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Hommes et Migrations

Le colonialisme, "un anneau dans le nez de la République"


Nicolas Bancel, Pascal Blanchard

Résumé
Le colonialisme a partie liée avec l'idéologie de la IIIe République naissante : il permet de contrebalancer le " revanchisme " de
droite et d affermir la République encore fragile avec un projet porteur d'unité nationale. Associée au progrès, à l'égalité -certes
différée en ce qui concerne les colonisés -et à la grandeur de la nation, la "mission civilisatrice de la France" a laissé des traces
importantes dans les représentations politiques républicaines.
Aussi la déconstruction de l'idéologie coloniale est-elle essentielle pour comprendre l'attitude de la société d'aujourd'hui à
l'égard de l'immigration en provenance de pays anciennement colonisés.

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Bancel Nicolas, Blanchard Pascal. Le colonialisme, "un anneau dans le nez de la République". In: Hommes et Migrations,
n°1228, Novembre-décembre 2000. L'héritage colonial, un trou de mémoire. pp. 80-92;

doi : https://doi.org/10.3406/homig.2000.3601

https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_2000_num_1228_1_3601

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Le colonialisme, "un anneau

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in France (1997 ), L'ordr


colonial et sa légitimati
en France métropolitain
(1998), Images de l'Autr
(1998), République
et colonies (1999), "Fict
de l'étranger" (Quasimo
2000)...

* L'expression est d'Aragon, dans le poème II pleut, il pleut sur l'Exposition coloniale , 1931.
** Nicolas Bancel est historien, maître de conférences à l'université Paris Sud-Orsay (Upres 1609, CRSS) ; Pascal Blanchar
est historien, chercheur associé au Cersoi (Aix-en-Provence), directeur de l'agence historique Les Bâtisseurs de mémoire.
Ils ont fondé et codirigent depuis dix ans l'Achac, en tant que vice-président et président, avec Sandrine Lemaire
2)-On nous permettra de citer aux films de propagande de l'Agence des colonies des années cinquante.
notre travail à titre d'exemple :
l'exposition Images et Enfin, comment ne pas rendre hommage ici à deux films "historiques" :
colonies, présentée à Paris
et dans plusieurs villes Afrique 50 , de René Vautier, qui reste un document exceptionnel et,
françaises, européennes dans un autre registre, Coup de torchon , de Bertrand Tavernier, cer¬
et africaines depuis 1993,
et surtout le programme tainement l'une des meilleures fictions sur le passé colonial français.
pédagogique (mallette
et exposition) diffusé à plus Or, la déconstruction de cette période est essentielle pour appré¬
de 120 exemplaires et qui hender les prolongements actuels de cette histoire, dans le domaine
continue aujourd'hui à être
largement exploité en Europe, notamment des mentalités - comment s'est construit notre rapport à
dans les Dom-Tom et dans une
quinzaine de pays africains. l'Autre, le colonisé, puis à son successeur, l'immigré© - et dans celui,
(Voir aussi la chronique
"Livres", p. 155-157). déterminant également, des rapports intercommunautaires. Le présent
article témoigne peut-être, pour nous, d'une interrogation d'autant plus
3)-Voir Pascal Blanchard et
Nicolas Bancel, De l'indigène essentielle qu'elle nous renvoie à une difficulté très réelle à faire socia¬
à l'immigré, Gallimard, coll.
"Découvertes", Paris, 1998. lement résonner la question de l'histoire coloniale. Manifestement, alors
qu'aujourd'hui les connaissances existent, que l'impact de la colonisa¬
tion sur la France contemporaine est à présent démontré, ces connais¬
sances ne rencontrent pas d'échos significatifs. Nous sommes confron¬
tés, d'une certaine manière, à notre propre impuissance. Il faut donc
nous interroger sur le pourquoi de ce silence, sur les raisons de résis¬
tances d'ordre politique, mais aussi social et idéologique.
Notre hypothèse est que la colonisation remet en question un réfè¬
rent identitaire national et politique quasi universel en France : la
République et ses valeurs. Il semble en effet que la colonisation - mais
aussi les politiques d'immigration qui lui sont directement liées - bou¬
leverse le socle idéologique sur lequel repose l'idée de République.
Cette idée républicaine doit être prise non dans son acception étroi¬
tement politique, mais bien plutôt dans sa consonance sociale et cul¬
turelle, comme l'un des ferments idéologiques essentiels sur lequel
va se bâtir l'État-nation dans la première partie du XXe siècle.

Les racines républicaines


DE L'IDÉOLOGIE COLONIALE
Nous ne paraphrasons pas le titre d'un récent ouvrage de Gérard
4)-Gérard Noiriel, NoirieK4) par simple goût du clin d'œil. Dans son esquisse des lignes
Les racines républicaines
de Vichy , Fayard, Paris, 1999. de continuités politiques maillant l'entre-deux-guerres à la période de
Vichy - considérée encore comme une expérience anachronique par
la plupart des historiens -, l'ouvrage de Gérard Noiriel ouvre des pers¬
pectives tout à fait singulières. Encore faut-il s'entendre sur ce que l'on
veut faire dire au terme de République. On peut prendre le mot soit
comme un équivalent d'appareil d'État (et c'est apparemment ce que
fait Noiriel), soit comme une position politique qui, au cours du
ser dans l'imaginaire politique et social après avoir façonné les insti¬
tutions politiques modernes. Les controverses opposant Olivier Baruch
et Gérard Noiriel, dont le journal Le Monde s'est fait la caisse de réso¬
nance, traduisent bien ces positions irréconciliables : d'un côté une
tentative de montrer que certains faits politiques et juridiques - par¬
ticulièrement les lois sur les étrangers - recèlent les germes de la dérive
ségrégationniste de Vichy (et à cet égard, il nous semble que Noiriel
sous-utilise notablement une législation coloniale offrant pourtant une
matière particulièrement riche en ce domaine) ; de l'autre, l'impossi¬
bilité d'admettre que la République - pourrait-on dire par essence -
a pu être à l'origine d'un régime autoritaire et ouvertement raciste. Nous
préférons la seconde définition, car elle
permet de mieux comprendre que la
La colonisation a été intégrée
République, autant qu'une réalité politico-
par les républicains à travers un disposi
institutionnelle, est aussi une idéologie,
de mobilisation idéologique à usage
et peut-être plus qu'une idéologie, une
transcendance laïque. interne. Politiquement fragiles,
Il ne s'agit pas ici de retracer l'his¬ menacés par un possible retour
toire politique du début des années 1880, de la monarchie , ils introduisent
par ailleurs bien connue. Pour faire des réformes de mobilisation populair
court, on peut rappeler que les princi¬ créatrices d unité nationale.
paux artisans de la conquête coloniale
sont alors les républicains opportunistes emmenés par Jules Ferry.
On discerne dans le gouvernement de ce dernier quelques-uns des
grands noms de la colonisation, comme Léon Gambetta ou Paul Bert.
La phrase célèbre que prononça Jules Ferry à l'Assemblée nationale,
exhortant à la conquête coloniale, n'est à cet égard pas anecdotique :
"Nous avons [ . . . ] le devoir de civiliser les races inférieures. [ . . . ]
Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se
tenant à l'écart de toutes les combinaisons européennes, en regar¬
dant comme un piège, comme une aventure, toute expansion vers
l'Afrique ou vers l'Orient, vivre de cette sorte pour une grande nation,
croyez-le bien, c'est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous
ne pouvez le croire, descendre du premier rang au troisième et au
5)-Jules Ferry,
Chambre des députés,
Discours18
quatrième

À LA RECHERCHE D'UNITÉ NATIONALE

blicains
ultra,
de Ce
interrogé
méfiance
discours
mais
opportunistes
sur
aussi
très
les
estde
générale,
raisons
symptomatique
l'extrême
surprofondes
le
notamment
gauche6).
terrain
de l'engagement
de
colonial,
On
cet
de ne
laengagement
droite
s'est
dans politique
jamais
une atmosphère
conservatrice
républicain
réellement
des répu¬
et
6)-Sur ces questions, on lira pour l'expansion coloniale. Il apparaît évident - et c'est un facteur
Raoul Girardet, L'idée
coloniale en France , Seuil, qui n'est pas contestable, avancé comme un argument par les répu¬
coll. "Points", Paris, 1995,
et la première partie blicains eux-mêmes au cours des années 1880 -, que la concurrence
de la thèse de Pascal avec les autres puissances européennes est un moteur suffisant.
Blanchard, Nationalisme
et colonialisme, université L'anglophobie est à cet égard puissamment ancrée et la fascination
Paris-I, 3 tomes, 1994.
haineuse pour la puissance impériale britannique est un catalyseur
pour la projection, en Afrique notamment, des rivalités continentales.
La course à la grandeur, la volonté d'oublier la défaite de 1870 face
à la Prusse, l'obsession de retrouver un rang de grande nation,
7)-Et sur la modification des
programmes scolaires, avec comme le désir de préparer la Revanche sont aussi des raisons évi¬
notamment l'introduction
de la gymnastique obligatoire dentes de cet engagement outre-mer.
dès l'École primaire - dont Mais ce qu'on ne saurait ignorer également, c'est que la coloni¬
lesdeobjectifs
et mobilisation
disciplinaires
sation a été intégrée par les républicains à travers un dispositif de
nationale trouveront
leur aboutissement dans mobilisation idéologique à usage interne. Les républicains opportu¬
les bataillons scolaires -
qui doivent permettre nistes, politiquement fragiles, menacés en permanence par un pos¬
d'éduquer les parents sible retour de la monarchie, introduisent ou poursuivent des réformes
par l'intermédiaire de
leurs enfants. Voir à ce sujet de mobilisation populaire créatrices d'unité nationale et susceptibles
Arnaud Pierre, Le militaire,
l'écolier, le gymnaste : d'asseoir socialement leur pouvoir. Il s'agit, bien entendu, de la loi
naissance de l'éducation sur l'école obligatoire en 1882(y), de la généralisation de la conscrip¬
physique en France
(1869-1889), Presses tion, de même que de l'encouragement par les républicains des ten¬
universitaires de Lyon, 1991.
tatives alors les plus marquantes pour créer une unité nationale autour
de leur projet, notamment à travers le soutien à la Ligue de l'ensei¬
gnement ou au réseau très dense, très organisé et actif des sociétés
8)-Jacques Defrance, patriotiques de gymnastique*®.
L'excellence corporelle.
La formation des activités Le projet républicain tente de répondre alors à la question de la
physiques et sportives
modernes 1770-1914, création d'une communauté nationale en gestation, communauté
coll. "Cultures corporelles", encore à l'état d'ébauche car non seulement menacée par les divi¬
Presses universitaires
de Rennes, 1987. sions politiques, mais aussi par les fractures régionales - les identi¬
tés locales sont encore très vivaces -, l'hétérogénéité linguistique -
et l'on sait que l'un des combats essentiels de l'école sera de com¬
battre par tous les moyens la pluralité des langues -, mais aussi par
des institutions a priori hostiles, l'Église et l'armée. Le pouvoir répu¬
blicain est donc, dans ce contexte, un pouvoir obsédé par sa propre
fragilité, et toute la stratégie idéologique de la République est de
récupérer pour son propre compte l'idée de nation, d'unité nationale,
de créer les valeurs politiques transcendantes à même de mobiliser
autour du pouvoir la plus large partie de la société.

Un triptyque républicain colonial


H
àinfluents
une armée
et politiquement
désireuse de redorer
émergents,
un blason
ou encore
terni par
unelaconcession
défaite de
M Sedan - car il semble bien que les cadres de l'armée, à l'image de
Q© la droite conservatrice à laquelle les officiers issus de l'aristocra-
tie appartiennent presque tous, sont avant tout obsédés par la perte
§ de l'Alsace-Lorraine et la revanche contre l'Allemagne. L'intérêt

Jg deson
Et républicains
ne voit pas pourquoi
pour l'expansion
on dissocierait
coloniale
lesa orientations
donc d'autrespolitico-
motifs.

1— idéologiques de la IIIe République naissante - que nous venons d'es-


O)g quisser - d'avec les premiers traits d'une idéologie coloniale
o façonnée à l'origine par ces mêmes républicains dans les balbu-
tiements du régime. Au contraire, tout indique que le projet colo-
S niai s'intègre parfaitement dans le système idéologique emergent
de la IIIe République. D'abord parce que la colonisation est posée,
dès l'origine, comme un grand projet collectif (même si au début
des années 1880, il n'est pas encore mobilisateur) à même de réunir
l'ensemble des groupes sociaux et des partis politiques. Ensuite
parce que le projet colonial est associé aux valeurs essentielles des
républicains : le progrès (le positivisme comtien est la philosophie
o la mieux partagée dans le camp républicain) , l'égalité, la grandeur
8 de la nation. C'est autour de ces trois thèmes essentiels de l'idéo-
logie républicaine que se forme l'idéologie coloniale à la fin du

«
S
® XIXe
Avant
siècle.
même la grande poussée expansionniste des annees

1880, l'équivalence de la colonisation et du progrès est posée. Ce


progrès est de plusieurs ordres. Tout d'abord le progrès scienti¬
fique, qui marque le mouvement républicain en profondeur, c'est-
à-dire la croyance en l'essor illimité de la rationalité technique
face à toutes les formes d'obscurantismes. Sur ce sujet, les
manuels scolaires fournissent des exemples parfois ahurissants
de la foi dans le progrès scientifique. Cette foi se manifeste bien
évidemment dans la laïcité qui aboutira à la séparation de l'Église
et de l'État en 1905. Elle peut se manifester avec d'autant moins
de précautions dans le cadre de l'ex¬
Le progrès, légalité, pansion coloniale et de la conquête de
la grandeur de la nation. sociétés qui apparaissent alors -
Cest autour de ces trois thèmes essentiels toutes les représentations vont dans
de l'idéologie républicaine ce sens, de même que la presque tota¬
lité des discours scientifiques9) -
que se forme l'idéologie coloniale
comme aveuglées d'obscurantisme.
à la fin du XIXe siècle.
Au-delà du scientisme, le progrès
selon l'idéologie républicaine se cristallise dans les avancées de
l'économie - la satisfaction des besoins -, de même que dans l'éta¬
blissement d'institutions "modernes", qui sont le gage de la sta¬
bilité sociale.

La grandeur de la nation
PASSE PAR L'EXPANSION COLONIALE
Or, l'imaginaire colonial qui est en train de s'imposer à la société
française montre les sociétés colonisées, particulièrement en Afrique
noire, comme des sociétés de la misère, de la famine, de l'anarchie
et des coutumes "barbares". Image renversée de l'idéal républicain,
les sociétés "indigènes" (malgré les hiérarchies explicites ou impli¬
cites entre les différentes sociétés colonisées) sont les réceptacles
privilégiés du missionarisme laïc véhiculé par l'universalisme répu¬
blicain. On voit ainsi que, dans la construction idéologique républi¬
Images
9)-Voir
Bancel,
et
BDIC,
surLaurent
les Paris,
discours
àPascal
et ceColonies,
Gervereau,
sujet
1993
Blanchard
Nicolas
et,
Achac- caine, l'idée coloniale s'enchâsse naturellement, comme le prolon¬
gement outre-mer d'une conquête qui, dans un premier temps, a
de l'anthropologie, Gilles concerné la métropole. Pour s'en convaincre, il suffit de relire Paul
Boëtsch, "Anthropologie
et 'indigènes' : mesurer la Leroy-Beaulieu en 1874 : "La colonisation est laforce expansive d'un
diversité, montrer l'altérité",
in Pascal Blanchard, peuple, c'est sa puissance de reproduction, c'est sa distanciation
Stéphane Blanchoin, Nicolas dans l'espace et sa multiplication à travers les espaces ; c'est la sou¬
Bancel, Gilles Boëtsch
et Hubert Gerbeau, L'Autre et mission de l'univers ou d'une vaste partie à sa langue, à ses idées
Nous, Achac-Syros, 1995
et C. Blanckaert, A. Ducros et à ses lois. "(10) On peut dire à cet égard que la conquête coloniale
et J.-J. Hublin (dir.), poursuit et étend la colonisation de la métropole entreprise par les
"Histoire de l'anthropologie :
hommes, idées, moments", républicains, d'abord lors de la Révolution française puis au début
Bulletins et mémoires
de la Société d'anthropologie de la IIIe République.
de Paris, nouvelle série,
tome I, n° 3-4, 1989. La grandeur de la nation est le second thème par lequel l'idéo¬
la question du patriotisme est centrale. On a affaire à une duali
profonde et idéologique entre un nationalisme continental reven
diqué par la droite nationale - de la ligue de la Patrie française à
ligue des Patriotes en passant par la jeune Action française - et u
nationalisme colonial naissant. Les perspectives offertes par
monopolisation du thème colonial en ce domaine sont prome
teuses (puisque les républicains ne peuvent rivaliser avec la droi
sur le terrain de la germanophobie) : la colonisation est immédi
tement perçue à la fois comme une extension de la nation françai
mais aussi comme la condition de sa puissance face aux compét
teurs européens. De ce fait, l'idéologie coloniale en formati
intègre à l'origine l'idée que les colonies sont ou seront une exte
sion de la France républicaine. L'identification entre nation, Ét
républicain et empire colonial est donc essentielle dans le proce
sus de formation de l'idéologie coloniale.

L'égalité différée

Dans le prolongement de cette conception républicaine de la col


nisation, l'égalité s'impose comme une valeur essentielle de l'idé
logie coloniale républicaine. Une égalité certes différée - puisqu'el
demande avant sa réalisation le progrès des peuples colonisés, l'a
cès à une hypothétique "maturité" -, mais qui trouve une théori
tion politique immédiate dans la doctrine de l'assimilation et do
l'école des chefs de Saint-Louis-du-Sénégal, dès la fin du XIXe sièc
puis, de manière emblématique, l'école William-Ponty de Daka
fournissent les concrétisations expérimentales. La remise à plus ta
de l'égalité coloniale a de beaux jours devant elle et on peut dire q
l'avenir a de l'avenir. De manière très significative, la scolarisati
est théorisée, à l'image de sa fonction en métropole, comme
moyen principal de la "civilisation" des peuples "inférieurs". Très ce
tainement, l'expérience de l'extension de la scolarisation en Fran
peut donner des espoirs très sincères quant à la viabilité de la sc
larisation des petits "indigènes".
On voit donc qu'à l'origine, le projet colonial et l'idéologie q
l'accompagne - comme le catéchisme laïc et doctrinaire diffu
outre-mer - sont indissociables de l'idéologie républicaine. Un cat
chisme républicain masquant l'exploitation coloniale et dénon
très tôt comme tel par certains intellectuels africains, antilla
maghrébins ou indochinois, à l'image de Léopold Sédar Sengho
"Le bon nègre est mort ; les paternalistes doivent en faire leur deu
[...]. Trois siècles de traite, un siècle d'occupation n'ont pu no
croire en notre infériorité."
Bien loin d'être en contradiction
avec les valeurs essentielles por¬
tées par les républicains, l'idéo¬
logie coloniale s'enchâsse au
contraire parfaitement dans un
projet politique articulé sur l'uni-
versalisme des Lumières, un
patriotisme intransigeant et la
croyance aux progrès de l'égalité,
comme l'illustre ce dessin du Cri
de Paris , datant de 1922, avec le
texte qui l'accompagne, récité par
une fillette au Président de la
République : "Vous êtes le père de
notre peuple."
La fillette au président
de la République :"Vous êtes Un ciment pour
le père de notre peuple",
Le Cri de Paris , 192?. L UNITE NATIONALE
© Achat.
La ferveur coloniale de la plupart des républicains - qui vont les
amener à créer le premier ministère des Colonies, à financer les
conquêtes décisives des années 1880-1890, mais aussi à soutenir les
premiers efforts d'une propagande coloniale d'origine privée ou
publique - montre clairement que la colonisation peut devenir, à l'égal
des autres thèmes de mobilisation sociopolitique de la République
(l'École, l'union des classes sociales, la patrie), un thème d'exhor¬
tation à l'union sociale et politique. La colonisation est ainsi un moyen
11)-"Défense
noire", in Esprit,
de juillet
l'Afrique
1945.
de tenter de transcender les clivages sociaux. En effet, les républi¬
cains, traumatisés par le souvenir de la Commune - dont ils ont fait,
dans leur discours politique ou dans les manuels scolaires, une
vivante image de l'anarchie destructrice et sanguinaire -, sont éga¬
lement obsédés par la perspective d'une révolution sociale. Très cer¬
tainement, cette obsession de l'union, de la communauté nationale,
de la pacification des rapports de classe et des tensions politiques
les amènent-ils à valoriser expressément l'Empire en formation. Et
l'histoire va leur donner raison. L'Empire, de moins en moins contesté
après l'achèvement de la conquête du Maroc, va faire consensus
durant l'entre-deux-guerres.
La généalogie républicaine de l'idéologie coloniale moderne va
déboucher sur une conséquence que les républicains opportunistes
n'avaient certainement pas prévue : la pérennisation d'un double dis¬
cours colonial. Il existe en effet une différence de nature entre la métro-
pôle et les colonies : dans le premier cas, les réformes républicaines,
mêmes si elles ne débouchent pas sur une modification radicale des
structures sociales (ce n'est d'ailleurs par leur but), permettent une
certaine mobilité sociale et, au prix de la destruction des langues et
des cultures régionales (de façon non permanente, comme le montrent
les exemples récents de la Bretagne et
de la Corse), la formation d'un État- Le discours républicain colonial
nation dans lequel les Français vont se trahit le désir de voir se réaliser
reconnaître. Il existe donc une adéqua¬
en métropole cette paix impériale ,
tion possible entre discours républicain
cette harmonie coloniale, où les conflits
et réalisation concrète, en France, de la
sociaux et politiques n existent pas,
République.
où chacun est à sa place et participe
Dans les colonies, il en va évidem¬
à la construction de la société
ment autrement. La permanence de la
domination directe de la métropole
exige des moyens coercitifs importants et le maintien d'une inéga¬
lité de fait (et permanente) entre colons et colonisés. Cela peut
paraître une banalité de la rappeler, mais cette précision est indis¬
pensable pour bien comprendre que, de manière irréductible, le dis¬
cours républicain qui a porté la conquête coloniale et légitimé la for¬
mation de l'Empire s'oppose à la réalité des rapports inégalitaires
nécessaires à la perpétuation de l'hégémonie métropolitaine.

L'État structure sa propagande

ments
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gouvernements
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s'approprie
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militaires
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l'entreprise
guerre
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fait,
Cartel
les
qui
la
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abandonnées
au
(ou
d'Algérie.
sans
gaullistes
France
c'est
vont
politique
des
succèdent,
dans
contraire.
des
coloniale
demême
gouverne¬
comme
au
se
l'Empire
départe¬
gauches
d'outre¬
niveau
succé¬
Seuls,
vien¬
-par¬
par
du
de
ou
Le
le
la République en l'intégrant au cœur de la pensée du régime. À l'oc¬
casion de la semaine coloniale de 1941, l'amiral Platon (en charge
des colonies) rappelle dans un long discours cette continuité et l'im¬
plication de la France outre-mer : "Partout nos soldats, nos marins,
nos instituteurs, nos administrateurs, nos colons ont fait régner
l'ordre, diffuser l'enseignement, distribuer la justice, dompter la
12)-Nous renvoyons
sur ce point à la prochaine nature, fait reculer la famine et le fléau des épidémies. Nous avons
soutenance de thèse
de Sandrine Lemaire marqué de notre empreinte, parce que nous les avons aimés, les
(à l'Institut européen de peuples qui s'étaient confiés à nous." La propagande coloniale,
Florence en décembre 2000),
qui souligne avec précision étroitement contrôlée par l'État dès les années vingt, va ainsi déployer
le mécanisme de l'Agence
dans la diffusion tous ses efforts en ce sens, vantant les lumières apportées aux "indi¬
de la pensée coloniale au gènes" grâce à l'accomplissement de la "mission civilisatrice" de la
cœur de l'édifice républicain.
De toute évidence, l'Agence France. La mise en place effective d'une propagande d'État structu¬
est tout autant au service
de l'idée coloniale qu'au rée, à travers la création de l'Agence des colonies, est l'exemple le
service de l'élaboration
plus tangible de la volonté de la République de promouvoir de façon
d'une citoyenneté coloniale
en métropole. active et pérenne l'idéologie coloniale en métropole12).

Une source de fierté

Depuis le début du XXe siècle, on assiste alors à un double pro¬


cessus. D'une part, c'est une évidence, on constate un décalage de
plus en plus net entre la pratique et un discours colonial qui peut
librement s'étaler : il ne souffre guère de contradiction en métropole
après la Première Guerre mondiale, et toute contestation est systé¬
matiquement réprimée et étouffée dans les colonies. Cette impunité
du discours lui confère un caractère circulaire, une sorte d'arrogance
conformiste rendue possible par le consensus colonial,
c'est-à-dire par le désir social d'entendre ce discours.
L'affiche et le ticket d'entrée réalisés par Bellenger
pour l'Exposition de 1931 sont à cet égard tout à fait
explicites de cette arrogance coloniale.
Pour le dire plus simplement, la colonisation est
devenue un motif de légitime fierté dans l'entre-deux-
guerres (à l'image de l'Exposition coloniale de 1931
ou des commémorations du centenaire de la conquête
de l'Algérie en 1930). Fierté cocardière certes, mais
fierté humaniste et républicaine aussi. Il n'y a guère
de doute possible : la France accomplit le bien aux
ciPô/inw colonies. L'Exposition coloniale est, à cet égard,
COJWiÀLe l'exemple le plus probant de la fierté de la République
îl!ïllâîî8i«
envers son "œuvre" coloniale. Pendant six mois, à Vin-
cennes, c'est chaque jour auprès de dizaines de mil¬
lisatrice de la République aux quatre coins du monde. Sans la 13)-Sur la volonté de mise
en scène par l'image pour
moindre ambiguïté, la République et ses idéaux sont associés point la période d'après-guerre,
par point à la geste coloniale. Ces certitudes rendront les décoloni¬ on consultera l'ouvrage
collectif Images d'Empire,
sations particulièrement traumatisantes et incompréhensibles pour La Documentation frança
La Martinière, 1997.
la majorité des contemporains.
14)-Le rejet, par exemple,
de cette uniformisation
Les colonies, territoriale de l'Empire à l
France est un terrain
d'opposition fertile pour le
leaders nationalistes au
Maghreb, à l'image de
sation.
cées
UNE
Le concrètes
second
La colonisation
MÉTAPHORE
processus
de l'idéologie
devient
est celui
DErépublicaine
uneLA
d'une
référence
RÉPUBLIQUE
exemplarisation
coloniale.
pour démontrer
La de
propagande
?lalescoloni¬
avan¬ Messali Hadj, qui avant-
guerre écrit dansai Ou/m
"L'Afrique du Nord n'est
rattachée à la France par
coloniale ne cesse ainsi de vanter les progrès économiques et tech¬ aucun sentiment, si ce n'e
par la haine que cent ans
niques (infrastructures, modernisation de l'agriculture, industries, etc., de colonisation ont créé
dans nos cœurs. Au nom
à tel point que l'Empire a pu apparaître à beaucoup comme un véri¬
de la République française
table eldorado), mais aussi sociaux (scolarisation en constante hausse, 60 millions d'êtres humai
subissent la plus ignoble
hygiène et santé publique, protection sociale), et institutionnels, maté¬ servitude. . . Le colonialism
français cessera peut-être
rialisant de façon constante la réalisation progressive de l'égalité. d'exister chez nous, sans
Le consensus colonial a ainsi opéré une déréalisation presque laisser d'autres traces que
souvenir d'un cauchemar.
complète du fait colonial. Mais surtout cette idéologie républicaine (27 septembre 1939).
coloniale agit comme un miroir sur la situation désirée pour la
métropole elle-même. Une situation
sociale apaisée : dans les discours colo¬
niaux et dans la propagande, il n'est
jamais question de conflit. Les "indi¬
gènes", manifestement heureux d'être
placés en de si bonnes mains, collabo¬
rent avec enthousiasme à "l'œuvre civi-
lisatrice"(13). Politiquement, les "indi¬
gènes" ne posent pas non plus de
problèmes spécifiques, exceptée une
forte minorité qui récuse de façon très
claire et très lucide le faux-semblant
républicain, comme l'exprime très tôt
(en 1903) une couverture de L'Assiette
au beurre (ci-contre ). Ils militent,
pour la plupart, dans des partis métro¬
politains exportés dans l'espace colo¬
nial. De plus, étant donné leur "imma¬
turité", ils sont de toute façon exclus des
responsabilités et confinés dans un
Ainsi, les colonies sont posées en exemple. Le discours républi¬
cain colonial trahit le désir de voir se réaliser en métropole cette paix
impériale, cette harmonie coloniale, où les conflits sociaux et poli¬
tiques -véritable hantise des républicains - n'existent pas, où cha¬
cun est à sa place et participe à la construction de la société républi¬
o
caine en marche. Les colonies deviennent durant l'entre-deux-guerres
et jusqu'aux années cinquante une métaphore de la République en
voie d'accomplissement.

Peut on décoloniser

Ce
larôle
République
de la colonisation?
dans l'idéologie républicaine nous amène
à penser que l'impossibilité actuelle de socialiser la mémoire de la
période coloniale et, bien entendu, de saisir les liens entre cette
période et la nôtre, témoigne de la difficulté à analyser comment
l'idéologie coloniale a contribué à former la pensée républicaine. Or,
les idées républicaines n'appartiennent pas seulement aux répu¬
blicains estampillés comme tels. Ces valeurs ont été très intimement
incorporées par une large majorité de Français, à travers l'École
notamment, comme des valeurs transcendant les clivages poli¬ o
o
tiques. Elles font aujourd'hui partie d'un patrimoine culturel com¬ u
M
15)-Cf. le discours du mun, référent identitaire fondamental15), consciemment ou incons¬ 9
Premier ministre, $
ciemment assumé. «
s
le 19laoctobre
sur notion de
2000, sur TF1,
"communauté nationale". C'est là, sans doute, l'une des raisons qui rendent extrêmement
difficiles un retour critique sur la colonisation et ses effets contem¬
porains. De ce fait, nous restons désespérément aveugles aux enjeux
contemporains de l'histoire coloniale : les articulations colonisation-
immigration, le racisme spécifique dans ce pays envers les popula¬
tions autrefois colonisées, la relation paternaliste de la France à
l'égard de l'Afrique depuis quarante ans, ou la non-intégration de fait
et la ghettoïsation active de certaines populations dans nos banlieues,
sont des exemples probants - et suffisants - pour que nous prenions
conscience de ce passé mal assumé.
Déconstruire les fondements républicains de l'idéologie coloniale
doit rendre possible l'analyse des continuums entre colonisation et
France contemporaine. À cet égard, l'article paru dans Libération le
18 juin 2000 (la date est le fruit du hasard !) au titre explicite : "Un
musée pour la France coloniale ne montre que l'une des facettes du
problème : le blocage par l'administration, les politiques et les médias,
quand il est question de la création d'un lieu de mémoire sur le passé
colonial de la France. Et ce blocage (en tout cas cette absence de prise
de conscience) est d'autant plus fort que la mémoire coloniale remet
en cause, à la différence de Vichy, l'histoire
et l'idéologie de la République.
Éric Conan et Henry Rousso, dans un
livre qui a fait date16), introduisaient leur
propos par ses lignes : "Les souvenirs de
l'Occupation obsèdent la conscience natio¬
nale. Le constat est devenu banal. . . La pré¬
sence de ce passé est trace d'un deuil ina¬
chevé. Elle est aussi un signal d'alerte
relatif à l'avenir de l'identité française et
à la force de ses valeurs universalistes. "
Sans établir une comparaison systématique
entre ces deux pages sombres de notre his¬
toire, il nous semble évident qu'en termes
de mémoire (ou d'absence de mémoire), le SOUSCRIVEZ aux

parallèle est significatif. En termes histo-


É
riographiques, avec vingt ans d'écart - de
la Libération aux indépendances -, la
démarche semble se mettre en place de la même manière. En effet, Falcucd,
© Achac.194?.
nous n'en sommes plus aujourd'hui à constater qu'immigration, colo¬
nisation et racisme sont liés : c'est un fait largement reconnu. Par
contre, de façon très claire, la socialisation de la mémoire coloniale
(au même titre que la mémoire des années sombres de Vichy) consti¬ 16)-Éric Conan et Henry
tuera un enjeu politique majeur pour les dix années à venir. Rousso, Vichy, un passé
qui ne passe pas, 1994.
Quelles sont les perspectives, dans ce contexte, pour les cher¬
cheurs ? Sans doute sont-elles doubles : l'une, positive, laisse entre¬ 17)-Comment ne pas citer
le numéro spécial de la revu
voir que le travail sur la colonisation ne fait que commencer et qu'il Quasimodo : "Fiction de
sera, dans les années à venir, de plus en plus riche en apports plu- l'étranger" (Printemps 2000
qui ouvre dans ce domaine
ridisciplinaires17) et en nouveaux talents. L'autre, plus délicate, des perspectives nouvelles
ou celui, plus classique mais
semble indiquer que l'on ne peut éviter la politisation d'un tel débat qui inspire les mêmes
au cœur d'une République qui a toujours eu du mal à regarder sa sentiments, de la revue
Africultures : "Tirailleurs
propre histoire en face. O en images" (février 2000).

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Nicolas Bancel et Pascal Blanchard,


"De l'indigène à l'immigré, images, messages et réalités"
A PUBLIE
Pierre-André Taguieff, "Universalisme et racisme évolutionniste :
le dilemme républicain"
Gilles Manceron, "L'état de veille de l'imaginaire colonial"
Dossier Imaginaire colonial, figures de l'immigré ,

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