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Collection MCJ

Le petit manuel
de la conversion
Tout ce qu’il faut savoir pour se convertir au judaïsme

Sarah Allouche
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de
l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite ». Art L122-4 CPI

N° ISBN : 978-2-9557390

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A mon époux,

A mes parents,

A feu M. Jacques Benaudis

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Préface
Je m’appelle Sarah et je me suis convertie auprès du Consistoire de Paris. Ma conversion a duré deux
bonnes années à la fin desquelles ma vie a définitivement changé.

En tant que convertie, je crois qu’entreprendre une telle démarche c’est vouloir renaître dans une vie
spirituelle qui n’est pas la nôtre mais qui n’a jamais cessé d’exister en nous.

Cette renaissance spirituelle ne laisse aucun répit et dès son commencement arrivent les questionnements
et les ennuis. A dire vrai, lorsque j’ai entamé les premières démarches nécessaires à la constitution de
mon dossier auprès du Consistoire de Paris, j’ai rapidement compris que nous autres, candidats à la
conversion, serions livrés à nous-même et peu renseignés sur la procédure à suivre pour mener à bien ce
processus. Comme celle de beaucoup d’autres, ma conversion s’est avérée être un véritable parcours du
combattant. Les renseignements manquants, j’ai perdu beaucoup de temps à essayer de récolter des
informations souvent fausses et contradictoires. J’ai aussi commis plusieurs erreurs qui auraient pu être
évitées si j’avais été épaulée.

J’ai donc crée ce manuel, et le site internet qui l’accompagne (maconversionaujudaisme.com), pour en
finir avec les rumeurs, et autres ragots, et vous aider à vivre cette période de métamorphose avec sérénité.

Soyez rassurés, cet ouvrage n’a pas pour vocation d’énoncer de grandes théories sur la judéité, de discuter
du bien-fondé de la conversion, ni même de converser sur la légitimé du Consistoire dans le monde juif
d’aujourd’hui. Cet ouvrage n’est que le support que j’ai choisi pour vous transmettre mon expérience et
mes connaissances, enrichies de celles de nombreux autres candidats que j’ai pu modestement soutenir
depuis plusieurs années.

Plus largement, ce livre a pour objet de faciliter la tâche à tous ceux qui souhaitent s’initier à la pensée et
à la pratique du judaïsme.

Je n’aurai donc pas ici la prétention de prêcher la bonne parole ni d’inculquer la Vérité, et encore moins
de vous juger. Tous les candidats à la conversion sont différents et mènent ce processus comme bon leur
semble. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons de se convertir, il n’y a qu’une inébranlable
conviction et beaucoup de persévérance.

Avec l’expérience, je peux dire que tout le monde peut se convertir et que le Consistoire traite les
candidats de façon égale, qu’ils aient ou non une ascendance juive. La seule véritable distinction est celle
de la détermination car la conversion est une épreuve d’endurance. Il faut donc être prêt à ne rien lâcher !

Par conséquent, vous trouverez ici, des informations complètes et concises concernant l’intégralité du
programme d’apprentissage du Consistoire, toutes les informations relatives à la structure de la Torah et
des offices, pour vous faciliter la tâche à la synagogue, ainsi que celles relatives au déroulement de la vie
juive en générale.

Ce manuel contient l’immense majorité des connaissances que vous devez acquérir pour mener à bien
votre démarche.

Toutefois, je dois préciser que je ne suis ni rabbin ni philosophe, les informations ici compilées sont donc
brutes de toute interprétation. Il vous appartient d’enrichir votre réflexion à l’aide d’écrits spécialisés, de
conférences ou de discussions diverses et variées.

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Je tiens aussi à insister sur le fait que ma démarche n'est, en aucun cas, prosélyte. Je ne cherche
absolument pas à susciter l'adhésion de quiconque au judaïsme. Ce manuel s'adresse aux personnes ayant
déjà décidé de se convertir, qui rencontrent des difficultés à mener à bien leur projet spirituel ou qui
cherchent simplement à s’informer.

Un dernier conseil avant de commencer : le judaïsme est une discipline, au sens propre du terme. C’est
une religion basée autant sur la pratique que sur la foi et, lorsque l’on débute en la matière, on est souvent
mal à l’aise et ignorant. C’est normal !

Pour progresser, il faut pratiquer, encore et encore. On s’améliore jour après jour, semaine après semaine.
C’est en s’entrainant que l’on progresse. Alors, entrainez-vous et persévérez, quoi qu’il arrive. Et surtout,
ne vous laissez pas décourager !

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à consulter le site maconversionaujudaisme.com ou à me


contacter directement par mail à l’adresse suivante : maconversionaujudaisme@gmail.com

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Introduction

Une conversion, lorsqu’elle est menée avec détermination et quelques bonnes suggestions, dure
au minimum dix-huit mois, à compter du premier rendez-vous au Consistoire.

Il faut aussi noter que cette démarche n’est pas gratuite et qu’en plus des cours que vous devrez suivre
(collectifs ou particuliers), un chèque de 980 euros vous sera demandé, au moment du passage au mikvé.

Par ailleurs, une conversion peut être entamée à partir de la majorité religieuse, c’est-à-dire, à l’âge de
treize ans.

Pour les mamans, si vous obtenez votre conversion lorsque vos enfants ont moins de trois ans, ils seront
juifs. Si vos enfants ont plus de trois ans lorsque vous obtenez votre conversion, c’est-à-dire après le
mikvé, ils ne seront pas considérés comme juifs et pourront se convertir à partir de l’âge de treize ans. Il
s’agit d’une tolérance du Consistoire car, partout où il n’exerce pas sa doxa, la judéité se transmet à
l’enfant lors de sa naissance et non plus tard.

Pour les papas, la question ne se pose pas puisque la judéité s’acquiert uniquement par la mère.

Les demandes de conversion effectuées dans l’espoir de célébrer un mariage juif sont systématiquement
rejetées par le Consistoire.

Ceci étant dit, le processus de conversion peut être divisé en quatre étapes d’égale importance :

La candidature

L’apprentissage

Les examens

Le bain rituel

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Titre 1 – La candidature
La démarche administrative décrite ci-après s’applique à tous les candidats, que vous viviez à Paris ou
ailleurs en France. En effet, le Consistoire de Paris centralise toutes les demandes de conversion et il est
le seul habilité à délivrer le certificat de conversion marquant la fin du processus. Tous les candidats
seront convoqués au Consistoire au moins quatre fois. Toutefois, vérifiez sur le site internet du
Consistoire de votre ville, s’il y’en a un, car il est possible que la lettre de candidature doive y être
envoyée directement.

Pour les candidats souhaitant se convertir en Israël, sachez que vous devrez suivre une année d’étude
de la Torah sur place avant d’être converti. Si vous revenez ensuite en France, vous devrez passer et
réussir l’examen écrit du Consistoire afin que votre conversion israélienne soit reconnue.

Pour commencer votre conversion, vous devez rédiger une lettre de candidature et attendre une réponse
du Consistoire.

1) La lettre au Consistoire
En premier lieu, vous devez adresser une lettre manuscrite ou dactylographiée au Consistoire de Paris (la
lettre en version dactylographiée est recommandée pour une question de confort de lecture). Celle-ci vise
à informer le beth-din de votre volonté de vous convertir selon les rites et pratiques du judaïsme
orthodoxe tels qu’organisés en France.

Selon le Consistoire de Paris, devenir juif « c’est décider de vivre selon les principes de la Foi d’Israël et
selon les commandements de la Torah. Par cette conversion, le nouveau venu exprime sa volonté
d’intégrer la vocation spirituelle du peuple juif, à savoir appartenir à une royauté de prêtres et une nation
vouée à la sainteté ». Ces éléments doivent transparaitre dans votre courrier, d’une façon ou d’une autre.

La lettre doit être adressée à l’adresse suivante : Consistoire de Paris – Service des Conversions
 –
17 rue Saint Georges, 75009 Paris.

N’oubliez pas d’inscrire en haut à gauche de votre courrier votre nom et prénom, date de naissance et
adresse postale. Le Consistoire analysera votre courrier et ne tardera pas à vous répondre. Le délai de
réponse est généralement d’une à deux semaines lorsqu’il n’y a pas de fêtes juives.

2) La réponse du Consistoire
Votre demande est favorablement accueillie lorsque vous êtes directement convoqué à un premier rendez-
vous, ou qu’avant de vous fixer un rendez-vous, le beth-din vous demande d’envoyer plusieurs
documents dont la liste est jointe au courrier.

Votre demande est temporairement rejetée lorsque le beth-din vous demande de les recontacter
ultérieurement. Dans cette hypothèse, rassurez-vous, le rejet est toujours temporaire. Il ne s’agit que
d’une mise à l’épreuve de votre motivation !

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Si le Consistoire vous convoque directement pour un premier rendez-vous :

Cette hypothèse est souvent réservée aux candidats issus d’un mariage mixte (d’un père juif et d’une mère
non juive). L’entretien a pour objet d’établir un premier contact avec vous, de connaître plus en détail
votre situation familiale et d’entendre vos motivations de vive voix. Ce rendez-vous débouche sur
l’ouverture officielle de votre dossier de conversion.

La veille de l’entretien, relisez votre lettre de motivation et préparez vous comme s’il s’agissait d’un
entretien d’embauche.

Pour les femmes : la tenue vestimentaire doit être tsniout, c’est-à-dire que vous devez porter une jupe ou
une robe longue (sous le genou) et non moulante, ainsi qu’un haut à manches longues, sans décolleté ni
transparence. S’attacher les cheveux n’est pas une obligation mais c’est toujours préférable. Pour les
hommes, la tenue vestimentaire doit être correcte et sans extravagance.

A la fin de l’entretien, le rabbin doit vous remettre deux documents : la liste des professeurs établies par
le beth-din et le programme des connaissances à maîtriser pour passer l’examen écrit. Mais, si vous avez
déjà un professeur en tête, n’hésitez pas à en informer le rabbin.

Si le Consistoire vous demande d’envoyer divers documents avant qu’un rendez-vous ne soit fixé et/ou vous demande
de vous représenter l’année suivante :

Dans ce cas, le beth-din vous impose implicitement de commencer votre démarche de conversion avant
que votre dossier ne soit officiellement ouvert. Il s’agit très probablement d’une méthode de filtrage des
candidats afin que seuls ceux qui sont vraiment motivés soient reçus en entretien. Le processus est donc
inversé par rapport aux candidats ayant été directement convoqués en entretien. En effet, pour les uns, la
conversion commence officiellement le jour du premier entretien alors que pour les autres, celle-ci ne
commence officiellement qu’au moment où tous les documents demandés auront été rassemblés.

Pas de panique, votre candidature n’a pas été rejetée ! Commencez à prendre des cours et fréquentez
assidûment une synagogue. Au bout de six mois minimum, écrivez à nouveau au Consistoire en détaillant
vos progrès et en insistant pour obtenir un entretien. Sinon, recontactez le Consistoire une fois le dossier
complet. C’est à vous de choisir.

Les documents à fournir sont les suivants (en fonction de votre situation) :
• Certificat émanant de votre employeur attestant que vous êtes libre de toute présence le chabbat et
les fêtes.
• Certificat émanant de l’employeur de votre conjoint ou de votre fiancé(e) attestant qu’il/elle est
libre de toute présence le Chabbat et les fêtes (Attention : si vous êtes déjà marié civilement, aux
yeux du Consistoire, vous restez célibataire !).
• Certificat du rabbin de votre synagogue attestant de votre participation régulière aux activités
communautaires, notamment aux offices de chabbat et des fêtes depuis une année au moins.
• Attestation du professeur qui a assuré votre instruction religieuse.
• Certificat de l’école de vos enfants attestant qu’ils fréquentent bien une école juive ou attestant
qu’ils n’y sont pas présents le chabbat et les fêtes et ne mangent pas à la cantine.
• Extrait d’acte de naissance datant de moins de 3 mois.
• Photocopie des pages du livret de famille vos concernant et concernant chacun de vos enfants.
• En cas d’enfant adopté : la photocopie du jugement d’adoption plénière de l’enfant.

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• En cas de père juif : certificat de judaïcité de celui-ci. Ce certificat s’obtient au Consistoire, en
contactant le service habilité.

Pour faciliter votre démarche, n’hésitez pas à contacter le service des conversions par téléphone au
01.40.82.26.40 afin que la liste des professeurs agréés vous soit envoyée. Ces professeurs connaissent le
programme à suivre et vous dispenseront l’enseignement nécessaire.

Si le Consistoire rejette votre demande de conversion :

Pas de panique ! Il ne s’agit que d’un rejet temporaire. Accrochez-vous ! Prenez votre mal en patience et
rappelez-vous que le but de la manœuvre est de tester votre détermination.

Commencez d’ores et déjà à fréquenter une synagogue et à apprendre l’hébreu avec le professeur de votre
bhgghvc∂f hgÒ∂ ydemande et en réaffirmant votre motivation. N’hésitez pas à mettre en avant le fait que
vous fréquentez déjà une synagogue et que vous maîtrisez la lecture de l’hébreu.

Titre 2 – L’apprentissage

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Cette étape s’applique à tous les candidats à la conversion et dure un peu plus d’un an. En plus du
développement de votre spiritualité, votre mission principale consiste à réunir les attestations demandées
par le Consistoire.

Les deux attestations les plus importantes sont celle du professeur ayant assuré votre instruction religieuse
et celle du rabbin de la synagogue que vous avez assidûment fréquentée pendant l’année.

Celles-ci ne peuvent être demandées qu’au bout d’un an de présence hebdomadaire aux cours et à la
synagogue.

1) La synagogue
Choisissez une synagogue proche de chez vous. En effet, je rappelle que vous devez vous y rendre à pied
lors du Chabbat et des fêtes.

Pour les hommes : Participez aux offices pendant deux ou trois semaines puis présentez-vous au rabbin
(après le kiddouch par exemple). Votre présence est requise au minimum à Chabbat (le vendredi soir et le
samedi matin) ainsi qu’aux offices des fêtes. S’il s’agit d’une petite communauté, le rabbin vous aura
surement déjà remarqué.

Pour les femmes : Dans certaines synagogues, une représentante de la communauté est chargée de
l’accueil des femmes. Si c’est le cas, participez aux offices pendant deux ou trois semaines puis
présentez-vous à elle. Sinon, présentez-vous directement au rabbin. Votre présence est requise au
minimum à Chabbat (le samedi matin) ainsi qu’aux offices des fêtes.

Le but est que vous parveniez à vous intégrer dans la communauté mais il n’est pas nécessaire que les
autres fidèles soient au courant de votre démarche. Ce choix reste à votre discrétion. Si vous êtes perdu
pendant les offices, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre voisin(e), c’est très courant, même pour les
juifs « de naissance ».

2) Les cours
Vous pouvez choisir un professeur dans la liste proposée par le Consistoire. N’hésitez pas à appeler le
service des conversions pour qu’il vous l’envoie si vous ne l’avez pas déjà.

Si vous souhaitez prendre des cours auprès d’un professeur extérieur, précisez-le au beth-din, lors de
l’entretien ou par un courrier ultérieur.

Le professeur que vous aurez choisi doit vous apprendre à lire l’hébreu ainsi que les prières
fondamentales. Il doit ensuite suivre le programme d’étude établi par le Consistoire.

Pour l’apprentissage de l’hébreu, aucun professeur n’est proposé. Choisissez celui que vous voulez, cela
est sans conséquence.

Lorsque la fin de l’année d’apprentissage approche, commencez à demander les attestations de présence à
votre/vos professeurs ainsi qu’au rabbin de la synagogue que vous fréquentez. Cela peut prendre un peu
de temps et il faut parfois insister cordialement.

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Lorsque toutes les attestations sont réunies, envoyez-les au Consistoire à l’adresse suivante : Consistoire
de Paris – Service des Conversions
 – 17 rue Saint Georges, 75009 Paris.

Si tout est en ordre, une date d’entretien vous sera proposée.

3) L’entretien
L’entretien avec le rabbin porte sur votre personnalité et vos connaissances de la halakha.

La personnalité du candidat :

Dans un premier temps, le rabbin va se réapproprier votre dossier, s’il vous a déjà reçu une première fois,
ou ouvrir officiellement votre dossier de conversion, s’il s’agit du premier entretien.

Il vous posera des questions sur votre vie professionnelle, personnelle et familiale. Répondez aux
questions simplement, il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails. Restez sur la réserve et méfiez-vous
des questions-piège !

Les connaissances du candidat :

Dans un second temps, le rabbin va tester votre maîtrise de l’hébreu et votre connaissance du programme
d’étude.

Il vous demandera probablement de lire une prière dans le Sidour, telle que la Amida, Chema Israël
ou Achré. Celles-ci sont à connaitre quasiment par cœur car la lecture doit être fluide.

Il peut aussi vous demander de réciter des bénédictions, telles que Acher yatsar, Mode ani ou Bore
nefachot.

Enfin, il vous posera des questions sur la vie de votre communauté, afin de vérifier que vous y êtes bien
intégré.

Munissez-vous de votre propre Sidour, vous serez plus à l’aise pour la lecture. N’hésitez pas à
marquer, par des post-it, les pages des prières les plus importantes.

Si l’entretien est satisfaisant, le rabbin doit vous proposer une date d’examen écrit. S’il ne le fait pas, vous
êtes en droit de la demander. En cas de refus, demandez des explications afin que vous puissiez travailler
sur vos points faibles.

Lorsque vous aurez obtenu une date d’examen, tout va s’accélérer et la longue année que vous viendrez
de passer à étudier vous paraîtra soudain très lointaine. Vous commencerez alors une nouvelle étape de la
conversion, plus académique que spirituelle, celle des examens écrits et oraux.
Cas particulier :

Il est possible que certains rabbins du service des conversions aient leur propre méthode d’appréciation
des candidatures. La procédure peut donc varier légèrement d’un candidat à l’autre.

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En effet, certains rabbins ont pour habitude, avant de donner une date d’examen écrit, de vous convoquer
plusieurs fois pour vous interroger sur chaque thème du programme de conversion. Il s’agit d’entretiens
assez courts sur un thème précis du programme qui vous sera indiqué lors de l’entretien précédent.

Cette méthode n’a aucune incidence sur la durée totale de votre conversion. La seule différence est qu’au
lieu de travailler dans votre coin pendant un an, sans avoir de contact avec le Consistoire, vous aurez des
petits entretiens de contrôle au fur et à mesure de votre apprentissage.

Si vous avez déjà effectué votre année d’apprentissage et réuni les attestations demandées : votre
conversion durera environ six mois de plus car il faudra vous rendre aux petits entretiens, souvent espacés
d’un mois. Mon conseil : passez brillamment deux ou trois entretiens de contrôle puis insistez, auprès du
rabbin, pour avoir une date d’examen au plus vite. Si vous lui montrez que vous maîtrisez le programme,
il n’y a aucune raison qu’il refuse.

Titre 3 – Les examens


Les examens sont une étape incontournable du processus de conversion. A la fin de votre année de
formation, vous devrez vous soumettre à un examen écrit et oral.

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1) L’examen écrit
L’examen écrit se compose, généralement, d’un QCM et de questions à rédiger. Il comporte deux cent
quatre-vingts questions réparties en cinq thèmes fondamentaux : l’histoire du peuple juif et le calendrier,
la cacherout, les fêtes, le Chabbat et les lois de la pureté familiale (Taharat Hamichpa’ha).

Vous disposez de trois heures pour y répondre.

L’examen se déroule au Consistoire de Paris, dans la salle Jérusalem, avec une dizaine d’autres candidats
plus ou moins concentrés. Certains posent même des questions au surveillant pendant les heures de
composition !

N’hésitez pas à apporter des boules quiès afin de ne pas vous laisser distraire. Certaines questions
sont parfois difficiles et requièrent toute votre attention.

Selon le beth-din, « si une personne a bien étudié, fréquente la communauté et pratique déjà les mitsvot,
elle ne rencontrera aucune difficulté à cette épreuve ». Cette analyse est tout à fait vraie. Cela dit, un peu
de bachotage, ça ne peut pas faire de mal !

2) Les résultats
Les résultats dépendent de la proportion de bonnes réponses données à l’examen. La correction ne répond
pas à un barème prédéfini mais repose sur une appréciation globale des connaissances et des lacunes du
candidat.

Les résultats sont toujours communiqués deux mois après l’examen écrit. Armez-vous de patience, ils ne
tarderont pas à arriver !

Si vos résultats sont satisfaisants :

Le beth-din vous proposera de passer à l’étape suivante, celle de l’oral devant la Commission rabbinique.

Si vos résultats sont satisfaisants mais que quelques lacunes sont apparues dans les connaissances :

Le beth-din vous convoquera pour un oral de révision simple. La liste des éléments à revoir vous sera
précisée donc, rassurez-vous, vous n’avez pas à réviser tout le programme ! Une attestation de fin de
révision de votre professeur devra être adressée au Consistoire afin qu’une date d’entretien vous soit
proposée.

Si vos résultats ne sont pas satisfaisants :

Vous devrez repasser l’examen écrit. Une attestation de fin de révision de votre professeur devra être
adressée au Consistoire afin qu’une nouvelle date d’examen vous soit proposée.

3) L’oral devant la Commission rabbinique

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Lorsque l’examen écrit est satisfaisant, vous passez à l’étape suivante : l’oral devant la Commission
rabbinique. Celui-ci se déroule devant les trois rabbins du beth-din.

C’est une étape solennelle au cours de laquelle les rabbins vont contrôler une dernière fois votre maîtrise
de l’hébreu, des halakhot et juger des motivations qui vous ont poussées à effectuer cette démarche.

Préparez-vous sereinement à ce moment important en révisant la lecture des prières fondamentales (le
Chema, Achré, la Amida et la Birkat hamazone).

Révisez une dernière fois vos fiches de cours, surtout celles concernant la fête juive à venir ou qui
vient de se terminer. La tenue tsniout est exigée !

Titre 4 – Le mikvé
Attention, moment fort en émotion ! Le mikvé est probablement le plus beau moment de la conversion. Il
est le point final de votre démarche et symbolise votre renaissance en tant que juif(ve).

A partir de ce moment, vous deviendrez un enfant d’Israël, d’Abraham et Sarah, et votre filiation ne
pourra plus être remise en question.

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Après avoir brillamment réussi votre examen écrit, reprenez contact avec le Consistoire pour qu’une date
soit fixée pour le mikvé. Une fois cette date attribuée, il vous faudra remplir un petit dossier et régler la
taxe consistoriale due pour la conversion.

1) Le dossier
Vous recevrez, par courrier, une convocation pour l’un des mikvé affilés au Consistoire ainsi qu’une liste
de documents à fournir au secrétariat avant le jour J. Les documents demandés sont :
• 3 photos d’identité (couleur ou noir et blanc). Le nom, prénom et date du mikvé doivent être
inscrits au dos.
• Un chèque de 980E à l’ordre de l’A.C.I.P (taxe consistoriale pour l’intégralité de la conversion).
• Un chèque de 46E à l’ordre du mikvé A.C.I.P.

Pour cet évènement, vous devez impérativement connaître par cœur les bénédictions al haatevila et che’
he heyanou.

Vous devez aussi vous munir d’une serviette de bain, de tout ce qui est nécessaire à votre toilette et d’une
longue robe sombre pour vous tremper devant les trois rabbins (si vous n’en avez pas, la balanite vous en
prêtera une sur place).

Pour les hommes : il n’est pas nécessaire de prévoir une robe longue car vous vous baignerez nus devant
les rabbins.

2) Le déroulement du mikvé
A votre arrivée au mikvé, vous et les autres candidats, êtes attendus par les trois rabbins qui vous ont
précédemment reçu lors de l’oral. Lorsque votre tour arrive, présentez-vous à eux. L’un des rabbins vous
demandera alors le prénom juif que vous aurez choisi de prendre dans le cadre de votre renaissance
spirituelle.

Ensuite, il vous remettra un contrat écrit que vous serez tenu de lire à haute voix et de signer. Ce contrat
est un document par lequel vous vous engagez à suivre les commandements de la Torah et à les
transmettre à vos enfants.

En outre, il est fort probable que le rabbin vous demande de réciter les cinq commandements
fondamentaux de la vie d’un juif/d’une juive.

Les cinq commandements fondamentaux de la vie d’un juif/d’une juive sont : l’étude de la Torah, le
respect du Chabbat, la brit mila, la niddah, la cacherout.

Après le passage devant les rabbins, si vous êtes une femme :

La balanite vous donnera la robe longue du mikvé et vous vous dirigerez vers une petite salle de bain dans
laquelle vous ferez une toilette minutieuse. Lavez et brossez vos cheveux. Votre corps doit être bien net
car aucune impureté ne doit gêner le contact avec l’eau. A l’issue de cette toilette complète, restez nue, la
balanite va venir vous chercher pour la première immersion (tévila). Lors de votre entrée dans la salle du
mikvé, la balanite vous demandera de vous placer devant le bassin et procédera à la vérification

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superficielle de la toilette. Ensuite, elle vous fera entrer dans le bassin d’eau chaude. Vous vous
immergerez une première fois. Puis, vous sortirez du bassin et retournerez dans la salle de bain pour
enfiler la robe. Une fois prête, dirigez-vous à nouveau vers le bassin.

A ce moment là, les trois rabbins entreront dans la salle et vous feront vous immerger trois fois. Lorsque
vous entrerez dans le bassin, n’en touchez pas les parois et dirigez-vous vers le fond. Pour la première
immersion, vous réciterez la bénédiction al haatevila, la seconde fois che’ he heyanou et, la troisième
fois, ce sera au tour de l’un des rabbins de prononcer une bénédiction. Les bénédictions se prononcent
avant chaque immersion. Enfin, vous sortirez du bassin et retournerez dans la salle de bain pour vous
rhabiller.

Après le passage devant les rabbins, si vous êtes un homme :

Vous vous dirigerez vers une petite salle de bain dans laquelle vous ferez une toilette minutieuse. Lavez
et brossez vos cheveux. Votre corps doit être bien net car aucune impureté ne doit gêner le contact avec
l’eau. A l’issue de cette toilette complète, restez nu car les trois rabbins vont venir vous rejoindre pour
procéder à votre « circoncision ». Pas de panique, il s’agit d’une simple piqure indolore. L’un des rabbins
vous tiendra la main et récitera une bénédiction relative à la brit mila, un autre piquera votre sexe avec
une aiguille stérilisée et le dernier attestera de l’écoulement de sang (une goutte). Après cette circoncision
symbolique, couvrez-vous d’un peignoir et, à l’appel de votre nom, sortez de la salle de bain et dirigez
vous vers le mikvé.

Comme pour les femmes, les trois rabbins entreront dans la salle et vous feront vous immerger trois fois.
Lorsque vous entrerez dans le bassin, n’en touchez pas les parois et dirigez-vous vers le fond. Pour la
première immersion, vous réciterez la bénédiction al haatevila, la seconde fois che’ he heyanou et, la
troisième fois, ce sera au tour de l’un des rabbins de prononcer une bénédiction. Les bénédictions se
prononcent avant chaque immersion. Enfin, vous sortirez du bassin et retournerez dans la salle de bain
pour vous rhabiller.

Six mois après votre passage au mikvé, un certificat de conversion vous sera envoyé par voie postale.
Votre conversion sera enfin terminée et votre nouvelle vie pourra commencer !

Les mots à connaître

• Beth-din : tribunal rabbinique


• Halakhot : lois juives

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• Mikvé : bain rituel
• Balanite : femme responsable du mikvé et qui aide à l’immersion
• Brit mila : circoncision
• Tévila : immersion

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Partie 1

L’histoire du monde

Le livre de la Genèse (Béréchit), premier livre de la Torah, nous rapporte l’histoire de la création du
monde. Cette histoire extraordinaire peut être divisée en plusieurs évènements fondateurs : la création de
l’univers, Adam et Eve, l’arche de Noé et la tour de Babel.

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1) La création de l’univers
La Torah s’ouvre sur le récit de la création du monde (Béréchit 1:1-31 ; 2:1-3) et le livre de la Genèse
commence ainsi : « Au commencement, Dieu avait créé le ciel et la terre. Or, la terre n'était que solitude
et chaos. Des ténèbres couvraient la face de l'abîme, et le souffle de Dieu planait sur la face des eaux.
Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu considéra que la lumière était bonne, et il établit
une distinction entre la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres, il les appela
Nuit. Il fut soir, il fut matin, un jour » (Béréchit 1:1-5).

Dans ce premier livre de la Torah, nous apprenons que Dieu créa le monde en six jours et qu’au septième
jour, Il se reposa.

Il est toujours incroyable de constater que la chronologie biblique des étapes de la Création
correspond à la théorie scientifique du Big Bang !

Jour 1 Dieu fît jaillir la lumière qui divisa les ténèbres : « Dieu appela la lumière « jour », il
appela les ténèbres « nuit ».

Jour 2 Dieu fît apparaître le ciel et les eaux : « Dieu appela le firmament « ciel ». Il y eut un
soir, il y eut un matin : ce fut le deuxième jour ».

Jour 3 Dieu créa la terre ferme, les mers et la végétation

Jour 4 Dieu fît apparaître le soleil, la lune et les astres. Ainsi Dieu créa le jour et la nuit.

Jour 5 Dieu créa les animaux des mers et des airs et les bénit par ces paroles : « Soyez
féconds et multipliez-vous, remplissez les mers et que les oiseaux se multiplient sur
la terre ».

Jour 6 Dieu créa les animaux et l’humain, à son image. Il bénit les humains par ces paroles :
« Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les
maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et
viennent sur la terre ».

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2) Adam et Eve
L’histoire de l’humanité commence le sixième jour, lorsque Dieu crée Adam, qu’il façonne à son image,
et lui insuffle la vie.

Le premier homme de l’humanité est placé dans un jardin extraordinaire, le jardin d’Eden (gan Eden). Ce
territoire merveilleux se situe entre les quatre bras d’un même fleuve, dont le Tigre et l’Euphrate (les
deux autres noms nous sont inconnus). Dans ce jardin, il lui est permis de manger tous les fruits que les
arbres donneront sauf ceux de « l’arbre de la connaissance ». Si l’homme mange ce fruit, il mourra.

Une fois cette règle établie, Dieu décrète que l’homme ne doit pas rester seul et décide de lui fournir un
vis-à-vis. De l’homme, Dieu extrait la femme, Eve.

Un jour, alors qu’une osmose parfaite règne dans le jardin d’Eden, un serpent rusé parvient à convaincre
Eve de croquer dans le fruit défendu. Elle en propose aussitôt à Adam, qui en mange également. Le
couple comprend brusquement son geste et tente de se cacher. Lorsque Dieu arrive pour interroger le
couple sur la situation, Adam accuse Eve, laquelle accuse le serpent.

Dieu est furieux et bannit le couple désobéissant du jardin merveilleux. Il en condamne ensuite l’accès
pour toujours. Adam et Eve se retrouvent seuls sur Terre.

Pendant cet exil, Eve donne naissance à trois fils : Caïn, Abel et Seth. Seth est conçu après le meurtre
d’Abel par Caïn, dont la sombre histoire est rapportée par le quatrième chapitre de la Genèse (Genèse 4:1-
26).

Caïn est paysan et Abel est berger. Un jour, les frères apportent ensemble une offrande à Dieu. Caïn offre
des produits de la terre qu’il a cultivés et Abel offre les premiers-nés de son troupeau et leur graisse.

Dieu accepte l’offrande d’Abel avec bienveillance et rejette celle de Caïn afin qu’il apprenne à gérer ses
émotions. Fou de jalousie, Caïn invite Abel à sortir de sa tente pour aller se promener et, alors qu’ils
arrivent dans les champs, Caïn se jette sur son frère et le tue.

Lorsque Dieu l’interroge, il nie son crime en vain en dit « suis-je le gardien de mon frère ? ». Dieu le
maudit et le condamne à errer seul sur Terre, pour l’éternité (Genèse 4:10).

Caïn est coupable du premier meurtre de l’humanité et du premier fratricide !

3) L’arche de Noé

Après la création du monde et des hommes, la Bible fait un bond dans l’histoire pour s’arrêter sur un
nouveau personnage : Noé, descendant de Seth.

Dans les chapitres six à neuf de la Genèse, nous apprenons qu’au temps de Noé, les hommes sont devenus
réfractaires à Dieu et vivent dans le péché et la perversion.

Dieu observe cette perversité et se désole d’avoir crée ce monde et ces hommes si peu vertueux. Pour
corriger son erreur, Il décide d’éradiquer toute forme de vie sur Terre en faisant tomber le déluge (le
maboul).

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Un seul homme trouve grâce à ses yeux car il apparaît « juste et intègre parmi ses contemporains ». Cet
homme vertueux c’est Noé. Dieu décide alors de l’épargner. Il l’informe de son funeste projet et lui
ordonne de construire une immense arche dans laquelle il devra installer un couple de toutes les espèces
d’animaux, afin qu’ils échappent à la destruction du monde.

Noé se met au travail et, une fois l'arche terminée, il monte à bord avec sa famille et tous les animaux.

La pluie tomba ensuite sans discontinuer sur la Terre pendant quarante jours et quarante nuits. Les eaux
finirent même par recouvrir les plus hautes montagnes. Toutes les créatures vivantes moururent, et seuls
les habitants de l’arche survécurent.

Après environ deux cent vingt jours de navigation, l’arche s'échoue sur les monts d’Ararat. Noé décide
alors d'envoyer une colombe en éclaireur, laquelle ne trouve aucun endroit dégagé des eaux où poser ses
pattes et revient auprès de lui. Noé renouvelle sa tentative sept jours d’affilés et, le septième jour, la
colombe revient en tenant dans son bec un rameau d’olivier, signe que le niveau de l’eau a enfin diminué
et que la vie peut reprendre sur la terre ferme.

Au moment où Noé foule le sol, un arc-en-ciel transperce les nuages et Dieu dit « lorsque J'assemblerai
les nuées sur la terre et que l'arc apparaîtra dans la nuée, Je me souviendrai de l'alliance qu'il y a entre
Moi et vous et tous les êtres vivants » (Genèse 9:12).

C’est ainsi que l’arc-en-ciel devint le signe d’alliance à Dieu par excellence et qu’une nouvelle
humanité fût crée, à partir de Noé. Les enfants de Noé sont Sem, Cham et Yafèt.

4) La tour de Babel

Peu après l’épisode du déluge, Dieu ordonne aux hommes de se répartir et de se multiplier sur la surface
de la Terre. Le roi Nemrod (descendant de Noé) refuse d’obéir et décide d’installer sa tribu à Babel, dans
le pays de Shinar.

Là, sa tribu devient puissante et, pour accroître son pouvoir dans le pays et se faire un nom, Nemrod
planifie la construction d’une immense tour qui s’élèverait jusqu’au ciel et côtoierait Dieu.

Pour fédérer son peuple autour de son idée folle et emporter l’adhésion collective, il dit aux hommes que
la seule façon d’échapper à une nouvelle tentative d’extermination divine est de construire une tour
gigantesque, assez haute pour qu’aucun déluge ne puisse la recouvrir.

Le peuple, orgueilleux et enthousiaste, se met à édifier la tour.

Furieux que les hommes le défient ainsi, Dieu dit : « Voici, qu’ils ne forment qu’un seul peuple et ne
parlent qu’une seule langue. S’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera désormais d’exécuter toutes
leurs entreprises » (Genèse 11:6).

Pour mettre un terme à la réalisation de cette folie architecturale, Dieu décide de brouiller leur langage
pour les empêcher de communiquer les uns les autres.

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Incapables de se comprendre, les hommes ne purent plus travailler ensemble, ils abandonnèrent alors la
construction de la tour, constituèrent de petites tribus et se dispersèrent sur la Terre, comme Dieu l’avait
ordonné.

Le terme « babel » signifie « dispersion ».


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Partie 2

L’histoire du peuple juif

Dans cette partie, nous évoquerons, synthétiquement, quatre mille ans d’histoire du peuple juif, afin de
vous apporter les éléments essentiels à votre apprentissage.

Cette longue et passionnante histoire commence dans le livre de la Genèse (Béréchit) et se poursuit dans
le livre de l’Exode (Chemot).

27

























28
Titre 1 – La naissance du judaïsme
La naissance du judaïsme repose sur une série de rencontres fondatrices.

D’abord, il y’a la rencontre de Dieu et d’Abraham puis, le sacrifice d’Isaac, l’acquisition du tombeau des
Patriarches, la rencontre d’Isaac et Rebecca, la supercherie de Jacob et son parcours spirituel et enfin,
l’accession au pouvoir de Joseph en Egypte.

1) Abraham et le monothéisme
Le premier chapitre de la Genèse fait remonter les origines du peuple juif à un ancêtre appelé « Sem »,
fils de Noé, personnage qui a donné son nom aux « sémites ».

L’un de ses descendants, Abram, vit avec sa femme Saraï et son père Terah dans la ville d’Ur, avant
d’émigrer dans la ville d’Haran avec son neveu Loth. Saraï étant stérile, le couple n’a pas d’enfant.

A l’époque, les peuples sont polythéistes, ils prient plusieurs dieux. Terah, le père d’Abram, est
fabriquant d’idoles. Il représente chaque dieu par une statuette en terre glaise. Les fabricants d’idoles sont
prospères et vivent bien.

Abram regarde souvent son père travailler mais, au fil du temps, il se met à rêver à un dieu unique qu’on
ne pourrait ni fabriquer, ni vendre, ni acheter. Un dieu invisible et présent pour tous.

Un jour, alors qu’il défend son point de vue auprès de son père, Abram se met en colère et casse plusieurs
idoles. Voyant qu’aucun des dieux profanés ne se manifeste, il est convaincu que le seul vrai dieu est
celui dont il rêve, son dieu unique et invisible.

Terah est furieux et rompt tout lien avec son fils qui devient ainsi le premier ambassadeur du
monothéisme.

Peu de temps après, Dieu se révèle à Abram et lui ordonne de quitter la ville pour se rendre au sud du
pays de Canaan (actuelle Israël). Dieu lui promet qu’il aura une grande descendance, que celle-ci héritera
d’une terre nouvelle, qu’elle deviendra une grande nation et une bénédiction pour toute l’humanité.

Dieu dit à Abram : « Va-t’en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que Je te
montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et Je te bénirai ; Je rendrai ton nom grand, et tu seras une
source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et Je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les
familles de la terre seront bénies en toi » (Genèse 12:1-13:18).

Sans hésitation, Abram et Saraï quittent définitivement leur terre pour suivre la volonté de Dieu. En
arrivant au pays de Canaan, Dieu leur donne de nouveaux noms : Abraham et Sarah.

Le prénom « Abraham » signifie « père d’une multitude de peuples » et celui de « Sarah » signifie
« princesse ».

Les années passent et Sarah désespère de ne pouvoir donner un enfant à Abraham. Elle se résigne alors à
suggérer à son mari d’épouser sa servante égyptienne, Agar. Peu de temps après, Agar donne naissance à
un garçon, Ismaël. Celui-ci deviendra l’ancêtre de toutes les tribus arabes.

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Cependant, Sarah ne supporte plus l’attitude dédaigneuse d’Agar à son égard et finit par demander à son
époux de congédier la servante et son fils.

Abraham s’exécute et les chasse sans rechigner, conformément à la volonté de Dieu qui lui avait dit de
faire tout ce que Sarah demanderait.

Finalement, c’est lorsqu’Abraham a quatre-vingt-dix-neuf ans que Dieu se révèle à nouveau à lui et lui
annonce que Sarah lui donnera bientôt un enfant, dont la descendance deviendra une grande nation.

En signe d’alliance éternelle, Dieu lui ordonne de faire circoncire ses serviteurs, son fils Ismaël âgé de
treize ans puis, tous ses descendants.

Abraham accepte cette alliance avec Dieu. Sarah ne tarde pas à tomber enceinte et donne naissance à leur
fils tant attendu, Isaac. Celui-ci est circoncis à l’âge de huit jours.

En acceptant d’écouter la voix de Dieu et de suivre ses commandements, Abraham est devenu le
patriarche du monothéisme et le père du peuple juif.

2) Le sacrifice d’Isaac
Un jour, Abraham entend Dieu l’appeler et il répond « hineini » (« je suis là »). Dieu lui demande alors de
lui offrir son fils bien-aimé en holocauste.

A contrecœur, Abraham s’exécute et emmène Isaac sur le Mont Moriah pour le sacrifier. Mais, au
moment où il lève son couteau pour le poignarder, il entend un ange lui dire « Ne porte pas la main sur ce
jeune homme (…) car désormais, j’ai constaté que tu honores Dieu, toi qui ne m’as pas refusé ton
fils » (Genèse 22:12).

Abraham comprend qu’il s’agissait d’une mise à l’épreuve de sa foi. Soulagé, il libère son fils et sacrifie,
à la place, un bélier pris au piège dans un buisson.

De cette histoire découle la première interdiction du sacrifice d’enfants, et a fortiori du sacrifice


d’êtres humains, jusqu’alors pratiqué par les différents peuples de la région. Isaac est, lui aussi, l’un des
grands patriarches du judaïsme. Il épousa Rebecca (Rivka) et eut deux fils, Jacob et Esaü.

3) L’acquisition du tombeau des Patriarches


Sarah meurt à Hébron. Abraham recherche alors un tombeau où enterrer sa femme et finit par découvrir la
grotte de Makpéla.

Ephron, le propriétaire des lieux, souhaite lui en faire cadeau car il connaît la puissance de Dieu et craint
de l’offenser en refusant quelque chose à son disciple.

Abraham refuse ce cadeau et insiste pour payer le bien à sa valeur réelle. Ephron accepte. Une fois
devenu officiellement propriétaire du lieu, Abraham y enterre Sarah.

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Ce caveau deviendra le célèbre tombeau des Patriarches où seront ensuite enterrés Isaac et Rebecca
puis, Jacob et Léa.

4) La rencontre d’Isaac et Rebecca


Abraham vieillissant, il demande à son plus fidèle serviteur de ramener, de la famille de son père, une
femme pour Isaac.

Celui-ci se met en route. Au coucher du soleil, le serviteur s’arrête près d’un puits pour y faire reposer ses
chameaux. C'était le soir, le moment où les femmes sortent pour puiser de l'eau.

Il s’adresse alors à Dieu et dit : « Eternel, Dieu de mon seigneur Abraham, donne-moi du succès
aujourd'hui et fais preuve de bonté envers mon seigneur Abraham ! Voici que je me tiens près de la
source d'eau, et les filles des habitants de la ville vont sortir pour puiser de l'eau. Que la jeune fille à
laquelle je dirai : « Penche ta cruche pour que je boive » et qui répondra : « Bois et je donnerai aussi à
boire à tes chameaux » soit celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac ».

C’est à cet instant que Rebecca apparait, sa cruche sur l'épaule. C'était une jeune femme très belle et
vierge. Elle descendait à la source pour remplir sa cruche.

Très heureux de l’apercevoir, le serviteur court à sa rencontre et dit : « Laisse-moi boire un peu d'eau de
ta cruche ». Elle répond : « Bois, mon seigneur » et s'empresse de descendre sa cruche sur sa main pour
lui donner à boire.

Après lui avoir donné à boire, elle ajoute : « Je puiserai aussi pour tes chameaux, jusqu'à ce qu'ils aient
assez bu ». Elle s'empresse de vider sa cruche dans l'abreuvoir et court encore au puits pour abreuver tous
les chameaux (Genèse 24:1-67). Elle lui offre aussi le gîte et le couvert pour la nuit.

C’est ainsi, le serviteur su que Rebecca devait devenir la femme d’Isaac.

Le soir venu, il demande au frère de la jeune femme, Laban, et à son père, Betouel, s’il peut l’emmener
chez Abraham. Les deux hommes acceptent. Puis, ils appellent Rebecca et lui demandent : « Veux-tu
partir avec cet homme ? » Elle répond : « Oui ».

Pendant ce temps là, Isaac habite dans la région du Néguev. Un soir, il sort de sa tente pour méditer dans
les champs. Il lève les yeux et aperçoit les chameaux arriver. Rebecca lève aussi les yeux et, en voyant
Isaac, elle descend de son chameau et demande au serviteur : « Qui est l'homme qui vient dans les champs
à notre rencontre ? ». Le serviteur répond : « C'est mon seigneur ». Alors elle prend son voile et se couvre
le visage.

Dès qu’il rencontra Rebecca, Isaac l’aima et l’épousa.

Dans le judaïsme, ce couple mythique est le symbole de l’amour par excellence.

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5) Esaü, Jacob et l’usurpation du droit d’aînesse
Rebecca reste longtemps infertile puis tombe enceinte de jumeaux. Sa grossesse est particulièrement
pénible car les deux enfants se battent en elle.

Un jour, Dieu lui prédit que deux nations seraient issues de ces deux garçons et que l'aîné servirait le
cadet.

Le jour de l’accouchement, Esaü nait le premier, suivi de près par Jacob accroché à son talon. Esaü devint
un homme des champs, un cultivateur, alors que Jacob devint un savant, un philosophe.

Plus tard, Isaac, devenu vieux et aveugle, décide qu’il est temps de bénir Esaü, conformément à son droit
d’aînesse. Mais Rebecca, consciente de la prédiction de Dieu, use d’un stratagème pour tromper son
époux, éloigner Esaü et substituer Jacob à son frère.

Jacob reçoit alors de son père la bénédiction paternelle réservée au fils aîné et la promesse faite à
Abraham d’hériter de la Terre Promise.

De retour chez lui, Esaü découvre la supercherie et fait le vœu de tuer Jacob après le décès de son père.
Rebecca découvre ses intentions et implore Jacob de fuir chez son oncle Laban, à Haran.

Jacob s’exécute et s’exile loin de sa famille. C’est alors que commence son voyage spirituel.

6) Le voyage spirituel de Jacob


La construction de la spiritualité de Jacob est marquée par une série d’évènements dont les plus
emblématiques sont « le rêve de l’échelle » et « le combat avec l’ange ».

Comme il fuit Esaü, Jacob part s’installer à Haran chez son oncle, Laban.

En chemin, alors qu’il passe sa première nuit dehors, couché sur une pierre, il rêve d’une échelle reliant le
ciel et la terre sur laquelle montent et descendent des anges (Genèse 28).

D’un coup, Dieu se révèle à lui et dit : « Je suis Yahvé, le dieu d’Abraham ton ancêtre et le dieu d’Isaac.
La terre sur laquelle tu es couché, Je la donne à toi et ta descendance (…) Je suis avec toi, Je te garderai
partout où tu iras et te ramènerai en ce pays, car Je ne t’abandonnerai pas tant que Je n’aurai accompli ce
que Je t’ai promis » (Genèse 28:13).

Lorsque Jacob s’éveille, il dit : « En vérité, Dieu est en ce lieu et je ne le savais pas ! » (Genèse 28:17). Il
prend la pierre qui lui avait servi de chevet, la dresse comme une stèle et répand de l’huile sur son
sommet. Il nomme alors ce lieu « Béthel ».

Ce fut la première rencontre de Jacob avec Dieu et cette présence divine l’accompagna tout au long
de son voyage.

En arrivant chez son oncle, il tombe amoureux de Rachel, la fille de Laban. Il souhaite l’épouser mais
Laban n’accepte qu’à condition que Jacob travaille pour lui comme berger pendant sept ans. Jacob

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accepte. Une fois ces années de labeur écoulées, les noces sont célébrées et Jacob pense épouser Rachel
mais, le lendemain matin, il s’aperçoit que celle qu’il a vraiment épousé est Léa, la sœur aînée de Rachel.

Furieux, Jacob demande réparation à son oncle mais Laban considère que sa tromperie est légitime et la
justifie en invoquant une coutume selon laquelle l’aînée des filles doit toujours se marier la première.

Il propose tout de même à Jacob de lui donner la main de Rachel contre sept nouvelles années de labeur.
Par amour pour la jeune femme, Jacob accepte et se remet au travail.

De ces deux unions naissent treize enfants. Avec Léa, Jacob aura Ruben, Chimone, Lévi, Yéhouda,
Ysakar, Zébulon, Gad, Acher, Dan, Naphtali et Dina. Avec Rachel, il aura Joseph et Benjamin.

Après quatorze longues années de travail, et sur ordre de Dieu, Jacob quitte Laban pour rentrer chez lui,
avec sa famille, dans l’espoir de se réconcilier avec Esaü.

Sur la route du retour, Jacob traverse le gué Yabbok quand soudain, à la nuit tombée, un mystérieux
personnage s’attaque violemment à lui. Les deux hommes se battront jusqu’au petit matin.

A l’aube, l’agresseur mystérieux se rend compte qu’il ne gagnera pas le combat et implore Jacob de le
laisser partir.

Jacob, qui est blessé à la hanche, accepte mais lui dit : « Je ne te lâcherai pas avant que tu ne m’aies
béni » ! Le mystérieux personnage, qui était en fait un ange envoyé par Dieu, bénit Jacob et lui dit : « Ton
nom n’est plus Jacob mais Israël, car tu as lutté contre des puissances célestes et humaines, et tu l’as
emporté » (Genèse 32:23-33).

Jacob devient alors « Israël », mot qui signifie « plus fort que les anges » ou « celui qui a lutté contre
Dieu ». Tous les descendants de Jacob sont donc « les enfants d’Israël », et chacun de ses fils est appelé à
devenir le chef d’une grande tribu, l’une des fameuses douze tribus d’Israël. En outre, la blessure de
Jacob à la hanche est à l’origine de l’interdiction de consommer le nerf sciatique des bêtes. Ce récit se
trouve dans la paracha Vayichlah.

7) L’accession au pouvoir de Joseph en Egypte


Joseph est le fils favori de Jacob et ses frères le jalousent, particulièrement lorsqu’une nuit Joseph fait un
rêve dans lequel ses frères et ses parents se prosternent devant lui. Pour se débarrasser de lui, ses frères
décident de le capturer puis de le vendre comme esclave à des marchands nomades. Ils racontent ensuite à
leurs parents que Joseph a été tué par un animal sauvage.

Pendant ce temps, Joseph est acheté par Potiphar, un officier du pharaon. La femme de l’officier s’éprend
de ce nouvel esclave mais Joseph refuse catégoriquement ses avances. Celle-ci finit par se vexer et, pour
se venger, accuse Joseph d’avoir tenté de la violer.

Il est aussitôt jeté en prison et partage sa cellule avec l’échanson et le boulanger du royaume.

Pendant son incarcération, Joseph se rend compte qu’il peut, avec l’aide de Dieu, interpréter les rêves des
détenus. Après que Dieu lui soit apparu en rêve, il déclare à l’échanson qu’il sera libéré dans trois jours et
au boulanger qu’il sera exécuté le même jour. Ces deux prédictions s’avèrent exactes.
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Quelques temps plus tard, le pharaon fait lui-même des rêves inquiétants que personne, au royaume, n’est
capable d’interpréter.

L’échanson, redevenu membre de la cour, se souvient alors des pouvoirs de Joseph et le fait venir auprès
du pharaon.

Le pharaon lui raconte son rêve inexpliqué dans lequel sept vaches maigres dévorent sept vaches grasses
et sept épis chétifs absorbent sept gros épis. Grâce à l’aide de Dieu, Joseph comprend la signification de
ce rêve et explique au pharaon que l’Egypte connaitra bientôt sept années d’abondance suivies de sept
années de famine.

Le pharaon est déconcerté et ne semble pas savoir comment réagir. Joseph prend alors les devants et lui
conseille de constituer des réserves pendant les sept années d’abondance, afin de limiter la pénurie à venir
et accroitre son pouvoir sur les autres régions, qui n’auront d’autre choix que de venir s’approvisionner en
Egypte.

Le pharaon est conquis par cette stratégie et nomme Joseph à la tête du projet. C’est ainsi que le fils de
Jacob devint l’un des hommes les plus puissants du royaume d’Egypte.

Comme l’avait prédit Joseph, les sept années d’abondance s’écoulent puis le pays est touché par une
terrible sécheresse. Les récoltes sont anéanties et les habitants sont contraints de vendre leur terre au
pharaon, par l’intermédiaire de Joseph, pour acheter de la nourriture.

La famille de Jacob ne fait pas exception et se rend en Egypte pour fuir la famine. Les frères de Joseph
sont envoyés par Jacob pour acheter du grain. Ils rencontrent donc Joseph mais ne le reconnaissent pas et
lorsqu’ils s’inclinent devant lui, l’ancienne prophétie de Joseph se réalise. Il leur révèle alors son identité,
les pardonne et installe sa famille dans une région très fertile de l’Egypte : le Goshen.


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Titre 2 – L’Exode
Certains historiens situent la période de l’Exode en 1300 avant l’ère chrétienne, sous le règne de Ramsès
II, d’autres, deux siècles plus tôt, à l’époque de Thoutmès III.

Le récit de l’Exode est contenu dans le livre du même nom, le second livre de la Torah, et raconte
l’histoire de la fuite des hébreux d’Egypte, du don des Dix Commandements ainsi que des pérégrinations
des hébreux dans le désert du Sinaï, en direction de la Terre Promise.

1) Moïse, le garçon sauvé des eaux


Installés en Egypte depuis longtemps, les hébreux prospèrent, jusqu’au jour où un nouveau pharaon arrive
au pouvoir.

Ce nouveau roi se méfie des hébreux et, inquiet de voir cette population prendre de l’importance, il décide
d’en faire ses esclaves.

Il prend aussi un décret imposant aux hébreux de tuer tous les premiers-nés de sexe masculin qui
viendront au monde, afin de mettre un terme à leur développement démographique.

Selon la Bible, Moïse naît à cette époque. Il a un frère aîné, Aharon, et une sœur, Myriam.

Incapables de tuer leur nouveau-né, Yokévèd et Amram, les parents de Moïse, l’installent dans un panier
flottant et le déposent sur le Nil, en espérant qu’il sera sauvé par une famille égyptienne.

Le petit panier vogue sur le fleuve, pendant plusieurs heures, avant de s’échouer plus loin sur la berge. La
fille du pharaon, alors en promenade, découvre le bébé parmi les roseaux. N’ayant pas d’enfant et émue
par ce bébé condamné, elle décide de l’adopter. Elle le nomme « Moïse », ce qui signifie « sauvé des
eaux » en égyptien. C’est ainsi que Moïse grandit à la cour du pharaon et devient un prince d’Egypte.

Dans les premières années de sa vie, il n’a pas connaissance de ses origines, mais son destin ne tarde pas
à le rattraper.

Un jour, alors qu’il se promène dans le royaume, il aperçoit un contremaître fouetter violemment un
esclave hébreu. Choqué par tant de violence et d’injustice, il arrache le fouet des mains de l’égyptien et le
tue accidentellement. Conscient de son geste, et de la lourde sanction qu’il encourt, il décide de s’enfuir
loin du royaume, dans le désert du Sinaï.

Durant sa fuite, il rencontre un prêtre madianite, Jethro, qui lui offre l’hospitalité. Moïse vécu ainsi chez
ce prêtre plusieurs années avant d’épouser sa fille, Tsippora, et d’avoir deux fils : Eliezer et Gershom.

De l’histoire de Moïse découle l’obligation d’aimer l’étranger comme soi-même, car nous avons été
étrangers en Egypte. Toute relation humaine doit reposer sur cette notion de fraternité universelle.

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2) La sortie d’Egypte
Un jour, alors qu’il garde ses troupeaux, Moïse aperçoit un buisson qui brûle mais ne se consume pas. Il
s’approche et entend une voix qui l’appelle. Moïse répond « hineini » (« je suis là ») et insiste pour
connaître l’identité de son interlocuteur mystérieux. Dieu lui répond « Je suis celui qui est » (Exode 3:14)
et ordonne au jeune berger de retourner en Egypte pour libérer les hébreux de leur servitude et les
conduire vers la liberté.

Moïse est réticent et tergiverse. Il finit, tout de même, par accepter d’accomplir sa mission et obtient la
permission de Dieu que son frère, Aharon, l’accompagne.

Après plusieurs jours de marche, Moïse et Aharon arrivent enfin en Egypte et se présentent au pharaon
pour lui enjoindre de laisser partir les hébreux.

Evidemment, ce dernier refuse vigoureusement d’obtempérer, alors Dieu dit à Moïse : « Je sais bien que
le roi d’Egypte ne vous laissera aller que s’il y est contraint par une main forte. Aussi J’étendrai la main et
Je frapperai l’Egypte par des merveilles de toute sorte que J’accomplirai au milieu d’elle ; après quoi il
vous laissera partir » (Exode 3:19-20).

Pour faire plier pharaon, Dieu lui dit : « Laisse partir mon peuple, qu’il me serve » et, après chaque refus
de son adversaire, une nouvelle calamité anéantit l’Egypte.

Dieu accable ainsi l’Egypte de dix plaies successives avant que le pharaon ne cède et libère les hébreux.

Au neuvième refus du pharaon, et avant d’abattre la dernière plaie, Dieu ordonne aux hébreux, par
l’intermédiaire de Moïse, d’égorger un jeune agneau et de badigeonner les linteaux des portes de leur
maison avec son sang. Ainsi, lorsque Il frappera l’Egypte, Il reconnaitra son peuple et pourra l’épargner.

Cette nuit là, Dieu assassina tous les premiers-nés égyptiens et épargna ceux des hébreux.

A son réveil, le pharaon découvre le massacre et, effrayé par une telle démonstration de force, il abdique
et laisse enfin partir les hébreux. Ces derniers partent alors à toute hâte, mais, par excès d’orgueil et sur
un coup de tête, le pharaon se ravise et lance son armée à la poursuite des esclaves en fuite.

Cette nuit meurtrière est à l’origine de la pâque juive, Pessah’.

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Les dix plaies d’Egypte

1. L’eau du Nil se change en sang.

2. Des grenouilles tombent du ciel et recouvrent l’Egypte.

3. La poussière se transforme en moustiques.

4. Des bêtes sauvages envahissent l’Egypte.

5. Le bétail est décimé.

6. Les égyptiens meurent d’ulcères.

7. La grêle s’abat sur le pays et détruit les récoltes.

8. Invasion de sauterelles.

9. Les ténèbres s’abattent sur l’Egypte.

10. Assassinat des premiers-nés égyptiens par Dieu lui-même. Il dit : « Vers le milieu de la nuit je
parcourrai l’Egypte, et tous les premiers-nés mourront dans le pays d’Egypte, aussi bien le premier-
né de Pharaon qui doit s’asseoir sur son trône, que le premier-né de la servante (…). Alors tous les
serviteurs que voici viendront me trouver et se prosterneront devant moi en me disant: « Va t’en,
toi et tout le peuple qui marche à ta suite ! ».

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3) La traversée du désert

Sur leur route, poursuivis par l’armée égyptienne, les hébreux atteignent la « mer des roseaux », zone
marécageuse située au nord de la mer rouge. Ils sont donc pris au piège et l’armée égyptienne ne va pas
tarder à les rattraper. C’est là que se produit l’un des miracles les plus mythiques de la Bible : pour sauver
son peuple, Dieu sépare les eaux en deux pour laisser passer les hébreux et referme la mer sur les
poursuivants qui se noient. Grâce à Dieu, les hébreux traversent les eaux au sec et se débarrassent de leurs
ennemis. Après quoi, ils commencent la longue traversée du désert du Sinaï.

Pendant cette longue migration, le peuple se nourrit grâce à la manne, la nourriture providentielle que
Dieu leur envoie chaque jour.

Un jour, Dieu s’adresse à Moïse et lui dit : « Monte vers moi, sur la montagne et reste là, pour que Je te
donne les tables de pierre : la loi et le commandement que J’ai écrit pour les enseigner » (Exode 24:12).

Moïse s’exécute et monte sur le mont Sinaï où il reçoit les Dix Commandements (aussi appelés la Torah
« révélée » ou le Décalogue). Son voyage dure quarante jours. Et, en redescendant de la montagne, il
trouve son peuple s’adonner à la avoda zara (à l’idolâtrie). En effet, alors que Moïse est encore sur la
montagne du Sinaï, le peuple sans chef, impose à Aharon de fabriquer la statue d’un veau en or pour
pouvoir l’adorer. Fou de rage, Moïse brise les tables de la Loi puis remonte sur la montagne pour en
graver lui-même de nouvelles, au contenu équivalent (Exode 34:1).

Les Dix Commandements

1. Je suis l’Eternel ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Egypte.

2. Tu n’auras pas d’autre dieu que moi.

3. Tu n’invoqueras pas le nom de l’Eternel en vain.

4. Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier.

5. Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent sur la terre que Achem ton Dieu te
donne.

6. Tu ne tueras pas.

7. Tu ne commettras pas d’adultère.

8. Tu ne commettras pas de rapt.

9. Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain.

10. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras pas l’épouse de ton prochain,
ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui lui appartient.

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Le Décalogue constitue la grande alliance avec Dieu et fonde le lien social qui unit le peuple juif.
Ces tables furent conservées par le peuple dans une arche d’Alliance transportée dans le désert, puis
installées dans le Temple de Jérusalem. Elles disparurent définitivement de l’Arche en 586 avant l’ère
chrétienne quand Nabuchodonosor incendia le Temple et déporta la population juive en Babylonie.

Alors que les hébreux se trouvent aux portes du pays de Canaan, Moïse se rend compte que la Terre
Promise est occupée. Il a alors l’idée d’envoyer douze explorateurs (un de chaque tribu) sur le terrain
pour récolter des informations sur les autochtones et sur la manière dont il pourrait y installer son peuple.

Une fois infiltrés sur place, Dieu leur montre des signes prouvant que la terre est riche et magnifique.
Ainsi, les espions tombent sur une grappe de raisin si grosse que huit hommes sont nécessaires pour la
transporter (Nombres 13:23), Dieu s’assure également qu’ils rencontrent des villes cananéennes
lourdement fortifiées, ce qui est une preuve de leur faiblesse. Enfin, Dieu fait en sorte que la mort d’un
noble du pays coïncide avec la visite des explorateurs afin d’occuper les habitants du pays avec
l’organisation de l’enterrement et détourner leur attention de la présence des hébreux pour qu’ils puissent
mener à bien leur mission de reconnaissance.

Pourtant, les choses tournent mal. Au bout de quarante jours, les explorateurs reviennent vers Moïse et
dix d’entre eux déconseillent vivement au peuple d’entrer en Canaan (les deux explorateurs favorables à
l’entrée en Israël sont Caleb et Josué). Ils disent au peuple : « Nous ne pouvons réussir car tout y est
énorme », en référence à la grappe de raisin, « nous ne pouvons réussir car cette terre dévore tous ses
habitants », en référence à l’enterrement, « nous ne pouvons réussir car ce pays est trop puissant », en
référence aux murailles fortifiées (Nombres 13:31-33).

Les hébreux apeurés acceptent ces conclusions et renoncent à entrer en Israël. Cela déclenche la colère de
Dieu qui dit alors : « Si vous ne désirez pas entrer en Israël, vous n’y entrerez pas. Tous les Israélites
mourront durant les quarante ans d’errance dans le désert ; seuls leurs enfants entreront dans le pays »
(Nombres 14:29). A l’annonce de cette sentence, le peuple pleura toute la nuit, la nuit du 9 av.

L’errance du peuple juif dans le désert du Sinaï durera donc quarante ans, le temps que la génération
des hébreux, pleins de regrets de l’abondance de l’Egypte, s’éteigne et soit remplacée par la nouvelle
génération, habituée aux rudesses et aux privations d’une vie dans le désert.

4) L’arrivée des hébreux en Terre Promise


Comme tous les hébreux de sa génération, à l’exception de Caleb et de Josué, Moïse ne foulera pas le sol
de la Terre Promise. Selon certains, c’est parce qu’il n’est pas parvenu à sanctifier le nom de Dieu parmi
son peuple, que Dieu lui ordonne de confier à Josué le soin d’achever sa mission et de conduire le peuple
en Israël (Deutéronome 1:37).

Moïse contempla donc les siens entrer en Israël du haut du mont Nebo, avant d’y mourir à l’âge de 120
ans.

Comme un hommage au plus grand chef que les hébreux connurent, le dernier livre de la Torah, Dévarim,
se clôt sur cette magnifique phrase : « Il ne s’est plus levé sur Israël de prophète tel que Moïse, que le
Seigneur a connu face à face » (Deutéronome 34). Aujourd’hui encore, nul ne sait où se trouve sa
sépulture.

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Selon la doctrine traditionnelle, les hébreux entrent en Canaan sous le commandement de Josué et
conquièrent la ville de Jéricho. Puis, après trois victoires militaires, ils s’emparent du territoire et le
répartissent entre les douze tribus d’Israël. Les hébreux vivent ainsi désunis pendant près de deux siècles.

Le livre de Josué raconte cette conquête et nous apprend que chacune des douze tribus est gouvernée par
un juge (un prophète ou une prophétesse) chargé d’organiser et de défendre le territoire. Au bout d’un
moment, lassé des attaques incessantes de ses voisins, le peuple commence à réclamer un roi, unique et
puissant, auprès du dernier prophète, Samuel.

C’est ainsi que le gouvernement des juges s’achève et fait place à celui des rois d’Israël.

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Titre 3 – Les hébreux en Terre Promise
Une fois en Terre Promise, les hébreux sont gouvernés par plusieurs rois, dont trois ont particulièrement
marqués l’histoire.

1) Saül, le premier roi d’Israël

Le premier livre de Samuel relate la manière dont ce premier roi fut choisi : un jour où Samuel se
promène à la recherche d’un nouveau roi, il croise un jeune homme, Saül, tournant autour de chez lui à la
recherche de ses ânesses. Dieu lui dit alors : « C’est lui ! » et lui donne l’ordre d’oindre Saül avec de
l’huile (preuve de la nomination divine).

Afin que la nomination de ce roi emporte l’adhésion collective, Samuel propose d’organiser une sorte de
loterie et, sachant que Dieu contrôle tout et que le hasard n’existe pas, celui qui sera tiré au sort deviendra
roi. Le peuple est enthousiaste et chaque tribu tire au sort le nom de la tribu dont sera issue le roi : le sort
désigne la tribu de Benjamin. Les membres de cette tribu tirent ensuite au sort pour élire le roi : le sort
désigne Saül, fils de Kish. C’est ainsi que Saül devient le premier roi d’Israël.

Son règne dure environ quinze ans pendant lesquelles le pays est constamment en guerre avec ses voisins
non-juifs, notamment les Philistins et les Amalécites. Les choses vont de mal en pis et Saül est dépassé
par le nombre d’ennemis à combattre. Un jour de désespoir, il s’adresse à Dieu pour lui demander conseil
mais Dieu ne répond pas ! Il se tourne alors vers la sorcellerie et invoque l’esprit de Samuel. L’esprit de
Samuel apparaît alors et lui dit : « Pourquoi m’as-tu dérangé ? Dieu s’est détourné de toi et t’a remplacé
par David » ! Anéanti par cette nouvelle et se sentant rejeté par Dieu, Saül se jette à corps perdu dans une
ultime bataille contre les Philistins et y trouve la mort.

Après la mort de Saül, l’un de ses fils lui succède mais il sait que ses jours sont comptés avant que David,
le chef le plus aimé du peuple, ne revendique le trône.

2) David, le second roi d’Israël


Pendant le règne de Saül, un jeune homme nommé David se fait remarquer en abattant un terrible géant,
Goliath, en combat singulier. Il devient un héros national. Pour le récompenser, le roi l’invite au palais et
lui donne une de ses filles pour épouse. A la cour, David s’illustre en écrivant des psaumes et en les
chantant à la harpe. Au fil du temps, Saül devient jaloux du succès grandissant de David auprès du peuple
et tente à plusieurs reprises de l’assassiner. David se détourne alors du roi, s’éloigne du palais, et
constitue une armée de partisans.

David est un jeune berger de la tribu de Juda. Son royaume est donc appelé le royaume de Juda (qui
deviendra par la suite la Judée). Il règne pendant quarante ans, secondé par le prophète Nathan. A l’instar
de Saül, il doit mener de nombreuses batailles contre les Philistins et les Amalécites. Pendant son règne, il
conquiert Jérusalem et en fait la capitale du royaume. Il y transfère l’arche d’Alliance contenant les
rouleaux de la Torah. La ville devient alors le centre religieux des israélites et Israël connaît, à ce moment
là, une période de prospérité et de paix.

Le règne de David est connu pour ses succès politiques et militaires, associés à une piété sans faille
envers Dieu. Il écrit et communique avec l’Eternel et signe une grande partie du livre des Psaumes.

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Ce puissant roi a toutefois un point faible : Bethsabée, une femme mariée qu’il s’approprie après s’être
débarrassé de son mari en lui confiant une mission-suicide lors de laquelle il mourra. David et Bethsabée
auront un fils : Salomon.

3) Salomon, le dernier roi d’Israël


Salomon est considéré, par le peuple, comme un roi plein de sagesse et d’esprit. Son nom même l’indique
puisqu’il vient de mot « shalom » qui signifie « paix ». Il stabilise les frontières et pacifie les relations
avec ses voisins. Il vit avec sept cents femmes et trois cents concubines et règne sur un empire immense
et harmonieux.

Il est aussi à l’origine de la construction du premier Temple de Jérusalem qui abrite l’arche d’Alliance
contenant les Tables de la Loi de Moïse.

Sa réputation attire rapidement de nouveaux visiteurs dont la reine de Saba, reine d’Ethiopie. Certains
pensent qu’elle s’est convertie au judaïsme et qu’elle a ensuite convertie son peuple. D’autres soutiennent
que les juifs d’Ethiopie sont les descendants directs de Salomon et de la reine de Saba. De leur amour nait
un fils : Ménélik, premier roi d’Afrique.

Salomon est un roi considéré comme un « sage parmi les hommes ». Sa sagesse s’illustre particulièrement
au travers des jugements qu’il rend en cas de litige. L’exemple le plus populaire est sans conteste celui
mettant en scène deux prostituées se battant pour un enfant (premier livre des Rois 3:16-28).

Dans cette histoire, chacune des deux femmes avait mis au monde un enfant mais l’un d’eux était mort
étouffé. Elles se disputaient donc l’enfant survivant. Pour régler le désaccord, Salomon réclama une épée
et ordonna de partager l'enfant vivant en deux et d’en donner une moitié à la première et l'autre moitié à la
seconde ! L'une des femmes, horrifiée, arrêta l’épée et cria qu'elle préférait renoncer à l'enfant plutôt que
de le voir mourir. En elle, Salomon reconnut la mère. Il lui fit remettre le nourrisson et sauva ainsi la vie à
l'enfant.

Malgré ce règne prospère et paisible, le roi vieillit et des tensions commencent à se faire sentir parmi ses
nombreux descendants. De plus, Salomon laisse se développer les religions païennes et leurs idoles, ce
qui finit par déclencher la colère de Dieu qui lui dit : « Parce que tu as fait cela (…) Je t'arracherai le
royaume (…). Seulement, Je ne le ferai pas dans tes jours, à cause de David, ton père. Mais Je l'arracherai
de la main de ton fils » (premier livre des Rois 11:9-13).

A la mort du roi, l’empire vole en éclats et se divise en deux royaumes juifs : le royaume de Juda ayant
pour capitale Jérusalem et pour roi Roboam, fils de Salomon ; et le royaume d’Israël (ou royaume du
Nord) ayant pour capitale Samarie et pour roi Jéroboam. Beaucoup de rois se succèdent ensuite, sans
grande importance historique.

La tradition attribue à Salomon la rédaction de trois œuvres majeures : le livre des Proverbes, le
Cantique des cantiques et l’Ecclésiaste.

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4) L’exil en Babylonie et la destruction des Temples

Pendant près de deux siècles, le royaume du Nord combat et repousse ses voisins envahisseurs et sa
survie repose essentiellement sur la protection octroyée par leurs voisins Assyriens, plus puissants, en
contrepartie du paiement d’un impôt.

Malheureusement, en 722 avant l’ère chrétienne, le royaume du Nord décide de ne plus s’acquitter de
cette taxe jugée trop lourde. L’armée assyrienne s’abat alors sur le royaume du Nord, balaye son armée
trop faible et disperse les dix tribus dont il était constitué.

La destination de chacune des tribus est un mystère historique mais la plupart des historiens pensent
cependant que les Israelites se sont assimilées à la population assyrienne et ont mis de côté leur identité
juive.

Quant au royaume de Juda, il subsiste plus longtemps et continue d’être gouverné par des descendants de
David. Il finit toutefois par être envahit par l’Egypte puis par Nabuchodonosor, roi des Babyloniens. Ce
dernier établi un nouvel impôt tout en laissant le roi Israélite, Joachim, sur le trône. Au bout d’un
moment, le roi Joachim se rebelle contre l’occupant et est assassiné.

Nabuchodonosor le remplace par le roi Sédécias, qui se rebelle aussi ! Les Israélites se retrouvent pris au
piège à Jérusalem, encerclés par les Babyloniens. A l’issue d’un siège de seize mois, Jérusalem tombe, la
population est massacrée et le Temple détruit.

Cet évènement capital dans l’histoire du peuple juif eût lieu le neuvième jour du mois de Av, le jour
de Ticha Be’Av, en l’an 586 avant l’ère chrétienne.

En 70 avant l’ère chrétienne, c’est au tour des romains d’envahir Jérusalem. C’est le 9 Av que le général
Titus détruit, pour la seconde fois, le Temple de Jérusalem qui avait été reconstruit. Les juifs sont à
nouveau exilés et entrent dans l’ère de la diaspora.

Les tentatives successives de destruction de la spiritualité juive sont à l’origine de la croyance en


l’arrivée du messie, sauveur de l’humanité et pourvoyeur de la paix universelle. Le messie viendra un jour
et apportera la quiétude et le bonheur au peuple juif.

5) Ruth la Moabite : la convertie emblématique du judaïsme

Le livre de Ruth nous rapporte l’histoire de la convertie la plus emblématique du judaïsme. C’est
l’histoire d’une famille qui vit au temps où Israël est gouverné par des juges. Ruth est une jeune femme
goy du pays de Moab, mariée à Malchon dont les parents, Elimelech et Naomi, sont juifs.

Lorsqu’Elimelech et Malchon décèdent, Naomi souhaite rejoindre son peuple et décide de rentrer en
Israël. Ruth et Orpah, sa belle-sœur, la suivent. Après plusieurs jours de marche, Naomi dit à ses belles-
filles : « Rebroussez chemin ! Allez habiter chacune chez votre mère ». Sur ces mots, Naomi leur dit
adieu en les embrassant.

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Les deux jeunes femmes, abasourdies, fondent en larmes et lui disent : « Non ! Nous voulons aller avec
toi vers ton peuple » (Livre de Ruth 1.10).

Mais Naomi leur répond : « Retournez chez les vôtres, mes filles ! Vous serez mieux chez vous » (Livre
de Ruth 1.11).

Convaincue par sa belle-mère, Orpah prend le chemin du retour pour retrouver les siens.

Naomi dit alors à Ruth : « Tu vois, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux ; retourne
chez toi comme elle ! ». Mais rien n’y fait, Ruth refuse catégoriquement de partir et insiste pour suivre
Naomi. Elle prononce alors cette si belle phrase : « Laisse-moi aller avec toi. Où tu iras j’irai, où tu
habiteras j’habiterai. Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu » (Livre de Ruth 1.16-17).

Voyant que Ruth ne changera pas d’avis, Naomi cesse d’insister. Les deux femmes arrivent au pays
d’Israël et s’y établissent à l’époque des moissons, au moment de Chavouot.

Ruth épouse Boaz, et donne naissance à un garçon nommé Obed, ancêtre du roi David.

L’histoire de Ruth concentre, à elle seule, toutes les lois régissant la conversion au judaïsme. Le
récit de la conversion du Ruth est le fondement biblique de l’attitude des rabbins vis-à-vis des candidats.
En effet, à l’image de Naomi qui repousse Ruth à plusieurs reprises avant de la laisser l’accompagner en
Israël, les rabbins repoussent le candidat et testent sa détermination. Si le candidat ne se détourne pas de
sa quête, ils n’ont pas d’autre choix que de le laisser rejoindre le peuple d’Israël.

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Partie 3

La vie juive

Chaque étape de la vie d’un juif(ve) est marquée par des rites d’appartenance que nous étudierons le plus
chronologiquement possible.

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Titre 1 – L’enfance juive
L’enfance est une période précieuse et particulièrement mise à l’honneur par la Torah. La vie d’un enfant
juif est ponctuée de nombreux rites de passage et il participe activement à la vie spirituelle de la
communauté. Le premier de ces rites est celui de la circoncision.

1) La circoncision : la brit mila


Le juif est lié à Dieu par une alliance inscrite en lui bien au-delà de sa conscience, dans sa chair même.
Un lien intemporel que l’Eternel a établi avec son premier prophète, Abraham.

Rappelez-vous, Dieu avait ordonné à Abraham de se circoncire à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans et Il


avait dit : « Et J’établirai une alliance entre Moi et toi, et ta descendance après toi selon leurs générations,
comme une alliance éternelle, pour être pour toi un Dieu comme pour ta descendance après toi » (Genèse
17:7).

Cette soumission physique constitue le premier signe d’alliance avec Dieu qui figure dans la Torah et
chaque enfant mâle doit obéir à ce commandement biblique.

L’enfant juif doit être circoncis peu après sa naissance, quand il n’a pas encore développé sa capacité de
raisonnement et de discernement, car l’alliance de la circoncision ne repose pas sur une adhésion
consciente et dépasse notre capacité de compréhension. Elle est le symbole du lien indéfectible et éternel
entre Dieu et son peuple.

La circoncision à lieu le huitième jour, à compter du jour de la naissance inclus, même si ce jour tombe
un Chabbat, un jour de fête ou de jeûne, car Dieu dit à son peuple : « Le huitième jour, la chair de son
prépuce sera circoncise » (Lévitique 12:2).

Donc, si l’enfant nait un mardi, il sera circoncis le mardi suivant. Cependant, si l’enfant est né le mardi
soir après la tombée de la nuit, la circoncision aura lieu le mercredi matin car chaque jour commence à la
tombée de la nuit.

La circoncision doit être reportée si l’enfant est malade ou si cet acte présente un danger pour sa
santé. D’autre part, une circoncision ne peut pas avoir lieu un Chabbat ou un jour de fête si l’enfant est né
par césarienne ou si la circoncision a fait l’objet d’un report pour raison de santé.

La brit mila est un événement joyeux et intense dans toutes les familles juives. Celle-ci a généralement
lieu chez les parents ou chez un membre de la famille proche. La cérémonie est conduite par un rabbin ou
par le père du nouveau-né mais la circoncision proprement dite est toujours confiée à un mohel, un juif
religieux formé et habilité à pratiquer ce geste chirurgical.

Le jour précédent la circoncision, il est de coutume que le père du nouveau-né reste éveillé et passe la nuit
à étudier la Torah et à réciter des passages du Zohar.

Le lendemain, le rabbin allume des bougies et récite des bénédictions puis l’enfant est amené et confié à
son grand-père, un proche parent ou un ami qui est appelé le sandak. Celui-ci tient l’enfant sur ses genoux
durant la cérémonie ou le place sur un coussin le temps de la circoncision. Le sandak est assis sur une

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chaise appelée la « chaise d’Elie le Prophète » car Elie est considéré comme l’ange de l’Alliance et le
protecteur de l’enfant.

Le mohel récite plusieurs bénédictions avant de procéder à la circoncision. Une ou deux gouttes de sang
doivent couler. Le prépuce est mis de côté pour être enterré après la cérémonie. Ensuite, l’enfant reçoit
officiellement un prénom. Enfin, le rabbin bénit le vin, les parents boivent et proposent à leurs invités de
procéder à la seouda mitsvah, le repas rituel de célébration.

Evidemment, le rituel de la brit mila ne concerne pas les filles. Celui-ci est remplacé par le rituel de la
nomination au cours duquel l’enfant reçoit officiellement son prénom. Pour ce faire, le père de l’enfant se
rend à la synagogue au cours du mois suivant la naissance, il monte à la Torah et annonce le prénom de sa
fille afin qu’il soit inscrit au registre. Il offre ensuite une seouda mitsvah en l’honneur de cet évènement.

Les mots à connaître

• Brit mila : circoncision


• Mohel : circonciseur
• Sandak : parrain de la circoncision
• Seouda mitsvah : repas rituel de célébration

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2) Le rachat du premier-né : le pidion haben
Dieu dit : « Consacre-moi tout premier-né parmi les enfants d’Israël, soit homme, soit animal : il
m’appartient (Exode 13:2)…tout premier-né d’un homme parmi tes fils, tu le rachèteras » (Exode 13:13).

Par ces paroles, Dieu ordonne à chaque juif de racheter son fils ainé à un Cohen, un descendant de la tribu
des prêtres.

Ce commandement est une réminiscence d’un lourd souvenir, celui de la dixième plaie d’Egypte et de
l’assassinat des premiers-nés égyptiens. Dieu ayant épargné les premiers-nés hébreux, ces derniers lui
appartiennent. Les familles juives doivent donc procéder au rachat symbolique de leur premier-né, pour
se rendre quittes. Ce rachat est généralement matérialisé par une pièce en argent pur d’environ 100g.

Cette mitsvah s’accomplit le trente et unième jour de la vie de l’enfant, même s’il n’a pas encore été
circoncis pour raison de santé. La cérémonie doit être reportée si le trente et unième jour tombe un
Chabbat.

Si le père n’a pas accompli ce rituel, l’enfant devra se racheter lui-même, à l’âge adulte. Ce
commandement ne concerne que les fils ainés nés d’une mère juive au jour de la naissance. Les enfants
n’ayant pas été rachetés au trente et unième jour de vie et dont la mère se serait convertie entre temps ne
sont pas concernés. De même pour les enfants nés par césarienne ou dont l’un des parents est Cohen ou
Levi.

Le jour J, le père de l’enfant procède à la transaction avec le Cohen. Ce dernier récite une bénédiction sur
le vin et bénit l’enfant. Puis, il procède à la bénédiction sur le pain et le repas de célébration commence.

La cérémonie du pidion haben est brève mais chargée de sens et d’émotion. Ce rite d’appartenance
permet d’inscrire une nouvelle fois l’enfant dans l’histoire du peuple juif, en tant que descendant
d’Abraham et Sarah.

3) La bar / bat mitsvah


La bar / bat mitsvah désigne l’état de majorité religieuse et, par extension, la cérémonie officielle qui
l’accompagne.

En effet, à un certain âge, treize ans pour les garçons et douze ans pour les filles, les enfants deviennent
des adultes et accèdent à de nouvelles responsabilités au sein de la collectivité.

Ce changement de statut social est symbolisé par la mise des tefillin pour les garçons et par l’allumage
des bougies de Chabbat pour les filles. Ainsi, les garçons peuvent rejoindre un minian (groupe de dix
hommes permettant un office collectif) et sont tenus d’obéir aux commandements bibliques et de
participer à la vie de la communauté. Ce rite de passage est un moment attendu par tous les enfants juifs.

Pour célébrer leur entrée dans la communauté, les enfants doivent suivre une longue préparation au cours
de laquelle ils apprennent l’hébreu, l’histoire juive et la halakha. C’est le Talmud Torah. Dans les mois
précédents la bar mitsvah, les enfants apprennent également la paracha qui avait été lue à la synagogue la
semaine de leur naissance et qu’ils réciteront lors de la cérémonie.

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La cérémonie a généralement lieu à la synagogue, le samedi matin suivant le treizième / douzième
anniversaire de l’enfant. Mais, elle peut aussi avoir lieu n’importe quel jour où la Torah est lue (lundi et
jeudi).

Le matin du grand jour, l’enfant mange souvent un fruit nouveau et récite la bénédiction
« Chéhé'héyanou » pour remercier Dieu d'avoir atteint ce jour. Il se rend ensuite à la synagogue où toute
la famille est réunie. Le jeune adulte est habillé de vêtements neufs. Pendant la cérémonie, il est d’usage
que le père monte à la Torah pour y prononcer une bénédiction : « Baroukh ché pétarni méônecho chel
zé ». Par cette bénédiction très particulière le père remercie Dieu de lui avoir permis d’offrir à son fils une
éducation juive car la transmission de la religion est un commandement fondamental du judaïsme.

En effet, il est dit dans le Chema Israël que le père doit enseigner la Torah à ses enfants jusqu’à pouvoir
en parler dans n’importe quelle discussion.

Ensuite, l’enfant lit le passage de la Torah qui lui revient, prononce un discours et, à la fin de l’office, se
dirige vers le repas de célébration qui a été organisé pour l’occasion. Le soir du cérémonial, ou à une date
ultérieure, une grande fête est organisée en l’honneur du bar / bat mitsvah. Cette célébration est une
simple coutume et n’est pas d’origine biblique.

Après la bar / bat mitsvah, l’enfant devient un jeune adulte et devra se soumettre à la loi juive et
étudier la Torah toute sa vie.


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Titre 2 – L’union juive


Dans le judaïsme, le mariage occupe une place centrale. Il est un engagement précieux et, comme tout
engagement, il obéit à un certain nombre de règles.

1) Le mariage juif

Dans la tradition juive, le mariage est sacré et sa symbolique est omniprésente. Il est la voie par laquelle
Dieu continue de créer le monde et, dans chaque union, il y’a un nouvel Adam et une nouvelle Eve. C’est
un acte si important qu’il est appelé « kiddouchim » (sanctifications). D’ailleurs, ce jour est comparable à
celui de Yom Kippour car toutes les fautes antérieures sont effacées et une nouvelle vie commence.

Le mariage est l’alliance d’un homme et d’une femme dans le but de former une famille. Pour l’occasion,
l’homme est appelé le hatan et la femme la kallah. Le mariage est aussi, et surtout, un acte religieux
d'élévation : devant Dieu et la communauté d'Israël, le couple accepte de vivre ensemble dans l'amour et
le respect mutuel, et de transmettre à leur descendance les valeurs traditionnelles du judaïsme.

Cette union sacrée est largement règlementée et les lois relatives au mariage abondent. Parmi les plus
importantes il y’a l’interdiction pour un homme d’épouser sa mère, sa grand-mère, sa fille ou toute
femme mariée n’ayant pas obtenue le guet (document officialisant le divorce religieux). Il est aussi dit
que l’homme et la femme sont égaux en droit pour le choix du conjoint.

Plusieurs mois avant le mariage, les futurs époux doivent effectuer quelques démarches administratives et
fournir au Consistoire certains documents : un extrait d'acte de naissance, la kétouba des parents (l’acte de
mariage religieux des parents ou, à défaut, un certificat de judéité) ainsi que le livret de famille des mariés
afin de s'assurer que le mariage est légal.

Les futurs époux doivent aussi suivre des cours avec un rabbin (pour l’homme) ou une rabbanite (pour la
femme) concernant la niddah, les lois régissant les rapports entre époux. Une fois ces cours achevés, la
femme doit se rendre au mikvé (bain rituel), la veille du mariage.

Le mariage ne peut avoir lieu un jour de Chabbat, de fête, de jeûne ou de deuil.

Le jour J, l’union est célébrée à la synagogue ou ailleurs, sous une houppa (dais nuptial). La houppa
symbolise le nouveau foyer qui se crée. Le rabbin qui officie se trouve sous le dais nuptial, le marié est
invité à l'y rejoindre accompagné de ses parents. Vient ensuite le tour de la mariée. Elle s’avance dans

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l’allée et s’arrête quelques mètres avant la houppa, le marié descend pour lui couvrir le visage du bedeken
(son voile).

Ce geste du marié fait référence à la tromperie de Laban envers Jacob qui lui donna Léa à la place de
Rachel. Le marié doit donc confirmer qu’il s’agit bien de sa femme avant de l’épouser.

Après cette « confirmation », les fiancés remontent sous le dais afin que le mariage puisse avoir lieu. Le
rabbin commence par remplir une coupe de vin et lit la bénédiction des fiançailles. Les époux goûtent
alors le vin. C'est après cela que l'homme acquiert sa femme à l'aide d'un anneau en or pur, rond et simple,
sans gravures ni diamants.

Il passe alors l’anneau sur la première phalange de l'index de sa femme, qui plie aussitôt le doigt. Cet acte
n’est pas réciproque et le mari recevra son anneau à la fin de la cérémonie. Ensuite, le rabbin lit la
kétouba. Ce document témoigne des obligations financières et matérielles de l'homme envers sa femme.
Le rabbin, les époux et deux témoins, signent ce document. La kétouba est remise à la femme qui la
conservera précieusement.

Le rabbin remplit un second verre de vin et commence la récitation des Cheva berachot (les sept
bénédictions) qui ont pour thème la relation entre les époux et Dieu, et la joie qui accompagne le mariage.
Les époux boivent à nouveau le vin.

Enfin, le marié récite la phrase suivante du Psaume 137 : « Si je t'oublie Jérusalem, que ma main droite
m'oublie. Que ma langue se colle à mon palais, si je ne rappelle pas ton souvenir, si je n'élève pas
Jérusalem au-dessus de ma joie ».

Il brise ensuite un verre avec son pied. Ce rite ancestral rappelle aux juifs de la communauté la
destruction du Temple de Jérusalem.

Dès que le verre est brisé, toute l’assistance s’écrit « MAZEL TOV », et la cérémonie s’achève par des
chants. Les mariés se retirent ensuite dans une pièce pour passer quelques minutes ensemble. Ce moment
précieux est appelé le « yihoud ».

Après le mariage proprement dit, les convives ont l’obligation de se réjouir pour les mariés durant le
repas de fête qui suit la cérémonie. Le repas une fois terminé, il est d'usage que tous les invités se
réunissent et récitent la Birkat hamazone (prière de remerciement pour le repas lorsque celui-ci contient
du pain) puis, les Cheva bérachot seront à nouveau récitées sur un verre de vin. De même, durant les sept
jours qui suivent le mariage, les mariés sont invités par leurs proches à un diner organisé en leur honneur,
qui est aussi suivi de la récitation des sept bénédictions.

Les mots à connaître

• Kiddouchim : sanctifications, mariage religieux


• Hatan : le futur époux
• Kallah : la future épouse
• Kétouba : acte de mariage religieux

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• Houppa : dais nuptial
• Bedeken : voile de la mariée
• Cheva berachot : les sept bénédictions du mariage
• Yihoud : moment d’intimité des époux après la cérémonie du mariage


2) Les lois de la pureté familiale : la taharat hamichpa’ha

Dans le judaïsme, il existe une longue tradition de recherche de pureté spirituelle dans laquelle
s’inscrivent les lois de la taharat hamichpa’ha. Ces lois appartiennent à la catégorie des houkim, des
commandements divins pour lesquels aucune raison intellectuellement compréhensible n’est donnée. Ce
sont des lois supra-rationnelles.

Avant d’aller plus loin, il faut préciser que la majorité de ces lois concernent la niddah, la période de
menstruation de la femme qui, à ce moment là, est dite impure, inapte au spirituel. Il ne faut pas
interpréter cela comme quelque chose de dégradant. Au contraire, c’est parce que la femme est porteuse
du pouvoir divin de créer la vie ex nihilo, qu’une responsabilité spirituelle spécifique lui incombe. Par son
comportement, la femme doit à tout prix chercher à élever son âme car ses actes ont des conséquences
plus lourdes que ceux des hommes.

La période de menstruation est une période de séparation du couple qui doit alors apprendre à vivre
différemment. La vie conjugale ne reprend son cours qu’à la fin d’un délai de douze jours, après que la
femme se soit immergée au mikvé.

En effet, la période de niddah dure douze jours au minimum. La femme devient toumah dès qu’elle
observe un écoulement sanguin provenant de l’utérus dans l’une des situations suivantes : la femme
ressent l’écoulement sanguin ou elle constate un écoulement sanguin sur ses sous-vêtements.

A ce moment là, la femme est toumah pendant cinq jours. Si les écoulements sanguins durent plus
longtemps, la période de toumah aussi.

Pendant ce temps, le couple a interdiction d’avoir des rapports sexuels et s’abstient de tout contact
physique.

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Lorsque les saignements semblent terminés, la femme procède au hefsek taharat. Il s’agit d’un examen du
vagin, à l’aide d’un tampon ou d’un mouchoir, qui permet de confirmer la cessation de l’écoulement
sanguin.

Cet examen doit avoir lieu le jour où l’écoulement sanguin a définitivement cessé, généralement à partir
du cinquième jour à compter du premier écoulement. Il se pratique l’après-midi, avant le coucher du
soleil.

Lors de l’examen, si des saignements persistent, la niddah se prolonge encore pendant un jour. Il faudra
alors refaire un examen le soir et ainsi de suite.

A l’issue de la période des cinq jours et lorsque le hefsek taharat est concluant, un nouveau décompte de
sept jours supplémentaires commence : les chiva néki’im (les sept jours de netteté).

Cette période de sept jours permet de vérifier que les écoulements sanguins ont bien cessé. Pendant ce
temps, le couple s’abstient toujours de tout contact physique.

Le décompte des jours commence toujours au coucher du soleil.

Pendant toute la durée des chiva néki’im, la femme porte des sous-vêtements blancs qu’elle examine le
soir pour s’assurer de l’absence de trace de sang.

La règle est différente en cas d’accouchement. Selon la Torah, lorsqu’une femme accouche, elle devient
toumah et une période de niddah commence. Si elle donne naissance à un garçon, la période de netteté
dure sept jours et, pour une fille, quatorze jours, à partir de la cessation des saignements postnataux.

A l’issue de cette période de niddah, la femme s’immerge au mikvé, ce qui marque la fin de la période de
séparation et autorise le couple à reprendre leur vie conjugale.

L’immersion a lieu une fois la nuit tombée et elle requiert une préparation rigoureuse du corps afin que
rien ne s’interpose entre celui-ci et l’eau. Avant de se rendre au bain ou directement sur place, la femme
prend une longue douche ou un bain chaud, se lave le corps et les cheveux au savon, se coupe les ongles,
s’épile, retire son vernis, se lave les oreilles et le nombril consciencieusement. Elle retire aussi ses bijoux.
De même, les rajouts et faux-ongles sont proscrits.

Si la femme doit s’immerger au bain un vendredi soir ou le premier soir d’une fête, elle effectue les
préparatifs nécessaires au moins une heure avant l’horaire d’allumage des bougies du Chabbat ou de la
fête et c’est son mari qui allume les bougies à la place de son épouse en récitant la bénédiction.

Si la femme doit s’immerger au bain un samedi soir ou à l’issue d’un jour de fête, elle effectue les
préparatifs nécessaires deux fois : une fois avant le début de Chabbat ou de la fête et une seconde fois à
l’issue de Chabbat ou de la fête, chez elle ou au mikvé.

Une fois que la femme a fait sa toilette approfondie, la balanite la fait entrer dans la salle du bain et
vérifie qu’aucun élément sur son corps n’empêche que l’immersion ne soit kasher. Après quoi, elle entre
dans le bassin d’eau chaude.

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Lorsqu’elle entre dans l’eau, la femme se tient débout au milieu du bassin, les jambes légèrement
écartées. Puis, elle s’immerge complètement en prenant soin de ne pas toucher les parois du bain. Après
cette première immersion, elle se relève et, sans regarder l’eau, prononce la bénédiction suivante :

« Barouch ata Ado-naï élohénou melech aolam achèr kidéchanou bémitsvotav vétsivanou al hatévila »

Après cette bénédiction, elle s’immerge à nouveau dans l’eau à deux reprises. Puis, elle sort du bain. La
balanite déclare alors l’immersion « kasher ». De retour à la maison, la femme informe son mari que
l’immersion au mikvé s’est bien passée. La vie conjugale peut reprendre.

Si une question vous taraude à ce sujet, n’hésitez pas à vous adresser au rabbin de votre
communauté ou directement au Consistoire. Ils vous répondront avec plaisir.

Les mots à connaître

• Taharat : pureté spirituelle, sainteté


• Toumah : absence de sainteté, inaptitude au spirituel
• Niddah : lois relatives à la menstruation
• Hefsek taharat : examen d’interruption des saignements
• Chiva néki’im : sept jours de netteté
• Mikvé : bain rituel
• Houkim : commandements divins pour lesquels aucune raison intellectuellement
compréhensible n’est donnée


3) Le divorce

Contrairement aux autres religions, le divorce a toujours existé dans le judaïsme et la Torah reconnaît ce
droit aux couples qui ne désirent plus vivre ensemble. Biensur, la Torah incite les époux à rester
ensemble, dans la mesure du possible, mais elle prévoit aussi que lorsque la relation devient trop pénible,
voir destructrice, les époux ont le devoir de divorcer religieusement.

En effet, la loi juive n’exige pas de griefs particuliers pour obtenir le divorce. L’absence de désir et
l’incompatibilité d’humeur suffisent à justifier une séparation.

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Pour rompre un mariage, il faut procéder à une cérémonie religieuse au cours de laquelle le mari remet à
son épouse un guet, en présence d’un beth-din. C’est aussi le cas lorsque la procédure est à l’initiative de
la femme.

Le guet est un document légal rédigé par un rabbin, après qu’il ait tenté de réconcilier le couple, et qui
permet aux époux de retourner à l’état de célibataire. Ce document est d’une grande importance car, sans
lui, une personne ne pourra pas se remarier religieusement.

Si le mari refuse de donner le guet à son épouse, il s’expose à des poursuites judiciaires et à une
condamnation au paiement de dommages et intérêts.

En effet, la justice française considère que le refus du mari de « libérer » son épouse porte atteinte à la
liberté que celle-ci est en droit d’attendre du divorce civil (en France, le divorce civil doit toujours
précéder le divorce religieux).

Or, si la femme n’obtient pas le guet des mains de son mari, elle devient agouna, c’est-à-dire qu’elle ne
peut pas se remarier. La rétention de guet constitue donc un abus de droit et nécessite la réparation du
préjudice subit par l’épouse, sur le fondement de l’article 1382 du Code civil (CA Versailles, 16 février
2012, N°10/04809).

L’époux ne doit donc pas abuser de sa position au risque de nuire à son épouse et de commettre une
infraction pénale. Si sa femme veut divorcer, il n’a d’autre choix que d’obtempérer.

Dans le cas exceptionnel où l’un des deux conjoints est absent et présumé mort, la kétouba permet au
beth-din de prononcer le divorce au bénéfice du conjoint présent.

Une fois le divorce prononcé par le tribunal rabbinique, la femme doit respecter un délai de 90 jours avant
de se marier à nouveau (au cas-où elle aurait été enceinte au moment de la procédure).

Les mots à connaître

• Guet : acte de divorce religieux


• Kétouba : acte de mariage religieux
• Beth-din : tribunal rabbinique
• Agouna : femme qui ne peut pas se remarier

4) Le décès

Dans le judaïsme, la mort est un passage par lequel l’âme du défunt va rejoindre Dieu et le corps rejoint la
terre.

L’incinération est interdite par la Torah. En effet, si tous les restes du défunt disparaissent, son âme sera
perdue et il ne pourra pas accéder au monde futur. Or, ce monde futur, tout le peuple juif y accèdera lors
de la résurrection des morts qui aura lieu à l’arrivée du messie sur Terre. Ce jour là, les âmes retourneront

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dans leur corps et tout le peuple juif ressuscitera. De plus, depuis la Shoah et les fours crématoires, la
conscience juive répugne à toute forme d’incinération.

Lorsqu’un proche décède, la tradition veut que l’on récite la bénédiction suivante :

« Barouch ata ado-naï, elokénou mélech haolam dayan ha èmèt »

Avec la hevra kadicha, on procède aux gestes rituels : on ferme les yeux et la bouche du défunt, on
recouvre son visage, on étend ses bras le long du corps, les mains ouvertes, on recouvre le corps d’un
drap, on allume une bougie à son chevet et on couvre les miroirs.

Puis, on fait appel à un service de pompes funèbres, respectant le rite orthodoxe, afin que le personnel
procède à la toilette et à l’inhumation du défunt dans la pure tradition. On veille le défunt jusqu’à son
inhumation. La tradition veut que la personne soit recouverte d’un vêtement en lin blanc et qu’on ajoute,
pour les hommes, leur talith auquel on a retiré un tsitsit.

Les obsèques doivent avoir lieu dans un délai de quarante-huit heures après le décès et la cérémonie se
déroule directement au cimetière. Malheureusement, il est fréquent que les démarches administratives à
effectuer ralentissent le processus. De plus, la cérémonie ne peut avoir lieu un jour de Chabbat ou de fête.

Avant l’inhumation, les proches du défunt accompagnent le corbillard de l’entrée du cimetière jusqu’à la
tombe puis, le rabbin ou un membre de la famille prononce un hesped. Ensuite, les proches déchirent une
petite partie de leur vêtement au niveau du cœur. Ce signe de deuil est appelé kéria. A la fin de l’éloge
funèbre, les affligés participent à l’inhumation en jetant de la terre sur le cercueil à l’aide d’une petite
pelle.

La loi juive interdit aux hommes descendants de la tribu des Cohanim (Cohen, Kohn etc) de
s’approcher d’un cadavre, sauf lorsqu’il s’agit d’un très proche parent. En effet, approcher un mort rend
impur, ils ne doivent donc pas pénétrer dans un cimetière.

A la sortie du cimetière, il est d’usage de se laver les mains pour chasser l’impureté du lieu. Il est indiqué
de verser alternativement trois fois de l’eau sur chaque main. L’eau étant la source de la vie, ce geste
acquiert un caractère spirituel et c’est à ce moment là que commence la période rituelle de deuil.

La période du deuil s'étend sur douze mois. Elle se divise en trois étapes :

La première semaine (chiva)

Le premier mois ou les trente jours (chlochim)

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La première année (hazkara) et la commémoration annuelle du décès (yartseit)

La période de chiva et des chlochim concerne les personnes qui ont perdu un père, une mère, un conjoint,
un frère, une sœur ou un enfant. Un autre être cher qui décéderait serait pleuré mais sans observance de la
chiva. Celle-ci est généralement observée dans la maison du défunt où son esprit habite encore.

Le premier repas suivant les obsèques est généralement constitué de pain, d’œufs durs, de légumes cuits
et de thé ou de café. Les autres repas sont préparés par l’entourage et consommés assis sur des chaises
basses.

Par ailleurs, pendant cette première semaine de deuil, la personne affligée ne quitte pas la maison et
s’abstient de travailler. La personne doit aussi éviter d’écouter de la musique, de prendre un bain ou une
douche pour le plaisir, de se maquiller ou de prendre soin d’elle en générale, de se couper les ongles, les
cheveux ou la barbe, de porter des vêtements neufs et d’avoir des relations sexuelles.

L’endeuillé s’abstient aussi de porter des chaussures en cuir (dans l’Antiquité, les chaussures en cuir
étaient considérées comme un luxe), de lire la Torah (sauf certains textes comme le Livre de Job), et de
nager ou de pratiquer une activité sportive pour le plaisir.

En outre, les personnes qui viennent rendre visite aux endeuillés ne doivent pas essayer de les distraire de
leur peine. Les conversations doivent porter sur le défunt et la peine que sa mort cause à ses proches.
Cette tradition est très importante car elle participe au processus de deuil auquel l’affligé est confronté.

En même temps, à la synagogue, le rabbin s’organise pour qu’un minyan se présente trois fois par jour
chez l’endeuillé pour les prières traditionnelles. Cependant, certains juifs préfèrent se rendre eux-mêmes à
la synagogue, au moins une fois par jour, pour réciter le kaddich avec la communauté.

Enfin, il est d’usage de faire brûler une bougie pendant ces sept jours, en souvenir de l’âme du défunt.

Le jour de Chabbat est compté comme l’un des sept jours mais on ne porte pas le deuil
publiquement. Tous les signes extérieurs d’affliction doivent disparaître car la joie du Chabbat prime sur
la tristesse du deuil.

Une fois la période de chiva terminée, la seconde étape commence et dure trente jours à dater du jour de
l’inhumation. Cette période comprend donc les sept jours de chiva. Pendant ces trente jours, la plupart des
limitations précédemment imposées aux endeuillés sont levées. Il est possible de sortir et de retourner
travailler. Toutefois, durant vingt-trois jours, il ne faut pas se rendre à des fêtes ni écouter de la musique.
De plus, les hommes ne doivent pas se raser la barbe ni se couper les cheveux. L’affligé est toujours en
deuil mais réintègre progressivement la vie de tous les jours. Il reste cependant nécessaire de se rendre à
la synagogue, au moins une fois par jour, pour réciter le kaddich.

A l’issue des trente jours, seuls les enfants du défunt conservent le deuil, et ceci pendant douze mois à
dater du jour de l’inhumation. Ils peuvent reprendre leur vie quotidienne mais ont interdiction de
participer à des évènements festifs publics ou privés.

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Après douze mois, la période de deuil est terminée. Ce n’est que l’année suivante que la mémoire du
défunt sera à nouveau célébrée par ses proches. Cette commémoration annuelle est appelée « l’année »
par les sépharades et « yartseit » par les ashkénazes.

A l’occasion du yartseit, il est d’usage d’allumer une bougie, de donner de la tsédaka en l’honneur du
défunt, d’étudier la Torah et de réciter le kaddich, d’offrir un kiddouch lors du Chabbat de la même
semaine et de jeûner du matin jusqu’au soir.

L’anniversaire du décès d’un proche doit être consciencieusement commémoré car il permet de se
souvenir des bonnes actions réalisées par le défunt mais aussi de toutes celles qu’il a échoué à accomplir.

Enfin, bien que l’on puisse aller au cimetière à n’importe quel moment, il y a des jours de visite rituels : le
septième jour après la chiva, le trentième jour après chlochim, à l’issue de l’année de deuil, le jour de
yartseit, la veille de Roch hachana et de Yom kippour. Lors de ces visites, il est de coutume de déposer un
petit caillou sur la tombe du défunt, symbole de l’éternité. Ainsi, nous sommes liés au défunt pour
toujours.

Les mots à connaître

• Hevra kadicha : assemblée sainte composée des personnes qui organisent l’inhumation
• Talith : châle de prière
• Tsitsit : ranges rituelles
• Hesped : éloge funèbre
• Minyan : quorum de dix hommes nécessaire aux offices collectifs
• Tsédaka : charité juive
• Kéria : déchirure d’un vêtement en signe de deuil
• Chiva : sept jours de deuil
• Chlochim : trente jours de deuil
• Yartseit : commémoration annuelle du décès d’un proche

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Titre 3 – L’alimentation juive : la cacherout
La cacherout est l'un des piliers fondamentaux du judaïsme. Nous sommes ce que nous mangeons et ce
que nous mangeons nourrit notre âme. La cacherout désigne l’ensemble des règles alimentaires juives,
dont la source se trouve dans la Torah.

1) Les principes essentiels de la cacherout

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Avant d’entrer dans le détail des lois de la cacherout, il faut avoir en tête une série de règles générales et
fondatrices.

Tout d’abord, pour être consommé, l'animal doit être en bon état général et être abattu rituellement. En
effet, les animaux malades ou présentant des lésions sont dits taref et sont strictement interdits à la
consommation.

Ensuite, la loi juive interdit la consommation du sang « car le sang c'est l'âme et tu ne dois pas manger,
l'âme avec la chair » (Deutéronome 12:23 ; Genèse 9:4 ; Lévitique 17:12-14). De ce fait, l'animal doit être
abattu rituellement. Cet abattage rituel est appelé « chrita » et préconise que l’animal soit égorgé puis
vidé de son sang.

Par ailleurs, la halakha interdit toute consommation du nerf sciatique, en souvenir du combat de Jacob
contre l’ange mystérieux.

Il est aussi interdit de cuire des produits lactés avec des produits carnés (viande rouge et blanche), ni les
consommer ensemble au cours d’un repas, car il est répété à trois reprises dans la Torah : « Tu ne cuiras
pas le chevreau dans le lait de sa mère » (Exode 23:19 et 34:26 et Deutéronome 14:21).

Il s’agit de distinguer symboliquement la viande, signe de mort, et le lait, signe de vie. Le poisson n’est
pas concerné.

Cette interdiction est de trois sortes : il est interdit de cuire et de consommer des produits lactés avec des
produits carnés, il est interdit de faire cuisiner des produits lactés avec des produits carnés par un tiers et il
est interdit de tirer profit d’un mets à base de produits lactés et de produits carnés.

La méthode, au quotidien, est la suivante : après avoir consommé un aliment lacté, il est possible de
consommer immédiatement un plat à base de viande, après s’être simplement rincé la bouche. Mais, si on
consomme d'abord un aliment carné, il faut attendre six heures avant de pouvoir consommer un aliment
lacté.

En somme, les produits lactés et les produits carnés ne doivent jamais se mélanger et doivent être
préparés et consommés dans des vaisselles différentes. Concernant la séparation de ces différents aliments
au réfrigérateur, il suffit de les disposer chacun à un étage distinct, de façon à ce qu’ils ne se rencontrent
jamais.

La dernière règle générale concerne les ustensiles de cuisine. Lorsqu'ils sont en métal, en verre ou en bois,
les ustensiles doivent être « cachérisés » par la tévilat' kélim, c'est-à-dire trempés dans un mikvé avant leur
première utilisation. Avant l'immersion, on récite la bénédiction suivante :

« Barouch ata Ado-naï, Elokénou mélech haolam al tévilat kélim »

2) Les aliments kasher

Les règles qui gouvernent la cacherout sont complexes. Nombreuses sont celles que nous trouvons dans la
paracha Chemini dans le Lévitique. Elles peuvent être regroupées ainsi : il est autorisé de consommer
tous les produits végétaux naturels sans distinction car ils sont dits « parveh », neutres, et peuvent être
consommés sans modération. C’est aussi le cas des œufs sans trace de sang.

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Sont aussi consommables, les poissons pourvus d’écailles et de nageoires, ainsi que la viande de certaines
espèces d’animaux terrestres.

Plus précisément, les animaux terrestres (ovins et bovins) sont kasher lorsque la bête rumine, que ses
sabots sont fendus et qu’elle est abattue rituellement.

Pour les volailles, une bête est kasher lorsqu'il ne s'agit pas d'un oiseau prédateur. Il s’agit généralement
des bêtes ayant les pattes palmées, un gésier ou un ergo (poules, oies, dindes, pigeons, canards).

Les œufs issus de ces animaux sont kasher lorsqu'ils sont blancs, ovales et ne contiennent aucune trace de
sang. S’ils contiennent un peu de sang, ils deviennent taref et sont impropres à la consommation.

Malgré cette interdiction biblique de consommer du sang, il nous est possible de consommer certains
plats en contenant dans deux hypothèses. Pour savoir si l’on se trouve dans l’une de ces hypothèses, il
faut s’intéresser à la composition du plat.

Lorsque le plat contient des aliments mélangés entre eux, qui ne sont plus reconnaissables les uns des
autres, et que l’un des aliments contient un peu de sang, le plat ne sera pas forcément interdit à la
consommation. En effet, le plat pourra être consommé si l’aliment incriminé ne représente qu’1/60ème du
plat entier. Ce principe s’appelle « batèl béchichim » (annulation de l’aliment non kasher par un volume
soixante fois supérieur). Dans ce cas, l’élément impur est absorbé par la quantité d’aliments purs.

Lorsque le plat contient des aliments qui ne sont pas mélangés entre eux, reconnaissables les uns des
autres, et que l’un de ces aliments contient une tache de sang, le plat pourra être consommé si l’aliment
incriminé est minoritaire par rapport aux autres. Ce principe est celui du « batèl berov » (annulation de
l’aliment non kasher par la majorité). Il suffit alors de retirer l’aliment incriminé et la consommation du
plat est permise.

Dans ces deux hypothèse, le kelli ayant servi à cuisiner les plats est impur. Il faudra le cachériser à l’eau
bouillante.

Pour les poissons et les fruits de mer, une bête est kasher lorsqu'elle dispose de nageoires et d'écailles
solidement fixées (saumons, thons, daurades, truites, harengs, morues). Les fruits de mer sont donc
interdits et ne peuvent être consommés.

Concernant les produits laitiers (lait et fromage), il est généralement admis que les produits issus de bêtes
tahor sont consommables. Ils doivent être achetés dans un commerce kasher et doivent avoir fait l'objet
d'une surveillance par une autorité rabbinique, le machguia’h cacherout, car ils doivent être exempts de
graisse animale ou d’insectes. Ces produits laitiers kasher sont appelés « halav' Israël ».

Pour les insectes et reptiles, tous ces animaux sont interdits à la consommation car il est dit : « Vous
devez être saint car Je suis saint, vous ne devrez vous rendre impur avec aucun des reptiles qui se
meuvent sur la terre » (Lévitique 11:43).

Toutefois, le miel est consommable malgré le fait que l'abeille ne le soit pas.

Pour le vin, la loi juive prévoit que le breuvage est kasher lorsqu'il est libre de tout croisement avec
d'autres plantes, qu'il ne contient aucune substance interdite et qu'il a été conservé dans un chai sous
scellé. La fabrication du vin kasher est un acte sacramental, c’est pourquoi aucune personne étrangère à
l’autorité rabbinique ne peut contribuer à la mise en route ou à l’interruption de la chaîne de fabrication.

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Toutes les cuves utilisées pour le vin kasher doivent être décapées et soumises à un lavage rituel. Elles
sont remplies d’eau trois fois pendant vingt-quatre heures et, une fois remplies, les cuves seront
soigneusement scellées par les délégués rabbiniques. Aucune manipulation ou opération quelconque, telle
que le soutirage (geste par lequel le vigneron décante le vin pour éliminer les dépôts indésirables), ne peut
être effectuée en leur absence.

En outre, certains rabbins préconisent de ne pas consommer de vin avec des goyim, sauf le vin mévouchal
(vin cuit), afin d’éviter d’éventuels « fraternisations » dont pourraient découler des mariages mixtes.

Enfin, tous les produits de consommation doivent être achetés dans des commerces estampillés kasher par
le beth-din, sauf pour le poisson.

3) L’abattage rituel : la chrita

Pour qu’une viande soit kasher, l’animal doit avoir été abattu selon une méthode particulière : la chrita.

Cette méthode millénaire découle de deux préoccupations : celle de causer le moins de dégâts à la
carcasse de l’animal et celle d’éviter à l’animal des souffrances inutiles (point très controversé
aujourd’hui).

Pour ce faire, le bodèk vérifie que l’animal est en bon état général. Si c’est le cas, le chohèt procède à
l’égorgement de la bête à l’aide d’un couteau à la lame sans défaut et parfaitement aiguisée (le halaf). Sa
taille est règlementée et le tranchant de la lame est vérifié avant et après l’abattage, car la plus petite
irrégularité entraine la disqualification de l’abattage effectué.

Une fois la gorge tranchée, le corps de l’animal se vide de son sang. Cette exsanguination est
indispensable pour respecter l’interdiction biblique de consommer du sang. Après quoi, le bodèk procède
à une nouvelle vérification des organes et vaisseaux de l’animal, en particulier des poumons, afin de
s’assurer que l’abattage a été correctement effectué.

4) Les méthodes de cachérisation

Malgré l’égorgement et l’exsanguination qui s’en suit, il reste toujours du sang dans la viande qu’il faut
éliminer avant la cuisson. Il existe deux méthodes : la cachérisation par le sel et la cachérisation par la
grillade. Le processus de cachérisation par le sel se réalise dans les trois jours suivants l’abattage. Au-
delà, le sang ne peut être retiré que par la grillade.

La méthode de cachérisation par le sel prévoit de rincer la viande puis de la tremper dans une bassine
d'eau spécialement réservée à cet effet, pendant une demi-heure. Il faut ensuite égoutter la viande pendant
quelques minutes avant de la saler au gros sel et de la laisser poser pendant au moins une heure. Enfin, il
faut rincer trois fois la viande à l'eau claire. Les étapes sont donc : rinçage, trempage, salage, rinçage !

Cette méthode ne s’applique pas aux viandes destinées à être grillées. Si le morceau de viande doit
être congelé, il doit être cachérisé préalablement. De même, la viande hachée doit être cachérisée avant
d'être hachée.

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Pour la cachérisation par la grillade, c’est plus simple, il suffit de poser la viande sur un grill en contact
direct avec le feu tout en saupoudrant de gros sel. L'opération peut être précédée ou se terminer par un
rinçage de la viande. Cette méthode est obligatoire pour la cachérisation du foie.

Dans les boucheries kasher, la viande est déjà cachérisée et prête à être consommée.

5) Le foie gras, c’est kasher ou pas ?


Le foie gras est issu des oies qui ont été gavées de force, dont le foie est hypertrophié et malade. Or, la
Torah interdit expressément de faire souffrir les animaux, en dehors des cas où cela est absolument
nécessaire. C’est pourquoi, il est, par exemple, interdit aux juifs de chasser.

La question se pose alors de l’utilité du gavage des oies, de l’innocuité des méthodes employées et de la
consommation du foie malade ainsi obtenu.

Doit-on consommer un aliment provenant d’un organe malade alors que la halakha impose que l’animal
soit en bonne santé pour être kasher ?

Malgré les lourdes réserves que certains sages émettent depuis plusieurs années, le foie gras « kasher »
existe toujours en France, alors qu'il a été interdit en Israël. La question est donc en suspens et le débat
reste ouvert.

Les mots à connaître

• Cacherout : conformité
• Kasher : consommable, respectueux de la halakha
• Tarèf : interdit à la consommation, pas kasher
• Névéla : bête abattue autrement que par la chrita
• Tahor : pur
• Tammé : impur
• Parveh : aliment neutre, sans lait ni viande
• Chrita : abattage rituel
• Chohèt : celui qui procède à l'abattage rituel
• Halaf : couteau nécessaire à la chrita
• Bodèk : celui qui vérifie la conformité de l'animal après la chrita
• Machguia’h cacherout : contrôleur de la cacherout
• Batèl béchichim : annulation de l’aliment non kasher par un volume soixante fois supérieur
• Batèl berov : annulation de l’aliment non kasher par la majorité

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• Glatt / Halak : viande hyper kasher. Ne concerne que la viande de bœuf
• Tévilat kélim : immersion des ustensiles de cuisine
• Chai : cuve de fabrication du vin
• Kelli : récipient

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Partie 4

La spiritualité juive

La Torah est le principal fondement de la spiritualité juive. C’est grâce à la Torah que le judaïsme et les
juifs ont pu traverser les siècles et les tragédies.

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Titre 1 – Les fondements de la spiritualité juive
La spiritualité juive repose sur plusieurs textes fondateurs et fondamentaux qui régissent la vie spirituelle
et quotidienne des juifs d’hier et d’aujourd’hui.

1) La Torah
La Torah est constituée de cinq livres, qui constituent eux-mêmes une partie de la Bible hébraïque (aussi
appelée « Ancien Testament » ou « Tanah’ »).

Ces cinq livres ont été écrits par Moïse sous la dictée de Dieu. Ils retracent toute l’histoire du judaïsme, de
la création du monde à la mort de Moïse, et contiennent à eux seuls tous les commandements qui
régissent la vie quotidienne et spirituelle des juifs. Ils ont donc une valeur inestimable.

a. Les commandements
La Torah comprend six cent treize commandements, dont deux cent quarante-huit obligations et trois cent
soixante-cinq interdictions.

Tous ces commandements sont appelés « mitsvot » et concernent chaque phase de la vie des juifs, les
interactions entre eux et les non-juifs, ainsi que la façon de se comporter envers Dieu pour atteindre le
niveau spirituel le plus élevé possible.

Les six cent treize mitsvot sont compilées dans le Choulh’an Arouh, rédigé par Joseph Caro au XVIème
siècle, ouvrage de référence en matière de pratique traditionnelle.

b. Les cinq livres


Les cinq livres qui composent la Torah sont : la Genèse (Béréchit), l’Exode (Chemot), le Lévitique
(Vayikra), les Nombres (Bemidbar), le Deutéronome (Dévarim).

La Genèse raconte l’histoire de la création du monde, la naissance de l’humanité et du judaïsme avec


Abraham, les différents patriarches et matriarches, le rôle de Joseph auprès du Pharaon et l’installation
des hébreux en Egypte.

L’Exode raconte l’esclavage des hébreux en Egypte et leur libération par Moïse, le don des Dix
Commandements au mont Sinaï, ainsi que la longue errance du peuple dans le désert.

Le Lévitique énumère les rites et les prières effectués au sein du Sanctuaire, ainsi que de nombreuses lois
rituelles et morales.

Les Nombres racontent les pérégrinations des tribus d’Israël dans le désert.

Le Deutéronome est le testament de Moïse dans lequel est résumée l’histoire des hébreux depuis leur
sortie d’Egypte jusqu’à la veille de leur entrée en Terre Promise. Dans ce document, Moïse les implore de
rester fidèles à l’alliance qu’ils ont conclue avec Dieu, sous peine de lourdes sanctions.

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En référence aux cinq livres qui la composent, la Torah est aussi appelée le « Pentateuque ».

Les cinq livres de la Torah ont pour support un rouleau de parchemin, le sefer torah, enroulé autour de
deux cylindres en bois.

Ce sefer torah réside à la synagogue dans l’arone hakodesh (l’arche sainte), recouverte de beaux rideaux
en velours.

c. La paracha et la haftara
Nous lisons un passage de la Torah plusieurs fois par semaine : le lundi, le jeudi, le samedi matin et les
jours de fête. Ce passage en question est une « paracha », une subdivision des textes de la Torah. Il en
existe cinquante-quatre, lues chaque semaine de l’année.

Un résumé de la paracha de la semaine est disponible sur le site maconversionaujudaisme.com.

Le cycle de lecture de la Torah commence et se termine à Sim’hat Torah.

Par respect pour le caractère sacré du texte, l’officiant lit la paracha de la semaine à l’aide d’un yad, sorte
de longue main en argent ou en bois.

Chaque paracha est divisée en sept sections, appelées « montées », à la fin desquelles on s’interrompt
pour faire « monter » un autre fidèle à la Torah (aliya laTorah) pour continuer la lecture.

La lecture de la première montée revient traditionnellement à un Cohen, la seconde à un Lévi et les


suivantes à un Israël, c'est-à-dire, un fidèle non-Cohen et non-Lévi.

La dernière montée contient elle-même une sous-partie, faite de quelques phrases, appelée maftir.

Après quoi, on lit la haftara. La haftara est une partie des Nevi’im, le livre des Prophètes.

Selon les historiens, cette œuvre a probablement été rédigée au IIème siècle avant l’ère chrétienne, lorsqu’il
était trop dangereux pour les juifs de lire la Torah en public. Ils lisaient alors d’autres textes dont les
thèmes et les personnages rappelaient ceux de la paracha hebdomadaire. Ils savaient ainsi quel passage
de la Torah aurait dû être lu.

Aujourd’hui encore, aux offices de Chabbat et des fêtes, les fidèles lisent la paracha hebdomadaire et la
haftara qui lui correspond.

70
2) La Bible hébraïque : le Tanah’

La Torah n’est qu’une partie de ce que nous pouvons appeler la « bible hébraïque ». En effet, cette
dernière en fait composée de vingt-quatre livres : les cinq livres de la Torah, huit livres des Nevi’im et 11
livres des Ketouvim (encore appelé Hagiographes ou Ecritures).

Tous ces livres composent la bible hébraïque et cette bible est appelée « Tanah’ ».

Le Livre des Prophètes (Nevi’im) raconte l’histoire des hébreux après la mort de Moïse. En somme, ce
livre prend le relai du Deutéronome. Il est lui-même composé de plusieurs livres : les Livres de Josué, les
Livres des Juges, les Livres de Samuel et les Livres des Rois. Il compile aussi les paroles des grands
prophètes du VIème siècle avant l’ère chrétienne comme Jérémie, Isaïe et Ezéchiel. Les douze derniers
livres qui composent Nevi’im (d’Osée à Malachie) sont plus courts et regroupés dans un seul livre appelé
« les Douze ».

Les Hagiographes (Ketouvim) forment le dernier des trois livres du Tanah’. Ce livre est constitué d’une
série d’écrits qui n’ont pas forcément de lien entre eux mais qui peuvent être regroupés ainsi : les trois
livres poétiques, les Cinq Rouleaux (meguilot) et les autres livres historiques.

Les trois livres poétiques contiennent : le livre des Psaumes (150 poèmes de louange, d’espérance et de
célébration), le livre des Proverbes (compilation de maximes de sagesse) et le Livre de Job (poème
didactique écrit en prose portant que la question du Mal).

Les Cinq Rouleaux contiennent : le Cantique des cantiques (Chir’hachirim, lu à Pessah’, magnifique
poème d’amour métaphorique de la relation entre Dieu et le peuple juif), le Livre de Ruth (Meguilat Ruth,
lu à Chavouot), le Livre des Lamentations (Eikha, lu à Ticha béav), l’Ecclésiaste (Kohélèt, lu à Souccot)
et le Livre d’Esther (Meguilat Esther, lu à Pourim).

Les autres livres historiques sont : le Livre de Daniel, le Livre d’Esdras et de Néhémie et le livre des
Chroniques.

Les mots à connaître

• Tanah’ : Torah + Nevi’im + Ketouvim


• Nevi’im : livre des Prophètes
• Kétouvim : livre des Ecritures
• Chir’hachirim : le Cantique des cantiques, lu à Pessah’
• Meguilat Ruth : le Livre de Ruth, la plus célèbre convertie du judaïsme, lu à Chavouot
• Eikha : le livre des Lamentations, lu à Ticha Béav
• Kohélèt : l’Ecclésiaste, lu à Souccot
• Meguilat Esther : le Livre d’Esther, lu à Pourim
• Mitsvot : commandements

71
3) Le Talmud : la mise par écrit de la Torah orale
La Torah écrite est complétée par la Torah orale.

La Torah orale est un ensemble d’enseignements, d’interprétations et de points de vue qui s’ajoute aux
écritures saintes. Ce corpus de doctrine, traditionnellement transmis oralement, a été mis par écrit pour
devenir le Talmud.

Ce monument religieux et littéraire est la base de la halakha. Les juifs traditionnalistes et orthodoxes
considèrent, d’ailleurs, que Moïse a reçu au Sinaï la Torah écrite (Torah sheh-bih-tav) mais aussi la Torah
orale (Torah sheh-beal-peh).

Ainsi, la Torah orale est dotée de la même sainteté que la Torah écrite.

Rédigé dans un mélange d'hébreu et d’araméen, le Talmud compile les discussions rabbiniques sur les
divers sujets de la halakha. Ces textes traitent aussi bien des questions de droit civil et matrimonial que
des questions éthiques, philosophiques et médicales. Le Talmud est constitué de deux parties : la Mishna
et la Guemara.

La Mishna est une compilation d'opinions et de débats sur la halakha.

Selon les historiens, après que des centaines de milliers de juifs furent tués par les Romains au début du
premier millénaire, et alors que la halakha devenait de plus en plus complexe, il devint impératif de
codifier la tradition par écrit. C’est ainsi que Judah Ha-Nasi (aussi appelé Rabbi) compila ces lois et créa
la Mishna.

Celle-ci est écrite dans un style direct, laconique, rapportant brièvement les opinions des rabbins débattant
d'un sujet donné.

Le texte présente les lois de façon thématique et non chronologique, par opposition au style narratif de la
Torah écrite.

Il est organisé en six sedarim : Zeraim (qui traite des bénédictions et lois agricoles), Moed (qui traite des
lois du Chabbat et des fêtes), Nashim (qui concerne les lois familiales et matrimoniales), Nezikin (code
civil juif, il contient également le Pirké avot), Kodashim (consacré aux lois relatives au fonctionnement
du Temple de Jérusalem ainsi qu’aux lois alimentaires) et Taharot (consacré aux lois de pureté en
général).

La Guémara arrive quelques siècles plus tard et contient les analyses, débats et discussions des rabbins
des écoles talmudiques d'Israël et de Babylonie, sur les enseignements de la Mishna.

Enfin, le Talmud est lui-même complété par de nombreux commentaires appelés « midrash ».

72
Les mots à connaître

• Halakha : loi juive


• Talmud : corpus de doctrine concernant la Torah écrite, mise par écrit de la Torah orale
• Mishna : commentaires de la halakha
• Guémara : commentaires de la Mishna
• Midrash : exégèses du Talmud
• Sedarim : ordres, pluriel de « seder »

73
74
Titre 2 – La pratique religieuse
Il faut savoir que nous ne sommes pas tous égaux face à l’observance des mitsvot. Tous les
commandements négatifs s’appliquent aux hommes et aux femmes sans distinction, mais ce n’est pas le
cas des commandements positifs. En effet, les femmes sont exemptées des commandements positifs
lorsqu’ils doivent s’effectuer à un moment précis de la journée.

Les rabbins expliquent cette différence de traitement par le fait que les femmes sont souvent occupées par
l’éducation des enfants et l’entretien de la maison, ce qui les empêche de se consacrer à leur vie spirituelle
autant qu’elles le souhaiteraient. C’est pour ces raisons qu’il n’est pas recommandé aux femmes de porter
le talith, ni d’assister aux offices quotidiens à la synagogue.

1) L’office religieux
Dans toutes les synagogues, il y’a trois offices par jour : Arvit ou Maariv (le service du soir), Chaharit (le
service du matin) et Minh’a (le service de l’après-midi). Les jours de Chabbat et de fête s’ajoute le
Moussaf, après le service du matin.

Aux offices du matin et du soir, nous récitons le Chema Israël. Ce texte, que l’on trouve dans le
Deutéronome, contient l’idée fondatrice du judaïsme : Dieu est Un.

Le Chema Israël est considéré comme la profession de foi du judaïsme et tous les juifs le connaissent, au
moins partiellement.

Premier passage du Chema Israël

Chema Israël Ado-naï élohénou Ado-naï ehad


(Écoute Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est Un)

Baroukh chem kévode malkhouto léolam vaéde,


Vea avta ete Ado-naï eloekha bekhol levavkha ouv khol nafchekha ouv khol meodekha,
Veayou adevarim aele acher anokhi metsavekha ayom el levavekha,
Vechinane tam levanekha vedibarta bam,
bechiv tekha bevetekha ouv lekhtdkha vaderekh ouv chokhbekha, ouv koumekha.
Ouk chartam leote al yadekha, veayou letotafote ben enekha,
Oukhtavtam al mezouzote betekha ouvicharekha.

(Deutéronome 6:4-9)

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Le texte du Chema se compose de trois parties. La première partie proclame l’unicité de Dieu et l’amour
éternel que l’on doit Lui porter. Elle concerne aussi l’obligation de fixer des mezouzot sur les pivots de
nos portes. Le second passage traite des récompenses et des châtiments encourus si l’on se détourne de
Lui. Le dernier passage comporte le commandement des tsitsit à porter aux coins du vêtement afin que les
mitsvot ne quittent jamais nos pensées.

Lors des offices du lundi et jeudi matin ainsi que le vendredi soir, nous lisons une partie de la paracha
hebdomadaire. Le samedi matin, lors de l’office du Chabbat, nous lisons l’intégralité de la paracha.
Après quoi, nous lisons la haftara correspondante.

Lors des trois offices quotidiens, nous récitons l’une des prières juives les plus importantes : la Amida. Ce
texte est aussi appelé « prière murmurée » ou Chemoné esré (les dix-huit).

Malgré son nom, la Amida contient dix-neuf bénédictions : les trois premières sont des louanges aux
Patriarches, aux merveilles divines et à la sainteté de Dieu. Les bénédictions suivantes sont des
sollicitations à la connaissance, à la repentance, au pardon, à la rédemption, à la guérison et à la
prospérité. Les sept bénédictions d’après concernent la restauration du Temple de Jérusalem et la dernière
contient le souhait que toutes ces prières soient entendues par Dieu afin qu’elles se réalisent.

Les jours de Chabbat et de fête, la Amida ne comportent que sept bénédictions. Le passage central est
remplacé par une bénédiction unique relative à la sanctification du jour particulier. On ne demande rien à
Dieu.

Cette prière se prononce debout, tourné en direction de Jérusalem, les pieds joints et la tête légèrement
inclinée. Les mots qu’elle contient se murmurent et, lorsque l’on prononce la phrase solennelle « Ado-naï
séfataï tifta’h », nous pensons à demander à Dieu la permission de s’exprimer devant Lui car, lors de la
Amida, nous sommes en contact direct avec l’Eternel.

Apres avoir récité le dernier « yihyou lératsone », nous nous prosternons et reculons de trois petits pas,
tout en demeurant incliné. Puis, nous nous penchons vers la gauche en disant : « Ossé chalome
bimromav », puis vers la droite en disant : « hou véra’hamav ya’assé chalome ’alénou », et enfin au
centre en disant : « vé’al kol ’amo Israël », avant de nous redresser.

Une fois la prière terminée, nous restons à notre place jusqu’à ce que l’officiant débute la répétition de la
Amida à voix haute. Puis, nous rejoignons notre siège.

Si vous avez fini en avance, ne vous retournez pas vers les autres fidèles afin de ne pas les déranger dans
leur prière.

Enfin, chaque office traditionnel se termine par l’Aleinou, qui proclame l’unicité de Dieu et l’espoir d’une
harmonie universelle, et par le kaddich des endeuillés, récité par ceux qui pleurent la perte d’un parent, ou
par toute la communauté qui se lève pour l’occasion.

76
Les mots à connaître

• Chema Israël : profession de foi du judaïsme


• Mezouzot : pluriel de « mezouza »
• Amida : prière murmurée
• Tsitsit : franges rituelles
• Talith : châle de prière

77
2) La synagogue
Dans le cadre d’une démarche de conversion, vous devez fréquenter assidûment une communauté
pendant, au moins, une année.

La synagogue est un lieu de prière mais aussi un lieu de rencontre et d’étude. C’est un centre de vie
communautaire. Les synagogues sont ouvertes à tous ceux qui souhaitent la visiter ou assister à un office
religieux.

Malgré le fait que toutes les communautés soient différentes, vous y trouverez toujours le même
personnel et le même mobilier synagogal.

En effet, dans toutes les synagogues, vous rencontrerez un rabbin et un hazan.

Le rabbin est un guide spirituel et l’autorité en matière de loi juive. Il n’est pas indispensable à la
célébration des offices mais il est d’usage qu’il mène les grands évènements rituels. Il administre la
synagogue, gère la communauté, conseille les fidèles et délivre des enseignements hebdomadaires. Pour
devenir rabbin, le candidat suit généralement un cursus universitaire de cinq ans au sein d’une école
rabbinique ou d’une yéchiva en Israël. Il reçoit ensuite l’ordination (semiha) d’un autre rabbin qui le juge
prêt.

Le hazan est l’officiant de la prière ou celui qui assiste le rabbin dans ce rôle. Dans les synagogues
traditionnelles, il dirige véritablement l’office et chante les psaumes. Comme le rabbin, il suit un
enseignement spécifique au sein des écoles rabbiniques.

Le culte, en lui-même, s’organise autour de plusieurs objets communs à toutes les synagogues.

Il y’a d’abord l’arone hakodesh, l’arche sainte, qui contient les sifrei Torah. Elle est accrochée sur le mur
Est de la synagogue et est souvent recouverte d’un rideau en velours.

Il y’a aussi la bimah, l’estrade, d’où est lue la Torah et l’office dirigé.

Sur la bimah repose la teva, pupitre sur lequel est posée la Torah, qui rappelle l’autel du Temple.

Enfin, l’officiant procède à la lecture des textes saints à l’aide d’un yad, car il est interdit de toucher le
sefer Torah à mains nues.

Dans toutes les synagogues consistoriales, orthodoxes et traditionnelles, les hommes et les femmes sont
séparés. Cette mehitsa (séparation) peut être matérialisée par un simple rideau, par une cloison ou une
mezzanine. Il est évident que dans certaines synagogues, les femmes sont moins bien installées que les
hommes, la prière y est donc moins agréable.

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Les mots à connaître

• Hazan : chantre
• Yéchiva : école rabbinique en Israël
• Semiha : ordination des rabbins, tradition biblique pour la transmission de l’autorité
religieuse
• Sifrei Torah : rouleaux de la Torah, pluriel de « sefer Torah »
• Bimah : estrade d’où l’office est dirigé
• Teva : pupitre sur lequel est posée la Torah
• Yad : main en argent ou en bois servant à la lecture des textes saints
• Mehitsa : séparation

79
3) La tenue vestimentaire
Dans le judaïsme, la façon de se vêtir obéit à des règles spécifiques, plus souvent d’origine rabbinique que
biblique.

La règle générale est que les juifs doivent toujours paraître en public dans une tenue digne et appropriée
aux circonstances.

Pour les femmes, la tenue doit être tsniout, une tenue modeste et pudique. L’usage du pantalon est
proscrit et les jambes doivent être couvertes jusqu’aux genoux. Biensur, les cols ne doivent pas être trop
décolletés, ni les chemisiers transparents. Il est aussi d’usage pour les femmes mariées de se couvrir les
cheveux à l’aide d’un shaytl, d’un foulard.

En résumé, la tenue doit être digne car Dieu est partout et les juifs doivent se montrer respectueux envers
Lui, à tous moments de la journée.

Les hommes doivent aussi s’astreindre à la pudeur et à la modestie, en se couvrant la tête d’une kippa.
Certains la portent en permanence et d’autres seulement dans les lieux de culte et durant la prière.

Le Talmud nous apprend que le port de la kippa est un signe de respect envers Dieu qui est l'Autorité
suprême « au-dessus de nous » (Kiddouchim 31a) et qu’Il nous observe en permanence.

La kippa est le symbole le plus visible de l’identité juive.

Les hommes doivent aussi porter des tsitsit, aux coins de leurs vêtements, qui rappellent la présence de
Dieu et des commandements ainsi qu’il est dit dans la Torah : « Et l'Éternel dit à Moïse : Parle aux
Enfants d'Israël et dis-leur qu'ils se fassent, de génération en génération, des tsitsit aux bords de leurs
vêtements » (Nombres 15:37-41) et « Tu mettras des franges aux quatre coins du vêtement dont tu te
couvriras » (Deutéronome 22:12).

En outre, pendant les offices à la synagogue et lors des prières individuelles, les hommes portent un talith,
lui-même garni de tsitsit.

Ce châle de prière est un rectangle généralement blanc, en lin, soie ou coton. Il est porté par tous les
hommes à partir de la bar mitsvah.

Les juifs religieux portent en permanence un petit talith sous leurs vêtements dont les tsitsit sont
parfois visibles.

Enfin, les hommes ont pour obligation de revêtir leurs tefilines pendant la prière du matin, sauf Chabbat et
les jours de fête, conformément au commandement qui se trouve dans le Deutéronome, au sein de la
section Chema Israël (Deutéronome 6:5-9).

Les tefilines sont constituées de deux boitiers noirs contenant quatre passages de la Torah, calligraphiés
sur un petit parchemin.

Ils se fixent à la tête et au bras gauche, grâce à des lanières de cuir.

80
Les mots à connaître

• Tsniout : pudeur
• Kippa : calotte ronde et flexible
• Shaytl : foulard porté par les femmes mariées pour se couvrir la tête en signe de respect
• Tsitsit : franges rituelles
• Talith : châle de prière
• Tefilines : phylactères

81
4) La maison juive
Deux objets sont caractéristiques des maisons juives : la mezouza et la menorah.

La mezouza est un étui, rectangulaire et rigide, fixé sur le linteau droit de la porte d’entrée et des autres
pièces où l’on séjourne habituellement.

Elle rappelle à celui qui entre que cette maison est un sanctuaire de Dieu. Elle symbolise la sainteté du
foyer juif et manifeste au public que Dieu veille sur cette demeure et sur ses habitants.

Ce petit étui contient un parchemin sur lequel sont calligraphiés, à la main, les deux premiers paragraphes
du Chema Israël et de Vehaya, ainsi qu’il est dit : « Tu inscriras mes commandements sur les montants de
ta maison et sur tes portes » (Deutéronome 6:9 ; 11:20).

Le texte du Chema Israël affirme le principe de l'unité de Dieu et rappelle notre devoir éternel et sacré de
ne servir que Lui. Le texte Vehaya exprime la promesse de Dieu de nous récompenser si nous respectons
les préceptes de la Torah, et inversement si nous désobéissons.

Avant de fixer une mezouza au linteau d’une porte, il faut réciter la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou méléch haolam achère kidéchanou bémitsvotav vétsivanou likboa
mezouza »

Celle-ci doit être fixée à droite de la porte, dans le sens de l'entrée, accrochée de façon à ce que la partie
supérieure de l’étui soit inclinée vers l'intérieur de la pièce, en bas du tiers supérieur de la hauteur de la
porte et sur l'encadrement extérieur.

On ne pose pas de mezouza aux portes des toilettes ni de la salle de bain.

Lorsque l’on entre dans un foyer juif, il est de coutume de toucher la mezouza du bout des doigts et de les
embrasser ensuite, en signe de révérence et de respect.

En plus de la mezouza, la plupart des familles juives possèdent généralement une menorah.

La menorah est un chandelier à sept branches dont la fabrication est prescrite dans l’Exode pour devenir
un outil de culte au Temple.

Ce chandelier est utilisé par les familles juives pour allumer les bougies de Chabbat et des fêtes (sauf
Hanoucca). Les flammes des bougies symbolisent la shekhina, la présence de Dieu dans le foyer.

Il ne faut pas confondre la menorah avec la hanouccia, le chandelier à huit branches, utilisé pour
l’allumage des bougies de Hanoucca.

82
Les mots à connaître

• Mezouza : étui fixé sur le linteau droit des portes


• Menorah : chandelier à sept branches
• Shekhina : présence divine
• Hanouccia : chandelier à huit branches

83
5) Les bénédictions matinales
Dès le réveil, la nouvelle journée doit être placée sous le signe de la kedoucha (sainteté). Dans le
judaïsme, le sommeil est assimilé à une petite mort, c’est pourquoi, le matin, nous devons remercier Dieu
de nous avoir rendu notre conscience et notre âme.

Lorsque nous nous éveillons, notre corps étant assimilé à un cadavre, celui-ci est impur. Pour le purifier et
le rendre apte à servir Dieu pendant la journée, il faut procéder à un rituel spécifique.

Pour commencer, lorsque nos yeux s’ouvrent, il faut prononcer la bénédiction suivante :

« Modé (ou Moda pour les femmes) ani léfanèkha, mélèkh haï vékaïam chéhè’hézarta bi nichmati
bé’hèmla raba émounatèkha »

Il faut ensuite se rendre à la salle de bain pour effectuer l’ablution des mains (netilat yadaïm), comme le
faisait le cohen gadol, au Temple de Jérusalem, avant de prendre son service. On saisit un kelli (un broc)
que l’on remplit d’eau. On le prend de la main droite, qui le donne à la main gauche, pour se faire laver en
premier. La main gauche verse trois fois de l’eau sur la main droite, puis la main gauche remet le broc à la
main droite, pour se faire laver à son tour trois fois.

Après s’être essuyé les mains, on se rend aux toilettes, puis, on retourne dans la salle de bain pour se laver
le corps.

Une fois la toilette terminée, et après s’être habillé, on procède à nouveau à la netilat yadaïm, suivie de la
bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï Elohénou mélech haolam achère kidéchanou bémitsvotav vetisivanou al netilat
yadayim »

Enfin, on sort de la salle de bain, on élève ses mains au visage et on prononce la bénédiction Achèr
yatsar , par laquelle on rend hommage à Dieu d’avoir crée le corps humain :

« Baroukh ata ado-naï élo-énou mélèkh haolam achér yatsar èt a-adam békhokhma.
Ouvara vo nékavim nékavim. 
 H’aloulim Haloulim. Galoui’ vé-yadoua lifné khissé khévodékha ché-
im yissatèm eHad mé-èm o im yipataH’ eHad méhém ey éfchar lé- it-ka-yèm afilou cha-â eH’at.
Baroukh ata Ado-naï rofé khol bassar oumafli laahassot »

Pour les femmes, le rituel de purification est terminé. Les hommes, eux, doivent mettre le talith et les
tefilines et réciter, au moins, le premier paragraphe du Chema Israël.

84
Les mots à connaître

• Kédoucha : sainteté
• Nétilat yadaïm : ablution des mains
• Kelli : récipient, broc
• Cohen gadol : prêtre au Temple de Jérusalem
• Téfilines : philactères

85
6) La mise du talith et des tefilines
Ce petit paragraphe ne concerne que les hommes âgés de plus de treize ans. Ce rituel s’effectue tous les
matins, sauf Chabbat et les jours de fête.

Le talith est un châle de prière qui comporte quatre œillets. De part et d’autre de chacun des œillets se
trouvent quatre fils appelés « tsitsit », attachés en cinq nœuds. Ces franges ont pour objet de rappeler, à
celui qui les portent, les commandements de Dieu et l’obligation de les appliquer.

Avant de le revêtir, il faut le déployer devant soi et réciter la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï Elohénou Mélekh Haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehit’atef
bétsitsit »

Il faut ensuite s’en recouvrir, comme d’une tunique, tête comprise. On médite ainsi le temps de faire
quatre pas, puis on se découvre la tête.

Il faut ensuite mettre les tefilines. Dans les boitiers, il y’a quatre extraits de la Torah, les trois premiers
sont ceux du Chema Israël et le quatrième texte est Kadechli kol béro. Le texte de Kadechli évoque
plusieurs commandements : le rachat des premiers-nés, l’interdiction de posséder ou de consommer du
hamets pdt les 7 jours de Pessah’ et l’ordre de transmettre l’histoire de la sortie d’Egypte.

On dispose le tefiline du bras sur le biceps gauche (droit pour un gaucher). Le boîtier est dirigé vers le
cœur et le nœud coulant est fixé sur le boîtier, puis on dit :

« Baroukh ata ado-naï elohénou melekh haolam, acher kidéchanou bemitsvotav vetsivanou léhania'h
tefiline »

Ensuite, on serre la lanière, en l'enroulant deux fois sur le boîtier (ce qui forme la lettre "Chine"). On fait
ensuite sept tours autour de l'avant-bras. Le reste de la lanière est enroulé autour de la paume de la main.

On prend le tefiline de la tête et on pose le boîtier au-dessus du front, de sorte qu’en levant les yeux, on ne
puisse pas le voir. Le nœud doit se trouver juste au-dessus du cou. On ramène ensuite les deux lanières
sur le devant.

Si vous vous êtes interrompu entre la mise du tefiline du bras et la mise du tefiline de la tête, il faut
prononcer la bénédiction suivante en mettant ce dernier :

« Baroukh ata ado-naï élohénou melekh haolam achèr kidéchanou bémitsvotav vétsivanou al mitsvat
tefiline »

On déroule ensuite la lanière qui entoure la paume de main et on en fait trois tours autour du majeur : le
premier autour de la phalange la plus proche de la paume, le second autour de la phalange intermédiaire et
le troisième, à nouveau, sur la première phalange. Le morceau de lanière restant est enroulé autour de la
paume.

Si, pour une raison quelconque, vous n’avez pas pu mettre vos tefilines le matin, sachez qu’il est
possible de les mettre plus tard dans la journée, avant le coucher du soleil.

86
Titre 3 – Toutes les bénédictions
Nombreuses sont les bénédictions à connaître pour pratiquer le judaïsme traditionnel. Voici celles que
vous devez maîtriser.

1) L’ablution des mains (netilat yadayim), avant de consommer du pain et chaque matin avant Achèr
yatsar :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam achère kidéchanou bémitsvotav vetisivanou al netilat
yadayim »

2) Avant de consommer de la bière, alcool, œuf, poisson, fromage, aliment non végétal, pastèque, jus de
fruits :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam chehakol niya bidvaro »

3) Avant de consommer du pain :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam hamotsi le’hem mine haarets »

4) Avant de consommer un fruit de l’arbre (sauf banane et fraise) :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam bore peri haetz »

5) Avant de consommer un fruit de la terre :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam bore peri aadama »

6) Avant de consommer un aliment à base de pate, riz ou un gâteau :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam bore mine mezonot »

7) Avant de consommer du vin :

« Baroukh ata ado-nay elohénou mélekh haolam bore peri aguefen »

8) Quand on sent une bonne odeur :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam bore mine bessamim »

9) Après avoir consommer du fromage, des boissons, du chocolat, de la viande (quand on n’a pas mangé
de pain, ni pâtisserie, ni vin, ni les cinq fruits d’Israël) :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam bore nefashot rabot vechesronan al kol ma shebarata
lehachayot bahèm nefesh kol ch’aï »

87
10) Le matin, après avoir effectué une toilette complète et récité « netilat yadayim », ainsi qu’après
chaque passage aux toilettes après s’être lavé les mains, on récite « Achèr yatsar » :

« Baroukh ata ado-naï élo-énou mélèkh haolam achér yatsar èt a-adam békhokhma.
Ouvara vo nékavim nékavim. 
 H’aloulim Haloulim. Galoui’ vé-yadoua lifné khissé khévodékha ché-im
yissatèm eHad mé-èm o im yipataH’ eHad méhém ey éfchar lé- it-ka-yèm afilou cha-â eH’at.
Baroukh ata ado-naï rofé khol bassar oumafli laahassot »

11) Après avoir consommer un repas avec du pain, on récite la « Birkat Hamazone » :

Pour Hanoucca et Pourim : on insère « al Hanissim ».


Pour Chabbat : on insère « rétsé véa halitsénou ».
Pour Roch rodesh, Pessah, Chavouot, Souccot, Roch Hachana, Yom tov : « ya halé vé yavo ».

12) Avant de fixer une mezouza :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou likboa
mezouza »

13) Avant une immersion au mikvé :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou al hatevila »

14) Avant l’immersion des ustensiles (en métal, verre, aluminium, inox) pour cachérisation :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou al tevilat
kelim »

15) Après une captivité, un long voyage ou une longue maladie :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, hagomèl »

16) Avant un voyage (hors de la ville), on récite la « Tefilat a derech ». Il n’est pas nécessaire de la
connaître par cœur.

17) Après un évènement heureux, des retrouvailles après trente jours de séparation, un nouveau fruit, un
nouveau vêtement :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, chéhé héianou vékiémanou véhigui anou lazémane
hazé »

18) A l’occasion d’une joie personnelle :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, a tov véhamétiv »

19) A l’occasion des retrouvailles, avec un ami, après une année de séparation :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, méhayé hamétim »

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20) Après un décès :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, dayan ha émet »

21) Lorsqu’on entend le tonnerre :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, chékocho ougvourato malé olam »

22) Lorsqu’on voit la mer Méditerranée :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, chéhassa èt hayam agadol »

23) Lorsqu’on voit un arc-en-ciel :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, zorèr a bérit néeman bivrito vékayam béma hamaro »

24) Lorsqu’on voit un miracle de la nature (montagnes, éclaires, chutes d’eaux etc.) :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, ossé maassé béréchit »

25) Lorsque l’on ouvre la Torah :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou al divré
Torah »

26) Avant le prélèvement de la halla :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehafrich
hala terouma »

27) Avant une fusion des plats (erouv tavchilin), fusion des cours (erouv hatséroth), fusion des distances
(erouv tehoumim) :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou al mistvat
erouv »

28) Pour l’allumage des bougies :

De Chabbat :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl Chabbat »

De Pessah’, Souccot, Chavouot :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl yom tov »

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De Chabbat + Pessah’, Souccot, Chavouot :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl Chabbat véchèl yom tov »

De Roch Hachana :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl yom hazikarone »

On récite ensuite :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, chéhé héianou vékiémanou véhigui anou lazémane
hazé »

De Chabbat + Roch Hachana :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl Chabbat véchèl yom hazikarone »

De Kippour :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl yom hakippourim »

De Chabbat + Kippour :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl Chabbat véchèl yom hakippourim »

De Hanoucca (le premier soir) :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl Hanoucca »

On récite ensuite :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, he-assah nissim leavoteynou ba-yamim ha-haym
baz’man hazeh »
Puis :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, chéhé héianou vékiémanou véhigui anou lazémane
hazé »

Les autres soirs de Hanoucca :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl Hanoucca »

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Puis :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, he-assah nissim leavoteynou ba-yamim ha-haym
baz’man hazeh »

De Chabbat + Hanoucca :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik nèr
chèl Chabbat véchèl Hanoucca »

29) Les kiddouchim :

Kiddouch Vendredi soir : « Yom hachichi ».


Kiddouch Samedi midi : « Véchamérou ».
Kiddouch des fêtes : « Elé moadé achem, mikra é kodesh ».

30) Bénédictions de la havdala (à la fin de Chabbat) :

Sur le vin : « Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam boré peri aguefen »
Sur un parfum élaboré : « Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, boré miné véssamim »
Sur des herbes aromatiques : « Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, boré isbé véssamim »
Sur une fleur avec une branche : « Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, boré atsé véssamim »
Sur une flamme : « Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, boré méhoré haèch »

31) Bénédiction au réveil :

« Modé (ou Moda pour une femme) ani léfanékha, mélékh 'haï vékayam,
chéhé'hézarta bi nichmati
bé'hémla, rabba émounatékha »

32) Avant le repas dans la souccah :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou léchève
bassouccah »

33) Mehen chaloch :

Cette bénédiction est spéciale et doit être su par cœur. Lors de l’examen écrit, il vous sera probablement
demandé de l’écrire intégralement en phonétique. Celle-ci se récite après avoir consommé une quantité
suffisante de vin, de pâtisserie ou l’un des cinq fruits d’Israël (dattes, figues, raisins, grenades, olives).
Elle comporte trois parties distinctes : le début, le corps, la fin.

Le début est toujours le même : « Barouch ata ado-naï, eloheinou melech aoloam », puis, la suite de la
phrase varie en fonction de ce que vous avez mangé :
• Si vous avez consommé une pâtisserie, on dit : « al amichiya veal hakalkala »
• Si vous avez consommé du vin, on dit : « al haguefen veal péri haguefen »
• Si vous avez consommé l’un des fruits d’Israël, on dit : « al haetz veal péri haetz »

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Ensuite, le corps de la bénédiction est toujours le même, on poursuit en récitant :

« Veal ténouvat hasadé, veal eretz chemda tova ourhava cheratsita vé inchalta laavotenou léechol
mipiréya vélisboa mitouva.
Rachem achem eloheinou alénou, veal israel amar, veal yéroushalaim irach, veal char tsion mishkan
kévodar, veal mizbachar, veal échalar, ouvné yéroushalaim ir hakodesh bimhra veyaménou, véalenou
létorah, vésamchénou bévinyana ounvachar aléa bikédousha ouvtahara »

Le Chabbat, on ajoute : « Ourtsé véha halitsénou béyom haChabbat hazé »

Pour la fin, on dit : « Ki ata tov oumétiv lachol vénodé lécha achem eloheinou al haaretz », puis, la suite
de la phrase varie en fonction de ce que vous avez mangé :

• Si vous avez consommé une pâtisserie, on dit : « veal amichiya veal hakalkala »
• Si vous avez consommé du vin, on dit : « veal péri haguefen »
• Si vous avez consommé l’un des fruits d’Israël, on dit : « veal apérot »

34) Avant de mettre le talith :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehit’atef
bétsitsit »

Toutes ces bénédictions sont indissociables du judaïsme orthodoxe et rythment la journée de tous ceux
qui le pratiquent.

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Partie 5

Les célébrations

Dans cette partie, nous étudierons les fêtes, les jeûnes et le Chabbat. Vous verrez que, chez les juifs
pratiquants, on ne s’ennuie jamais, car le déroulement de l’année juive est fréquemment bouleversé par
des évènements plus ou moins festifs, célébrés à la synagogue et chez soi, en famille.

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Titre 1 – Les jours particuliers
Avant d’évoquer les différentes fêtes qui rythment de l’année juive, il faut s’intéresser à certains jours de
fête particuliers.

1) Yom tov

Le Yom tov est un jour chômé dont l’existence découle de la Torah : « Et tu te réjouiras dans ta fête, toi,
et ton fils, et ta fille, et ton serviteur, et ta servante, et le Lévite, et l'étranger, et l'orphelin, et la veuve, qui
sont dans tes portes…et tu ne seras que joyeux » (Deutéronome 16:15).

Les jours de Yom tov sont : les deux jours de Roch Hachana, les deux premiers jours de la fête de
Souccot, le jour de Chemini Atséret, le jour de Sim'hat Torah, les deux premiers jours ainsi que les deux
derniers jours de Pessah’, et enfin, les deux premiers jours de Chavouot.

L’obligation principale qui découle de cette prescription biblique est celle de nous réjouir, le plus possible
(sauf à Roch Hachana).

Pour respecter ce commandement, de nombreuses activités sont interdites.

Pour commencer, tout travail interdit le Chabbat est aussi interdit le Yom tov. Les activités telles
qu’allumer, éteindre, utiliser des appareils électriques, se rendre au travail, manipuler de l'argent ou écrire
sont toutes interdites.

Cependant, tous les interdits de Chabbat ne s’appliquent pas. Ainsi, le Yom tov, il est permis de réaliser
tous les travaux nécessaires à la préparation des repas, ainsi qu’il est dit : « Aucun travail ne pourra être
fait ces jours ; toutefois, ce qui sert à la nourriture de chacun, cela seul vous pourrez le faire » (Chemot
12:16). Il est donc possible de préparer et cuire les aliments.

Concernant l’autorisation de cuire, et bien que cette activité soit licite le Yom tov, il est interdit de créer le
feu permettant la cuisson.

En effet, il n’est possible de cuisiner qu’à partir d’une flamme existante avant le début de la fête. On ne
peut donc pas utiliser de briquet ni les boutons des plaques électriques.

Le plus simple est d’acheter une grosse bougie, qui dure plus de vingt-quatre heures, grâce à laquelle
on peut allumer le gaz ou une allumette. Si l’on a des plaques électriques, il faut les allumer avant la fête.
Pour des raisons de sécurité, il est autorisé d’éteindre les plaques et la gazinière de façon indirecte (cette
dérogation à l’interdiction d’éteindre pendant Yom tov fait débat).

En outre, il est permis de transporter, du domaine privé au domaine public et vice versa, toutes les choses
nécessaires à la fête (talith, livres, nourriture etc.).

Enfin, les règles concernant les objets ne pouvant être utilisés pendant Chabbat (les mouktsé),
s’appliquent pendant Yom tov, exception faite des objets servant à l’accomplissement d’une activité
permise.

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Ainsi, transporter des bougeoirs, ou même une bougie allumée, est interdit le jour du Chabbat mais
permis le Yom Tov.

En pratique, nous prenons deux repas chaque Yom Tov, accompagnés d’un kiddouch. Le premier repas se
prend la veille au soir de la fête et le second durant la journée. C’est une mitsvah de consommer de la
viande et du vin à chaque repas (le verre de vin du kiddouch ne suffit pas à honorer cette obligation).

A la synagogue, trois offices sont organisés : celui du soir, celui du lendemain matin et celui de l’après-
midi. Le matin, on sort les rouleaux de la Torah et cinq personnes sont appelées à y monter (contre sept le
Chabbat) pour lire des passages de différentes paracha.

Une sixième personne est appelée pour le maftir (petite montée de clôture dont le sujet est toujours en
rapport avec la fête). Cette personne sera aussi chargée de lire la haftara.

Les passages de la Torah et la haftara sont choisis en fonction de la fête qui a lieu. Cette lecture
interrompt donc le cycle annuel de lecture de la Torah.

2) Hol’ hamoed

Hol’ hamoed, ou « demi-fête », désigne les jours qui s’écoulent entre le début et la fin des fêtes de
Pessah’ et de Souccot.

Ces jours ne sont pas aussi solennels que les jours de Yom tov mais doivent quand même être honorés par
une joie particulière, de beaux habits et de bons repas. Ces jours doivent se démarquer des simples jours
de la semaine. Sans être des jours chômés, ils doivent conserver l’esprit de la fête qui a lieu.

3) Roch hodech
Le terme « Roch hodech » signifie « tête de la lune » et marque le début d’un nouveau mois. Le
calendrier hébraïque étant un calendrier lunaire, nous célébrons, pendant un ou deux jours, le début de
chaque mois au moment du molad halevana, de l’apparition de la nouvelle lune dans le ciel.

Le molad est donc essentiel car il détermine le Roch hodech, le début du mois.

Les mois de l’année juive sont indexés sur le cycle de la lune et comptent vingt-neuf ou trente jours. À la
fin d’un mois de trente jours, le dernier jour du mois sortant et le premier jour du nouveau mois sont tous
deux Roch hodech. Après un mois de vingt-neuf jours, seul le premier du nouveau mois est Roch hodech.

Comme tous les jours du calendrier juif, Roch hodech commence à la tombée de la nuit du jour
précédent.

Nous célébrons l’évènement en insérant, dans la Birkat hamazone, un paragraphe spécial qui commence
par les mots « Ya halé véyavo », par lesquels nous demandons à Dieu de se souvenir de nous et de nous
agréer en ce moment propice.

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A la synagogue, après la prière du matin, nous récitons une version abrégée du Hallèl (Psaumes 113 à
118).

L’officiant sort les rouleaux de la Torah de l’arche sainte et quatre montées de la paracha Pinhas sont
lues par des fidèles. Ces paragraphes évoquent les sacrifices additionnels pratiqués au Temple de
Jérusalem les jours de Roch hodech, du Chabbat et des fêtes.

Les mots à connaître

• Yom tov : jour chômé


• Hol’ hamoed : demi-fête
• Roch hodech : début du mois juif
• Molad halevana : naissance d’une nouvelle lune

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Titre 2 – Les fêtes du mois de Tichri
Le mois de Tichri est fort en émotions. En effet, c’est à cette période que sont célébrées trois des fêtes les
plus importantes du judaïsme.

1) Le nouvel an juif : Roch Hachana

Le 1er et 2 Tichri

Roch Hachana est la fête qui marque le commencement de la nouvelle année juive. C’est aussi la seule
fête qui coïncide avec la nouvelle lune et qui dure deux jours, à la fois en Israël et en diaspora.

Mais, avant d’entrer dans les détails des spécificités de cette fête, il est nécessaire de s’intéresser au mois
d’Eloul, qui précède le mois de Tichri et la fête de Roch Hachana.

a. Eloul, le mois de la techouva

Le mois d’Eloul est le dernier mois de l’année juive.

Traditionnellement, il s’agit d’une période d’introspection et de bilan des actions et des fautes commises
pendant l’année écoulée.

Ce bilan personnel est nécessaire pour accueillir les jours solennels à venir que sont Roch Hachana et
Yom Kippour.

Le mois d’Eloul est donc un mois réservé au repentir, à la techouva.

Le processus de techouva se compose de trois phases : d’abord, identifier ses fautes et ses manquements,
puis, les regretter avec sincérité et enfin, prendre l’engagement solennel devant Dieu de ne pas récidiver.

Pour encourager les fidèles à effectuer cette démarche intellectuelle, il est d’usage de sonner du chofar
chaque jour du mois d’Eloul (excepté le Chabbat et le dernier jour du mois).

Il est aussi d’usage, lorsque l’on rencontre un ami ou un autre juif, de se bénir mutuellement en se
souhaitant « ketiva ve’hatima tova », ce qui signifie « Puisses-tu être inscrit(e) et scellé(e) dans le Livre
de la vie ».

Pendant le mois d’Eloul, nous récitons aussi des prières de supplication, les seli’hot, qui rappellent les
besoins matériels de l’homme, sa petitesse et ses faiblesses. En récitant ces prières, nous procédons à une
introspection approfondie qui permet d’aborder la nouvelle année avec la crainte et l’humilité requise.

Dans la tradition Séfarade, les seli’hot sont récitées durant tout le mois d’Eloul et jusqu’à Yom Kippour,
alors que dans la tradition Ashkénaze, ces prières ne se récitent que durant la dernière semaine précédent
Roch Hachana.

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b. Roch Hachana, une fête chargée de sens

Le jour de Roch Hachana est le premier jour de la nouvelle année juive, mais il est aussi le jour du
souvenir (yom hazikarone) et surtout le jour du jugement divin (yom hadine).

Le jour de Roch Hachana est appelé « jour du souvenir » car nous nous rappelons de la création de
l’homme sur Terre et nous célébrons la naissance de l’humanité.

En effet, nos sages considèrent que le premier homme, Adam, est né le 1er Tichri de l’année lunaire. En
outre, cet évènement est célébré car, c’est avec la naissance de l’homme que Dieu est reconnu roi de
l’univers. A cette date, nous célébrons donc le couronnement de Dieu sur Terre.

La fête de Roch Hachana est aussi, et surtout, le jour du jugement divin. Contrairement aux autres
cultures qui fêtent le nouvel an avec exubérance, le nouvel an juif est accueilli avec crainte et humilité.

Ce jour là, tous les habitants de la Terre passent devant l’Eternel comme des moutons devant le berger :
un à un et d’un seul coup d’œil, l’Eternel examine les mérites et les fautes de chacun et décide de leur sort
pour l’année à venir.

Concernant la nature des fautes commises, il peut s’agir de fautes volontaires ou involontaires commises
envers l’Eternel et/ou envers son prochain.

La tradition nous dit qu’en ce jour, trois livres sont ouverts devant Dieu. L’un pour les justes, l’autre pour
les moyens et le dernier pour les méchants. Les justes sont immédiatement inscrits dans le Livre de la vie,
les méchants sont immédiatement condamnés à mourir dans l’année et les moyens doivent attendre la fin
de Yom Kippour pour connaître leur sort.

Il est dit que Dieu inscrit le nom de chacun dans ces livres à Roch hachana et qu’il scelle son verdict à
Yom Kippour, après que chaque juif ait procédé à son examen de conscience pendant les « dix jours
redoutables », les dix jours de techouva, qui séparent Roch Hachana de Yom Kippour.

A cet égard, ces deux fêtes forment une paire s’intégrant dans le même processus de réflexion sur soi et
sur son comportement envers les autres. A Roch Hachana, on se repend et à Yom Kippour on espère
obtenir le pardon divin.

Le Talmud nous apprend que le jugement divin est plus favorable lorsque l’on a accompli des actes de
charité, une techouva sincère et de ferventes prières. C’est pourquoi, la veille de Roch Hachana, nous
nous efforçons de résoudre les litiges qui nous opposent à nos proches, à nos amis ou simples
connaissances. Nous leur demandons de nous pardonner pour la peine que nous avons pu leur causer
pendant l’année. On demande alors « me’hila ».

Il est aussi de coutume de se rendre chez un rabbin pour faire annuler les vœux ou engagements que nous
n’avons pas pu honorer. Ce processus d’annulation des vœux s’appelle « hatarat nedarim ».

Roch Hachana est donc une fête solennelle au cours de laquelle notre sort est fixé pour l’année qui
commence, il faut donc s’y préparer avec dévotion.

La célébration commence avec l’allumage des bougies au coucher du soleil. On récite alors les
bénédictions suivantes :

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« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik
nèr chèl yom hazikarone »

Puis,

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, chéhé héianou vékiémanou véhigui anou lazémane
hazé »

On se rend ensuite à la synagogue pour l’office du soir. La Torah est recouverte d’un tissu blanc, en signe
de pureté. Il est aussi d’usage, pour les fidèles, de porter un vêtement blanc et de faire un effort
vestimentaire pour l’occasion.

Après l’office, les fidèles rentrent chez eux pour le seder de Roch Hachana. Ainsi, les deux soirs de fête,
différents aliments sont consommés avec des prières et symbolisent l’espoir d’une bonne nouvelle année.

Ces aliments sont : la datte, le haricot banc, le poireau, la betterave, la courge, la grenade, la pomme, le
miel et la tête de bélier ou de poisson.

Il faut les consommer l’un après l’autre dans un ordre précis, après avoir récité le kiddouch, s’être lavé les
mains et avoir mangé un morceau de pain.

A la synagogue, à l’office de Chaharit (office du matin) l’officiant sort deux sifrei Torah et invite cinq
personnes à lire.

Le premier jour nous lisons le récit de l’accouchement de Sarah, suivi de la haftara correspondante. Le
lendemain matin, nous lisons le récit du sacrifice d’Isaac, suivi, lui aussi, de sa haftara. Un moussaf est
aussi ajouté. C’est lors de cet office supplémentaire que l’officiant sonnera cent fois du chofar, en
souvenir du bélier sacrifié par Abraham à la place d’Isaac et au couronnement de Dieu sur Terre.

Si Roch Hachana coïncide avec Chabbat, on renonce à sonner du chofar pour éviter que celui-ci ne
soit transporté à la synagogue le jour même.

Au moment de Min’ha (office de l’après-midi), on se rend au bord d’un fleuve, d’une rivière ou de
n’importe quel cours d’eau afin d’y jeter des miettes de pain qui symbolisent nos fautes et notre
culpabilité. Nous vidons ainsi nos poches de nos péchés ainsi qu’il est dit : « Et tu rejetteras tous leurs
péchés dans les profondeurs de la mer » (Michée 7:18-19). Ce cérémonial est appelé « tachlikh ».

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c. Le jeûne de Guédalia

Le 3 Tichri

Le lendemain de la fête de Roch Hachana, nous jeûnons en souvenir de l’assassinat du gouverneur juif
Guédalia ben A’hikam, que Nabuchodonosor avait nommé en Erets Israël après avoir détruit le premier
Temple de Jérusalem et exilé la majorité de la population juive en Babylonie. Guédalia fut traitreusement
assassiné par un autre juif, Ismaël ben Néthania, qui ne supportait l’allégeance du gouverneur envers
l’occupant babylonien (Jérémie 40:7-41,18).

Le jeûne de Guédalia commence à l’aube et se termine au coucher du soleil.

Les mots à connaître

• Yom hadine : jour du jugement


• Yom hazikarone : jour du souvenir
• Techouva : repentir, pénitence, retour à Dieu
• Chofar : corne de bélier
• Seli’hot : prières de supplication du mois d’Eloul
• Me’hila : pardon
• Hatarat Nedarim : annulation des vœux pieux
• Yamim noraïm : les dix jours redoutables
• Seder : ordre
• Moussaf : office supplémentaire
• Tachlikh : cérémonial du cours d’eau
• Tsom Guédalia : jeûne de Guédalia

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2) Le jour du pardon : Yom Kippour

Le 10 Tichri

Le jour de Kippour est probablement le jour le plus saint et le plus intense de l’année juive. C’est un
rendez-vous spirituel exceptionnel pour tous les juifs qui, pratiquants ou non, se rendent à la synagogue.

Parfois appelé « le Chabbat des Chabbats », ce jour clôture la période de techouva pendant laquelle le
peuple juif s’est repenti de ses fautes et où Dieu entérine le jugement prononcé à Roch Hachana, dix jours
auparavant.

Ce grand marathon spirituel est marqué par un jeûne complet de vingt-cinq heures, ainsi que par d’autres
rites de mortification. Il commence la veille au soir et se termine le lendemain à la tombée de la nuit.

La veille, le 9 Tichri avant le coucher du soleil, il est d’usage pour les hommes et les femmes de
s’immerger au mikvé, afin d’entamer les prochaines heures sous le signe de la tahora (pureté). Puis, on se
rend à la synagogue pour l’office de Min’ha pendant lequel on ajoute le vidouye (prière consacrée à la
confession des péchés).

Il est aussi fréquent que l’on procède à des rites d’expiations, les kapparot. Il s’agit de prendre un coq ou
une poule dans une main, un livre de prière dans l’autre et de prononcer « zo halifati, zo témourati »
(« ceci est ma compensation, ceci est mon expiation ») en faisant tourner l’animal trois fois au dessus de
sa tête. Ce cérémonial a pour but de transférer sur l’animal les malédictions auxquelles nous nous sommes
potentiellement exposés pendant l’année, mais cet usage n’est pas très pratiqué par les juifs qui préfèrent
souvent donner de la tsedaka à la place.

De retour à la maison, nous nous s’installons à table pour la seouda mafsèkèt, le dernier repas avant le
début du jeûne. Ce repas doit être pris suffisamment tôt pour être achevé au moins une demi-heure avant
le coucher du soleil. Une fois le soleil couché, on allume les bougies, comme pour toutes les fêtes, et l’on
récite la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik
nèr chèl yom hakippourim »

Lorsque les bougies de la fête sont allumées, le jeûne commence et nous nous rendons à la synagogue
pour l’office du soir.

Dès lors, il est interdit de boire, de manger, de se baigner et de se parfumer, de porter des chaussures en
cuir et d’avoir des relations sexuelles.

Ces interdictions spécifiques au jour de Kippour s’ajoutent à celles de Chabbat. Elles s’appliquent à tous
les adultes, âgés de plus de treize ans pour les garçons et douze ans pour les filles.

Ne sont exemptées que les femmes qui viennent d’accoucher et les personnes gravement malades, après
avis du rabbin.

Par ailleurs, Yom Kippour obéit à trois grands principes : la techouva (le repentir), la tefila (la prière dans
laquelle on ouvre son cœur à Dieu et l’on confesse ses péchés) et la tsedaka (la charité).

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Après un repentir sincère, les fautes commises envers Dieu seront effacées. Cependant, les fautes
commises envers son prochain ne seront effacées qu’après avoir obtenu son pardon.

Pendant ces vingt-cinq heures, les offices se succèdent dans l’ordre habituel avec quelques spécificités :

• Kol Nidré, suivi de Arvit


• Chaharit, suivi de Keriath hatorah
• Moussaf
• Min’ha, précédée de Keriath hatorah
• Neilah

L’office du soir commence donc par le Kol Nidré. Cette prière est un texte écrit en araméen qui marque le
début de l’office d’Arvit et du jeûne. Nous prions Dieu de considérer comme nuls et non avenus tous les
vœux et engagements que nous n’avons pas honoré pendant l’année. Mais seuls les engagements
concernant les choses permises, que l’on s’est interdites, seront annulés. Pour le reste, les juifs doivent
tenir leurs promesses, envers Dieu et envers les autres.

Traditionnellement, tous les hommes portent leur talith, symbole de la pureté des anges.

Au cours des offices suivants, les juifs récitent notamment la Amida et prient sans interruption jusqu’à la
Neilah, la prière de clôture des portes célestes, qui met un terme à la journée de Kippour.

Lors de la Neilah, l’assemblée récite le Avinou Malkenou (Notre Père, Notre Roi) et d’autres prières. Il est
aussi de coutume de réciter le Yizkor, en souvenir de ses proches disparus.

Enfin, une longue et unique sonnerie de chofar retentie et conclue l’office. L’assemblée dit alors à haute
voix « Lechana haba’a biyrouchalaïm » (« L’an prochain à Jérusalem ») ! Dès lors, chacun sait que
l’Eternel a pardonné au peuple qui s’est sincèrement repenti de toutes ses fautes et la nouvelle année peut
commencer du bon pied.

De retour chez soi, avant d’entamer la seouda tsioum, le repas cassant le jeûne, il est bon de commencer
la construction symbolique de la souccah, en vue de la fête de Souccot à venir.

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Les mots à connaître

• Vidouye : prière consacrée à la confession des péchés la veille de Yom Kippour


• Seouda mafsèkèt : dernier repas avant le début du jeûne de Yom Kippour
• Techouva : repentir
• Tefila : prière
• Tsedaka : charité
• Kapparot : rites d’expiation
• Keriath hatorah : lecture de la Torah
• Kol Nidré : tous les engagements, première prière de Yom Kippour
• Seouda tsioum : repas marquant la fin du jeûne de Yom Kippour
• Souccot : fête des cabanes
• Souccah : cabane

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3) La fête des cabanes : Souccot

Du 15 au 21 Tichri

Avec Pessah et Chavouot, Souccot est l’une des Chaloch régalim, l’une des trois fêtes de pèlerinage,
instituées par la Torah et au cours desquelles il fallait impérativement se rendre au Temple de Jérusalem.

La fête de Souccot commémore l’errance des hébreux dans le désert et leur séjour dans des cabanes, après
leur sortie d’Egypte.

Elle commence à la pleine lune du mois de Tichri, cinq jours après Yom Kippour. Elle dure sept jours en
Israël et neuf jours en diaspora, car le premier et le dernier jour sont doublés.

Le huitième jour est appelé « Chemini atsèrèt » (arrêt du travail) et le neuvième jour est appelé « Sim’hat
Torah » (la joie de la Torah).

a. Le commandement de la souccah

Pendant cette semaine de fête, la Torah nous ordonne d’habiter dans une cabane, ainsi qu’il est dit :
« Vous habiterez des souccot sept jours durant, afin que vos descendants sachent que c’est dans des
souccot que J’ai fait habiter leurs ancêtres après les avoir fait sortir d’Egypte » (Lévitique 23:42).

Ce commandement a une triple signification. D’abord, il nous rappelle les conditions de vie des hébreux
dans le désert du Sinaï, pendant l’Exode. Ensuite, cette habitation précaire symbolise la fragilité de
l’existence. Enfin, en vivant à ciel ouvert, il rappelle à l’homme qu’il bénéficie de la protection divine et
qu’il doit avoir confiance en l’Eternel. En construisant cette cabane, nous reconnaissons qu’Il est le maître
de la nature et que c’est Lui qui nous donne notre nourriture.

Pour atteindre un tel degré de spiritualité, la construction de la souccah doit respecter des règles
complexes mais qui peuvent être résumées ainsi : elle doit être constituée de quatre parois solides,
capables de résister au vent, et d’un toit en feuillages assez fourni (le sekhakh), nous permettant de voir
les étoiles tout en donnant de l’ombre.

L’intérieur de la souccah est orné de fleurs, fruits et ouchpizine (portraits des Patriarches : Abraham,
Isaac, Jacob, Moïse, Aharon, Joseph et du roi David).

La cabane doit être assez grande pour que la famille et les amis puissent y prendre leurs repas. En effet,
celle-ci doit, en principe, remplacer notre domicile habituel. Cependant, il est d’usage aujourd’hui de ne
s’y rendre que pour prendre ses repas ou pour y faire les bénédictions sur le vin et sur le pain.

Avant chaque repas, en plus des bénédictions habituelles sur le vin, le pain et les autres aliments, on
ajoute une prière spécifique :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou léchève
bassouccah »

106
b. Le commandement du loulav

La fête de Souccot ne se cantonne pas au commandement de la souccah, il y’en a un autre qui symbolise
la reconnaissance du peuple d’Israël pour la récolte que l’Eternel lui accorde chaque année : le
commandement des arba’at minim ou du loulav (Lévitique 23:40).

Le loulav est la représentation miniature du monde végétal. Il se compose d’une branche de palmier
pointue (loulav), de deux tiges de saule (aravah), de trois tiges de myrte (hadass) et d’un cédrat (etrog).
Ces plantes, à l’exception du cédrat, sont liées ensemble et forment un bouquet.

Le cérémonial du loulav a lieu tous les jours de Souccot, lors de la lecture du hallèl (du Psaume 113 au
Psaume 118) que nous récitons tous les jours de la fête, après la lecture de la Amida du matin.

Il se déroule comme suit : on tient les trois plantes dans la main droite et le cédrat dans la main gauche, on
joint les deux mains puis on agite les quatre espèces dans six directions : le haut, le bas, l’est, l’ouest, le
sud et le nord.

Ces mouvements symbolisent notre joie d’avoir été acquittés de nos fautes à Yom Kippour et notre
volonté de glorifier la suprématie divine partout sur Terre.

Le Chabbat, nous n’accomplissons pas cette mitsvah afin de ne pas transporter le loulav dans le
domaine public.

Enfin, une fois la lecture du hallèl terminée, on sort un sefer Torah de l’arche sainte, que l’on pose sur le
pupitre (la teva) autour duquel l’assemblée entame les hakafot (processions circulaires de Souccot). Les
fidèles chantent des cantiques et demandent à Dieu « hocha’ana rabba » (« secours-nous ») !

c. Chemini atsèrèt

Le 22 et 23 Tichri

Le huitième jour de Souccot est appelé « Chemini atsèrèt » et clôture l’ensemble des fêtes du mois de
Tichri.

En Israël, cette fête ne dure qu’une journée alors qu’en diaspora celle-ci dure deux jours. En dépit du fait
que ces jours soient associés à la fête de Souccot, ils constituent une fête indépendante que nous
accueillons par un nouvel allumage de bougies.

Ces jours là nous ne travaillons pas car il est dit : « et, au huitième jour, ce sera une atsèrèt pour vous ;
vous n’y ferez aucun travail » (Nombres 29:35).

En diaspora, lors de Chemini atsèrèt, nous continuons de manger dans la souccah. Cependant, nous
cessons d’accomplir la mitsvah du loulav, qui n’est observée que pendant les sept jours de Souccot.

107
d. La fête de Sim’hat Torah

Le 23 Tichri

Le deuxième jour de Chemini atsèrèt, commence la fête de Sim’hat Torah, la fête de « la joie de la
Torah ». A cette occasion, nous nous réjouissons d’avoir reçu la loi divine et célébrons son existence.

A la synagogue, nous achevons et recommençons le cycle annuel de lecture de la Torah et nous dansons
avec elle.

La lecture de la Torah s’achève avec la dernière paracha : Vézot haberakha (Deutéronome 31:1-34:12),
qui relate les bénédictions que Moïse adressa à chacune des douze tribus d’Israël avant sa mort sur le
mont Nebo.

Tous les fidèles de la synagogue sont invités à participer à cet événement. Parmi eux, le hatan Torah est
invité à lire un extrait de la dernière paracha et le hatan béréchit est invité à lire le premier extrait de la
première paracha : Béréchit.

Le Chabbat suivant la fête de Sim’hat Torah est appelé « Chabbat béréchit » car on y reprend le
cycle de lecture de la Torah.

Les mots à connaître

• Souccah : cabane
• Souccot : pluriel de souccah
• Chaloch régalim : les trois fêtes de pèlerinage
• Sim’hat Torah : joie de la Torah
• Chemini atsèrèt : huitième jour de Souccot
• Sekhakh : toit végétal de la souccah
• Ouchpizine : portraits des Patriarches qui ornent la souccah
• Arba’at minim et Loulav : commandement des quatre espèces
• Loulav : branche de palmier
• Aravah : tige de saule
• Hadass : tige de myrte
• Etrog : cédrat, fruit du cédratier qui ressemble à un citron
• Hakafot : processions de Souccot
• Vézot haberakha : dernière paracha de la Torah
• Béréchit : première paracha de la Torah

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Titre 3 – Les autres fêtes de l’année juive
Une fois le mois de Tichri terminé, il faut se préparer aux nombreuses autres festivités de l’année.

1) La Pâque juive : Pessah’

Du 15 au 22 Nissan

Avec Souccot et Chavouot, Pessah’ est l’une des Chaloch régalim, l’une des trois fêtes de pèlerinage
instituées par la Torah au cours desquelles il fallait se rendre au Temple de Jérusalem.

Le terme « pessah’ » signifie « élévation » ou « passage au dessus de ».

La durée de la fête varie selon qu’on se trouve en Israël, où elle dure sept jours, ou en diaspora, où elle
dure huit jours. En diaspora, le premier et le dernier jour sont yom tov, des jours chômés.

La fête de Pessah’ célèbre un événement capital de l'histoire du peuple juif : l'Exode, la sortie d’Égypte
où les Hébreux étaient esclaves du pharaon. Elle commémore le passage de la captivité à la liberté et la
délivrance offerte par Dieu.

Il ne s’agit pas seulement d’honorer un souvenir, Dieu est le libérateur encore aujourd’hui ainsi qu’il est
dit : « À chaque génération, chacun doit se considérer comme si lui-même était sorti d’Égypte »
(Mishnah, Pessahim 10:5).

Lorsque Dieu a abattu la dixième plaie sur l’Egypte, la veille de la libération des hébreux, les anges
chargés d’assassiner les premiers-nés égyptiens ont épargnés ceux des hébreux, en passant au-dessus de
leurs maisons. Celles-ci étaient reconnaissables grâce au sang d’un agneau, sacrifié pour l’occasion,
répandu sur les frontons des maisons, en l’honneur de la libération imminente.

L’agneau sacrifié a reçu le nom de « pessah’ » ou « d’agneau pascal ».

Cette fête implique trois mitsvot fondamentales : le commandement du hamets, le jeûne des premiers-nés
et le commandement de la transmission.

a. Le commandement du hamets

Le commandement du hamets prend son origine dans la Torah qui prescrit de ne pas consommer de
hamets pendant les sept jours de Pessah’ (Exode 13:3). Par extension, il nous est aussi interdit de
posséder et de tirer profit du hamets pendant cette période.

Cette interdiction prend effet dès le 14 Nissan à la tombée de la nuit.

Qu’est-ce que le hamets ? Le mot hamets désigne toutes les céréales qui fermentent si elles ne sont pas
cuites dans les dix-huit minutes qui suivent le début de leur trempage.

109
Sont alors concernés tous les produits contenant du blé, de l’orge, du seigle, de l’épeautre ou de l’avoine
si de la levure y est présente. De ce fait, nous ne pouvons consommer que des repas à base de matsa et de
maror.

La matsa (au pluriel matsot) désigne le pain sans levain que nous pouvons consommer pendant Pessah’. Il
symbolise la libération des hébreux et rappelle la précipitation dans laquelle la sortie d’Egypte s’est
effectuée.

En effet, lorsque Pharaon obéit enfin à Dieu et laissa partir ses esclaves, il leur ordonna de partir sur-le-
champ. Ils n’eurent donc pas le temps de faire lever leurs pâtes à pain traditionnel. En souvenir de ce
départ précipité, nous ne consommons que du pain azyme, du pain sans levain.

Les jours qui précèdent le début de la fête, il est d’usage d’effectuer un grand nettoyage de printemps
durant lequel nous devons notamment nous débarrasser de tout le hamets présent dans nos placards. Pour
cela, le 13 Nissan au soir, dès la nuit tombée, nous partons minutieusement à la recherche du hamets, à la
lumière d’une bougie. Cette recherche active est appelée « bedikat hamets ». Le hamets ainsi ramassé sera
brulé le lendemain lors d’un cérémonial appelé « behoukh hamets ».

Cependant, pour ne pas gaspiller la nourriture en la jetant ou en la détruisant par le feu, il est possible de
donner tous les aliments hamets à une organisation caritative ou à des amis non juifs, par l’intermédiaire
d’un rabbin muni d’une délégation de pouvoir. Ce formulaire est disponible dans les synagogues, les
centres communautaires et les boutiques juives.

Les produits hamets non périssables doivent être rangés dans un placard spécifique et fermé à clé.

Enfin, les aliments sans hamets sont dits « kasher lepessah’ » et peuvent rester dans les placards.

Lorsque le premier soir de Pessah’ tombe un samedi soir, la bedikat hamets s’effectue dès le jeudi soir à
la tombée de la nuit.

Toutefois, il est possible de consommer du hamets jusqu’au Chabbat matin après l’office, au plus tard à
dix heures.

Les boissons alcoolisées, à l’exception du vin et des eaux-de-vie à base de fruits, contiennent
toujours du hamets !

b. Le jeûne des premiers-nés

Le 14 Nissan

En souvenir de la dixième plaie d’Egypte lors de laquelle Dieu a épargné les premiers-nés hébreux, les
premiers-nés doivent jeûner toute la journée du 14 Nissan, de l’aube jusqu’au soir.

Aujourd’hui, ce jeûne est peu observé et souvent remplacé par la participation des parents à une séance
d’étude talmudique, car il faut tout de même préciser que ce jeûne découle plus d’une coutume que d’un
commandement biblique.

110
c. Le commandement de la transmission

Se souvenir chaque jour de la sortie d’Egypte, grâce à l’enseignement, est un commandement biblique
absolu (Exode 13:8).

Cette mitsvah est observée par la lecture de la haggada les deux premiers soirs de Pessah’.

Ce texte, qui signifie « récit », raconte l’histoire des hébreux et leur sortie d’Egypte. Cette histoire est
racontée lors du seder de Pessah’ afin d’instruire nos enfants sur leur histoire et leur transmettre la
mémoire de ces évènements fondateurs.

Toutefois, nous observons cette mitsvah même lorsqu’il n’y a pas d’enfant à table.

d. Le seder de Pessah’

Pessah’ commence par une soirée riche appelée « le seder ». En diaspora, il est d’usage d’en faire un
second le lendemain.

Ce mot signifie « ordre » ou « déroulement ». Le seder est constitué de deux grandes parties : la première
consiste en la lecture de la haggada et la seconde en la consommation de divers aliments et du diner.

Sur la table dressée pour la fête, trône la ké’ara, le plateau traditionnel composé des aliments suivants :
trois matsot, un os entouré de viande (en référence à l’agneau pascal), un œuf dur ou bouilli (en souvenir
de la souffrance des hébreux) et de maror (herbes amères, en souvenir du sort amer réservé aux hébreux
par les égyptiens).

Ces herbes sont accompagnées de harosset (purée de pommes, de noix, de vin et de cannelle, symbolisant
le mortier utilisé par les esclaves hébreux dans les travaux de construction), de karpass (légumes verts ou
herbes aromatiques) et de hazeret (laitue).

La composition du harosset n’est pas la même chez les ashkénazes et chez les séfarades. Celle
décrite ci-dessus correspond à la coutume ashkénaze. Chez les séfarades, cette purée est préparée avec des
dattes, des raisins secs, une pomme, de la cannelle et une pincée de muscade ou de clous de girofle.

A coté du plateau, nous préparons une coupe d’eau salée afin d’y tremper certains ingrédients du seder.
Les trois matsot trônent au centre du plateau et sont recouvertes d’un napperon.

Par ailleurs, nous donnons à chaque convive un verre de vin, ou de jus de raisin, car chacun doit boire à
quatre reprises. Ces quatre gorgées symbolisent les quatre verbes utilisés dans la Torah pour désigner la
délivrance des hébreux : « Je vous rachèterai en étendant mon bras », « Je vous prendrai pour peuple »,
« Je vous retirerai les charges des égyptiens » et « Je vous délivrerai de leur servitude ». Nous
remplissons aussi un verre supplémentaire pour le prophète Elie.

Chez les juifs orthodoxes, le père de famille porte un kittel, une longue blouse blanche que l’on porte en
certaines occasions solennelles (Yom Kippour, le jour de son mariage, lors de son enterrement etc.).

111
Ensuite, la soirée se déroule en quinze étapes :

Etape 1 > Kiddouch


Sanctification du jour avec le premier verre de vin

Etape 2 > Nétilat yadaïm


Ablution des mains, sans bénédiction

Etape 3 > Karpass


Consommation d’un légume vert trempé dans l’eau salée

Etape 4 > Yah’ats


Le maître de cérémonie prend la matsa, la casse en deux et place la plus petite partie entre les deux autres
matsot restantes. La plus grande moitié est l’afikoman, cachée sous la nappe et mangée à la fin du repas.
Chez les séfarades, on passe une matsa au-dessus de la tête des convives en récitant la bénédiction
dite « etmol ».

Etape 5 > Haggada


Lecture de la haggada. Bénédiction sur le vin et dégustation de la deuxième coupe.

Etape 6 > Nétilat yadaïm


Ablution des mains, avec bénédiction

Etape 7 > Motsi


Bénédiction sur le pain habituel et sur la matsa

Etape 8 > Matsa


Consommation de la matsa

Etape 9 > Maror


Consommation de l’herbe amère trempée dans le harosset

Etape 10 : Koreh’
Consommation de l’ensemble de la matsa et du maror

Etape 11 > Seouda


Consommation du repas de fête

Etape 12 > Tsafoun


Consommation de l’afikoman qu’un enfant s’amuse à chercher à la fin du repas.
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Etape 13 > Birkat hamazone
Bénédiction de la fin du repas et consommation de la troisième coupe de vin réservée au prophète Elie.

Etape 14 > Hallel


Chants de louange à Dieu et consommation de la quatrième et dernière coupe de vin.

Etape 15 > Nirtsah


Conclusions avec deux comptines : l’une sur la signification des nombres de un à treize et l’autre sur la
légende de l’agneau.

Le seder se termine sur la célèbre phrase « L’an prochain à Jérusalem » !

e. Le décompte du Omer, Yom Ha-Shoah et Yom Haatsmaout

Le décompte du Omer commence le second jour de Pessah’. Il s’agit d’un commandement biblique selon
lequel nous devons décompter chacun des cinquante jours qui séparent l’offrande du Omer, réalisée le
deuxième jour de Pessah’, de celle de la fête de Chavouot (Lévitique 23:15).

En effet, la fête de Pessah’ est intimement liée à celle de Chavouot. Pessah’ symbolise la libération
physique du peuple d’Israël du pays d’Egypte, tandis que Chavouot symbolise la libération spirituelle des
hébreux, puisque cette fête célèbre le jour où le peuple juif s’est tenu au Mont Sinaï pour recevoir la
Torah des mains de Dieu.

Le décompte du Omer fait le lien entre ces deux renaissances.

Le Omer est une période importante d’introspection et se distingue des autres évènements par ses rites
proches de ceux du deuil.

Avant de recevoir la Torah, quelques semaines d’introspection préalables étaient nécessaires pour
accueillir les commandements divins, sources de la liberté humaine, dans les meilleures conditions
psychologiques et spirituelles.

En pratique, chaque soir (environ trente minutes après le coucher du soleil), nous comptons ce qui
correspond au début de la nouvelle journée.

Le rituel du décompte est le suivant : avant de commencer, nous nous tenons debout et récitons la
bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou al sefirat
ha'omer »

Nous ne récitons cette bénédiction que le soir même auquel elle correspond (si le décompte des jours
précédents n’a pas été omis).

Donc, si nous oublions de compter le Omer pour une journée entière et qu’on ne s’en souvient pas avant
le soir suivant, nous devons continuer à compter les jours suivants sans prononcer la bénédiction.

113
Après avoir convenablement récité la bénédiction du jour et, si la journée qui commence est la dix-
septième journée du Omer, nous disons : « Aujourd’hui est le dix-septième jour, soit deux semaines et
trois jours du Omer ».

Du premier au sixième jour du Omer, nous ne disons que le nombre de jours. Par exemple : «
Aujourd’hui, nous sommes au quatrième jour du Omer ». Inutile de déduire le nombre de jours restants.

Par ailleurs, les trente-trois premiers jours du Omer, nous observons des rites proches de ceux du deuil.
En effet, nous ne célébrons pas de mariage, nous n’écoutons pas de musique, nous ne nous coupons pas
les cheveux ni ne nous rasons.

Le trente-troisième jour est dit « Lag ba’omer ».

Lag ba’omer est une fête d’origine rabbinique qui commémore le décès de l’un des plus grands sages du
Talmud, Rabbi Chimon Bar Yo’hai.

C’est un jour de fête très populaire, et non de deuil, car la tradition nous rapporte que, sur son lit de mort,
Rabbi Chimon a révélé au monde les secrets du Zohar, l’œuvre fondamentale du mysticisme juif (de la
Kabbale).

Rabbi Chimon Bar Yo’hai est le fondateur de la Kabbale juive. Sa tombe se trouve dans la ville de
Méron et fait l’objet d’un vaste pèlerinage.

En outre, en 1951, la Knesset a institué deux nouvelles commémorations : Yom Ha-Shoah veHagevourah
et Yom Haatsmaout.

Yom Ha-Shoah veHagevourah, ou jour de la Shoah et de l’héroïsme, a lieu le douzième jour du Omer. En
Israël, cette journée est marquée par le son d’une sirène pendant lequel le pays entier s’immobilise
complètement pendant une minute.

Yom Haatsmaout a lieu le vingtième jour du Omer et commémore le jour de la création de l’Etat d’Israël,
c’est-à-dire, le jour de l’indépendance du peuple juif.

f. La cachérisation des ustensiles

Pendant Pessah’, il est d'usage d'utiliser une vaisselle et des ustensiles réservés exclusivement à cette fête.
Toutefois, il est possible de rendre certains ustensiles habituels utilisables pour la fête.

Pour ce faire, il existe deux procédés de cachérisation : la hag’ala et le liboun.

La hag’ala consiste à ébouillanter les ustensiles pour les rendre kasher lepessah’. C’est une méthode
efficace d’élimination des résidus de hamets qui auraient pu s’incruster dans l’objet.

En pratique, il faut commencer par laver entièrement les ustensiles à grande eau, puis les essuyer
parfaitement. Après quoi, il faut les plonger dans une grande marmite pleine d’eau bouillante jusqu’à ce
que, sous l’effet de la chaleur, cette eau se mette à déborder. Enfin, il faut rincer les ustensiles à l’eau
froide, ils sont alors prêts pour la fête.

114
Le liboun est une autre méthode de cachérisation, surtout utilisée pour les grands récipients (marmites,
casseroles etc) selon laquelle les ustensiles sont chauffés à blanc. Il faut d’abord remplir les récipients
d’eau bouillante, à ras-bord, puis y plonger un morceau de métal chauffé à blanc. Sous l’effet de la
chaleur, l’eau doit déborder. Enfin, il faut rincer les récipients à l’eau froide, ils sont alors prêts pour la
fête.

Les mots à connaître

• Pessah’ : passage au dessus de


• Yom tov : jour chômé
• Hamets : céréales fermentées
• Matsa : pain azyme, pain sans levain
• Maror : herbes amères
• Bedikat hamets : recherche du hamets
• Behoukh hamets : destruction du hamets
• Kasher lepessah’ : aliment sans levain, comestible pendant la fête de Pessah’
• Ké’ara : plateau traditionnel du seder de Pessah’
• Harosset : purée de pommes, de noix, de vin et de cannelle
• Karpass : légume vert ou herbe aromatique
• Hazeret : laitue
• Kittel : longue blouse blanche que l’on porte en certaines occasions solennelles
• Knesset : parlement israélien
• Hag’ala : méthode de cachérisation des ustensiles par ébouillantement
• Liboun : méthode de cachérisation des ustensiles par chauffage à blanc





115
2) La fête du don de la Torah : Chavouot

Le 6 Sivan

Chavouot est l’une des Chaloch régalim, l’une des trois fêtes de pèlerinage instituées par la Torah au
cours desquelles il fallait se rendre au Temple de Jérusalem pour y faire des offrandes.

La fête de Chavouot marque le passage du printemps à l’été et célèbre le don de la Torah à Moïse sur le
Mont Sinaï. Ainsi, chaque année, nous renouvelons notre acceptation de ce cadeau divin et notre alliance
éternelle avec Dieu.

Comme souvent, cette fête dure un jour en Israël et deux jours en diaspora.

Chavouot signifie « semaines » ou « serment ».

A l’époque du Temple de Jérusalem, chacun pouvait offrir les prémices ou les premiers fruits de l’été
(bikourim) qu’il récoltait.

Ces prémices provenaient surtout des sept fruits d’Israël : le froment, l’orge, le raisin, la figue, la grenade,
l’olive et la datte.

Aujourd’hui, il est d’usage de ne manger que des plats lactés, pour commémorer le fait que lorsqu’ils
reçurent la Torah et les lois de la cacherout, les hébreux ne purent pas cuisiner ce jour-là des plats de
viande dans leurs marmites qui devaient, au préalable, être rendues kasher.

En pratique, la veille de Chavouot, il est d’usage de se rendre chez le coiffeur et de se faire couper les
cheveux et raser la barbe.

Le soir venu, les femmes allument les deux bougies de la fête en récitant la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik
nèr chèl yom tov »

En ajoutant le premier soir :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, chéhé héianou vékiémanou véhigui anou lazémane
hazé »

Le premier jour de fête, tout le monde se rend traditionnellement à la synagogue, à l’office de Chaharit,
pour écouter la lecture de la paracha Yitro, qui contient les Dix Commandements et qui évoque le don de
la Torah.

Nous lisons également la méguilat de Ruth la moabite, la plus célèbre convertie de l’histoire juive et
ancêtre du roi David.

116
La lecture de ce texte à Chavouot est importante car l’histoire de Ruth symbolise à la fois le
particularisme juif qui s’exprime par l’adhésion des hébreux aux Dix Commandements et l’universalisme
du renouveau que n’importe quelle personne peut expérimenter à travers la conversion.

Enfin, le soir de Chavouot, il est d’usage de marquer l’évènement par une veillée d’étude du Zohar ou de
la Torah.

Chez les séfarades, il est d’usage de commencer la lecture du Pirké Avot, lors du premier Chabbat qui suit
la fin de Pessah’, puis d’en lire un chapitre à chaque Chabbat jusqu’à Chavouot, avant ou après l’office de
Min’ha.

Le Pirké Avot est un traité d’éthique, divisé en six chapitres, dont les quatre premiers contiennent les
grands enseignements des Sages rédacteurs de la Michna.

La plupart des commentateurs analysent cette coutume comme une préparation spirituelle au don de la
Torah, un encouragement au repentir et à l’introspection.

Les mots à connaître

• Bikourim : prémices ou premiers fruits de l’été


• Matan Torah : le don de la Torah
• Méguilat de Ruth : le Livre de Ruth
• Pirké Avot : traité d’éthique

117
3) La fête des lumières : Hanoucca

Du 25 Kislev au 2 Tévèt

Hanoucca, ou « fête des lumières », est une fête d’origine rabbinique qui commémore la libération du
Temple de Jérusalem, par Yehouda Maccabi, alors occupé par les grecs.

Cette fête symbolise la victoire de la sainteté et de la lumière sur l’obscurantisme et le polythéisme.

C’est aussi à cette occasion que, selon la tradition rabbinique, s’est produit le miracle de la fiole d’huile
grâce à laquelle la hanouccia du Temple resta allumée huit jours durant et permit ainsi la réinauguration
du Sanctuaire.

La fête dure huit jours et ne contient pas de jours chômés.

Le mot « hanoucca » signifie « inauguration ».

a. Le miracle de la fiole d’huile

La fête de Hanoucca est appelée « fête des lumières » car elle commémore le miracle de la petite fiole
d’huile pure, qui portait le sceau du Cohen gadol, et qui permit d’allumer la hanouccia du Temple huit
jours durant, alors qu’elle ne contenait qu’une infime quantité d’huile, à peine suffisante pour un seul
jour.

L’histoire de cet évènement miraculeux remonte au second siècle avant l’ère chrétienne, alors que
l’empire d’Alexandre le Grand est démembré et que la Palestine tombe dans le giron de la dynastie des
Séleucides.

A ce moment là, le nouveau roi, Antiochus IV ou Epiphane, décide d’unifier son royaume et de supprimer
les religions locales. Il interdit donc la pratique du judaïsme et impose le culte des idoles jusque dans le
Temple de Jérusalem.

Voyant le Temple souillé et le peuple juif déshonoré, un prêtre juif, appelé Matityahou l’Asmonéen, prit
la tête de la révolte, avant de désigner son fils, Yehouda Macchabi, comme successeur. La révolte dura
trois ans et déboucha sur une victoire des résistants.

Le jour de la réinauguration du Temple, il fallu rallumer le grand chandelier pour ramener la shekhina
dans ce lieu saint, mais les païens avaient consacré le Temple à Zeus et profané toutes les huiles sacrées
prévues à cet effet.

C’est alors que le miracle de la fiole d’huile se produisit. Par chance, une petite fiole d’huile intacte fut
retrouvée dans le Temple. Celle-ci ne contenait assez d’huile que pour une journée mais lorsque le
chandelier fut allumé, la lumière brilla pendant huit jours d’affilés.

Le Temple redevint la maison de Dieu parmi les hommes, lavé de toutes traces de paganisme et
d’idolâtrie.

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La lumière de Hanoucca nous rappelle la survie du peuple juif grâce à l’esprit de la Torah et à l’alliance
contractée avec l’Eternel.

L’histoire de Hanoucca est racontée dans les deux Livres des Macchabées.

b. Les bougies de Hanoucca

Pour commémorer le miracle de fiole d’huile, nous allumons des bougies pendant huit jours dans notre
foyer.

La tradition veut que l’on effectue ce rituel trente minutes environ avant le coucher du soleil et les
bougies doivent brûler au moins une demi-heure.

Les bougies sont allumées sur un chandelier à huit branches, la hanouccia. Ce chandelier comporte même
neuf branches si l’on compte le chammach (la branche qui sert à allumer les autres).

L’allumage des bougies les soirs de Hanoucca est la seule tradition caractéristique de cette fête.

En pratique, la hanouccia doit être allumée avec des bougies à base d’huile d’olive pure, pour rappeler le
miracle de la fiole d’huile mais celles-ci peuvent être remplacées par des bougies kasher, c’est-à-dire, ne
contenant aucune graisse d’origine animale.

Il est interdit de se servir des bougies de Hanoucca pour s’éclairer ou pour un autre usage tel qu’allumer
une cigarette ou allumer une autre bougie. Ces bougies sont sacrées, elles ne servent qu’à être regardées et
à nous rappeler le miracle de la fiole d’huile ayant permis la réinauguration du Temple de Jérusalem.

Au moment de l’allumage des bougies, la hanouccia doit être placée à un endroit visible par le plus grand
nombre de personne, afin de donner une plus grande publicité au miracle. La place idéale est donc dans la
rue, devant la porte de sa maison ou à sa fenêtre.

Si l’on allume le chandelier alors qu’il est au sol et qu’on le place ensuite au bon endroit, la mitsvah n’est
pas accomplie. En effet, c’est l’allumage qui constitue la mitsvah, il est donc nécessaire que les conditions
soient réunies antérieurement à celui-ci.

Comment allume t-on les bougies de Hanoucca ?

Selon l’école d’Hillel, aujourd’hui la plus répandue, le premier soir nous devons allumer une bougie, le
deuxième soir deux bougies et ainsi de suite.

La première bougie doit être positionnée à l’extrême droite du chandelier. La seconde doit être installée à
gauche de la première. Cependant, on allumera d’abord la bougie du jour puis nous procèderons de
gauche à droite jusqu’à ce que toutes les bougies soient allumées. La bougie placée à l’extrême droite du
chandelier sera donc la dernière à être allumée.

Si Hanoucca tombe un Chabbat, il faut allumer les bougies de Hanoucca avant celles du Chabbat
car, une fois les bougies de Chabbat allumées, il est interdit d’allumer quoi que ce soit. A la sortie de
Chabbat, on allume la hanouccia après la havdala.

119
Avant d’allumer la bougie du premier soir, nous récitons trois bénédictions :

« Baroukh ata ado-naï elohénou méléch ha’olam achèr kidéchanou bémitsvotav vétsivanou léhadlik
nèr chel hanoucca »

Puis,

« Baroukh ata ado-naï elohénou méléch ha’olam Ché’assa nissim la-avoténou bayamim hahèm
bazémane hazé »

Et enfin,

« Baroukh ata ado-naï elohénou méléch ha’olam chéhé’héyanou vékiyémanou véhigui’anou lazémane
hazé »

Avant d’allumer les bougies des soirs suivants, nous récitons deux bénédictions :

« Baroukh ata ado-naï elohénou méléch ha’olam achèr kidéchanou bémitsvotav vétsivanou léhadlik
nèr chel hanoucca »

Puis,

« Baroukh ata ado-naï elohénou méléch ha’olam Ché’assa nissim la-avoténou bayamim hahèm
bazémane hazé »

A la synagogue, six fidèles sont appelés à lire un extrait de la paracha qui évoque les sacrifices offerts par
les chefs de clans lors de l’inauguration du Temple. Et, dans la Amida ainsi que dans la Birkat hamazone,
nous insérons le texte Al Hanissim (prière pour les miracles).

Enfin, il est de coutume lors de cette fête de consommer des beignets et de jouer avec des toupies carrées
portant l’inscription « un grand miracle est arrivé là-bas » (à Jérusalem).

Les mots à connaître

• Hanouccia : chandelier à huit branches


• Shekhina : présence divine
• Chammach : branche supplémentaire du chandelier qui sert à allumer les autres

120
4) La fête de Pourim

Le 14 Adar

La fête de Pourim ou « jour du tirage au sort » est une fête d’origine biblique qui commémore le souvenir
du sauvetage des juifs de Perse par la reine Esther et son oncle Mordékhaï.

Cette histoire, racontée dans le Livre d’Esther, nous apprend que les juifs ont échappés de justesse à une
tentative d’extermination orchestrée par Hamman, le premier ministre du roi Assuérus.

a. L’histoire de la reine Esther et du sauvetage des juifs de Perse

L’histoire d’Esther se déroule sous le règne de l’empereur Assuérus à Suse, capitale de la Perse. Cet
empereur, après avoir ordonné la mort de sa femme Vachti suite à son refus de se déshabiller devant tous
les convives d’un banquet royal particulièrement arrosé, décide de choisir une autre reine. Il organise
alors un concours de beauté entre toutes les plus belles jeunes filles du royaume.

Sur les conseils avisés de son oncle Mordékhaï, Esther se présente au concours tout en gardant son
origine juive secrète. Sa beauté est telle que l’empereur tombe immédiatement amoureux d’elle. C’est
ainsi que la jeune israélite devient la reine du royaume de Perse.

Peu de temps après, alors qu’il se rend au palais, Mordékhaï est informé d’un complot visant à assassiner
l’empereur. Il en informe immédiatement Esther et la charge d’avertir Assuérus.

Grâce à eux, le complot est déjoué et l’empereur sauvé. Toutes les chroniques du palais vantent alors les
mérites et le courage de Mordékhaï qui a sauvé la vie du roi.

Le premier ministre de l’empereur, Hamman, un homme vaniteux et plein d’orgueil, est jaloux du respect
que ce dernier a pour Mordékhaï et Esther. Il souhaite ardemment se débarrasser d’eux.

Comme il est au courant de leur appartenance religieuse, il persuade Assuérus d’organiser le massacre de
tous les juifs de Perse en prétextant qu’ils représentent une menace pour la paix du royaume. L’empereur
accepte naïvement et la date du massacre est fixée au 14 Adar par tirage au sort.

Lorsque le décret d’extermination est publié dans tout le royaume, Mordékhaï presse la reine Esther de se
rendre auprès d’Assuérus, de lui révéler son identité juive et de le supplier d’annuler son décret. Mais, se
présenter devant l’empereur sans y avoir été invité est passible de la peine de mort.

Malgré le risque qui pèse sur sa vie, Esther accepte d’essayer de convaincre le roi mais avant, elle
demande à son oncle de réunir la communauté juive et leur impose un jeûne de trois jours, pour implorer
la protection divine.

A la fin du jeûne, Esther se rend chez le roi, lui révèle ses origines ainsi que la véritable motivation
d’Hamman et l’implore d’annuler le massacre. Par amour pour elle, le roi fait pendre Hamman et nomme
Mordékhaï à sa place.

121
Mais, du fait du caractère irrévocable d’un décret impérial, l’empereur ne peut revenir sur sa décision
d’exterminer les juifs. Il les autorise alors à entrer en guerre préventive contre son armée. Lorsqu’ils
prirent connaissance de la révolte, les perses fuirent, le massacre fut évité et les juifs de Perse furent
sauvés.

Le Chabbat précédant la fête de Pourim s’appelle « Chabbat Zakhor ».

b. Le jeûne d’Esther : Ta’anit Esther

Le 13 Adar

En souvenir du jeûne observé par Esther, et toute la communauté juive, avant de se présenter à l’empereur
pour l’implorer d’épargner son peuple, nous jeûnons la veille de Pourim, du matin au soir. Ce jeûne est
d’institution rabbinique, il ne figure pas dans la Torah.

c. Les commandements de Pourim

Il y’a cinq mitsvot à respecter pendant Pourim :

Méguilat Esther
La lecture de la méguilat s’effectue le 14 Adar après Arvit et le lendemain matin après Chaharit. Ce texte
contient le récit du sauvetage miraculeux des juifs de Perse.

Michloa’h manot
Terme qui signifie « dons alimentaires ». Lors de la fête de Pourim, chacun est tenu d’envoyer à un ami
ou plusieurs amis au moins deux cadeaux comestibles.

Tsédaka
Chacun est tenu de faire des dons aux pauvres. Ces dons peuvent être de l’argent ou de la nourriture. Ces
dons peuvent aussi être remis au rabbin de la communauté afin qu’ils soient distribués aux pauvres de la
ville. Cette mitsvah est tellement importante que même le pauvre doit faire un don à un autre nécessiteux.

Ma’hatsit hashekel
A l’occasion de la fête, nous donnons un demi shekel à la communauté, consacré généralement à l’Etat
d’Israël. Le demi shekel correspond à l’impôt payé à l’époque du Temple de Jérusalem à partir du 1er
Adar. Cette mitsvah ne concerne pas les femmes.

122
Michté Pourim
Repas de fête. Le festin de Pourim est obligatoire. Il se déroule le 14 Adar, de préférence avant Min’ha.
Pendant ce repas, nous montrons notre joie en buvant beaucoup de vin, jusqu’à pour ne plus pouvoir
distinguer les « gentils des méchants ».

5) La fête de Tou Bichvat

Le 15 Chevat

La fête de Tou Bichvat, ou « nouvel an des arbres », est une fête pendant laquelle nous avons l’habitude
de consommer toutes sortes de fruits en donnant priorité aux fruits d’Israël : froment, orge, raisin, figue,
grenade, olive, datte.

Elle tombe généralement en janvier ou février, à la limite de la saison des pluies en Israël, quand les
arbres bourgeonnent pour produire les fruits de l’année à venir.

Outre la consommation des fruits, Tou Bichvat est aujourd’hui, en Israël, un jour où adultes et enfants
vont planter un ou plusieurs arbres et célébrer le lien de l’homme avec la nature.

Avant de consommer ces fruits, nous récitons les bénédictions suivantes :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam bore peri haetz »

Puis,

« Baroukh ata ado-naï elohénou méléch ha’olam chéhé’héyanou vékiyémanou véhigui’anou lazémane
hazé »

Pendant cette fête, aucun travail n’est interdit.

6) Le jeûne de Ticha Be’Av et du 17 Tammouz

Institué par les prophètes, le jeûne du 17 Tammouz commémore l’assaut de la muraille de Jérusalem par
Nabuchodonosor, après trois ans de siège. Nous jeûnons du matin jusqu’au coucher du soleil.

Le jeûne du 9 Av commémore la destruction du premier Temple de Jérusalem, en 586 avant l’ère


chrétienne, après que les Babyloniens soient entrés dans Jérusalem trois semaines auparavant.

C’est un évènement plus que tragique dans l’histoire du judaïsme car c’est avec la destruction du Temple
que commence l’exil des juifs.

123
Le jour de Ticha Be’Av est donc un jour de deuil à part entière, marqué par un jeûne de vingt-quatre
heures qui commence la veille au soir. Au cours du jeûne, nous observons les mêmes restrictions qu’à
Yom Kippour, ce qui renforce la solennité du jour.
Le plus tragique est que c’est aussi le 9 Av que le second Temple de Jérusalem fut détruit, cette fois par
Titus, en 70 après l’ère chrétienne.
Cette date est donc particulièrement grave et néfaste pour les juifs, encore aujourd’hui. De nombreuses
tragédies ce sont produites à cette date : c’est ce jour là que Moïse annonça à la génération des hébreux du
désert qu’elle ne pourrait pas entrer en Terre Promise, c’est ce jour là que le roi d’Angleterre décréta
l’expulsion des juifs en 1290, et c’est ce jour là que les juifs furent expulsés d’Espagne en 1942.

Pendant les trois semaines qui séparent le 17 Tammouz du 9 Av, il est d’usage de ne pas se marier, de ne
pas se raser ni de se baigner dans la mer.

Le Chabbat qui précède Ticha Be’Av est appelé « Chabbat Na’Hamou ».

124
Titre 4 – Le Chabbat

Du vendredi soir au samedi soir

Le Chabbat est le jour le plus important de la semaine et l’un des piliers de la religion juive. Le mot
« chabbat » signifie « retrait » ou « repos ».

Comme nous apprend la Torah, Dieu a crée le monde en six jours et s’est reposé le septième jour. Par
respect pour le repos divin, nous cessons toute activité quotidienne ainsi qu’il est dit : « Six jours tu
travailleras, et accompliras toute ton œuvre. Le septième sera Chabbat pour l’Eternel, ton Dieu. Tu
n’accompliras aucune tache (…) car en six jours l’Eternel créa les cieux et la terre et Il cessa le septième
jour » (Exode 20:8-11 ; 23:12).

Le septième jour est un jour saint et supérieur à tous les autres jours de la semaine. C’est un jour consacré
à la nechama, à notre âme.

En effet, du vendredi soir au samedi soir, nous devons nous consacrer à notre vie spirituelle et familiale.
Tout travail nous est interdit. Ce jour là, nous devons nous libérer de notre aliénation au travail et nous
concentrer sur notre vie intérieure, dans le cercle restreint de la famille et de la communauté religieuse.

Le Chabbat est un avant-goût des temps messianiques où régnera la paix universelle.

Le Chabbat est qualifié « d’ot berit », signe d’alliance entre l’Eternel et le peuple juif.

1) L’accueil du Chabbat : Kabbalat Chabbat


Le mot « Chabbat » étant un mot féminin, nos sages ont assimilé ce jour à une reine (malka) qu’il faut
accueillir comme il se doit.

Dès le vendredi après-midi, les juifs pratiquants délaissent leurs activités quotidiennes et s’immergent au
mikvé.

De son coté, la maîtresse de maison met sur la plata les plats déjà cuits qu’elle a préparé pour l’occasion :
le plat du vendredi soir (seouda richona), le plat du samedi midi (seouda chenia) et le plat du samedi
après-midi (seouda chelichit).

La maîtresse de maison prépare aussi la halla, le pain tressé traditionnel de Chabbat et des jours de fête.

Différentes recettes existent biensur mais, avant la cuisson, il faut toujours procéder à ce que l’on appelle
le « hafrachat’ halla », le prélèvement rituel d’un petit morceau de pâte pétrie. Ce rituel millénaire date
de l’époque du beth-hamikdach, du Temple de Jérusalem.

Pour procéder au prélèvement rituel de la pâte, il faut que la halla soit fabriquée avec de la farine de blé,
d’orge, d’avoine, d’épeautre ou de seigle. Lorsque la pâte pétrie pèse au moins 1,667kg, le prélèvement
est suivi de la bénédiction suivante :

125
« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou léhafrich
hala térouma »

Si la pâte pétrie pèse moins de 1,667kg, le prélèvement s’effectue sans bénédiction. Enfin, si la pâte pétrie
pèse moins de 1,615kg, on ne pratique pas le prélèvement. Le petit morceau de pâte prélevé doit être
soigneusement enveloppé puis jeté à la poubelle ou détruit par le feu.

Une fois tous les préparatifs effectués, la maîtresse de maison procède à l’allumage des bougies de
Chabbat, dit « hadlakat nèrot », au moins vingt minutes avant le coucher du soleil.

Avant de procéder, il est d’usage de se couvrir la tête en signe de respect envers Dieu.

La maîtresse de maison sort deux bougies et les allume (certains allument les sept bougies de la
menorah). Elle se couvre ensuite le visage des deux mains et récite la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik
nèr chèl Chabbat »

Cet instant solennel est propice à d’autres prières personnelles, la maîtresse de maison peut donc en
profiter pour prier pour sa famille, ses amis etc.

L’acte d’allumer précède la bénédiction car, une fois la bénédiction prononcée, on considère que Chabbat
est entré. Il sera donc interdit d’allumer quoi que ce soit après.

Lorsque le Chabbat coïncide avec la fête de Pessah’, Souccot ou Chavouot, la bénédiction qui suit
l’allumage des bougies est la suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik
nèr chèl Chabbat véchèl yom tov »

Lorsque le Chabbat coïncide avec la fête de Roch Hachana, la bénédiction qui suit l’allumage des bougies
est la suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik
nèr chèl Chabbat véchèl yom hazikarone »

Lorsque le Chabbat coïncide avec Yom Kippour, la bénédiction qui suit l’allumage des bougies est la
suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik
nèr chèl Chabbat véchèl yom hakippourim »

Lorsque le Chabbat coïncide avec la fête de Hanoucca, la bénédiction qui suit l’allumage des bougies est
la suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam, acher kidéchanou bémitsvotav vetisivanou lehadlik
nèr chèl Chabbat véchèl Hanoucca »

Après avoir récité la bénédiction, la maîtresse de maison se découvre le visage et tend ses mains vers les
flammes pour répandre la lumière de Chabbat et la shekhina dans son foyer.

126
2) Le déroulement du Chabbat
Le Chabbat commence le vendredi soir, à la tombée de la nuit, et se termine le samedi soir, dès
l’apparition de trois étoiles dans le ciel.

a. La soirée du vendredi

Le vendredi soir, il est d’usage pour les hommes de se rendre à la synagogue pour l’office d’Arvit. Toute
la communauté est alors réunie pour allumer les bougies et accueillir le Chabbat (l’allumage des bougies
s’effectue aussi à la maison).

L’office d’Arvit commence parfois par la lecture du Chir Hachirim (le Cantique des cantiques, de
Salomon) et toujours par les Téhilim (les Psaumes du roi David). Les psaumes sont suivis du chant
mystique « lekha dodi » (« Viens, mon bien-aimé »), puis par deux autres psaumes sur le thème de
Chabbat. Cette section de l’office est ponctuée par la lecture du kaddich.

Ensuite vient soit un passage du Zohar qui traite des rouages mystiques de l’entrée de Chabbat ou la
récitation d’une michna sur quelques lois basiques du Chabbat, selon la coutume.

Après cet office particulier à l’accueil du Chabbat, commence l’office du soir habituel, dont les prières
sont adaptées à l’esprit du jour. On récite alors les bénédictions du soir, le Chema Israël et on se lève pour
la Amida.

Le vendredi soir et les jours de fête, la Amida ne comporte que sept bénédictions (alors qu’elle en
comporte dix-huit plus une la semaine). En effet, le jour du Chabbat, nous vivons un avant-goût du gan
eden (paradis), libérés de nos besoins matériels et tournés vers la spiritualité, du coup, nous n’émettons
aucune requête d’ordre matériel.

La Amida de Chabbat commence et se termine comme celle de la semaine, c’est-à-dire, par les trois
bénédictions d’hommage et les trois bénédictions de gratitude à Dieu.

Après quoi, la communauté sanctifie le jour à l’unisson avec les versets bibliques proclamant le Chabbat,
suivi par un psaume et par l’hymne Aleinou qui clôture l’office.

Dans de nombreuses communautés, on ajoute encore le poème liturgique Yigdal, sur les treize principes
de la foi juive inspirés par Maïmonide.

De retour à la maison, on procède au kiddouch du vendredi soir.

Le kiddouch n’est pas une simple bénédiction sur le vin mais une sanctification solennelle du jour de fête
qui s’accompagne de vin ou de jus de raisin.

Il se compose de trois parties : la première se compose de trois versets de la Genèse qui relatent le repos
divin après la Création et la sanctification du septième jour. La seconde partie est la bénédiction sur le vin
et la troisième est une bénédiction par laquelle nous remercions Dieu de nous avoir donné le Chabbat.

Le père de famille sert une coupe de vin et récite, ou chante, le kiddouch, le verre à la main. Tous les
convives doivent se tenir debout autour de la table.

127
Kiddouch du vendredi soir

Yom hachichi.
Va-yekhoulou ha-chamayim ve-ha-arèts ve-khol tseva’am. Va-yekhal Èlohim ba-yom ha-cheviî melakhto
achèr âssa.
Va-yich’bot ba-yom ha-cheviî mi-kol melakhto achèr âssa.
Va-yevarèkh Èlohim èt yom ha-cheviî va-yekadèch oto ki vo chavat mi-kol melakhto achèr bara Èlohim
laâssot.

Savré maranan,

L’Assemblée répond : Le-haïm !

Baroukh ata ado-naï, èlohéinou mèlèkh ha-ôlam, borè peri hagefèn.

L’Assemblée répond : Amen !

Baroukh ata ado-naï, èlohéinou mèlèkh ha-ôlam, achèr kidechanou be-mitsvotav, ve-ratsa vanou ve-
Chabbat kodcho be-ahava ou-ve-ratson hinhilanou, zikaron le-maâssè vèrèchit, ki hou yom tehila le-
mikraé kodèch, zèkhèr l-itsiat Mitsraïm.
Ki vanou vaharta ve-otanou kidachta mi-kol ha-âmim. Ve-Chabbat kodchèkha be-ahava ou-ve-ratson
hinhaltanou.
Baroukh ata ado-naï, mekadèch ha-Chabbat.

L’Assemblée répond : Amen !

Une fois le kiddouch terminé, le père de famille boit une gorgée de vin puis passe le verre aux convives.
Le verre doit passer de la personne la plus âgée à la plus jeune.

Dans les familles orthodoxes, il y’a un verre pour les femmes et un verre pour les hommes.

En cas de force majeure, il est possible de sanctifier le Chabbat sans vin, en se contentant d’une
autre boisson, voire même de pain, en récitant la bénédiction propre à l’aliment de remplacement.

On procède ensuite à l’ablution des mains (netilat yadayim) dans le silence complet.

128
Comment procède t-on à l’ablution des mains ?
On se lave d’abord les deux mains avec du savon puis, la main droite saisi le kelli (le broc prévu à cet
effet) et le passe à la main gauche. La main gauche rince trois fois la main droite. La main droite saisit
ensuite le kelli et rince trois fois la main gauche. A la fin de ce rituel, on récite la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam achère kidéchanou bémitsvotav vetisivanou al netilat
yadayim »

De retour à table, après l’ablution des mains, on procède à la bénédiction du motsi. Le père de famille
joint les deux hallot et récite la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï elohénou mélekh haolam aamotsi le’hem mine haarets »

Il rompt l’un des pains, le trempe dans un peu de sel et le mange.

Il en distribue ensuite à chaque convive en jetant le morceau de pain en leur direction. Enfin, la seouda
richona (le repas du vendredi soir) peut commencer.

A la fin du repas, il faut réciter la birkat hamazone. Cette prière est obligatoire lorsque l’on a consommé
au moins 30g de pain (un kazaït) au cours du repas.

La Birkat hamazone comporte trois bénédictions : une pour la nourriture que Dieu nous offre, une
seconde pour le remercier de nous avoir donné la terre d’Israël et la dernière pour lui demander de
restaurer la royauté de David et la reconstruction du Temple de Jérusalem.

b. La journée du samedi

La journée du samedi commence avec l’office de Chaharit qui s’ouvre, comme les autres jours, par les
birkot ha-chahar, les bénédictions matinales. Ces bénédictions sont suivies de la lecture des Téhilim (les
Psaumes de David), du Chema Israël et de la Amida, ne comportant que sept bénédictions.

Par la suite, c’est avec une joie particulière que les fidèles et le rabbin officiant ouvrent le hèkhal (l’arche
sainte) et en sortent l’un des sifrei Torah et le portent à la teva pour y lire la paracha de la semaine ainsi
que la haftara correspondante.

Avant de ramener la Torah dans l’arche sainte, le rabbin appelle des fidèles à réciter les bénédictions
collectives, pour la communauté, pour les personnes malades ou en danger, pour la France, pour l’État
d’Israël, pour la paix en Israël et dans le monde.

Après quoi, il procède à la dracha, à l’étude de la paracha qui vient d’être lue.

S’ajoute à cela le moussaf, l’office complémentaire institué en souvenir du second sacrifice ordonné par
Dieu pour le Chabbat et les jours de fête. Il correspond à une nouvelle lecture de la Amida, d’abord
chantée collectivement et poursuivie individuellement.

Enfin, l’office s’achève par un chant de louange à Dieu, le Ein ke-elohénou, suivi de la récitation de
l’Aleinou, qui exprime l’espoir d’une harmonie universelle, et du cantique Adon Olam. Les endeuillés
récitent aussi le kaddich.

129
De retour à la maison, nous procédons au kiddouch du samedi matin. Pour ce faire, le père de famille sert
une coupe de vin et récite (ou chante) le kiddouch, le verre à la main. A la différence du kiddouch du
vendredi soir, le père de famille et les convives restent assis.

Kiddouch du samedi midi

Véchamérou béné Yisraèl éte haChabbate,


Laaassote éte ha Chabbate lédorotam bérite ‘olam,
Béni ouveine bénei Israèl.
Ote hi lé’olam ki chèchéte yamim assa Adon-ay éte hachamayim vééte haaréts,
ouvayom hachévi’i chavate vayinafache.
‘Al kène bèrakh Adon-ay éte yom haChabbate vaï-kadéchè-hou.

Savré maranan,

L’Assemblée répond : Le-haïm !

Baroukh ata Ado-naï, èlohéinou mèlèkh ha-ôlam, borè peri hagefèn.

L’Assemblée répond : Amen !

Le père de famille boit le vin et passe le verre aux convives. On procède aussi à la netilat yadayim, dans
le silence complet. On fait ensuite la bénédiction du pain puis on distribue un morceau de pain à tous les
convives (voir kiddouch du vendredi soir).

Enfin, le repas (seouda chenia) peut commencer. A la fin du repas, on récite la birkat hamazone.

Quelques heures plus tard débute l’office de Min’ha. Cet office comporte la lecture des Téhilim, dont
Lamenatsèa’h et Achré.

Après quoi, on sort à nouveau le sefer Torah pour y lire la première montée de la paracha du samedi
suivant. On passe ensuite à la Amida de Min’ha, qui ne comporte que sept bénédictions, puis à la seouda
chlichit, le dernier repas de Chabbat.

A la fin de la journée, l’office d’Arvit clôture le Chabbat par des Psaumes de David, des bénédictions et
des requêtes. Nous récitons aussi le Chema et la Amida mais, cette fois-ci, avec les dix-huit bénédictions.

Nous remercions l’Eternel d’avoir différencié le sacré du profane, les jours de la semaine du Chabbat et le
peuple juif des autres peuples. De retour à la maison, nous procédons à la cérémonie de la havdala.

130
Cette cérémonie charnière permet la transition de la journée sabbatique à la nouvelle semaine. C’est une
prière de différenciation au cours de laquelle nous bénissons le vin, la lumière d’une bougie ainsi qu’un
parfum.

La havdala

Richon Letsion Hiné hinam, véliyérouchalaïm mévassère étèn.


Koss yéchouoth Essa ouvchèm Ado-nay èkra.

Savré maranan,

L’Assemblée répond : Le-haïm !

Sur le vin : Baroukh ata ado-naï, èlohénou mèlèkh ha-ôlam, borè peri hagefèn.

Sur le parfum : Baroukh ata ado-naï, èlohéinou mèlèkh ha-ôlam, bore issé
béssamim.

Sur la flamme d’une bougie : Baroukh ata ado-naï, èlohéinou mèlèkh ha-ôlam, boré méoré haèch.

Baroukh Ata ado-naï élohéinou mélèkh ha-ôlam, hamavdii ben kodech léhol, ouvèn Or Léhochekh ouvèn
Israël Iaamim ouvèn yom hachévii lé chéchèt yemé hamassé.

Baroukh ata ado-naï hamavdil ben kodech lé’hol.

L’Assemblée répond : Amen !

Ce cérémonial marque la fin du Chabbat (motsaé Chabbat). Il est alors d’usage de souhaiter une bonne
semaine à ses proches en disant « Chavoua’ tov » !

131
3) Les travaux interdits
Pour sanctifier le jour du Chabbat, il faut respecter un certain nombre d’interdictions liées aux activités
nécessaires à la satisfaction des besoins vitaux de l’homme : se vêtir, se nourrir et se loger.

Le Talmud en distingue trente-neuf mais seule l’interdiction d’utiliser le feu est une interdiction biblique
(Exode 35:3). Ces trente-neuf travaux interdits sont dits « melakhot assourot ».

A chaque activité interdite principale (melakha) est ajoutée une activité secondaire liée, elle aussi interdite
(tolada). La tolada est interdite car elle risque de mener à l’accomplissement d’une activité principale
interdite. Il s’agit d’une mesure de précaution.

Avant d’entrer dans le détail des activités interdites, il faut savoir qu’il est possible de commencer
un travail, avant Chabbat, qui se poursuit et se termine de lui-même pendant la fête. Par exemple, mettre
en marche le lave-vaisselle avant Chabbat est autorisé, à condition de ne pas s’en préoccuper jusqu’à
motsaé Chabbat (la sortie de Chabbat).

a. Les travaux liés au besoin de se vêtir

Tondre (Gozèz) : Tondre la laine, se couper les cheveux, se raser la barbe ou se peigner les cheveux avec
un peigne ou une brosse dure.

Blanchir (Mélabèn) : Il est interdit de nettoyer les vêtements et la vaisselle. Dès lors qu’une tâche a
pénétré un vêtement ou s’est incrustée sur un élément de vaisselle, je ne peux pas la retirer. Cependant,
pour la vaisselle et pour les besoins du Chabbat, je peux la nettoyer à l’aide d’un chiffon doux, pas avec
une éponge. Il est aussi possible de s’essuyer le corps avec une serviette et de gratter de la boue collée à
un vêtement à condition de l’avoir préalablement grattée de l’intérieur afin qu’elle se décolle seule.

Teindre (Tsovea) : Teindre un matériau pour une question d’esthétique, utiliser du maquillage, sauf de la
poudre.

Coudre (Tofèr) : Attacher des morceaux de tissu à l’aide d’un fil et d’une aiguille, coller des choses
ensemble.

Lier (Kocher) / Délier (Matir) : Nouer solidement des fils ou lanières, faire un double nœud ou faire une
tresse. Associer deux éléments ou dissocier deux éléments.

Nouer (Ossé nirine) / Dénouer (Botséa) : Faire des boucles, des œillets ou des nœuds pour y passer des
fils de tissage ou pour tout autre usage.

Déchirer (Korea’) : Décoller quoi que ce soit, comme les pages d’un livre à moins qu’elles ne soient que
superficiellement collées et à condition de ne pas détériorer les lettres, déchirer les feuilles du papier
toilette.

Filer (Tové) : Activité de filage de la laine, du lin ou toute autre matière.

Tendre des fils (Manesikh) : Tendre des fils d’une chaine d’étoffe.

132
Tresser (Orèg) : Tresser les fils horizontaux et verticaux d’une chaine d’étoffe ou pour tout autre usage.

Peigner (Menapets) : Démêler avant le tissage. Par extension, on ne peut pas se coiffer les cheveux à
l’aide d’un peigne.

Tanner (Mé’abèd) : Chercher à rendre la peau lisse.

Couper (Hotèkh) : Découper quelque chose selon une certaine mesure. Ne concerne pas les aliments. Si
le huitième jour du nouveau-né coïncide avec le Chabbat, il est obligatoire de procéder à la circoncision à
condition que l’enfant soit en bonne santé.

Lisser (Memahèk) : Rendre la peau lisse. Racler les poils d’une peau de bête. Seuls les crèmes, dentifrices
et savons liquides sont autorisés.

b. Les travaux liés au besoin de se nourrir

Allumer (Mav’ir) / Eteindre (Mekhabé) : Il est interdit de faire du feu, de déclencher un circuit
électrique ou électronique. De la même façon, il est interdit d’éteindre. On ne peut donc pas
allumer/éteindre la lumière, utiliser sa voiture, le téléphone ou l’ordinateur.

L’ampoule du réfrigérateur doit être retirée avant Chabbat car elle s’allume dès que l’on ouvre l’appareil.
Si vous avez oublié d’effectuer ce geste, un enfant de moins de treize ans peut l’effectuer à votre place.

On peut transgresser cette interdit lorsque la situation est grave (maladies, accidents graves) mais
uniquement avec un chinouï, c’est-à-dire en agissant de façon inhabituelle. Par exemple, prendre la
voiture pour conduire un malade à l’hôpital en mettant le contact de la main gauche.

Cuire (Mévachèl) : Il est interdit de faire cuire des aliments pour les rendre propres à la consommation. Il
y’a cuisson lorsque la source de chaleur atteint 48°, autrement dit, lorsqu’on retire instinctivement sa
main en touchant le récipient. L’expression consacrée est « Yad solèdèt bo » c’est-à-dire lorsque la main
est réfractaire.

L’interdiction de cuire concerne les actions de cuire à la vapeur, rôtir, frire et cuire au four. Lorsque
l’aliment est cru (ou pas suffisamment cuit) avant Chabbat, il n’est pas possible de le placer sur la plaque
électrique (la plata).

Il est aussi interdit de placer un aliment cru (ou pas suffisamment cuit) pendant Chabbat à proximité d’un
feu, même si l’on a l’intention de le retirer avant qu’il n’atteigne la température de « Yad solédet bo ».

Pour l’eau, tant que celle-ci ne bout pas, elle ne cuit pas. Si l’on souhaite avoir de l’eau chaude, le
récipient contenant de l’eau doit être posé sur la plata avant le début de la fête. Cette information est utile
lorsque l’on se demande comment préparer un thé ou un café pendant Chabbat. Pour le thé, il faut d’abord
verser l’eau, qui est sur la plata, dans un verre et y ajouter le thé. Pour le café, celui-ci étant déjà cuit, il
est possible de verser l’eau directement sur les grains moulus.

Lorsqu’un plat solide contient de la sauce ou du jus, il peut être réchauffé pendant Chabbat, sur la plaque
électrique, à condition que le liquide soit en minorité par rapport à l’aliment solide et que le récipient soit
séparé de la plata par une feuille d’aluminium.

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Un aliment solide cuit ne peut être recuit, il n’y a pas cuisson après cuisson (« En bichoul a’har
bichoul »).

Ensuite, les aliments doivent être transvasés d’un récipient à un autre pour être servis. Les différents
récipients sont les suivants : le kelli richone (récipient qui se trouve en contact direct avec la source de
chaleur), le kelli chéni (récipient dans lequel on transvase les aliments cuits, solides ou liquides. Ici, les
aliments vont perdre de leur chaleur initiale, on peut y ajouter de nouveaux aliments sans risquer de les
faire cuire) et le kelli chélichi (assiette dont nous nous servons pour manger, on peut y ajouter de
nouveaux aliments sans risquer de les faire cuire).

On peut transgresser cet interdit et faire cuire des aliments pendant Chabbat pour un malade en état grave.
Le sauvetage d’une vie prend toujours le pas sur le Chabbat (« Pikoua’h néfèch dohè Chabbat »). On peut
procéder à la cuisson des aliments avec un chinouï.

Moudre (To’hèn) : Moudre des grains pour faire de la farine ou des épices.

Pétrir (Lach) : Faire une pâte à base de farine et d’eau.

Vanner (Zoré) / Cribler (Markid) : Séparer le grain de l’ivraie.

Battre le grain (Dach) : Séparer les graines de l’écorce ou le jus d’un fruit.

Labourer (Horèch’) : Modifier l’aspect du sol.

Semer (Zorea’) : Faire germer des graines, favoriser la végétation.

Moissonner (Kotsèr) : Détacher quelque chose de sa source de vie.

Engerber (Omer) : Ramasser et lier en gerbes des plantes sur leur lieu de récolte.

Capturer (Tsad) : Capturer un animal sauvage (chat, oiseau, poisson) ou enfermer un animal dans un
enclos ou une pièce de la maison sauf s’il s’agit d’animaux domestiques. Il est cependant permis de
capturer un animal dangereux.

Egorger (Cho’hèt) : Tuer délibérément un animal. Il est permis de répandre de l’insecticide dans une
pièce de la maison à condition de ne pas viser directement le moustique.

Dépecer (Mafchit) : Découper en morceaux, mettre en pièces, démembrer un animal.

Achever ou mettre la dernière main (Maké bépatich) : Il est interdit de rendre un aliment consommable,
d’achever la fabrication d’un objet ou de réparer quelque chose afin de le rendre utilisable.

Par exemple, il est interdit de dévisser le bouchon ou de retirer la capsule d’une bouteille, tremper des
fruits dans de l’eau pour les ramollir ou encore de nager, car nous pourrions être amené à fabriquer une
bouée.

Il est cependant possible, en cas d’oubli, d’ouvrir les contenants pendant Chabbat avec un chinouï et en
prenant soin de ne pas déchirer les écritures des étiquettes. De plus, les vêtements peuvent être pliés et
rangés avec un chinouï, eu égard aux besoins du Chabbat.

134
Trier (Borèr) : Il est interdit de séparer le mauvais du bon. Lorsqu’une personne, qui dispose d’une
assiette contenant des pépites noires et des pépites blanches, ne désire que les pépites blanches, il lui est
interdit de retirer les pépites noires de l’assiette pour les placer à un autre endroit.

Cependant, il est permis de trier lorsque trois conditions sont réunies : Il doit s’agir d’un aliment,
l’aliment doit être trié pour une consommation immédiate (dans la demi-heure), le tri doit s’effectuer à la
main et non à l’aide d’un ustensile.

Si je dois retirer un corps étranger d’un verre d’eau, je peux le faire en prenant soin de prendre un peu de
liquide dans ma cuillère, ainsi il n’y a pas de tri.

c. Les travaux liés au besoin de se loger

Construire (Boné) : Créer ou modifier une construction permanente, ouvrir un parapluie chez soi car cela
s’apparente à la construction d’un toit.

Démolir (Sotèr) : Détruire dans l’intention de reconstruire ou pas.

Transporter (Motsi) : Il est interdit de transporter des objets d’un domaine privé à un domaine public et
vice versa, sauf lorsqu’il s’agit de vêtements et d’accessoires vestimentaires. Il faut distinguer le domaine
privé du domaine public. Le domaine privé (rechout haya’hid) se caractérise par des murs et un toit ou
par l’existence d’une fusion de domaine sous forme d’un fil de nylon (villes, quartiers). Le domaine
public (rechout harabim) concerne les rues, les routes et les places publiques.

Il est donc impossible de transporter les clés de sa maison en partant de chez soi pour se rendre à la
synagogue (sauf ceinture chabbatique), de porter un mouchoir (sauf s’il est noué autour du cou et qu’il
devient un accessoire), de lancer ou tendre un objet du domaine privé en direction du domaine public ou
vice versa.

Les accessoires vestimentaires peuvent être transportés (montres, bijoux, chapeaux) car ils sont assimilés
à la tenue.

d. Les autres travaux

Ecrire (Kotèv) / Effacer (Mo’hèk) : Il est interdit d’écrire sur un support inaltérable. Cet interdit englobe
le fait de marquer, dessiner, tracer avec ses doigts, sur du sable, des vitres ou tout autre support
inaltérable.

Il est aussi interdit de jouer à des jeux de société car cela pourrait nous amener à écrire des scores.

De la même façon, il est interdit d’effacer, c’est-à-dire d’effacer quoi que ce soit dans l’intention de
rectifier.

Par exemple, il n’est pas possible de découper un gâteau au niveau des lettres ou écritures qui y figurent
lorsque celles-ci sont faites d’ingrédients différents de ceux qui composent le gâteau.

135
Tracer (Sorèt) : Tracer des lignes à l’aide d’une pointe sur un peau de bête ou tout autre support. Par
extension, il est interdit de plier une feuille de papier ou de carton pour conserver la trace du pli dans
l’intention de le découper ou d’écrire dessus.

Il est toujours possible de transgresser les interdits de Chabbat lorsqu’une vie est en danger ou pour
les besoins impérieux du Chabbat, en procédant avec un chinouï.

4) Les objets interdits de déplacement : les mouktsé

Le terme « mouktsé » signifie « mis à l’écart » et désigne les objets et instruments susceptibles de servir à
la réalisation d’une activité interdite pendant Chabbat.

Pour éviter de telles transgressions, nous avons interdiction de déplacer certains objets jusqu’à la sortie de
Chabbat. Il est possible de toucher un mouktsé à condition de ne pas le faire bouger.

Ces objets peuvent être divisés en plusieurs groupes : les objets pouvant mener à un travail interdit
pendant Chabbat (stylos, marteaux, billets de banque et monnaies, bougies…), les objets précieux (car il
existe un risque de détérioration), les objets inutilisables en tant que tels (qui nécessitent une cuisson ou
un travail comme les aliments crus ou les déchets), les objets ayant changés d’état pendant Chabbat (une
pomme tombée de l’arbre, un œuf pondu, les déchets alimentaires, le linge qui a séché) et les supports de
mouktsé (plateau sur lequel sont posées les bougies de Chabbat, une poubelle, une table sur laquelle serait
posés des stylos…).

Il est toutefois possible de déplacer ces objets lorsqu’une vie est en danger ou pour les besoins
impérieux du Chabbat, en procédant avec un chinouï. En outre, il est possible d’utiliser l’un de ces objets
pour effectuer un travail permis pendant Chabbat.

5) Les comportements interdits : les chévoutim

Le terme « chévout » désigne un comportement ou une attitude contraire à l’esprit de Chabbat. L’activité
en elle-même n’est pas interdite, elle est simplement inadaptée à la célébration du Chabbat.

C’est le cas lorsque l’on presse le pas dans la rue pour se rendre à la synagogue, effectuer une mitsvah ou
se protéger de la pluie.

Lorsque l’on effectue une activité fatigante, par exemple si l’on fait des exercices de gymnastique, même
chez soi.
Lorsque l’on a des conversations ou des lectures sans lien avec le Chabbat ou la spiritualité en générale.

Lorsque l’on se livre à des travaux permis mais qui ne sont d’aucune utilité pour le Chabbat, par exemple,
embaucher ou faire embaucher du personnel pour la semaine à venir.

Toutes ses activités sont incompatibles avec la sanctification du Chabbat.

136
6) Les fusions de Chabbat : les érouvim
Pour les besoins du Chabbat, il est autorisé de procéder à ce que l’on appelle « des fusions » de
différentes sortes : la fusion des plats, la fusion des cours et la fusion des domaines.

a. La fusion des plats

La fusion des plats est dite « erouv tavchilin » et permet de contourner la règle selon laquelle il est interdit
de cuisiner un jour de fête pour une autre fête.

La fusion des plats autorise donc à une personne de cuisiner, un jour de fête, de la nourriture destinée à
être consommée le Chabbat qui suit immédiatement la fête.

Supposons que la fête de Pessah’ tombe un jeudi (donc un mercredi soir), nous avons, en principe,
interdiction de cuisiner pour la fête à venir mais, pour les besoins du Chabbat, nous allons procéder à une
fusion symbolique des plats de la fête avec ceux du Chabbat. Les plats ainsi fusionnés, nous ne cuisinons
pas exclusivement pour le Chabbat.

Pour ce faire, la veille de la fête (mercredi dans notre exemple), nous mettons dans un plat 60g de pain
(ou de matsa), ainsi qu’un aliment cuit (viande, œuf etc). Il faut conserver ce plat jusqu’à la fin des
préparatifs de Chabbat.

Avant de procéder à la fusion, nous récitons la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï, elohénou melekh ha’olam, achèr kidéchanou bémitsvotav vétsivanou al mitsvat
érouv »

b. La fusion des cours

La fusion des cours est dite « erouv hatséroth » et permet de transporter des objets pendant Chabbat d’un
domaine privé à un domaine public, d’un appartement à un autre en passant par la cours de l’immeuble.

Cette fusion vient privatiser une cours d’immeuble, un palier ou un escalier reliant plusieurs appartements
et permet d’y transporter, chez ses voisins, tous les objets et nourritures nécessaires au Chabbat.

Pour réaliser cette fusion, il suffit de déposer, dans l’un des appartements, une quantité de 20g de pain par
habitant juif de l’immeuble. Cette fusion est valable un an.

Avant de procéder à la fusion, nous récitons la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï, elohénou melekh ha’olam, achèr kidéchanou bémitsvotav vétsivanou al mitsvat
érouv »

137
c. La fusion des domaines

La fusion des domaines est dite « erouv téhoumim » et permet de contourner la règle biblique qui interdit
aux juifs de s’éloigner de leur domicile pendant Chabbat. Grâce à la fusion, pour les besoins de la fête, il
est possible de parcourir 1000 mètres environ à partir de la dernière maison de la ville.

Pour réaliser cette fusion, il suffit de déposer en lieu sûr, avant Chabbat, 342g de pain, à mi-chemin du
lieu où l’on souhaite se rendre.

Avant de procéder à la fusion, nous récitons la bénédiction suivante :

« Baroukh ata ado-naï, elohénou melekh ha’olam, achèr kidéchanou bémitsvotav vétsivanou al mitsvat
érouv »

Les mots à connaître

• Nechama : âme
• Melakha assoura : activité interdite
• Tolada : activité annexe interdite
• Chinouï : agir de façon inhabituelle
• Yad solèdèt bo : la main réfractaire
• Rechout haya’hid : domaine privé
• Rechout harabim : domaine public
• Hafrachat’ halla : prélèvement de la pâte
• Beth-hamikdach : Temple de Jérusalem
• Hadlakat nèrot : allumage des bougies de Chabbat
• Motsaé Chabbat : sortie, fin de Chabbat
• Mouktsé : objets interdits de déplacement pendant Chabbat
• Chévoutim : comportements interdits pendant Chabbat
• Gan Eden : le paradis
• Kazaït : 30g
• Révyit : 28cl

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Table des matières
Préface (p.5)
Introduction (p.7)

Titre 1 – La candidature (p.9)
1) La lettre au Consistoire
2) La réponse du Consistoire

Titre 2 – L’apprentissage (p.12)
1) La synagogue
2) Les cours
3) L’entretien

Titre 3 – Les examens (p.15)
1) L’examen écrit
2) Les résultats
3) L’oral devant la Commission rabbinique

Titre 4 – Le mikvé (p.17)
1) Le dossier
2) Le déroulement du mikvé

Partie 1 / L’histoire du monde (p.21)


1) La création de l’univers
2) Adam et Eve
3) L’arche de Noé
4) La tour de Babel

Partie 2 / L’histoire du peuple juif (p.27)



Titre 1 – La naissance du judaïsme (p.29)
1) Abraham et le monothéisme
2) Le sacrifice d’Isaac
3) L’acquisition du tombeau des Patriarches
4) La rencontre d’Isaac et Rebecca
5) Esaü, Jacob et l’usurpation du droit d’aînesse
6) Le voyage spirituel de Jacob
7) L’accession au pouvoir de Joseph en Egypte

Titre 2 – L’Exode (p.35)
1) Moïse, le garçon sauvé des eaux
2) La sortie d’Egypte
3) La traversée du désert
4) L’arrivée des hébreux en Terre Promise

Titre 3 – Les hébreux en Terre Promise (p.41)
1) Saül, le premier roi d’Israël
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2) David, le second roi d’Israël
3) Salomon, le dernier roi d’Israël
4) L’exil en Babylonie et la destruction des Temples
5) Ruth la Moabite : la convertie emblématique du judaïsme

Partie 3 / La vie juive (p.45)



Titre 1 – L’enfance juive (p.47)
1) La circoncision : la brit mila
2) Le rachat du premier-né : le pidion haben
3) La bar / bat mitsvah

Titre 2 – L’union juive (p.51)
1) Le mariage juif
2) Les lois de la pureté familiale : la taharat hamichpa’ha
3) Le divorce
4) Le décès

Titre 3 – L’alimentation juive : la cacherout (p.61)
1) Les principes essentiels de la cacherout
2) Les aliments kasher
3) L’abattage rituel : la chrita
4) Les méthodes de cachérisation
5) Le foie gras, c’est kasher ou pas ?

Partie 4 / La spiritualité juive (p.67)



Titre 1 – Les fondements de la spiritualité juive (p.69)
1) La Torah
a. Les commandements
b. Les cinq livres
c. La paracha et la haftara
2) La Bible hébraïque : le Tanah’
3) Le Talmud : la mise par écrit de la Torah orale

Titre 2 – La pratique religieuse (p.75)
1) L’office religieux
2) La synagogue
3) La tenue vestimentaire
4) La maison juive
5) Les bénédictions matinales
6) La mise du talith et des tefilines

Titre 3 – Toutes les bénédictions (p.87)



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Partie 5 / Les célébrations (p.93)

Titre 1 – Les jours particuliers (p.95)
1) Yom tov
2) Hol’ hamoed
3) Roch hodech

Titre 2 – Les fêtes du mois de Tichri (p.99)
1) Le nouvel an juif : Roch Hachana
a. Eloul, le mois de la techouva
b. Roch Hachana, une fête chargée de sens
c. Le jeûne de Guédalia : Tsom guédalia
2) Le jour du pardon : Yom Kippour
3) La fête des cabanes : Souccot
a. Le commandement de la souccah
b. Le commandement du loulav
c. Chemini atsèrèt
d. La fête de Sim’hat Torah

Titre 3 – Les autres fêtes de l’année juive (p.109)
1) La Pâque juive : Pessah’
a. Le commandement du hamets
b. Le jeûne des premiers-nés
c. Le commandement de la transmission
d. Le seder de Pessah’
e. Le décompte du Omer, Yom Ha-Shoah et Yom Haatsmaout
f. La cachérisation des ustensiles
2) La fête du don de la Torah : Chavouot
3) La fête des lumières : Hanoucca
a. Le miracle de la fiole d’huile
b. Les bougies de Hanoucca
4) La fête de Pourim
a. L’histoire de la reine Esther et du sauvetage des juifs de Perse
b. Le jeûne d’Esther : Ta’anit Esther
c. Les commandements de Pourim
5) La fête de Tou Bichvat
6) Le jeûne de Ticha Be’Av et du 17 Tammouz

Titre 4 – Le Chabbat (p.125)
1) L’accueil du Chabbat : Kabbalat Chabbat
2) Le déroulement du Chabbat
a. La soirée du vendredi
b. La journée du samedi
3) Les travaux interdits
a. Les travaux liés au besoin de se vêtir
b. Les travaux liés au besoin de se nourrir
c. Les travaux liés au besoin de se loger
d. Les autres travaux
4) Les objets interdits de déplacement : les mouktsé
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5) Les comportements interdits : les chévoutim
6) Les fusions de Chabbat : les érouvim
a. La fusion des plats
b. La fusion des cours
c. La fusion des domaines

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Bibliographie

- Ephémérides de l’année juive. Tome 1. Eliahou Ki Tov, trad. du Sefer Hatodaah par R. Samuel.
Collection Vie et pensée juives
- Ephémérides de l’année juive. Tome 2. Eliahou Ki Tov, trad. du Sefer Hatodaah par R. Samuel.
Collection Vie et pensée juives
- Ephémérides de l’année juive. Tome 3. Eliahou Ki Tov, trad. du Sefer Hatodaah par R. Samuel.
Collection Vie et pensée juives
- Ephémérides de l’année juive. Tome 4. Eliahou Ki Tov, trad. du Sefer Hatodaah par R. Samuel.
Collection Vie et pensée juives
- Le judaïsme pour les nuls. Rabbin Ted Falcon, David Blatner et Josy Eisenberg. First editions
- La Bible pour les nuls. Eric Denimal. First editions
- L’Odyssée du peuple juif. Marek Halter. Librio document
- Il était une fois le judaïsme. Armand Abécassis. Presses de la renaissance
- La pensée juive. Armand Abécassis. Albin Michel
- La Parole et l’Ecrit. Léon Askenazi. Albin Michel
- Le judaïsme dans la vie quotidienne. Ernest Gugenheim. Albin Michel
- Le judaïsme pour tous. Jacques Benaudis. Institut Aleph
- Choul’hane Aroukh, de Rabbi Yossef Caro. Recueil des lois les plus courantes selon la tradition
sépharade par Rabbi Abraham M Hassan. Edité par Hasdei Lea
- Guide pratique des bénédictions. Tsavi Yosseph Parienti. Association Guide du judaïsme
- Dictionnaire encyclopédique du judaïsme. Encyclopedia Judaica. Les éditions du Cerf
- La mitsvah et son histoire. Rav Itsh’ak Shnéor, Chmouel et J. Hagège. Beth haMidrach Or Torah
- Beth Israël, Le peuple juif, son histoire et ses traditions. Leo Levi et Jolanda Luzzatto
- Cacherout, guide pratique des lois alimentaires. Rabbin S. Wagschal. Collection Vie et pensée
juives


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