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Les intervalles

Introduction

Si vous voyagez d’une note à l’autre, vous parcourez un intervalle mélodique, vous exprimez
un mouvement dans l’ambitus sonore.
Si vous jouez deux notes simultanément, vous faites entendre un intervalle harmonique, un
phénomène vertical.

Ainsi, avec cet intervalle de 9ème :

Mais, pour ces deux formes d’intervalles, les règles sont les mêmes : leurs nom, contenance et
qualification sont directement dépendants de l’échelle chromatique (notre manière, en
musique occidentale, de découper l’octave en 12 demi-tons dans lesquels on puise pour
former d’autres échelles, sans employer les 12 sons échelles (majeures, mineures,
pentatoniques, modales….)

Pour bien comprendre ce qui suit, il


est vraiment utile, si vous n’êtes pas
très coutumier de la manipulation du
matériau musical, de vous rappeler de
l’image du clavier, car on y distingue
facilement les tons et les demi-tons.
Comme on le voit ci-contre,
l’intervalle entre deux touches (notes)
est d’un demi-ton pour deux touches strictement conjointes, et d’un ton lorsqu’une autre
touche se glisse entre elles.

Sur le clavier ci-dessous, vous distinguez une particularité : les feintes (touches noires)
correspondent à deux appellations, selon que vous considérez la note supérieure note baissée
d’un demi-ton (bémol) ou la note inférieure haussée d’un demi-ton (dièze). C’est une
nécessité, si l’on veut évoluer dans une tonalité dont l’armure est comprend des dièzes ou des
bémols.

(Si#) (Do##) (Fab) (Mi#) etc…


(Rébb) (Mibb) etc…

Par ailleurs, dans la même logique, comme les doubles dièzes et les doubles bémols existent,
une touche blanche peut très bien correspondre théoriquement à une note baissée ou haussée
de 2 demi-tons (voir exemples sous le clavier).
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C’est bien sûr grâce à ce système des altérations que l’on peut conserver la place des tons et
demi-tons propre à une échelle, quelle que soit la tonique. Ainsi, pour l’échelle majeure, on
voit dans ces deux exemples (DO et Ré M) que la place des demi-tons est respectée grâce au
fait que l’on a pu hausser le Mi et le DO dans la seconde gamme. :

Enfin, sachez qu’il existe des demi-tons diatoniques, lorsque les deux notes sont de nom
différent (retenez Diatonique =Différent) et des demi-tons chromatiques, lorsque l’altération
agit sur une même note (du grec chroma = couleur. En jouant un accord parfait sur DO, vous
modifiez la couleur de l’accord selon que vous allez rajouter la tierce majeure (MI) ou
mineure (Mi b). Voici quelques exemples de demi-tons de chaque espèce.

En réalité, du point de vue physique, le demi-ton


chromatique est légèrement plus grand que le
demi-ton diatonique (un coma de différence).
C’est pour cette raison, par exemple, que l’on
trouvait parfois à la Renaissance et au début du
Baroque des claviers où les feintes étaient
divisées en deux, comme on en voit ici dans le
traité d’orgue de Mersenne (1635).

Mais rapidement, par facilité, on a « réunit » les


notes altérées presque semblables. C’est ce qu’on
appelle l’enharmonie. (Pour plus informations historiques et physiques, voir le chapitre
« tempérament égal »).

Trois exemples d’enharmonie

Cette simplification ne peut cependant dispenser d’une cohérence dans l’écriture : on


n’écrira pas Sol b pour signifier Fa# en Sol majeur, ni Ré# pour Mi b en Si b majeur !

Il y a donc une orthographe musicale à respecter, sous peine de devenir rapidement


incohérent, voire incompréhensible dans la notation (surtout dans la lecture des accords !).
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Le nom des intervalles

Avant toute analyse subtile (qui vous donnera leur qualification), vous devez connaître sans
hésitation le nom des intervalles.
Avec le temps, vous identifierez rapidement la « distance » entre deux notes. En attendant,
voici le tableau extrait de la bonne vieille théorie de Lavignac (1882, pour les curieux). Les
exemples donnés partent de la note DO et de SI, mais on aurait pu partir de n’importe quelle
autre tonique, bien entendu :
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Les intervalles de l’échelle majeure

Après le nom, assimilez sans tarder la qualification de tous les intervalles que vous pouvez
rencontrer dans l’échelle du mode tonal majeur. Il y a un effort de mémoire au début, mais
rapidement, tout cela apparait assez logique.

La qualification, c’est l’identification fine de l’intervalle. Un intervalle peut être « juste »


(neutre), majeur ou mineur, mais aussi diminué ou augmenté, selon le nombre de tons et
demi-tons qui séparent ses deux notes. On dira donc : « quarte juste », « sixte mineure » etc…

D’abord, occupons-nous des intervalles à partir de la tonique. Nous observons cela dans la
gamme de DO majeur, mais toute autre gamme majeure donnerait bien sûr les mêmes
résultats.

On remarque que tous sont qualifiés de « juste » (4te et 5te) ou de « majeur » (2de, 3ce, 6xte,
7ème). L’échelle mérite donc bien son appellation de « Majeure ».

Pour donner une image sonore de ces éléments théoriques, retenez que « juste » pourrait
signifier « neutre ». A l’écoute, pour un intervalle harmonique (deux sons simultanés), on
n’entend aucune couleur dans une 4te ou une 5te juste. Cela sonne « creux » et il faut rajouter
une tierce au milieu, pour donner une couleur majeure ou mineure. Faites en l’expérience au
clavier !

Par ailleurs, le qualificatif« majeur » signifie qu’il doit exister aussi un qualificatif « mineur »,
qui représentera donc un intervalle un peu plus petit.

Pour tous les intervalles du tableau ci-dessus, calculez la contenance – ou composition -


(nombre de tons et de demi-tons) et vérifiez dans le tableau suivant (toujours du brave
Lavignac) si votre analyse est exacte… (Dans ce tableau figurent des intervalles que nous
n’envisageons pas maintenant, mais il vous servira par la suite).
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A noter : à partir du moment où nous travaillons dans le système tempéré, la distinction entre
demi-ton diatonique et chromatique n’a plus énormément d’importance sauf, bien sûr, en
termes de cohérence analytique. C’est surtout une question de culture musicale.
Les Anglo-Saxons, en tout cas dans la sphère du Jazz ou des musiques commerciales, ont
l’habitude de noter la composition des intervalles de manière simplifiée : de deux demi-tons
chromatiques ou diatoniques, ils font un ton, ce qui n’est pas vraiment exact, mais qui est une
manière pragmatique de dire les choses… C’est en tout cas « parlant » si on se limite à
observer les touches du piano.

Ainsi, après avoir analysé les intervalles de l’échelle majeure à partir de la tonique (voir plus
haut), vous pouvez aussi vérifier vos réponses dans le tableau suivant. Elles seront forcément
les mêmes, mais vous saurez ainsi qu’il y a deux manières d’envisager la composition d’un
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intervalle, même si vous préférerez toujours la première, celle qui aide à comprendre
fondamentalement les choses…

Analyse simplifiée de la contenance des intervalles

Deux remarques à ce tableau (dû à l’auteur du site « My flying piano» ) :

1) malgré tout, ne dites pas « un ton et demi », mais plutôt « un ton et un demi-ton ».
2) nous vous conseillons fermement d’oublier d’appeler « Triton » une quinte diminuée,
comme indiqué dans ce tableau… Si les deux intervalles contiennent bien l’équivalent
de trois tons, ils sont malgré tout de nature très différents du point de vue de la
dynamique tonale. Nous verrons cela plus loin, mais ne dites pas « Quinte triton ».
Réservez cette qualification pour la quarte (on dit indifféremment « quarte triton » ou
« quarte augmentée »).
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Tous les intervalles rencontrés dans l’échelle majeure

Il importe absolument que vous vous familiarisiez rapidement avec tous les intervalles que
vous pouvez rencontrer dans une mélodie évoluant en mode majeur. C’est indispensable pour
comprendre le système tonal et pour suivre sans encombre un cours d’analyse musicale.
Grâce aux deux tableaux précédents et à la connaissance du clavier, vous pouvez bien sûr
associer l’analyse de la composition au qualificatif.

2de majeure (1 t) 2de majeure (1 t)

3ce majeure (2 t) 3ce mineure (1 t + 1/2 t d)

4te juste (2t + 1/2 t d) 4te juste (2t + 1/2 t d)

5te juste (3t + 1/2 t d) 5te juste (3t + 1/2 t d)

6te majeure (4 t + 1/2 t d) 6te majeure (4 t + 1/2 t d)

7ème majeure (5 t + 1/2 t d) 7ème mineure (4 t + 2/2 t d)

2de mineure (1/2 t d) 2de majeure (1 t)

3ce mineure (1 t + 1/2 t) 3ce majeure (2 t)

4te juste (2 t + 1/2 t d) 4te triton (3 t)

5te juste (3t + 1/2 t d) 5te juste (3t + 1/2 t d)

6te mineure (3 t + 2/2 t d) 6te majeure (4 t + 1/2 t d)

7ème mineure (4 t + 2/2 t d) 7ème majeure (5 t + 1/2 t d)


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2de majeure (1 t)
2de majeure (2 t)

3ce majeure (2 t)
3ce mineure (1 t + 1/2 t)

4te juste (2t + 1/2 t d) 4te juste (2 t + 1/2 t d)

5te juste (3t + 1/2 t d) 5te juste (3t + 1/2 t d)

6te majeure (4 t + 1/2 t d) 6te mineure (3 t + 2/2 t d)

7ème mineure (4 t + 2/2 t d) 7ème mineure (4 t + 2/2 t d)

2de mineure (1/2 t d)

3ce mineure (1 t + 1/2 t)

4te juste (2 t + 1/2 t d)

5te diminuée (2t + 2/2 t d)

6te mineure (3 t + 2/2 t d)

7ème mineure (4 t + 2/2 t d)

Tous ces intervalles vous sont présentés de manière ascendante : bien entendu l’analyse est
identique en descendant…
Par ailleurs, vous vous êtes aperçu que les intervalles naturels que l’on pouvait rencontrer
dans une mélodie majeure non modulante (qui reste donc avec la même tonique) ne
représentent pas tous les intervalles représentés dans les tableaux précédents : à part la quarte
triton (fa-si) et la quinte diminuée (si-fa), on ne voit que des intervalles justes, majeurs et
mineurs. Pour trouver d’autres intervalles diminués ou accidentés en dehors de IV-VII et VII-
IV dans un mélodie majeure, il faut être en présence de l’usage d’altérations accidentelles.
Nous verrons cela plus loin (p ex dans le mode mineur).
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Enfin, sachez qu’il existe une manière rapide d’analyser un intervalle assez disjoint : le
système des renversements.

La règle est toute simple et comprend deux éléments :

- la somme des deux intervalles doit donner le nombre 9


- le qualificatif doit donner un qualificatif
o identique, pour les intervalles justes
o opposé pour le majeur, mineur, diminué, augmenté.

Ainsi, par exemple :

- le renversement de la quarte juste = quinte juste


- le renversement de la septième majeure = la seconde mineure
- le renversement de la septième diminuée = la seconde augmentée

Voici tous les renversements, sur portée :

Ainsi, vous pouvez rapidement analyser un intervalle étendu. Exemple pour Ré b – Si b


(ascendant), on considère Si b – ré b : tierce mineure. Le renversement est la sixte majeure.

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