Vous êtes sur la page 1sur 12

Licence Informatique 2ème année

Arithmétique
Université de Poitiers
Année 2022-2023

Cours
D’ARITHMÉTIQUE

par BOSIO Frédéric


Contents

I Arithmétique des entiers 2

1
Part I

Arithmétique des entiers


Prérequis On s’intéresse dans ce cours aux opérations usuelles sur les entiers, naturels
ou relatifs, à savoir l’addidtion, la soustraction, la multiplication, la division.
Nous supposons connues l’existence des ensemble N des entiers naturels et Z des entiers
relatifs, ainsi que les opérations d’addition (notée +) et de multiplication (notée . ou non
notée) sur ces ensembles, et la soustraction (notée −) dans Z. De plus, nous savons aussi que
ces ensembles sont munis d’une relation d’ordre naturelle ≤ où pour deux entiers relatifs a
et b, on a a ≤ b si et seulement si b − a est un entier naturel. Autre chose, nous connaissons
la valeur absolue d’un entier relatif n, notée |n|, qui est un entier naturel.
Nous supposerons aussi connues les propriétés de base de ces opérations en particulier les
propriétés des nombres 0 et 1 vis-à-vis de l’addition et de la multiplication.
Nous introduisons quelques pripriétés, que nous admettrons, des ensembles N et Z .

• Toute partie non vide de N possède un plus petit élément (pour sa relation d’ordre
naturelle).
• Toute partie non vide et majorée de N possède un plus grand élément.
• Toute partie non vide et bornée de Z possède un plus grand élément et un plus petit
élément.

En particulier N possède un plus petit élément qui est 0.


Si n est un entier naturel non nul, l’ensemble des entiers naturels qui sont strictement
inférieurs à n possède un plus grand élément, qui est n − 1.
On a aussi le principe de récurrence : Considérons une propriété (Pn ) dépendant d’un entier
naturel n. Alors si (P0 ) est vraie et si, quel que soit l’entier k, la véracité de (Pk ) entraı̂ne
celle de Pk+1 , alors (Pn ) est vraie quel que soit l’entier n.
En effet, si on considère la partie V de N formée des nombres n pour lesquels (Pn ) est
fausse, alors V ne peut avoir comme plus petit élément ni 0 (car (P0 ) est vraie), ni un entier
non nul k, car la propriété Pk−1 serait vraie, et donc (Pk ) aussi, et on l’a supposée fausse.
L’ensemble V doit alors être vide et (Pn ) est donc toujours vraie.

Multiples et diviseurs

Définition 0.1 Soient a et b deux entiers naturels. On dit que a est un diviseur de b, ou
que b est un multiple de a s’il existe un entier naturel c tel que a.c = b.
Si a est un diviseur de b, on note a|b.
La même définition est valable dans les entiers relatifs, soit a|b s’il existe c ∈ Z tel que
a.c = b. On remarque que a|b si et seulement si |a|||b|.
2
Notes quelques propriétés élémentaires de la divisibilité :

• Tout entier se divise lui-même.

• Pour tout entier n, 1|n et n|0.

• Réciproquement, si 0|n, alors n = 0 et si n|1, alors n = ±1.

• La divisibilité est une relation transitive : Si a|b et b|c, alors a|c.

• Si a|b et a|c, alors a|(b + c).

• Si a|b et b 6= 0, alors |a| ≤ |b|.

• Si a|b et b|a alors a = ±b.

Remarque 0.1 Un entier relatif non nul n’a qu’un nombre fini de diviseurs.
En effet, l’ensemble des diviseurs de n est inclus dans [−|n|; |n|]

Venons-en à une première notion importante pour ce cours :

Définition 0.2 Soient m et n deux entiers relatifs non tous deux nuls. Alors l’ensemble
des entiers qui divisent à la fois m et n, possède un plus grand élément, qu’on appelle leur
PGCD (plus grand commun diviseur), qu’on note m ∧ n.
On prend (par convention) 0 ∧ 0 = 0.

En effet, cet ensemble est non vide (il contient 1) et est borné (il est inclus dans l’ensemble
des diviseurs de n, lui-même borné si n 6= 0). On sait alors qu’il a un plus grand élément.

Exemple 0.0.1 En regardant les diviseurs de 10 et de 25, on voit que 10 ∧ 25 = 5.

Définition 0.3 Deux entiers m et n sont dits premiers entre eux (parfois étrangers) si
m ∧ n = 1.

La notion suivante est analogue à celle de PGCD :

Définition 0.4 Soient m et n deux entiers relatifs tous deux non nuls. Alors l’ensemble
des entiers naturels qui sont à la fois de m et de n, possède un plus petit élément, qu’on
appelle leur PPCM (plus petit commun multiple), qu’on note m ∨ n.
On prend (par convention), pour tout n 0 ∧ n = n ∧ 0 = 0.

En effet, cet ensemble contient |m.n|, donc est non vide.

Exemple 0.0.2 En regardant les multiples de 10 et de 15, on voit que 10 ∨ 15 = 30.


3
Nous verrons plus tard que le PGCD et le PPCM sont liés par la formule :

(m ∧ n)(m ∨ n) = |m.n|

Notons que le PGCD et le PPCM sont symétriques : Pour tous entiers, m ∧ n = n ∧ m et


m ∨ n = n ∨ m.
Notons aussi que si m|n, alors m ∧ n = |m| et m ∨ n = |n|.
Nous allons présenter ici deux méthodes pour déterminer m ∧ n étant donné deux entiers.
La première est basée sur une méthode de descente par des divisions, la seconde sur une
décomposition des nombres en produit de nombres particuliers.

Division euclidienne. Algorithme d’Euclide Présentons d’abord la division euclidi-


enne :

Théorème 0.2 On se donne deux entiers a et b, avec b > 0. Il existe alors un unique
couple (q, r) d’entiers tels que a = b.q + r et 0 ≤ r < b.

Preuve Commençons par l’unicité. Supposons qu’on ait deux couples (q1 , r1 ) et (q2 , r2 )
qui satisfont les propriétés de l’énoncé. On a alors a = b.q1 + r1 = b.q2 + r2 d’où 0 = a − a =
(b.q1 + r1 ) − (b.q2 + r2 ) = b(q1 − q2 ) + (r1 − r2 ), soit r1 − r2 = b(q2 − q1 ) et r1 − r2 est donc
un multiple de b. Or, 0 ≤ r1 < b et −b < −r2 ≤ 0, d’où −b < r1 − r2 < b, donc |r1 − r2 | < b.
Or, nous avons vu que tout multiple non nul de b avait sa valeur absolue au moins égale à
b. Ceci prouve que r1 − r2 , et alors on a aussi q1 = q2 , soit (q1 , r1 ) = (q2 , r2 ), ce qui assure
l’unicité annoncée.
Pour l’existence, supposons a positif pour simplifier. Prenons E ⊂ N l’ensemble des entiers
naturels q pour lesquels b.q ≤ a. Cet ensemble E n’est pas vide, car 0 ∈ E et E est majoré.
En effet, si q > a, alors bq ≥ q > a. Donc l’ensemble E possède un plus grand élément q0 .
On a alors b.q0 ≤ a et b.(q0 + 1) > a car q0 + 1 n’est pas dans E. Posons r0 = a − b.q0 .
On a par construction a = b.q0 + r0 . De plus b.q0 − b.q0 ≤ a − b.q0 < b(q0 + 1) − b.q0 , soit
0 ≤ r0 < b. Le couple (q0 , r0 ) convient bien. 

L’algotihme d’Euclide se base sur cette division et sur le résultat suivant (qui sera montré
en TD) :

Proposition 0.3 Soient a, b et c trois entiers. On a alors a ∧ (b + c.a) = a ∧ b.

L’algotihme d’Euclide est un algotihme qui calcule le PGCD de deux nombres entiers.
Supposons qu’on ait deux entiers naturels a > b > 1 et qu’on souhaite calculer leur PGCD.
Effectuons la division euclidienne de a par b. On a a = bq + r, où 0 ≤ r < b.
Si r = 0, alors a = bq, donc b|a et a ∧ b = b.
Sinon, remarquons que d’après la proposition ci-dessus, on a a∧b = b∧a = b∧(a−q.b) = b∧r,
et que les nombres b et r sont plus petit que a et b. On peut alors réitérer ce processus,
4
pour avoir a ∧ b comme PGCD de couples de nombres de plus en plus petits. Comme on ne
peut diminuer indéfiniment les entiers naturels, ce processus s’arrêtera au bout d’un certain
nombre d’itérations, lorsqu’on tombera sur un reste nul. Le PGDC de a et b sera alors le
dernier reste non nul sur lequel nous sommes tombés.
Plus précisément, on pose r0 = b. On effectue les calculs suivants, où chaque ligne corre-
spond à une division euclidienne :

a = r0 q1 + r1
r0 = r1 q2 + r2
.. .. ..
. . .
rk−2 = rk−1 qk + rk
rk−1 = rk qk+1 + 0

On a alors a ∧ b = rk .
N.B. : Il est parfois possible d’effectuer en une fois deux étapes consécutives de l’algotihme.
Supposons que pour un certain indice j, on ait rj+1 > 21 rj . L’étape j + 2 donnera alors
rj = rj+1 + rj+2 , avec rj+2 = rj − rj+1 < 12 rj . On aurait alors pu écrire directement
rj−1 = rj (qj+1 + 1) − rj+2 et on a a ∧ b = rj−1 ∧ rj = rj ∧ (−rj+2 ) = rj ∧ rj+2 , ce qui diminue
le nombre détapes de l’algotihme.
Attention toutefois : D’une part ceci introduit des nombres négatifs, donc ce n’est pas la
division euclidienne standard qui est effectuée. D’autre part il faut tenir compte du signe,
surtout lorsqu’on effetue l’algorithme étendu (nous en parlerons ultérieurement dans ce
cours), ce qui pourrait éventuellement induire des erreurs. Si vous n’êtes pas totalement
sûr de vous, il est recommandé de s’en tenir à l’algorithme standard.

Nombres premiers. Décomposition en facteurs premiers

Définition 0.5 Un nombre entier p ≥ 2 s’appelle un nombre premier si ses seuls diviseurs
positifs sont 1 et p.
Les nombres ≥ 2 qui ne sont pas premiers sont dits composés

Notons qu’un nombre composé n possède un diviseur d tel que 2 ≤ d < n (on améliorera
même cette inégalité).

Exemple 0.0.3 Le nombre 7 est un nombre premier : Ni 2, ni 3, ni 4, ni 5, ni 6 ni un


nombre > 7 ne le divisent.
En revanche, le nombre 20 est un nombre composé : On a 20 = 5 × 4.

On peut penser aux nombres premiers comme les briques élémentaires nécessaires pour
obtenir tous les nombres par multiplication. En particulier, on a :

Proposition 0.4 Soit n ≥ 2 un entier. Alors il existe un nombre premier p tel que p|n.

5
Preuve En fait, le plus petit diviseur ≥ 2 de n est un nombre premier. En effet, déjà ce
nombre existe car l’ensemble des diviseurs ≤ 2 de n est non vide : Il contient n. Il contient
donc un plus petit élément que nous noterons p. Si p était composé, il aurait un diviseur q
tel que 2 ≤ q < p. Alors q serait un diviseur ≥ 2 de n, ce qui contredirait la minimalité de
p. 

Nous allons montrer un résultat bien plus précis :

Théorème 0.5 Tout nombre entier naturel ≥ 2 possède une unique décomposition en fac-
teurs premiers, c’est-à-dire que si n ≥ 2, il existe un unique entier k ≥ 1 et une unique liste
finie (p1 , ..., pk ) telle que :
i) n = p1 .p2 ...pk .
ii) Les pi sont en ordre croissant, soit pi ≤ pj si i ≤ j.

L’existence résulte assez simplement de la proposition ci-dessus. Appelons I l’ensemble des


entiers ≥ 2 qui ne s’écrivent d’aucune façon comme demandé dans l’énoncé. Si I n’était pas
vide, il aurait un plus petit élément n0 .
Remarquons que I ne contient pas de nombre premier car si p est premier, la liste réduite
au seul élément (p) est une décomposition en facteurs premiers de p.
Le nombre n0 est donc composé. D’après la proposition ci-dessus, n0 possède un diviseur
premier q, et on peut donc trouver un entier n1 tel que n0 = q.n1 . On a 2 ≤ n1 < n0 , et
la minimalité de n0 nous garantit que n1 possède une décomposition en facteurs premiers
comme demandée dans l’énaoncé, donc un entier k et une liste croissante p1 , ..., pk tels que
n1 = p1.p2 ...pk . On a alors n0 = q.n1 = q.p1 .p2 ...pk et, en plaçant q à la bonne place dans
la liste, on a une liste croissante à k + 1 termes (p1 , ..., pj , q, pj+1 , ..., pk ) dnt le produit des
termes fait n0 , ce qui contredit l’hypothèse que n0 est dans I.
L’ensemble I est donc vide, c’est-à-dire que tout entier ≥ 2 possède une décomposition en
facteur premiers.
L’unicité est un peu plus délicate. Nous allons prouver au préalable quelques résultats
arithmétiques importants.

Proposition 0.6 Soient a et b deux entiers. Alors il existe entiers relatifs u et v tels que
a.u + b.v = a ∧ b.

Preuve Si l’un des deux est nul, alors leur PGCD est la valeur absolue (donc un multiple)
de l’autre, et on a bien une relation comme souhaité.
On peut donc les prendre non nuls. Soit F = {a.u + b.v, (u, v) ∈ Z2 }. Alors tout élément de
F est multiple de a ∧ b car pour tous entiers u et v, a ∧ b divise a.u et b.v donc leur somme.
Prenons F + l’ensemble des éléments strictement positifs de F . C’est une partie non vide de
N (elle contient par exemple |a|), donc elle possède un plus petit élément c. On a (a ∧ b)|c
et comme c > 0, on a en particulier (a ∧ b) ≤ c

6
et comme c est dans F , il existe deux entiers ca et cb tels que c = a.ca + b.cb .
Effectuons la division euclidienne de a par c : On obtient a = c.q + r, avec 0 ≤ r < c. Or
r = a − c.q = a − q(a.ca + b.cb ) = (1 − q.ca )a − (q.cb )b, donc r ∈ F . Si r n’était pas nul, on
aurait r ∈ F + et c n’en serait donc pas le plus petit élément. Donc r = 0 et ainsi c divise
a. De même, c divise b et donc c ≤ a ∧ b.
Ainsi, on a c = a ∧ b, ce qui montre que a ∧ b s’écrit bien sous la forme voulue. 

Corollaire 0.7 Soient a, b, c trois entiers relatifs. Alors les diviseurs de a ∧ b sont
exactement les nombre qui sont à la fois les diviseurs de a et de b.

Preuve D’une part, tout diviseur de a ∧ b est, par transitivité de la divisibilité, un diviseur
de a, ainsi que de b.
Réciproquement, tout diviseur commun à a et b divise tout nombre de la forme au + bv,
pour u et v entiers, en particulier a ∧ b. 

Le résultat suivant est le point clé de la preuve de l’unicité de la décomposition en facteurs


premiers :

Lemme 0.1 Soit p un nombre premier. Soient m et n deux entiers tels que p|m.n. Alors
p|m ou p|n.

Preuve Soient p premier et m, n tels que p|m.n. Si m ou n est nul, p le divise, donc on
peut supposer m et n non nuls.
Supposons que p ne divise pas m et montrons qu’alors il divise n. On sait que p ∧ m est
un diviseur de p, et comme p ne divise pas m, ce n’est pas p. Comme p est premier, on a
p ∧ m = 1.
La proposition 0.6 nous assure alors qu’il y a deux entiers u et v tels que p.u + m.v = 1. On
a alors n = n.1 = p.u.n + m.n.v. Alors p|p.u.n et comme p|m.n, p|m.n.v et ainsi p divise
p.u.n + m.n.v = n.
Nous avons donc bien prouvé le lemme. 

Noton que cela se généralise imédiatement par récurrence à un produit d’un nombre quel-
conque de facteurs : Si un nombre premier divise un produit d’entiers, il divise l’un des
facteurs de ce produit.
Nous pouvons maintenant finir la preuve de l’unicité de la décomposition en facteurs pre-
miers.
Remarquons que les nombres premiers n’ont qu’une décomposition en facteurs premiers :
Si p est premier, son seul diviseur premier est lui-même, et comme p.p > p, ce facteur ne
peut apparaı̂tre qu’une fois dans la décomposition de p.
Si une telle décompsition n’était pas unique pour tous les nombres, il y aurait un nombre
n ≥ 2 minimum qui aurait deux décompsitions en facteurs premiers distinctes, (p1 , ..., pk )
et (p01 , ..., p0k0 ), et on peut imposer p1 ≤ p01 .
7
Le nombre premier p1 divise n = p01 .p02 ...p0k0 et divise donc l’un des facteurs de ce produit,
mais ces facteurs étant premiers, le facteur que p1 divise est lui-même égal à p1 . Comme
les facteurs apparaissent dans l’ordre et que p1 ≤ p01 , on a donc p01 = p1 .
Le nombre n étant composé, il n’est pas égal à p1 , et on peut considérer le nombre m = pn1 .
On a m = p2 .p3 ...pk = p02 .p03 ...p0k0 et on a donc deux décompsitions en facteurs premiers de n,
distinctes (sinon les deux décompositions données de n seraient identiques). Or, 2 ≤ m < n
et donc par hypothèse, m n’en a qu’une. On aboutit donc à une contradiction.
Ainsi, tout entier ≥ 2 n’a bien qu’une décomposition en facteurs premiers.
Note : On prendra par convention que 1 aussi possède une décomposition en facteurs
premiers, unique, donnée par la liste vide.
En revanche, 0 n’a pas de décomposition en facteurs premiers.

Notation 1 Dans la liste donnant la décomposition en facteurs premiers d’un entier n ≥ 2,


un même nombre premier peut apparaı̂tre plusieurs fois. Si on note p1 < p2 < ... < pj les
nombres premiers distincts qui divisent n, et s’ils apparaissent respectivement α1 , α2 , ...,
αj fois, alors on écrit :
α
n = pα1 1 .pα2 2 ...pj j

Exemple 0.0.4 La liste correspondant à la décomposition en facteurs premiers de 600 est


(2, 2, 2, 3, 5, 5), soit 600 = 2 × 2 × 2 × 3 × 5 × 5. On note sa décomposition en facteurs
premiers comme suit : 600 = 23 .3.52 .

On peut éventuellement noter cette décomposition encore autrement :

Définition 0.6 Soit n ≥ 1 un entier, p un nombre premier. On appelle valuation p-adique


de n, qu’on note vp (n) le nombre de fois que p apparaı̂t dans la liste des facteurs premiers
de n (ce qui correspond au αp ci-dessus), avec vp (n) = 0 si p ne divise pas n.

On peut encore noter de la manière suivante la décomposition en facteurs premiers de n :


Y
n= pvp (n)
p premier

En fait, si n > 0 est fixé, il n’y a qu’un nombre fini de nombre premiers qui le divisent, donc
pour lesquels vp (n) 6= 0 et pvp (n) 6= 1. Et les facteurs 1 ne comptent pas dans un produit.
Notons aussi les nombres strictement négatifs ont aussi une décomposition en facteurs pre-
miers, obtenue simplement en mettant un signe ”-” devant celle de leur opposé.

Quelques résultats supplémentaires sur les nombres premiers, le PGCD, le


PPCM Donnons-ici quelques résultats sur les nombres premiers :

Proposition 0.8 Il y a une infinité de nombres premiers.

8
Preuve Si on se donne un nombre fini de nombres premiers p1 , ..., pk , alors le nombre
n = (p1 .p2 ...pk ) + 1 a forcément un diviseur premier, et un tel diviseur n’est d’aucun des pi .
Ainsi, aucune liste finie (p1 , ..., pk ) ne peut contenir tous les nombres premiers. C’est donc
qu’il y en a une infinité. 

Pour faire la liste des nombres premiers plus petit qu’un nombre n donné, on peut utiliser
le célèbre crible d’Eratosthène :
On écrit les nombres de 2 à n. Puis on raye tous les multiples de 2 (les nombres pairs).
Le plus petit nombre > 2 restant est 3. On raye alors tous les multiples de 3. Le plus
petit nombre > 3 restant est 5. On raye alors tous les multiples de 5. On répète alors le
processus. Les nombres premiers plus petits que n sont alors les nombres qui n’ont pas été
rayés lorsque le processus sera terminé.
En fait, on peut terminer le processus dès que le plus petit nombre restant trouvé dépasse

strictement n. En effet :

Remarque 0.9 Tout nombre composé n est multiple d’un nombre premier p tel que p ≤

n.
En effet, son plus petit diviseur > 1, que nous appellerons p, est premier d’après une
remarque déjà faite. On a alors n = p.q, avec q > 1 car n n’est pas premier. Comme q

divise n et q > 1, on a q ≥ p, et donc n = p.q ≥ p.p = p2 , donc p ≤ n.

Exemple 0.0.5 Si on veut faire la liste des nombre premiers jusqu’à 1000, et comme 322 =
1024 > 1000, il suffit de rayer les multiples des nombres premiers jusqu’à 31. Les nombres
restants seront alors tous premiers.

Donnons quelques propriétés des valuations, PGCD et PPCM :

Proposition 0.10 On a :

• Soit n un entier, p un nombre premier, k un entier naturel. Alors vp (n) ≥ k si et


seulement si pk divise n. Aussi vp (n) = k si et seulement si pk divise n et pk+1 ne
divise pas n.

• Soient m et n deux entiers > 0, p un nombre premier. On a vp (m.n) = vp (m) + vp (n)


, vp (m ∧ n) = min(vp (m), vp (n)) et vp (m ∨ n) = max(vp (m), vp (n))

• Soient m et n deux entiers > 0. Alors m|n si et seulement si pour tout nombre premier
p, on a vp (m) ≤ vp (n).

• Soient m et n deux entiers > 0. On a (comme dj́à annoncé), (m ∧ n)(m ∨ n) = m.n

• Soient a, b et c trois entiers > 0. Alors (a.c) ∧ (b.c) = (a ∧ b)c et (a.c) ∨ (b.c) = (a ∨ b)c

Nous terminons par un lemme important et des conséquences immédiates. Nous avons déjà
montré que si nombre premier divisait un produit de deux nombres, il en divisait un des
deux. Cela se généralise en une version appelée lemme de Gauß :
9
Lemme 0.2 Soient a, b et c trois entiers > 0. On suppose que a|b.c et que a et b sont
premiers entre eux. Alors a|c.

Preuve En effet, supposont a|bc et a∧b = 1. Soit p un nombre premier. Si p ne divise pas a,
alors vp (a) = 0 ≤ vp (c). Si vp (a) > 0, alors vp (b) = 0, sinon v diviserait a et b, contrairement
à l’hypothèse a∧b = 1. On a vp (a) ≤ vp (b.c) car a|b.c et vp (b.c) = vp (b)+vp (c) = 0+vp (c) =
vp (c). Soit vp (a) ≤ vp (c).
L’inégalité vp (a) ≤ vp (c) est donc vraie pour tout nombre premier p, ce qui prouve que a|c,
d’après la proposition ci-dessus. 

Donnons-en deux conséquences :


i) Pour trois entiers > 0 a, b et c, pour lesquels a ∧ b = 1, on a a ∧ (b.c) = a ∧ c.
ii) En particulier, si a ∧ b = a ∧ c = 1, alors a ∧ (b.c) = 1.

Équations diophantiennes On s’intéresse ici aux équations de la formesuivante :

a.x + b.y = c (1)

où les données a, b et c sont des entiers et où les inconnues x et y sont à chercher dans Z.
Un cas que nous exclurons est le cas où a ou b est nul. Dans ce cas, on est ramené à une
équation à une inconnue. On suppose donc a et b tous deux non nuls.
Cas particulier : c = 0 (on dit alors que l’équation est homogène).
Considérons une équation
a.x + b.y = 0 (2)
avec a et b entiers non nuls. En divisant l’équation par a ∧ b, qui est non nul, on obtient
une équation équivalente. Posons donc a0 = a∧b
a
et b0 = a∧b
b
. L’équation 2 est équivalente à

a0 .x + b0 .y = 0 (3)

Maintenant, a0 et b0 sont premiers entre eux. On peut donc faire l’hypothèse que a et b sont
premiers entre eux, ce que nous faisons.
Soit (x0 , y0 ) un couple solution de 2. Alors on a a.x0 + b.y0 = 0, soit a.x0 = −b.y0 . On note
alors que a divise −b.y0 . Mais comme par hypothèse a est premier avec b (et donc −b), a
divise y0 . Il existe donc un entier n tel que y0 = n.a. On a ainsi a.x0 = −b.n.a et comme
a 6= 0, x0 = −b.n, soit (x0 , y0 ) = n.(−b, a).
D’un autre côté, si on prend un entier n, on constate que a.(−n.b) + b.(a.n) = −a.b.n +
a.b.n = 0 (notons que ceci est vrai sans l’hypothèse que a et b soient premiers entre eux).
En résumé, si a et b sont premiers entre eux, l’ensemble des solutions de l’équation 2 est
−b a
{n.(−b, a), n ∈ Z}, et dans le cas général, cet ensemble de solutions est {n.( a∧b , a∧b ).
Cas général : c quelconque.

10
L’idée est de se ramener à une équation homogène. Si on se donne un couple (x0 , y0 ) solution
de l’équation 1, c’est-à-dire que a.x0 + b.y0 = c, alors un couple (x, y) en sera aussi solution
si et seulement si a.x + b.y = a.x0 + b.y0 , soit a(x − x0 ) + b(y − y0 ) = 0.
Autrement dit les couples solutions de 1 sont exactement les couples d’entiers de la forme
(x0 , y0 ) + (x1 , y1 ) où (x1 , y1 ) est solution de 2.
Ainsi, pour résoudre 1, on cherche une solution particulière (x0 , y0 ), puis on résout 2, et on
conclut à l’aide de ce qui précède.
Encore faut-il déterminer si une solution existe et, si c’est le cas, l’exhiber.
En fait, pour tout couple (x, y) d’entiers relatifs, a ∧ b divise a.x + b.y. Ainsi, pour qu’une
solution de 1 existe, il est nécessaire que a ∧ b divise c.
Réciproquement, nous avons vu qu’il existe deux entiers u et v tels que a ∧ b = a.u + b.v.
Alors, si a ∧ b divise c, il existe un entier n tel que c = n.(a ∧ b), et alors a.(n.u) + b.(n.v) =
n(a.u + b.v) = n.(a ∧ b) = c, et donc le couple (n.u, n.v) est une solution particulière de1.
Ainsi, l’équation 1 a une solution si et seulement si a ∧ b divise c. Encore faut-il en trouver
une lorsqu’il y en a.
Si on lit bien ce qui précède, le point clé est de trouver un couple (u, v) d’entiers tels que
a.u + b.v = a ∧ b. Pour cela, nous pouvons utiliser l’algorithme d’Euclide étendu.

Algorithme d’Euclide étendu L’idée consiste à écrire chaque reste ri apparaissant dans
l’algorithme d’Euclide sous la forme ri = a.ui + b.vi , pour des entiers ui et vi convenables.
On peut le faire au fur et à mesure de l’algorithme.
En fait, si on a ri = a.ui +b.vi et ri+1 = a.ui+1 +b.vi+1 , ainsi que ri = qi+2 .ri+1 +ri+2 , alors on
a ri+2 = ri −qi+2 .ri+1 = a.ui +b.vi −qi+2 (a.ui+1 +b.vi+1 ) = a(ui −qi+2 .ui+1 )+b(vi −qi+2 .vi+1 ).
On obtient alors effectivement ri+2 sous la forme a.ui+2 + b.vi+2 , avec ui+2 et vi+2 entiers.
On obtiendra alors explicitement a ∧ b, qui est l’un de ces restes, sous la forme voulue.

11

Vous aimerez peut-être aussi