi-
de terrain ont été faites les 26/03/01, 06/04/01 tion colorée XS4, XS3, XS1 (fig. 3) correspon-
et 08/04/02. dant à une mosaïque de la scène complète de
Léré (KJ 87-330) et de la moitié de la scène
La méthodologie est la suivante : explora- Kaélé (KJ 87-331) a été effectuée. Pour des
tion des bandes SPOT XS et Landsat TM, re- raisons de format de restitution, la présentation
cherche des traitements appropriés (composi- des résultats s’est limitée à la région des lacs
tion colorée, étalement de la dynamique, fil- de Léré et de Tréné. Pour les images Landsat
tre), exploitation de quelques traitements pour TM, une composition colorée TM5, TM4, TM3
l’amélioration de la carte géologique et pour (fig. 4), avec une restitution complète de la
un apport de l’analyse du substratum pédo- scène a été faite sur papier.
géologique aux connaissances sur le paysage.
de leur thématique que de leur position géogra- composante principale (ACP), saturation, décor-
phique remarquable (intersection de piste et de rélation…) ont permis une bonne visualisation
rivière, confluence de rivière, centre de vil- des structures géologiques (effet probable au
lage…). Une analyse préliminaire de l’image a moyen infra-rouge) et donc des liens entre le
été réalisée et a conduit à l’établissement d’une substratum et la surface. Ces traitements sont ce-
esquisse cartographique. Ce document d’orien- pendant difficilement interprétables en termes
tation sera complété ou amendé par l’étude de de réponse radiométrique et nous avons préféré
terrain. axer nos interprétations sur les 4 bandes spec-
trales de base.
Des traitements classiques basés unique-
ment sur les canaux vert, rouge et proche infra-
rouge dont l’indice de végétation, ont donné de
3.2. Les données de terrains
bons résultats pour l’évaluation des limites
entre les cultures arborées, les prairies et les Les données de terrains sont collectées lors
différentes savanes. Certains traitements qui de trois missions de terrain. Ce sont les cartes
prennent en compte les trois canaux précé- d’échantillonnages, les points d’affleurements,
dents, plus le moyen infrarouge (analyse en les affleurements rocheux et les mesures struc-
turales qui ont été reportés sur un fond topo- réponses spectrales aux formations géologi-
graphique. ques n’a pas été recherchée faute de mesures
radiométriques de terrain.
Les sites remarquables ont permis de véri-
fier sur le terrain la précision du géoréférence- Quelques assemblages linéamentaires typi-
ment et d’évaluer la marge d’erreur de la vali- ques des régions qui nous intéressent ici, à sa-
dation de terrain. La nouvelle précision théo- voir le panafricain en milieu tropical sont don-
rique de 10 m du Global Positionning System nés (fig. 6), ils correspondent à des alignements
(GPS), vérifiée en France métropolitaine n’a de végétaux ou des limites de végétations, des
pas été retrouvée au Sud du Tchad. Cette er- linéarités ou limites des tonalités, des limites
reur, estimée à 100 m au moins est due en par- de textures ou des linéarités du réseau hydro-
tie à la qualité des cartes topographiques dis- graphique ou encore des discontinuités de for-
ponibles (1/200 000, 1964) et aux différentes mations superficielles qui dépendent de la nature
erreurs cumulées: référentiels différents, poin- lithologique des roches, du style tectonique. Ils
tage écran, pointage terrain…. Pour des sites constituent alors des témoins d’indices indi-
repérables uniquement au Global Positionning rects des variations du substratum géologique.
System (GPS), nous n’avons conservé que ceux
centrés sur des thèmes suffisamment étendus Plusieurs types d’assemblages linéamen-
pour englober la marge d’erreur et éviter l’ef- taires sont mis en évidence :
fet pixel, soit environ 250 m/ 250 m. Pour les
sites repérables à la fois sur restitution papier - le réseau linéamentaire dense, pénétratif d’orien-
de la scène, dans le paysage et sur la carte to- tation subconstante dans la série des roches
pographique, la collecte de données ne souffre vertes et amphibolites et granitoïdes orientés.
d’aucune difficulté. Ce réseau présente une régularité plus impor-
tante mais une distance interlinéaire variable
dans les roches vertes. Dans les granitoïdes la
4 - RÉSULTATS distribution est fine, discontinue mais régulière;
Les enclaves sont abondantes (70 à 80%) Dans le granite de Léré, les linéations sont
dans tous les massifs granitoïdiques de la ré- fréquentes dans les couloirs mylonitiques et
gion. Il s’agit d’enclaves d’amphibolites de di- sont matérialisés par des muscovites orientées,
rection N0°, notamment dans la tonalite de des feldspaths potassiques étirés et des biotites
Lampto et le granite à biotite. disposées en trains.
de Mourbamé, orientée N30°, où la déforma- Ngako, 1999; Doumnang Mbaigane et al., 2004;
tion atteint le stade mylonitique. La granodio- Doumnang Mbaigane, 2006; Pouclet et al., 2006;
rite de Mourbamé montre une intensification Pénayé et al., 2006).
de la déformation prograde d’est en ouest vers
cet accident. Cette déformation est marquée La faille de Mourbamé est un chevauche-
par la roche qui passe d’une texture légèrement ment ductile probablement lié, en raison des
orientée (allongement des biotites et amphi- conditions thermodynamiques qui ont accom-
boles) à une texture franchement mylonitique pagné la convergence panafricaine vers 600
aux abords de la faille. La géométrie et la ciné- Ma (Bessoles et Trompette, 1980).
matique de la déformation sont conformes à
celles observées dans les roches vertes et les Les failles N90° et N110° sont des rejeux
greywackes. d'anciennes failles à l’échelle lithosphérique.
Ces failles N-S à N30° héritées, proviennent
Les plis observés sont des plis méso et mé- d'une compression E-W exercé sur le domaine
gascopiques d’axes subhorizontaux N30° qui pan-africain par le Craton Ouest Africain lors
pourraient être compatibles avec l’étape de de la subduction et de l’extension de la zone
chevauchement décrite précédemment, des plis mobile (Black, 1978; Bessoles et Trompette,
à axe vertical et à fort pendage montrant des 1980). Ces failles sont marquées dans la région
passées cataclasiques à mylonitiques. Ils s’ac- de Léré par la présence d’importantes anoma-
cordent bien avec une cinématique en décro- lies gravimétriques positives qui jalonnent les
chement senestre le long des fractures N0° à formations métavolcanosédimentaires. Ce sont
N30° qu’ils jalonnent. des failles normales à rejet léger à composante
dextre, individualisées à l’échelle de l’Afrique
(Cornacchia et Dars, 1983; Black et Girod,
5 - DISCUSSIONS 1970; Rolin, 1998).
Le travail effectué a permis de mettre en
Les failles crétacées bordent les demi-gra-
évidence, à partir des traitements des données
bens des bassins crétacés. Ces failles E-W fe-
satellitales, des textures caractéristiques des
raient partie des linéaments guinéonubiens (Ben-
différentes formations du Mayo-Kebbi. Les en-
khelil, 1982,1983; Guiraud, 1970; Guiraud et Ali-
claves d’amphibolites sont observées dans les
dou, 1981; Guiraud et al.,1985; Guiraud et Mau-
granitoïdes de la région. La présence de ces
rin, 1991; Mbaguedjé Diondoh, 2008; Lagmet,
xénolites dans le granitoïde résulte d'un abat-
2009) qui ont rejoué à plusieurs reprises et de fa-
tage magmatique.
çons différentes au Crétacé inférieur.
La majorité des assemblages linéamentaires
est communément interprétée comme étant liée
6. CONCLUSIONS
soit à la stratification, à la foliation ou à la schis-
tosité des roches, soit à leur diaclasage, leur A partir des images satellites SPOT et Land-
fracturation, leur nature de dyke ou de filon. sat TM, une carte structurale du massif du
Mayo-Kebbi a été réalisée.
Les failles observées dans les zones de con-
tact des différentes formations sont des failles L’utilisation de divers traitements et des in-
panafricaines, semblables à celles observées en terprétations appropriées, permet d’identifier
bordure du craton ouest africain (Njiel, 1987; les différents groupes linéamentaires. De plus,
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A PPORT DE LA TÉLÉDÉTECTION À L’ ÉTUDE STRUCTURALE DE LA RÉGION DU M AYO K EBBI
(S UD -O UEST DU T CHAD )
elle permet d’améliorer les contours géolo- B OULLIER , A.M., D AVISON , I., B ERTRAND , J.M. ET
giques, et de ressortir les fracturations ma- COWARD, M. 1978. L’unité granulitique des Ifo-
jeures ainsi que les failles. ras: une nappe de socle d’âge panafricain précoce.
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Une étude de terrain dans la zone a permis
de compléter toutes les données de télédétec- C ORNACCHIA , M. ET D ARS , R. 1983. Un trait struc-
tion utilisées, permettant ainsi d’établir une tural majeur du continent africain. Les linéaments
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