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Résumé
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Enseignant-Chercheur en Sciences de Gestion, Université de
Yaoundé II (Cameroun), E-mail: mbamaclaude@yahoo.fr
L'objet de cet article est de déterminer les causes de
l’inefficacité du contrôle bancaire de l’entité dans une relation de
financement dans la Communauté Économique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC), pour la période allant de 2010 à 2018.
L’analyse économétrique des données secondaires obtenues dans les
rapports COBAC, nous révèle que la responsabilité de l’inefficacité de
contrôle bancaire dans une relation de financement est partagée entre
la banque et l’entité où chaque partie choisie de privilégier son intérêt
et préfère adopter l’opportunisme. La réflexion proposée invite les
deux parties à privilégier plutôt l’intérêt de la relation de financement,
qui permet de sauvegarder les intérêts de chacun.
Introduction
La zone CEMAC est une sous-région africaine richement dotée
de ressources naturelles telles que le pétrole, l'or, l'étain, la bauxite,
l'uranium, le bois et le minerai de fer etc. Malgré cette vaste
possession de ressources naturelles, elle connait un ralentissement de
sa croissance économique, ce qui a pour conséquence, l’accroissement
de la pauvreté, une très faible augmentation des revenus par habitant,
des tensions sociales ainsi que des crises sécuritaires internes pour les
pays membres. En dépit des efforts fournis par les gouvernements de
ces pays membres dans le sens de la relance économique (facilitation
de l’entrepreneuriat; construction des infrastructures énergétiques et
routières.), les économies de la zone CEMAC tardent toujours à
connaitre une croissance économique à deux chiffres pouvant
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permettre de résoudre les problèmes de pauvreté et de chômage des
populations. Dans le but de sortir de cette situation défavorable, le
secteur privé a été libéralisé par les Etats qui ont mis les moyens en
jeu pour favoriser l’entrepreneuriat privé. L’entité privée qui est au
centre de cette politique est un agent économique indispensable dans
une économie, car, c’est elle qui génère les richesses et réduit le
chômage (Mbama 2021b). Mais pour qu’elle puisse atteindre ses
objectifs, elle doit obtenir des financements nécessitent pour ses
investissements.
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opportunistes néfastes pour la banque, avec l’accroissement du risque
de non-remboursement de crédit dans un financement à l’acte.
3
Au regard des idées développées, la problématique est la
suivante : l’inefficacité de contrôle bancaire de l’entité est-elle
volontaire ou involontaire dans un contexte de financement
relationnel en zone CEMAC ?
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Dans un financement relationnel, il est souvent reproché aux
banques leur incapacité à « produire » de l’information sur l’entité
avant et après la signature du contrat de prêt. Certains auteurs
(Mbama, 2021a; Sharpe, 1990; Mbama et Kono abe, 2020 et Rajan,
1992), considèrent que l’information privée récoltée par la banque lui
donne l’opportunité de l’exproprier. Pour Longhofer et Santos, (2000),
ces informations privées, l’entraine à exiger des garanties matérielles
et des taux d’intérêt très élevés.
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sont notamment compétentes dans l’allocation et la surveillance des
crédits.
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n’est quand même pas le seul responsable de l’inefficacité de contrôle
de la banque. Nous pouvons également soulever celui de la
maximisation de son profit grâce à la minimisation des coûts de
contrôle de l’entité.
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crédit, le laxisme dans l'évaluation du crédit, l’ingérence du
gouvernement, la supervision inadéquate de la banque centrale, la
mauvaise gestion des crédits qui se traduit par une inefficacité dans le
contrôle des clients.
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Les banques ont fréquemment tendance à mettre en priorité, la
minimisation des coûts qu’elles supportent pour contrôler les entités
surtout si celles-ci sont des PME, tout simplement parce que le
contrôle vaut amplement une fortune. Or, nous savons que les
quantités de crédit accordées à ce type d’entités sont faibles. Ainsi, la
banque préfère minimiser les coûts de contrôle dans l’optique de
maximiser le profit qu’elle peut en tirer dans le crédit qu’elle a
accordée. Il est important de souligner que la banque se comporte
ainsi lorsqu’elle sait qu’elle a en sa possession des garanties
matérielles suffisantes car, elle sait que si l’entité tombe en faillite,
elle est la première à être remboursée. Ce qui l’amène à minimiser son
contrôle qui peut aboutir à l’accroissement du risque de non-
remboursement de crédit, très néfaste pour l’économie toute entière.
Au regard de ces idées, nous formulons notre deuxième hypothèse qui
est la suivante :
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1.2.1. L’opacité informationnelle de l’entité: un facteur explicatif de
l’inefficacité de contrôle de la banque
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L’incertitude sur les conditions qui priment durant l’exécution
du contrat ainsi que la grande complexité des tâches à réaliser qui
rend irréalisable la résolution de tous les cas éventuels au sein d’un
contrat, peuvent également donner lieu à des attitudes opportunistes.
Or cette incertitude est en partie fille de l’absence de confiance entre
banque et entité. Elle est traitée dans la théorie économique standard
par Williamson et étudiée en sciences sociales par l'économiste
Kenneth Arrow (1974). Elle apparait comme un facteur
d’accroissement de l’asymétrie informationnelle ex post, cause d’aléa
moral.
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La mutation des banques commerciales au cours de cette
dernière décennie, l’analyse de divers problèmes dont elles font face,
voire même les faillites pour certaines, relèvent la valeur du contrôle
interne au sein de ces banques (Weirich, 1991). Ces mutations
prouvent que le contrôle interne doit jouer un rôle préventif qui
permet aux banques d’assurer l’exécution de leurs activités de manière
sûre et saine. Le contrôle interne n’est pas une politique appliquée à
un certain moment ou une simple procédure, ni même une simple
fonction d’audit, mais un système qui fonctionne en continu à tous les
niveaux de la banque. Pour le Comité de Bâle (sur le contrôle
bancaire, 2010), les activités de contrôle consistent à s'assurer que les
limites d'approbation sont observées, minimisant les conflits d'intérêts
et assurant la séparation des tâches.
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H4: Plus le contrôle bancaire de l’entité est permanent,
moins il est inefficace
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Ce qui montre que dans un financement relationnel, si la
banque ne met pas l’accent sur le contrôle permanent de l’entité, elle
occasionne l’accroissement du risque de non-remboursement de
crédit. La confiance est sensée exister entre elles mais si celle-ci est
absente, le contrôle interne non aléatoire est l’une des solutions qui
permet de réduire l’opportunisme post contractuel de l’entité. La
fonction du contrôle interne doit concerner plus la prévention que la
répression. Le but du contrôle de l’entité n’est pas de découvrir les
fraudes et les erreurs, mais d’avoir un système durable qui offre une
assurance logique de sécurité.
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Elle concerne la démarche utilisée partant de la stratégie de
recherche puis de la description des travaux opératoires qui passe par
la présentation des caractéristiques de la population, de l’obtention
ainsi que du traitement des données de l’étude.
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la CEMAC comptait déjà 55 banques en activité réparties comme
suit : quinze (16) au Cameroun, quatre (4) en Centrafrique, onze (11)
au Congo, dix (10) au Gabon, cinq (5) en Guinée Équatoriale et neuf
(9) au Tchad.
L’étude que nous menons en zone CEMAC concerne
uniquement les informations des rapports COBAC, de 2010 jusqu’en
2018, ce qui fait un total de 09 ans.
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Au terme de cette présentation, il est intéressant de passer à la
présentation des résultats.
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permet de donner une explication à l’évolution de chacune des
variables.
Minimum 2146,000 7,980 81,300 41838,000 0,060 -38,900 6397,000 0,430 10498,000 252,000
Maximum 715693,000 16,500 3161732,000 8193292,000 811627,00 50,300 198586,000 0,970 233003,00 65998,000
0 0
Eff. du minimum 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Eff. du maximum 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Amplitude 75447,000 8,520 3161723,700 888454,000 81626,940 89,200 192189,000 0,540 222505,00 65746,000
0
Médiane 81445,500 11,765 411598,000 1152193,500 5034,000 16,250 51726,500 0,800 80989,500 6953,500
Moyenne 115600,722 11,776 70094,701 2156411,111 14553,163 17,093 61172,241 0,795 89243,611 13154,444
Ecart-type (n) 118197,670 1,736 83629,674 257640,353 23405,603 15,273 48397,957 0,117 61160,845 15782,445
Coefficient de variation 1,166 0,147 1,193 1,005 1,608 0,894 0,791 0,147 0,685 1,200
Ecart-type de la moyenne 2499,642 0,238 11487,419 35389,624 3215,007 2,098 6647,971 0,016 8401,088 2167,885
Borne inf. de la moyenne 10587,075 11,298 47053,856 185428,514 8104,676 12,885 47838,100 0,763 72393,162 8806,217
(95%)
Borne sup. de la moyenne 20614,370 12,254 93135,546 327393,708 21001,650 21,300 74506,381 0,827 106094,06 17502,672
(95%) 0
Ecart-type de la variance 65543032,97 0,596 1384253912, 13137802356 108426291 46,166 463605958, 0,003 740358231 49299611,84
6 595 ,330 ,792 974 ,147 4
Erreur standard (Asymétrie 0,325 0,325 0,325 0,325 0,325 0,325 0,325 0,325 0,325 0,325
(Fisher))
Moyenne géométrique 8238,917 11,646 19790,596 129353,668 2027,332 41837,518 0,786 64285,448 7113,657
Ecart-type géométrique 3,478 1,163 12,044 3,833 21,445 2,575 1,175 2,467 3,254
Moyenne harmonique 3301,370 11,514 238,828 51112,189 3,032 22,024 27136,918 0,775 42235,436 3267,135
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La valeur médiane nous renseigne qu’au moins 50% des
systèmes bancaire de la zone CEMAC enregistrent 81445,500 de
Milliards de FCFA au court de la période observée. Pour ce qui est de
la moyenne, ce tableau nous informe que 115 600,722 Milliards de
FCFA sont enregistrés en moyenne comme créances douteuses de
2010 à 2018 par les banques. L’écart-type de ces créances douteuses
est de 118197,670 Milliards de FCFA en zone CEMAC et montre le
degré de dispersion de toutes les valeurs de créances douteuses.
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secteurs bancaires de la zone CEMAC, elle est de 11,776% tout au
long des neuf années observées.
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FCFA durant la période observée. Ce qui montre l’intensité en volume
du financement relationnel bancaire de la zone CEMAC. Quant à la
moyenne de crédits à moyen terme accordés par ces six secteurs
bancaires, elle se situe à 2156 411,111 milliards de FCFA tout au long
des neuf années observées.
Variables CREANDOUT COUTCRED GARANT CRED MT ENGAGDOUT DEGCOVRISQ PNB VOLRESBANC FPNREG PROV
CREANDOUT 1 -0,28 0,503 0,585 0,773 -0,163 0,702 -0,279 0,635 0,865
COUTCRED -0,28 1 -0,428 -0,562 -0,21 -0,067 -0,527 0,002 -0,473 -0,296
GARANT 0,503 -0,428 1 0,67 0,685 -0,124 0,657 -0,337 0,625 0,446
CRED MT 0,585 -0,562 0,67 1 0,417 -0,168 0,942 -0,525 0,862 0,631
ENGAGDOUT 0,773 -0,21 0,685 0,417 1 -0,102 0,509 -0,234 0,514 0,696
DEGCOVRISQ -0,163 -0,067 -0,124 -0,168 -0,102 1 -0,201 0,127 0,117 -0,165
PNB 0,702 -0,527 0,657 0,942 0,509 -0,201 1 -0,387 0,895 0,761
VOLRESBANC -0,279 0,002 -0,337 0,525 -0,234 0,127 -0,387 1 -0,391 -0,251
FPNREG 0,635 -0,473 0,625 0,862 0,514 0,117 0,895 -0,391 1 0,666
PROV 0,865 -0,296 0,446 0,631 0,696 -0,165 0,761 -0,251 0,666 1
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(CREANDOUT) et les coûts de crédit (COUTCRED) qui est de -
0,280, et entre les créances douteuses et la volatilité des ressources
bancaires (VOLRESBANC) qui est de -0,279. Cette corrélation
négative entre ces variables et celle de créances douteuses traduit
l’évolution en sens inverse de ces variables indépendantes et celle de
créances douteuses. Ce qui montre que, plus les coûts de crédit
diminuent dans le financement relationnel en zone CEMAC, plus le
risque de non-remboursement de crédit s’accroit. Ce résultat fait voir
l’incapacité des entités à réduire l’asymétrie d’information ex post des
entités de la zone CEMAC du fait de la réduction des coûts de crédit,
d’où l’incapacité de la banque à assurer un contrôle efficace de
l’entité. Ce résultat nous permet d’affirmer l’hypothèse H3: Plus
l’asymétrie informationnelle ex post de l’entité est élevée, moins le
contrôle bancaire de l’entité est efficace
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l’entité, ce qui a pour conséquence l’accroissement du risque de non-
remboursement de crédit. Au regard de ce résultat, l’hypothèse H2 (la
minimisation des coûts de contrôle par la banque influence
négativement son efficacité), est validée.
23
Source: l’auteur à partir des différentes variables déduites de la
littérature financière
24
Les résultats observés dans cette analyse économétrique nous
révèlent que, le fait pour la banque d’être trop exigeante dans la
demande des garanties conduit à l’accroissement du risque de non-
remboursement de crédit des entités. Celui-ci se manifeste par la
progression des créances douteuses qui ont une relation positive
(0.0983), avec les garanties. Or selon, Longhofer et Santos, (2000), les
informations privées obtenues par la banque dans le cadre de la
relation de financement, l’incite à exiger des garanties matérielles à
l’entité. Ces auteurs dévoilent que les attributs du contrat de crédit
peuvent encourager des comportements opportunistes où les banques
trichent en fixant des conditions de financement coûteuses aux entités.
Et dans cette situation, la banque néglige le contrôle de l’entité par
opportunisme du fait du niveau élevé de ces garanties. Au regard de
ce résultat nous pouvons ainsi valider l’hypothèse H1 (Plus une
banque est opportuniste dans un financement relationnel, moins
elle est efficace dans le contrôle l’entité).
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également à la stabilité systémique et à une allocation du capital dans
l'économie. Au regard de ce résultat, l’hypothèse H2 qui stipule que:
«la minimisation des coûts de contrôle par la banque influence
négativement son efficacité», est également validée.
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créances douteuses de l’année n-1 s’accroissent, plus celles de l’année
n vont également suivre la même tendance.
Cette évolution peut s’expliquer par le fait que dans un
financement relationnel, la banque ne puisse pas mettre en place une
politique de contrôle interne de l’entité permanente et efficace. Elle
préfère engager la procédure de contrôle que lorsque l’entité est en
difficultés. Tang et al. (2015), constatent que la faible importante du
contrôle interne augmente le risque de crédit des entités. Les auteurs
établissent une certaine relation entre les contrôles internes et le risque
de crédit. Ce résultat nous permet de valider H4 (Plus le contrôle
bancaire de l’entité est permanent, moins il est inefficace).
Il est également intéressant de souligner qu’en cas de défaut de
l’entité, son contrôle est en conséquence aléatoire. Ce résultat va dans
le même sens que celui de Yan (1996), qui affirme que le contrôle
interne de la firme est aléatoire en cas de défaut. Il n'intervient que si
la différence entre le paiement requis et celui obtenu est supérieure au
coût du contrôle.
Conclusion
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l’inefficacité du financement relationnel en zone CEMAC, d’où
l’accroissement du risque d’aléa moral (Mbama, 2021b). Cette
situation est due à une inefficacité de contrôle par la banque après
allocation du crédit.
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cette inefficacité de contrôle peut tout de même provenir des
mauvaises techniques de contrôle mises en place par la banque. Dans
l’optique de déterminer les causes de cette inefficacité de contrôle
bancaire, nous avons mené une étude empirique sur données
secondaires en zone CEMAC de 2010 à 2018.
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31