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SYSTEME PETROLIER DU BASSIN COTIER CONGOLAIS

Lejri Khaoula, M2 Sciences de la Terre, spécialité Géophysique de l'Université de Rennes 1.


Encadrant : Mr René Faustin Mabiala Nkombo, ingénieur géophysicien à SOCO EPC Congo.
Février-Juin 2009

Résumé:
Entre 1970 et 1992, 18 puits ont été forés dans le permis offshore Marine XI (ex-Marine II et ex-PNGF).
Certains de ces puits ont rencontré un à plusieurs réservoirs d'hydrocarbures alors que d'autres étaient secs ou
présentaient des traces d’huile. Une acquisition sismique 3D a été faite par la compagnie SOCO avec ces
nouvelles données, il est alors possible de comprendre les raisons pour lesquelles certains de ces puits sont
secs et de quelles façons se sont alimentés les réservoirs imprégnés. Nous verrons ainsi comment s'est
effectué la migration dans un bassin où une puissante couverture évaporitique (sel) sépare les roches mères
(anté-salifère) des principaux réservoirs (post-salifère).
Le logiciel d'interprétation sismique utilisé par SOCO est SeisVision de la plateforme GeoGraphix. Grâce à
cet outil, l'interprétation de la sismique a pu être faite afin d'expliquer la migration dans ce secteur. Le
module de cartographie GeoAtlas a permis de faire les cartes isochrones et isobathes * des marqueurs
sismiques qui correspondent aux toits des principales formations géologiques; ceci dans le but de repérer les
pièges structuraux, et d'établir la carte d'épaisseur du sel nécessaire pour l’identification des voies de
migration d’hydrocarbures.
Avant de commencer l'interprétation sismique, il est nécessaire de prendre en compte la paléostratigraphie
régionale. Connaissant la lithologie, grâce aux données de puits, nous avons identifié la nature des roches de
ce système pétrolier (roches mères, réservoirs et couvertures). Savoir que le bassin côtier congolais est situé
dans un contexte d'extension, nous a aussi aidé lors de l'interprétation sismique à mieux cerner l'architecture
du dépôt et des failles. Enfin, il faut prendre en considération la tectonique particulière liée au sel car celle-ci
nous permet de voir s'il y a alimentation ou non de certains réservoirs.
Les résultats obtenus sont de haute importance pour les compagnies pétrolières et la sismique reste la
méthode de prospection géophysique la plus utilisée pour leurs activités d'exploration. Nous présentons ici le
résultat d'une interprétation sismique illustrant la migration d'hydrocarbures dans l'offshore congolais.

Mots-clés: sismique 3D, système pétrolier, migration, Congo.

Abstract:
Between 1970 and 1992, 18 wells were drilled in the offshore permit Marine XI (ex-Marine II and ex-
PNGF). Some of them have encountered one or more hydrocarbon reservoir; the others were dry or had only
oil shows. A 3D seismic acquisition was performed by SOCO. On the basis of the new data, we have to find
out and understand why some wells are dry and how some reservoirs have been fed. We will see how the oil
migrates within a basin where a good cap rock (salt) separates the source rocks (pre-salt) and the main
reservoir rocks (post-salt).
The seismic interpretation software used by SOCO is SeisVision of the platform GeoGraphix. Thanks to this
tool, the seismic data could be displayed to explain the migration within this area. The module GeoAtlas
allowed us to draw isochrones and isobaths maps of seismic markers that correspond to the tops of the main
geological formations. This has been made in order to identify structural traps and to establish the salt map
thickness, necessary in the identification of hydrocarbons’ migration pathways.
Understanding the regional paleostratigraphy is the most important step before the seismic interpretation for
the identification of the migration pathways. Studying the lithology through well data has enabled us to
define the nature of the petroleum system (source rock, reservoir rock and cap rock). Knowing that the
Congolese coastal basin is located in an extension context helped us during the seismic interpretation to
better define the deposit architecture and faults. Finally, the particular salt tectonic environment is taken into
account to allow the understanding of the hydrocarbon charge of some reservoirs.
The results are essential for oil companies as seismic studies are the most important geophysical prospecting
support for exploration. In the following, we will introduce the result of a seismic interpretation illustrating
the migration of hydrocarbons in offshore Congo.

Keywords: 3D seismic, petroleum system, migration, Congo.

Isobathe ou isopaque : surface d'une strate ou d'une structure géologique souterraine.

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INTRODUCTION

Du point de vue géologique, la marge passive ouest-africaine représente un intérêt scientifique dans
d'innombrables domaines. On retrouve dans la littérature plusieurs sujets de recherche concernant cette zone
comme par exemple la reconstitution cinématique du supercontinent Gandwanais ou l'amincissement de la
croûte continentale (Aslanian et al., 2009; Moulin, 2003). L'influence des dépôts fluviaux et des paléo-
chenaux du fleuve du Congo fut pendant des années très étudiée grâce aux données sismiques de haute
résolution du projet ZaiAngo développé par TOTAL et IFREMER (Anka et Sérane, 2004; Anka et al., 2008).
L'imagerie sous-marine et la bathymétrie ont permis l'étude des chenaux actuels et la structure du canyon
(Savoye et al., 2000; Babonneau et al., 2002; Gay et al., 2007), sans oublier les levés magnétiques et
gravimétriques complémentaires.
Une marge continentale passive est une zone économique primordiale pour l’industrie pétrolière.
Elle constitue la zone principale d’accumulation des roches mères et des réservoirs d’hydrocarbures.
L'Atlantique sud représente à lui seul plus de 7% des réserves mondiales d'hydrocarbures (Huc, 2004). Rien
que sur les côtes ouest-africaines, on estime à plus de 29.7 milliard de barils d'huiles en réserves probables
(cité dans Brownfield et Charpentier, 2006). Depuis cette évaluation, trois œuvres (Cameron et al., 1999;
Mello et Katz, 2000; Arthur et al., 2003) et plusieurs articles scientifiques discutant du système pétrolier ont
été publiés. On retiendra en particulier Schiefelbein et al. (1999, 2000) qui a contribué à la compréhension de
la distribution et de la nature des huiles de la marge passive atlantique. Il convient de noter que l’analyse
détaillée de la composition moléculaire des hydrocarbures peut effectivement révéler l’origine et donc la
nature de la roche mère. Cette étude est fondée sur des méthodes d’analyse chimique telles que la
chromatographie de phase gazeuse couplée à la spectrométrie de la masse moléculaire ou isotopique. Ainsi
Schiefelbein et al. (1999, 2000) a défini une huile congolaise d’origine majoritairement lacustre. Burwood
(1999) s’est focalisé sur les huiles angolaises. Ce type d’information s’avère très utile quand l’exploration
géologique est confrontée à de multiples systèmes pétroliers, comme dans les cas de l’atlantique.
Dans l’offshore profond, Da Costa et al. (2001) décrit l’importance du système des chenaux
turbiditiques du miocène, caractérisé par ses variations de niveau d’eau, en tant que prospects* ou leads*
récepteurs finaux d’hydrocarbures. D'autres études en cours sont motivées essentiellement par l'intérêt
économique qui a suivi la hausse du prix du baril (Jamet, 2008); ce qui a engendré une activité intense
d’exploration et de développement des gisements de la part de l’industrie pétrolière.
La migration des hydrocarbures dans l'offshore congolais est un sujet qui a vu paraître plusieurs
publications. Ainsi Schneider et al. (2000) a développé un algorithme qui, appliqué à un modèle numérique
3D d'un bassin, offre de véritables simulations de systèmes pétroliers. Cette étude a permis de modéliser les
principaux réservoirs à partir des différentes données géophysiques des formations géologiques et se limite
au permis Emeraude (situé à la frontière Sud-ouest de Marine XI). De façon plus générale, Huc (2004) décrit
le système pétrolier de l'offshore congolais à travers son histoire et schématise le parcours de la migration
des hydrocarbures suivant le niveau de maturation de la roche mère. En effet, étudier le système pétrolier
revient d'abord à définir les roches mères, roches réservoirs et roches couvertures qui le composent. Puis,
tenir compte de la structure du bassin et des phénomènes tectoniques afin de cerner les différentes étapes de
la migration.
L’objectif de ce papier est donc, dans un premier temps, de transposer les modèles théoriques de
migration d’hydrocarbures précédemment établis sur notre zone d’études; puis de voir par quel mesure nous
pouvons compléter ces connaissances tout en expliquant les procédés d’alimentation des réservoirs dans le
bassin côtier congolais et plus précisément sur le permis Marine XI.
En effet le bassin du Bas Congo s’étend du Gabon jusqu’à l’Angola sur 250 km de côte et notre zone
d'étude se limite au permis d’exploration Marine XI (Fig.1). Ce bloc a été sous-exploré d'où les 1300km² de
sismique 3D qui ont été acquis en 2006 et ont subi deux sortes de traitements : Pre-Stack-Time-Migration
(PSTM) et Pre-Stack-Depth-Migration (PSDM).
Dans le passé, onze campagnes sismiques ont permis la mise en évidence de plusieurs structures,
dont 18 qui ont été l'objet de forage d'une profondeur allant de 726m à 3987m traversant presque toutes les
formations du bassin côtier congolais (des marnes de Madingo jusqu’aux grès de Vandji). La
lithostratigraphie de Marine XI, mise en évidence par les différents puits forés, est constituée par deux séries
différentes; l'anté-salifère et le post-salifère, séparées par une couche d'évaporites, le sel de Loéme.

Prospect : surface ou volume présentant un intérêt géologique en vue d’une exploration.


Lead : indication géologique sur une structure intéressante, requiert plus de données pour être classifié en tant que
prospect (d’après le système de la classification des ressources de James G. Ross.)

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Fig. 1. Marine XI est situé dans les eaux au large du Congo, longeant la côte depuis Pointe Indienne jusqu'à la
frontière avec l'Angola (Cabinda). Il est localisé à environ 12km de Pointe-Noire et dans les profondeurs d'eau oscillant
de 40m à 65m (carte Total modifiée).

Nous aborderons dans un premier temps l'histoire géologique du bassin congolais en détaillant la
lithologie connue grâce aux données des puits de forage (rapport de fin de sondage, rapport final géologique
et Log de chaque puits). Toujours avec les mêmes données, on présentera les roches du système pétrolier.
Puis grâce à la sismique 3D, accessible sur le module SeisVision du logiciel GeoGraphix, nous pourrons
visualiser d'autres conditions capables de nous informer sur les pièges (pouvant être structuraux,
stratigraphiques ou mixtes) et les failles (perméables ou étanches). Enfin, le module GeoAtlas nous aidera à
cartographier non seulement les toits des formations mais en plus l'épaisseur du sel; celle-ci nous aidera à
repérer les fenêtres de passage des hydrocarbures.

1. Histoire géologique du bassin côtier Congolais

L'histoire géologique du bassin côtier congolais débute au crétacé inférieur, Berriasien à Hauterivien
(autrefois regroupés dans le terme «Néocomien»), par un régime continental et se termine au Tertiaire dans
un contexte marin (Reyre, 1984; Moulin, 2003; Mac Donald et al., 2002). Le Jurassique, le Trias et le
Paléozoïque sont absents, les formations néocomiennes surmontent donc directement le socle précambrien
(Reyre, 1984).
L’épisode syn-rift I (Néocomien au mi-Barrémien) à forte activité tectonique est décrit avec des
phases d’extension créant des failles Nord-ouest/Sud-est (Moulin, 2003), et des phases de structuration
engendrant le basculement successif de blocs ainsi délimité.
Au Néocomien, le bassin côtier est une vaste dépression dont l'évolution peut être décrite en trois
stades:
-Stade plaine alluviale: C'est le stade initial du rifting; la séparation du supercontinent Gondwanais
commence avec l'apparition de failles d'extension et un début de subsidence (Mac Donald et al., 2002;
Reyre, 1984). Le bassin est encore une large plaine avec des zones plus ou moins basses et allongées dans
lesquelles viennent s'accumuler des sédiments alluviaux (Fig.2.a): les grès de Vandji (50 à 400m d'épaisseur).
Ils présentent souvent des figures sédimentaires à laminations parallèles et à stratifications entrecroisées
correspondant à un système de réseau en tresses («braided river»), confirmant ainsi leur origine alluviale.
-Stade palustre: La subsidence s'accentue et la plaine alluviale devient marécageuse avec une stagnation des
eaux et un transport des sédiments ralenti ou nul. Le milieu devient réducteur (Reyre, 1984; Brownfield et
Charpentier, 2006) et confiné avec un dépôt détritique fin (argile silteuse) à tendance organo-chimique
(aujourd’hui ce sont des marnes légèrement micacées parfois bitumeuses), à intercalations (silteuses et
sableuses), qui constitue les marnes de Sialivakou (200 à 800m d'épaisseur parfois d’avantage). Cette
formation repose en continuité sur les grès de Vandji (Fig.2.b).
-Stade fluvio-lacustre: L'approfondissement se poursuit et subit même une accélération dans les fosses liées
aux failles du rifting. Les zones basses deviennent des lacs profonds dans lesquels viennent se jeter des cours
d'eau qui y déposent des sédiments constitués d'une alternance de grès et d'argiles grises à matière organique

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de type turbidite lacustre. (Baudouy et Legorjus, 1991 ; Harris, 2000). Les grès de Djeno (épais de 800m en
moyenne mais pouvant atteindre 1400m) sont ainsi en continuité de sédimentation sur les marnes de
Sialivakou (Fig.2.b).
Au Barrémien, après les mouvements du rifting avec leurs conséquences tant du point de vue de la
tectonique (basculement en panneaux et érosion) que de la sédimentation (séquences argilo-grèseuses),
s'ensuit dans un premier temps une phase d'accalmie (Reyre, 1984). Le milieu demeure confiné avec un
dépôt organo-chimique à tendance finement détritique. Il s'agit de marnes gris-foncé à noires (bitumineuses
et pyriteuses) à intercalations (d'argiles silteuses et de grès micacés très fins) qui constituent les marnes de
Pointe-Noire (50 à 650m d'épaisseur). Ces marnes se reposent en discordance angulaire sur les grès de Djeno
et scellent l'épisode Syn-rift I (fig.2.c). La formation de Pointe-Noire est intra-barrémienne comme le
confirme Vernet et al. (1996) et Teisserenc et Villemin (1990).
S'ensuit, dans un deuxième temps, un épisode syn-rift II (Mi-Barrémien à l'Aptien) qui est associé à
une faible activité tectonique dans les grands panneaux basculés. Il se produit un enfoncement accentué et
généralisé de tout le bassin (Reyre, 1984) suivit d'un comblement de fosses barrémiennes par une série
monotone constituée essentiellement d'argiles gris-vert (feuilletées, silteuses et micacées avec de minces
niveaux de grès, de siltstones et de carbonates). Ces sédiments détritiques sont appelés les argiles de Pointe-
Indienne (peuvent atteindre 1500m d'épaisseur) et sont en continuité de sédimentation sur les marnes de
Pointe-Noire (Fig.2.c). Cette formation présente des variations de faciès totales ou partielles.
En effet, sur les hauts fonds et les zones bordières, se déposent respectivement des sédiments de type
plate-forme lacustre (Brice et al., 1982; McHargue, 1990; Harris, 2000): les carbonates de la Toca
(carbonates bioclastiques et vacuolaires avec de rares niveaux d'argile grise) et les grès de Mengo qu'on
retrouve généralement dans l'onshore congolais. Les sables de Tchibota/Dentale sont situés dans la partie
supérieure de la formation des argiles de pointe indienne. On les retrouve dans un offshore plus profond
(Vernet et al., 1996).

Fig. 2. a) La formation de Vandji surmonte directement le socle


granitique précambrien et constitue les grès de base du bassin. b)
Dépôt des marnes de Sialivakou et des grès de Djeno dans un
contexte de rifting avec des remontées de socle possibles (môle). c)
Fermeture stratigraphique par biseautage des formations
carbonatées de la Toca entre les marnes de Pointe-Noire et les
argiles de Pointe-Indienne.

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A l'Aptien, a lieu une émersion généralisée avec incursion possible des premières eaux marines
(Reyre, 1984). Le sable de Chéla est le premier dépôt d’influence marine de faible épaisseur (15 à 60m). Il
marque la fin du cycle sédimentaire dit anté-salifère, en se reposant en discordance dessus (Fig2.d), et scelle
l'épisode Syn-rift II. D'après Harris (2000), la formation de Chéla fut déposée dans une variété
d'environnements, y compris maritime, lacustre et fluvial.
Le passage entre les épisodes rift et drift (rupture entre les deux continents) correspond à une phase
de transition durant laquelle se dépose le sel. En effet, à la fin de l'Aptien, la surface est complètement
immergée, avec raréfaction et même disparition des sources d'apports de matériaux terrigènes; cependant la
profondeur d'eau restant assez faible et le milieu relativement fermé (lagune) dans un climat aride, il va se
développer une puissante série évaporitique: le salifère de Loéme (Fig.2.d). Cette série repose en continuité
sur le Chéla et présente une épaisseur moyenne de 650 mètres et des maximas de 1000 mètres. La série est
une séquence cyclique de sels sodiques (halite ou sel gemme) et potassiques (carnallites parfois altérées en
sylvinites). Toute la séquence est couronnée par un banc d'anhydrite d'environ 50 mètres d'épaisseur.

Fig. 2. d) Dépôt des sables de Chéla et du sel. e) Dépôt de la formation de Sendji, des grès de Tchala, des dolomies de
Loango, des marnes de Madingo et des argiles sableuse de Paloukou. Ces dernières formations se déposent sur le sel,
cette dernière couche agit comme une couche savon et sous le poids des sédiments, fait glisser tout le système post-
salifère en formant des failles listriques.

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A l'Albien, après la sédimentation évaporitique, le bassin est le siège d'une transgression marine
générale (Reyre, 1984; Moulin, 2003; Mac Donald et al., 2002; Cameron et al., 1999; Mello et Katz, 2000).
La barrière séparant la lagune de la mer ouverte s'effondre progressivement à la venue d'eau océanique de
faible salinité et conduit à des dépôts de faible profondeur de type plate-forme interne. On retrouve ainsi
dans la formation de Sendji (50 à 1700m), une alternance de dolomies calcaires et de calcaires dolomitiques
(avec, dans la partie sommitale, de nombreuses intercalations de grès, de siltstones, d'argiles silteuses et de
rares niveaux anhydritiques).
Au Cénomanien, la régression déjà amorcée à la fin de l'Albien s'accentue. Les faciès continentaux
se répandent tout en étant influencés par la fluctuation de la ligne de rivage. Ils déterminent ainsi des mini-
séquences tantôt régressives, tantôt transgressives (Reyre, 1984). Les dépôts qui s'ensuivent sont des sables
(très peu consolidés) alternant avec des grès (hétérométriques fins à grossiers à ciment siliceux) et des
intercalations (d'argile, d'anhydrite, d'argiles bariolées et de calcaires argileux) formant ainsi les grès de
Tchala (Fig.2.e) Ils sont en continuité de sédimentation sur la formation de Sendji et concentrés
essentiellement dans la partie orientale du bassin. L'épaisseur de cette formation peut atteindre 500m. Les
grès de Tchala sont des dépôts de milieu littoro-continental. La formation silto-argileuse de Likouala est
l'équivalent latéral des grès de Tchala. Cette formation prend le relais des grès de Tchala et d'une partie des
formations de Sendji vers l'ouest du bassin. Elle s'est déposée en milieu littoral à margino-littoral.
Au Turonien-Sénonien, le bassin est de nouveau le siège d'une transgression qui donne lieu à un
dépôt de dolomie et de calcaire: les dolomies de Loango (100m). Le milieu de dépôt est margino-littoral.
S'ensuit un dépôt de marnes (silteuses ou sableuses) avec des intercalations de calcaires, d'argiles fossilifères
silteuses riches en substance organique qui constituent le lithotype prédominant au Sénonien: les marnes de
Madingo (600m). Quelquefois, on y rencontre un faciès silteux avec intercalations argileuses et dolomitiques
(silts d'Emeraude). Le milieu de dépôt est marin franc.
A l'Oligo-Miocène s'instaure un milieu marin ouvert avec une puissante série argileuse à
intercalations sableuses ou calcaires et de silts fossilifères riche en foraminifères formant ainsi les argiles
sableuses de Paloukou. Ils marquent la fin du cycle sédimentaire post-salifère. Cette série repose en
discordance sur toutes les formations post-salifères (Reyre, 1984). Son épaisseur varie de 100 mètres sur la
plate-forme continentale à plus de 1000 mètres dans la zone du talus.
La lithostratigraphie de l'environnement du permis Marine XI est ainsi constituée, comme
l'ensemble du bassin côtier congolais, par trois grands ensembles : l'anté-salifère composé de 7 formations
géologiques (Vandji, Sialivakou, Djeno, Pointe-Noire, Pointe-Indienne, Toca ou autre équivalent de faciès et
le Chéla), le salifère de Loéme d'âge Aptien et le post-salifère composé de 5 formations (Sendji, Tchala,
Loango, Madingo et Paloukou) d'origine marine avec quelques épisodes continentaux.

2. Système pétrolier

Le système pétrolier est défini comme étant un moyen de formaliser les relations entre la géologie
qui est en temps et l'espace requis pour le développement et l'accumulation d'hydrocarbures. L'élément clé
d'un système pétrolier est la présence de bonnes roches mères, de roches réservoirs elles mêmes surmontées
par des roches couvertures. Le type de piège est important. On peut distinguer les pièges structuraux (plis,
failles...) des pièges stratigraphiques (variation latérale de faciès...) ou mixtes (Duval, 1999). Nous verrons
plus tard que dans le post-salifère de notre zone d'étude on ne rencontrera que des pièges structuraux, c'est à
dire dans la plupart des cas, des plis anticlinaux. La couche évaporitique ne servant alors que pour le
piégeage stratigraphique des migrations secondaires anté-salifères.
2.1. Les roches mères
Dans le bassin sédimentaire côtier congolais, les roches mères ayant pu générer des hydrocarbures
sont essentiellement celles de la série anté-salifère (Mello et Katz, 2000; Brownfield et Charpentier, 2006),
plus précisément déposé lors du syn-rift du crétacé inferieur. Dans cette série, quatre formations sont
considérées comme roches mères potentielles:
-Les marnes de Sialivakou et la partie inférieure des grès de Djeno où le degré d'altération thermique est
souvent élevé (entre 1475 et 3000m). Cela montre que cette formation n'est dans la fenêtre à huile que sur et
autour des môles de Likouala.
-La partie supérieure Djeno est non altérée, elle se trouve encore dans la fenêtre à huile.
-Les marnes de Pointe-Noire sont exceptionnellement riches en matière organique saprolitique (table.1).
C'est la roche mère principale du Bassin côtier qui est actuellement dans la fenêtre à huile dans l'ensemble,
sauf dans le grand offshore où la profondeur d’enfouissement dépasse la fenêtre à huile (Huc, 2004).

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-Les argiles de Pointe-Indienne forment une roche mère à potentiel moyen. Ces argiles seraient à l'origine
des accumulations d'huiles rencontrées dans la formation des grès de Mengo en onshore (gisement). Plus au
large, son équivalent Dentale constitue une roche mère à potentiel plus élevé (Teisserenc et Villemin, 1990).
Outres les roches mères décrites dans la série anté-salifère, il existe dans le post-salifère des roches
qui ont un bon potentiel naphtogénique, mais qui sont demeurées immatures du fait de leur faible profondeur
d'enfouissement en ne pénétrant pas dans la fenêtre à huile. Il s'agit des marnes de Madingo d'âge Sénonien.
Dans l'offshore profond, il est possible que le Miocène, ayant atteint un développement considérable, ait pu
générer des hydrocarbures (Baudouy and Legorjus, 1991; Huc, 2004).

Table 1. Récapitulatif des caractéristiques pétrophysiques des formations du bassin congolais rencontrées dans le
permis Marine XI, basé sur des moyennes ou des cas spécifique. *TOC=Total Organic Content.

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2.2. Roches réservoirs
Les principaux réservoirs anté-salifères se rencontrent dans les formations suivantes:
-Les grès de base ou grès de Vandji qui forment un réservoir généralement peu argileux, étendu mais non
homogène. Quelques forages y ont révélé des accumulations d'huiles avec des productivités intéressantes
(gisement de Loussima vers le sud-ouest de Marine XI).
-Les grès de Djeno: réservoirs en bancs métriques à décamétriques sur toute la hauteur de la série et
d'extension latérale limitée. Il s'agit généralement de grès argileux très micacés fortement cimentés, de
caractéristiques pétrophysiques médiocres (table.1). De ce fait, aucune découverte commerciale n'a été
enregistrée, en dépit de nombreux indices d'hydrocarbures.
-Les carbonates de la Toca sont des carbonates bioclastiques, en effet selon Harris (2000) se sont des
interstratifications lacustres de coquilles d’ostracodes et de gastéropodes, aux caractéristiques pétrophysiques
moyennes (table.1). Les quelques accumulations d'hydrocarbures mises en évidence dans ce réservoir sont
d'extension limitée (gisement de Mouedji-Viodo dans Marine XI, son équivalent sud-américain se trouve au
bassin de Compos appelé Lagoa Feia (Mello et Katz, 2000)).
-Les réservoirs de Pointe-Indienne sont concentrés surtout dans la partie supérieure de la formation et sont
représentés par des corps lenticulaires de grès fins à moyens associés à des calcaires coquilliers vacuolaire.
Leur épaisseur maximale est de 30 mètres. La seule accumulation connue dans ce type de réservoir est celle
du petit gisement onshore de Pointe-Indienne en exploitation depuis 1959.
-Les sables de Chéla sont des réservoirs constitués par des sables propres et des grès faiblement cimentés à
caractéristiques pétrophysiques généralement bonnes (table.1). Les indices sont courants; quelques
accumulations ont été mises en évidence avec prédominance de gaz.
Les principaux réservoirs du bassin côtier congolais sont localisés dans les formations post-salifères
suivantes:
-Les carbonates de Sendji: les réservoirs sont généralement concentrés dans la partie supérieure. Leurs
caractéristiques pétrophysiques sont généralement bonnes (table.1).
-Les grès de Tchala constituent les meilleurs réservoirs du post-salifère. Leur lithologie est représentée par
des grès et des sables relativement propres en bancs décamétriques. Dans ces réservoirs, des huiles de densité
0,85 à 0,89 ont été rencontrées.
-Les dolomies de Loango: les réservoirs dans cette formation sont concentrés dans la partie supérieure. Ces
réservoirs sont à huile à Emeraude.
2.3. Les roches couvertures
Les couvertures sont essentiellement constituées par des argiles, des marnes, du sel, d'anhydrite et de
dolomies compactes (table.1). Notons que l'épaisseur des couvertures post-salifères est nettement plus
réduite. De nombreuses quantités d'hydrocarbures ont certainement été perdues par manque de couvertures
régionales efficaces.

3. Matériel et méthode d’interprétation sismique

Les profils pétroliers constituent dans toutes les études une aide importante. Il s’agit de notre seule
source d’information directe sur le domaine de la plate-forme. L’acquisition sismique a été faite par le bateau
Ramform Explorer de PGS (Petroleum Geo-Services) comprenant deux sources et 8 streamers de 5km de
long espacés de 100m. Les données sont enregistrées en format sygd puis traitées par la CGG (Compagnie
Générale de Géophysique) et rendues à l’operateur en format segy. Ainsi grâce au logiciel GeoGraphix et aux
modules qui lui sont intégrés, nous avons pu caler les puits grâce à SynView (WellBase regroupant toutes les
données des puits), interpréter les marqueurs sismiques de quatre horizons avec SeisVision et enfin générer
toute sorte de cartes isochrones et isobathes à l'aide de GeoAtlas.
3.1. Calage des puits
Il s'agit d'une opération qui consiste à établir une relation entre la sismique, en temps, et les données
de puits, en profondeur. Cette opération est d'autant plus capitale qu'elle permet de caler les événements
sismiques avec les marqueurs géologiques. Les événements sismiques sont considérés comme horizon. Les
marqueurs géologiques sont les positions en profondeurs des formations géologiques obtenues à partir des
mesures réelles des puits. Cet exercice qui précède toute interprétation est réalisé avec la suite du logiciel
SynView et SeisVision à partir des Logs existant, en particulier DT et Sonic. Le logiciel compile ces données
pour faire la prédiction d'une sismique (synthetics) que nous avions calée avec la sismique réelle.

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3.2. Interprétation sismique
Il s'agit de suivre les événements sismiques, qui sont des horizons simples ou faillés. Notons qu'il est
préférable de commencer par interpréter les failles avant les horizons car les accidents structuraux recoupant
la stratigraphie peuvent fausser l’apparente continuité sismique de celle-ci. Chaque interface géologique a sa
propriété de réflexion sismique qui lui est bien spécifique (Fig.3). Ainsi les horizons que nous avons
interprétés ont leur propre «identité» sismique:

Fig.3. Caractéristiques des réflecteurs sismiques des principales formations post-salifères.

Il est conseillé de commencer l'interprétation par les profils qui suivent le sens de
l'approfondissement du bassin sédimentaire (dip) car ils représentent les meilleures images sismiques des
structures. Nous avons donc commencé l'interprétation avec les CrossLines puis les InLines avec le même
incrément (fig.4).

Fig.4. Localisation du bloc sismique 3D. Les InLines représentent dans ce cas le sens de l'acquisition sismique. Ce sont
les lignes de tir à partir des flûtes que le bateau traîne derrière lui. Les CrossLines sont générées à partir des InLines.

9
L'interprétation des InLines et des CrossLines s'est faite avec une incrémentation de 20. Notons que
la distance entre deux InLines est de 25m (20 incréments représentent donc 500m) et entre deux CrossLines
de 12,5m (20 incréments=250m). On peut diminuer l'incrément à tout moment pour l'interprétation de zone
délicate comme le Sud-ouest faillé du permis. Notre interprétation s'est focalisée sur les toits de formations
dites réservoirs à huile connus grâce aux différentes découvertes au niveau du post salifère ainsi qu'un seul
événement anté-salifère que nous avons appelé near Chéla (CrossLines: Fig.7 et Fig10, InLine Fig.8, ligne
arbitraire: Fig.9.). Il est important de signaler que les réservoirs anté-salifères n'ont pas encore été interprétés
ou sont en début d'interprétation; il s'agit surtout du réservoir de la Toca.
3.3. Élaboration des cartes
Après l'interprétation d'un événement sismique à la fois au niveau des CrossLines et des InLines, les
résultats sont illustrés par des cartes. Notre interprétation étant basée sur des données en temps, nous avons
donc généré, grâce à GeoAtlas des cartes isochrones. Il convient de signaler que l'élaboration d'une carte
après l'interprétation des horizons sismiques est un moyen de contrôle de la fiabilité dans le suivi d'un
événement (grâce à la répartition régulière des couleurs de la carte).
Vient ensuite l'étape de la conversion des cartes isochrones (IC) en cartes isobathes (IB) : L'isobathe
d'une formation est égale à l'isobathe de la formation précédente à laquelle on ajoute son épaisseur (E):
IB(x)=IB(x-1) + E(x-1) (1)
Nous partons du principe que la carte bathymétrique en profondeur ainsi que la bathymétrie en temps double
du fond marin ont été faites après l’acquisition sismique et sont donc en notre possession.

Fig. 5: Grâce à la sismique, on génère les cartes isochrones (IC). Les cartes isobathes doivent être calculées (IB). On
cherche IB(x) et d'après l'équation (1) les cartes isobathes sont liées, une erreur dans la première amplifiera la faute
jusqu'à la dernière.

L'épaisseur d'une formation est la distance entre deux points (base-toit). C'est à dire le temps que l'onde à mis
pour traverser cette couche multiplié par la vitesse intrinsèque de propagation (D=T*V).
E(x-1) = [IC(x)-IC(x-1)] * V(x-1) (2)
Étant donné que nos cartes isochrones sont en temps double et en milliseconde et que nos cartes isobathes
sont en mètres, l'équation finale est donc:
IC  x −IC  x−1
IB X =IB  x−1 ∗V  x−1  (3)
2000

Il ne reste plus qu'à calculer la vitesse moyenne des formations au niveau des puits (table.2). Ces
derniers étant calés sur la sismique, nous indiquent la profondeur exacte des toits ainsi que le temps double.
Les vitesses sont parfois non représentatives vu la résolution de répartition des points de mesure sur
1300Km². Les variations latérales de vitesse devraient être prises en compte dans les zones de déformation.
Comme nous venons de le voir, nous pouvons avec GeoAtlas faire des opérations avec les cartes.
Cela nous permet ainsi de soustraire deux cartes consécutives de toit géologique (toit-base). L’épaisseur est
un paramètre qui détermine la taille potentielle du réservoir ; c’est un facteur clé dans son évaluation.
L’accumulation d’hydrocarbure et la géométrie des réservoirs ne font pas partie de notre étude ; nous
utiliserons donc cette technique pour générer l’épaisseur de la couverture majeure du bassin. Ainsi l'épaisseur
du sel pourra être calculée par simple soustraction des cartes isobathes du toit du Chéla et du sel.

10
Eau Madingo-Paloukou Luango-Tchala Upper Sendji Sel
LUSOM-1 1517,24 2054,42 3459,89 4387,34
LBM-1 1529,41 2245,51 2649,48
MPOM-1 1525,93 2080,6 2883,93
MPOM-2 1507,04 2067,51 3294,69 4693,2 4704,55
KMPM-1 1539,82 2049,81 3283,58 4216,38 4941,18
LDKM-1 1530,2 2272 3163,64 4227,37 4906,98
DDKM-1 1511,11 1932,58 3000 3539,17 4008,83
DSM-1 1500 2036,84 3211,62 3877,55 4056,6
DSM-2 1540,23 2015,54 3010,1
POM-1 1518,07 1853,66 2082,35 3563,83 4183,76
VIM-1 1529,41 1918,07 3385,42 4148,7 4189,72
VIM-2 1530,86 2010,78 2833,33 3946,36 4201,34
VIM-3 1512,2 2173,67 2431,37 4153,85 4243,06
MDJM-1 1540,23 2009,17 3572,58 3945,21 4044,44
KGM-1 1516,13 1873,56 2280,19 3682,31 3982,2
NGOM-1 1518,52 2066,12 2090 3307,42 4124,26
LVM-1 1520,83 2173,18 3028,9 4749,16 3654,45
LVPM-1 1514,56 2428,88 2658,54 3964,1 4894,2
LUSM-1 1525,93 2121,21 3144,69 5341,61 3937,98
KOUM-1 1540,23 2243,9 2837,44 4360,78 3881,08
V moyenne 1523,4 2081,35 2915,09 4123,79 4247,16

Table 2. Vitesses des formations aux alentours des 20 puits repartis sur la surface que couvre la sismique.

4. Données et résultats

Ainsi nous avons obtenu les cartes isobathes du Loango, du Sendji, du sel et du near Chela (Fig.10).

Fig. 6. a)Carte du Loango b) du sel c) du Chela

d) Carte du toit de la formation de Sendji.

11
Le Sendji, vu son épaisseur, est le réservoir principal du post salifère. La profondeur de l’horizon
varie de 475 à 1475 mètres. Toutes les failles sont orientées Nord-ouest/Sud-est avec un faible rejet au toit
de l’Albien. Ces failles semblent s’amortir dans le Cénomanien inférieur et aucun autre accident n’affecte les
niveaux supérieurs (cf. lignes sismiques : Fig.7, 8, 9 et 10). Une faille majeure est localisée près des côtes et
s’étend le long du permis. On reconnait une zone très faillée au Sud-ouest qui recoupe l’intra-Sendji mais
n’affectant pas forcement le toit du Sendji (cf. Fig.9).
On retrouve un anticlinal assez important (POM-1, Fig. 8) dû à la formation d’un dôme de sel. La
majorité des puits sont d’ailleurs forés sur les sommets des anticlinaux (POM-1, LVM-1…etc.) ou sur des
fermetures contre faille (LBM-1, DDKM-1, DSM-1, DSM-2…etc.). La structure post-salifère de MPOM-1
(M’Pouli) par exemple, est une carapace de tortue albienne, dissymétrique d’origine halocinétique, d’où cette
forme anticlinale. Ce puits a rencontré au Sendji trois réservoirs albiens très peu développés mais à huile sur
toute leur hauteur et un quatrième, plus important, à huile dans sa partie supérieure.
L’intra-albien inférieur fut l’objectif principal de MPOM-2 et LDKM-1 où il fut reconnu aquifère. D’autres
puits avaient pour objectif secondaire la reconnaissance des réservoirs carbonatés intra-albiens (KMPM-1,
DSM-2, LBM-1). Les réservoirs du Sendji se sont révélés parfois aquifères dans la partie supérieure de la
formation (DSM-1), et en absence de couverture (KMPM-1 et DSM-1). Les autres puits (VIM-1, VIM-2,
VIM-3, MDJM-1, DDKM-1, KGM-1 et NGOM-1) avaient pour objectif d’autres formations plus profondes
de l’anté-salifère et plus particulièrement les carbonates de la Toca.

5. Tectonique du sel

Lundin (1992) a caractérisé la tectonique de la marge ouest Africaine comme un glissement des
sédiments post-rift par dessus une couche de décollement composée d'évaporites Aptien. En effet, dans son
ouvrage, Nely (1989) explique que le sel présente une très faible résistance au cisaillement, et qu'une pente
faible de l'ordre de 1 à 3 %, suffit pour briser sa résistance à la friction interne et aux frottements. Une
déformation par glissement affecte la couche de sel, même peu épaisse, et sa couverture, dont le
comportement élastique se traduit par une facturation oblique en distension, est constituée de failles arquées
de type listriques qu'on peut observer sur toutes les CrossLines (Fig. 7).
Notons que les failles majeures sont une association de failles synthétiques (même direction et
pendage que la pente d'approfondissement du bassin et donc des dépôts sédimentaires) mais des failles
antithétiques (même direction mais pendage opposé) peuvent s'y enraciner. Ces dernières ont un rôle plus
présent en profondeur, formant ainsi des grabens avec les failles synthétiques. Cette structure peut extruder le
sel à la base, séparant ainsi deux unités distinctes : raft (Rouby et al. 2002).

Fig.7. CrossLine interprétée n°3840 (Bleu: Loango et Tchala, rouge: Sendji, rose: sel et en jaune Chéla).
Dans ce cas les CrossLines représentent les dip du bassin.

12
La structuration des formations post-salifères est directement liée au phénomène halocinétique. Ce
phénomène s'associe à des flux de sel entièrement générés par la gravité (flottabilité) en l'absence de forces
tectoniques latérales significatives. Dans notre cas, le sel est majoritairement passif, c'est à dire qu'il ne
pénètre pas dans les formations sus-jacentes (upbuilding) mais reste plus ou moins à la même profondeur
pendant qu'au dessus de lui les sédiments subsident (downbuilding).
Notons que notre halocinèse est asymétrique vu qu’il n’y a rabattement que d’un coté, conforme prés
des côtes étant donné que les failles majeures sont synthétiques, mais parfois contraire en profondeur quand
les failles antithétiques prennent le relais. Ceci est dû à l'augmentation de la pression, exercée par la colonne
sédimentaire, en allant vers la profondeur.
Deux grandes phases halocinétiques sont généralement reconnues: la première a commencé très tôt
dès les premiers dépôts albiens avec des périodes de paroxysme à l'Albien supérieur, caractérisées par le
dépôt du Sendji où on voit un éventail de plus en plus important sur sa partie supérieur (Fig.7 et 9). La
seconde au début du Tertiaire moins caractérisée sur la sismique. L'halocinèse se poursuit encore de nos
jours.

Fig. 8. InLine n°1360. Les InLines représentent ici le Strike (parallèle à la ligne de rivage) du bassin sédimentaire, où
on peut voir la sinuosité des formations et des failles.

Cette tectonique a engendré des structures diverses qui peuvent être réparties de l'Ouest vert l'Est en
quatre grandes zones:
-La zone à carapaces de tortue: dans ce type de structure le sel est progressivement extrudé à travers la série
sédimentaire, le long de la cicatrice pour aller généralement approvisionner les diapirs. Ceci provoque un
rabattement des formations sus-jacentes de part et d'autre. Une parfaite structure en carapace de tortue serait
comprise entre deux diapirs, la base serait ainsi arrondie et «bombée». En effet, on peut dire que la plus
célèbre structure de carapace de l'industrie pétrolière est celle de Quenguela (en onshore angolais, pas loin de
la capitale Luanda) que Petrangol a découvert dans les années 60, avec une importante accumulation d'huile.
Dans notre cas, nous avons à faire à des pseudo-carapaces de tortue car le sel n’est non seulement extrudé
que d'un coté mais en plus il n'est pas destiné à former des diapirs. Ce sont les failles listriques qui jouent le
rôle du tapis roulant (Fig.9). Théoriquement, les carapaces de tortue ne sont formées que dans un contexte
extensif. L'antiforme caractéristique des carapaces est créée juste par la surcharge synsédimentaire qui glisse
sur le sel.
-La zone des structures dissymétriques: de la même façon le sel est progressivement extrudé en provoquant
un rabattement des formations sus-jacentes d'un seul côté avec naissance d'une faille synsédimentaire. La
différence avec les carapaces de tortue est que dans cette zone les failles sont plus rapprochées. La carapace
n’a donc pas assez d’espace pour se former. Cette succession de failles est aussi connue sous l’appellation de
toits d'usine (Fig.9).
-La zone des dômes et intumescences: le sel, sans être complètement extrudé, forme des intumescences qui
peuvent rarement évoluer jusqu'au stade de diapirs en offshore peu profond. Les formations couvrantes Albo-
cénomaniennes viennent se mouler en anticlinal classique sur ces dômes salins. Le Sendji forme ainsi un
anticlinal fermé (Baudouy et Legorjus, 1991); la structure parfaite pour piéger les hydrocarbures.
-La zone à sel calme : les formations post-salifères n'ont pas été perturbées, d'où l'absence de structures dans
la partie onshore du bassin (Fig.9).

13
Notons que la zone des grands diapirs de sel se trouve dans le grand offshore et donc pas visible sur notre
sismique (domaine de compression selon Rouby et al. (2002)).

Fig. 9. Sismique en PSDM : le domaine montre des structures distensives : carapaces de tortue, toits d'usine, failles
listriques accompagnant le glissement du sel. Les failles affectent, soit la partie inférieure jusqu’au Turonien mais
rarement toute la série sédimentaire. Il n’y a pas de diapirs de sel dans ce domaine. Cf. Fig. 8 pour la zone à
intumescence.

14
Fig. 10. CrossLine 3300. Le dôme de sel ou a eu lieu le forage de POM-1, un puits sec.
On peut localiser sur le permis de Marine XI, une unique zone à intumescence, celle de POM-1
(Fig.10), où l’huile n’a jamais atteint cette structure, plusieurs hypothèses sont possibles:
- Barrière de perméabilité : l’épaisse couche de sel n’a pas laissé migrer l’hydrocarbure anté-salifère vers les
réservoirs du Sendji. Cette dernière hypothèse peut être écartée vu que les failles au Sud-ouest mettent en
contact l’anté et le post-salifère.
- En supposant que ce réservoir soit alimenté grâce à ces failles, l’hydrocarbure se retrouverait donc au
sommet de l’anticlinal. Or ce sommet présente une fermeture non seulement étroite, présentant un moindre
niveau d’huile, mais en plus faillée. L’hydrocarbure aurait pu s’échapper du Sendji par ces failles
(dismigration) mais n’aurait pas pu se retrouver piégé dans les formations Turo-cénomaniennes par manque
de couverture dû à l’érosion au dessus du dôme. Cette dernière hypothèse est peu plausible car dans ce cas,
des indices résiduels auraient dû être décelés. En effet, le puits ne présente même pas de traces
d’hydrocarbure témoin de la migration dans ces formations.
-Pas de sources d’alimentation efficaces : les marnes noires, principales roches mères du bassin, sont érodées
au niveau de la fenêtre à huile. Le Djeno, si on suppose qu’il est un drain régional, n’a pas suffit à alimenter
les formations supérieures. Cette hypothèse nécessite un forage voisin pour être confirmée.
-Conditions hydrodynamiques défavorables, déviants la migration (saturation en eau des réservoirs).
Echec inattendu malgré la fermeture structurale et le contexte pétrolier favorable. L’exemple de POM-1
montre que les pièges structuraux ne sont pas les seuls facteurs nécessaires pour trouver de l’huile ou du gaz.
Nous verrons plus loin l’importance de la migration dans un bassin évaporitique.
Dans le post-salifère, les séries albiennes renferment des réservoirs qui dépendent de la fermeture
structurale simple ou contre faille (fig.6.d). Ces structures ont forcement été alimentées par des
hydrocarbures anté-salifères qui ont pu passer à travers le sel. Il serait donc intéressant de voir où se trouvent
ces passages, à quel endroit le sel est déficient afin de permettre le passage des hydrocarbures. Une
déficience de sel revient à dire que son épaisseur est nulle. Nous établirons ainsi la carte d’épaisseur du sel
(Fig. 11). En effet, faire des cartes ne sert pas seulement à déduire la géométrie et la profondeur des
structures mais permet aussi la création de carte d’épaisseur.

6. Migration

Qu'il s'agisse de migration primaire ou secondaire, l'expulsion de l'hydrocarbure de la roche mère


vers le réservoir ou d'un réservoir vers un autre, est conditionnée par certains facteurs comme : les gradients
hydrodynamiques, les pressions, l'architecture du bassin de sédimentation (pendage et continuité des
horizons, failles et fractures) et la subsidence qui peut provoquer la genèse et l'expulsion de nouveaux
hydrocarbures.

15
Le bassin côtier du Congo dont les séries plongent progressivement vers l'Ouest sera à priori le siège
d'un flux migratoire vers l'Est (vers le continent), d'où la présence de nombreux indices au voisinage de
l'affleurement métamorphique du Mayombe (grès bitumineux).
Comme nous l’avons cité plus haut (POM-1), les pièges structuraux sont certes fondamentaux pour
retrouver une accumulation d’hydrocarbure mais cela ne suffit pas. Une autre condition est nécessaire:
l’alimentation de ces réservoirs. Celle-ci se fait s’il y a migration des hydrocarbures. Les migrations peuvent
être latérales ou verticales selon qu'elles empruntent les strates ou les fractures non parallèles à celle-ci. Nous
verrons que dans le bassin côtier congolais, on rencontre ces deux modes migratoires d'une manière plus ou
moins prépondérante selon qu'il s'agisse de formations anté-salifères ou post-salifères.
Sur le permis Emeraude, en frontière Sud-ouest de Marine XI, une étude de l'IFP (Institut Français
du Pétrole) de Schneider et al. (2000), consistait à représenter le permis en bloc 3D, afin de mieux visualiser
les réservoirs potentiels de la zone et comprendre la migration des hydrocarbures à travers les différentes
couches. Pour cette simulation numérique, plusieurs types de données sont nécessaires pour chaque
formation constituant le sous-sol (épaisseur, paléo-bathymétrie, distribution de faciès, distribution de
kérogène, distribution de TOC, flux de chaleur de l'époque...etc.). Cette étude avait pour but la visualisation
et la compréhension de la migration des fluides et peut être considérée comme une nouvelle méthode
d'exploration de basin. En prenant en compte ces résultats initiaux, nous avons pu comparer et déduire la
continuation spatiale du modèle de migration de notre zone (Fig.12.b).
6.1. Migration dans l'anté-salifère
Même si la sismique de cette série n’a pas été interprétée nous pouvons, grâce au contexte
géologique et aux données de forage, dire que les seules voies de migration possibles sont les accidents
(fractures ou failles) et les drains régionaux. Les épisodes détritiques susceptibles d'assurer le drainage latéral
des hydrocarbures sont soit d'extension limitée (réservoirs au sein du Sialivakou, de Pointe-Noire ou de
Pointe-Indienne...etc.), soit de composition minéralogique très sensible à la lithologie (grès micacés de
Djeno).
Les accidents qui peuvent intervenir lors de la migration sont les failles qui limitent les méga-
panneaux antithétiques de la série syn-rift qui, au niveau des môles, canalisent les hydrocarbures jusqu'au
Chéla. On reconnaît ainsi au Sud-ouest de notre surface d’acquisition sismique une dépression contenant la
plus part des roches mères. Cette dépression est appelée la fosse d’Emeraude, quant au nord on retrouve celle
de Louvessi. Ces deux fosses peuvent être considérées comme des usines à hydrocarbure qui alimentent le
post-salifère surtout vers le môle de Likouala où le flanc Est est visible sur le permis Marine XI (cf. remonté
de socle fig.12). Les drains régionaux anté-salifères pouvant assurer une continuité sont:
-Le Chéla: drain régional omniprésent d’excellente qualité (table.1), assurant à la fois le rôle de canalisation
et de diffusion pour hydrocarbures vers le post-salifère, surtout dans les zones à lacune évaporitique (Fig.11
et 12);
-Le Vandji : sur les môles, assurant le même rôle de canaliseur pour les hydrocarbures issus du Sialivakou ou
du Djeno mature (Fig. 12.b Schneider et al. ,2000).
-Le Djeno: même fonction que le Vandji (Fig.12.a et c) mais de propriétés de drainage plus médiocres voir
nulles (POM-1, Fig.10).
Dans l'anté-salifère, les différentes natures d’hydrocarbure peuvent être rencontrés dans deux milieux
différents:
-un milieu fermé constitué par les roches mères et les réservoirs qui leurs sont associés (Djeno, Sialivakou,
marnes noires et argiles de Pointe-Indienne sont, à certains endroits, à la fois roches mères et couvertures
avec des intercalations imperméables). Les hydrocarbures présents dans ces réservoirs ont conservé les
caractéristiques originales directement liées à l'état de maturation de la roche mère encaissante.
-un milieu ouvert constitué par les drains régionaux qui sont le Chéla et le Vandji. Les huiles du Chéla,
d'origines très diverses (Sialivakou, Djeno, marnes Noires, Pointe-Indienne… etc.), ont des caractéristiques
variées. Les huiles du Vandji semblent par contre relativement moins mélangées et reflètent l'état de maturité
du Sialivakou voisin.
6.2. Migration dans le post-salifère
Les hydrocarbures rencontrés dans le post-salifère proviennent des roches mères anté-salifères. La
répartition des voies de migration y est schématiquement comparable à celle de l'anté-salifère. On y
distingue:
-Une partie inférieure (Albien-Cénomanien) souvent très faillée, surtout au sud du bassin et sur le talus où se

16
concentre, le long des accidents, l'essentiel des migrations verticales (Fig.12.a). Ces failles listriques post-rift
interviennent dans la migration en «prenant le relais» des failles anté-rift.
-Une partie supérieure, série drapante qui comprend une première couverture régionale efficace (base du
Turonien), le long de laquelle s'effectuent les migrations latérales (Fig.12).
L'alimentation des pièges post-salifère est assurée le plus souvent par l'association de migrations verticales et
de migrations latérales (Albo-Cénomanien classique) mais parfois seulement par des migrations verticales.
Au cours de ces migrations dans le post-salifère, les hydrocarbures peuvent se dégrader légèrement
par dégazage, par des traversées d'aquifères «agressifs» et/ou par ségrégation des composants au cours de
leur diffusion à travers les séries. Ces dégradations restent toutefois d'ampleur modérée puisque les
hydrocarbures arrivent à migrer et à saturer fortement des réservoirs qu’ils n’auraient jamais pu atteindre et
remplir sous leur état actuel. A cause du dégazage on retrouve dans les réservoirs des huiles extrêmement
lourdes et visqueuses (LBM-1) de densité 0.976 à 15° (soit 13.5 API) et donc difficile à pomper. A l’état des
connaissances actuelles, il est important de mentionner qu’aucun puits de Marine XI n’est commercialement
producteur d’hydrocarbure.
6.3. Modèle complet de la migration
L’existence de fenêtres de passage des hydrocarbures à travers le sel, a permis l’alimentation de
certaines structures. Ces fenêtres sont là où l’épaisseur du sel est inexistante et où les failles mettent en
contact l’anté-salifère et le post-salifère (Fig.11).

Fig. 11. Carte de l'épaisseur du sel sur Marine XI.

Comme nous l'avons vu précédemment, le sel se comporte comme une couche savon sous le poids
des sédiments. Un glissement se met en place produisant des failles d'extension listriques. Au niveau de ces
failles, on peut voir une défaillance en sel. Dans l’onshore peu profond, on remarque deux couloirs (Fig.11 :
couloir A au nord et couloir B au sud) tous deux de direction Nord-ouest Sud-est (conformément aux failles
majeures) permettent l’alimentation des réservoirs du Sendji puis ceux du Tchala et du Loango par migration
secondaire (fig.12).

17
Dans la partie Sud du bassin où les failles sont innombrables, le sel voit son épaisseur diminuer vers
le talus jusqu’à ne plus exister permettant ainsi à des structures comme celle de M’Pouli (MPOM-1 et
MPOM-2) de rencontrer des réservoirs saturés en huile. C’est en partie grâce à cette zone et aux couloirs
qu’a lieu l’alimentation en hydrocarbures, par flux migratoires vers l’Est (continent), de l’offshore peu
profond à sel calme.

Fig. 12. Étapes de la migration sur a) le permis Marine XI, CrossLine 3900. b) le
permis d'Emeraude (Schneider et al. ,2000 modifié) et c) CrossLine 5420.
Migration primaire par expulsion 1: vers le bas; 2: vers le haut; 3: migration
secondaire dans a) c) les grés de Djeno b) les grès de Vandji; 4: migration secondaire
vers le haut à travers les sables de Chela, là où il n'y a pas de sel, 5 : migration
verticale par les failles post-salifères: 6: migration secondaire dans les réservoirs
Turonien-Cénomaniens supérieurs; 7: dismigration des réservoirs Cénomaniens
supérieurs.

Le Djeno peut être considéré comme un drain régional mais il n’est pas exclu que parfois il ne
répond plus à cette qualité et peut être suspecté de défaut au bon fonctionnement de la migration en
présentant des caractères de porosité médiocre (hypothèse de POM-1, Fig.10).
La migration primaire des hydrocarbures s’effectue quand les roches mères se trouvant dans le pré-
sel, s'enfoncent en profondeur et atteignent la fenêtre à huile. Elles sont alors appelées roche mères matures.
Les couches réservoirs en continuité sur le permis servent de drain et permettent une migration secondaire
vers le post-salifère. Au niveau des remontées de socle (môle de Likouala), le sel voit son épaisseur
diminuer. Les couches dites «conductrices» viennent alors alimenter le post-salifère, plus précisément le
Chela en discordance sur l’anté-salifère. Une dismigration à travers le Chela a lieu en cas d’absence de sel

18
(fenêtres de migration). Par manque de couverture, les hydrocarbures s’échappent vers la surface. Sinon ils
se retrouvent piégés dans le post-salifère et se répartissent ensuite par migration latérale et verticale due aux
failles listriques Albo-cénomaniennes.

Discussion

L'analyse d'environ 1300 km² d'imagerie sismique et de cartes isobathes des couvertures
sédimentaires, nous a permis de mettre en évidence la tectonique salifère extensive du bassin côtier
congolais. En nous limitant à l'aspect tectonique-sédimentaire, nous avons pu conclure de façon générale
qu’entre l’anté et le post-salifère, la migration des hydrocarbures se fait surtout grâce à une lacune locale en
sel (carte Fig.11).
En effet, la couche de sel est une roche couverture de bonne qualité particulièrement imperméable
aux hydrocarbures. Lorsque cette lithologie est constamment présente, elle joue un rôle majeur en cernant les
hydrocarbures formés à partir des dépôts lacustres sous-jacents. Ces hydrocarbures ne peuvent atteindre les
réservoirs post-salifères que dans des lieux où le sel est absent ou discontinu. Il n’est pas exclu de rencontrer
des failles perméables recoupant une large couche évaporitique et pouvant servir de moyen de migration vers
le post-salifère. Ceci reste à prouver par des résultats de forage qui n’ont pas été fait vu le risque en termes
de coût.
Cette discontinuité se manifeste notamment en domaine distal, où le sel se déforme sous l'action de
la gravité. Le sel va même jusqu’à créer de véritables radeaux (raft) isolés les uns des autres. En effet, le
comportement ductile du sel donne lieu à des niveaux de décollement sur lesquels d'autres sédiments peuvent
facilement glisser. Le flowage du sel, qui est l'une des conséquences à la flexion des marges, est la cause de
l’activation des failles dans le post-salifère (Nely, 1989). Ces failles ont aussi un rôle important dans la
migration des hydrocarbures en fournissant des surfaces de porosité en grand (porosité de fracture).
Il se crée donc une géométrie favorable pour le développement d'une grande variété de pièges. Celles-ci
comprennent les structures formées par le sel (plus particulièrement les carapaces de tortue), ainsi que les
grands anticlinaux (résultant de la gravité et de déformation au-dessus du niveau de décollement préférentiel,
c'est-à-dire le sel) et les pièges stratigraphiques (Duval et al., 1992).
Onze puits de Marine XI ont rencontrés des réservoirs imprégnés d’huiles. Ces derniers répondent
aux conditions nécessaires de piégeage d’hydrocarbure, c'est-à-dire une conservation dans un réservoir de
bonne qualité alimenté en hydrocarbure et surmonté par une bonne couche couverture. Ces couvertures se
résument dans le post-salifère à des intercalations d’argiles, d’anhydrite pour le Sendji et de dolomies
compactes pour le Luango.
Ces observations sont déduites à partir de cartes elles-mêmes générées à partir de la sismique. Dans
notre étude, ces résultats ont été systématiquement traités afin d’améliorer leurs niveaux de précision par
correction des courbes de niveau autour des puits où la profondeur des formations est connue. En effet,
l’interprétation d’un horizon peut se faire en suivant une bande de peak ou de trough. Sur nos profils
sismiques, leur largeur peut atteindre 10 ms, ce qui semble négligeable mais ceci correspond à une marge
d’erreur de 10 mètres sur l’isobathe du Luango. L’erreur s’amplifiant avec les isobathes suivantes (cf. eq. 3)
on retrouve donc le Sendji avec 39 mètres d’incertitude maximale, 81 mètres pour le sel et 123 mètres pour
le Chéla.
Nous avons donc généré les cartes isobathes étape par étape en calculant à chaque fois la vitesse de
propagation des ondes itinérantes à chaque formation (table. 2). Cette méthode est appelée méthode de
vitesse d'intervalle. Une deuxième méthode consiste par exemple à créer la carte isobathe du sel sans passer
par les isobathes des formations sus-jacentes en moyennant leur vitesse. C'est la méthode des vitesses
moyennes. Dans les deux cas le calcul de vitesse ne tient pas compte des variations latérales de vitesse. Ce
qui peut, sur 1300km², conduire a des erreurs inévitables à certains endroits (dôme, onshore peu
profond...etc.). D’où une troisième méthode qui génère des grilles de vitesse au niveau des puits traversant
l'horizon concerné. Cette méthode tend à interpoler les surfaces où il n’y a pas de puits. La correction
nécessite donc du temps et des bonnes connaissances géologiques de la région. Enfin une dernière solution
consiste à interpréter directement une sismique en profondeur élaborée par les compagnies comme la CGG
en appliquant un traitement PSDM (Pre-Stack-Depth-Migration). Quelque soit la méthode utilisée, le résultat
seront plus ou moins les mêmes. Lors de l’interprétation sismique il faut savoir à quelle question nous
voulons répondre afin de cerner le degré de précision avec lequel on va travailler. Quelque soit le but, la
sismique 3D reste la méthode indispensable pour toute étude sérieuse de réservoirs.
La compréhension du fonctionnement d’un système pétrolier a connu une avancé considérable allant
de la nature de la roche pétrochimique jusqu’à la simulation numérique de la migration. L’amélioration de

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l’image sismique est systématique. La sismique 3D acquise sur Marine XI fait partie de ces progrès
techniques qui nous ont permis de mieux cerner le mode de migration en offshore peu profond et de
cartographier les formations pouvant renfermer des réservoirs autrefois «devinés».
Cela dit, au vu des articles et des informations collectés au cours de notre travail, il est clair que les
résultats obtenus confirment et confortent les méthodes déjà développées et les workflows établis
précédemment, tout en mettant en relief l'intérêt de la géophysique et plus particulièrement la sismique 3D,
non seulement pour la détermination des nappes potentiellement pétrolifères, mais aussi pour la
compréhension globale et de haute définition des configurations tecto-sédimentaires des bassins, démontrant
ainsi l'évidente efficacité de ces techniques face aux méthodes de géologie traditionnelles.
Grâce à notre étude, on a aujourd'hui pris connaissance de la géologie régionale, de la tectonique spécifique,
de l'évolution globale du système pétrolier et de l'implication de la nappe évaporitique sur le modèle
migratoire du bassin sédimentaire du bas Congo au large de Pointe-Noire.

Conclusion

Une fois les puits calés et à partir de la sismique, nous avons pu interpréter quatre événements
sismiques majeurs qui correspondent au toit du Loango, du upper Sendji, du sel et du near Chela. Une fois
l’interprétation finie, nous avons pu générer leur carte isochrone. Ces dernières doivent êtres corrigées avant
de passer au calcul des cartes isobathes (cette étape nécessite de calculer les vitesses moyennes des couches
concernées). Une fois en possession des cartes isobathes, il devient alors possible de soustraire le mur du toit
afin d’obtenir des cartes d’épaisseurs.
La sismique nous a permis d’illustrer la tectonique halocinétique. Il est probable que la durée de
l'halocinèse ait favorisé les accumulations que l'on rencontre dans le post-salifère en créant de nombreux
passages (failles et/ou trous dans le tapis roulant d'où contact direct avec le Chela). La tectonique salifère
joue donc un double rôle : celui de la mise en place des pièges structuraux et la création des voies majeures
de migration pour le post-salifère. Plusieurs études tendent à montrer qu'il existe une certaine influence du
bâti anté-salifère sur l'évolution, l'ampleur et la répartition de l'halocinèse.
Le paysage halocinétique du Congo est classique. On distingue d'Est en Ouest:
-une zone à sel calme généralement centrée sur la partie terrestre;
-une zone à toits d'usine (région d'émeraude);
-une zone à intumescence simple ou faillée (Tchibouela) et rares diapirs;
-une zone à carapaces de tortue avec ou sans noyau de sel à remplissage Albien du Sendji ou du Likouala
dans l’offshore plus profond;
-enfin le grand offshore: domaines de grands diapirs et rides salifères.
Les coupes sismiques nous ont aussi permis d’illustrer la migration à travers le post-salifère et une partie de
l’anté-salifère.
Les cartes isobathes nous ont permis de repérer les pièges d’hydrocarbures. Les pièges associés à
cette tectonique salifère sont de type anticlinal ou de type panneau faillé, piège contre faille. Les pièges
stratigraphiques sont souvent difficiles à mettre en évidence autrement que par forage (Pointe-Indienne et sa
Toca). Hormis les pièges structuraux, d'autres formes de piégeages ont été mises en évidence dans le bassin
côtier congolais notamment à Yanga et Sendji dans l'Albien, Tchendo et Emeraude dans le Sénonien. Il s'agit
du type mixte (structural et stratigraphique). Le fonctionnement du piège stratigraphique seul reste à prouver.
La carte d’épaisseur du sel nous a permis de repérer les fenêtres de migrations des hydrocarbures. Et
de voir à quel point le talus est en «carence »de sel. Les pièges de cette zone sont, comme le montre la
sismique, de formes très complexes à cause des failles du fait des rejeux et des glissements successifs de la
masse de sel.
D’un point de vue industriel, il serait intéressant de restreindre la zone d’étude dans le but de
localiser des accumulations d’hydrocarbures autres que celles déjà connues. En effet, après cette vue globale
sur la migration dans le permis Marine XI, il serait profitable d’aller plus loin et suivre par exemple
l’alimentation d’un réservoir en particulier, en y incluant l’hydrodynamisme et autres paramètres.
Le premier intérêt des données sismiques 3D est de fournir par imagerie un volume sismique
permettant l'interprétation 3D des structures et des couches sédimentaires à l'aide d'outils interactifs de piqué
d’événements. L'exploitation des volumes de sismique 3D conventionnelle (pétrolière), ne se limite pas à ce
premier stade d'interprétation. Elle permet la construction de réels modèles numériques de terrain à travers le
calcul d'attributs sismiques sur le volume sismique traité et leur corrélation avec des données issues de
mesures in situ. Ainsi nous proposons des méthodes d’inversion temps de l’impédance acoustique
(différencie les roches couvertures des réservoirs) et d’inversion profondeur élastique (reconnait la nature des

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fluides) pour les zones difficiles à cerner. En effet selon Van Horn (2001), une forte relation linéaire entre
l'augmentation de la porosité et la diminution de l'impédance acoustique est évidente. Comme cela a été fait
pour les champs Yombo dans l’offshore congolais, il serait intéressant d’appliquer cette méthode pour les
prospects en profondeur de Marine XI de l’anté salifère (Toca) en cours d’interprétation.
Les opérateurs doivent posséder une capacité de plus en plus rapide à la compréhension et à la
prévision du système pétrolier, ainsi qu’une maîtrise de la visualisation des données géologiques, des
structures et des réservoirs en utilisant des outils géophysiques de plus en plus performants.

Remerciement:

Je voudrais remercier la société SOCO pour son aimable autorisation à publier les cartes et les extraits
contenus dans cette étude ; M. S. Lescaut pour sa confiance et son encouragement ainsi que M. R.F. Mabiala
Nkombo pour son soutient technique ; sans oublier l’équipe Schlumberger pour m’avoir initié à Petrel. Je
termine avec une pensée reconnaissante à M.A. Paka (géologue P.A. Ressources Congo) qui m’a
recommandé pour ce stage.

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