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21 Chirurgie endodontique

CHAPITRE

Mahmoud Torabinejad, Bradford R. Johnson

PLAN DU CHAPITRE

Incision pour le drainage Amputation radiculaire


Chirurgie péri-apicale Situations qui indiquent l’orientation
Chirurgie correctrice du patient vers un spécialiste

OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE

Après avoir lu ce chapitre, l’étudiant devrait être capable : 7. D’indiquer le pronostic de chacune des procédures
1. De discuter le rôle de la chirurgie endodontique dans le énoncées dans l’objectif 4.
plan de traitement dressé pour un patient. 8. De formuler les principes de la conception d’un lambeau.
2. De reconnaître des situations pour lesquelles la chirurgie 9. De schématiser les formes variées du lambeau et d’en
est le traitement de choix. déduire les indications, les avantages et les inconvénients
3. De reconnaître des situations médicales ou dentaires pour de chacune des formes.
lesquelles la chirurgie endodontique est contre-indiquée. 10. D’énoncer les matériaux d’obturation de l’apex les plus
4. De définir les termes incision pour le drainage, curetage courants.
apical, résection apicale, préparation et obturation apicale, 11. De passer en revue les principes fondamentaux de la suture.
amputation radiculaire, hémisection, et transformation de 12. De décrire les modes généraux de cicatrisation des tissus
molaires en prémolaires. mous et des tissus minéralisés.
5. De décrire brièvement les étapes successives des 13. De rédiger des instructions à remettre au patient
procédures de la chirurgie péri-apicale comprenant l’incision, concernant les soins postopératoires après une
la réflexion d’un lambeau, l’accès dans l’apex, le curetage intervention de chirurgie endodontique.
apical, la résection apicale, la préparation et l’obturation 14. De lister et décrire les conditions qui conduisent à orienter
apicale, le repositionnement d’un lambeau et la suture. le patient vers une consultation spécialisée pour évaluer
6. D’argumenter les indications de chacune des procédures le problème et le résoudre.
énoncées dans l’objectif 4.

L
e traitement de canal non chirurgical est une procédure qui péri-radiculaires par leurs toxines, et fournir un environnement
présente un taux très élevé de succès si le diagnostic est cor- propice à la régénération des tissus périradiculaires.
rectement établi et si tous les aspects techniques de l’inter- L’art et la science de la chirurgie endodontique ont été spec-
vention sont correctement exécutés [1–4]. Une croyance courante taculairement transformés ces dix dernières années. Aupara-
laisse entendre qu’en cas d’échec du traitement de canal, il convient vant, ce traitement était limité aux dents antérieures parce
d’indiquer un traitement chirurgical pour corriger le problème. qu’elles étaient considérées plus accessibles. Avec l’introduc-
Cela n’est pas nécessairement exact ; la plupart des échecs sont tion du microscope opératoire, des ultrasons et des nouveaux
corrigés par le retraitement non chirurgical. Des études ont déclaré matériaux d’obturation apicale, les dents qui devaient être
77 % à 89 % de succès d’un retraitement non chirurgical suite à un autrefois indubitablement extraites bénéficient aujourd’hui
traitement endodontique initial [5–7]. Cependant, certaines situations d’une chance d’être maintenues sur l’arcade [8].
nécessitent une intervention chirurgicale pour maintenir une dent Ce chapitre décrit les indications et les interventions, à
sur l’arcade qui, faute de ce traitement, devrait être extraite. savoir l’incision pour le drainage, la chirurgie péri-apicale
La chirurgie endodontique ne peut être qualifiée de chirurgie et la chirurgie corrective comme l’amputation radiculaire,
orale au sens traditionnel du terme. Elle se définit plutôt comme l’hémisection et la transformation de molaires en prémolaires.
un authentique «  traitement endodontique par réflexion d’un
lambeau chirurgical ». Mais le simple fait de sectionner l’apex
d’une racine et d’insérer une obturation au voisinage du canal INCISION POUR LE DRAINAGE
ne vise pas nécessairement la totalité des objectifs du traitement
endodontique chirurgical. Ces objectifs sont : obturer toutes les L’objectif visé par l’incision pour le drainage est l’évacuation
portes de sortie de la cavité pulpaire ainsi que tous les isthmes, des exsudats inflammatoires et du pus d’une tuméfaction des
398 éliminer les bactéries et prévenir la contamination des tissus tissus mous. L’incision pour le drainage réduit l’inconfort
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douloureux résultant de la pression exercée dans la tuméfac- fig. 10.3, B et aussi fig. 21.1, B, C). Cela s’explique par l’existence
tion et accélère la cicatrisation. possible de plusieurs abcès séparés, l’un étant situé à l’apex, et
l’autre étant sous-muqueux ou logé dans un espace anatomique.
Indications Le drainage à travers les tissus mous est d’autant plus efficace
L’abcès apical symptomatique d’origine pulpaire est l’indication que la tuméfaction est fluctuante. Une tuméfaction fluctuante
principale du drainage (fig. 21.1, A). Il existe deux manières de est une masse de liquide dont la pression avec un doigt procure
drainer l’abcès : la voie dentaire et, plus exactement, le canal radi- la sensation de vague (comme un ballon poussé dans l’eau) et
culaire (fig. 21.1, B) ; et, si cette approche est impossible ou ne laisse une empreinte du doigt (signe du godet) (voir fig. 10.3
peut pas être complètement accomplie, la technique de l’incision B et aussi fig. 21.1, A). L’incision de la tuméfaction fluctuante
des tissus mous. Parfois, le drainage peut être réalisé par l’incision libère immédiatement son contenu purulent et soulage rapide-
des tissus mous, même s’il a été exécuté par voie dentaire (voir ment le patient. Si la tuméfaction est non fluctuante ou ferme,
le drainage libère souvent uniquement du sang et des sérosités.
L’incision et le drainage d’un abcès non fluctuant réduisent la
pression et facilitent la cicatrisation par diminution du volume
des irritants et par facilitation de la circulation dans cette zone.
Contre-indications
L’incision pour le drainage est relativement peu contre-indi-
quée. En revanche, il convient d’être prudent pour traiter les
patients dont le temps de saignement ou le temps de coagula-
tion est allongé ou ceux qui sont traités avec des bisphospho-
nates ; il est indiqué de demander un bilan sanguin préalable.
Un abcès localisé dans un espace anatomique ou à son voisi-
nage doit être traité avec une grande prudence.
Interventions
Anesthésie
Il est difficile d’obtenir une anesthésie profonde en présence
d’une inflammation, d’une tuméfaction ou d’exsudats. L’anes-
thésie régionale est préférée à l’anesthésie sous-périostée qui est
inefficace et peut être très douloureuse dans cette situation. Les
techniques d’anesthésie régionale de choix sont l’anesthésie du
nerf mandibulaire pour les dents postérieures, l’anesthésie bila-
térale des nerfs mentonniers pour les dents mandibulaires anté-
rieures, l’anesthésie du nerf alvéolaire postérieur et supérieur
pour les dents maxillaires postérieures et l’anesthésie du nerf
infra-orbitaire pour les prémolaires maxillaires. Ces injections
peuvent être complétées par des infiltrations locales.
En plus de l’anesthésie régionale, une des méthodes suivantes
peut être utilisée. La première consiste à anesthésier la périphérie
de la tuméfaction dont les étapes sont : appliquer un anesthésique
local ; injecter lentement la solution anesthésique à faible pres­sion
et à faible profondeur ; infiltrer de nouveau les tissus préalablement
anesthésiés ; se déplacer progressivement de proche en proche du
centre de la tuméfaction. Cette procédure améliore la qualité de
l’anesthésie et évite un inconfort extrême. La seconde technique
consiste à utiliser le chlorure d’éthyle par voie topique [9]. La tech-
nique est la suivante : asperger à distance un jet de la solution sur
la tuméfaction de telle sorte que le liquide se volatilise immédia-
tement sur la surface tissulaire. Dans les secondes suivantes, le
site de la volatilisation devient blanc. C’est à ce moment qu’il faut
inciser sous une aspersion continue de chlorure d’éthyle. Cette
anesthésie topique complète efficacement l’anesthésie régionale
quand une incision rapide est requise.
Si aucune de ces procédures n’est efficace, la sédation avec
le MEOPA ou par voie intraveineuse peut être requise pour
accomplir l’incision et le drainage.

Fig. 21.1  A. Tuméfaction fluctuante, à la suite d’une infection


Incision
de l’incisive latérale gauche. B. Exécution du drainage par le canal Dès que l’anesthésie est installée, une incision verticale est
de la dent atteinte. C. L’incision pour le drainage est horizontale réalisée avec une lame n°  11. Les incisions verticales sont
dans la tuméfaction et un drain de caoutchouc est suturé en place parallèles aux vaisseaux sanguins et aux nerfs principaux et
pour empêcher la fermeture immédiate de l’incision. les cicatrices sont pratiquement invisibles. L’incision doit être 399
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ferme et doit traverser le périoste pour s’appuyer sur l’os. Si la d’obtenir un joint adéquat au terme du traitement de canal non
tuméfaction est fluctuante, en général, le pus jaillit immédiate- chirurgical orthograde.
ment et précède un écoulement sanguin. Dans le cas contraire,
le liquide de drainage prédominant est le sang. Indications
Les indications principales de la chirurgie péri-apicale sont :
Drainage la complexité de l’anatomie de la cavité pulpaire radiculaire,
Après l’incision initiale, la voie de drainage peut être ouverte les accidents opératoires, l’impossibilité d’extraire des corps
et élargie en insérant une petite pince hémostatique [10]. Cette étrangers des canaux radiculaires, des symptômes persistants
procédure est utile avec les tuméfactions volumineuses. et la fracture apicale horizontale ; à ces cas s’ajoutent la biop-
Afin de maintenir ouverte la voie de drainage, un drain en sie et la chirurgie correctrice.
forme de I ou d’arbre de Noël peut être confectionné avec
de la digue de caoutchouc ou une pièce de gaze iodoforme, Problèmes anatomiques
celui-ci étant inséré dans l’incision (suture optionnelle) Le nettoyage et la mise en forme de la cavité pulpaire peuvent être
(voir  fig. 10.5). Le drain doit être retiré après 2 à 3 jours s’il altérés à cause de l’impossibilité de négocier un canal obstrué ou
n’est pas suturé ; le patient peut le retirer lui-même chez lui. très courbé. L’indication des traitements endodontiques non chi-
rurgicaux (et chirurgicaux) est pertinente dans ces cas (fig. 21.2).
CHIRURGIE PÉRI-APICALE La thérapeutique endodontique non chirurgicale ou le retraitement
(si possible) avant l’intervention chirurgicale améliore le taux de
La chirurgie péri-apicale consiste généralement à sectionner succès de cette dernière [11, 12]. Cependant, si aucun des deux n’est
une portion de la racine dont le canal n’a pas été préparé ou faisable, la section de la portion radiculaire non préparée et non
bien à obturer l’apex du canal quand il n’a pas été possible obturée ou la chirurgie apicale deviennent nécessaires (fig. 21.3).

Fig. 21.2  A. Radiogramme préopératoire


de la région postérieure droite illustrant la présence
d’une dent invaginée (dens in dente) dans la canine.
B. La présence de cette anomalie et celle d’une lésion
volumineuse interdisent le traitement de canal non
chirurgical et conduisent à prescrire une intervention de
chirurgie péri-apicale sur cette dent. C. Le radiogramme
postopératoire obtenu 20 mois plus tard montre
400 une résolution complète de la lésion sur la canine.
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Symptômes persistants
La plupart des symptômes disparaissent après le traitement
de canal correctement exécuté. Néanmoins, si les symptômes
persistent malgré la méticulosité de l’intervention, la chirurgie
apicale peut être envisagée pour identifier la ou les causes de la
persistance de ces symptômes. La cause principale de la persis-
tance de la douleur dans ces cas est généralement l’inflamma-
tion qui résulte de l’incapacité pour l’opérateur de nettoyer et de
désinfecter complètement le ou les canaux radiculaires. La chi-
rurgie exploratrice permet d’identifier des fractures verticales
de la racine qui n’ont pas été détectées cliniquement (fig. 21.6),
des foramens apicaux et latéraux supplémentaires (canaux
probablement oubliés), des perforations, des ramifications api-
cales, des dépassements ou tout autre cause d’échec. Dès que la
cause a été détectée et éliminée, les symptômes disparaissent.

Fracture apicale horizontale


Bien que la plupart des fractures apicales horizontales trau-
matiques guérissent généralement sans aucune intervention,
il peut arriver que la région apicale de la racine se nécrose et
ne puisse guérir après un traitement non chirurgical. Dans ces
cas, cette portion apicale doit être chirurgicalement extraite et
le joint de l’obturation doit être évalué.

Biopsie
Bien que la plupart des lésions péri-apicales soient d’origine
pulpaire, il en existe d’origine différente (voir au chapitre 5
le diagnostic et le plan de traitement). L’image d’une radio-
clarté radiculaire d’une dent dont la pulpe est vivante et saine
Fig. 21.3  A. La butée présente dans la racine mésiovestibulaire
(fig. 21.7), des lésions péri-apicales mal définies près de dents
de la première molaire maxillaire n’a pas pu être négociée. dont la pulpe est vivante et saine chez des patients évoquant
B. Pour corriger cet accident de procédure et résoudre des antécédents de tumeurs malignes, une paresthésie ou une
un problème posé dans la racine distovestibulaire, anesthésie de la lèvre sont des indications de biopsie.
une intervention de chirurgie endodontique a été exécutée.
Contre-indications
Les quatre contre-indications majeures de la chirurgie péri-
La fenestration osseuse due à la perforation anatomique de apicale sont : (1) les facteurs anatomiques, (2) les complications
l’apex radiculaire, bien qu’exceptionnelle, pose l’indication médicales ou systémiques, (3) la prescription systématique de
de la chirurgie apicale après le traitement de canal dans le but la chirurgie, et (4) un échec dont la cause n’est pas identifiée [10].
de réduire l’extrémité radiculaire et de la replacer dans l’os
afin de corriger la situation. Parfois, une résorption apicale Facteurs anatomiques
trop étendue compromet un traitement de canal. Il devient Les difficultés d’accès au site chirurgical liées à la situation des
alors nécessaire d’exposer la racine, d’éliminer la zone résor- dents sur l’arcade, la proximité de cavités naturelles (par exem-
bée et de traiter cette portion du canal. ple les sinus et les fosses nasales), une configuration osseuse
inhabituelle ou la proximité de paquets vasculonerveux peuvent
Accidents d’intervention être une contre-indication, ou du moins exiger de la prudence ou
Les instruments fracturés, les butées, les perforations, les gros des approches chirurgicales spéciales (fig. 21.8). Par exemple,
dépassements de matériaux peuvent conduire à l’échec du la ligne oblique externe de la mandibule très épaisse à l’aplomb
traitement de canal et posent l’indication d’une intervention d’une molaire inférieure ou la proximité des apex avec le canal
chirurgicale. Si les symptômes ou les lésions s’installent ou mandibulaire peuvent compromettre l’accès chirurgical. Les
persistent après l’accident, la chirurgie péri-apicale devient racines dentaires très courtes empêchant toute résection, les
généralement nécessaire (voir fig. 19.14 et aussi fig. 21.4). maladies parodontales sévères (pronostic très réservé, même
avec la chirurgie) et des dents impossibles à restaurer consti-
Corps étrangers impossibles à extraire tuent d’autres situations contre-indiquant la chirurgie apicale.
des canaux radiculaires
Le retraitement est indiqué pour traiter les échecs. Cependant, Complications médicales ou systémiques
les tenons ou les clavettes impossibles à déposer, ou des maté- Les problèmes systémiques sévères ou l’angoisse, voire la
riaux d’obturation comme les pointes d’argent, l’amalgame, phobie peuvent contre-indiquer la chirurgie apicale chez ces
ou les pâtes non résorbables empêchent le retraitement, ou patients. Les troubles sanguins, les maladies terminales, le
bien leur élimination peut aggraver la fragilisation de la struc- diabète incontrôlé ou les maladies cardiaques sévères ainsi que
ture radiculaire dentaire. L’approche chirurgicale et l’obtura- les insuffisances immunitaires peuvent aussi contre-indiquer
tion apicale deviennent la meilleure alternative (fig. 21.5). la chirurgie apicale. 401
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Fig. 21.4  A. Radiogramme préopératoire d’une incisive centrale maxillaire montrant la présence de portions de gutta percha
dans l’os. B. L’inconfort et la douleur évoqués par le patient ont conduit à l’exécution d’une intervention de chirurgie péri-apicale
sur cette dent. C. Le radiogramme postopératoire obtenu 18 mois plus tard montre une résolution complète de la lésion.

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Fig. 21.5  A. L’échec du traitement de canal de la canine maxillaire droite indique une intervention de chirurgie péri-apicale.
B. La racine a été réséquée, et une cavité a été préparée et obturée avec l’agrégat minéral de trioxyde (MTA). C. Le radiogramme
postopératoire obtenu 5 ans plus tard montre une guérison complète. (Remerciements au Dr CCU Hong.)

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Fig. 21.6  En se fondant sur les données radiographiques (A) et l’examen clinique (B), une perforation ou une fracture
radiculaire de la seconde prémolaire maxillaire droite a été suspectée. C. Une fracture verticale de la racine a été confirmée
pendant l’intervention de chirurgie exploratoire. (Remerciements pour le cas au Dr Martin Rogers.)

Prescription systématique de la chirurgie Échec dont la cause n’est pas identifiée


Comme cela a été mentionné précédemment, la chirurgie Le traitement chirurgical dont l’objectif est de résoudre un
apicale est contre-indiquée quand un traitement non chi- problème dont la cause n’a pas pu être identifiée a fort peu de
rurgical est possible et dont le pronostic serait favorable chance de réussir.
(fig.  21.9). La pratique de chirurgie apicale systématique
qui consiste à traiter des lésions péri-apicales ou des Progrès récents en chirurgie endodontique
lésions péri-radiculaires volumineuses par ailleurs acces- La technique et l’instrumentation chirurgicales ont beaucoup
sibles avec succès par le traitement non chirurgical est progressé ces 10 à 15 dernières années [8, 13]. C’est à ce moment
contraire à l’éthique et, par conséquent, contre-indiquée. que sont apparus les équipements sophistiqués pour amélio-
Une revue systématique récente comparant les résultats rer l’éclairage et le grossissement du champ opératoire ainsi
attendus des traitements de chirurgie endodontique avec que les embouts ultrasoniques, les micro-instruments, et les
ceux des retraitements non chirurgicaux a démontré un tout nouveaux matériaux d’obturation apicaux. L’éclairage
taux de succès à moyen terme en faveur du traitement de et les équipements de grossissement ont grandement amé-
chirurgie endodontique après 2 à 4 ans ; en revanche, à plus lioré la qualité des procédures exécutées par les praticiens.
long terme, la tendance s’est inversée significativement en Le grossissement en chirurgie endodontique a permis de
faveur du retraitement non chirurgical après 4 à 6 ans [6]. Ces miniaturiser les instruments spécifiques à l’endodontie chi-
résultats renforcent l’argument selon lequel le retraitement rurgicale (fig. 21.10 à 21.13). Les derniers développements
non chirurgical doit être la première option de la résolution relatifs aux matériaux d’obturation apicaux ont amélioré
du problème posé par l’échec d’un traitement endodontique non seulement la qualité, mais aussi la biocompatibilité
404 initial. des joints apicaux. La tomographie volumique à faisceau
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Fig. 21.7  A. La présence de pulpes vivantes sur les dents antérieures gauches et d’une radioclarté multiloculaire très étendue
évoque l’hypothèse d’une lésion dont l’origine n’est pas pulpaire. B. Un autre cliché radiographique montre l’extension de cette
lésion. La biopsie a révélé la présence d’un kératokyste.

conique (TVFC) est une technologie émergente trouvant


de nombreuses applications en matière de diagnostic et de
traitement endodontiques, y compris le plan de traitement
préchirurgical. Comparée à l’imagerie traditionnelle en deux
dimensions, la TVFC dispose d’une capacité unique pour
fournir des images de haute résolution en trois dimensions
tout en écartant la superposition avec les structures anato-
miques environnantes [14].
Dans leur ensemble, ces progrès ont amélioré significati-
vement l’état de l’art et de la science de la chirurgie endo-
dontique, en offrant à la dent une deuxième chance d’être
maintenue sur l’arcade alors que, traditionnellement, elle était
condamnée à être extraite.

Procédures impliquées en chirurgie


péri-apicale
La séquence typique des procédures de chirurgie péri-apicale
est la suivante  : tracé du lambeau, incision et réflexion du
lambeau, accès apical, curetage périradiculaire, résection
apicale, préparation de la cavité apicale, obturation apicale,
repositionnement et suture du lambeau, soins postopératoires
et instructions, section de la suture et évaluation.

Tracé du lambeau
La première étape en chirurgie péri-apicale est le tracé du
lambeau qui doit offrir une exposition adéquate du site de
Fig. 21.8  L’apex de la première prémolaire mandibulaire l’intervention chirurgicale. Les principes et les recommanda-
est à proximité du paquet vasculonerveux, ce qui appelle tions généraux suivants doivent être suivis pendant le tracé du
à la prudence pendant l’intervention de chirurgie endodontique. lambeau [15, 16]. 405
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1. Le tracé du lambeau doit offrir un accès maximal au site de


l’intervention chirurgicale.
2. La base du lambeau doit être suffisamment large pour main-
tenir une irrigation sanguine adéquate sur le tissu récliné.
3. Éviter d’inciser à l’aplomb des lésions osseuses ou d’une
lésion périradiculaire  ; ces erreurs pourraient causer des
fenestrations postchirurgicales des tissus mous ou une
déhiscence de l’incision en cours de cicatrisation.
4. La lésion osseuse clinique est plus volumineuse que son
image radiographique.
5. Limiter le contour du lambeau au minimum à une seule
dent en ne dégageant que les surfaces devant être traitées.
6. Éviter d’inciser le lambeau en formant des angles aigus.
Dans ces conditions, le repositionnement et la suture du
lambeau sont difficiles et peuvent être ischémiques et se dés-
unir, retardant la guérison et laissant une cicatrice visible.

Fig. 21.9  L’exécution une intervention de chirurgie endodontique


sans avoir traité et obturé le canal est considérée comme un acte
dépourvu de discernement par rapport aux objectifs du traitement Fig. 21.11  Vue comparée entre un miroir intrabuccal normal
des maladies de la pulpe et des tissus péri-apicaux. et un micromiroir utilisé pour la microchirurgie endodontique.

Fig. 21.10  A. Échec d’un traitement chirurgical ancien sur les dents 22 et 23. Un retraitement chirurgical a été réalisé au moyen
de matériaux et de techniques plus récents (microscope opératoire dentaire, résection apicale perpendiculaire, préparation apicale
406 aux ultrasons et obturation avec MTA). B. Dix-huit mois plus tard, le suivi montre une guérison complète. (Remerciements pour le cas
au Dr Martin Rogers.)
Chirurgie endodontique 21

Fig. 21.12  Vue comparée entre un ancien contre-angle chirurgical à microtête et à basse vitesse (A) et un embout ultrasonique
utilisé pour la préparation de l’apex radiculaire (B).

Fig. 21.13  Vue comparée entre un bistouri avec une lame n° 15 Fig. 21.14  Incision horizontale festonnée (Ochsenbein-Luebke)
(en haut) et un bistouri de microchirurgie (en bas). réalisée dans la gencive attachée et accompagnée de deux incisions
verticales pour une intervention chirurgicale sur l’incisive centrale
7. Le lambeau incisé et récliné doit inclure le périoste. Toute gauche.
partie ou zone cellulaire du périoste non réclinée sera hémor-
ragique et compromettra la visibilité du champ opératoire. prévue. Les lèvres de l’incision de ce type de lambeau guéris-
8. Éviter d’inciser la papille interdentaire qui doit être complè- sent en laissant des cicatrisations visibles [17]. Le lambeau sous-
tement intégrée au lambeau ou bien exclue de ce lambeau marginal semi-lunaire est limité à la frénectomie ou à l’excision
dans son intégralité. d’une attache musculaire membraneuse, ou encore à la correction
9. Étendre les incisions de décharge verticales afin de recou- d’éminences canines ou osseuses. Compte tenu de ses inconvé-
vrir l’os sans écraser les portions du lambeau. nients, ce tracé est généralement contre-indiqué.
Malgré le nombre important de tracés de lambeau, deux
d’entre eux correspondent aux nécessités de la plupart des Lambeaux triangulaires et rectangulaires
interventions de chirurgie apicale : le lambeau sous-marginal sous-marginaux
(incurvé, triangulaire ou rectangulaire) et le lambeau mucopé- Les lambeaux triangulaires et rectangulaires sont connus en
riosté de pleine épaisseur (triangulaire ou rectangulaire). tant lambeaux sous-marginaux semi-lunaires modifiés. Le
tracé de l’incision se présente sous la forme d’un feston hori-
Lambeau sous-marginal semi-lunaire zontal (Ochsenbein-Luebke) réalisé dans la gencive attachée
Le tracé du lambeau sous-marginal incurvé est une courbe très accompagné d’une ou de deux incisions de décharge verticales
légère en demi-lune. Ce tracé est positionné sur la gencive atta- (fig. 21.14). Ce lambeau est choisi (avec de bons résultats) pour
chée et la convexité de la courbe est proche de la gencive mar- traiter les dents maxillaires antérieures restaurées avec une
ginale libre. L’incision est simple et le lambeau est facilement couronne prothétique. L’alternative au lambeau sous-marginal
récliné, ce qui offre un accès à l’apex sans empiéter sur les tissus est un tracé qui englobe les papilles interdentaires maintenues
voisins des couronnes. Il comporte certains inconvénients comme intactes [18]. Ce lambeau exige une hauteur de gencive attachée
un accès restreint et une visibilité limitée, les déchirements des de 4 mm dans un parodonte sain sans poche parodontale.
angles de l’incision au cas où l’opérateur se verrait contraint Ce tracé offre un meilleur accès et une visibilité améliorée
d’élargir l’accès au champ en étirant les tissus, et enfin le risque par comparaison avec le lambeau sous-marginal semi-lunaire
de voir l’incision à l’aplomb d’une lésion plus volumineuse que et réduit le risque d’inciser à l’aplomb d’une lésion osseuse. 407
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Fig. 21.16  Le lambeau est récliné avec un décolleur à périoste


et maintenu avec un rétracteur pour permettre la visibilité et l’accès
au site chirurgical. Le rétracteur doit s’appuyer sur de l’os sain.

Fig. 21.15  A. Lambeau de plaine épaisseur mucopériosté


(sulculaire) triangulaire avec une incision de décharge verticale
pour accéder à l’incisive centrale droite. B. Lambeau de pleine
épaisseur mucopériosté rectangulaire avec deux incisions
de décharge verticales pour accéder aux deux incisives centrales.

Les limites possibles de ce lambeau sont la cicatrice visible et


l’hémorragie au voisinage du tracé du site chirurgical [19]. Ce tracé
offre aussi moins de visibilité que le lambeau de plaine épaisseur. Fig. 21.17  L’os est éliminé au moyen d’une fraise boule neuve
et aiguisée à grande vitesse sous aspersion continue d’eau stérile
Lambeau mucopériosté de pleine épaisseur pour localiser l’apex de la dent.
Le tracé de lambeau mucopériosté de pleine épaisseur (intra-
sulculaire) débute sur la crête gingivale pour récliner la totalité du lambeau. Après l’exécution de l’incision horizontale, réaliser
de la papille interdentaire, la gencive marginale libre, la gen- l’incision ou les incisions de décharge verticales avec la même
cive attachée et la muqueuse alvéolaire. La forme du lambeau lame ou une lame n° 15. Récliner le lambeau avec un décolleur
peut être triangulaire ou rectangulaire, avec deux incisions de à périoste aiguisé. Prendre soin de maintenir le décolleur contre
décharge verticales (fig.  21.15). Ce lambeau offre un accès l’os en appliquant une force contrôlée au fur et à mesure de
et une visibilité maximaux, évite d’inciser à l’aplomb d’une la réflexion du lambeau qui intègre le périoste comme partie
lésion osseuse et tend à être moins hémorragique. Ce tracé de celui-ci. Récliner le lambeau au-delà de la jonction muco-
permet le curetage parodontal, le surfaçage radiculaire et le gingivale à un niveau offrant un accès confortable vers l’apex
remodelage osseux ; la cicatrisation est pratiquement invisible. radiculaire, une bonne visibilité du site chirurgical et permettant
Ses limites comprennent la difficulté de repositionnement, la le positionnement d’un rétracteur sur de l’os sain (fig. 21.16).
suture et les modifications possibles de forme et de hauteur de
la gencive marginale libre, voire la récession gingivale post- Ostéotomie
chirurgicale et son corollaire, à savoir l’exposition des bords Dans de nombreuses situations, la présence d’une lésion périradi-
de la couronne prothétique [17, 20]. culaire crée une ouverture anormale de l’os cortical visible après
la réflexion du lambeau ou bien identifiable au sondage à la sonde
Incision et réflexion appliquée sur l’os. Si l’ouverture est petite, utiliser une fraise boule
Inciser fermement au moyen d’un bistouri CK-2, CK-3, ou neuve pour éliminer l’os jusqu’au moment où l’apex sera localisé
tout autre lame appropriée dans la base du sulcus, ou débuter (fig. 21.17). Si la destruction de l’os cortical est limitée, placer un
l’incision horizontale. L’incision doit être réalisée à travers le objet radio-opaque à proximité de l’apex et prendre un cliché radio-
408 périoste jusqu’au contact osseux pour éviter tout déchirement graphique pour confirmer sa localisation. Éliminer l’os au moyen
Chirurgie endodontique 21

Fig. 21.18  Le curetage apical et l’élimination des tissus malades


renforcent la visibilité de l’apex et de l’os qui l’entoure. Ces tissus
doivent être soumis à un examen histologique.

d’une fraise à basse vitesse avec un mouvement de brossage léger Fig. 21.19  A. Résection apicale (apectomie) réalisée au moyen
accompagné d’une copieuse irrigation de solution saline [15, 16, 21]. d’une fraise fissure à grande vitesse. B. La totalité de la portion
radiculaire réséquée doit être visible.
Curetage périradiculaire
Le curetage des tissus mous pathologiques autour de l’apex maximale sur l’apex radiculaire [15, 16, 19]. En général, le volume
offre les bénéfices suivants : radiculaire sectionné dépend du jugement de l’opérateur qui a
j accès et visibilité de l’apex ;
décidé la résection apicale. Cependant, les objectifs visés pour
j élimination des tissus enflammés ;
l’exécution adéquate de la résection apicale sont les suivants :
j obtention d’un échantillon tissulaire de biopsie pour son j offrir un accès sur la surface linguale (palatine) de la racine ;

examen histologique ; j positionner le canal au centre de la section radiculaire ;


j réduction de l’hémorragie. j exposer des canaux supplémentaires, des deltas apicaux, ou

Prélever le tissu avec soin, idéalement en une seule pièce des fractures.
au moyen d’une curette de taille appropriée et bien aiguisée
(fig. 21.18). Cette manœuvre laisse une cavité osseuse saine. Préparation et obturation de la cavité apicale
Soumettre une portion de l’échantillon à la biopsie. Si la La préparation et l’obturation de la cavité apicale sont indi-
lésion est volumineuse, il faut laisser des portions tissulaires quées dans la plupart des interventions de chirurgie endodon-
pour éviter de compromettre l’irrigation sanguine des dents tique. De nos jours, les préparations sont réalisées avec des
adjacentes. Cela n’affecte pas la guérison périradiculaire. embouts ultrasoniques. Ceux-ci se présentent sous des formes
variées afin de s’adapter à pratiquement toutes les contraintes
Résection apicale se présentant pour accéder aux canaux (fig. 21.20). Pendant
La résection apicale consiste à biseauter l’extrémité apicale de leur utilisation, il convient d’orienter les embouts de manière
la racine. Cette étape fait souvent partie intégrale de l’inter- à ce que les parois de la préparation soient parallèles au grand
vention de chirurgie apicale. Elle vise deux objectifs : axe de la racine. Une préparation cavitaire de classe 1 d’une
j sectionner la portion de la racine qui n’a pas pu être traitée, profondeur minimale de 3 mm dans le canal sera réalisée au
permettant à l’opérateur de déterminer la cause de l’échec ; moyen de ces embouts (fig. 21.21) [19, 22, 23]. Mais ce type de
j obtenir une surface plane permettant à l’opérateur de pré- préparation sera modifié en fonction des complications anato­
parer une cavité apicale et de l’obturer avec un matériau miques de la racine concernée [15]. Les avantages principaux des
d’obturation apical. instruments ultrasoniques résident dans la facilité et le contrôle
Sectionner la portion apicale avec une fraise fissure conique à de leur utilisation, ainsi que dans la réduction de la taille du
grande vitesse accompagnée d’une copieuse irrigation de solu- biseau, et dans l’uniformité de profondeur de la préparation [22–24].
tion saline (fig. 21.19). Orienter le biseau avec un angle proche De plus, les préparations apicales sont plus petites, les pré-
de 0 degré dans le sens vestibulolingual pour offrir la visibilité parations des isthmes sont plus aisées, l’ensemble de ces 409
21 ENDODONTIE

Fig. 21.20  Un assortiment d’embouts ultrasoniques variés est


disponible pour préparer des cavités sur des racines d’anatomies
diverses.

préparations respectent la direction des canaux (fig. 21.22), le


nettoyage des parois des canaux est meilleur avec les embouts
ultrasoniques qu’avec les fraises, et les manœuvres génèrent
moins de fatigue pour l’opérateur.
L’obturation de la préparation suit la finition et l’examen
minutieux de la préparation (fig. 21.23). Le matériau d’obtu-
ration apical doit respecter les qualités suivantes :
j fournir un joint étanche ;

j biocompatible ;

j non résorbable ;

j aisément inséré ;
Fig. 21.21  A. Un embout ultrasonique est utilisé pour préparer
j non altéré par l’humilité ; une cavité de classe 1 dans la portion apicale du canal radiculaire.
j visible radiographiquement ; B. Vue dans le miroir de la préparation. (Remerciements
j capable d’induire la régénération des tissus périradiculaires. au Dr R. Rubinstein.).

Fig. 21.22  A. Préparation de la cavité


apicale au moyen d’une petite fraise conique
inversée. B. Préparation de la cavité apicale
au moyen d’un embout ultrasonique.

410
Chirurgie endodontique 21

Fig. 21.23  Une épaisseur de 3 mm de MTA est insérée dans la Fig. 21.24  Cicatrisation complète et formation de cément
préparation de cavité apicale pour offrir un joint fluide très étanche. cellulaire (flèches) adjacentes au MTA observées chez le singe dont
(Remerciements au Dr R. Rubinstein.) les cavités apicales ont été obturées avec ce matériau.

Fig. 21.25  Matériel de suture Tevdek®.

De nombreux matériaux composent les ciments de scelle- La suture est couramment exécutée avec du Tevdek® n° 5
ment apicaux [25–33]. Les mieux adaptés sont SuperEBA® (fig. 21.25), bien que d’autres matériaux soient acceptables  [35–37].
(Boswoth, Skokie, Illinois) et ProRoot MTA® (Dentsply/Tulsa Il existe plusieurs techniques de sutures, comprenant les
Dental, Johnson City, Tennessee) ; ils sont, de nos jours, les sutures à points interrompus (point en « 0 », point en « 8 »),
matériaux de choix [8]. Plusieurs études histologiques ont mis les points dits de matelassier et les sutures continues à point
en évidence une néoformation de cément suite à des obtura- de surjet [16]. Les sutures à points interrompus sont couramment
tions avec l’agrégat de trioxyde minéral (MTA) en tant que utilisées (fig.  21.26, A). L’aiguille est tout d’abord insérée
matériau d’obturation apical [29, 30, 34], tandis que ce phénomène dans la partie réclinée du lambeau, puis dans le tissu attaché
n’est pas observé avec les autres matériaux d’obturation api- contre lequel le lambeau doit être en contact. Les sutures sont
cale couramment utilisés (fig. 21.24). fermées avec un double nœud de chirurgien. Le nœud ne doit
pas être placé sur le trait de l’incision parce qu’il retient les
Repositionnement du lambeau et suture débris et les bactéries à l’origine d’une éventuelle inflamma-
Après l’obturation de l’apex, les étapes précédant le reposition- tion, d’une infection et du retard de guérison. Les sutures sont
nement du lambeau et sa suture sont les suivantes : finition de déposées en général 3 à 7 jours après l’intervention chirurgi-
l’obturation, prise de vue radiographique, inspection minutieuse cale (fig. 21.26, B).
de l’os et des tissus mous pour rechercher et éliminer les résidus
de ciments d’obturation, les agents hémostatiques ou tout autre Instructions de soins postopératoires
corps étranger. Le repositionnement du lambeau s’effectue en le Le patient doit recevoir des instructions écrites concernant les
maintenant dans sa position originale à l’aide d’une gaze humide soins buccodentaires et les soins postopératoires. Celles-ci
sur laquelle l’opérateur applique une légère compression digi- doivent être formulées en langage clair et compréhensible. Le
tale. Cette application permet l’expression de l’hémorragie sous but est de minimiser l’anxiété du patient due aux symptômes
le lambeau, son adaptation initiale, une suture plus facile, et évite postopératoires en lui expliquant le processus de guérison et
une hémorragie et une tuméfaction postopératoires importantes. en le réconfortant. 411
21 ENDODONTIE

du site de l’intervention. Boire souvent et manger des ali­


ments comme du fromage blanc, du yaourt, des œufs et
des crèmes glacées.
6. La douleur est généralement légère après une intervention
chirurgicale péri-apicale et la prescription d’analgésiques
puissants est normalement inutile. Ressentir un certain
inconfort est normal. En cas de prescription de médi-
cament par ordonnance, suivre les instructions. Dans le
cas contraire, prendre votre antalgique habituel en cas de
besoin ; si cela ne suffit pas, appelez votre praticien.
7. Si vous êtes fumeur, éviter de fumer dans les 3 jours qui
suivent l’intervention.
8. Si vous ressentez une tuméfaction et une douleur exces-
sive, ou si vous avez de la fièvre, appelez votre praticien
en urgence.
9. Maintenir votre rendez-vous pour retirer les sutures (3 à
7 jours après l’intervention).
10. Appeler le dentiste en cas d’inquiétude ou si vous avez des
questions à poser.

Cicatrisation
Pendent l’intervention chirurgicale, les tissus mous et les
tissus durs sont manipulés. Les tissus mous (le périoste, la
gencive, le ligament parodontal et la muqueuse alvéolaire) et
les tissus durs (la dentine, le cément et l’os) sont incisés, dis-
séqués et excisés.

Tissus mous
La cicatrisation des tissus mous implique la coagulation san-
guine, l’inflammation, l’épithélialisation, ainsi que la cicatrisa-
Fig. 21.26  A. Les sutures à points interrompus sont couramment tion du tissu conjonctif, auxquels s’ajoutent la maturation et le
utilisées pour maintenir les tissus mous du lambeau dans leur remodelage [38]. La coagulation sanguine et l’inflammation sont
localisation initiale. B. Les sutures sont enlevées 3 à 7 jours après des processus à la fois chimiques et cellulaires. Le mécanisme
l’intervention chirurgicale. de coagulation est important parce qu’il est fondé sur la conver-
sion du fibrinogène en fibrine. Sous une certaine pression, le
caillot se présente comme une couche fine. L’échec de forma­
Les patients reçoivent les instructions suivantes. tion du caillot entraîne des fuites sanguines sur le site de la plaie.
1. Il est courant d’observer une tuméfaction ou une décolora- Les composants inflammatoires de la cicatrisation forment un
tion. Appliquer sans pression excessive un sac de glaçons réseau complexe d’éléments extrinsèques et intrinsèques [38].
sur votre visage pendant 20 minutes toutes les 5 minutes La cicatrisation épithéliale initiale consiste à former une
jusqu’à l’heure du coucher. Cela réduira l’œdème et dégon­ barrière constituée de couches de cellules épithéliales qui
flera la tuméfaction tout en vous anesthésiant. dépend de la capacité du tissu conjonctif sous-jacent de four-
2. Quelques suintements sanguins sont normaux. Si l’hémor- nir des nutriments. La couche épithéliale migre tout au long
ragie augmente, appliquer une gaze humide sur votre visage de la surface de fibrine jusqu’à être en contact avec les cellules
et presser avec le doigt pendant 15 minutes. Si le saigne­ épithéliales du bord opposé de la plaie, formant ainsi le pont
ment persiste, appeler votre praticien. épithélial.
3. Ne pas soulever votre lèvre ou votre joue pour regarder la Les composants du tissu conjonctif proviennent des fibro-
surface concernée. Les points de suture sont serrés et vous blastes qui résultent de la différenciation des cellules ecto-
pouvez les arracher. mésenchymateuses, et sont attirés sur le site de la plaie. Les
4. Dès demain, verser une cuiller à thé de sel dans un verre vaisseaux sanguins adjacents fournissent les nutriments aux
d’eau chaude et rincer votre bouche trois à quatre fois par fibroblastes et à leurs précurseurs pour fabriquer le collagène,
jour. Un bain de bouche avec de la chlorhexidine à 0,12 % initialement de type  III, suivi du collagène de type  I. Les
facilite la guérison. Éviter les bains de bouche contenant macrophages prennent une part importante dans le dérou-
de l’alcool dans les quelques jours suivant l’intervention. lement du processus. Quand la cicatrisation entre en phase
Le brossage soigneux est important, mais un brossage de maturation, l’inflammation et le nombre de fibroblastes
vigoureux peut endommager la région. Ce soir avant le cou­ diminuent en même temps que le collagène se désagrège et se
cher, brosser et nettoyer les surfaces interdentaires partout reforme pour former des fibres collagéniques selon un modèle
sauf sur le site de l’intervention. Demain soir, brosser soi- d’organisation mieux structuré [38–41].
gneusement le site de l’intervention.
5. L’ingestion de liquide et d’aliment appropriés est essen- Tissus durs
tielle après une intervention chirurgicale. Préférer une ali- Comme pour la cicatrisation, la réponse des tissus durs est
412 mentation molle et mastiquer sur l’arcade opposée à celle fondée sur la présence de cellules comme les fibroblastes,
Chirurgie endodontique 21
les ostéoblastes et les cémentoblastes qui produisent la subs- La localisation de la perforation est souvent le facteur
tance fondamentale et contribuent à la formation de la matrice limitant du succès du traitement chirurgical. Si la perforation
osseuse. Le dépôt de néocément par les cémentoblastes débute intéresse une des surfaces proximales de la dent à proximité
12  jours environ après l’intervention chirurgicale. Il arrive des dents adjacentes, le traitement est problématique parce
qu’une fine couche de cément recouvre de la dentine et même que l’accès au site de la lésion est délicat et peut entraîner le
certains matériaux d’obturation apicale (voir fig.  21.24). La risque d’endommager les dents adjacentes (fig. 21.27). C’est
dentine exposée agit comme une force inductrice de la forma- particulièrement vrai à propos de la face linguale des dents
tion du cément de la périphérie vers le centre de la dent. mandibulaires. En revanche, le traitement de la perforation à
La cicatrisation osseuse débute par la prolifération des la face vestibulaire est plus aisé.
cellules de l’endosteum à l’intérieur du coagulum du site
de la plaie. Après 12 à 14 jours, la trame trabéculaire et les
ostéocytes apparaissent, conduisant à la maturation précoce
de la matrice de collagène à 30 jours environ. Ce processus
se produit de l’intérieur vers l’extérieur et se termine par la
formation de l’os lamellaire mature [42–44], qui est visible radio-
graphiquement (voir fig. 21.5, C).
Une recherche émergente suggère que l’addition d’un
concentré de plaquettes autologues sur le site chirurgical
réduit la douleur postchirurgicale et le besoin de consommer
des analgésiques. Le concentré de plaquettes fournit des fac-
teurs de croissance dans la zone chirurgicale et pourrait accé-
lérer le processus de cicatrisation [45].

Régénération tissulaire guidée


Dans certaines situations, l’utilisation de greffe osseuse et/
ou de membranes peut faciliter la cicatrisation après une
intervention endodontique chirurgicale. Une perte d’os au
bord de l’apex (comme cela s’observe avec une vraie lésion
endoparodontale) ou la perte d’os cortical sur les deux faces
de part et d’autre de la lésion peut indiquer une régénération
tissulaire guidée [13]. Le concept général de la régénération
tissulaire guidée est de créer un environnement capable de
contrôler une prolifération rapide des cellules épithéliales
et de laisser le temps suffisant pour que la régénération de
l’os et de l’attache parodontale se produise plus lentement.
Les matériaux du greffon comprennent l’os autogène, les
allogreffes (par exemple de l’os humain déminéralisé lyo-
philisé), les xénogreffes (par exemple l’os bovin inorga-
nique), les matériaux synthétiques (par exemple le sulfate
de calcium, les verres bioactifs) et des combinaisons de
matériaux. Les membranes utilisées pour la régénération
tissulaire guidée appartiennent à deux grandes catégories,
non résorbables et résorbables.

CHIRURGIE CORRECTRICE

La chirurgie correctrice est spécialement conçue pour corriger


des situations pathologiques ou iatrogènes.

Indications
Erreurs de procédure
Les erreurs les plus fréquentes sont les perforations radicu-
laires créées pendant la préparation de la cavité d’accès, celle
d’un canal ou bien pendant des interventions prothétiques
comme la préparation d’un logement de tenon radiculaire.
Ces perforations sont traitées par des actes de dentisterie res-
tauratrice et par le traitement endodontique. Celui-ci peut Fig. 21.27  Traitement d’une perforation. A. Un tenon décentré
être orthograde et la plupart des perforations sont réparées a perforé la racine et a causé une lésion osseuse. B. La perforation
avec l’agrégat minéral de trioxyde (MTA ; voir chapitre 19). interne et la perforation externe sont traitées avec du MTA.
Cependant, certaines perforations ne peuvent être traitées que C. Réparation complète de la lésion osseuse 3 ans après
par une intervention chirurgicale. le traitement. (Remerciements au Dr N. Chivian.) 413
21 ENDODONTIE

Perforations consécutives à une résorption


Encadré 21.1  Indications et contre-indications
Les perforations consécutives à une résorption sont typiques
de l’amputation radiculaire, de l’hémisection
des conséquences d’un traumatisme ou d’une intervention de
et de la transformation de molaire en prémolaires
blanchiment interne. La lésion peut être localisée dans la racine
ou créer une voie de communication avec le canal radiculaire. Indications de l’amputation radiculaire ou de l’hémisection
j Maladie parodontale entraînant une perte osseuse sévère
Techniques autour des racines ou des zones inter-radiculaires qui ne
La réparation de ces lésions pose des problèmes uniques. Bien peut être récupérée par la chirurgie parodontale
souvent, la résorption de surface radiculaire s’étend sur la face j Racines intraitables abritant un instrument fracturé,
palatine ou linguale, ce qui compromet la facilité d’accès et présentant des perforations, des lésions carieuses, des
l’homéostasie. Des matériaux variés sont utilisés pour exécu- résorptions, une fracture verticale de la racine ou des canaux
ter ces interventions. Si le champ peut être maintenu sec, un calcifiés
ionomère de verre, la résine composite collée, ou du White j Préservation d’une (ou de plusieurs) racine(s) avec sa(leur)
couronne d’importance stratégique.
ProRoot MTA® peuvent être utilisés. Les matériaux esthé-
tiques sont choisis pour les traitements vestibulaires parce que Contre-indications de l’amputation radiculaire
les matériaux comme l’amalgame ou le MTA gris peuvent ou de l’hémisection
colorer les dents. j Support osseux insuffisant pour la ou les racines restantes
Si la perforation est due à la préparation d’un logement de j Fusion ou proximité des racines empêchant toute séparation
Nécessité d’un pilier de bridge résistant (la dent concernée
tenon, la longueur de celui-ci doit être raccourcie si la struc-
j

doit être extraite et un traitement prothétique doit être


ture dentaire le permet. Dans ce cas, la perforation peut être planifié)
traitée avec du ProRoot MTA®. j Impossibilité de réaliser un traitement de canal dans la ou les
Les perforations cervicales sont souvent difficiles à racines restantes
traiter et le pronostic est faible compte tenu de la proxi-
Indications de la transformation de molaire
mité avec le sulcus gingival qui conduit à l’installation de
en prémolaires
troubles parodontaux. Dans ces situations, la régénération j Perforation dans la région inter-radiculaire
tissulaire guidée [46], avec le traitement endodontique chirur­ j Maladie parodontale dans la région inter-radiculaire
gical, le traitement parodontal (par exemple l’allongement j Caries cervicales vestibulolinguales ou fracture dans la
de la couronne clinique), l’extrusion orthodontique ou une région inter-radiculaire
combinaison de ces procédures peut aider à résoudre le Contre-indications de la transformation de molaire
problème [47]. en prémolaires
j La distance entre le plancher de la chambre pulpaire et la
surface externe de la région inter-radiculaire est importante
AMPUTATION RADICULAIRE, HÉMISECTION (le plancher de la chambre pulpaire est très épais)
ET TRANSFORMATION DE MOLAIRES j Une hémi-dent ne peut pas être restaurée
EN PRÉMOLAIRES j Maladie parodontale (le parodonte doit être sain autour des
hémidents)
Les interventions décrites précédemment (incision pour le drai- j Impossibilité de réaliser un traitement de canal dans chaque
nage, chirurgie péri-apicale et chirurgie correctrice) impliquent hémident
de sectionner de l’os, des tissus mous ou la racine. L’amputa- j Fusion des racines
Maladie parodontale sévère
tion radiculaire, l’hémisection et la transformation de molaire
j

en prémolaires impliquent la résection d’une ou de plusieurs


racines et de la couronne [48]. L’encadré 21.1 énonce les indica­
tions et les contre-indications de l’amputation radiculaire, de curetage inter-radiculaire peuvent permettre la rétention des
l’hémisection et de la transformation de molaire en prémolaires. deux moitiés de la dent (fig. 21.30). Chacune des deux moitiés
L’amputation radiculaire est la résection d’une ou de plu- peut être restaurée en une prémolaire.
sieurs racines d’une dent multiradiculée. La racine (ou les
racines) concernée est sectionnée à la jonction de la racine Techniques
et de la couronne (fig. 21.28). En général, cette procédure est L’amputation radiculaire est réalisée par section horizontale
réalisée sur les molaires maxillaires, mais elle peut être exécu- pour séparer la racine de la couronne. L’intégrité de la cou-
tée sur les molaires mandibulaires. ronne est conservée et le segment radiculaire est extrait. Par
L’hémisection est la division chirurgicale d’une dent multi- conséquent, la couronne est en porte-à-faux à l’aplomb du
radiculée. La division des molaires mandibulaires est vestibu- segment radiculaire extrait (voir fig.  21.28). Une approche
lolinguale au niveau de la bifurcation radiculaire (fig. 21.29). alternative consiste à sectionner verticalement de telle sorte
La division des molaires maxillaires est mésiodistale à la que le contour de la portion coronaire au-dessus de la racine
bifurcation avec la racine palatine. La racine (ou les racines) à extraire soit modifié pour réduire les contraintes des forces
défectueuse ou celle dont le parodonte est malade et la portion occlusales et faciliter la procédure. La forme de la couronne
coronaire correspondante sont ensuite extraites [49]. permet d’orienter la fraise progressivement selon l’axe de la
La transformation de molaires en prémolaires est typique- racine pour obtenir un contour anatomique acceptable.
ment la division chirurgicale d’une molaire mandibulaire en L’hémisection consiste à sectionner verticalement la
conservant les deux moitiés de la couronne et de la racine. dent de la couronne jusqu’à la région inter-radiculaire, ce
Si la perte osseuse ou la mutilation de la structure dentaire qui aboutit à la séparation de deux hémidents (couronne et
414 est confinée à la région inter-radiculaire, l’hémisection et le racine) maintenues dans l’arcade. Ces techniques requièrent
Chirurgie endodontique 21

Fig. 21.28  Amputation radiculaire. A. Résorption


interne avec une perte osseuse sévère observée
autour de la racine distovestibulaire. B. Le traitement
de canal a été suivi d’une restauration d’un moignon
à l’amalgame s’étendant sur une profondeur de
4 mm dans le canal distovestibulaire. C. La racine a
été amputée et la dent a été couronnée.

ou non un lambeau. Souvent, si la racine est impliquée dans les deux hémidents peuvent être restaurées en tant que deux
une maladie parodontale, l’extraction est possible sans prémolaires séparées (voir fig. 21.30).
lambeau (voir fig.  21.29). Si le plan de traitement prévoit
un remodelage osseux, il faudra récliner un lambeau avant Pronostic
de pratiquer la résection radiculaire. Un lambeau sulculaire Chaque cas est unique et le pronostic diffère selon la situation
sans incision verticale de décharge est souvent suffisant. En donnée. Le pronostic de la résection radiculaire est bon selon
cas de doute, un lambeau doit être récliné, ce qui facilitera certains auteurs et seulement assez bon pour d’autres [50]. Le
l’intervention. succès se définit par la rétention de la racine sans pathologie ;
La transformation de molaire en prémolaires consiste en il dépend des facteurs suivants :
une section verticale à travers la couronne jusqu’à la région j la sélection du cas ;

inter-radiculaire au moyen d’une fraise fissure. Le résultat j la section et la préparation de la dent sans dommage sup-

obtenu est la séparation complète des racines et la création plémentaire ;


de deux couronnes séparées. Après la cicatrisation des tissus, j une bonne restauration ; 415
21 ENDODONTIE

Fig. 21.29  Hémisection. A. La lésion carieuse et la perte osseuse dans la région inter-radiculaire ont compromis l’existence
de la racine distale. B. Après le traitement de canal, la couronne est divisée jusqu’à la bifurcation. D. Rappel à 20 mois après que
la dent a été restaurée avec une couronne scellée sur un onlay de reconstitution retenu par des tenons. L’alvéole de la racine
extraite est comblé par l’os.

une bonne hygiène buccodentaire ;


j doit être soigneux pour faire en sorte que cette zone ne puisse
l’absence des conditions suivantes :
j retenir la plaque bactérienne. Un bon pronostic à 5 ans après
– caries (la cause d’échec la plus fréquente) ; l’intervention n’est pas garanti des années plus tard. C’est
– les fractures radiculaires ; pourquoi la prudence est de mise pour juger de la probabilité
– des forces occlusales excessives ; d’un succès ou d’un échec sur de nombreuses années.
– les problèmes endodontiques insolubles ;

– une maladie parodontale. Résultats attendus de la chirurgie


Si les procédures réparatrices sont exécutées correctement endodontique
et si la dent est restaurée convenablement, l’hygiène bucco- Mead et  al. ont analysé des articles relatifs au succès et
dentaire du patient reste le seul facteur qui puisse affecter le à l’échec de la chirurgie péri-apicale  ; ils ont attribué des
bon pronostic du traitement. Le patient doit démontrer son niveaux de preuve à ces études [51]. Ils ont identifié de nom-
désir et sa capacité d’exécuter les actions supplémentaires breuses études cliniques dont la plupart étaient des séries de
pour empêcher l’accumulation de plaque bactérienne, en parti- cas. Dans une étude prospective, Rubinstein et Kim ont montré
culier dans les zones adjacentes à l’ancienne bifurcation des que le taux de guérison un an après l’intervention de chirurgie
racines ; faute de quoi, il en résulterait des lésions carieuses ou endodontique réalisée sous microscope opératoire dentaire en
416 des maladies parodontales intraitables. Le travail du dentiste conjonction avec une technique microchirurgicale s’élevait à
Chirurgie endodontique 21

Fig. 21.30  Transformation de molaire en prémolaires. A. La région inter-radiculaire est à proximité de lésions carieuses et
d’une perte osseuse évidente ; mais le support osseux des deux racines est adéquat. B. Traitement de canal et séparation au
moyen d’une fraise entre les deux racines et à travers la couronne. C. Restauration avec deux couronne céramométalliques
soudées jouant le rôle d’attelle pour les deux racines. D. Rappel à 30 mois montrant une bonne réponse gingivale sans poche
parodontale. Noter que l’espace biologique entre les deux racines est ouvert pour faciliter les manœuvres d’hygiène.

96,8 % [52]. Un suivi à long terme de ces cas qui a duré 5 à endodontique de 1996 à 2001. Sur l’ensemble de ces patients, 75
7 ans a montré un taux de 91,5 % de guérison [53]. Maddalone d’entre eux dont la cavité apicale avait été obturée avec le MTA
et Gagliani, qui ont suivi le résultat attendu de chirurgie péri- ont été identifiés pour participer à un programme de rappel.
radiculaire de dents traitées par la méthode de microchirurgie Vingt-cinq patients ont participé aux évaluations cliniques et
et les ultrasons pour préparer les cavités apicales, ont rapporté radiographiques. Vingt-cinq (93 %) des cas du programme de
un taux élevé de succès similaire [54]. rappel sont fonctionnels et asymptomatiques. Selon les résultats
Bien qu’il soit impossible d’affirmer si ce taux de succès de Sechrist, il semble que l’utilisation du MTA facilite la cica-
inhabituellement élevé dépend de la technique ou du matériau, trisation dans la majorité des cas de chirurgie endodontique.
l’impression clinique laisse entendre que les deux facteurs Dans une revue systématique récente, Setzer et al. [56] ont
contribuent au succès avec une prééminence de la technique. comparé les résultats des interventions chirurgicales tradition-
Sechrist [55] a dressé une revue sur les dossiers cliniques de nelles avec les techniques et les matériaux actuels de micro-
294 patients chez qui le MTA a été utilisé pendant le traitement chirurgie endodontique (par exemple la préparation apicale 417
21 ENDODONTIE

Fig. 21.31  Décompression. Certains cas cliniques requièrent


des procédures spéciales. A. Le traitement de canal a échoué
pour réduire ce kyste très volumineux. B. Après avoir exposé
et réséqué l’apex radiculaire, un tube de polyéthylène est placé
pendant plusieurs semaines pour assurer une communication
entre la cavité kystique et la cavité buccale. Cela permet
l’effondrement de la paroi kystique. C. Un an plus tard, la lésion
est réduite et l’os s’est reformé. (Remerciements au Dr S. Gish.)

avec les ultrasons, puis l’obturation de la cavité apicale avec significativement plus faible en présence d’une lésion endo­
des eugénates à prise rapide comme de l’intermediate restora- parodontale combinée.
tive material [IRM®] ou du Super EBA®, ou bien le MTA ; et
enfin sous éclairage de grande intensité et sous microscope
opératoire). Ces chercheurs ont relevé un taux de succès de SITUATIONS QUI INDIQUENT L’ORIENTATION
94 % avec la microchirurgie endodontique contre un taux de DU PATIENT VERS UN SPÉCIALISTE
succès de 59  % avec des techniques et des matériaux tradi-
tionnels. L’utilité de l’usage du microscope opératoire den- À l’exception de l’incision pour le drainage, les autres inter-
taire en microchirurgie endodontique, en particulier pour la ventions chirurgicales doivent être réalisées par des praticiens
chirurgie des molaires, a été aussi confirmée dans une revue plus spécialisés dans ce domaine. Bien que les interventions
systématique récente [57]. Une sélection soigneuse des cas décrites dans ce chapitre puissent apparaître simples, la chi-
est un élément clé pour prévoir le succès des interventions. rurgie endodontique exige de l’expérience et un apprentissage
418 Par exemple, la probabilité du succès de la cicatrisation est approfondi en plus d’une habileté chirurgicale considérable.
Chirurgie endodontique 21
Les problèmes relatifs à la norme des soins et aux poursuites proche des apex des molaires mandibulaires, des prémolaires
judiciaires dans notre société contemporaine, couplés avec et des racines palatines maxillaires prédispose le patient à la
l’existence de spécialistes expérimentés, signifient que le pra- paresthésie chirurgicale postopératoire ou à une hémorragie
ticien généraliste doit être très au fait de sa propre expertise et excessive. Le traitement des problèmes endodontiques dans
qu’il doit procéder à une évaluation précise de la difficulté du ces régions exige une évaluation préopératoire soigneuse et
cas clinique avant de tenter une intervention chirurgicale. Ces une habileté chirurgicale considérable. La présence d’un os
procédures sont souvent l’ultime espoir de maintenir la dent cortical épais et d’éminences osseuses à la mandibule et sur la
et elles requièrent un très haut niveau d’habileté et d’expertise voûte palatine, d’un frein et d’attaches musculaires, les fenes-
pour atteindre le succès. Le manque de formation peut non trations de l’os cortical et les cavités sinusiennes exigent une
seulement conduire à la perte de la dent, mais aussi endom- habileté chirurgicale considérable et une grande expérience
mager les structures adjacentes, créer une paresthésie par pour accéder vers la plupart des dents.
lésion d’un nerf, des perforations du sinus, des fenestrations Le caractère approprié du diagnostic, du plan de traitement,
des tissus mous et des complications postopératoires comme de l’évaluation du cas, du pronostic et de l’évaluation du
l’hémorragie et l’infection. suivi est très important. Le dentiste généraliste doit connaître
Dans de nombreuses situations, l’accès au site chirurgical ce domaine professionnel de pratique chirurgicale  ; mais il
est limité et potentiellement dangereux. Les lésions chro- peut choisir d’adresser le patient à un endodontiste ou de
niques volumineuses peuvent atteindre les structures adja- lui demander des conseils. Le spécialiste est plus capable
centes et leur traitement requiert des techniques spéciales pour d’atteindre ces objectifs et d’évaluer les résultats attendus du
résoudre ces problèmes (fig. 21.31). Le paquet vasculonerveux traitement à court terme et à long terme [59].

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