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I.

Freins et leviers du financement des PME

1- Freins aux financements

a) Facteurs internes

Les maux qui minent l’expansion économique des PME se situent dans la quasi-totalité de ses
fonctions si l’on en croit le Conseil de Déontologie en Valeurs Mobilières (2011). De plus, les
PME présentent des caractéristiques qui demeurent la quintessence même des contraintes
financières 1, les solutions proposées par le système financier, laissant éterniser pour elles ce
qu’on qualifie de déficit de financement (Udell, 2013). Ainsi, les PME souffrent de plusieurs
problèmes qui entravent leur accès au financement notamment les contraintes du système de
gestion, de structure financière ainsi qu’administrative et juridique.
 Contraintes de système de gestion : La quasi-totalité des PME marocaines ont un
système de gestion déstructuré, c’est-à-dire une nomenclature figée sur l’observation,
la création et l’action au détriment d’une méthode managériale, fondée sur la
planification, l’organisation et le contrôle pour une efficience et rentabilité durable à
long terme. En effet, le système de gestion des PME, en l’occurrence au Maroc, est
marqué par la personnalité du gérant qui est en général le propriétaire. A cet effet et
pour des philosophies d’ordre culturelle, les entrepreneurs sont dubitatifs à la
décentralisation du pouvoir et des prises de décisions, ce qui entrave l’accès au
financement. Aussi, par carence budgétaire (capitalisation endémique), les PME sont
atteintes de sècheresse au niveau des cadres compétents pour une gestion optimale et
par la même occasion combler leur déficience technique dans les différents
départements et ce, par refus, inexpérience, voire également les divergences des
méthodes de gestion entre associés qui causent aussi la dissolution de certaines PME.
A cela s’ajoute l’ignorance des principes de bonne gouvernance. Effectivement, les
dirigeants des PME ont une connaissance limitée des principes et mécanisme de
gouvernance d’entreprise, tandis que la pratique de ces derniers optimise l’accès au
financement2 par la crédibilité, la transparence, la confiance et l’expertise de
l’entreprise vis-à-vis de ses créanciers à travers les notes de synthèse et de
recommandations faites par les auditeurs externes.
 Une structure financière défaillante : l’entreprise marocaine est encline à
l’enracinement d’elle-même et, ce dû à un manque d’informations financières. En
effet, bon nombre de dirigeants d’entreprise privilégient un financement interne des
capitaux propre au détriment des piste de solutions externes telles que le recours à
l’emprunt bancaire par exemple. Aussi, les emprunts dont sollicitent les PME sont en
majorité des endettements à court terme, une situation qui avilie et leur confère une
place de survie au détriment d’innovation. Ainsi, partant du même sens, plusieurs
chefs d’entreprise ignorent les pratiques bancaires et différentes alternatives de
1
« Comprendre le déficit de financement des PME pour stimuler leur croissance », Dietsch & Mahieux, revue
d’économie financière
(N°114) 2014/2
2
« Code marocain de bonne pratique gouvernance d’entreprise », MAEG & CGEM, 2008
financement, ce qui constitue un obstacle de prise de décision financière. Par
conséquent, la problématique de financement au Maroc est ainsi liée à 3 : le manque de
transparence et de professionnalisme des PME dans la présentation des dossiers
crédits, la réticence des banques à octroyer des prêts à ces dernières.

b) Facteurs externes

 Les obstacles administratifs et judiciaires : le problème perçu auprès des PME dans
le processus de phase embryonnaire de leur entreprise est généralement l’absence de
transparence de leur situation. Ceci émane des difficultés liées aux procédures
administratives, la nonchalance des organismes, l’ambiguïté de desceller des autorités
mandatées à délivrer l’accord d’exercer ainsi que les carences des structures d’accueil
et d’encadrement, ce qui représente une navette entre autorité communale et tutelle
(préfecture par exemple) dans le processus d’analyse de dossier d’un projet de PME.
Aussi, la lenteur du système judiciaire constitue une chimère pour les PME
marocaines. A cet effet, il convient donc aux autorités compétentes d’être un organe
édificateur pour l’Etat de droit.
 Les garanties : généralement (immobilisations corporelles) exigées par les banques
ont une forte influence sur le niveau d’endettement des entreprises, mettent en exergue
la corrélation entre garanties et taux d’endettement. La présence des immobilisations
corporelles importante constitue une garantie majeure pour les créanciers face aux
problèmes de surinvestissement4. Si l’on en croit la théorie du financement
hiérarchique5, les entreprises possédant des immobilisations corporelles moins
accrues à leurs actifs seront présentées aux asymétries d’informations et recourent à
l’endettement par émissions d’actions.
 L’inadaptation entre produits financiers et besoins relatifs aux PME : le secteur
financier se définit par une rude concurrence pour la totalité des entreprises, un
marché exponentiel, et des difficultés d’accès aux parts de marché. Toute entreprise
confondue doit disposer des liquidités conséquentes pour financer son cycle
d’exploitation. Nonobstant ce fait, il est nécessaire de se procurer des financements
adaptatifs, c’est-à-dire adaptés à sa situation donnée. De ce fait, la quasi-totalité des
PME marocaines se trouvent dans une situation déséquilibrée car, bon nombre
d’organismes financiers proposent des produits inadéquats à la situation des PME,
voire de leurs capacités financières. Des lors, ces PME se focalisent sur des banques
qui, proposent des crédits à moyen ou court terme et, ce, moyennant des taux
exorbitants en contrepartie du manque de garantie et des risques encourus par les
banques en cas de non-respect de délais paiement ; ce qui donne lieux à une carence
de liquidité pour financer l’actif circulant (besoin en fonds de roulement positif).
2- Leviers liés au financement des PME

3
Banque européenne d’investissement pour la Méditerranée « les besoins des PME Méditerranéennes », La
ème
5 Conférence FEMIP, Rabat-Maroc mars 2009
4
Jensen & Meckling « Théorie de l’agence », 1976
5
Myers & Majluf « Théorie du financement hiérarchique », 1984
Plusieurs perspectives s’offrent aux PME afin d’accroître cette politique de financement.
a) Perspectives d’ordre bancaire

Il demeure indispensable pour les banques de mieux informer les types de financement
disponibles dans ces dernières ainsi que les modalités pratiques pour y accéder. Pour ce faire,
il sied de promouvoir une information fluide entre les différentes entités (PME, Banque
commerciale et autorités publiques) et ce, par le canal des rencontres régulières. Aussi,
contribuer à une modernisation du système bancaire par l’entremise d’une formation. En effet,
les banques commerciales demeurent perplexes à l’idée de financer les PME à profil plus
élevé mais peu quantifiable. A cet effet, une assistance technique des banques commerciales
est de mise afin de développer des outils de risques crédits renforçant ainsi leur capacité à
financer les PME.
b) Perspectives à caractère étatique

Une politique de nouvelle économie sera bénéfique pour les PME. De ce fait, la mise en
situation d’un système d’aide et d’encouragement de l’Etat permettrait aux PME d’être
orientées vers l’innovation et les technologies d’informations et ce, avec également le
renforcement de la vocation des Chambres de Commerce, de l’Industrie et des Services.
Aussi, l’optimisation des organisations entre Départements Ministériels, impliqués souvent
dans la majeure partie du souci d’intégration de leurs actions en faveurs des PME.

II. Accès au financement des PME

Depuis plus d’une décennie, le Maroc accroît des perspectives remarquables en ce qui
concerne les axes de financement et ce, par le canal d’un secteur bancaire et financier forgé et
compétitif. En effet, cela se fait ressentir par l’intérêt des banques marocaines portées envers
les PME et aussi grâce au programme d’accompagnement de financement des ces dernières,
offrant ainsi un large panel de solutions adaptées pour tout secteur confondu.

1- Financement bancaire

Les PME, financées généralement par leurs fonds propres sont classées comme potentialité de
risque par les banques et supportent ainsi des taux d’endettement très élevés. Notons
également que selon la Banque Mondiale (2019), un tiers d’entre elles misent sur les banques
pour financer leurs investissements. A cet effet, les banques émettent un système de notation
de crédit respectif et conforme aux normes internationales. Selon le Small Business Act
(SBA) en 2014, le Maroc occupe le podium (2 ème rang) dans la région MENA ayant un
meilleur accès au financement avec le score relatif de 3,5/5 et que les PME ayant obtenu un
prêt, voire une ligne de crédit à décupler à partir de 2007 (BM, 2019).

2- Financement via le marché boursier

Qualifier comme moyen de référence de financement, a créé un deuxième compartiment du


nouveau marché réservé aux PME à fort potentiel de croissance. Le financement via le
marché de la dette via émissions de titres de dettes peut prendre forme de titre et créances
négociables (billets de trésorerie par exemple) qui pourront être le centre d’intérêt des PME
(CDVM, 2011). Les PME, en s’introduisant en bourse bénéficieront de plusieurs avantages à
l’instar d’un abattement fiscale, d’un financement par le canal des actions.

3- Financement par capital investissement

Les PME peinent véritablement à trouver des sources de financement pour assurer le
démarrage de leur entreprise. Toutefois, à travers une le recours à un capital investissement,
les PME ont le choix entre la Société de Capital Risque (SCR) qui est une société par actions
ou le Fond Commun de Placement à Risque (FCPR) qui demeure une copropriété d’actifs
émettant des parts et n’ayant pas par la même occasion la personnalité morale. Aussi, selon
l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (2017), l’investissement dans les
entreprises en phase de développement représente 74% du total des investissements réalisés
de 2006 à fin 2016, avec une grande concentration de la région CASABLANCA-SETTAT à
hauteur de 68%.

III. PME Marocaines

1- Importance des PME

Actuellement, les PME sont considérées comme moteur de croissance du tissu économique
(Banque Mondiale, 2019). Les PME marocaines sont près de 1,2 millions, constituent 95% de
la totalité d’entreprise en activité et par conséquent, sont porteur de valeur ajoutée à hauteur
de 20% du PIB marocain,40% des investissements privés ainsi que 30% des exportations.
Elles créent une partie importante d’emplois au sein de l’économie. Cependant, force est de
constater que ces emplois créés sont en majorité des emplois informels (Banque Al-Maghrib,
2019). Les PME existent dans tout type de secteur d’activité à l’instar de :
 Le secteur commercial
 Le secteur industriel
 Le secteur artisanal
 Le secteur des services
2- Caractéristiques des PME

Acteurs majeurs productif du tissu économique chérifien, les PME ont des caractéristiques
variables en fonction de la structure de l’entreprise, le secteur d’activité ainsi que le siège.
Majoritairement, les PME marocaines se définissent comme suit :
 Absence d’innovation
 L’asymétrie de l’information
 Carence de gouvernance
 Prépondérance de l’entrepreneur
 Fragilité technologique
 L’incapacité d’avoir une notoriété sur le marché notamment en matière d’influence
des prix.
 La gestion organisationnelle demeure généralement archaïque, ce qui justifie leur
recherche des profils à fort potentiel d’adaptation et flexible à toute situation.
 Une culture orale peu fluide qui conduit souvent à des incompréhensions.

3- Répartition des PME par secteur et géographie

La répartition sectorielle et géographique des PME se structure de manière inégale comme


suit :
D’abord, le secteur tertiaire occupe 72%, ensuite le secteur secondaire occupe à hauteur de
27%, enfin le secteur primaire à 1% du fait de la constitution formel au sens du terme est peu
enraciné dans les mœurs rurales. Ainsi, la répartition géographique6 se fait comme suit :
 Grand Casablanca 40% des PME-PMI
 Tanger-Tétouane, 10%
 Meknès-Fès, 9%
 Rabat-Salé-Khémisset, 8%
 Les autres 33% est réparti sur les 14 dernières régions

6
Mohammed ABDELLAOUI & Amina HAOUDI, « Outils de financement et contraintes de développement des
PME au Maroc »

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