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Identification et Prévision du gonflement des sols expansifs

A. BEKKOUCHE
Département de Génie Civil, FSI, Université Aboubakr Belkaïd-Tlemcen, Algérie
A. DJEDID
Département de Génie Civil, FSI, Université Aboubakr Belkaïd-Tlemcen, Algérie
S. M. AISSA MAMOUNE
Département de Génie Civil, FSI, Université Aboubakr Belkaïd-Tlemcen, Algérie

RESUME: Pour les praticiens, comprendre le mécanisme fondamental qui provoque le gonflement des argiles est se-
condaire, par contre, soupçonner au préalable le caractère gonflant d’une formation et pouvoir ensuite obtenir rapi-
dement des estimations de la pression et de l’amplitude de gonflement serait d’un grand intérêt économique puis-
qu’elles permettent de mieux orienter les reconnaissances et informent les concepteurs sur le type de fondation à
adopter. Le présent travail s’inscrit dans le cadre de l’identification tant qualitative que quantitative des paramètres de
gonflement des argiles. On se penchera essentiellement sur la mise en place d’outils pratiques, facilement utilisables
par le concepteur, lesquels seront ensuite testés et appliqués pour le cas des argiles du groupement de Tlemcen. La
mise en place de ces outils est basée sur une multitude de procédures tels que les essais au laboratoire, traitement de
l’information et le Système d’Information Géographique. Les résultats obtenus sont très révélateurs quand à l’aspect
gonflant des argiles du groupement de Tlemcen. En effet, les outils d’identification et d’estimation présentés sous
forme d’abaques ou de carte thématique permettent d’une part d’identifier l’aspect gonflant des argiles et d’autre part
de donner au concepteur les moyens pour une réelle prise en compte de ce phénomène.

Ce travail est consacré à l’étude de la variabilité des


1 INTRODUCTION paramètres de gonflement au niveau du groupement de
Tlemcen, groupement qui comprend la ville de
Dans la ville de Tlemcen, département de l’extrême Tlemcen et les extensions de Mansourah et de
Nord-ouest de l’Algérie, de nombreux ouvrages Chetouane. Il s’agit en particulier d’analyser l’aspect
construits sur des marnes ont montré des signes de expansif des marnes du groupement en utilisant le
dégradations sous forme de fissures sur les Système d’Information Géographique « S.I.G. » qui
superstructures et ce à cause de la sécheresse de ces reste l’outil d’appréciation de l’information sur support
deux dernières décennies. Ces dégradations ont cartographique. En premier lieu, un aperçu géologique
conduit à la perte totale de certains ouvrages. La cause du groupement est présenté. Le recoupement de cet
principale de ces sinistres est le retrait, phénomène aspect avec les données géotechniques disponibles
redoutable non pris en considération lors de la nous a permis d’esquisser une carte géotechnique du
conception de ces ouvrages. Les dommages ont groupement. Cette carte fait ressortir de grands
touché également des remblais routiers, des chaussées horizons marneux qui sont susceptibles d’être
et des fondations (Bekkouche et al., 1997). expansifs. Afin d’apprécier cet aspect du
comportement de ces marnes, une étude qualitative et
La prise de conscience de ce problème est nouvelle et quantitative a été menée. Cette étude a consisté
les solutions techniques ne sont pas toujours efficaces, d’abord en une identification du potentiel de
encore moins faciles à mettre en œuvre. Si ce gonflement de ces formations en s’aidant des
problème n’est pas pris en compte pour les nouvelles classifications disponibles dans la littérature (Djedid et
constructions, il faudra s’attendre au phénomène al., 2001). Une campagne de mesures directes a été
inverse, c’est à dire au gonflement (Bekkouche et al., ensuite réalisée.
1999).
2 ASPECT GEOLOGIQUE ET GEOTECHNIQUE cène grâce à la présence d’huîtres observables à
DU GROUPEMENT DE TLEMCEN l’ouest de la ville (Quartier d’Imama).
2.1 Aperçu géologique
2.2 Aspect géotechnique
Le groupement s’étend sur une superficie de l’ordre de
11220 hectares et se situe à une altitude moyenne La ville de Tlemcen a connu des désordres géotechni-
d’environ 800m. ques constatés sur un nombre important d’édifices
(Institut de technologie de l’éducation ITE, rocade Est,
D’une manière générale, la géologie du groupement est Lycée Commandant Ferradj, etc.). Sachant que la
caractérisée par deux grandes familles : des formations plupart de ces sinistres ont pour origine la nature du sol
assez tendres au nord constituées par les marnes du et son inadéquation avec la nature des structures, il de-
bassin miocène et des formations beaucoup plus résis- vient impératif d’établir une carte géotechnique du
tantes au sud représentées par les calcaires et les do- groupement. Cette carte guidera les urbanistes sur les
lomies jurassiques des monts de Tlemcen. Le contact aménagements futurs et les informera sur les difficultés
entre ces deux formations se situe justement au niveau auxquelles ils seront éventuellement exposés s’ils ne
du groupement, ce qui explique en partie la complexité prennent pas en compte l’information géotechnique
de sa géologie. dans leurs projections.

Les monts de Tlemcen (sud du groupement) sont Pour atteindre cet objectif, l’approche adoptée ne
constitués de terrains principalement carbonatés d’âge s’est pas limitée à une description qualitative du milieu
jurassique supérieur. Ces derniers sont en contact avec dans ces différents aspects (géomorphologie, géologie,
des sédiments marneux à passages gréseux d’âge mio- climatologie, géotechnique, etc.). En effet, un certain
cène au niveau du bassin versant de Tlemcen. Cette nombre d’informations telles que les cartes géologi-
région est caractérisée par une tectonique cassante ques et les coupes de sondage et puits ont été recueil-
dont les terrains rigides d’âge jurassique qui se subdi- lies auprès du Laboratoire des Travaux Publiques de
visent en diverses formations selon leurs nomenclatu- l’Ouest (LTPO-Unité de Tlemcen) et ce en plus des
res : travaux universitaires. Nous avons constitué une ban-
que de données géotechniques (345 points
− Les grés de Sidi Boumediene.
− Les dolomies de Tlemcen. d’information) qui concernent essentiellement les for-
− Les marnes de Raouri. mations meubles qui entourent l’ancienne ville de
− Les calcaires de Lala Setti. Tlemcen (de Chetouane à Mansourah passant par El
− Les dolomies de Terni. Kiffane et Imama, Voir Fig. 1).
On distingue aussi des terrains tertiaires qui se compo-
sent d’une alternance de marnes dominantes et de ni-
veaux gréseux plus ou moins épais attribués au mio-

Tableau 1. Résultats de l’analyse statistique effectuée sur les paramètres géotechniques du groupement.
Prof. D50 D60 Dmax %<2µm %<80µm IP WL
(m) (mm) (mm) (mm) (%) (%)
Observations 344 344 344 344 344 344 344 344
Minimum 0 0 0 0 20 0 4 20
Maximum 16 40 50 80 100 100 61 100
Moyenne 6,044 0,477 0,84 16,015 87,677 67,061 20,34 45,265
Ecart type 3,787 3,052 4,276 12,547 15,084 18,673 10,065 13,824
Figure 1 : Carte géotechnique du groupement Tlemcen-Mansourah-Chetouane
tance ni de tassements. Seulement, les travaux de ter-
Le tableau ci-dessus (Tab. 1) regroupe les principaux
rassement et de viabilisation sont très pénibles et re-
paramètres pris en compte pour l’élaboration de cette
viennent chers. En plus l’utilisation de moyens
carte ainsi que quelques éléments de l’analyse statisti-
mécaniques lourds peut déranger les structures déjà
que.
réalisées.
D’après la banque de données, et par recoupement de 2.3 Caractéristiques des marnes de Tlemcen
l’information avec la carte géologique, six catégories
de sol sont mises en évidence : La carte géotechnique laisse clairement apparaître que
la ville de Tlemcen est construite sur des formations
Catégorie 1 : La première catégorie de sol mis en évi- hétérogènes entourées par des formations marneuses.
dence sont les formations marneuses dont la profon- Or, ce sont sur ces dernières formations que la ville
deur dépasse souvent les 30 mètres. Pour ces forma- s’est étendue ces dernières années. Cette extension a
tions, il y a lieu de s’attendre à ce qu’il y ait : été réalisée sans qu’aucune étude n’ait été menée au
− des tassements instantanés et par consolidation, préalable pour comprendre le comportement de ces
− des tassements par modification de la structure du marnes; ce qui explique en partie les désordres consta-
sol, tés sur certaines structures. Ces marnes, principales
− du retrait et du gonflement liés à l’aspect expansif formations de toute la région de Tlemcen, ont été à
des marnes, l’origine de certains désordres constatés en des en-
− des glissements pour les terrains en pente.
droits et des localités plus ou moins éloignés du grou-
Catégorie 2 : La deuxième formation principale mise pement : La route nationale 7A à Bab El Assa (78
en évidence est constituée d’alluvions dissoutes des- km), bâtiments d’habitation à Sidi Abdelli (35km),
quelles s’étend une formation marneuse ou gréseuse. A école à Oum El Allou (Nédroma, 60 km), etc.
cause de la bande très hétérogène de ces formations,
les fondations doivent être ancrées au-delà des cou- Dans la zone du groupement, les marnes se trouvent en
ches alluvionnaires. contact avec les grés et entre les deux se crée un ré-
gime d’écoulement souterrain qui engendre une disso-
Catégorie 3 : Les éboulis constituent la troisième for- lution du calcaire des formations rocheuses et son dé-
mation. Sachant que ces derniers sont sujets à des tas- pôt dans les marnes. Ceci a conduit à la formation
sements importants s’ils sont chargés, il faudra donc d’une zone très hétérogène pour laquelle les lois et
ancrer les fondations là aussi au-delà de cette couche. modèles de la mécanique des sols sont difficilement
applicables. Cette zone concerne toute la bande reliant
Catégorie 4 : Des formations de grés tortoniens ont été la zone industrielle au champ de tir (quartier El Kif-
aussi mis en évidence. Ces formations ne posent pas fane). D’ailleurs les désordres survenus dans ce quar-
de problème de portance ou de tassement, mais tier ont tous été attribués à l’hétérogénéité du sol.
contiennent localement des poches de marnes dont il
faudrait identifier le régime hydrogéologique. Dans ce qui suit, on s’intéresse à l’étude du caractère
gonflant de ces marnes, à leurs localisations et enfin au
Catégorie 5 : Les données ainsi que les observations traitement de l’information pour l’analyse de la variabi-
visuelles ont permis de déceler la présence de talwegs lité spatiale des paramètres de gonflement.
dont certains tronçons sont enfouies sous des cons-
tructions. Les talwegs sont remplis d’alluvions et ser-
vent donc de drains naturels. Ils sont le siège d’une
3 ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES
convergence des écoulements. Ceci peut conduire à GEOTECHNIQUES
une érosion régressive entraînant les fines particules et
il y aura donc risque de modification de la structure du Une étude statistique est appliquée aux données des
sol. Pour cela et pour certains projets, des drains filtres sols étudiés. En premier lieu, les paramètres statisti-
sont à prévoir. ques de la série de données sont déterminés. Cette
étape nous permet de définir et d’élaborer les modèles
Catégorie 6 : La géologie de la région fait que le grou- des lois de probabilités pour chaque variable. Afin de
pement contient aussi des formations rocheuses. Ces compléter l’analyse statistique des données, une ana-
familles de sol ne présentent ni des problèmes de por- lyse en composante principale est effectuée et ce dans
le but de tester la fiabilité des observations pour Enfin, un examen détaillé de ces résultats montre que la
l’estimation de la pression et l’amplitude de gonfle- majorité des variables présente des coefficients de va-
ment. (Aissa Mamoune, 2002) riation compris entre 0.055 pour le degré de saturation
et 1.207 pour l’amplitude. Ce résultat est en conformi-
Un certain nombre de paramètres statistiques a été dé- té avec les facteurs provoquant des erreurs de mesures
terminé afin de tester la représentativité par variable. par type d’essais au laboratoire. A titre d’exemple, on
Les résultats obtenus sont regroupés dans le tableau 2. remarque que le coefficient de variance relatif au pour-
En examinant la moyenne des variables, on remarque centage des fines (0.34) est nettement inférieur à celui
que la présence des minéraux argileux est importante de l’indice de plasticité (0.646), qui confirme la diffi-
du fait que la moyenne des éléments inférieurs à 2µm culté de la détermination des limites d’Atterberg par
est supérieure à 50% (53.083%) et la moyenne de la rapport à l’analyse granulométrique. De plus, on re-
valeur du bleu est supérieure à 2 (6.415) avec des marque la difficulté de la mesure de l’amplitude de
coefficients de variation très faible de l’ordre de 0.3 gonflement par rapport à la mesure de la pression par
(0.34 et 0.295 respectivement). Par ailleurs, l’examen le fait que le coefficient de variance de l’amplitude
des coefficients d’aplatissement montre que la majorité (1.207) est supérieur à celui obtenu pour la pression
des variables présentent des nuages non étendus sauf (0.713), ce qui nous ramène à adopter des modèles
pour la limite de liquidité et l’amplitude. De plus, on prévisionnels semi-logarithmiques afin de réduire le
remarque que le coefficient d’asymétrie est négatif coefficient de variance (de 1.207 à 1.044 pour
pour 7 variables et positif pour les autres. On ne peut l’amplitude). (Aissa Mamoune, 2002).
se prononcer sur une tendance générale quant à la po-
sition du pic (plus haute fréquence) par rapport à la
moyenne.

Tableau 2. Résultats des paramètres statistiques des données d’identification et de gonflement.


Prof. %<2µm Wn Wr Ip A CaCO3 Vb γd σ Logσ ε Logε
Moy.
Observations 82 78 82 78 78 78 78 78 78 82 82 47 47
Minimum 1.480 24 6.8 7 15.5 0.18 3 0.9 1.29 0.36 -0.44 0.030 -1.47
Maximum 26.75 100 34.07 23.84 100.16 1.35 45.16 8.60 1.80 11.13 1.05 51.30 1.71
Moyenne 6.577 53.083 20.12 16.15 34.63 0.66 21.15 6.41 1.66 3.21 0.38 7.01 0.56
Variance 21.91 325.99 57.41 20.05 501.20 0.08 153.29 3.58 0.02 5.22 0.13 71.65 0.35
Ecart-Type 4.68 18.055 7.577 4.478 22.388 0.28 12.38 1.89 0.12 2.28 0.36 8.46 0.59
Coeff. 1.909 0.975 -0.215 -0.228 1.929 1.17 0.20 -1.16 -1.74 0.96 -0.47 3.33 -1.09
d'Asymétrie
Coeff. d'Apla- 5.136 0.347 -0.341 -1.161 2.921 0.90 -0.92 0.598 2.388 0.548 -0.47 14.27 1.734
tissement
Coeff. Vari- 0.712 0.340 0.377 0.277 0.646 0.43 0.585 0.295 0.074 0.713 0.947 1.207 1.044
ance

sont en chiffre décimale tandis que la masse volumique


4 ESTIMATION DES PARAMETRES DE γd est en g/cm3.
GONFLEMENT
Williams et Donaldson (Cité par Mouroux, 1989)
4.1 Estimation de la pression de gonflement
proposent un modèle qui donne l’amplitude du
A partir d’une étude statistique sur 200 échantillons, gonflement en fonction de la charge qui règne dans le
David et Komornik (Cité par Kabbaj, 1989) ont dé- sol. Ce modèle s’écrit:
duit une relation qui permet d’estimer la pression de
gonflement. Ajustée aux argiles de la région de Tlem-
5,3−147e
cen, cette relation s’écrit: S p = −log ps  ( 0,525I p +4,1−0,85Wn)
 I p 
log pS =2,08 WL +0,06688 γ d −2,69Wn −1,868
Ainsi et pour une amplitude nulle (Sp=0), la pression
de gonflement libre sera donnée par:
La pression de gonflement ps est donnée en kg/cm², la
limite de liquidité WL et la teneur en eau naturelle Wn log ps =(5,3−147e) /I p
Dans les deux relations précédentes, e représente la soumis à une pression de confinement σv à l’aide de la
base du logarithme népérien (e=2,718), Ip l’indice de formule suivante proposée par Gogoll :
plasticité et Wn la teneur en eau naturelle sont en %
alors que la pression de gonflement ps est donnée en S p' = S p(1−0,0735 σ v )
0,1 MPa.
où σv est la contrainte de confinement en kPa.
En se basant sur les résultats de 270 essais de gonfle-
ment réalisés sur divers sols, Vijayvergiya et Ghazzaly L’examen des résultats de l’ajustement des modèles,
proposent deux modèles qui permettent d’obtenir la fait ressortir les remarques suivantes :
pression de gonflement. Ces modèles ajustés aux argi-
les étudiées s’écrivent respectivement: Les modèles de Seed et al. ne tiennent pas compte la
teneur en eau naturelle qui à notre avis reste un para-
mètre déterminant dans le processus de gonflement.
log ps = 1 (0,4 WL − Wn −0,4)
12 Ces modèles n’utilisent que des paramètres interdé-
pendants (la teneur en argile, l’activité et l’indice de
log ps = 1 ( γ d +0,65WL −139,5) plasticité),
19,5
Le modèle de Nayak et Christensen et le modèle de
Dans ces modèles, la pression de gonflement ps est
Vijayvergiya et Ghazzaly ne peuvent être utilisés pour
donnée en tsf, la masse volumique sèche γd en pcf , la
des valeurs élevées de la teneur en argile, de la teneur
limite de liquidité WL et la teneur en eau naturelle Wn
en eau naturelle et de la limite de liquidité. Le premier
sont en décimale.
modèle est basé sur des paramètres interdépendants,
4.2 Estimation de l’amplitude de gonflement quant au second, il ne tient pas compte de la teneur en
eau naturelle.
Pour l’amplitude de gonflement, les modèles donnent
généralement le gonflement libre. Le modèle proposé Même ajusté, l’ensemble des modèles restent imparfait
par O’Neil et Ghazzaly s’écrit : dans leurs prévisions, sauf pour le modèle de Johson
qui donne des pourcentage de gonflement dans les li-
S p =2,77+0,131WL −0,27Wn mites couramment rencontrées en pratique. (Bekkou-
che et al., 2000b)
Tandis que le modèle proposé par Jonhson et Snethen
s’écrit: Pour améliorer ces prévisions et rechercher des modè-
les propres aux argiles de Tlemcen, une étude statisti-
log S p =0,036WL −0,0833Wn +0,458 que sur les données disponibles a été effectuée. On
donne ci-dessous les modèles jugés satisfaisants.
Dans les deux relations précédentes, Sp est le gonfle-
ment libre en %; WL et Wn s’expriment en décimale. 4.3 Modèles proposés pour les argiles de la région

Toujours sur la base des résultats des 270 essais de Pour l’amplitude du gonflement, les modèles retenus
gonflement cités auparavant, Vijayvergiya et Ghazzaly sont:
proposent les corrélations suivantes :
log Sp= - 0,008 Z + 0,27 A – 0,02 TCa + 0,016 Sr –
0,16
log S p = 1 ( 0,096 WL −0,12 Wn + 2,10)
12
log Sp= – 0,1 Z + 1,06 A + 0,22 γd – 0,04 Wn + 0,82
log S p = 1 ( 0,877 γ d +0,117 WL −0,253)
19,5 Pour la pression du gonflement, les modèles retenus
sont:
où γd est en pcf, WL et Wn sont en décimale et Sp en
%. log ps = 0,01 Ip+ 1,26 γd – 0,008 Wn – 0,1 M –
2,179
Le gonflement libre, obtenu à partir des modèles ci-
dessus, peut être réduit dans le cas où le sol serait log ps = – 0,001 Wn Ip + 0,024 WL + 0,1 M –
0,713
log ps = 0,006 Ip + 1,21 γd – 0,013 WR + 0,11 M – d’Information Géographique (SIG). Cette technique,
1,97 largement utilisée dans le traitement et la visualisation
des informations de paramètres physiques, permet de
Dans les relations ci-dessus, A, C, Z, Wn, WR, WL, mettre en place sur un support graphique les outils
γd, Ip et TCa représentent respectivement l’activité, la d’appréciation nécessaires à l’urbaniste.
teneur en argile (en %), la profondeur (en m), la teneur
en eau naturelle (en %), la limite de retrait (en %), la A partir du recoupement des cartes géologique et géo-
limite de liquidité (en %), le poids volumique sec (en technique (Fig. 1), nous avons localisé la présence des
kN/m3), l’indice de plasticité et la teneur en carbonate sols expansifs au niveau du groupement (voir Fig. 2).
de calcium (en %). Le paramètre M est un facteur qui
caractérise le poids de la procédure utilisée pour me- Pour une meilleure appréciation de la variabilité de la
surer le paramètre en question (Balu, 1987). Ce para- pression et l’amplitude de gonflement au niveau du
mètre est égal à 1 pour la procédure du gonflement li- groupement, nous avons utilisé les mesures des para-
bre, à 2 pour la procédure du gonflement à volume mètres effectuées au niveau des différents sondages.
constant (DTU 11.1), à 3 pour la procédure du gon- L’analyse de ces données par le biais d’un logiciel de
flement sous contrainte constante (AFNOR), à 4 pour SIG (MapInfo) nous a permis de dresser les cartes de
la procédure du gonflement à volume constant (LCPC) variations de la pression (Fig. 3) et l’amplitude (Fig. 4)
et à 5 pour la procédure avec variation de volume de gonflement au niveau des couches localisées.
(LCPC).
L’analyse de ces deux cartes montre que la pression
Pour la pression de gonflement, les modèles proposés de gonflement varie entre 4 et 8,5 bars alors que
semblent être représentatifs puisque les valeurs obte- l’amplitude varie de 8 à 14 %. Ces deux résultats
nues sont assez voisines de celles mesurées directe- confirment l’analyse qualitative présentée ci-dessus
ment. Ils peuvent donc servir pour obtenir des valeurs dans le sens où les différentes marnes du groupement
approchées de la pression de gonflement de sites dont sont fortement gonflantes. A titre d’exemple, le site de
les propriétés physiques sont comparables. Mansourah présente une pression allant de 6 à 8 bars
avec une amplitude de 11% ce qui induit un risque as-
Pour l’amplitude du gonflement, les résultats des mo- sez important pour les constructions existantes et pro-
dèles restent discutables à cause des écarts constatés jetées.
entre les mesures directes et les calculs. Ces écarts
peuvent avoir comme origine le type de chargement Par ailleurs, un examen détaillé de ces deux cartes
(soit le piston seul, soit le piston et le poids des terres). montre que l’extrême Nord du groupement présente
une pression de gonflement de 4 bars et une amplitude
moyenne de 13 %. Cette même amplitude a été obte-
5 LOCALISATION ET VARIATION DES nue à l’Est du groupement mais avec une pression
PARAMETRES DE GONFLEMENT AU moyenne de 6 bars. Cette différence peut être expli-
NIVEAU DU GROUPEMENT quée par :
− La faible variation de l’amplitude au niveau du
L’élaboration d’une carte de localisation des sols ex- groupement,
pansifs au niveau du groupement a un grand ni térêt − L’influence de la procédure utilisée pour la mesure
dans la compréhension des nombreux dommages en- de la pression de gonflement.
registrés et la projection de nouveaux projets. A cet
effet, nous avons utilisé la technique de Système
Figure 2 : Localisation des sols gonflants au niveau du groupement

Figure 3 : Variation de la pression de gonflement


Figure 4 : Variation de l’amplitude de gonflement

Sachant aussi que les essais de mesure des paramètres


6 CONCLUSION de gonflement sont longs et coûteux, il serait très inté-
ressant de pouvoir obtenir rapidement une première
estimation de ces paramètres. L’utilisation des modèles
L’analyse statistique menée sur les données a montré
mathématiques offre cette possibilité. Seulement, et
que la majorité des échantillons sont de formation argi-
comme il a été précisé dans ce travail, les modèles de
leuse et ce au vu des moyennes des variables, avec
la littérature ne sont pas utilisables pour n’importe
des coefficients de variances très faibles, permettant
quelle famille d’argile puisque même ajustés aux argiles
l’identification qualitative.
de la région de Tlemcen, ces modèles fournissaient des
De plus, l’analyse probabiliste a confirmé la nature valeurs dont les écarts par rapport aux valeurs mesu-
complexe des caractéristiques physiques des sols ainsi rées sont importants. La solution serait de rechercher
que les procédures de mesures de chaque paramètre. des modèles propres à chaque famille d’argile, ceci
L’analyse en composante principale a montré que ces bien sûr en disposant de suffisamment d’informations.
observations peuvent être utilisées pour proposer des
Le présent travail a montré qu’avec seulement 80 ob-
modèles prévisionnels de la pression et de l’amplitude
servations sur les sols de la région, la prévision a été
du gonflement.
considérablement améliorée. Les valeurs obtenues à
Bien sûr, soupçonner préalablement le potentiel de l’aide de ces modèles ne doivent jamais nous faire ou-
gonflement d’un site avant les essais mécaniques per- blier qu’en phase d’exécution, les mesures directes
mettrait de mieux orienter la phase de reconnaissance deviennent incontournables. L’utilisation des modèles
et informerait les concepteurs sur le mode de fondation peut réduire le nombre de mesures à effectuer.
à prescrire. C’est dans cet objectif que sont proposées
L’information géotechnique et sa visualisation sur sup-
les différentes classifications qualitatives. Il est conseillé
port cartographique ont un grand intérêt pour
d’utiliser les classifications se basant sur plus d’un pa-
l’établissement des cartes géotechniques spécifiques à
ramètre. Les paramètres déterminés par les essais
chaque phénomène au fur et à mesure que les informa-
d’identification et qui apparaissent comme étant les
tions sur une région donnée progressent. Ces cartes
plus déterminants dans le comportement gonflant des
permettent, par recoupement de l’information,
argiles sont l’indice de plasticité, le pourcentage des
d’anticiper sur la phase de reconnaissance préliminaire
particules argileuses, la valeur de l’essai au bleu de
pour les futurs projets. Nous avons présenté une ap-
méthylène et la limite de retrait.
proche d’analyse de variabilité des paramètres de gon-
flement pour le groupement Tlemcen-Mansourah-
Chetouanne en utilisant le S.I.G. Les résultats obtenus
mettent en évidence le caractère expansif des marnes
du groupement essentiellement au niveau des exten-
sions de la ville. Par conséquent, le recours à ces car-
tes peut faciliter la projection urbanistique tout en pre-
nant en compte l’existence de ces marnes. Une autre
technique permet aussi d’estimer les paramètres de
gonflement par l’établissement de modèles de prévi-
sion sachant aussi que les essais de mesure des
paramètres de gonflement sont longs et coûteux.

7 BIBLIOGRAPHIE

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