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Décembre 2016
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I-CONTEXTE
Le Cameroun est un pays en voie de développement. Pour assurer son autosuffisance alimentaire, il
a besoin des sols fertiles afin de pratiquer une agriculture industrielle. La région de Buea (ville
greffée sur le Mont Cameroun) et ses environs constituent avec les hautes terres de l’Ouest, un pôle
d’attraction et d’ailleurs le grenier du Cameroun. Comme toutes les régions abritant des volcans ,
plus de 2000.000 d’habitants vivent sur les flancs du Mont Cameroun (attirance par la fertilité des
terres, la douceur du climat), avec près de 5000 hectares de terrains exploités pour l’agriculture
(Njome et al., 2010). Par ailleurs, Le Mont Cameroun est le seul volcan actif au Cameroun. Il est
situé à cheval entre le secteur continental et le secteur océanique de la Ligne Volcanique du
Cameroun (figure1).
Figure1 : Localisation du Mont Cameroun sur les plans volcanologique (a, Suh et al., 2008) et
administratif (b, Okomo Atouba, stage SIG 2016).
Ses éruptions les plus récentes (1999, 2000) constituent alors à des degrés divers des menaces
potentiels des populations et des infrastructures des régions environnantes, qui colonisent
globalement tout son flanc Est (Figure 2).
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Figure 2 : Le Mont Cameroun, colonisé par les habitations et les infrastructures sur son flanc
Est (a); obstruction de la route Limbe-Idenao par la lave de 1999 (b) ; maison endommagée par les
séismes de 1999 à Buea (c).
L’Institut de Recherches Géologiques et Minières (IRGM), a élaboré à cet effet un programme
intitulé : « surveillance du Mont Cameroun et des zones à risque au Cameroun ». De ce programme
ressort ce projet de recherche, mis en œuvre par l'Observatoire de Recherches Géophysiques et
Volcanologiques de cet institut, dans laquelle j’exerce comme volcanologue attachée de recherches.
A Bruxelles, une partie de ce projet d’application devrait conduire à la mise à disposition des
décideurs d’une cartographie des éruptions récentes de ce volcan, accompagnée de leurs
caractéristiques et des cartes indiquant les zones les plus vulnérables aux coulées de laves, puis
éventuellement d’une composante traitant des simulations de l’étalement des coulées des éruptions
futures dans cette vaste région populaire. La télédétection et les SIG pourraient aussi me permettre
de fournir plus tard, en dehors des cartes thématiques, une banque de données (géophysiques,
volcanologiques, géochimiques et géochronologiques, topographique, occupation du sol, le réseau
routier, densité de la population etc.).
Les acteurs du projet sont l’IRGM, les Communautés Urbaines de Buea et Limbé, villes qui
abritent le volcan, le Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain (MINHDU), le Ministère
des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF). Le public cible est constitué des
chercheurs, des étudiants de l’Université de Buea et des autres Universités d’État du Cameroun, des
populations autour du Mont Cameroun, des partenaires du développement et des décideurs.
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II-OBJECTIFS
II - 2 Objectifs spécifiques
Objectif spécifique 1 : Proposer un modèle de cartographie, intégrant les aires de
vulnérabilité autour du Mont Cameroun en fonction des enjeux primordiaux (humain, stratégique,
économique) et de 3 aléas (coulées de laves, seismes, glissement de terrain) ;
Résultats de Objectif spécifique 1
(Partie réalisable à Bruxelles)
carte thématique mettant en exergue, les coulées récentes datées, de l'aléa du risque volca-
nique (1815, 1852, 1868,1909, 1922, 1954, 1959, 1982, 1999,2000) ;
carte thématique mettant en exergue les points des séismes permanents, prélevés sur six
mois (1er Janvier -30 Juin 2006) , accompagné du système de fracturation local du volcan ,
contrôle structural des événements naturels de la zone ;
une carte des pentes, facteur de déclenchement des aléas éboulement et glissement lents ou
rapides de terrain, départ des blocs etc.
(Partie réalisable au Cameroun):
carte des aires de vulnérabilité autour du Mont Cameroun, prenant en compte trois aléas : les
coulées de lave, les séismes et les glissements de terrain.
Objectif spécifiques 2 : simuler des passages des coulées futures, à partir des traces des
coulées actuelles, des anciens points d'éruption, ou des fissures et dresser une carte des aires de
vulnérabilité autour du volcan mettant en exergue les enjeux primordiaux comme la présence des
populations .
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Localisation des éruptions,
Type de basaltes émis
Analyses géochimiques par type de basalte
Date de l’éruption
Volume des produits émis
Longueur estimative de la coulée
Données sur les séismes (localisation GPS, magnitude, profondeur, date de prélèvement) ;
zone de risque probable.
III-RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE
Pour mener à bien notre projet d’application, des recherches sur le Mont Cameroun et des volcans
semblables ont servi de guide et d’exemple à suivre. Des consultations via internet ont aussi été
régulièrement faites. Quatre thèses de Doctorat Phd écrites sur le volcan Mont Cameroun ont été
consultées.Une multitude d'articles scientifiques explorée dont trois exemples seront cités par la
suite :
1-A new map of the lava flow field of Nyamulagira (D.R. Congo) from satellite imagery
B. Smets, C. Wauthier N.C. d’Oreye, 2010
Résumé : Il s'agit de la cartographie des différentes coulées volcaniques d'un volcan de la
République Démocratique du Congo, le Nyamulagira (SE du Nord Kivu), à partir d’une
compilation d'images satellitaire (Landsat) et des Radar, données de télédétection
(acquis dans le cadre des projets de surveillance du volcan, InSAR , ENVISAT, ASAR, ERS,
images JERS), prélevées sur plusieurs années et à peu près à des mêmes périodes pour faciliter les
comparaisons, et des données venant de la bibliographie, toutes compilées dans une base de
données et traitées à l'aide des SIG.
Pour Landsat (http://earthexplorer.usgs.gov ou http://glovis.usgs gov), les bandes spectrales 5, 4 et 3
ont été sélectionnées, pour assurer le meilleur contraste entre la lave et de la végétation, et entre les
différentes laves dont les flux se chevauchent, comme suggéré par Lu et al. (2004, in Smets et al.,
2010 ). La bande 5 est sensible à l'humidité du sol, à la végétation tandis que les bandes 4 et 3, sont
généralement utilisés pour calculer un indice de végétation, (respectivement sensibles à la biomasse,
à l'absorption de la chlorophylle). Les bandes spectrales 3, 2 ont été combinées pour bénéficier de la
résolution spatiale la plus élevée d’ASTER (à savoir 15 m). Toutes ces données ont été combinées
dans un SIG.
On peut donc à l’aide des images, observer et analyser des grandes structures ou informations qu’on
n’a pas pu recouvrir sur le terrain (télédétection) surtout quand ces informations sont dans des zones
d’accès difficile. Les éruptions fréquentes pour les volcans en activité génèrent des coulées de lave
qui se chevauchent et pour lesquels les limites entre elles et avec les anciennes coulées ne sont pas
toujours clairement visibles. Pour cela, les auteurs de cet articles enseignent que des capteurs
radars, permettent l’acquisition des données à tout moment du jour et de la nuit, à travers la
couverture nuageuse (Hanssen, 2001; Kervyn, 2001). Ainsi ces données captées peuvent être
traitées à travers un radar de synthèse (inSAR) pour obtenir des produits différents et
complémentaires qu’on peut utiliser pour cartographier les différentes coulées.
Apport pour le projet d’application
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Cet article servira d’exemple dans la comparaison et le chevauchement des données avec les coor-
données géographiques (couches), une production rapide ou mise à jour (le SIG est la technique la
plus appropriée pour le traitement des données géographiques dans les zones avec des changements
constants tels que les zones volcaniques actives) des cartes thématiques et à la caractérisation quan-
titative et qualitative des phénomènes géologiques du Mont Cameroun (par exemple longueur, sur-
face).
En plus de l’estimation du tracé des couches de laves, la base de données SIG contiendra des infor-
mations relatives à la pétrographie, à la géochimie, aux structures géologiques (failles, fissures et
linéaments), la topographie (MNT et des courbes de niveau résultants), l'hydrographie (rivières et
lacs), l'utilisation des sols (les zones urbaines, les zones industrielles) et la géographie (par exemple
les routes, les localités, les frontières politiques et administratives).
2-A new approach to assess long- term lava flow hazard and risk using GIS and low-cost re-
mote sensing: the case of Mount Cameroon, West Africa
K. Bonne, M. Kervyn, L. Cascones, S. Njome, E. Van Ranst, E. Suh, S. Ayonghe, P. jacobs and G.
Ernst, 2008
Résumé : cet article montre une méthode peu onéreuse d'évaluation des aléas « coulées volcaniques
» sur le Mont Cameroun. Les auteurs à l'aide des images satellitaires de résolution moyenne
(SRTM, Landsat), des cartes topographiques et d'une formule d'évaluation des risques de l'UNES-
CO, ont développé une méthode. « Lava flow zonation system using low-cost methods » ou
LAZSLO qui a été appliquée sur quelques coulées. Ceci leur a permis de déterminer les zones de
vulnérabilité du volcan, ainsi que les zones d'arrivée des futures coulées.
Apport de l'article dans le projet d'application : c'est une méthode à essayer, mais il est conve-
nable de l'appliquer sur toutes les laves déjà apparues sur le Mont Cameroun, avec une bonne carte
de localisation des populations et des infrastructures. LAZSLO a l'avantage, compte tenu du temps
très court de la réalisation de la totalité de mon projet d'application à Bruxelles, de ressortir avec les
SIG, les différentes coulées à l'aide des cartes topographiques et des images satellitaires traitées.
3- Cartographie de la vulnérabilité des populations face aux phénomènes volcaniques et aux
lahars du Mont Pinatubo (Philippines) : cas du bassin de la rivière Pasig-Potrero (province de
Pampanga)
J.C. Gaillard, R. D'Ercole F. Leone, 2001.
Résumé : Cette étude a pour objectif d'évaluer la vulnérabilité des populations du bassin de la
rivière Pasig-Potrero, menacées par les lahars récurrents du volcan Pinatubo (Philippines) à la suite
à l'éruption de 1991. À partir d'une campagne d'enquêtes sur le terrain, réalisée entre février et mars
1998, les auteurs ont pu définir et cartographier différents niveaux de perception du risque, la
qualité des comportements potentiels face aux lahars, ainsi que des attitudes en cas d'ordre
d'évacuation. Ces données ont ensuite permis de réaliser une typologie et une cartographie de la
vulnérabilité dans le secteur d'étude. Il en ressort que si la perception du risque est assez élevée, des
problèmes subsistent, notamment en matière d'alerte et de comportements en cas d'évacuation. Le
système d'alerte a aussi montré, dans le passé, des carences qu'il convient aujourd'hui de combler.
Ces conclusions peuvent guider l'élaboration de scénarii de risque et de catastrophe, utiles à des fins
opérationnelles (planification des secours, aide à la gestion des crises, aménagement du territoire...).
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Apport pour ce projet: cet article sera beaucoup plus utile dans les objectifs à réaliser au
Cameroun, notamment dans la sensibilisation des populations.
IV- MÉTHODOLOGIE
Pour mener à bien notre projet d’application, un travail sommaire a été fait au Cameroun avant le
Stage. Il s’agit sur le terrain, de l’observation et de l’identification de toutes les coulées de laves,
leur nature et leur géologie, des zones de glissement de terrain, des point GPS, prélèvement d’un
échantillon, ampleur du phénomène sur le terrain. Une recherche bibliographique, des données sha-
pefiles (limites administratives, réseau hydrographique, routes et les habitations) ainsi que des résul-
tats de recherche sur Open Street Map (limites frontalières), Worldpop, faits à Bruxelles complètent
les prélèvements et observations sur le terrain. Ces données seront introduites et traitées dans un
SIG.
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SCHÉMA CONCEPTUEL DE LA MÉTHODOLOGIE(suite)
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V- DONNÉES
V-.1. Données nécessaires
Les données nécessaires sont :
Des Images Landsat sur la zone du Mont Cameroun, les plus récentes et les moins couvertes
par les nuages ;
Une image SRTM ;
Des morceaux de cartes topographiques;
Shapefiles (limites administratives, volcan Mont Cameroun, limites frontalières,
réseau routier, des habitations, occupation du sol densité des populations, du réseau
hydrographique) ;
Cartes inventaires des zones de la vulnérabilité de la région ;
Carte inventaire du système de fracturation du Mont Cameroun ;
Carte des pentes du Mont Cameroun ;
Points GPS prélevés sur les coulées volcaniques du dernier siècle (1815-2000) en fichier
Excel ;
Points complémentaires sur la localisation des foyers sismiques
Points complémentaires sur la localisation des zones de départ des blocs de terre ou de
roches ;
cartes inventaires (avec des shapefiles) de tous les aléas de la zone du Mont Cameroun
V- 2. Données disponibles
Rasters
Bueadoua.tiff.1/200.000 MNT tar.gz
SRTM_30 m.tar.gz. Mont Cameroun
Image_LC8187057_10 Janv 2016.tar.gz (Operational Land Imager/ Thermal Infrared Sen-
sor), elle composée de 11 bandes; la résolution des bandes est de 30m téléchargeable gratui-
tement sur le site http://earthexplorer.usgs.gov/, au format Geotif).
Vecteurs
Shapefiles (du réseau hydrographique, du réseau routier, découpage administratif sont issus
de l'atlas forestier interactif du Cameroun V2 (L’Atlas Forestier Interactif est à la fois un ou-
til de gestion de l’information et d’aide à la décision en appui à une gestion durable des res-
sources forestières au Cameroun. C'est un produit issu de la collaboration entre le Ministère
des Forêts et de la Faune (MINFOF) du Cameroun et WRI: World Resources Institute). les
données peuvent aussi être téléchargées ici (http://cmr-
data.atlaforestier.org/datasets/8aa39fb015464c37819c93d15982635d).
Des shapefiles sur la densité des populations au 100m, obtenus par téléchargement dans le
site www.worldpop.org.uk
Points GPS prélevés sur les coulées du dernier siècle (1815-2000) en fichier Excel ;
Données sur les dates des éruptions, le type de basalte par éruption, quelques analyses géo-
chimiques.
Données en fichier Excel, prélevées sur 6 mois (1er Janvier-30 Juin 2006) des séismes avec
une précision sur la localisation, la magnitude et sur la profondeur du foyer (De Plaen et al., 2014).
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V-3. Données manquantes
Pour réaliser ce projet, c'est-à -dire une carte complète de zonage des risques, une étude spécialisée
sur le recensement et l'évaluation des enjeux est à faire. Elle consistera à inventorier, à localiser et à
analyser les valeurs des éléments exposés (humaine, sociale, monétaire et économique, stratégique,
environnementale). Cet inventaire sera complété par des études de terrain..
Par ailleurs, un inventaire des différents aléas est à faire dans la région, avec à chaque fois la
définition des composantes de chaque aléa, la fréquence et l'intensité de cet aléa. Par la suite on
pourra recenser par ordre d'importance tous les enjeux et aléas, puis réaliser des séries de cartes de
zonage des risques en fonction de l'importance de chaque enjeu et de chaque aléa. Ces étapes
passent nécessairement par des études appropriées (stage ou Master complémentaire en inventaire et
gestion des risques naturels).
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VII- MÉTHODOLOGIE CONCRÈTE
La première étape de ce projet a consisté à l'utilisation d'un SIG un inventaire pour présenter trois
aléas sur le Mont Cameroun. La finalité est la réalisation d'une carte des séismes, une carte des
coulées récentes datées, une carte des pentes.
Dans QGIS un projet a été créé avec la projection appropriée à la zone du Mont Cameroun, pour la
réalisation de ces cartes d'inventaires.
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- un fond d'ombrage traité au préalable dans la rubrique style des propriétés de la couche ;
- des shapefiles de chaque coulée ;
- les fissures éruptives ;
- les anciens points d'éruption (cônes ou cratères volcaniques) ;
-la couche des routes ;
enfin le tout exporté dans un composeur de carte, avec des traitements appropriés.
La carte de modélisation des coulées futures a été faite à l'aide d'un plug in (Q-LavHa) installé dans
QGIS. Il s'agit d'une carte d'analyse .
Après téléchargement du plug-in volcano, on le copie et on le colle dans
c:/users/’UserName’/.qgis2/python/plugins. Puis ouvrir qgis, on aura l'option VolcanBox sur la
barre des tâches, elle contient Q-LavHa (Sophie et al.,2016).
Dans le cas de cette étude, la simulation a été faite de deux manières : à partir d'une coulée de
référence, et à partir d'un ancien point d’éruption.
Pour la modélisation avec coulée de référence, le premier paramètre 'input' du plug-in est le MNT
découpé qui a été préparé suivant la méthodologie conceptuelle. Le deuxième paramètre est la
coulée apprêtée (voir méthodologie conceptuelle).
Naturellement, il faudra trouver le nom du fichier de sortie et sa localisation dans les fichiers
Outpout de l'ordinateur.
Avec les anciens points d'éruption volcanique, seul le MNT de la zone à simuler doit être préparé.
La modélisation se fera, à partir d'un point de coordonnées prélevé sur la carte avec l'option 'débuter
la capture', si l'on n'a pas les coordonnées du point (MNT).
L'autre étape consiste à préparer les paramètres de la lave, afin qu'elle puisse faire tourner le plug in.
Ces calculs ont été faits en grande partie à l'aide des données géochimiques des coulées à
modéliser. Les résultats des calculs et d'autres paramètres sont présentés sous forme de tableau
(tableau 1).
TMgO=3740/((Log(Xolivine)/(Xliquide)+1,87-273,15)°C
X= fraction massique qui se calcule à partir de la formule structurale du minéral ou du liquide avec
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ses pourcentages représentatifs dans les ions extraits à partir des analyses des éléments majeurs,
introduit dans un programme de calcul (Ersoy, 2010,2013).
Les mêmes calculs sont faits pour les pyroxènes et les plagioclases, les minéraux opaques aussi, et
la moyenne des températures de cristallisation de ces minéraux sera celle de l'éruption volcanique.
D'autres paramètres ont été calculés, le tableau ci-dessous résume les paramètres importants à
remplir pour faire fonctionner Q-LavHa
DIFFICULTÉS
Pour réaliser cette carte, les difficultés rencontrées sont surtout liées au Plug-in utilisé pour le faire.
Il s'agit de la Version 1, du plug-in Q-LavHa, qui a été essayée pour la première fois dans un
ordinateur à utilisation de Linux (donc mon ordinateur), alors que les paramètres du Plug-in ont été
conçus pour les ordinateurs à version Windows et Mac. Il a donc fallu faire plusieurs essais pour
éliminer le maximum d’erreurs possibles afin arriver à cette carte. La conceptrice du plug-in
(Sophie Mossoux) a paramétré de nouveau par l'éditeur de texte, la nouvelle version (Q-LavHa 2)
en cours en tenant compte que des ordinateurs avec la version de Linux pourraient l'utiliser. C'est
donc ces paramètres qui ont été installés dans la partie /home/ulb/.qgis2/python/plugins de mon
ordinateur.
Cela a pris beaucoup de temps pour être fait , aussi à cause de l’indisponibilité de Sophie qui est
actuellement très occupée par sa thèse . A la fin, toutes deux étions satisfaites, moi pour avoir réalisé
cette carte malgré le temps perdu, et elle pour avoir modifié la version 2 de Q-LavHa à paraître dans
les jours à venir, qui sera utilisable non seulement par les ordinateurs à version Mac et Windows,
mais aussi par les ordinateurs à version Linux.
Sophie, merci pour ton attention !
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VII-RÉSULTATS
VII-1 Pour les SIG inventaire
a) Les cartes
Figure 3:Carte thématique mettant en exergue les coulées récentes datées, de l'aléa du risque volca-
nique.
Tableau 2: Quelques caractéristiques des coulées récentes. Les surfaces ont été calculées
(en mètres) dans GRASS, à l'aide du module v.to.db, après avoir ajouté une colonne
(surface) dans la table attributaire de chaque coulée.
Date de la coulée Surface (Km2) Longueur maximale Altitude du point Type de basalte
(km) d'émission(m)
1815 5,2 8,3 2250 picrite
1852 9,5 13,7 3762 basanite
1868 2,6 6,2 2600 hawaite
1909 4,1 8,4 2400 mugéarite
1922 11 9,3 1400 Ankaramite,
1954 0 0 3800 Bombes basaltiques alcalins
1959 4,1 7,9 3000,2250 Hawaite
1982 2,4 6,7 2760 Hawaite scoriacée
1999 5,1 14 1500,2650 Basalte alcalin, hawaite
2000 3,3+7,8+2,5 5 2700,3300,3800 Basaltes alcalins
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Figure 4: Carte des séismes et du système de fracturation du Mont Cameroun
Figure 5: Carte des pentes, facteur de déclenchement des mouvements et glissements lents ou
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rapides de terrain, et des blocs etc.
b)- Interprétations
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D'après la lecture faite sur la rosace récapitulative de toutes les directions des fracturations, la
forme du volcan est liée à l’orientation du réseau principal des failles. N50-N60 est une grande
faille active.
Concernant les coulées de laves récentes, leur direction principale est SW, sous forme d'éventail,
puis secondairement NW , NE, et enfin SE. Les points d’éruption volcanique sont reliés aux
fissures. Les calculs des distances (v.distance dans GRASS) entre les fissures et les points donnent
des valeurs minimales de 0 mètres et maximales de 300 mètres. Ces fissures sont donc qualifiées de
fissures éruptives et restent actives. La principale direction est N30 –N50. Il peut avoir deux types
de sortie de magma: soit par les fissures, soit par les points d’éruption. La partie sommitale du Mont
Cameroun et ses flancs NE et SW(dont la ville de Buea), sont fortement exposés aux risques des
coulées .
Le mouvement le long d'une faille est généralement différentiel et s'accompagne d'une porosité
différentielle. Ce mouvement peut créer des fissures favorisant la montée des magmas et pouvant se
reboucher au refroidissement de ce magma éjecté, puis se rouvrir avec l'arrivée d'un autre magma
chaud. Ce qui peut expliquer plusieurs sorties de lave en même temps (exemple l’alignement ou
l'emplacement synchrone des coulées de 2000, qui pourrait être interprété comme une réactivation
des fissures à l'origine des distributions des cratères ou des cônes volcaniques).
L'emplacement dispersé des coulées de laves récentes sur le Mont Cameroun s'explique par la
réactivation différentielle des fissures qui sont à leur tour fortement contrôlées par les mouvements
tectoniques régionaux.
La forme des coulées de lave : Il s'agit d'accidents anciens qui ont été réactivés par l'ouverture de
l'atlantique à mouvement senestre et à décrochement dextre, donnant donc leur forme de crochons
de failles (dextre) au tracé de la coulée des lave (Zogning, 1988). L'estimation de la fréquence des
éruptions sur le Mont Cameroun pourrait donc se faire facilement par l'étude de l'évolution des
laves récentes et anciennes, mais aussi par une étude basée sur les carottes prélevées (stratigraphie).
L'activité sismique au Mont Cameroun relevée sur 6 mois (1er Janvier- 30 Juin 2006) fait état d' une
sismicité modérée (magnitudes jusqu’à 4) mais permanente et due à l’activité des failles dites
chevauchantes. En effet, l'injection des magmas à partir du sommet entraîne par le poids des
produits basaltiques émis et, en faveur du relief, des contraintes extensives au niveau des flancs
(composés des sédiments argileux flexibles), générant des failles chevauchantes et par conséquent
des séismes peu profonds. Ces mouvements et séismes, peuvent créer des dommages, localement
importants, au bâti (fissures, altérations de la structure, on en trouve dans les villes de Tiko,
Mutengene, Buea) du fait de la localisation potentiellement superficielle de certains foyers (de
l’ordre de 10 km de profondeur) .
D’autres séismes, non mentionnés ici, liés aux remontées des magmas entraînent des perturbations
du réseau hydrographique, exemple celui de 1999 qui avait contribué à diminuer le débit, voire tarir,
de nombreuses sources à l’altitude de la ville de Buea, ce qui a engendré des difficultés
d’alimentation en eau potable. Cette baisse du débit d’eau a été également perceptible sur le flanc
ouest du massif.
Les pentes, à cause de leur instabilité peuvent causer des mouvements de terrain. Ces mouvements
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peuvent survenir soit à la suite d'une éruption volcanique, soit par des formations géologiques de
faible dureté ou même des formations géologiques qui ont subi des changements à partir des
phénomènes météorologiques (chaleur, froid, pluies etc.), soit par l'expansion démographique et la
mauvaise occupation des espaces.
Sur les flancs NE et SW du Mont Cameroun, les pentes de forte valeurs (30° et plus ) sont parallèles
aux failles, elles sont alors susceptibles de créer des ruptures de masse ou des éboulements de
terrain.
Figure 7: Carte de simulation des coulées volcaniques futures à partir des coulées récentes et des
anciens points d'éruption volcanique.
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b) -Interprétations
Nous avons réalisé des simulations des éruptions volcaniques, à partir des anciens points des sorties
des laves, pour une périodede deux mois . Le but de ces simulations est de présenter une possibilité
de survenance d’un événement en illustrant les capacités du SIG, dans l'objectif final d'essayer de
réfléchir et de mettre à la disposition des décideurs, quelques dispositions à prendre, en cas de
survenue réelle d'une catastrophe liée à une éruption volcanique.
Dans l'ensemble une centaine de scenarii a été faite sur les flancs et la partie sommitale du volcan.
Le nombre d'itérations (1500), la distance à parcourir (10000m maximum), ainsi que la hauteur de
la lave modélisée (3-15m) sont des paramètres similaires à tous les essais. Seuls les paramètres
chimiques des laves datées, ont été modifiés de façon réelle. Le résultat est différent (voir figure
7) : par exemple, un point sur la ville de Buea a la forte probabilité d’être inondé par rapport à un
point situé au SSE vers le village Mapanja. Par ailleurs, les coulées qui traversent les zones
d'altitude 500 en allant vers les zones plus basses (l'équidistance des courbes de niveau est de
500m), forment des arborescences importantes à la fin de leur trajet (coulée sur Limbe2 vers le SW,
coulée sur Debundsha vers l'WSW de la carte). Cela peut s'expliquer par une zone de rupture de
pente importante. Par déduction de ces deux exemples, l'extension de la coulée de lave simulée
dépend largement des différents obstacles rencontrés sur son passage, de la composition chimique
de la roche, de sa viscosité, des changements atmosphériques. La partie sommitale et tous les flancs
restent les zones les plus fortement inondés par coulées de laves, et peut être aux retombées
aériennes. Les autres zones comme les talwegs peuvent être indirectement exposées aux
écoulements de lahars, et peut être des raz de marée.
Dans le tracé des coulées simulées, les pixels les plus foncés sur la carte indiquent les endroits les
plus vulnérables qui méritent d’être évacués s’ils sont habités.
Figure 8 : Simulations à partir des coulées récentes datées et d'autres points sur le volcan.
Des scénarii d’éruptions volcaniques faites sur l'ensemble du volcan, plusieurs autres interprétations
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peuvent être faits :
1) Les magmas de 1922, 2000, 1852,1999, 1959 sont parus en surface à partir des fissures éruptives,
ils montrent des volumes de laves importants et la simulation faite à partir des fissures ou des points
d'éruption situés le long d'une fissure se rapproche plus de la réalité.
2) Les magmas des éruptions de 1909,1868, 1815,1982 sont parus en surface à partir des points
d'éruption volcanique.
Il découle de ces deux points que les éruptions de type fissurale sont celles qui produisent le plus de
volume de lave et par conséquent peuvent être plus dangereuses, si le relief est en faveur de leur
passage ; les zones les plus exposées aux coulées de laves sont celles au-dessus de 3000m d'altitude,
surtout la région sommitale du volcan, suivi de celles ou les pentes les plus fortes sont rencontrées.
Les différentes simulations, transformées en shapefiles, puis en lignes, ont été reportées dans le
logiciel GRASS, pour certains calculs. Un ajout de colonne (surface, longueur etc,) a été fait, puis
v.to.db pour remplir les colonnes. Un tableau récapitulatif de l'ensemble des manipulations faites est
le suivant :
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RECOMMANDATIONS
Les éruptions volcaniques récentes sont connues par les populations, et leur tracé est visible.
Certaines ont causé des dégâts matériels énormes ( coulée de 1922, 1999) lors de leur mise en place,
c'est du passé, qui ici reste présent parce que les mêmes endroits peuvent encore être inondés par
une coulée future. Par ailleurs, les anciens points d'éruption volcaniques ne sont pas connus, et ne
sont pas visibles à certains endroits par des populations. Il faut présenter la carte des scénarii
d'éruption à des séminaires de sensibilisation des populations aux effets néfastes du volcan, pour
leur faire comprendre par exemple qu'un cône ou un cratère volcanique est un ancien point de sortie
des laves et qu'il reste possible d’être utilisé par d'autres magmas pour arriver à la surface. Par
conséquent, il serait de bien bâtir ou faire des champs loin de ces points. C'est vrai que la distance à
respecter est fonction des produits émis, mais des buffers réalisés à des distances de 2000m et des
simulations faites sur certains de ces points peuvent déjà garantir les populations du risque auquel
elles sont exposées.
Il existe deux types de séisme sur le Mont Cameroun: les séismes liés aux éruptions volcaniques,
qui sont temporaires, et les séismes permanents, liées aux chevauchements des linéaments et causés
par la forte densité des produits émis par les éruptions, qui sont déposés à l'extrémité des flancs de
la montagne, en strates sur des couches sédimentaires argileux et flexibles. La carte des séismes est
un exemple de répartition des séismes permanents sur des relevés pendant une durée de 6 mois. Le
flanc SE, qui regorge beaucoup d’enregistrements est aussi très habité et construit. Certaines
maisons se retrouvent actuellement avec des fissures sur les murs. C'est vrai que ces séismes ne sont
pas généralement ressentis par les populations (faible profondeurs, faible magnitude), mais ils
restent dangereux à long terme. Il est important que cette carte soit mise à la disposition du public,
avec des explications claires qui feront passer le message.
Les pentes fortes sont des facteurs importants de déclenchement des mouvements de terrain, de
déplacements (lents ou rapide) de gros blocs (Ayonghe et al., 2004). Elles favorisent aussi
l'écoulement rapide des laves, des lahars qui en découlent parfois, accélérant ainsi l'augmentation de
l'ampleur d'inondation pendant ou après les éruptions volcaniques. Il est important de le savoir et
de mettre une carte des pentes au service des décideurs et des populations vivant autour du Mont
Cameroun.
En termes de recommandation après ces simulations, nous pouvons déjà prôner pour la
sensibilisation des populations et des autorités à la préparation et à la gestion d'un événement
catstrophique futur.
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PERSPECTIVES
A la fin de ce stage, un grand pas a été franchi, d'abord sur la connaissance des logiciels SIG libres,
Ensuite sur la réalisation de ce projet. Mais beaucoup reste encore à faire.
Dans le futur, nous nous proposons de faire un inventaire de tous les aléas de la zone du Mont
Cameroun (coulée, séismes, glissement de terrain, raz des marées, cendres volcaniques, lahars, gaz
volcaniques etc.). Par la suite, définir leur fréquence et leur intensité nous permettra de mettre en
exergue les contraintes et les facteurs des risques dans la région, par type d'aléa, pour des fins
d'analyse multicritères par thème bien précis. Bien évidemment, l'inventaire des infrastructures et
des populations devrait aussi être fait, afin d'évaluer les risques de manière objective et concrète.
Cela passe par des études bien spécialisées (analyse et gestion des risques naturels) qu'il nous reste
encore à rechercher.
Dans l’Institut de Recherches Géologiques et Minières(IRGM), les SIG sont connus. La difficulté
reste au niveau du nombre de personnes qui les maîtrisent et les utilisent, et le type de logiciels qui
est vulgarisé. Très peu de collègues géologues travaillent avec Mapinfo, ArcGIS, GEOMATIKA
(formes craquées, ou parfois des téléchargements en essai pour 30 jours). Par conséquent,
l’intégration de la notion des logiciels libres ne se fera pas avec beaucoup de difficultés. Plusieurs
géologues nouvellement recrutés sont encore en phase d'échantillonnage sur le terrain pour leurs
travaux de thèse. Quelques règles sur le GPS et astuces leur seront utiles, surtout pour des facilités
d’enregistrement et de retransmission des points dans un fichier à conserver pour des études
ultérieures. Pour ceux qui sont à la phase de rédaction de leur thèse, ils profiteront des séminaires
pour connaître les SIG libres, et par conséquent réaliser des cartes thématiques fiables pour des
interprétations édifiantes et objectives.
Dans le Département des Sciences de la Terre de l’Université de Yaoundé I, des formations se font
en auto didactyle (ArcGIS, version craquée, Mapinfo etc.). Ce que j’apporterai de nouveau est la
proposition d’un ajout dans le module de cartographie géologique, d’une partie introduction à
l’apprentissage des SIG libres. L’objectif visé ici est qu'à la fin du cycle de Master (qui dure deux
ans), un étudiant géologue soit capable de réaliser lui-même la carte géologique du secteur de son
mémoire de fin d'étude, cela passera bien-sûr par la connaissance d'un SIG libre. Nous proposons
les principales activités à suivre de retour au pays dans un tableau.
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Tableau 4 : récapitulatif des principales activités à suivre dans le cadre de la vulgarisation des
SIG libres de retour au Cameroun
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BIBLIOGRAPHIE
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