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Médecine

& enfance

Le développement
des émotions primaires
durant l’enfance
A. Palama, A. Theurel, E. Gentaz
Laboratoire SMAS, FPSE, Université de Genève
SCIENCES COGNITIVES

Les émotions primaires, telles la joie, la colère, le dégoût, la tristesse, la


surprise et la peur, sont des réactions affectives immédiates qui ne nécessitent
pas l’appréhension des états mentaux d’autrui. De nombreuses recherches
montrent que ces émotions sont associées à des expressions faciales
discrètes universellement exprimées et reconnues. Nous verrons à partir de
quel âge, comment et sous quelles conditions les jeunes enfants sont
capables d’exprimer, de discriminer, d’identifier verbalement ainsi que de
réguler chacune de ces six émotions primaires.

LES ÉMOTIONS PRIMAIRES : mée de la même manière à travers diffé-


rentes cultures. Chaque émotion primai-
UNIVERSELLES re est associée à une expression faciale
ET PRÉCÂBLÉES ? particulière par l’activation de certains
muscles faciaux. Par exemple, la joie se
Les recherches actuelles en sciences co- traduit par la montée des coins de la
gnitives montrent que les émotions bouche (contraction des zygomatiques)
jouent un rôle crucial dans l’acquisition ainsi que par une montée des joues qui
et la maîtrise de compétences aussi bien provoque un plissement au coin des yeux
sociales [1] que cognitives et acadé- (contraction de l’orbicularis oculi). Cette
miques [2]. Déjà en 1872, Charles Darwin théorie s’appuie sur une étude intercul-
expliquait que la capacité à reconnaître turelle réalisée en Papouasie-Nouvelle-
et à exprimer des expressions émotion- Guinée avec des tribus encore isolées.
nelles représentait un avantage adapta- Paul Ekman a alors photographié des
tif [3]. En effet, cette capacité permet au adultes de cette tribu produisant des ex-
récepteur d’être informé rapidement pressions faciales émotionnelles en ré-
sur son environnement, sur l’état de sa ponse à la lecture de petits scénarios
relation avec autrui, sur les besoins de comme « un ami est arrivé et vous vous
son interlocuteur et d’inférer la poten- sentez content ». Il leur a ensuite montré
tielle réaction de l’émetteur et, ainsi, de des photos de visages exprimant chacu-
sélectionner la tendance à l’action la ne des six émotions de base réalisées par
plus pertinente [4]. des Occidentaux. Les deux groupes (Pa-
Les émotions primaires (ou dites « de ba- pous et Occidentaux) reconnaissaient
se ») peuvent être observées chez la plu- très facilement les émotions primaires
part des vertébrés. Leur nombre varie se- exprimées par l’autre groupe. Ensuite, le
lon les études, cependant on en retient chercheur a reproduit cette expérience
généralement six : la joie, la surprise, la dans vingt et une cultures différentes et
peur, la colère, le dégoût et la tristesse a observé que les différents taux de re-
(une septième émotion, le mépris, est connaissance étaient élevés et similaires,
parfois ajoutée). Selon Paul Ekman, ces suggérant ainsi le caractère universel des
six émotions sont primaires de par leurs expressions faciales.
Rubrique dirigée par E. Gentaz, Faculté de propriétés universelles [5]. Ainsi, une Le caractère précâblé des émotions de
psychologie et des sciences de l’éducation, émotion possède une expression faciale base est démontré par les études réali-
Université de Genève et CNRS universelle si elle est reconnue et expri- sées auprès d’aveugles congénitaux,
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c’est-à-dire sans expérience visuelle et vocales ou visuelles) au cours d’interac- spécifique se cache derrière cette mani-
donc sans possibilité d’avoir appris à tions sociales [9], par exemple quand le festation : est-ce de la colère, de la tris-
produire les expressions faciales émo- bébé voit ou entend une personne par- tesse, de la peur ? Selon certains au-
tionnelles par un processus d’imita- ler, et plus particulièrement ses parents. teurs, les bébés exprimeraient principa-
tion. Ces études révèlent que les ex- La majorité des bébés produisent leur lement de la colère [13]. Les colères sont
pressions faciales émotionnelles spon- premier « vrai » sourire à un mois et le résultat de l’échec, de l’insatisfaction
tanées de ces aveugles sont semblables leurs premiers rires à trois mois [10]. A que cause un désir inassouvi. Quoi qu’il
à celles des voyants (pour une revue partir de deux mois, ils répondent aussi en soit, la quantité globale des pleurs a
critique, voir [6]). aux sourires de leur entourage par leurs tendance à augmenter de semaine en
Cependant, ces deux caractéristiques propres sourires, qui sont des comporte- semaine au cours des deux premiers
(universalité et innéité) des émotions ments d’attachement puissants. Ils com- mois ; c’est ce qu’on appelle parfois la
primaires sont encore débattues. Par prennent petit à petit que leur sourire a « courbe normale des pleurs » [14]. Les
exemple, une étude a montré que les un impact positif sur la relation qu’ils colères sont très impressionnantes chez
adultes issus de cultures occidentales entretiennent avec leur donneur de les jeunes enfants, liées à leurs faibles
exprimaient chacune des six émotions soin. Dès quatre mois, les bébés com- capacités d’autonomie, et connaissent
primaires avec un ensemble distinct de mencent à rire (lorsqu’ils sont cha- un pic entre deux et trois ans [15]. Les
mouvements faciaux communs, alors touillés par exemple). A six mois, ils pleurs diminuent ensuite grâce à la maî-
que les adultes issus de cultures orien- sourient davantage aux personnes fami- trise du langage et à l’amélioration de la
tales ne font pas cette distinction [7]. lières [11]. A partir de huit mois, ils com- coordination motrice.
Une autre manière de contribuer à ce mencent à montrer une compréhension L’expression de peur n’apparaît qu’à
débat consiste à étudier le développe- plus subtile des interactions sociales : ils partir de sept-huit mois, en réaction à la
ment de chacune des six émotions pri- peuvent, par exemple, produire des sou- présence d’adultes non familiers ou
maires au cours de l’enfance. Nous al- rires de manière anticipée durant les in- d’objets nouveaux [16]. Chez les enfants
lons donc examiner plus spécifique- teractions sociales [12]. d’âge préscolaire, plusieurs types de
ment à partir de quel âge et comment La surprise, caractérisée par des yeux peur sont assez caractéristiques, comme
les bébés expriment et reconnaissent les écarquillés, des sourcils soulevés et une la peur d’être laissé seul, la peur du noir
émotions primaires, et comment les bouche grande ouverte, n’apparaît que (très fréquente chez les enfants à partir
jeunes enfants les identifient et les caté- rarement chez les bébés. De plus, il de dix-huit mois) ou encore la peur des
gorisent verbalement. Enfin, nous ver- existe de grandes différences indivi- animaux [17]. Les enfants sont capables
rons comment, de la naissance à six ans, duelles quant à l’âge et aux contextes d’avoir peur d’éléments imaginaires ou
les enfants apprennent à réguler pro- d’apparition de cette expression émo- abstraits. Ces peurs diminuent au cours
gressivement leurs émotions. tionnelle [9]. Cependant, il semble ad- du développement et ont pratiquement
mis que les bébés sont capables, à par- toutes disparu à l’âge de six ans, à l’ex-
EXPRIMER ET PERCEVOIR tir de six mois, d’exprimer de la surpri- ception de la peur de certains animaux,
se, au moins de moindre intensité en des serpents par exemple.
LES ÉMOTIONS PRIMAIRES réaction à de nouveaux événements [9]. Les nouveau-nés peuvent aussi produire
Lors d’une expérience au cours de la- des moues semblables à du dégoût, par
DURANT LES PREMIERS MOIS quelle les chercheurs ont essayé de pro- exemple en réaction à des goûts amers
L’expression des émotions voquer la surprise chez des bébés âgés ou à des odeurs désagréables. A quatre
L’expression des émotions apparaît très de quatre mois (en faisant sortir un mois, cette réaction est plus prononcée,
tôt dans le développement. En effet, les jouet de manière inattendue d’une boî- avec des expressions de dégoût plus
fœtus de trente-quatre semaines peuvent te « Jack-in-the-box »), un peu plus de marquées [18].
déjà produire un répertoire limité d’ex- la moitié des bébés ont exprimé de la En résumé, le sourire et les pleurs sem-
pressions faciales, comme le rire ou un surprise [13]. Par ailleurs, l’expression blent être des expressions émotionnelles
visage de pleurs [8]. A partir d’images ob- de surprise chez les très jeunes enfants déjà présentes in utero et les premières,
tenues par scanner ultrason 4D, les cher- est plus intense lors de la première ex- avec le dégoût, à se développer à la nais-
cheurs ont utilisé le FACS (facial action position à l’événement et diminue au fil sance. Elles permettent au bébé d’expri-
coding system ; voir encadré) afin de déco- des répétitions, alors que chez les mer ses besoins élémentaires, d’assurer sa
der les muscles faciaux activés lors de la adultes elle disparaît dès la première survie et de créer des liens d’attachement
production d’expressions faciales. répétition [9]. avec son entourage. Puis, les expressions
Dès la naissance, les bébés sourient pen- Dès la naissance, les bébés expriment émotionnelles plus spécifiques de chaque
dant leur sommeil [9]. Les sourires peu- leur détresse et leurs émotions néga- émotion primaire se développent durant
vent ensuite apparaître en réponse à des tives à travers des pleurs. Il est difficile les six premiers mois. Ce pattern dévelop-
stimulations multisensorielles (tactiles, de déterminer quelle émotion négative pemental semble universel. Ainsi, une
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capables de discriminer le sourire


LE BABY FACS (FACIAL ACTION CODING SYSTEM) d’autres expressions telles que la tristes-
Afin de coder les expressions faciales des bébés, Rosenstein et Oster [20] ont créé le Baby se ou la surprise lors d’une véritable in-
FACS à partir de l’outil existant pour les adultes appelé le FACS. Ce système permet de teraction avec un adulte. Dans des
décrire quelles unités d’actions des muscles faciaux ou des combinaisons de muscles sont conditions de laboratoire, les nouveau-
activées lors de la production d’expressions faciales. Par exemple, pour le sourire chez le nés sont capables de distinguer un visa-
bébé, les unités d’actions faciales AU12 (remontée des joues), AU25 (ouverture de la bouche ge souriant d’un visage apeuré, et préfè-
et séparation légère des lèvres) et AU26 (ouverture de la mâchoire) peuvent être activées à rent regarder le visage souriant.
différentes intensités allant de a (peu intense) à e (très intense) (figure 1). La préférence visuelle pour l’émotion de
joie persiste durant les premiers mois
Figure 1 après la naissance. Ainsi, les bébés de
Exemples de différentes intensités de sourire exprimées par un bébé [21] trois mois ont une préférence pour des
visages de joie par rapport à des visages
Smile matrix 12 a-b 12 c 12 d-e
neutres ou exprimant d’autres émotions
comme la surprise ou la colère. Dès cet
âge, les bébés ont également une préfé-
Lips closed, rence pour les sourires les plus intenses.
25, 26 a-b A quatre mois, ils préfèrent une expres-
sion de joie à une expression de tristes-
se [22] ou neutre. A cette période, cette
préférence peut être influencée par
d’autres dimensions du visage : par
exemple, à trois mois et demi, cette pré-
26 c
férence pour les visages de joie se limite
aux visages féminins [23]. Cette préfé-
rence limitée peut être le reflet des dif-
férentes expériences précoces avec les
femmes (plus nombreuses) et les
hommes durant les premiers jours après
la naissance. On note également que
26 d-e certains indices picturaux des visages
présentés aux bébés, la présence des
dents par exemple, semblent jouer un
rôle important dans la perception des
expressions faciales. Cependant, entre
Figure 2 cinq et sept mois, la préférence pour le
Le FACS appliqué chez le fœtus [8] visage de joie n’est plus retrouvée, car
l’attention des enfants est alors portée
sur l’expression de peur.
La discrimination visuelle des expres-
sions faciales émotionnelles continue à
se développer entre deux et cinq mois,
avec des expressions de plus en plus di-
versifiées. Ainsi, on trouve une discrimi-
nation visuelle entre la joie et d’autres
étude utilisant le baby FACS pour coder La discrimination perceptive émotions telles que la surprise, la colère
les expressions faciales (voir encadré) mon- des émotions représentée par un froncement de sour-
tre que, lorsqu’on tient les bras de bébés Les capacités de discrimination percepti- cil, la tristesse et la peur.
japonais et américains à cinq et douze ve des expressions faciales émotion- A partir de six-sept mois, on observe
mois pour les empêcher de bouger, les ex- nelles vont émerger durant la première chez les bébés une discrimination claire
pressions les plus exprimées sont la colè- année, avec la capacité vers l’âge de sept et catégorielle de nombreuses expres-
re, la joie, la peur et la détresse/douleur, mois de discriminer visuellement ou au- sions faciales, telles que la surprise, la
et qu’il n’y a aucune différence entre ces ditivement les émotions primaires. tristesse [24] ou la peur. Cependant, à
deux populations [19]. Dès la naissance, les nouveau-nés sont sept mois, rien ne montre que les bébés
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Si l’on montre des vidéos présentant en


Figure 3 même temps l’émotion dans les modali-
Moyenne de tous les regards mesurés avec un eye-tracker (SMI) pour chacun tés auditives et visuelles (présentation
des deux visages (de joie et de colère) présentés simultanément après l’écoute d’un
multimodale), les bébés sont capables
son de joie (en haut) et après l’écoute d’un son de colère (en bas)
de discriminer la joie, la colère et la tris-
tesse dès quatre mois. De plus, si l’on
présente à des bébés de six mois une
voix puis un visage émotionnel, les bé-
bés préfèrent regarder le visage de colè-
re, et plus particulièrement la bouche de
colère, après avoir entendu une voix de
joie, alors qu’il n’y a pas de préférence
pour le visage de joie ou le visage de co-
lère après avoir entendu une voix neutre
ou une voix de colère [28] (figure 3).
En résumé, les bébés durant les premiers
mois ont une préférence pour les visages
souriants et deviennent sensibles aux
changements d’expressions faciales.
Avant six mois, les bébés semblent ca-
pables de discriminer la joie d’autres ex-
pressions, mais uniquement dans des
conditions expérimentales spécifiques.
De plus, la capacité de catégorisation des
différentes expressions faciales semble se
développer progressivement et différem-
ment selon le type d’émotion. Par
ailleurs, l’âge de discrimination des émo-
tions varie d’une étude à l’autre. Néan-
moins, à partir de six-sept mois, les bébés
semblent montrer une discrimination
claire de plusieurs émotions primaires,
comme la joie, la colère, la surprise, la
tristesse et la peur [29, 30].
À PARTIR DE DEUX ANS
pourraient catégoriser les visages à par- positive (sourire) plutôt que négative L’identification et
tir de leur valence émotionnelle (positi- (tristesse) [27]. la catégorisation verbale
ve ou négative). Cette capacité n’est ob- Concernant la discrimination auditive, Dès l’âge de deux ans, l’enfant est ca-
servée qu’à partir de dix mois [25]. De lorsqu’on présente des expressions vo- pable d’une première catégorisation
manière générale, la discrimination des cales avec des prosodies émotionnelles verbale de certaines émotions pri-
visages positifs apparaît plus tôt dans le de joie, de colère, de tristesse ou neutres maires. Par la suite, cette catégorisation
développement pour les paradigmes ex- à des nouveau-nés, ceux-ci ouvrent plus continue à se développer, et l’enfant de-
périmentaux limitant le nombre d’iden- souvent les yeux pour une prosodie vient capable de catégoriser un nombre
tités [26] et plus tard pour les para- joyeuse. Les bébés âgés de quatre mois croissant d’émotions de plus en plus fi-
digmes impliquant l’extraction d’ex- sont capables de faire la différence entre nement [31]. Pour certains auteurs, les
pressions à travers plusieurs identités. des expressions vocales de joie et de tris- enfants commencent par catégoriser les
A partir de huit mois, les bébés intè- tesse ainsi que de joie et de colère, mais émotions selon deux catégories basées
grent mieux les indices contextuels seulement si ces émotions sont présen- sur les valences positives (agréable,
permettant la perception des expres- tées en même temps que les visages. A plaisant) et négatives (désagréable, dé-
sions faciales émotionnelles. Par cinq mois, les bébés sont capables de plaisant), et ils ne parviennent que plus
exemple, les bébés de huit-dix mois at- discriminer des émotions vocales de tardivement à une catégorisation des
tendent d’un personnage réussissant joie, de colère et de tristesse lorsque émotions spécifiques comme chez
une action qu’il affiche une expression seuls les stimulus vocaux sont présentés. l’adulte [32]. « L’ordre d’apparition » de
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IMPORTANCE DU CONTEXTE Figure 4


Exemple de stimulus utilisés dans l’étude de Theurel et al. [38]
DANS LA RECONNAISSANCE
DES EXPRESSIONS
ÉMOTIONNELLES
Dans l’étude de Theurel et al. [38], les
chercheurs présentent à des enfants âgés de
cinq à quinze ans différentes images
montrant un enfant exprimant la joie, la
colère, le dégoût, la tristesse ou la peur dans
un contexte congruent à l’émotion qu’il
exprime. Le participant doit ensuite choisir 1 2 3
quel visage, parmi trois photos de visages Stimulus de joie sans le contexte, réponse correcte : 3
d’enfants, exprime la même émotion que le
personnage de l’image (figure 4). Les résultats
montrent que les performances sont très
élevées dès l’âge de cinq ans (72,87 %) et
qu’elles augmentent avec l’âge (87,47 % à
quinze ans). Cette étude révèle surtout
l’importance du contexte pour reconnaître
les expressions émotionnelles.
Pour télécharger le test (Test of Emotion Recognition,
A. Theurel et E. Gentaz, 2016) : https://www.unige.ch/fapse/ 1 2 3
sensori-moteur/files/9914/7868/7389/livre_emotions_DEF-
web.pdf. Stimulus de joie avec le contexte congruent, réponse correcte : 3

l’identification des émotions dépend les expressions faciales émotionnelles. à quelqu’un d’identifier une émo-
des méthodes de présentation utilisées Ces études rapportent que les perfor- tion [39]. Entre deux et quatre ans, l’en-
(histoires, films, visages) et des modali- mances sont meilleures quand ces émo- fant commence à comprendre l’inciden-
tés de réponse [33]. Toutefois, un pattern tions sont présentées avec un contexte ce de causes externes et de certains sou-
général de développement se dégage : congruent, tel que des postures, des venirs d’événements externes sur les
l’identification verbale de l’émotion de voix ou encore des scènes émotion- émotions. A partir de cinq ans, l’enfant
joie est déjà bien acquise à trois ans ; nelles [36]. A l’inverse, un contexte in- commence à comprendre l’influence
celle des émotions de tristesse, de colè- congruent peut faire passer la classifica- des désirs sur les émotions. Vers six-
re et de peur évolue plus lentement, tion de l’expression faciale d’une caté- sept ans, il comprend en plus le rôle des
n’étant acquise que vers cinq-six gorie à une autre (ex. : classer une ex- croyances et des perceptions sur les
ans [34]. L’identification verbale de la pression de dégoût dans la catégorie co- émotions. Il commence aussi, à cet âge,
surprise et du dégoût se fait plus tard, lère) [37]. Chez l’enfant, des études mon- à faire la distinction entre l’apparence
entre six et dix ans [35]. trent des effets de contexte équivalents et la réalité d’une émotion, et à com-
Néanmoins, la majorité des recherches à ceux observés chez l’adulte [38] : les prendre qu’il est possible de masquer
effectuées sur le développement des ca- enfants sont plus performants pour re- une émotion.
pacités d’identification des expressions connaître des expressions faciales émo- En résumé, les capacités d’identification
faciales émotionnelles ont été réalisées tionnelles lorsqu’elles sont présentées verbale des émotions primaires chez l’en-
en présentant des visages émotionnels avec un contexte congruent (posture ou fant vont évoluer progressivement d’une
de manière isolée. Or, dans la vie de scène émotionnelles) (encadré). conception des émotions en très larges
tous les jours, on rencontre rarement Parallèlement au développement des catégories mentales, fondées sur les va-
des visages de façon isolée. Les expres- capacités d’identification des expres- lences plaisant/déplaisant, à une concep-
sions faciales sont généralement expéri- sions faciales émotionnelles, l’enfant tion plus fine en termes d’émotions spéci-
mentées dans un contexte qui influe sur développe une compréhension croissan- fiques similaire à celle de l’adulte. Cette
l’interprétation de ces expressions. Des te des situations qui déclenchent les différenciation progressive des émotions
recherches récentes ont donc examiné émotions, ainsi que des termes émo- va s’opérer par la compréhension crois-
le rôle de l’information contextuelle tionnels, des indices situationnels, phy- sante des éléments composant ce que
dans la capacité des adultes à identifier siologiques et mentaux qui permettent Widen et Russel [40] définissent comme
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un « script émotionnel ». Ce dernier in- expression faciale, leur ton de voix et même s’ils reçoivent un cadeau qui ne
clut l’événement déclencheur, le senti- leurs gestes. Pour diminuer par eux- leur plaît pas, ils doivent remercier et
ment conscient, les expressions faciales mêmes leurs états négatifs (stratégies sourire. Cela implique de pouvoir sépa-
ou vocales, les indices situationnels, phy- intrapersonnelles), les bébés durant la rer ce que l’on ressent émotionnelle-
siologiques ou mentaux des causes et première année n’ont à leur disposition ment de ce que l’on exprime vocalement
conséquences des émotions, le tout dans que certains comportements, comme la ou facialement [48]. Les « display rules »
un ordre temporel et causal particulier. stimulation tactile (par exemple, la suc- impliquent un répertoire de stratégies
Toutes ces informations seraient utilisées cion réflexe) ou le détournement du re- de régulations émotionnelles telles que
par les enfants pour attribuer une émo- gard [45]. l’amplification de l’expression (l’enfant
tion à une expression faciale dans un Au cours de la deuxième année, les bé- qui exagère la douleur quand il tombe
contexte particulier [41]. bés apprennent à se distinguer d’autrui. pour obtenir l’attention de ses parents),
Ils deviennent conscients de leurs la minimisation de ses émotions (l’en-
propres intentions et de celles d’autrui, fant qui essaye de retenir ses larmes), la
LE DÉVELOPPEMENT ce qui va marquer le début d’une régu- substitution de l’expression (prendre un
DE LA RÉGULATION lation plus indépendante, renforcée par air joyeux alors qu’on est déçu) et la
le développement des habiletés mo- neutralisation d’une expression émo-
DES ÉMOTIONS DE trices et langagières. Les enfants vont tionnelle (« poker face ») [48].
LA NAISSANCE À 6 ANS ainsi recourir à des actions visant à évi- A partir de six ans, le développement
ter une émotion négative et à solliciter des capacités cognitives et du contrôle
La capacité de régulation émotionnelle la répétition d’émotions positives. La attentionnel va jouer un rôle important
permet de modifier la nature, l’intensi- succion, jusqu’alors réflexe, devient une dans le développement des capacités de
té, la durée ou la façon dont les émo- succion auto-relaxante sous contrôle régulation [49]. Avec l’âge, les enfants
tions s’expriment [42]. Dès les premiers volontaire. Les stratégies de distraction vont percevoir les liens entre leurs ef-
instants après la naissance, la régula- présentes sous la forme du détourne- forts de régulation et la modulation de
tion émotionnelle se fait par l’utilisation ment du regard deviennent des actions leurs émotions. Ils deviendront ensuite
de stratégies dites interpersonnelles, motrices de fuite ou d’évitement. capables, à la préadolescence, d’utiliser
car elles engagent le donneur de soins A partir de trois ans, les enfants com- des stratégies de régulation très spéci-
(par exemple, les parents). Cette mencent à utiliser le langage pour ini- fiques, telles que la résolution de pro-
interac tion à visée régulatrice se fait tier des demandes de régulation inter- blèmes (tenter de résoudre la cause de
grâce aux expressions émotionnelles personnelle et intrapersonnelle grâce à l’émotion), la recherche de soutien
primaires. Les compétences émotion- des auto-instructions langagières. (chercher du réconfort auprès d’un
nelles des bébés, compte tenu de leur L’adulte va encourager l’enfant à verba- proche par exemple), la distraction
dépendance intrinsèque aux adultes, liser son émotion en y associant la cause (penser à autre chose ou faire autre
peuvent être utiles pour prévenir l’en- et l’évaluation qu’il en a faite. Le langa- chose comme écouter de la musique), la
tourage d’un mal-être et demander de ge va ainsi permettre à l’enfant de com- réévaluation cognitive (changer de si-
l’aide au donneur de soins afin de re- prendre son ressenti et de se distancier tuation ou de point de vue pour que
trouver l’équilibre. Ces comportements de l’émotion. L’enfant va également dé- l’émotion paraisse moins forte) ou la
sont les prémices d’une capacité de ré- velopper la capacité à utiliser au niveau suppression expressive (essayer de ne
gulation émotionnelle plus élaborée. intrapersonnel les stratégies de régula- pas exprimer physiquement l’émotion
La régulation émotionnelle est indis- tion qu’il a apprises par synchronisation en bloquant ses expressions faciales, vo-
pensable dans la vie quotidienne, mais pendant les épisodes de régulation in- cales ou corporelles) [50].
son acquisition est très lente et difficile. terpersonnelle (avec l’aide de son co-ré-
Le développement de la régulation gulateur adulte). CONCLUSIONS :
émotionnelle est lié aux échanges avec De plus, entre trois et six ans, les enfants
les donneurs de soins, à la manière dont développent la capacité de modifier, VERS LES COMPÉTENCES
ces derniers s’occupent, tiennent ou masquer ou minimiser leurs émotions ÉMOTIONNELLES
portent le bébé [43], ainsi que par le type dans certaines circonstances [46]. A cet
d’attachement [44]. Ainsi, si leurs be- âge, ils comprennent et utilisent de En conclusion, les capacités à exprimer,
soins restent inassouvis, les bébés vont mieux en mieux les « display rules » [47], discriminer, identifier et réguler ses
exprimer leur détresse par les pleurs. qui sont les règles culturelles définissant émotions font partie de ce que les cher-
Un processus de régulation interperson- la manière de répondre émotionnelle- cheurs appellent « les compétences
nelle est alors possible par la capacité ment dans un contexte social. Par émotionnelles ». En effet, les compé-
des donneurs de soins d’identifier l’état exemple, les enfants apprennent sou- tences émotionnelles font référence aux
émotionnel du bébé et d’adapter leur vent, depuis leur plus jeune âge, que différences dans la manière dont les
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personnes identifient, expriment, com- teurs tels que les comportements sociaux, cet article ne traite que des émotions pri-
prennent, utilisent et régulent leurs émo- les performances scolaires et la santé. Le maires ; il existe d’autres types d’émo-
tions et celles d’autrui. Le développement développement de ces compétences est tions telles que les émotions morales ou
de ces compétences chez l’enfant est un donc d’une importance capitale, et il est les émotions mixtes. Ces émotions seront
aspect important du développement co- possible de les entraîner dès le plus jeune abordées dans un prochain numéro. 첸
gnitif, qui est relié à de nombreux fac- âge [2]. Il est important de rappeler que Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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21e Journée de pathologie infectieuse pédiatrique ambulatoire


☞ Samedi 14 octobre 2017 Maison de la Chimie, 28 bis rue Saint-Dominique, 75007 Paris
sous la direction scientifique de Robert Cohen
avec Infovac-France, l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val-de-Marne (ACTIV)
le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP), l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA)
et la revue Médecine & enfance
Inscriptions de dernière minute : 01 45 74 44 65 ou medecineetenfance@wanadoo.fr

septembre 2017
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